BIG SUGAR + TRIGGERFINGER – Brussels (Forest National) – 06 décembre 2014

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Saint-Nicolas a comme une senteur de rasta rocket, cette année. Merci pour ce 6 décembre de derrière les fagots que tu nous a réservé, ô Grand Saint, dans cette si belle arena qu’est Forest National quand le son est au top. Et quel son, quel top ce 6 décembre lors du sound check de TRIGGERFINGER. Plantés au milieu de l’immensité de la salle vide, seuls au monde, c’est comme si nous assistions à un show privé de TRIGGERFINGER rien que pour nous, rien que pour nous tout seuls. Plus d’une heure durant en cette fin d’après-midi, le trio nous délivre quasi un set avant d’être rejoint on stage par… Gordie JOHNSON himself. Ces gredins de TRIGGERFINGER nous réserveraient-ils bel et bien une surprise ce soir avec la complicité de mister BIG SUGAR qui les rejoindrait sur scène !? Et de fait, ce dernier ne va pas tarder à nous le confirmer… Thanx again, Saint-Nicolas !

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Le sound check de TRIGGERFINGER terminé, nous sommes invités à suivre Gordie JOHNSON dans sa dressing room. Nous atteignons sa loge après avoir arpenté les entrailles taggées de la salle et satisfait à plusieurs contrôles. Des cerbères postés à chaque coin de couloirs et devant chaque porte laisseraient penser que c’est Obama en personne qui se produit ce soir sur la scène de Forest. Nouvelle surprise du Grand Saint barbu à la mitre rouge : le band au grand complet est en train de se relaxer dans la vaste loge qui leur est attribuée. Notre tête-à-tête avec Gordie Johnson ne se déroule donc pas dans l’intimité attendue, mais au contraire avec tout le band en background et dans la joyeuse ambiance que nos trappistes – spécialement apportées pour l’occasion – contribuent à relever. L’occasion d’expliquer aux Canadiens que la german strong beer qui les a semble-t-il "assommés" la semaine dernière en Allemagne – comme l’illustre leur Facebook – n’était qu’une vulgaire… Stella Artois ! Après cette lagger de gamins, place à de la véritable bière d’Hommes – il faut faire leur éducation zythologique, à ces Canadiens.

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L’entrevue se poursuite néanmoins au vin – le temps que les trappistes refroidissent. Content, le leader de BIG SUGAR, content de retrouver à nouveau la Belgique: lorsque nous lui narrons ce Booggie Town Festival du 1er mai 1998, il s’emporte dans un grand éclat de rire quand nous lui racontons notre surprise de le voir débarquer à l’époque devant un véritable mur de Marshall qui avait été dressé sur la scène: the good old time ! Les gens fuyaient les premiers rangs… Depuis lors, Gordie Johnson a bien changé (physiquement…), diversifiant ses tendances et influences noyées et malaxées dans un reggae-blues graisseux aux relents de ska qui ne renie néanmoins pas la puissance qui a toujours caractérisé le son BIG SUGAR.

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Cette évolution demeure pour lui naturelle, liée à ses rencontres et goûts musicaux du moment qui n’ont fait qu’imbiber l’éponge musicale qu’il se revendique être. Et pas question de lui parler de "canadian touch" ou d’"american touch" dans son/ses style(s): il n’en a que faire. Reste que pour nous, le southern rock qu’il développe avec ses autres bands n’est sans doute pas étranger à son installation dans le sud des Etats-Unis. Quant à maintenant peut-être jouer un jour à la Jamaïque, tournée qui manque à son pedigree, c’est une autre histoire…

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Le play boy d’antan, égérie d’Hugo Boss, aurait-il viré sa cuti pour devenir aujourd’hui cow-boy? Un sourire en coin, Johnson reconnait qu’il a effectivement troqué la soie pour les wranglers et les escarpins pour les boots. Si quelques costumes griffés l’ont néanmoins accompagné lorsqu’il quitta le Canada pour emménager dans son ranch sous le soleil texan, son coeur reste cependant canadien et ses attaches bien à Toronto. Sa Gibson double-neck demeure d’ailleurs un stigmate de ses débuts dans la métropole canadienne: souvenir d’un beau soir où, nous raconte-t-il, Alex Lifeson (RUSH) la lui mit entre les mains. Depuis, elle ne les a plus quittées.

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L’homme poursuit sa carrière multi-instrumentiste dans quantité de formations plus ou moins éphémères, plus ou moins permanentes qu’il a fondées ou rejointes, et aux répertoires éclectiques (Grady, Wide Mouth Mason, Sit Down Servant !, Alkaline,… ). Mais le leader de BIG SUGAR nous rappelle qu’il est aussi producteur à ses précieuses heures non pas perdues mais ô combien judicieusement exploitées. Gov’t Mule, The Black Crowes et Nashville Pussy pour n’en citer que trois que nous apprécions plus particulièrement parmi d’autres, figurent notamment à son catalogue. Mais BIG SUGAR, en version acoustique, gospel, reggae ou en version distorsion & Marshall, demeure néanmoins son centre de gravité et sa marque de fabrique. Beaucoup d’amateurs de TRIGGERFINGER ne connaissent d’ailleurs le band à Gordie Johson que parce que TRIGGERFINGER s’en revendique comme principale source d’inspiration. Et avoir les deux bands de concert(s) sur la même affiche à l’occasion de cette tournée européenne semble réjouir autant les uns que les autres ! Oui, BIG SUGAR a-do-re TRIGGERFINGER. Oui: TRIGGERFINGER a-do-re BIG SUGAR. Love is love. Are you ready, Brothers & Sisters…?!.

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Avant de se quitter – ou plutôt avant d’accompagner BIG SUGAR à leur soundcheck – Johnson nous répond qu’il y a peu de chance qu’ils performent ce soir une version francophone de l’un ou l’autre titre. Ces versions spécialement éditées pour le marché québecois n’ont pas traversé l’Atlantique, et même s’il est dans les habitudes de BIG SUGAR de ne pas avoir de set-list pré-établie, il y a peu de chance qu’ils s’exécutent ce soir en français comprenons-nous. Qu’importe après tout, carpe diem: profitons du cadeau complémentaire de Saint-Nicolas qui prend la forme d’une pleine heure de soundcheck BIG SUGAR dans l’intimité d’une vaste arena déserte. Il est des instants riches, précieux et uniques dans une petite vie d’anonyme…


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20h00. Forest National n’est pas encore totalement rempli lorsque débutent les 45 minutes que durera le set de BIG SUGAR. Alternant les remerciements tantôt dans un parfait néerlandais, tantôt dans d’irréprochables "Merci Bruxelles", Gordie Johnson nous réserve une set-list éclectique comme l’est son cheminement et son évolution musical(e). Il nous avais promis tout à l’heure nous réserver l’honneur d’une compo qui figurera sur leur prochaine galette, et c’est chose faite. Double-neck, distorsion, harmonica, rap, reggae, saxo, dreadlocks, blues, rasta et décibels: le cocktail explosif BIG SUGAR a fonctionné une fois de plus. A l’instar du 1er mai dernier, au Roots & Roses Festival. Vivement le printemps prochain, puisque Johnson nous confia plus tôt dans l’après-midi leur retour début 2015 sur le Vieux Continent. Alleluia – sabrons les trappistes et tuons le veau gras !

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Place nette est ensuite faite pour TRIGGERFINGER , météorite qui semble ne pas être éphémère : le trio confirme tout le bien qu’on pense de lui, et ses tournées européennes successives sold out asseyent son succès. Les groupes belges à stature européenne (voire à carrure mondiale ?) capables dans la durée de remplir Forest National et le Sportpaleis se comptent sur les doigts d’une main (excusez-nous de parler rock, pas de Stromae ni de Franck Michael…). TRIGGERFINGER est de ceux-là et fait partie des ces happy few.

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Toujours au plus près du public, c’est quasi frontstage que le groupe s’installe comme à son habitude sur la scène pourtant immense de Forest, avec une batterie alignée sur les deux autres instrumentistes. La démonstration, le show, l’explosion durera deux heures dans un Forest National (configuration Club) plein à craquer, portant à ébullition et embrasant un public certes conquis d’avance. Mêlant le panache au show, le show à l’esbroufe, l’esbroufe au talent et le talent au succès, TRIGGERFINGER demeure probablement ce que la scène belge rock’n’roll a enfanté de plus talentueusement déjanté et réussi – toutes époques et toutes décennies confondues.

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On adore la dégaine chico-décadente du trio anversois, les tempes grisonnantes de Ruben Block, croisement improbable entre George Clooney et Lemmy Kilmister. Des riffs énormes jaillissent de sa Gretsch tandis que la la folie « Keithmoonienne » de Mario Goossens nous subjugue tout autant que Monsieur Paul se la joue Pink Panter: leur heavy/stoner/blues tantôt lancinant, tantôt lourd, est tout simplement irrésistible et sexy. Oui. La courte présence de BIG SUGAR sur scène aux cotés des Anversois pour deux morceaux sera, pour les connaisseurs et fins gourmets présents, un moment de délectation et de grâce comme peu se présentent : celui où le Maître rejoint l’élève, celui où l’élève honore son Mentor. Celui de la fusion entre les fils spirituels et le géniteur. "Ladies & Gentlemen, we are very honored to have a gentleman who joined the tour a week ago. We were listening to his music before we started the band, and he was a big inspiration for us to start this band. We are really honored and so happy he could join us: please welcome the fantastic BIG SUGAR…! ". Chapeau bas, Messieurs. Et merci Saint-Nicolas.

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(Un précédent concert de TRIGGERFINGER en texte & photos ? Au : Festival Cabaret Vert 2014)

Soon online – bientôt en ligne : TRIGGERFINGER & BIG SUGAR @ Forest National, Brussels – 06 décembre 2014

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… et déjà quelques extraits vidéos des sound checks et concerts de TRIGGERFINGER & BIG SUGAR :
(Sorry pour l’exécrable qualité de cette vidéo, inversement proportionnelle à celle des prestations. Enjoy !).

Roots & Roses Festival (feat. BIG SUGAR, KING KHAN, WHITE COWBELL OKLAHOMA, etc.) – Lessines – 1er mai 2014

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Ceux qui ont reçu la claque BIG SUGAR il y a – jour pour jour – 16 ans lors de l’édition 1998 du Boogie Town (l’ancêtre du Roots & Roses) s’en souviennent encore ! Ne cachons d’ailleurs pas le fait que nous sommes de ceux qui ont expressément fait ce jour le déplacement pour honorer le retour sur nos terres du rasta Canadien. Tout comme ce barman de 27 ans qui nous sert nos pintes du cru en arborant le tee-shirt aux motifs jamaïquains de BIG SUGAR : lui aussi se souvient de la raclée qu’il a reçue tout gamin de son père de retour du Boogie Town, lorsqu’il lui fit découvrir à l’époque la bande-son signée Gordie JOHNSON. Mais que le temps a fait son oeuvre depuis, le bourreau !

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Avec vingt kilos de plus (comme nous), une barbe de prophète (comme nous, mais avant) et des cheveux tressés 50 cm plus longs que la coupe proprette qu’il arborait (comme nous mais il y a alors très, très longtemps…), le Gordie JOHNSON de 2014 n’a strictement plus rien à voir avec l’égérie masculine de la ligne Hugo Boss qui l’avait pris sous son aile en 1998 !! Sacré Gordie, va : quelle spectaculaire métamorphose après avoir été le dandy de la scène blues-rock-roots de Toronto ! Son come-back européen fait suite à une absence de plus de 12 ans sur le Vieux Continent, nous apprend-il en souriant devant la pochette arborant son faciès de l’époque qu’il nous dédicace appuyé sur la vitre de son va. Et il est aux anges, le gaillard, de fouler à nouveau le sol européen pour deux dates seulement, excusez du peu. Avec un line-up quasi identique, la symbiose demeure parfaite sur scène et rien ne laisse deviner que le band a splitté plus de 10 ans avant d’être récemment reformé par son leader plus charismatique que jamais.

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Métamorphosé physiquement, rien n’a cependant changé sous la carapace du désormais plus Jamaïquain de tous les Canadziens : appliqué durant le warm-up a décorer son Marshall aux couleurs rouge-vert-jaune ainsi que son gobelet qu’il recouvre de bande isolante tricolore, c’est de toutes les couleurs de la Jamaïque que notre Rasta Rocket du roots inonde la scène une heure durant. Et les senteurs de là-bas semblent également avoir fait leurs effets bien après sa prestation, lorsque nous recroisons Gordie et son comparse bassiste dans le backstage de l’autre scène durant la prestation de Fred & The Healers. Un batteur punk, un bassiste jamaïquain, un guitariste de hard-rock et un cuivre jazzy : la fusion des quatre styles demeure parfaite dans ce roots hors normes estampillé BIG SUGAR. Plus reggae que jamais, les racines et riffs r’n’r ne sont cependant jamais très loin et reprennent parfois le dessus, mâtinés au surplus maintenant d’un rap qui sort résolument des sentiers battus et des concepts roots éculés. Merci Monsieur Johnson pour votre prestation explosive, pour votre savoureux come-back et pour votre gentillesse toute attentionnée : vous étiez parfait et grand à l’époque, vous êtes maintenant devenu énorme.

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Le hors-normes est d’ailleurs la marque de fabrique de ce 5ème Roots & Roses Festival au vu de quelques pointures complètement déjantées à l’affiche. Qui de de KING KHAN & The SHRINES ou de WHITE COWBELL OKLAHOMA remporte la palme du too much ? KING KHAN emmené par son gourou canadien – une espèce de croisement entre un pharaon et une drag-queen déglinguée – enflamme cette édition du Roots & Roses avec un show (au sens propre du terme) dans la plus pure lignée entertainment. Qualifier la prestation toute en démesure et en puissance de KING KHAN relève de l’impossible : préférons le paraphraser pour n’omettre aucune dimension de la troupe: more than a psychedelic soul band with a spectacle of a stage show ; cult musical phenomenon psychedelic-soul big band, sweat-drenched, ass shaking, groovy psyched out number, complete with rip roaring horn lines, southern fried guitar riffs and lysergic melodies. Tout est dit, tout simplement !

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Le band est tout bonnement explosif et surréaliste, et délivre un show survitaminé et déjanté dopé par une section cuivre omniprésente et un clavier des plus destroy qui nous plongent dans un univers oscillant entre soul et garage-rock. Ce clavier, quand il ne brandit pas son instrument haut au-dessus de sa tête, c’est pour mieux escalader les montagnes de baffles ! Les voir sur scène pour le croire n’est pas suffisant lorsque le délire continue backstage… voire même on stage durant la prestation des SONICS dont le pharaon investit la scène après avoir bondi du frontstage avec sa coiffe de trappeur ! A enfermer, ces SHRINES et cette drag-queen. Ou plutôt non : à décorer…

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L’autre bande de doux-dingues (ou plutôt de très, très dangereux allumés fous-furieux) qui enflamme le chapiteau en début d’après-midi vient également d’Ontario malgré leur nom pour le moins américanophile de WHITE COWBELL OKLAHOMA. Les Canadiens sont décidément à l’honneur avec pas moins de trois bands à l’affiche cet après-midi. Et pour l’heure des cowboys, on est servis : avec une triple ration de show et de décibels, ce n’est plus du blues ni du roots, ce n’est même plus du r’n’r non plus qu’ils nous servent, c’est un T-bone mâtiné de hard-blues avec une louche de fayot méthode harissa-punk et un whisky frelaté goût garage-rock retrouvé dans l’arrière-boutique des vestiges d’un saloon sinistré. Show devant – tronçonneuse, meuleuse et distorsion on stage avec un joyeux mais virulent second degré. Si ça aussi c’est du roots pur jus, je me recycle en testeur de bande hygiénique.

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Nettement plus conventionnel, Fred réussit à me réconcilier avec ses Healers. Sans doute parce que plus brutal, plus musclé et plus rapide que jamais, FRED & The HEALERS est devenu un vrai groupe live qui en a et qui a cette fois décidé de bien s’en servir. Très bien, même. Loin de son blues soporifique et aseptisé d’il y a quelques années, trop propre et trop formaté car toiletté à l’excès, Fred LANNY réussit maintenant à bouter le feu aux planches et à se servir – enfin ! – d’une guitare autrement que comme un trop précieux Stradivarius. Hommage au festival, il signe sur son dernier CD un superbe « Roots & Roses » qui n’en prend que plus de dimensions ce soir sur les planches du même nom…

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RUSTY ROOTS , par quelques belles envolées guitaristiques de derrière les fagots (ou plutôt de derrière les ballots), tente de jouer les grand garçons du southern rock. Ils restent cependant englués dans le sable de la Mer du Nord. Non pas qu’ils déméritent – que du contraire – mais leur southern bien que parfois très efficace demeure comme artificiel. Un peu comme si John Wayne jouait du Johnny Cash : avoir le chapeau et bien le porter n’est pas vraiment suffisant. Nécessaire, mais pas suffisant.

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POKEY LAFARGE, tout droit sorti de l’Illinois des années 30, allie le look au son vintage de ces années-là en ramenant un peu de calme sur scène : ragtime, bluegrass, hillbily et savoureuse whasboard au menu. Efficaces et redoutables dans leur style (mais pas vraiment le nôtre…), les champions du genre outre-Atlantique suscitent quelques belles figures de square-danse bien balancées dans un chapiteau désormais plus saloon que jamais pour les moins adeptes de l’exercice.

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Les fondateurs du garage-rock, les septuagénaires de The SONICS clôturent la journée en balançant du gros et du lourd. A plus de 70 berges, ils en ont vues des vertes et des pas mûres, les papys. Au point que la subite intrusion sur scène de KING KHAN en salopette et coiffé maintenant d’un gigantesque cône de papier les laisserait même de glace. Le poil-à-gratter canadien vient sautiller derrière le band avant d’être gentiment évacué et poussé vers la sortie par la sécurité : assurément, le roi de cette édition porte bien son nom !
Les roses prennent assurément bien racines au Roots & Roses Festival : à bon terreau, bonne cuvée !

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BOOGIE TOWN – 1er mai 1998 – Louvain la Neuve

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Entre odeurs de barbecues et vapeurs de haschisch, entre émanations de pains-saucisses et saveurs de bières fraîches, les 13 heures de Boogie Town de Louvain-la-Neuve sont fidèles à elles-mêmes. Sous un soleil de plomb au rendez-vous, la pelouse est jonchée de corps inertes et de gobelets vides – un festival comme un autre. Sous la tôle ondulée du Tennis Club du Parc, les décibels sont aussi au rendez-vous. La claque du jour s’appelle Big Sugar, en provenance de Toronto. Un impressionnant mur de Marshall, dressé après la prestation d’Omar & the Howlers qui le précède sur l’affiche, annonce la couleur. Et quelle couleur ! Avec Gordie Jonhson – alias Big Sugar – ça chauffe très méchamment dès le premier accord saluant leur entrée sur scène. Effet presqu’immédiat et surtout révélateur : à la première disto qui troue et déchire le brouhaha ambiant du hall, la grande foule reflue vers le soleil et l’herbe à l’extérieur, d’où les décibels semblent plus supportables ! Le reste du concert sera du même acabit. Ce blues graisseux teinté d’harmonica, syncopé de rythmes reggae et entrecoupé de riffs distorsionnés, est vraiment pour moi LA révélation du jour! A souligner auparavant, la superbe prestation de Lester Buttler, l’homme aux tatouages, pour qui ce doit être la dernière prestation scénique : il meurt trois jours plus tard, victime de l’overdose de trop au moment de reprendre son avion pour l’Amérique. Est-ce son dernier concert, ou a-t-il eu le temps de se produire une ultime fois le lendemain ? RIP… Steppenwolf nous balance son Born to be Wild en plein milieu de son set alors qu’on l’attendait intuitivement à l’occasion du rappel – ce qui enlève dès cet instant tout intérêt à attendre la fin de son show, de moyenne qualité de surcroît. Jimmy Vaughan, bouclant cette journée de bonheur, parvient presque à nous faire oublier son frère – et ce n’est pas peu dire. Qu’est-ce qu’il doive s’offrir comme gig là-haut, au paradis des rockers… !