Un cliché à l’image d’un show tout bonnement extraordinaire, exceptionnellement extraordinaire.
Un show comme on n’en fait plus.
Un band qui compose comme on ne compose plus. Un groupe qui joue comme on ne joue plus.
Now online, en différé des Rotondes par un beau soir d’octobre 2019: MOTORPSYCHO…
Étiquette : Motorpsycho
Une set-list gribouillée à la va-vite sur un bout de papier déchiré et disposée entre deux impressionnants pédaliers.
Quelques shots d’une improbable boisson disposés sur les amplis pour soulager les cordes vocales.
De bons vieux spots incandescents pour chauffer les planches des Rotondes.
Un Mellotron estampillé Chamberlin pour planter le décor en parfaite symbiose avec la bande-son…
Nous sommes ce soir face à de véritables mutants. MOTORPSYCHO, près de deux heures trois-quart durant (!), emmène son public dans un tourbillon proche d’une transe psychédélique dont le band a le secret. Entre état contemplatif et humeur participative, l’assistance est téléportée dans une dimension autre qui ne peut que se vivre, pas se narrer. Si ces Norvégiens sont manifestement de véritables mutants, leurs compositions sont quant à elles de nature extra-terrestre. What else, George !?
Notre première et dernière expérience MOTORPSYCHO remonte à printemps de l’année dernière au Reflektor de Liège. Nous réalisons ce soir que cette prestation liégeoise était à l’époque assurément hors normes, tout à fait hors normes avec une ligne – non: un mur – de basse dont la sonorité et le volume nous avaient fait qualifier cette expérience d’extra-sensorielle au sens propre du terme. Sans doute l’ingénieur-son s’est-il fait depuis lors remercier…? Nous l’aurions pour notre part décoré Chamberland de l’Ordre du Mérite des Infra-Basses et promu Chevalier de la Guilde du Grand Subwoofer…
La substantifique moelle de MOTORPSYCHO revêt toute sa consistance et sa dimension live on stage, la scène étant le seul lieu d’expression suffisamment volumétrique pour déployer l’envergure et la profondeur de ses compositions. L’expérience immersive MOTORPSYCHO se pénètre, s’injecte, s’inhale, s’absorbe… MOTORPSYCHO ne s’écoute pas.
Avez-vous déjà carburé au LSD ? Nous, non. Ou plutôt si, mais nous ne savions pas en arrivant au Reflektor que ce soir serait notre première expérience. Elle s’appelle MOTORPSYCHO. Notre trip vaut toutes les substances licites et illicites qu’on ait pu produire et qu’on produira ici-bas. Et pas le moindre bad trip ni d’effets secondaires à l’atterrissage – si ce n’est un risque d’acouphènes pour qui n’est pas sorti protégé.
Hallucinant ou hallucinogène ? Hypnotique ou hypnotisant ? Loud. Loud. Et surtout loud: la question ne se pose ici pas. MOTORPSYCHO est la réincarnation à la puissance dix d’HAWKWIND, sa version survitaminée estampillée 21ème siècle. La basse est sans doute la plus dévastatrice que nos tympans aient jamais entendue ces quatre dernières décennies – c’est dire sa puissance de feu. En toile de fond les premières secondes, elle prend très vite sa place à l’avant-plan, reléguant le plus souvent guitare(s) et Mellotron à l’arrière plan.
MOTORPSYCHO réussit la prouesse de mixer les codes du prog à la Steven WILSON (et même à la GENESIS ou façon KING CRIMSON) avec les codes du hard-rock tout ce qu’il y a de plus vintage, à l’ancienne, lestant la formule de 53 tonnes au cm² pour davantage encore plomber le climax. C’est plus brouillon, plus organique et plus orgasmique que du prog léché, et bien plus lourd que tu psyché conventionnel, ascendant stoner. MOTORPSYCHO te prend littéralement au tripes en triturant tes neurones qu’il t’hallucine et hypnotise.
Avec une discographie boulimique, MOTORPSYCHO est-il seulement classable ? S’il s’affranchit aujourd’hui du heavy métal de ses tout débuts, c’est pour en conserver néanmoins l’ADN en live tout en explorant le genre sous ses multiples facettes: du noisy au folk en passant par une petite touche de jazz (oui !), le plus souvent dans une veine psychédélique-stoner et progressive mais plombée à la 98 octanes. Cette découverte live nous entraîne dans un environnement sonore unique et inimitable, à travers une expérience d’une viscuosité hors du commun qui nous emporte dans un vortex total et hal-lu-ci-nant.
Après trois, oui 3 heures d’une folle chevauchée ininterrompue, commence le premier rappel…! Aussi infatigable qu’impressionnant, le trio norvégien est pour la circonstance accompagné sur scène d’un 4ème homme se partageant entre Mellotron et 6 cordes, pour rendre encore plus hallucinant ce very good trip. Hallucinant. Hypnotique. Hallucinogène et hypnotisant: notre premier trip fut tout, tout sauf un very bad one. Notre découverte de l’année 2018, for sure.