Neil PEART – The Ghost Rider, R.I.P. (12 Sept 1952 – 07 Jan 2020)

Alors que la triste nouvelle annoncée par le band fusait sur les réseaux sociaux et tombait sur nos téléscripteurs, notre galerie photo FB relayait elle aussi le séisme :

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Neil PEART – R.I.P. – The Ghost Rider, 1952 – 2020

« S’il y a des morts obscures qui dévastent un petit cercle d’initiés et des disparus à la notoriété telle qu’elle met en émoi un pays, voire la planète entière, il existe des artistes adulés par leurs très nombreux fans mais totalement ignorés du reste de l’humanité. C’est dire si RUSH méritait amplement son titre de « plus gros groupe culte au monde. Un groupe dont les qualités valent mieux que le dédain ou l’ignorance dont il peut faire l’objet. » (Télérama, 17 janvier 2020).

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A-t-on perdu en ce funeste début d’année 2020 le batteur reconnu par ses pairs comme l’un des plus flamboyants, l’un des plus prolixes, l’un des plus talentueux, des plus virtuoses et surtout des plus créatifs que la profession ait jamais connue et reconnue ? – The Professor qui a influencé, inspiré et motivé des générations entières de batteurs avec ses arrangements complexes et ses désynchronisations totales…
Ou a-t-on perdu un des paroliers-écrivains-poètes-lyricists-philosophe comme le rock’n’roll n’en a jamais engendré d’autre et comme il n’en enfantera sans doute plus jamais d’un second avant bien longtemps…?
Neil PEART, désormais entré au Panthéon, est maintenant devenu définitivement et irrémédiablement le Ghost Rider qu’il a toujours été depuis les tragédies qui l’ont frappé.
Rest in Peace, Bro.
Rest in Beats, Sir.

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Sans doute RUSH est-il le band – et Neil PEART le batteur – que nous avons le plus chéri depuis notre adolescence, et qui nous a le plus coûté : quasi une trentaine de shows à travers l’hémisphère Nord au cours de ces 40 dernières années. Mais au final, soit même pas un concert par an – ce qui est finalement insignifiant eu regard de la vie d’un homme…
Amie des moments joyeux, compagnon des moments tristes aussi, la poésie de RUSH était avant tout celle de PEART, conjuguée à des rythmes d’une complexité alambiquée qui venaient enrichir et porter des mélodies à la construction si ésotérique parfois….

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Lorsque RUSH met la clé sous le paillasson le 1er août 2015 à l’issue de la dernière date de la tournée R40 qui marque son 40ème anniversaire (41ème, en fait), nous savions que le livre se refermait – honneur aux combattants qui décident de remiser les armes au faîte de leur gloire. Ce n’était pas un “farewell tour,” c’était un « goodbye trek » qui n’en portait pas le nom mais que tout le monde suspectait. Neil PEART avouait être fatigué par le niveau d’exigence requise tant physiquement que mentalement par ses inégalables performances, et ne voulait plus de cette vie sur la route qui l’éloignait – pourtant pas si souvent – des siens. Il voulait profiter pleinement de ses proches sans plus aucune contrainte, sachant le prix de leur présence et surtout le coût de leur absence. We will pay the price but we will not count the cost

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RUSH – the timeline of our live, the soundtrack of our times…
A l’issue de 40 ans de vie commune avec cette bande-son qui nous a laissé tant de stigmates indélébiles. à l’issue de ces 4 décennies de poésie et de rythmes syncopés en arrière-fond sonore qui impriment le décor de notre vie, que conservons-nous de cet homme ? Nous garderons de Neil PEART deux souvenirs particuliers parmi d’autres. Celui tout d’abord d’un homme que nous avons rencontré, affable, courtois, distingué, élégant, délicat, cultivé, charmant et irradiant – un gentleman comme pas deux et aux antipodes de certains spécimens du r’n’r circus qu’il fuyait tant.

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Neil PEART a toujours fuit les médias et le show business, pouvant rester des mois – voire des années – hors des signaux radar et sans la moindre apparition publique. Dans son troisième ouvrage, à la fois biographie et road-book intitulé Traveling Music: The Soundtrack of My Life and Times, PEART confie parmi moultes anecdotes qu’il n’a accordé que deux interviews lors de la tournée européenne de RUSH Roll The Bones Tour 1992. Il raconte que c’était l’après-midi de la dernière date, en Hollande, la veille de reprendre le « Queen Mary 2 » en compagnie de sa femme pour traverser l’Atlantique et rentrer chez lui. Faut-il qu’il s’en souvienne ! Et nous donc: des deux seuls interviews qu’il a accordés cette année-là, nous étions le premier…
Priceless. Totaly priceless.

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03 mai 1992, Hôtel Pullitzer, Amsterdam. Sous le prénom d’emprunt de Mick, nous avons rendez-vous avec The Professor pour une rencontre-interview sous le couvert du nom de ce journaliste qui a négocié pour son magazine – mais surtout pour nous – ce rendez-vous. Jusqu’au matin même de ce 03 mai 1992, jour béni des dieux, nous ne savions pas lequel des trois membres de RUSH nous allions rencontrer: Alex, Geddy ou – pour qui connaît le personnage – l’improbable Neil PEART.

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Connaissant l’aversion de Neil PEART pour ces exercices médiatiques qu’il fuit particulièrement, jamais n’imaginions-nous que ses deux compères allaient lui laisser accomplir la besogne en ce dernier jour de tournée européenne. Savoir quelques heures avant notre rendez-vous que nous allions avoir l’honneur mais surtout le privilège d’une demi-heure de face-à-face avec The Professor ne rendait l’approche de l »heure du rendez-vous que plus excitante et… stressante.

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Arrivé bien à l’avance en ce palace d’Amsterdam, nous nous installons confortablement dans les luxueux salons qui garnissent le hall de l’hôtel. Au milieu des allées-venues feutrées des clients, nous attendons discrètement l’heure de nous manifester à la réception, annoncer notre présence et solliciter notre rendez-vous. Quelques instants plus tard, un grand et mince gaillard vêtu d’un jeans foncé et d’un t-shirt estampillé « Pearl Jam » traverse au loin, nonchalamment, le lobby de l’hôtel – Neil PEART himself.

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Jetant fortuitement un oeil en notre direction, le plus grand misanthrope (ou le plus grand timide ?) que le r’n’r ait jamais connu change tout à coup de trajectoire et se dirige soudainement dans notre direction. Sans doute a-t-il aperçu quelqu’un ou quelque chose à proximité…? Au fur et à mesure que ses pas le rapprochent du confortable fauteuil dans lequel nous sommes installé incognito, son regard se fait de plus en plus précis. Jusqu’au chaleureux « Hi ! » qu’il nous adresse de sa voix grave à notre plus grande surprise en nous tendant la main…

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La micro-seconde de surprise et d’émotion – surtout – évacuée, salutations respectives, en lui précisant presqu’en nous excusant que nous sommes un peu à l’avance et qu’il n’est pas encore l’heure de notre rendez-vous. Ce qu’il confirme avec un large sourire en tournant les talons après nous avoir derechef gratifié d’une virile poignée de main, et nous fixant rendez-vous comme prévu dans une demi-heure. Cette séquence aussi improbable que surréaliste restera à jamais gravée en notre mémoire, et demeure encore un mystère.
Comment ce gars, aussi agoraphobe que timide, pudique à l’extrême et qui fuit le monde des humains quand il est configuration « boulot », a-t-il tout à coup eu l’idée ou la pulsion contre-nature de venir saluer l’illustre inconnu que nous sommes, au milieu de tant d’autres insignifiants quidams dans le hall d’entrée d’un palace hollandais ?!

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Le mystère demeure total et incompréhensible à ce jour encore, et nous n’avons même pas souhaité l’éclaircir durant la demi-heure de discussion avec l’intéressé qui s’en est suivie dans une alcôve calfeutrée d’un salon. Une discussion – non: un échange – riche, intense, direct et interactif en tête-à-tête avec – pour lui – la présence d’un pseudo journaliste qui devait sans doute dénoter parmi ceux qu’il avait pour rare habitude de rencontrer: rencontrant quelques difficultés à enclencher en début de conversation le dictaphone emprunté pour l’occasion à une amie, Neil PEART de se proposer pour prendre les choses en main et de résoudre lui-même ce petit problème technique- et de fait. Tout un symbole…

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Quelques heures plus tard, muni du précieux sésame-photo mais pas du tout aguerri à l’exercice, nous tirerons en amateur depuis le pit-photo du Ahoy quelques clichés argentiques sans grande qualité du show de ce 03 mai 1992 à Rotterdam. Time flies

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Notre seconde anecdote relative à Neil PEART s’incrit 10 ans plus tard dans notre ligne du temps, et est quelque peu moins glorieuse
Octobre 2002 – Tournée nord-américaine Vapor Trails de RUSH. Avec un peu de chance mais aussi beaucoup d’opiniâtreté, nous profitons du jour off entre le concert de Montréal et celui de Québec pour débusquer le célébrissime « Le Studio ». Lové dans les montagnes des Laurentides à Morin Heights, planté en bord d’un lac au milieu des forêts québécoises, ce célèbre studio d’enregistrement fait partie intégrande de l’histoire de RUSH et est indissociable de sa discographie. La chance ne souriant qu’aux audacieux, c’est à notre plus grande surprise que le propriétaire des lieux (qui se présente: Stacy Le Galllée) nous ouvre la porte et – plus improbable encore – nous invite à visiter les lieux quand il apprend d’où nous venons et comme pour nous récompenser d’avoir réussi à débusquer le repaire.
La chance ne sourit qu’aux audacieux..

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A l’issue de cette rencontre-visite guidée pour le moins surréaliste et encore plus irréelle qu’inimaginable, notre hôte nous confirme que la résidence d’été (ou d’hiver, c’est selon) de Neil PEART se situe bien – comme nous l’avions investigué préalablement à notre voyage – à quelques miles d’ici: une bâtisse tout aussi perdue dans la forêt des Laurentides, en bordure d’un lac dénommé St-Victor. Pour qui connait la topographie de la région, cette seule indication n’est que de peu d’utilité pratique – autant chercher une aiguille dans une botte de foin…

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Quelques bières plus tard dans le seul bistrot du coin, et par le plus grand des hasards à nouveau (la chance ne souriant qu’aux audacieux…) la tenancière nous dessine au coin du bar, sur un carton de bière, une esquisse de tracé pour rejoindre les abords du repaire de Neil PEART. Elle nous confie cependant que les chemins et pistes de terre battue pour l’atteindre ensuite forment un véritable labyrinthe forestier. Qu’importe, la direction nous est maintenant connue. « Si vous entendez Robert Charlebois qui joue quelques notes de piano, c’est qu’il a ouvert la baie vitrée de son living et que vous n’êtes pas loin…! » nous confie-t-elle..

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Quelques heures et dizaines de kilomètres d’essais-erreurs plus tard, nous arrivons devant l’enceinte de la supposée propriété – lovée au milieu de la forêt, en bord d’un lac que nous supposons être le bien nommé Lac St-Victor. La barrière nous sépare de la bâtisse de quelques dizaines de mètres seulement, et l’on devine les contours du repaire. Sans doute son hôte s’y repait-il, entre le show de la veille à Montréal et celui du lendemain à Québec ? Près d’un rocher où est arrimée la barrière, est plantée l’inscription: « Les Roches » – a la fois spirituel jeu de mot et, pour les novices, allusion aux seuls deux rochers entourant la grille d’accès

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A notre retour en Europe quelques jours plus tard, contact est pris par mail avec le maire de la commune afin de disposer de l’adresse postale précise de « Les Roches ». Ce n’est pas moins qu’un mail incendiaire d’un certain Neil PEART qui arrive cependant rapidement en guise de réponse dans notre boite de réception. Outré et scandalisé par notre démarche intrusive dont le maire l’avait donc informé, l’homme nous renvoie aussi sec à nous-mêmes.
Mais quoi de plus normal et de plus compréhensible de la part d’une célébrité qui place sa privacy et la protection de sa vie privée au-dessus de toute autre valeur et de toute autre considération, alors même qu’il est venu chercher ici au coeur perdu des Laurentides l’isolement et le salutaire repaire pour lui et les siens…?!

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Dans le secret le plus absolu de la maladie qui le rongeait depuis trois ans et demi (apprend-on aujourd’hui seulement), Le Professeur s’est éteint après avoir fermé à clé la porte de la classe derrière lui il y a 4 ans. Sa disparition, mardi 07 janvier 2020, n’a été annoncée que ce vendredi 10. Sans doute a-t-il déjà été inhumé dans la plus stricte intimité entouré de ses band mates et des siens, et dans la solitude des grands espaces qu’il a toujours recherchée – mais que de petits cons de notre trempe ont toujours tenté de percer…

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Quel plaisir, quel bonheur mais surtout quelle satisfaction, en ce triste jour de la disparition d’un Géant (comme tous les médias le titrent aujourd’hui), de savoir que nous ne nous étions pas trompé il y a 40 ans lorsque nous avons jeté notre dévolu sur ce power-trio hors du commun.
Quelle plaisir, quelle chance voire quel honneur avons-nous eu de nous choisir une telle bande-son pour la timeline de notre vie.
L’onglet de votre navigateur affiche « All the World is a Stage », que Neil PEART avait emprunté à Shakespeare. Aujourd’hui, All the World was a Stage.
RIP, Bro – We are only immortal for a limited time

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« An evening with RUSH » – 04 juin 2013 – Cologne / Köln (Germany)

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La claque que nous a assénée RUSH en pleine figure avant-hier à Amsterdam (voir ci-dessous) s’est muée ce soir en douce euphorie voluptueuse : la surprise hollandaise fait aujourd’hui place à la délectation allemande avec un RUSH encore un cran au-dessus de ce qu’il est concevable d’imaginer comme impossible. Le sourire et le sens de l’humour des trois crémières en plus…! Cerise sur le gâteau, une adaptation de la set-list (8 changements) nous préserve le privilège d’être à nouveau surpris tant durant la première partie que pendant la seconde, tout en maintenant l’architecture générale des trois heures de show.

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Une première heure essentiellement eighties donc, une seconde heure enjolivée de l’ensemble à cordes (deux violoncelles et cinq violons en background sound), et une troisième heure qui balaye allègrement quatre décennies de bonheur. L’ensemble Clockwork Angels Strings reste comme avant hier discrètement posté en fond de scène, tous les sept alignés derrière Neil PEART dont l’impressionnante machinerie se trouve par conséquent exceptionnellement bien en avant-scène. Tout de noir vêtu et pas statique pour un sou – mais au contraire par conséquent bien remuant – le Clockwork Angels Strings Orchestra se la joue complice tantôt avec Geddy LEE qui vient s’y frotter, tantôt avec un Alex LIFESON venant également s’offrir quelque duel de cordes avec le 1er violon.

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Comme avant-hier, cet ensemble à cordes saupoudre le show d’une toute fine ligne mélodique en background, qui décharge d’autant Alex mais surtout Geddy aux synthés, dès lors moins affairés à devoir jouer des pieds et des mains. La vision d’ensemble est d’une perfection absolue, offrant une scène à l’équilibre parfait tant stage left que stage right, et avec un stage center maintenant des plus étoffés. Un Evening with RUSH se déguste autant avec les yeux qu’avec les oreilles, autant avec les tripes qu’avec le coeur, avec beat et avec bonheur ! Cet Evening with RUSH a definitively fini de me réconcilier avec leur dernier album qui m’apparaissait pour le moins inégal sur galette, mais ô combien un régal sur scène. La maestria dont le trio fait preuve en restituant ce soir ce Clockwork Angels est un moment de bravoure à l’image de la perfection rarement atteinte dont RUSH nous gratifie ce soir. Dieu existe, for sure…

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Neil nous offre derechef un double (voire quasi un triple) solo d’une fraicheur et d’une originalité à nouveau inattendues, non seulement par rapport à ses oeuvres passées mais surtout en regard de sa prestation hollandaise d’avant-hier. C’est un renouvellement dans la continuité à cet égard également, à l’image du décorum et du grand design de cette tournée. Alternant savamment les époques, le trio nous fait voyager dans quatre décennies en ne s’épargnant ni peine ni plaisir. Le Lanxess Arena – presque – plein n’en demande pas tant et réserve au band un accueil chaud et musclé jusqu’au final "2112" qui en sera le paroxysmique faîte.

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Rideaux : Neil s’encoure backstage après avoir salué debout comme de coutume deux fois l’assemblée, imité de près par un Alex au pas de course et guitare en bandoulière tandis que Geddy ferme comme de tradition la marche en remerciant à nouveau le public et lui souhaitant de se revoir sometimes in the future. Cette vision vécue pour la 32ème fois en ce qui me concerne restera probablement une des plus mémorables de par la fraîcheur et la capacité de RUSH a encore, encore et toujours surprendre, se renouveler et innover. Fort de son passé mais résolument tourné vers un futur qui prend racine dans un présent riche, RUSH – à l’instar de la Joconde – a sans doute ce soir atteint le Panthéon de l’Art Universel – qu’on apprécie ou qu’on exècre ces Canadiens, ou qu’ils laissent indifférents. Si pas plus, ni moins. Reste cette lancinante et surtout angoissante question : comment vont-ils faire encore mieux la prochaine fois…? The rise & rise of RUSH, for sure.

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« An evening with RUSH » – 02 juin 2013 – Ziggo Dome (Amsterdam), The Netherlands

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Autant la tournée précédente de RUSH nous avait laissé quelque peu sur notre faim – et en tous cas sur une relative demi-satisfaction à certains égards (voir Chap. 1 de Intensities, The Vintage Years 1978-2011) – autant cette tournée européenne 2013 (10 dates seulement) atteint des sommets sans doute jamais atteints par le passé. Les Canadiens nous invitent à un show entièrement revisité par la magie d’un lay-out et d’un design totalement inédits, aussi impressionnants que spectaculaires mais sans jamais tomber dans le "grand-guignolesque" floydien, dans le "barnum" de la bande à Bono ou dans la comédie musicale (au propre comme au figuré) style Pierres qui Roulent par exemple. Le lay-out surdimensionne ici le show en le transcendant littéralement, sans en être à aucun moment le prétexte ni l’alibi : subtil équilibre et savant dosage dont bien peu peuvent se targuer, et raffinement à la portée d’une rare minorité.

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Au regard de la trentaine de shows à notre actif, il n’est pas présomptueux d’affirmer que nous touchons ici à l’aboutissement parfait et que nous faisons plus qu’effleurer la perfection aboutie de quarante ans de maturation et de vieillissement. RUSH, comme le bon vin, bonifie en vieillissant et offre à l’amateur (qui sait que plus tard il sera peut-être trop tard) la jouissance de l’éphémère dans la fine fleur de l’âge. La maturité artistique et musicale de RUSH déploie toute sa splendeur et toute sa maestria, épanouissement mature du mariage parfait de la technologie, de la technique et de l’art. C’est tout bonnement à la quintessence même du génie conceptuel labellisé RUSH dont nous sommes les témoins privilégiés ce soir dans un Ziggo Dome amstedalois plein comme un Polonais.

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Le power-trio articule sa première heure autour d’une set-list tout bonnement détonante, faisant la part belle aux eighties qu’il revisite et rajeunit, nous prenant à contre-pied à chacun des enchainements plus surprenants les uns que les autres. Les deux heures suivantes s’ouvrent sur un long périple par leur dernier album, éponyme de cette tournée « Clockwork Angels ». Alors que le trio s’est historiquement toujours refusé de se faire accompagner d’un quatrième homme pour aider à la manoeuvre, c’est exceptionnellement qu’Alex Lifeson et Geddy Lee sont cette fois quelque peu soulagés dans leur gymnastique multi-instrumentiste par la présence sur scène d’un… ensemble à cordes durant la seconde heure ! S’étant interdits de sombrer dans le travers commercial d’un live symphonique, deux violoncelles et cinq violons viennent pour l’occasion discrètement s’installer derrière le toujours impressionnant et imposant attirail de Neil Peart. De quoi donc soulager d’autant nos deux lascars des synthés et autres samplers dont ils doivent habituellement s’embarrasser alors qu’ils ont déjà bien à faire avec leurs manches. Superbe touche donc, aussi discrète et effacée qu’efficace, toute en finesse et en doigté – aux antipodes des pompeuses et pompantes versions « symphoniques » de certains.

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Débutant par surprise leur set avec Subdivisions, ils le clôtureront en prenant toujours à contre-pied le public faisant l’impasse sur certains de leurs inévitables classiques : à l’image des deux solos de Neil et de tout le décorum on stage notamment, cet Evening with RUSH sort tout bonnement de l’extraordinaire en réservant au public surprises sur surprises. Qui donc peut s’en enorgueillir de la sorte après quatre décennies ?! Qui d’autre peut faire à la fois preuve d’un tel renouvellement et d’un tel naturel dans la perfection ?! RUSH est un grand cru arrivé à maturité: s’en délecter est une volupté de fin gourmet qui nous fait dire qu’il est de ces instants de grâce qui n’ont pas de prix car ils n’ont pas de valeur. We will not pay the price, but we will count the cost…. Que nous réserve donc Cologne après-demain ?!

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LA VILLA STRANGIATO – 13 octobre 2012 – Spirit of 66 @ Verviers

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Ils sont fous, ces Romains : un aller/retour Rome-Verviers pour 2h30 (quand même !) de Tribute to RUSH au Spirit, faut être motivé ! Ou tout simplement aimer ce qu’on fait, et aimer le partager avec ceux qui aiment et apprécient à sa juste valeur. La dernière venue de RUSH en Belgique date du sold out de Forest National en mai 1983 – il y a plus de 29 ans ce soir. Raison de plus pour se remémorer cette affiche vintage qui reste un collector pour ceux qui la considèrent comme tel !

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Les tribute bands de RUSH doivent se compter sur les doigts d’une main, sur le Vieux Continent du moins, tant s’attaquer à la complexité architecturale et technique des Canadiens relève du défi kamikaze. Ces Italiens de La Villa Strangiato en ont cependant la trempe et les c…, étant les seuls à tourner épisodiquement à travers l’Europe. Pour leur seconde venue au Spirit (voir http://www.intensities-in-tens-cities.eu – Chap.1 – pour leur premier show à Verviers), ils nous offrent un florilège d‘Exit Stage Left en première partie, ensuite rien de moins que l’intégrale de Moving Pictures en second set, s’il vous plait. Le troisième set (trois rappels !) fait la part belle au solde de cette période 1974 – 1981.

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Rien à redire : ces trois véritables virtuoses nous offrent une démonstration de force tout en finesse, faisant preuve d’une maestria à la hauteur de celle de leurs maîtres, quasi. Impressionnants de décontraction et de naturel, jonglant simultanément des pieds et des doigts avec pédales et manches, le rendu est tout simplement bluffant et sidérant. La Stratocaster crache ses arpèges à la sauce Alex, la Rickenbacker ronronne grassement en laissant des trace de cambouis sur les planches et le xylophone scintille de mille feux dans la pénombre. Pour peu qu’on ferme les yeux, on s’y croirait véritablement. Et en les ouvrant, on réalise plus encore l’exploit – le leur, mais aussi celui des originaux. Tout simplement bluffant…

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Il reste que l’audience de RUSH reste marginale en Belgique alors même que leurs tournées européennes – évitant notre Royaume depuis 1983 – sont sold out dans les plus grandes arenas que compte le continent. Et un Spirit of 66 quasi vide ce soir comme il y a deux ans en est la triste illustration, rappelant que la Belgique fait exception – sans même parler des quelques Hollandais et Allemands venant renforcer un public pour le moins maigrichon. Mais il en faut plus pour désarçonner le trio : ils n’en ont que faire, heureux qu’ils sont de leur prestation face à ce qui est le plus important pour eux : des facies rayonnant et appréciant la prestation à sa juste valeur. Confiant d’ailleurs au bar après coup qu’il évitent en Italie de jouer les soirs de match de foot afin de ne pas se retrouver face à une telle désaffection. Votre déplacement et votre prestation n’en sont que plus appréciables, les gars : Hold Your Fire !

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LA VILLA STRANGIATO – (RUSH Tribute) – 22 octobre 2011 – Verviers @ Spirit of 66

(Autres photos et commentaires sur Intensities in Tens Cities – Chap 1: The Vintage Years 1978 – 2011)


Un tribute band tout à la gloire de RUSH, et chez l’ Francis à Verviers en plus : c’est-y pas tout beau tout bon tout ça ?! Ce trio italien termine une tournée de 5 concerts en Allemagne et en Hollande – qui sont par ailleurs les 5 premiers et seuls concerts du batteur qui officie ce soir dans la formation, et c’est là une véritable claque qu’il nous assène en nous l’apprenant tout en sirotant une bonne bière belge au coin du bar en fin de soirée ! Car, il faut l’avouer, je suis bluffé. Totalement bluffé. Sur mon cul – pour être trivial. Je venais ce soir au Spirit plus par curiosité qu’autre chose, car l’occasion n’est pas tous les jours donnée d’assister à un Rush Tribute, et parce que le manquer m’aurait… manqué. Je monte par curiosité à Verviers et en redescends séduit, tout à fait sous le charme, conquis et to-ta-le-ment bluffé.

     
     
     
     

Une magie a opéré ce soit à l’insu de mon plein gré, contre toute attente et même presqu’à mon corps défendant tant cette infidélité platonique ne me semble pas naturelle ni conforme à mes principes. Pas particulièrement attiré par tous ces tribute bands – du moins les tributes de groupes qui sont encore actifs, pas comme les tributes de Mozart, Beethoven ou Bach qui font le quotidien des théâtres et autres opéras… – je ne me doutais nullement que les Canadiens de mon coeur étaient dotés d’ersatz italiens. Ou quand la poutine nord-américaine rencontre la bolognaise du Vieux Continent – même si ces Italiens sont Romains et non pas Bolognais.


Ils nous délivrent l’intégrale du live Exit Stage Left de 1981, et pour peu on s’y croirait. Damned, ils m’ont bien eu ces lascars ! Totalement fous, ces Romains. Et impressionnants de maestria. Non, là, franchement, mine de rien et sans avoir l’air d’y toucher, ils trouent un nouveau trou du cul au monde civilisé, ces p’tits gars (pardon aux oreilles chastes). Et même si une longue route les attend demain vers  »Roma Caput Mundi » afin de les ramener à bon port dans une voiture surchargée de matos (nous apprennent-ils…), ça n’empêche de passer un excellent moment ensemble au coin du bar after-gig.

     
     
      
       

Au demeurant, la foule n’était pas nombreuse au Spirit ce soir : tant pis pour les absents, qui ont toujours tort c’est bien connu. Mon premier concert de RUSH est aussi celui où le trio a pour la dernière fois foulé les planches d’une scène belge (Forest, 1983) : serait-ce un remake ce soir en terre verviétoise ?! "Thanks so so so much for the beautiful pictures. We spent a beautiful evening and we are very happy to shared our passion for Rush with new friends. Sure we’ll keep in touch and hope to meet you soon", voilà qui est écrit, paroles d’Italiens gais comme quand ils savent qu’il auront de l’amour et du vin (et du RUSH !). All the world’s indeed a stage…

An evening with RUSH – 29 mai 2011 – Frankfurt

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RUSH : 3 de 3. Front rows, stage right. Francfort semble avoir drainé 11.000 canadian maniacs des quatre coins de l’Europe. Probablement car ce concert est étrangement le seul show germanique de ce court European Tour Machine 2011 qui s’achève par ailleurs ce soir à la hussarde (teutonne) dans la fournaise de cette Festhalle rendue célèbre par le tournage de "R30" en 2004. Et tout comme RUSH, nous retrouvons cette superbe salle pour la quatrième fois également. Fournaise ou véritable étuve ? Il fait chaud-boulette sous le dôme de la halle, et cette moiteur suintante digne d’une baraque à frites semble décupler l’ardeur, la chaleur et l’impatience d’un public venu partager ce tour de force de plus de trois heures.

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Geddy et Alex incendient l’audience dès les premières notes qui déchirent la halle, tandis que Neil bucheronne ses peaux comme jamais. Le rouleau compresseur RUSH écrase avec légèreté, broie avec finesse, réduit délicatement en bouille et achève avec doigté les dernières réticences de celles et ceux qui auraient pu se tromper de spectacle en poussant la porte de ce thé dansant – ce n’est pas tous les jours qu’un concert débute à 18h30 pour se terminer plus de trois heures plus tard alors qu’il fait encore clair et chaud dehors. Le brulot intérieur semble avoir contaminé tout l’air ambiant de la ville-saucisse (de Francfort, bien sûr).

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Quelques syncopes et évacuations plus tard (pfff : pour une fois qu’un public largement féminin est de la partie), voilà-t-y pas que ces nymphettes tournent de l’oeil dans une étuve que les trois Canadiens n’ont pas particulièrement aidé à rafraîchir il est vrai. Alex a lui aussi laissé tombé la veste durant l‘intermission – sans doute pour nous en mettre encore plein la vue à l’occasion de ce véritable bouquet final européen. Neil semble joyeux (…comme à chaque fin de tournée, pour qui le connait un peu…) et est gai tel un pinson qui sait qu’il va retrouver dans quelques heures sa couvée. Pour sa part, Geddy rayonne, satisfait du job en train d’être accompli. C’était le show parfait – le dernier de la tournée, celui qui délivre les corps et libère les esprits. Celui où l’on se permet tout, car il n’y a plus rien à prouver, plus rien à gagner, plus rien à perdre non plus: le bouquet final.

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Ce soir, tout le monde sent l’écurie – au propre comme au figuré et pas pour les mêmes raisons. Reste cependant en suspens une interrogation : alors qu’à chaque show Geddy annonce une set-list longue de milliers et de milliers de morceaux, un programme long de millions ou de dizaines de millions de titres, il annonce ce soir qu’ils en ont… six millions. Pas sept ni cinq, non : six millions. Pas dix mille ni trois cent mille. Non: juste six millions… Une de leur première venue dans cette Festhalle avait été l’occasion pour Geddy d’affirmer combien ils étaient tous trois impressionnés par le fait de se produire dans une salle qui avait une telle histoire et qui avait été le théâtre de tant de rassemblements dans un sombre passé germanique. Ce soir, probablement Geddy est-il le seul à savoir pourquoi c’est précisément six millions de morceaux que RUSH entend nous balancer en pleine figure lors de ce final. Lors de cette solution finale canadienne….

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La grande famille rushienne européenne était rassemblée ce soir a Frankfurt pour cette Machine à Remonter le Temps – des Français venus de France ou vivant sur place, des Hollandais croisés l’avant-veille à Rotterdam, des Belges familiers du Spirit, des Espagnols et des Italiens en-veux-tu-en-voilà. Ce soir, c’était à la fois Broadway et le Moulin Rouge, c’était Pigalle et Soho, c’était le Yin et le Yang. Mais pour cette année, this is the end : alles hat ein ende nur die wurst hat zwei… et où, mieux alors qu’à Frankfurt, terminer ce European Tour Machine 2011 ?! On peut trouer la nuit: the job is done…

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An evening with RUSH – 27 mai 2011 – Rotterdam

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RUSH : 2 de 3. Alors que tous les Marcel du bon peuple gavé par le marketing mercantiliste et médiatique floydien s’esbaudissent à Anvers devant un Roger, c’est au sein d’un autre sportpaleis distant de quelques dizaines de kilomètres seulement que se déroule cependant le véritable événement (non pas populeux ni populaire, mais exclusivement musical) de cette soirée : RUSH retrouve l’Ahoy de Rotterdam. Mon quatrième Ahoy avec RUSH – et front rows, stage left, please. Un beau et grand soir pour mon R30 : ce code qui n’est pas sans signification pour les amateurs et connaisseurs, en revêt une toute particulière pour moi. Mon R30, mon 30ème concert de RUSH – ni plus, ni moins. Et pas le meilleur, car celui-là est toujours à venir, sinon à quoi bon…?!

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RUSH joue dans une division où les prétendants ne sont pas légion : y en a-t-il d’ailleurs capables d’aligner le palmarès et le pedigree de nos trois Canadiens ? Ils ont depuis longtemps atteint le degré d’excellence totale où, une fois la complexité architecturale assimilée et la prouesse technique totalement intégrée dans leur jeu de scène, celles-ci ne font plus que porter le band et servir la symbiose entre les trois hommes. Le décorum à la hauteur de la prestation apporte la touche finale, là où d’autres ne l’utilisent que pour mieux faire diversion et/ou… compenser.

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Le son est d’une rare perfection dans un Ahoy qui a déjà fait ses preuves par le passé, et délivre un niveau de pureté rarement (jamais?) atteint. Et la vieille connivence dont font preuve ce soir nos trois complices termine un tableau des plus réussis – sans commune mesure avec l’expérience dublinoise qui était trop proprette et trop clinique. Le tableau, ce soir, est parfait. La quintessence de la perfection musicale et artistique. Qu’on aime ou qu’on n’aime pas RUSH – puisque tous les goûts sont évidemment dans la nature – force est de s’accorder que nous jouons ici dans la cour des plus grands. RUSH, le poids des mots, le choc des notes. La force tranquille, telle une mer d’huile qui ne dit rien mais qui peut tout engloutir, semblant de rien. RUSH, le trou noir de la musique contemporaine, redoutable force invisible qui fait table rase de tout.

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Behind only The Beatles and The Rolling Stones for most consecutive gold or platinum albums sold by a rock band, mine de rien, sans vague, sans bruit, semblant de rien. C’est tout RUSH, ça : c’est Fukushima et Tchernobyl à la fois : totalement destructeur, impossible à contenir et d’une telle redoutable efficacité qu’on ne peut qu’y succomber ou la fuir. Ce soir à Rotterdam, c’est à la fois les Noces de Cana et le Jugement Dernier. L’Apocalypse et le Big Bang réconciliés. C’est Bach réincarné en Van Gogh. C’est le jumelage entre Hiroshima et le Tibet. C’est le mariage entre Cro Magnon et Kierkegaard. C’est la réconciliation de Gengis Khan et de Confucius. Et les Working Men de ce soir sont les bâtards issus des amours interdites de Bob Marley et de Jimi Page par un beau soir de 1974…

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An evening with RUSH – 12 mai 2011 – Dublin

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Rush, 1 de 3… seulement (pas de Rush UK Tour en ce qui concerne mon agenda 2011). RUSH for first time ever in Ireland, annonce l’affiche : on peut dès lors s’attendre à un moment d’une exceptionnelle intensities – pardon : intensité, que laisse d’autant plus présager une vaste et superbe O2 Arena, étuve pleine à craquer et prête à déborder comme une Guinness locale servie dans les règles de l’art (blurps). Italiens, Espagnols, Anglais,… Belges ont fait expressément le déplacement, et c’est bien la moindre des choses au vu de l’événement. Oiseau de mauvais augure, mon appareil photo décide de passer hors service à peine les premières notes égrenées : bardaf, c’est l’embardée, faudra se replier sur du matos de secours de bien piètre qualité.

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An evening with RUSH, 3 hours 1/2 show, 30 min intermission : c’est ce qu’on peut appeler un menu alléchant, bien que ce soit un classique pour RUSH. Et c’est parti mon kiki pour un set rutilant et impeccable, d’une insolente excellence : RUSH repousse à chaque tournée les frontières de la perfection et les limites du possible dans un show millimétré et d’une complexité technique et musicale hors normes – et peut-être est-ce une des raisons pour lesquelles le show de ce soir me parait par trop clinique. Tout est trop à sa place, tout est trop parfait, tout est trop au point, pas la moindre faille,… mais sans doute pas la moindre improvisation non plus : la perfection, parfois, peut déranger. A moins que le fait que ce soit ce soir mon 29ème concert de RUSH en soit la raison ? A moins que le fait de ne pas se retrouver plongé dans la frénésie aux avant-postes de la scène en soit une explication ? A moins que ce soit peut-être le manque de surprise ce soir, si ce n’est le choc du décorum pas piqué des hannetons ainsi que celui de la version live des deux premiers morceaux de leur prochain album ? Peu coutumier du fait, RUSH n’a en effet pas sorti de nouvel album depuis sa dernière tournée européenne, et donc peu d’occasions ce soir d’être pris à contre-pied ou frappé par un effet-surprise-de-la-mort-qui-tue dont le trio nous a toujours accoutumés par le passé. Comme pour se faire pardonner, RUSH nous offre sur un plateau comme pièce-maîtresse de cette courte tournée européenne l’intégrale de Moving Pictures. Ce qui est et reste considéré l’album in-con-tour-na-ble des Canadiens est joué dans son intégralité et d’un seul tenant : trois-quarts d’heure durant, un exploit aussi physique que technique, sans parler de l’effet (bombe) atomique qu’il déclenche dans un public intergénérationnel qui ne s’y est pas trompé. The Camera Eye, joué live pour la première fois en 31 ans lors de cette tournée, se révèle être un moment anthologiquement paroxystique, avec un Alex – plus multiinstrumentiste que jamais – taquinant même occasionnellement du clavier afin de renforcer les jongleries instrumentales des quatre bras et jambes de Geddy…

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RUSH a toujours été un band à part dans la galaxie de la musique moderne, loin du r’n’r circus, de ses strass et de ses paillettes, loin de ses excès et de ses scandales aussi. Ce n’est pas non plus à 60 ans qu’ils vont changer, après avoir écrit les pages les plus lyriques et les plus complètes (au sens de plein, de plénitude) de ce qui sera demain la musique classique. Car même Jean-Sébastien Bach a de son temps composé de la musique contemporaine et moderne, pas de la "musique classique". La soirée se termine dans un hôtel de Dublin à la carte et au menu estampillés pour la circonstance "RUSH", et envahi d’une foule bigarrée aux t-shirts à l’étoile rouge les plus divers, dans une ambiance mêlant dorénavant joyeusement les effluves Rushiennes à celles de Guinness et autres whiskies: cette after oscille entre une "RUSH Convention" et une "RUSH Perfection", l’une n’empêchant d’ailleurs pas l’autre. Ce soir et ici, plus que jamais, All the world is a stage

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RUSH – 23 octobre 2007 – Milano (Italie)

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Rush – 8 de 8. Au risque de fournir une publicité excessive à Ryanair, je me risque à remercier la compagnie irlandaise de nous offrir à nouveau au départ de Charleroi un aller-retour vers Milano à un prix dérisoire. Arrivés au petit matin dans le nord de l’Italie, nous louons une voiture afin de passer une superbe journée ensoleillée d’arrière-saison en terrasse sur les rives du Lago di Lugano, entre eau, soleil et montagnes. Nous rallions fin d’après-midi Milano où l’on se retrouve prisonniers des embouteillages qui encombrent l’autoroute. Ce ne serait encore rien si le plan d’accès de la salle en notre possession nous emmenait au bon endroit. Que nenni : il nous amène au beau milieu de nulle part alors que la nuit est déjà tombante et que l’heure du concert approche à grands pas ! Quelques bribes d’italien, de français et d’anglais mélangés nous ramènent non sans mal sur le bon chemin, et nous arrivons sur le parking de la salle juste à temps pour pénétrer dans l’arène avant que les lumières ne s’éteignent : oufti !
Photo (c) – Use only with mention of www.intensities-in-tens-cities.eu
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A l’inverse de la rigueur allemande, du sérieux anglais et du professionnalisme hollandais, nous pénétrons ici quasi les mains dans les poches, sans fouille aucune : je pense même que nous serions entrés dans la salle sans autre forme de procès si nous n’avions pas spontanément présenté nous-mêmes nos billets ! L’arène est grande et bien remplie, on y fume et on y boit allègrement « comme dans le (bon vieux) temps » : surréaliste. Méditerranéen. Italien, quoi… Bien que nous ayons normalement une place assise et numérotée dans les gradins, c’est en general admission que nous nous retrouvons, sans autre forme de contrôle : dilettante toute latine, disais-je. Nous profitons d’autant plus de ce concert que nous savons que c’est notre ultime, notre dernier. Situés en plein milieu de salle, la foule est dense mais aérée. Notre positionnement nous permet d’apprécier idéalement le light show puissamment sophistiqué, ce qui est nettement moins aisé lorsqu’on est situé au premier rang. La dernière note, le dernier son résonnera encore longtemps dans nos oreilles – c’était le der des ders. C’était beau. C’était grand. C’était profond. C’était géant. C’était parfait. Parfait…
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Photo (c) – Use only with mention of www.intensities-in-tens-cities.eu
Nous reprenons la route qui nous ramène lentement vers l’aéroport, et dormons une heure ou deux dans la voiture stationnée sur le parking avant d’en rendre les clés. Premier vol pour Charleroi-Bruxelles South, survolant à nouveau les Alpes qui nous réservent, avec le soleil se levant sur leurs sommets enneigés, le dernier beau spectacle de ces trois semaines de tournée. Long live Rock’n’Roll. Long live Rush
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