HELLOWEEN +HAMMERFALL, Rockhal – Esch, 14 septembre 2022

Une fois le grand rideau HELLOWEEN tombé sur l’avant-scène, le spectacle peut commencer. Et quand on parle de spectacle, on parle de spectacle: les drums sont juchées sur une citrouille géante d’un orange éblouissant au pied d’un écran tout aussi surdimensionné, et c’est parti pour un galop effréné. Les consignes shooting sont surprenantes au premier abord (photos durant le 1er morceau uniquement) mais s’avèrent finalement conformes aux habitudes et à la norme, ce 1er morceau (Skyfall) s’étirant sur un bon quart d’heure, rien de moins. Le ton est donné.

Les duos ou duels aux vocals s’enchaînent aux duels et aux duos aux guitares dans des envolées plus folles les unes que les autres: l’énergie insufflée par ses deux binômes aux lead vocals et aux guitares nous offre en alternance de mémorables passes d’armes, tantôt sur l’avancée front stage tantôt de part et d’autre de la citrouille. Cet enrobé-drainant délivre un produit fini plus que complet qui emplit les yeux et rempli amplement le volume d’une Rockhal comme replongée par magie dans le meilleur des eighties-nineties. Evoluant aujourd’hui avec pas moins de sept membres, HELLOWEEN continue d’orner de lettres d’or un style qui n’existerait pas vraiment sans ces Hamburgers: le power metal / speed metal mélodique, pour ces connoisseurs qui aiment cataloguer ces bands qui n’ont quant à eux jamais ô grand jamais demandé à être étiqueté de ceci ou de cela.

Nous avions découvert la joyeuse folie de HELLOWEEN il y a quelques semaines à l’occasion du dernier Hellfest; nous nous étions alors juré de ne pas manquer leur prochain passage. Car HELLOWEEN sur scène, c’est la fête, c’est une bande de joyeux drills, c’est ambiance de carnaval, un joyeux bordel potache organisé qui déménage et emmène son public dans une spirale ascendante de bonne humeur et de douce folie, de riffs et d’envolées qui vont se terminer on ne sait jamais trop où ni comment. Et quand ça s’arrête, on se demande tout simplement ce qui a bien pu se passer…

HAMMERFALL avait déjà bien entamé la partie en délivrant un opening-set de haute tenue. Dans le même registre, les Suédois n’ont rien à envier à la tête d’affiche du jour: si le set débute en retard du quart d’heure peu académique, HAMMERFALL met manifestement les bouchées doubles pour rattraper le temps perdu voire pour se faire pardonner. C’est chose faite à l’issue d’une prestation de près d’une heure, la Rockhal nous offrant presque de la sorte une double tête d’affiche.

Et l’on peut même parler d’une triple tête d’affiche en considérant URIAH HEEP qui célèbre ses 50 ans et plus dans la salle voisine. Il y a des soirs comme ça où l’on ne sait où donner de la tête ni où braquer son objectif. Les affaires ont comme qui dirait (définitivement ?) repris; reste maintenant à espérer que ce n’est pas un feu de paille…

Now online : TOTO – Rockhal, 23 août 2022

Il est de ces valeurs sûres qui portent parfaitement bien leur nom: TOTO est de celles-là. Mais il est également de ces valeurs sûres qui peinent à se renouveler, qui peine se réinventer et qui, trop sûres d’elles peut-être, se reposent trop franchement sur leurs acquis. TOTO est ainsi de ces bands qui vivent à crédit, le crédit de leur (incontestable et incontestée) gloire passée. La Rockhal garnie de sexas dégarnis en est une des illustrations. AOR for ever & TOTO pour rêver: now online (… Hold the Line…) ainsi que dans notre galerie de portraits. Et comme toujours: NO Photoshop. NO Ligthroom. NO raw format. NO overdub – ONLY pure one-shot JPEG.

TOTO – Rockhal d’Esch-sur-Alzette – 23 août 2022

Que serait encore TOTO en 2022 sans un intemporel Steve LUKATHER encore et toujours à la manœuvre ? A l’inverse de bien des formations qui perdurent en affichant diverses configurations au gré des aléas de la vie, celle-ci ne pourra définitivement plus s’appeler TOTO lorsque le bon Steve l’aura quittée. En attendant, profitons de notre bonheur, lequel est rehaussé par la présence de fines gâchettes en provenance de Huey Lewis (basse), de Ghost-Note (drums), de Robert Jon & The Wreck et de Prince (claviers) et enfin de Ringo Starr.

Ces Messieurs-Dames qui garnissent une Rockhal à la jauge honnêtement atteinte sont à l’image des idoles de leur jeunesse retrouvées (les idoles, pas leur jeunesse) : c’est comme s’ils se retrouvaient soudainement à frapper à la porte de la petite maison dans la prairie, et que chacun réalise habiter un corps d’adulte alors que la porte s’ouvre sur un décor qui est celui de leur jeunesse.

C’est ça l’effet TOTO, c’est ça la magie LUKATHER, c’est ça la puissance de feu de feu les frères PORCARO, c’est ça la marque de fabrique des formations et des compositions intemporelles de TOTO, travaillées, ciselées, de haute précision et traversant allègrement les décennies alors que d’autres affrontent les affres des années qui s’écoulent.

L’année prochaine sans doute, dans deux ans peut-être, la bande à LUKATHER nous reviendra c’est certain et les sensations seront les mêmes, intactes, identiques mais chaque fois renouvelées. C’est ça le miracle TOTO. Même si c’est qui peut aussi lasser certains dont nous ne sommes pas encore…

Now online : GOLDEN AGE ROCK Festival @ Liège: Russ BALLARD – ANGEL – MOTHER’s FINEST – …

Tout vient à point pour qui sait attendre… 43 ans. Cela fait 43 ans que nous attendions ce tant espéré (et devenu inespéré) face à face avec Russ BALLARD. Il a duré une heure, une petite heure seulement qui s’est prolongée quelque peu dans le hall du Palais des Congrès de Liège à l’issue d’un court meet & greet. Priceless… Même si, dans les faits et en toute objectivité, MOTHER’s FINEST a décroché la timbale du samedi en cassant la baraque (à frites). Now online, ainsi que dans notre galerie de portraits. Et comme toujours: NO Photoshop. NO Ligthroom. NO raw format. NO overdub – ONLY pure one-shot JPEG.

Russ BALLARD, ANGEL, MOTHER’s FINEST,… @ GOLDEN AGE ROCK Festival – Liège – 20 août 2022

Golden Age Rock Festival. L’Age d’Or… Bien des maisons de repos, bien des maisons de soins, des homes portent ce doux patronyme de « L’Age d’Or », et il est vrai que l’assistance de ce Golden Age Rock Festival a tout l’air d’en être directement sortie. Si les vedettes à l’affiche sont vintage, la génération Z estimerait certainement que le public est quant à lui plutôt ringard… Mais les apparences sont par bonheur trompeuses, même si la plus petite maison de repos de la Cité Ardente doit comporter davantage de pensionnaires que ne compte de participants cette seconde édition du Golden Age – et l’on peut le regretter tant l’affiche est alléchante notamment ce samedi 20 août 2022.

Golden Age Rock Festival et non pas Classic Rock Festival – voyez-vous la nuance et la subtilité ? En la présente époque qui galvaude ô combien toutes les appellations et notoirement celle de Classic Rock, celle-ci peut aujourd’hui comprendre autant de la véritable daube que de vénérables piliers. En la présente époque donc où l’on mélange allègrement et sans vergogne les torchons et les serviettes sous le vocable Classic Rock désormais vidé de son sens (suivez mon regard radiophonique…), les organisateurs du festival ont l’intelligence de se démarquer de ce nivellement par le bas en se qualifiant de Golden Age Rock Festival, et l’on ne peut que leur donner totalement raison.

Russ BALLARD himself, du haut de ses 74 printemps, n’en pense certainement pas moins. Il n’est plus simplement Classic Rock, il est maintenant passé dans la catégorie supérieure – la Golden Age Rock Vintage Premium Class. Et vintage est ici à ringard ce que Canard WC est à l’ornitholgie. Russ BALLARD : 43 ans que nous l’attendions, en comptant le faux-bond qu’il nous fit en mars 2020 rattrapé comme nous tous par le lock-down pandémique. Russ BALLARD, ce n’est plus une légende, ce n’est plus un symbole, ce n’est plus un monstre sacré – il est maintenant passé dans la catégorie suprême, celle des Mythes et des Immortels.

Son set de 60 petites minutes a beau être mou et faiblard, peu emballant et particulièrement décousu, ponctué ou plutôt interrompu d’inutiles bavardages, on ne peut écrire autre chose que Russ BALLARD est venu, a vu et a vaincu. Avant même le premier accord, les inconditionnels dont nous étions étaient déjà tout acquis à sa cause, car impossible est-il de rester de marbre devant une telle pointure au palmarès si prestigieux. Malgré un set de consistance franchement mineure, Russ BALLARD a néanmoins de sa seule présence rehaussé un Golden Age Rock Festival qui n’en avait par ailleurs pas besoin pour simplement rayonner.

La claque de cette journée de samedi sera sans conteste et même incontestablement celle infligée par MOTHER’s FINEST. A leur montée sur les planches, c’est un véritable ouragan de bonne humeur et d’énergie qui déboule sur scène. Un cyclone tropical, oui ! Les Ricains fleurent bon le Deep South, mais aussi la ségrégation qui les a rendus vindicatifs et dans laquelle se sont forgés leur énergie, leur son et la fusion de multiples courants : funk, rythm’n’blues, groovy hard-funk, fusion-rock.

Glenn et Joyce prennent le relai du feu sacré là où Ike et Tina Turner l’avaient laissé à moitié éteint, secondés et portés par une débauche d’énergie, de soul et de funk difficilement imaginable de la part de leurs seuls quatre acolytes qui en valent bien le double dans les faits. MOTHER’s FINEST, c’est… comment dire… sans doute le nom dont les météorologues baptiseront les cinquante prochains ouragans qui s’abattront sur les Caraïbes.

Les oniriques effluves du swinging London planent dans l’air du Palais des Congrès dès la première note lancée par STRAY. Blues, hard, psyché, n’en jetez plus – c’est le tout début des seventies qui se la joue en mode Madeleine de Proust. So British ! Et ce Del Bromham, so revival ! STRAY, assurément le meilleur du British sound de l’époque : celui a partir duquel tout a réellement commencé et dans lequel nous plongeons tête baissée sans jamais toucher le fond.

Le kraut/psyché/prog/hard d’EPITAPH a lui aussi traversé les seventies, à la mode Wishbone Ash mais avec une sauce bien germanique qui gratte là par où elle passe. La moutarde a cependant moins bien vieilli que son pot, et les kilomètres au compteur laisse penser que le moteur ne fera plus un nième tour du monde : si le châssis est peut-être encore en bon état, la mécanique a mal vieilli. Il demeure étonnant de constater et complexe de comprendre comment certaines créations de l’Homo Musicus vieillissent à un rythme différent alors même que le temps s’écoule identiquement pour tous.

Avec un pub-rock resté burné et couillu, les HEAVY METAL KIDS ne sont malgré tout plus les affreux jojos et les forts en gueule qui ont défrayé la chronique dans les seventies. Les inventeurs du rock hooligan bien avant les gamineries du punk se résument aujourd’hui à un seul rescapé de cette grande époque qui tient toujours le band à bout de bras. Ces vieux Kids des bas-fonds londoniens sont venus nous botter les fesses et, foi de postérieur, l’exercice est manifestement réussi.

A la glorieuse époque de Wango Tango et de la verveine de terrassier que les moins de 55 ans ne peuvent connaître (càd l’emblématique et première émission hard sur les ondes radios françaises née en 1980), l’inimitable et déjanté hurleur Francis « El » Zegut mixait allègrement OCEAN entre un Motorhead et un Russ Ballard avant d’enchaîner avec un Billy Squier. Puis OCEAN a disparu des (de nos ?) écrans radars pendant des décennies avant de réapparaître un beau soir d’août 2022 à Liège lors de cette seconde édition du Golden Age Rock Festival. Elle est pas belle la vie ?! Sinon Dégage !

Glam Rock is not dead yet ! Tous et tout de blanc vêtus, entre botox, lifting et rude authenticité, ANGEL… comment dire… ? Opération marketing ou pointure du hard US issue tout droit des mid-seventies et opérant un surprenant come back ? Nous nous sommes longuement posé la question tout au long de leur set, avant de finalement décider de ne pas trancher la question faute d’arguments – ou plutôt vu l’extrême abondance d’arguments et de contre-arguments qui nous sautent aux yeux autant qu’aux oreilles.

L’opération marketing, si c’en est une, est franchement réussie. S’il s’agit d’un come-back, l’avenir nous dira s’il est digne de s’appeler ainsi. Wait & see, comme on dit ; nous on a vu et on n’en attend plus vraiment grand chose : l’avenir d’ANGEL est manifestement derrière eux (… affligeante banalité sans nom que celle-ci, d’application par ailleurs à l’ensemble des bands à l’affiche).

Ceci dit, total respect aux organisateurs de ce second GARF, et en espérant vraiment qu’ils n’auront pas pris un bouillon qu’ils ne méritent absolument pas au vu de l’exploit de rassembler ces Golden Age Rock Memorabilies. Aujourd’hui plus que jamais (car demain sera sans doute trop tard): Long Live Rock’n’Roll !

Now online : The PIXIES + SLIPKNOT @ Festival Cabaret Vert – 18 août 2022

Voilà plus d’une semaine que nous attendons que le management de SLIPKNOT valide les (autres) clichés tirés depuis le pit-photo de la mainstage Zanzibar la si bien nommée. Tant pis, basta, on envoie la sauce plus bas, sinon des jours, des concerts et des festivals pourront peut-être encore s’écouler langoureusement en cette fin de haute-saison estivale avant que nous ayons le feu vert (ou orange voire rouge)…

Quant aux PIXIES, ils pourraient être tout simplement appréciables à leur juste valeur s’ils parlaient juste un peu, ne fût-ce que pour nous souhaiter un anodin « Bonsoir, Charleville ! » ou lancer à la cantonade un banal et éculé « How are you, Cabaret Vert !?« . Mais n’y pensez même pas. Quant à esquisser l’ombre d’un sourire fugace ou manifester le moindre signe extérieur de plaisir voire même de simple contentement, ce doit être mission totalement impossible pour le quatuor. Un conseil avisé, peut-être ? Changez de boulot, les gars, parce que quand on monte sur les planches avec un tel manque d’enthousiasme et de charisme, chaussé de godasses de plomb, il est grand temps de remiser son matos au grenier et d’aller élever des chèvres dans le Larzac.

Mais par bonheur, rien de tel que l’organisation parfaitement huilée et la pléthorique offre catering du Cabaret Vert pour compenser et se donner du baume au coeur en faisant bonne chère: bombance assurée en matières de liquides et de solides à très haute valeur ajoutée ! Le tout maintenant en ligne ci-dessous et comme toujours dans notre galerie de portraits

The PIXIES + SLIPKNOT @ Festival Le Cabaret Vert – Charleville, 18 août 2022

Est-il vraiment utile de revenir sur la piètre et lamentable prestation des PIXIES ? Tout a été dit et écrit ci-dessus. Nous étendre davantage sur le sujet serait de l’acharnement thérapeutique et ne serait à tout le moins pas à l’avantage de ce groupe dit légendaire : nous nous abstiendrons dès lors de tirer sur l’ambulance, déjà qu’elle est en piteux état léthargique.

Comme il est déjà loin l’excellent souvenir que The PIXIES nous avait laissé à Tokyo il y a quelques années déjà: ce n’est pas le tout d’être considéré comme groupe culte voire même légendaire, encore faut-il être à la hauteur de sa réputation. Ce soir, si le niveau de la cheville est atteint, c’est déjà cher payé…

SLIPKNOT clôture ce jeudi de Festival Cabaret Vert et, à l’instar de bien d’autres bands, les Américains misent un maximum sur leur visuel et sur leur mise en scène. Ce constat nous a toujours incité à la plus grande méfiance et à la prudence la plus acérée: sans mentir si votre ramage se rapporte à votre plumage vous êtes le phénix des hôtes de ce Cabaret Vert. Quand on n’a pas grand chose à dire, il est de circonstances d’enrober d’autant son verbe. C’est en substance ce à quoi nous fait immanquablement penser SLIPKNOT que nous découvrons live on stage – que cette première soit à notre charge ou à notre décharge.

La set-list souffre d’un manque flagrant de diversité – à moins que ce ne soit un best-of qui nous est offert ce soir, ce qui serait un constat aggravant et non pas une circonstance atténuante. SLIPKNOT n’a définitivement rien inventé, mais quantité d’autres bands de cet acabit ont l’intelligence de compenser la pauvreté de leurs compositions par un jeu qui sort manifestement de l’ordinaire ou par une présence scénique qui éblouit et éclabousse. SLIPKNOT, eux, se cachent derrière un masque du plus mauvais goût et du plus haut ridicule, comme pour être certains que personne ne les reconnaîtra – et c’est peut-être finalement bien mieux ainsi.

Un public chauffé à blanc comme une baraque à frites a cependant réservé aux Ricains un accueil particulièrement enthousiaste comme rarement rencontré. Leur nu-métal fait mouche auprès de la fan-base, le show est à l’avenant et maintient la pression sur toute la plaine de 24.000 festivaliers. Notre 1er SLIPKNOT valait assurément le déplacement en termes de prise de contact, mais en termes de contact le démarreur est resté bel et bien grippé. Il y a quand même du bon et du neuf dans SLIPKNOT, mais le neuf n’est pas bon et le bon n’est pas neuf.

Heureusement que nous avons tout les à-côtés (musicalement parlant)) du Cabaret Vert pour nous consoler de ces deux décevantes tête d’affiche du jeudi. Le festival retrouve la foule de ses grandes éditions précédentes, comme pour mieux faire encore un magistral pied-de-nez au covid19. Le développement durable, c’est pas juste un concept à la mode. C’est l’affaire de tous, et c’est l’âme du Cabaret Vert.

Le festival ne se serait jamais monté sans l’envie des organisateurs de sensibiliser le public à ces problématiques. Le Cabaret est un tout et on se la joue durable dans tous les compartiments du festival: la musique, le cinoche, la BD, les spectacles, la nourriture, la boisson, l’accueil, les intervenants, la gestion des déchets, de l’énergie, mais aussi le lien social, la consommation responsable, les circuits courts, l’entrepreneuriat social, le solidarité…

Cette année, tous les intervenants, les prestataires, les partenaires, les bénévoles du festival ont signé les Engagements du Cabaret durable, avec des objectifs à long terme et d’autres à atteindre dès cette année. Un véritable engagement concret, chiffrable, réel. Histoire que cet idéal ne soit pas que des mots jetés en l’air. On dit, on fait. Qu’est-ce qu’on construit ? Qu’est-ce qu’on va laisser ? Qu’est-ce qu’on peut apprendre les uns des autres ? Et comme en Ardennes on a du savoir-vivre, on se nourrit de tout ça sans se prendre la tête, et sans jouer les naïfs, en écoutant un bon concert et buvant une bonne bière, au vert.

Ici, on mange et on boit bien. Tout est organisé pour que les festivaliers puissent profiter d’une alimentation locale, de saison et de qualité. Le festival a mis en place une charte de restauration durable et contrôlée pour s’assurer que toutes ses parties prenantes soient alignées avec les valeurs du Cabaret Vert. De la maitrise de l’eau et de l’énergie à la réduction des déchets en passant par la mobilité douce et la lutte contre le gaspillage, l’objectif est de proposer une restauration vraiment durable.

Le Cabaret Vert peut garantir que 90% des produits proposés sur les stands proviennent de moins de 200km à la ronde: le festival favorise les restaurateurs ardennais et 70% des fournisseurs viennent du département. Les buvettes ne proposent aucune boisson sucrée issue de l’industrie agro-alimentaire. Ici la limonade artisanale et le pétillant de pomme règnent. La sélection d’une cinquantaine de bières proposées provient de brasseries artisanales des environs – merci Orval, merci Mortgat, merci Chimay, même si cet artisanat est tout relatif.

In fine, portés par une énergie collective et contagieuse, ce ne sont pas moins de 125 000 festivaliers qui ont rejoint pour 5 jours à Charleville-Mézières la grande famille du Cabaret Vert qui n’a toujours pas cédé aux sirènes des grands groupes. Indépendant mais loin d’être seul: 2300 bénévoles qui rendent tout cela possible depuis 2005, 500 partenaires, l’implication des riverains et habitants de Charleville-Mézières,… tous portent haut les valeurs du Cabaret: la nouveauté, la prise de risque, l’avant-garde à travers 5 scènes, 116 concerts, 75 auteurs BD, 31 heures de cinéma, 4 jours d’arts de la rue, 4 jours de débats, de plaidoyers, d’ateliers, de rencontres, de témoignages au sein du Do Tank l’IDéal, une nouvelle scène Zanzibar franchement monumentale, un nouvel écrin de verdure pour le Greenfloor entre Terre et Meuse, des espaces entièrement repensés et cerise sur le gâteau : un 5ème jour de fête ! Merci le Cabaret Vert !

Now online : Park Rock Festival avec DANKO JONES – SIDILARSEN – LOFOFORA – …

Danko JONES dans le Borinage – fallait le voir pour le savoir, fallait le savoir pour le croire, fallait le croire pour le voir, fallait le voir pour le croire. Et il était en bonne compagnie le bougre, entouré notamment de SIDILARSEN et de LOFOFORA. Une espèce de Filière Boraine en termes de puissance de feu, ou Danko JONES et le retour au bon vieux temps d’Ovomaltine: c’est de la dynamite !

DANKO JONES + SIDILARSEN + LOFOFORA … @ Park Rock Festival – Saint-Ghislain, 14 août 2022

A-t-on déjà écrit que nous a-do-rons Danko JONES ? Ah, une centaine de fois vous dites, ok – sorry. Toujours est-il que nous ne l’aurions presque pas reconnu backstage, notre Danko JONES, métamorphosé ou quasi avec son masque FFP2 qui ne le quittera de la journée qu’au moment précis de monter sur les planches et pour le renfiler fissa son set terminé.

Casquette vissée sur le crâne et paire de baskets aux pieds (indice encore plus surprenant qui a failli et définitivement nous tromper), il a de quoi passer presqu’inaperçu en déambulant dans le parc Baudour derrière la scène, le Danko – mais on ne nous la fait pas, même si on l’a croisé une paire de fois avant que la pièce ne tombe. Effet de la canicule, peut-être. D’ailleurs, par un 33° plombé d’une chaleur lourde et littéralement étouffante, insupportable, il fait presque trop chaud pour les performances de cette fin d’après-midi sur la scène du PARK ROCK Festival.

Mais ce serait mal connaître les performers du jour, ainsi que les remarquables organisateurs de ce festival presqu’intimiste qui offre toutefois une affiche digne des plus grands. Une bien belle découverte que ce PARK ROCK Festival, tant en termes d’affiche, d’organisation et d’organisateurs que de cadre et d’offre de services…

Prenant pour notre part le train en marche fin d’après-midi seulement, 7 WEEKS assure le relai de GIAC TAYLOR pour un set propret mais d’une efficacité surprenante: ces hommes d’âge presque mûr dirons-nous, propres sur eux et même de bonne présentation, nous laissaient initialement craindre un set mou et mainstream. Comme quoi, ne jamais se fier aux apparences ni aux a priori. Pendant que l’on procède au changement de matos sur la seule scène que comporte ce somme tout modeste festival (mais à qui il ne manque rien, si ce n’est sans doute une assistance un peu moins clairsemée), les gars de SIDILARSEN continuent de siroter leurs bières comme si de rien n’était à la table jouxtant la nôtre. Presqu’envie de leur montrer l’heure, juste au cas où.

Avec un un hommage appuyé à l’Ukraine et quelques autres méchants uppercuts adressés aux bien pensants de ce monde, SIDILARSEN reste fidèle à lui-même, à eux-mêmes: le verbe acéré et allié à un bande-son percutante fait mouche et dévaste un Parc Baudour qui sort (bien trop) doucement de sa torpeur tropicale.

Les Français donnent tout mais semblent récolter bien peu de répondant, même si la qualité de l’assistance l’emporte de loin sur la quantité. Un set parfait qui renoue avec l’image que nous avions gardée de SIDILARSEN il y a bien des années déjà, la sympathie et la simplicité toujours à l’appel (et à la pelle).

LOFOFORA enchaîne et a beau donner le maximum, il semble bien que ce soit SIDILARSEN qui ait tiré les marrons du feu de ce duel franco-français. Non pas que LOFOFORA nous offre une prestation de moins haute tenue, mais il semble tout simplement – façon de parler – que le feu fait moins mouche et que le pétard est plus mouillé qu’autre chose. Si pas en termes de prestation, du moins en termes de résultats et d’effets – quoique Danko JONES se trémoussant à nos côtés stage right en pense peut-être tout autrement, allez savoir ce qui se cache sous ce FFP2.

Il est 22h45 et bien plus de degrés encore lorsque notre Canadien (presque) préféré ôte son masque, troque ses Nike contre ses traditionnels bottillons noirs et grimpe les escaliers menant à la scène: la fête peut commencer. Elle s’achèvera 90 minutes plus tard devant un parterre tout aussi clairsemé mais affichant des mines heu-reu-ses. Car Danko JONES, qu’il ait 65.000 spectateurs face à lui (il y a quelques semaines sur la mainstage du Hellfest) ou qu’il n’en ait qu’une poignée, c’est du pareil au même. On donne sans compter, on mouille sa chemise, on casse la baraque et on retourne les canapés avant de s’attaquer à l’étage et mettre tout à sac.

Non sans l’aide précieuse de Giac TAYLOR infiniment remercié par un Danko JONES orphelin de sa guitare restée (perdue ?) à l’aéroport de Francfort, et sauvé par le grand coeur de notre Romano Nervoso national qui lui fait grâce de la sienne le temps d’un set décidément pas ordinaire. On n’avait jamais pensé à quel point ces deux gaillards vont bien ensemble, tiens ; c’est chose faite aujourd’hui. Merci le Park Rock Festival ! Et quelles belles surprises nous réservez-vous pour 2023 ?!

Alex Henry FOSTER – Die Kantine, Köln – 28 juillet 2022

Kommunion im Biergarten… Que n’a-t-on déjà pas dit ni écrit au sujet d’Alex Henry FOSTER et de ses inséparables Long Shadows ici ou encore ? Au risque de nous répéter, nous laisserons donc Alex Henry sautiller en plein air d’une table à l’autre de ce biergarten, qui plus est sans renverser trop de Kölsch comme en attesteront les vidéos disponibles sur le net. Nous laisserons surtout Alex Henry nous transporter et nous emmener dans ses longues envolées lyriques et symboliques, et nous ouvrir une fenêtre dans le ciel où chacun s’engouffre le temps de cette longue kommunion qui passe sous le radar de bien des médias mainstream…

Que n’a-t-on déjà pas dit ni écrit au sujet d’Alex Henry FOSTER et de son songwriting haut de gamme ? Au risque de nous répéter, nous préférons donc ne pas trop nous étendre (autrement qu’en photos) sur les deux heures et vingt minutes que durera ce voyage-ci. Cinq semaines après la précédente mise en orbite qui s’était tenue ici-même, le Captain FOSTER accompagné de son fidèle équipage a décidé de manière impromptue de renouveler cette kommunion. Même endroit, même heure, mais pas le même prix: pour que cette kommunion frise la perfection, Alex Henry régale. Ce soir, c’est lui qui invite, gratos, pour que dalle. Et comme si ce n’était pas suffisant, le maitre de cérémonie offre également à la planète entière ce live-streaming en direct. Parce qu’offrir, parce que partager, parce que communier ne sont pas de vains mots pour le Captain FOSTER. Ce sont même ses fondamentaux.

Le bonheur est comme un baiser, vous devez le partager pour en profiter. Le bonheur, il n’est réel et n’est complet que quand il est mutualisé : Kommunion im Biergarten aurait pu être le titre de l’affiche ce soir. A défaut de figurer tel quel pour qui ne l’aurait pas anticipé en poussant la grille de ce biergarten, c’en sera le thème et le fil conducteur, c’en sera le prétexte et le résultat, la cause et la conséquence. Si la musique est un moteur de propagation des sentiments et des sensations, les compositions de FOSTER en sont alors une turbine d’élévation et d’émotions…

Les concerts prévus à Zurich et à Budapest viennent d’être annulés en dernière minute, à la grande désolation de FOSTER. Sans doute faut-il trouver dans ces annulations une motivation supplémentaire, une énergie décuplée et une source de force insoupçonnée chez Alex Henry pour faire de cette Kommunion im Biergarten un moment de plus grande intensité encore. Ses Long Shadows, entraînés dans ce tourbillon sans fin, déposeront les armes en fin de soirée après avoir donné plus qu’ils ne pensaient eux-mêmes avoir en eux. Comme chacun ici, Brothers & Sisters – Kommunion im Biergarten.

Des mots même de FOSTER, la version allongée à la fois explosive et lancinante de The Hunter, presque sans fin et en éternel loop de trouvailles rythmiques et mélodiques, sera sa performance la plus sexy et la plus soul qu’il ait jamais livrée, qu’il ait jamais donnée, qu’il ait jamais offerte. Sans doute a-t-il, sans doute ont-ils, sans doute a-t-on atteint ici un climax, un point de non-retour, un apogée, un acmée à jamais gravés dans nos cellules neuronales ? Parce que ce soir, sous un ciel étoilé et dans la douceur de cette belle nuit d’été teutonne, c’est non seulement windows in the sky mais c’est aussi et surtout cadeau. Kadeau. Und Kommunion im Biergarten. Prosit.