Patti SMITH – AIRBOURNE – FOALS – REDEMPTION – COCAINE PISS – … @ Festival CABARET VERT 2019, Charleville Mézières (jour 3)

Cabaret-Vert2019_PassPhoto.jpg
La Planète se réchauffe. L’Amazonie brûle. Et People Have The Power
Le Cabaret Vert va sans doute ériger une statue à notre égérie de toujours, Patti SMITH. Tandis que le G7 se tient à l’autre bout de l’Hexagone avec le préoccupant sujet de la sauvegarde de l’Amazonie au centre des débats, Patti SMITH balance la sauce et se fait l’étendard du combat mondialiste et durable que mène le Cabaret Vert depuis 14 ans. En reprenant Beds Are Burning (de Midnight Oil), ce n’est pas seulement un flèche de plus qu’elle décoche aux Grands de ce monde, mais à nous tous qui demeurons les bras croisés alors que nos lits sont en proie à un fatal incendie.

PattiSmith_CabaretVert2019_0014.JPG PattiSmith_CabaretVert2019_0063.JPG PattiSmith_CabaretVert2019_0071.JPG
PattiSmith_CabaretVert2019_0069.JPG PattiSmith_CabaretVert2019_0016.JPG PattiSmith_CabaretVert2019_0083.JPG

Mais pas une seule revendication de Patti SMITH, pas la moindre allusion, la garce: elle se la joue mine de rien, sachant que l’audience n’est pas dupe. Et pour l’ignare dans l’assistance qui n’aurait pas (encore) compris, d’enchaîner avec un splendide et poignant Mother Earth repris à son pote Neil YOUNG. Nous écrivions à son sujet il y a deux mois seulement, à l’issue de sa mémorable prestation d’Anvers, qu’il était probablement le dernier monstre sacré à parcourir encore les scènes de ce bas-monde monde. Neil YOUNG a son pendant féminin en la légendaire personne de Patti SMITH, dernière survivante d’une époque à jamais révolue, ultime témoignage vivant d’une ère qui a tout créé, qui a tout dit, qui a tout pensé, qui a tout initié, qui a tout engendré, qui a tout enfanté…

PattiSmith_CabaretVert2019_0119.JPG PattiSmith_CabaretVert2019_0126.JPG PattiSmith_CabaretVert2019_0041.JPG
PattiSmith_CabaretVert2019_0136.JPG PattiSmith_CabaretVert2019_0169.JPG PattiSmith_CabaretVert2019_0138.JPG

Après la violence des revendications de PROPHETS OF RAGE avant-hier sur la même scène face à de plus violentes injustices encore, le Cabaret Vert 2019 fait fort, très fort en amplifiant encore celle-ci avec la vindicte de Patti SMITH. Quel show, quel concert, quelle Dame: le concert assurément le plus poignant et le plus émotionnel de cette cuvée 2019. Le genre de show qui te prend aux tripes parce que tu sais que tu es face à un monument, face une légende, et que ce monstre sacré en impose encore rien que par sa présence à quelques mètres de toi, rien que par son charisme et son rayonnement qui irradient, qui te donnent la chaire de poule…

PattiSmith_CabaretVert2019_0194.JPG PattiSmith_CabaretVert2019_0150.JPG PattiSmith_CabaretVert2019_0215.JPG

Patti SMITH nous confie que la première fois qu’elle est venue ici se recueillir sur la tombe d’Arthur Rimbaud, c’était en 1973. Avant de finalement investir – au propre comme au figuré – les murs de sa demeure où elle revient régulièrement. Depuis, jamais elle n’avait imaginé jouer en ce lieu qu’elle affectionne particulièrement et où elle vient se recueillir années après années entre poésie, peinture et musique, avec toujours sa même dégaine de chaman punk, ou d’androgyne. The legend is still alive, and well.

PattiSmith_CabaretVert2019_0130.JPG PattiSmith_CabaretVert2019_0154.JPG PattiSmith_CabaretVert2019_0166.JPG PattiSmith_CabaretVert2019_0177.JPG

Lors de notre dernier face-à-face avec Patti SMITH à la Rockhal en 2016, nous avions tenté plusieurs fois de capter l’instant furtif où notre grand-mère préférée expédie de sa langue de maîtresse un de ses impressionnants mollards tout aussi légendaires sur les planches. Mais ce fut à nouveau peine perdue ce soir au Cabaret Vert, la traîtresse nous prenant chaque fois de vitesse. Anodin et décalé? Peut-être, mais tellement révélateur du puritanisme et du caractère aseptisé dans lequel nous confinons nos aînés, oubliant qu’ils ont tout fait bien avant nous, et qu’ils ne changent finalement pas plus que ceux qui restent dans le move, et qui ne sont pas devenus vieux avant même d’avoir été jeunes…

Airbourne_CabaretVert2019_0035.JPG Airbourne_CabaretVert2019_0079.JPG Airbourne_CabaretVert2019_0113.JPG
Airbourne_CabaretVert2019_0142.JPG Airbourne_CabaretVert2019_0049.JPG Airbourne_CabaretVert2019_0232.JPG

AIRBOURNE rend le soleil couchant plus rouge et plus chaud encore que la fournaise. Pour leur seconde venue au Cabaret (et pour notre nième AIRBOURNE en ce qui nous concerne), les Australiens ne seraient-ils pas en train de s’essouffler à force de nous balancer leurs shows à 200 à l’heure depuis tant d’années…? L’énergie brute est toujours bien là, explosive et imprévisible – au point que le bassiste s’étale royalement de tout son long sur la scène à force de l’arpenter au pas de course et se prenant les pieds dans le micro.

Airbourne_CabaretVert2019_0237.JPG Airbourne_CabaretVert2019_0286.JPG Airbourne_CabaretVert2019_0054.JPG
Airbourne_CabaretVert2019_0164.JPG Airbourne_CabaretVert2019_0333.JPG Airbourne_CabaretVert2019_0177.JPG

Mais les temps morts et autres moments de diversion dont le band semble (ab)user pour souffler quelques instants cassent le rythme d’une prestation qu’on a déjà connue beaucoup plus dense et soutenue. Les nouvelles compos passent bien la rampe, mais ne sont pas du tout servies par une sono à la hauteur, brouillonne et tout à fait indigne de l’énergie d’AIRBOURNE. En définitive, un AIRBOURNE simplement et passablement bon, mais sans doute à oublier.

Airbourne_CabaretVert2019_0341.JPG Airbourne_CabaretVert2019_0189.JPG Airbourne_CabaretVert2019_0355.JPG
Airbourne_CabaretVert2019_0192.JPG Airbourne_CabaretVert2019_0368.JPG Airbourne_CabaretVert2019_0379.JPG

A l’issue donc d’un one-woman show sans comparaison et tout bonnement mémorable et exceptionnel de la légende Patti SMITH, les English de FOALS peuvent débarquer – et même être mauvais (ce qu’ils sont): tout a été dit. Ite missa est. Non, soyons indulgent, correct et surtout honnête: FOALS n’est pas mauvais du tout, mais est simplement inconsistant et sonne creux. A fortiori après la prestation étincelante de Patti SMITH. Il y a de ces groupes et de ces prestations qui n’ont tout simplement pas la consistance nécessaire, qui n’ont pas assez de gras autour de l’os pour marquer les esprits ou remplir l’estomac. FOALS fait partie de ceux-là. Ce n’est pas de leur faute, chacun a ses limites, et même la plus belle femme ne peut donner que ce qu’elle a…

Airbourne_CabaretVert2019_0426.JPG FOALS_CabaretVert2019_0040.JPG Airbourne_CabaretVert2019_0474.JPG

Mention toute spéciale à REDEMPTION, power-trio dans la plus droite lignée de ses maîtres à penser (regardez du côté des Ramones et de Motörhead). Fin d’après-midi, papa et ses deux fistons (Mat, 17 ans à la gratte et au chant, et Rod du haut de ses 11 ans à la batterie !) montent sur scène, et ils ont tout des grands. Tout ! Certainement le début d’une histoire très, très prometteuse quand on voit l’efficacité et surtout la maturité des deux gosses. Avec une voix qui impose et une rythmique hallucinante qui cogne, le padre peut être fier de ses rejetons qui n’ont pas dû être bercés avec des comptines. Longue vie à REDEMPTION !

Redemption_CabaretVert2019_0010.JPG CocainePiss_CabaretVert2019_0024.JPG Redemption_CabaretVert2019_0027.JPG

Terminer la soirée en compagnie de COCAINE PISS sur la Razorback Stage est une manière comme une autre de joindre l’utile à l’agréable. Quoique l’utilité reste discutable, et que le côté agréable ne soit pas le terme le plus adéquat non plus. Le calibre attribué à COCAINE PISS nous semble à nouveau surestimé, et leur manifeste succès continue de nous interpeller – mais soit.

CocainePiss_CabaretVert2019_0099.JPG
COCAINE PISS illustre la Belgian Connection qui a pris ses quartier au Cabaret Vert, en compagnie de quelques combos et formations en provenance de Liège et de Charleroi: le Cabaret reste fidèle aux produits belges, et ses brasseries (semi-) artisanales ne sont pas les moins représentatives sur la carte des aubettes du festival…

Airbourne_CabaretVert2019_0211.JPG Airbourne_CabaretVert2019_0299.JPG Airbourne_CabaretVert2019_0433.JPG Airbourne_CabaretVert2019_0301.JPG

PROPHETS of RAGE – KNUCKLE HEAD – TWENTY ONE PILOTS – … @ Festival CABARET VERT 2019, Charleville-Mézières (jour 1)

Cabaret-Vert2019_PassPhoto.jpg
Chaque décennie, quelques albums emblématiques traduisent l’état de la société, marquent les esprits par leur empreinte ou sont le reflet d’une civilisation, d’une époque, d’un mouvement ou d’un courant. L’album éponyme de RAGE AGAINST THE MACHINE fait partie de ces quelques rares albums (et pochettes) qui ont imprimé leur marque indélébile sur toute une génération, sur toute une frange de la population, sur tout un pan de la société. RAGE AGAINST THE MACHINE, c’est un emblème, un symbole, une icône. Un état d’esprit.

ProphetsOfRage_CaberetVert2019_0011.JPG ProphetsOfRage_CaberetVert2019_0051.JPG ProphetsOfRage_CaberetVert2019_0073.JPG
ProphetsOfRage_CaberetVert2019_0098.JPG ProphetsOfRage_CaberetVert2019_0016.JPG ProphetsOfRage_CaberetVert2019_0114.JPG

RATM, c’est le Che Guevara du metal-fusion-rap-funk. Et toute la rage destructrice de PROPHETS of RAGE est contenue dans son cri primal, dans ses riffs, dans ses lignes de basse qui dénoncent l’injustice sociale et sociétale, l’exploitation du faible, l’oppression des minorités, les injustices du capitalisme. Dans les années ’90 et 2000, la lutte anti-impérialiste de Los Angeles à l’Afrique du Sud a(vait) un nom et un visage: RAGE AGAINST THE MACHINE

ProphetsOfRage_CaberetVert2019_0103.JPG ProphetsOfRage_CaberetVert2019_0288.JPG ProphetsOfRage_CaberetVert2019_0248.JPG
ProphetsOfRage_CaberetVert2019_0229.JPG ProphetsOfRage_CaberetVert2019_0316.JPG ProphetsOfRage_CaberetVert2019_0283.JPG

En réaction à la campagne présidentielle de Donald TRUMP, se (re)reforme en 2016 à Los Angeles PROHETS OF RAGE. Mené par Chuck D. de Public Enemy et B-Real de Cypress Hill, le groupe est complété par DJ Lord de Public Enemy également et surtout (surtout !) trois des quatre membres de RAGE AGAINST THE MACHINE : Tom Morello, Tim Commerford et Brad Wilk. Est-il possible de faire mieux dans le genre super-combo? C’est la grande classe internationale, qui ce soir nous balance ses titres les plus mythiques avant de nous asséner le coup de grâce avec son Killing in the Name. En live, l’effet est encore plus dévastateur que sur la galette qui l’a enfanté et qui avait en son temps retourné la planète.

ProphetsOfRage_CaberetVert2019_0298.JPG ProphetsOfRage_CaberetVert2019_0303.JPG ProphetsOfRage_CaberetVert2019_0323.JPG
ProphetsOfRage_CaberetVert2019_0325.JPG ProphetsOfRage_CaberetVert2019_0330.JPG ProphetsOfRage_CaberetVert2019_0345.JPG

RAGE a plein de chose à nous dire sur l’état de l’Amérique et du monde, et ils ne sont pas contents. Pas contents du tout. Ils ont la rage et nous la déversent avec violence sur la scène du Cabaret, prenant d’ailleurs fait et cause pour le combat des Gilets Jaunes. L’album RAGE AGAINST THE MACHINE nous avait à l’époque retourné, au tout début des nineties, tant le combat porté et mené par RATM n’avait laissé personne indifférent. Aujourd’hui sur scène, leur musique n’a pas pris une ride. Pire: la violence de leurs dénonciations et leur combat pour une plus grande justice sociale n’ont jamais été d’une si tragique actualité: racisme, capitalisme et mondialisation connaissent leur public enemy: PROPHETS OF RAGE.

ProphetsOfRage_CaberetVert2019_0002.JPG ProphetsOfRage_CaberetVert2019_0031.JPG ProphetsOfRage_CaberetVert2019_0040__2_.JPG ProphetsOfRage_CaberetVert2019_0054.JPG
ProphetsOfRage_CaberetVert2019_0057.JPG ProphetsOfRage_CaberetVert2019_0305.JPG ProphetsOfRage_CaberetVert2019_0193.JPG ProphetsOfRage_CaberetVert2019_0163.JPG

Tous les bands ne peuvent pas se targuer d’avoir comme leader un guitariste diplômé en sciences politiques de Harvard qui déboule sur scène le poing serré, brandi haut en l’air: le ton est donné avant même le premier riff. Aaaaah, Morello et ses légendaires interludes de scratching, ses solos tour à tour funkys et frénétiques quand pas carrément speed metal. Le phrasé rap incisif originel de de la Rocha est fidèlement rendu par les deux transfuges de Public Ennemy et de Cypress Hill. Quant au funk-jazz-fusion de la basse de Commerford, il se (con)fond avec la rythmique funk et puissante partagée avec Wilk à la batterie. Géant, et non sans nous rappeler le souvenir d’un concert unique d’AUDIOSLAVE avec ces mêmes gaillards encadrant à l’époque feu Cris Cornell. Un monument. Des légendes. Clap final.

ProphetsOfRage_CaberetVert2019_0213.JPG ProphetsOfRage_CaberetVert2019_0252.JPG ProphetsOfRage_CaberetVert2019_0020.JPG

Sur la scène Razorback, KNUCKLE HEAD nous plonge dans les grandes plaines de l’Ouest, nous immerge dans les marécages du Deep South, Les grosses mécaniques, le cambouis, le soleil qui tape dur sur le crâne en pleine sieste sur une chaise à bascule grinçante. Pas de doute, c’est l’Amérique. Les Etats-Unis d’Alsace, même, avec ces deux compères tombés dans la marmite d’un blues rock déjanté, et d’ailleurs plus électrique, plus méchant, plus graisseux et plus sexy que bluesy. On adore. Tout l’antithèse de TWENTY ONE PILOTS

KnuckleHead_CabaretVert2019_0045.JPG KnuckleHead_CabaretVert2019_0052.JPG CocainePiss_CabaretVert2019_0075.JPG FOALS_CabaretVert2019_0008.JPG

TWENTY ONE PILOTS précisément – ou un pop-rock ultra-léger tout ce qu’il y a de plus mainstream. On ne connaissait pas vraiment, mais en pénétrant dans le pit-photo, on a de suite compris à la seule vue de toutes ces jeunes filles se pressant contre les barrières du front-stage. A leurs cris stridents coïncidant avec l’entrée en scène du duo from Ohio, le petit doute (ou plutôt le petit espoir) qui subsistait en nous s’envole bien vite, loin, très très loin…

TwentyOnePilots_CabaretVert2019_0014.JPG TwentyOnePilots_CabaretVert2019_0025.JPG TwentyOnePilots_CabaretVert2019_0037.JPG
TwentyOnePilots_CabaretVert2019_0026.JPG TwentyOnePilots_CabaretVert2019_0046.JPG TwentyOnePilots_CabaretVert2019_0062.JPG

Mais c’est ça aussi, l’adorable et le légendaire éclectisme qu’offre année après année l’affiche du CABARET VERT

TwentyOnePilots_CabaretVert2019_0067.JPG