Bonnie RAITT, The WATERBOYS, Toby LEE, Sam BETTENS – Gent Jazz Festival, 5 juillet 2025

Nous nous apprêtions à regagner nos pénates peu avant minuit après l’électrisante performance des WATERBOYS tout en savourant une dernière Omer quand tous nos sens sont alertés – et ce n’est pas peu dire – par les écrans qui retransmettent dans la salle de presse, vidée de ses occupants à cette heure tardive, le dernier set de la journée. Celui de Toby LEE.

Un changement de plan de dernière minute s’impose à nous: direction fissa la Garden Stage pour ne pas rater une miette de plus du show de ce gamin de 20 ans, jeune prodige et révélation de la gratte blues-rock qui revient d’ailleurs tout juste de Glastonbury – excusez du peu. Adoubé par Bonamassa himself et élu parmi les élus chez Gibson pour devenir ambassadeur de la marque, ce Toby LEE nous livre un set décapant à la Walter Trout mâtiné d’un zeste d’Eric Steckel., manière de situer le gamin qui fait montre d’autant de talent que d’énergie, d’autant de créativité que d’électricité, d’autant de génie que de toucher.

Quant aux WATERBOYS, Mike Scott et sa bande nous ont servi sur un plateau d’argent le set que nous attendions sans trop l’espérer. En délaissant quasi tout le répertoire folk du band, The WATERBOYS ont déroulé une set-list la plus électrisante et la plus électrique qui soit, évoluant ainsi ce soir dans un répertoire et un style inspirés du meilleur qu’aurait peu faire au sein d’un supergroup Neil Young et Tom Petty réunis.

Une heure et quinze minutes (pas plus) d’un concert haletant mais sans le moindre rappel, magnifié par une version à rallonge parfaitement démente, totalement déjantée et complètement hallucinante de The Pan Within. Continuant à ferrailler ferme et à dépoter grave, Mike Scott s’efface progressivement de l’avant-scène pour rejoindre et surtout renforcer la section rythmique et laisser le champ libre à une passe d’armes entre les deux keyboards qui se font face avant de terminer à quatre mains sur un seul clavier dans un final tout simplement catacly(si)smique.

Sam BETTENS (né(e) Sarah Bettens) a le privilège d’officier par deux fois sur la Garden Stage avec un double set à la sauce country-americana débordant de fraîcheur et d’une honnêteté viscérale. Ayant grandi à Anvers, mais façonné(e) par quinze années passées dans l’est du Tennessee, Sam transpire l’authenticité de la vraie musique roots et country. Son passage du rock alternatif de K’s Choice à l’americana est une réussite parfaite, une reconversion réussie qui respire un road trip au volant d’un Mustang entre Nashville et Memphis un verre de whisky à la main (… don’t drink and drive).

Bonnie RAITT termine quant à elle sa tournée européenne au Gent Jazz Festival, et avoue ne pas être pressée et même redouter son retour aux States où elle confesse ne pas porter dans son coeur un certain Donald (à moins que ce ne soit Picsou ?). Chassez le militantisme, il revient comme un cheval au galop. Nous n’imaginions pas pour notre part que son blues-roots-country drainerait un public aussi nombreux de fidèles sexa-septua-octogénaires. Carton plein donc sur la mainstage dans une salle pleine comme un oeuf où, contrairement à ce qu’elle lance, Bonnie RAITT ne semble pas la plus âgée de la salle. Du haut de ses 75 ans (et demi), son toucher à la John Lee Hooker demeure impeccable pour un set sans faute empreint de simplicité, d’authenticité, de spontanéité et de fraicheur. Une grande dame à l’affiche d’une bien belle soirée en définitive pour jeunes guitaristes de 20 à 75 ans….

Now online : Neil YOUNG – sold out @ Bruxelles – 30 juin 2025

L’Eternel peut nous rappeler à lui. En ce 30 juin 2025, aux environs de 22h15, la dernière note de Be The Rain se perd dans la touffeur d’une soirée caniculaire que Neil YOUNG rend plus mirifique et plus improbable encore. Le concert peut se terminer, l’Eternel peut nous rappeler à lui, Be The Rain a fait de ces 10 minutes une vie entière…

Now online et toujours dans notre GALERY de portraits Intensities in 10s Cities : From Backstage to Frontstage, All The World Is A Stage. Et, as usual, pas de chipotage ni de bidouillage avec les photos comme vous en voyez partout ailleurs. Non: ici, c’est NO f*cking Photoshop. NO damn Ligthroom. NO bullshit RAW format. NO holy crap numeric nor digital overdub. NO a.i. feature (artificial intelligence sucks) : ONLY pure one-shot JPEG. Parce que shooter live, c’est comme le real rock’n’roll: c’est spontané, c’est brut de décoffrage et surtout ça doit le rester…

ows – Upcoming Shows – Upcoming Shows – Upc

Edition #49 du SJOCK Festival à Gierle : le festival le plus COOL & ROCK’N’ROLL du Plat Pays est à la veille de son cinquantenaire !! Avec une audience volontairement limitée à 5.000 festivaliers par jour, que rêver de mieux pour ces 11-12-13 juillet 2025 ? JUDAS PRIEST (avec Phil CAMPBELL en opening act) à la Rockhal le 19 juillet 2025 ne nous réservera à l’inverse pas de surprise: c’est l’apanage des valeurs sures…

Un ch’tit coup d’oeil dans notre rétroviseur ? C’est par ici :

Et comme toujours en français in ze texte: last & latest footages, shootings & reviews in our specific GALERY « From backstage to frontstage ». NO Photoshop. NO Ligthroom. NO RAW format. NO numeric nor digital overdub. NO artificial intelligence : ONLY human one… and pure one-shot JPEG !

Neil YOUNG – Bruxelles – 30 juin 2025

Avec près de 20 minutes de retard sur l’horaire, il est 21h48 lorsque le Loner arrive nonchalamment sur les planches – mais comment pourrait-on tenir rigueur de cette nonchalance à un quasi-octogénaire? Casquette vissée sur le crâne et t-shirt arborant une feuille d’érable dorée que ne dissimule pas une vieille chemise délavée négligemment chiffonnée et ouverte par-dessus le tout, celle-ci s’avère bien vite superflue par les plus de 30° qui sévissent encore sur la capitale.

Une chance sur 500 ? Avions-nous une chance sur 500 ? En tout état de cause, ce 30 juin 2025 est notre jour de chance, une date à marquer d’une pierre blanche: en cette divine soirée, Neil YOUNG nous offre une véritable expérience de mort imminente en nous gratifiant d’un Be the Rain (époque Greendale) que nous n’attendions pas ni n’osions jamais espérer, même dans nos rêves les plus fous ou dans nos attentes les plus inconsidérées, pièce d’anthologie qu’il enchaine immédiatement après un Sugar Mountain (composé il y a… 60 ans) introductif qui installe une douce nostalgie presqu’intimiste qui ne dure qu’un instant.

Si le moment est solennel, s’enchaînent à cette pièce d’anthologie un tout aussi explosif Love and Only Love, un emblématique Cinnamon Girl, un décapant Hey Hey, My My et un Like a Hurricane à vous faire dresser les poils sur l’échine. Cette démonstration d’une heure trois quarts alterne (un peu de) gant de velours folk et (beaucoup de) gant de boxe rock’n’roll avec un son de guitare aussi impeccable que puissamment saturé.

Tout y passe, de When you Dance à Harvest Moon et tant d’autres encore – il veut notre mort, c’est certain ! – assénant le coup de grâce lors de l’unique rappel avec un seul Keep on Rockin’ in the Free World à rallonge qui atomise littéralement la Place des Palais qui était déjà à genoux. Totale déflagration, avant que Neil YOUNG quitte définitivement les planches après un ultime salut.

Si le Loner foule probablement pour la dernière fois le sol de notre Royaume d’absurdie (ce que nous écrivions déjà en toute lucidité il y a 6 ans lors de son dernier passage au Sportpaleis d’Anvers) à la veille de ses 80 ans, il demeure définitivement l’un des derniers voire le dernier des monstres sacrés encore actifs sur le circuit (on ne parle pas des momies mortes-vivantes qui errent encore de-ci de-là entre deux rails et trois amphet).

Avec Be The Rain, Neil YOUNG ne nous a non seulement pas terrassé, foudroyé mort-debout en nous faisant perler des larmes d’émotion au coin de l’oeil, mais il aussi (dé)livré un message qu’il hurle à la gu… de la Planète depuis des décennies, dénonçant haut et fort bien avant tout le monde l’aveuglement qui nous mène droit dans le mur du suicide collectif. Son message revêt aujourd’hui une acuité plus effrayante encore alors que Bruxelles est terrassée par la canicule et que les pavés de la Place des Palais rendent plus insupportable encore le dôme de chaleur qui s’est abattu sur l’Europe depuis quelques jours.

Mais pas de grands discours de sa part, ni d’anecdote non plus, une forme de pudeur scénique qui contraste avec la puissance émotionnelle de ses titres. Neil YOUNG est un musicien qui n’a rien perdu de sa fougue, pas un entertainer, qui nous livre un concert habité, intense, sincère et sans artifice ni fioriture une heure trois quart durant. Juste des instruments, des guitares, des amplis et une envie intacte de jouer.

YOUNG nous offre le set parfait parcourant plus de 6 décennies d’une carrière et d’une production sans nulle pareille, alternant Fender testostéronée, gratte acoustique & harmonica – comme ce Sugar Mounatin qu’il performe seul en ouverture de show sur une scène bien trop grande pour lui avant que le rejoignent pour un galop endiablé ses remarquables Chrome Hearts qui réussissent même la gageure de nous faire oublier Crazy Horse.

Le dernier des Mohicans n’a sans doute pas encore dit son dernier mot ni balancé son dernier riff, mais peut-être le vieux lion a-t-il avalé ce soir son dernier waterzooi en terre belgicaine. Total respect, Mr. YOUNG, et en espérant que vous vous accrocherez violemment avec votre espèce de président qui vous attend de pied ferme pour diffamation lors de votre retour chez vous aux States: entre octogénaires, l’autre ne fait pas le poids et n’a pas votre légitimité, votre aura, ni votre charisme. Il ne vous arrive même pas à la semelle…

Note spéciale à nos gentlemen farmers gascons : quelle meilleure première partie que The INSPECTOR CLUZO pour chauffer un public qui n’en demandait pas tant ? Porte-drapeaux militantistes délivrant un message en parfaite synergie, adéquation et communion avec celui du Loner, ils ont fait le job – et bien plus encore.

Now online : WASP @ Rockhal – 12 juin 2025

Now online et toujours dans notre GALERY de portraits Intensities in 10s Cities : From Backstage to Frontstage, All The World Is A Stage. Et, as usual, pas de chipotage ni de bidouillage avec les photos comme vous en voyez partout ailleurs. Non: ici, c’est NO f*cking Photoshop. NO damn Ligthroom. NO bullshit RAW format. NO holy crap numeric nor digital overdub. NO a.i. feature (artificial intelligence sucks) : ONLY pure one-shot JPEG. Parce que shooter live, c’est comme le real rock’n’roll: c’est spontané, c’est brut de décoffrage et surtout ça doit le rester…

W.A.S.P. – Rockhal, Esch-sur-Alzette – 19 juin 2025

Une dernière overdose eighties, un dernier shoot de dopamine hair metal : que demander et qu’attendre de plus de Blackie LAWLESS si ce n’est qu’il nous étrille en ce canicule soir de juin 2025 ?! Suite aux nombreuses restrictions sanitaires qui persistaient encore sur le Vieux Continent, WASP avait été contraint en 2022 de reporter au printemps 2023 la tournée européenne célébrant son 40e anniversaire. Nous avions déjà eu affaire à du grand Blackie live à Saarbrücken le 05 mai 2023. Depuis, cette tournée mondiale entamée il y a 2 ans semble n’en plus finir, de quoi faire se gausser notre Lawless en laissant entendre ce soir qu’il n’y en aura plus de suivante: « This is History, you witness History« . Amen.

Avec seulement une bonne vingtaine de minutes de retard au lieu de 50 minutes il y a deux ans (il y a progrès…), la bande à Blackie monte sur scène dans une Rockhal transformée en étuve. Le management US est à la manoeuvre : on assiste depuis le bord de scène aux consignes du tour manager donnant préalablement l’injonction aux organisateurs d’annoncer au micro que tout crowd-surfing et que toute tentative de passer outre les barrières protégeant le pit seront sanctionnés d’une expulsion immédiate de la salle. Ambiance. Sifflements et huées en provenance d’un public déjà échaudé par la température ambiante et chauffé à blanc par le retard encouru. Pas très rock’n’roll tout ça de la part d’un Blackie qui jamais n’arrête de nous étonner, mais pas dans le bon sens cette fois. Quoi qu’il en soit, l’assaut peut enfin débuter.

Revêtu de son t-shirt estampillé « 40 » dans le dos et marqué d’un « 1982-2022 » sur le bide, Lawless affiche une sale tête au moment de monter sur scène, nous faisant même redouter le pire. D’autant plus que deux vigiles postés dans le pit-photo au pied de son micro étaient précisément plantés là nous dit-on au cas où… Mais il n’en est finalement rien : la Bête est en belle et grande forme pour nous délivrer un bon quatre-vingt minutes d’un set quasi parfait. Un shot d’ocytocine vintage comme on en redemande, sans une ride, sans une tache de vieillesse, sans le moindre signe de faiblesse, que du contraire.

Même si probablement aidée par quelques subtiles manipulations magiques depuis la table de mixage, sa voix est intacte. À près de septante ans, Lawless sonne toujours aussi phénoménal. Sa voix trouve l’équilibre parfait entre rauque et mélodique, suffisamment rauque pour dégouliner de venin, mais jamais au détriment de la mélodie. Sleeping (in the fire) en atteste de la plus virulente manière qui soit, sans parler d’un Wild Child débuté a capela lors du rappel. A en donner la chair de poule…

Mention spéciale à Aquiles Priester, véritable monstre derrière ses fûts : précis, puissant et implacable. Et ses deux autres complices de longue date, Mike Duda à la basse et Doug Blair à la guitare, qui font de ces morceaux vieux de plusieurs décennies de véritables pépites comme tout juste sorties du cerveaux démoniaque de Lawless.

WASP reste une pierre angulaire du heavy metal américain du siècle dernier : théâtral, agressif et hairy à souhait. L’effet choc et le barnum s’est peut-être estompé, mais la musique n’en est devenue que plus intemporelle, désormais polie avec le genre de patine que le temps seul peut donner: sinon une respectabilité, du moins un classicisme indéniable. Ce concert n’est pas qu’une fable lyrique sur le péché et la rédemption, c’est une histoire de sang, de tripes, de bile et de violence. Mais tout est désormais dans le verbe et dans la musique, plus dans les excès ni dans le cirque. Ce concert, c’est l’histoire de l’album qui a mis le feu aux poudres du Los Angeles des années 1980 – Motley Crue en moins. Dispensable, l’écran vidéo qui se dresse en arrière-scène, clin d’œil poignant (ou plutôt pathétique) à l’histoire du groupe diffusant des images originales de la formation classique comme une sorte d’hommage vivant, mais créant une étrange dissonance : on regarde le groupe actuel tandis que des fantômes du passé apparaissent et disparaissent sur l’écran derrière eux…

Pendant près de 80 minutes, W.A.S.P. a ouvert un portail temporel, a déchiré un espace-temps en transportant la Rockhal tout droit en aller simple dans les eighties, dans toute leur insouciance et toute leur gloire sanglante. Au-delà de la simple nostalgie, c’était malgré tout une sacrée célébration du côté rebelle, provocateur et bruyant de ce qui reste du real rock’n’roll du siècle passé. Du millénaire écoulé… Et dire que nous avions raté sa prestation en 1ère partie d’Iron Maiden à Forest en 1986 qui reste manifestement dans toutes les mémoires à l’exception de la nôtre, gasp.

Now online: Alex-Henry FOSTER @ Mid Summer Prog Festival – Maastricht, 24 mai 2025

« Love & Community stopped the rain ! I’m having breakfast with the band and team members at the hotel in Maastricht while talking with people with whom we experienced an incredible moment at the MidSummer Prog Festival yesterday. A true moment of pure anthology because, regardless that the concert started under pouring rain, ruining every piece of our electronic equipment in the process, we saw the uplifting communion we experienced with everyone not only clear the skies, but create a uniquely exulting atmosphere of high collective relation. Thank you all so much for your welcome and for turning moody weather into one of the brightest celebrations of life, one like I have rarely had the privilege to dwell on. I can’t wait to see you all when I’ll be back on the road at the end of August! Life creates life! » (Alex Henry FOSTER).

Now online et toujours dans notre GALERY de portraits Intensities in 10s Cities : From Backstage to Frontstage, All The World Is A Stage. Et, as usual, pas de chipotage ni de bidouillage avec les photos comme vous en voyez partout ailleurs. Non: ici, c’est NO f*cking Photoshop. NO damn Ligthroom. NO bullshit RAW format. NO holy crap numeric nor digital overdub. NO a.i. feature (artificial intelligence sucks) : ONLY pure one-shot JPEG. Parce que shooter live, c’est comme le real rock’n’roll: c’est spontané, c’est brut de décoffrage et surtout ça doit le rester…

WHEEL @ Mid Summer Prog Festival – Maastricht, 24 mai 2025

Sniper : n.m. – tireur d’élite qui effectue des tirs précis à longue distance, souvent dans un contexte militaire ou de force spéciale. Le sniper est formé pour être discret, précis et utiliser des armes spécifiques pour atteindre ses cibles. Exemple : Simo Häyhä, le Finlandais le plus célèbre de tous les snipers, avec à son tableau de chasse 542 ennemis abattus durant l’hiver 1940-1941.

Snipper : n.m. – effet consistant à découper un enregistrement audio en plusieurs fragments en éliminant certaines parties du signal à des intervalles réguliers pour créer une sensation d’interruption rythmique ou de fragmentation du son original. Exemple : WHEEL, les dignes successeurs de Simo Häyhä. Oui, les gars de WHEEL sont ses dignes successeurs ! Avec leur redoutable instinct de chasseurs qui se mue en instinct de prédateurs dès que le quatuor monte sur les planches, WHEEL peut se targuer d’une efficacité diabolique et d’une précision chirurgicale à l’image de leur compatriote Häyhä. Les Finlandais visent manifestement juste, et WHEEL sont de ceux-là et envoient du massif, en mesure d’hériter généreusement du surnom éloquent de leur mortel compatriote: « Belaya Smert », ou la « Mort blanche ».

Nous avions fortuitement découvert WHEEL en opening act de Leprous à la Rockhal en 2021, un mois seulement après avoir reçu une première autre grande claque dans la g… avec Alex-Henry Foster qui ouvrait à l’AB pour The Pineapple Thief. Deux mé-mo-ra-bles claques en un seul petit mois alors que nous sortions à peine du covid et que le r’n’r circus revenait progressivement à la normale (Foster étant en octobre 2021 le premier band d’outre-Atlantique a fouler les planches bruxelloises de l’AB depuis le confinement de mars 2020).

Le hasard continuant à bien faire les choses, WHEEL partage avec Alex-Henry Foster l’affiche de cette seconde journée de Midsummer Prog Festival – ou comment joindre le jouissif à l’excellence. La puissance de feu de WHEEL a toutefois dû surprendre plus d’un spectateur en déversant un prog (?) qui tient plus de Tool que de Tangerine Dream – pour rester dans les clichés. WHEEL estime d’ailleurs jouer du métal pas du prog, même si la mémorabilité difficile de leurs morceaux et l’absence de refrains accrocheurs pourraient renforcer cet estampillage « prog »…

Ces Finlandais gauchisants portent ainsi bien haut le flambeau métallique dirons-nous d’un prog alternatif et revendicatif au moyen de longues plages alternant rythmes syncopés et riffs couillus qui prennent plus encore de consistance dans leurs prodigieuses versions live. Les profanes de WHEEL auront probablement été confrontés ici à Maastricht à un certain sentiment d’inaccessibilité face à des morceaux tissés de constructions contre-intuitives et de rythmes inquiétants, confirmant à nos yeux que le band reste manifestement un groupe de niche avec un son propre et presque clinique mais qui tache grave, très grave et très lourd en live.

Total respect aux organisateurs du Muziekgieterij qui ont eu l’audace de programmer WHEEL dans leur Midsummer Prog Festival pour le plus grand bonheur de certains mais en courant le risque d’en faire fuir plus d’un aux bars. Mais même là, il n’était pas possible d’échapper aux snip(p)ers finlandais car ils visent non seulement juste mais aussi loin. Très loin…

Alex-Henry FOSTER @ Mid- Summer Prog Festival, Maastricht – 24 mai 2025

Il y a des endroits où il faut être car il y a des moments qu’il faut vivre. Et la prestation d’Alex-Henry FOSTER est ce ceux-ci au Mid Summer Prog Festival de Maastricht. Il n’y a que la météo et les absents qui semblent l’ignorer, alors que le set qui débute sous le déluge se clôture presqu’au sec. Ou quand FOSTER se la joue Moïse en parlant aux éléments et en fendant les eaux. Et en rendant surtout les âmes plus belles.

Alex-Henry FOSTER: « I left the hotel at 5 am this morning, went back to the venue to pick up our gear before heading to the Brussels Airport, which is the usual touchdown/liftoff place every time I tour in Europe with the band. I could obviously go anywhere I want, but I love the people, the vibe, and the multicultural, easygoing atmosphere floating around. Those details, as ridiculous as they might be for most, are incredibly significant for me. It’s not a matter of what’s better or worse, kind of thing; it’s a sensation. And for me, it’s based on one very particular situation, or should I say one magnificent encounter, that took place years ago, when an elderly person offered me a book from Alfred Jarry when she saw me walking in the terminal. « I think it belongs to you, » she said. I was quite surprised. « I’m sorry, ma’am, I just arrived, it must belong to someone who looks like me. » She laughed. « There’s no one who looks quite like you, so yes, it belongs to you. I just finished reading it, so it’s yours now. That’s the spirit of real literature: passing along. » I was astonished. What a generous and kind gesture (even if I’m still wondering if the unique look part of the comment was actually positive or not! Hair… It’s everyone’s love-hate story! Well… it is, right?! It was positive, I’m sure!)« 

« It’s quite crazy how impactful a simple human gesture can be, how it can deeply define the evolution of one’s own personal story. The book was the sweet touch, but the emotional tactile dimension was the uplift. And it feels like it was yesterday. It was followed by a sweet Englishman who offered me a Morrissey biography in exchange for which I gave him the Nick Cave one I had just finished… A simple gesture, but one that transcends those two rockstars’ books, as Stephen and his wife Paula became so dearly precious to me thereafter… Family. »

« Besides the highly moving moment I had on stage, sharing a profoundly emotional communion with the people as we all stood together to defy the pouring rain until our connection not only cleared the sky but turned our communal instant into an iconic one, my time with the members of The Long Shadows was significantly poignant for me, as my decision to keep the band and the team for an additional two days in Maastricht allowed us to bond in a very intimate way… I don’t remember when I last laughed that much being on the road or simply wandering around for the only sake of seeing the day being stretched into a late evening one with everyone… I’ve become used to drama and complications, so it was refreshing and quite inspiring to have fun like we abundantly had, creating vivid interconnections and desires to see each other sooner than my creative schedule would rekindle us all otherwise… which tells you just how happy I was« .

« And I will need that happiness, as I’m going back to the hospital for a very important and determining series of health exams. I’m ok with it. My body might be severely broken, but my spirit is getting freer and freer, which, for me, is the most fundamental decision there is, as it’s the foundation I’m building on. Therefore, make sure to keep on eye on my different socials platforms and newsletters, as I will announce some upcoming concerts real soon. Ain’t that amazing?! Proof that my passage in the Netherlands wasn’t a one-off, but a promise to come back. Yes, life creates life!!! [Alex-Henry FOSTER]

Ceci dit, il se la joue aussi rock star le FOSTER et ses LONG SHADOWS qui, expressément, ont traversé l’Atlantique pour cette unique performance hollandaise de 70 petites minutes seulement. Si c’est probablement cher payé de l’heure quand on prend en compte le déplacement de tout le band, du crew et du matos estampillé AHFTLS arrivés la veille en droite ligne de Montréal pour un court aller-retour, le bonheur on le sait n’a pas de prix. Et quand on aime, on ne compte pas – en tous cas pas Alex-Henry FOSTER.

Le déluge est ainsi donc au rendez-vous de ce second jour de festival et il pleut comme vache qui pisse. FOSTER et ses Longues Ombres attaquent le set avec 5 minutes de retard avant que rapidement sa guitare et son clavier ne subissent les affres d’une météo peu propice au karma du matos électrique & électronique. Pas grave, les coeurs et les âmes ne sont pas en sucre et la Grand Messe n’en sera que plus solennelle: si le ciel se déchire, c’est pour mieux remplir les bénitiers et pour couper plus rapidement le vin au moment de l’offrande. Et seul Alex sait si la buée sur ces lunettes est due à la pluie ou aux larmes d’émotion qu’il retient mais qui veulent elles aussi témoigner de la solennité du moment…

Ite missa est. 70 minutes d’extase plus tard, le grand prêtre FOSTER a oint – émotionnellement et musicalement – la communauté des Longues Ombres à l’issue d’une prestation aussi remarquable que sensible, aussi explosive qu’émotionnelle, aussi poignante que fusionnelle. Alex-Henry FOSTER and the Long Shadows sont définitivement entrés dans la cour des grands du prog rock, la cour de ceux qui ne procurent pas que frissons et émotions mais qui te fourrent en bonus un bâton de dynamite dans le c… pour mieux atteindre par l’énergie explosive le for intérieur de ceux dont les lyrics n’ont atteint que l’âme: Alex-Henry FOSTER, Grand Déflagrateur devant l’Eternel – marque déposée. Repartons en paix Frères et Soeurs, et implosons de bonheur jusqu’à la prochaine ritual déflagration: nous sommes venus avec nos corps, nous sommes repartis avec nos âmes…

ELDER @ KuFa, Esch-sur-Alzette – 13 mai 2025

ELDER ne fait pas recette ce soir à la KuFa, à tel point que le band se voit relégué dans la petite salle qui jouxte la scène principale, celle-là même qui fait habituellement office de bar. Bas, très bas de plafond – et même trop bas – les murs sont également trop étroits pour contenir la déferlante sonore que nous balancent les gars du Massachusets dès le sound-check qui annonce la couleur : wall of sound. Et un mur du son c’est encore peu dire, trop peu dire face à cette déflagration qui perdurera 85 minutes durant, comme une pluie ininterrompue de drones à sous-munitions qui chatouillent les tympans au marteau piqueur après avoir percuté de plein fouet la cage thoracique.

Ce véritable tsunami nucléaire n’est cependant entaché d’aucune (aucune !) saturation sonore : le son cristallin et limpide que déverse une sono irréprochable est clair et pur comme de l’eau de source, de celle qui te fracasse le crâne sous une cascade de 300 mètres de haut. Une eau vive, très vive et fraiche dotée d’une force de frappe de celle qui forge le paysage et creuse les canyons. Un effet destructeur sans nul pareil à l’image de cette perle sonore dénommée LORE, galette de néo-prog-stoner-métal jouée en intégral à l’occasion de ses 10 ans. ELDER en faisant la majeure partie de son set, cet album performé dans son intégralité prend une dimension plus démoniaque encore sur scène, plus cataclysmique et plus apocalyptique encore que sur platine.

Les longues plages complexes et quasi instrumentales, essence primale de l’album, sont fidèlement reproduites au prix d’un véritable tour de force auquel nous avions hâte d’être confronté. Et soudainement, LORE revêt une toute autre profondeur, une toute autre dimension décuplée par une démesure sonore que renforcent paradoxalement une mise en scène et un jeu de scène dès plus sobres. Mais avec une perle d’une telle puissance et complexité délivrée avec une telle force de frappe, le décorum ne serait que superflu : ELDER le laisse à ceux qui n’ont rien d’autres à proposer…