Now online : PORCUPINE TREE – Oberhausen – 06 novembre 2022

12 ans… Il aura fallu attendre 12 ans pour que le noyau dur de PORCUPINE TREE reprenne la route du live autour du magicien Steven WILSON. 12 ans d’attente pour un frisson de 2 heures 40′ d’une démonstration sans nulle pareille. 12 ans d’attente pour que des dizaines de milliers d’aficionados fassent enfin leur coming out en réservant à la bande à Wilson un accueil digne de ce qu’elle (il) mérite depuis 1984. Le Petit Poucet est devenu Gargantua. David s’est métamorphosé en Goliath. Mais dans le fond, pour les fidèles de la première heure, rien – strictement rien – n’a changé. Et Steven Wilson encore moins, flamboyant Lilliputien au beau milieu de l’immense scène de la Rudolph Weber Arena qui n’est même pas trop grande pour lui, tout juste à la taille de son génie. Now online, et dans notre galerie de portraits…

PORCUPINE TREE – Rudolph Weber Arena d’Oberhausen – 06 novembre 2022

« Since 1984 we create together – Be yourself, everybody else is taken« . La mention maladroitement ou plutôt naïvement manuscrite qu’arbore la chemise délicatement repassée d’un Steven WILSON propret et bien loquace – telle l’aurait griffonnée un adolescent sur sa veste de jeans – cette mention n’est probablement visible que par le premier rang de cette remarquable Rudolph Weber Arena d’Oberhausen. Et encore, avec de bons yeux ! Julilatoire : sans doute cette définition sied-elle le mieux à cet Evening with Porcupine Tree qui n’en porte pas le nom mais néanmoins présenté comme tel par WILSON. Rien ne laissait en effet supposer que ce set en deux parties allait nous emmener trois heures durant dans un survol sans pareil de la carrière de PORCUPINE TREE (soit 2h40 de show, entracte de 20′ déduit).

Après douze ans de silence interrompus par la seule prolifique production solo d’un Wilson toujours aussi musicalement boulimique, le nouvel opus de PORCUPINE TREE a pris tout le monde à contre-pieds en juin dernier, convaincue qu’était la Planète Rock que jamais le band ne renaîtrait de ses cendres. S’il n’est selon nous pas l’album le plus abouti de l’Arbre à Porc-Epic, Steven WILSON réussit néanmoins l’exploit de nous le performer dans son intégralité ce soir sans tomber dans le travers habituel de tous ses pairs: celui de le jouer d’une seule traite, avant de passer (ou après être passé) à autre chose.

Avec un percutant Blackest Eyes qui ouvre le set, le tempo est donné. Even Less, dans une version longue de 7 minutes, suivra un tir groupé de 3 morceaux tirés du dernier né qui s’enchainent sans qu’on n’ait le temps de réaliser la fourberie. Wilson en maître de cérémonie sans pareil nous distille ainsi de-ci de-là son dernier chef d’oeuvre, mine de rien, entre 2 classiques ou pépites ressorties de son catalogue et en nous évitant l’indigestion d’une démonstration d’un seul tenant, d’un seul jet.

Entouré de son fidèle Richard Barbieri aux claviers et de l’extraordinaire (le mot est faible) Gavin Harrison aux drums qui ont tous deux participé à la conception et à la genèse de cet album-surprise, Wilson explore sans cesse un monde sonore décalé que d’aucuns, à court d’imagination ou de vocabulaire, définiront de manière réductrice comme du rock progressif alors que la production de PORCUPINE TREE ne peut pas être corsetée dans un genre particulier. Wilson a tout expérimenté, du rock psychédélique aux paysages sonores électroniques de la pop expérimentale en passant par de classiques influences et de métallique détours. Dans le plus grand secret, les trois lascars travaillaient sur le projet depuis 2010, à travers un fichier dénommé PT2012 sur le PC de Wilson (rebaptisé ensuite PT2015, puis PT2018, etc.).

Une poignée seulement de photographes sont accrédités, et c’est heureux dès lors que nous sommes relégués sur l’étroit podium du FOH pour officier lors des deux premiers morceaux du… second set, dont malheureusement un Bying New Soul joué dans une pénombre voulue et presque totale. Les 2 guests à la rythm guitar et à la basse (Nate et Randy) sont ironiquement présentés comme venant de New-York UK et du Texas, UK, avant que le show ne plonge dans la spirale d’une nouvelle dimension, d’un nouvel espace-temps avec un Anesthetize qui assène le coup de grâce à une arena qui n’en espérait pas tant. Sleep Together clôturera le second set, annonciateur d’un rappel de 3 morceaux dont Train en finale – « Puisque nous n’avons jamais fait de hit en tant que tel, nous n’avons pas la pression de le jouer ni vous l’impatience de l’attendre ! Toujours est-il que nous allons clôturer cette soirée avec ce qui pourrait s’y apparenter sans que ce n’en soit pourtant le cas…!« . Sacré Wilson, va.

Steven WILSON demeure un extra-terrestre, et remplir exceptionnellement d’imposantes arenas telles que celles de toute cette tournée n’est pas pour lui anodin. Il se remémore d’ailleurs un show donné non loin d’ici à Stuttgart il y a bien des années où la salle ne comptait que 40 (ou 14 ?) spectateurs. Nous sommes plus de 10.000 ce soir, arborant des t-shirts de rock progressif, de métal et de rock mainstream comme le souligne très justement Steven WILSON lui-même en observant ironiquement l’assemblée. Sans doute ici se situe tout son génie conceptuel, celui de rassembler tous les genres, de transcender tous les styles et d’en réunir toutes les générations. Sauf erreur blasphématoire de notre part, God is Back… (ou alors ça en a tout l’air).

Steven WILSON @ Cirque Royal, Bruxelles – 18 février 2019

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Dresser un portrait de Steven WILSON peut s’avérer de prime abord une tâche assez rebutante. Avec ses cheveux ni assez longs ni assez courts, ses fines lunettes de vue, son teint pâle et sa silhouette mince de végétarien, l’homme n’a rien d’une rock star et il ressemble davantage à un étudiant en anthropologie malgré ses 50 et des berges.

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En outre, sans aller jusqu’à donner raison à un chroniqueur qui lui attribuait le charisme d’un bigorneau, on ne peut que rester parfois perplexe devant son jeu de scène (pieds nus, pointant des index énigmatiques vers le public entre deux riffs ou secouant sa main libre dans le vide lorsqu’il chante débarrassé de sa guitare).

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Du côté de sa vie personnelle, ce n’est guère plus enthousiasmant, rien ne filtre, ou si peu. Pas de frasques à se mettre sous la dent, ni de petites amies délurées. Les filtres, d’ailleurs, il en a souvent utilisés au début de sa carrière, en studio pour masquer une voix à laquelle il accordait peu de confiance, sur ses disques en se cachant derrière de nombreux pseudonymes fantaisistes ou sur scène avec des lunettes et un rideau de cheveux qui lui masquaient le visage.

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Les pieds nus viennent encore de là: Steven WILSON avoue une aversion depuis l’enfance pour les chaussures. Au départ, il monta sur scène contraint et forcé et l’accepta comme un mal nécessaire ("a necessary evil"). Jouer pieds nus n’exprimait donc pas une quelconque volonté d’affirmer un style, mais juste le moyen de se sentir le plus à l’aise, ou plutôt le moins mal à l’aise possible.

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Et le riff déboule, incisif et hypnotique, à la fois élaboré et limpide, qui vous happe, vous aspire et vous transporte inexorablement. Ce n’est pas tant vous qui pénétrez la musique de Steven WILSON qu’elle qui investit vos synapses, laissant sur les tympans et le cortex sa marque indélébile, pour le meilleur et… seulement pour le meilleur.

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On peut attribuer à la naturelle réserve de WILSON deux origines. Il s’agit d’une part d’un trait de caractère inné, mais surtout d’une décision bien consciente. Il aurait sans doute pu accomplir les efforts nécessaires pour se mettre davantage en avant mais il ne l’a pas jugé utile, ou plutôt il ne l’a pas jugé en adéquation avec la conception qu’il se faisait d’une carrière d’artiste. La musique, sa musique devrait parler pour lui. C’était cela qu’il voulait livrer au public et rien d’autre, surtout pas, en tout cas, une mise en scène de sa personnalité.

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N’allez pas y voir de la fausse modestie ou une extrême pudeur. En vérité, Steven WILSON considère que toutes les informations privées émanant de sa personne ne pourraient que polluer son oeuvre. Car il sait finalement très bien ce qu’il veut atteindre et ne compte pas distraire l’auditeur avec autre chose que ce qu’il a enregistré. Il reconnait éviter toute cette nouvelle société de l’immédiateté qui permet de tout savoir sur les artistes en les googlelisant parce qu’elle fait disparaître la magie.

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Certes, il est bien conscient de passer pour une sorte de rabat-joie et d’antisocial, mails il le récuse car l’essentiel pour WILSON est de préserver la part de mystère indispensable pour que la magie opère, cette magie qui va faire que le fan va considérer le musicien de rock comme une rock star, comme une icône hors du monde du commun des mortels.

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Il estime simplement en fait que c’est la condition sine qua non pour que la musique touche l’auditeur ainsi qu’elle le faisait dans ces années ’70 qu’il regrette tant. Aussi parle-t-il lui-même comme le fan qu’il est resté lorsqu’il déplore que l’on pouvait savoir ce qu’a pris David Bowie au petit-déjeuner, allant même jusqu’à y voir la mort du rock en tant que mythe.

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Se préserver pour préserver le mystère, voilà quel pourrait être l’un des aspects de la profession de foi de WILSON, non pour devenir lui-même une icône mais simplement pour que son public puisse éprouver des sentiments analogues à ceux qu’il avait pu ressentir lui-même adolescent pour les artistes qu’il admirait alors. Une relation à l’ancienne en quelque sorte, reposant essentiellement sur l’oeuvre elle-même.

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Bien sûr, cette attitude, si elle permet de mettre l’oeuvre en valeur et de préserver son jardin secret, possède un revers: à trop s’effacer derrière sa musique, Steven WILSON n’a pas su attirer l’attention des médias populaires, parce qu’il n’est pas apparu comme l’homme d’exception pouvant captiver les foules, susciter l’engouement. Et pourtant, il réalise des choses exceptionnelles, d’où sa réussite à défaut peut-être de succès.

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Difficile donc de peindre un portrait précis et fidèle de l’individu qui pourrait réparer cette relative injustice puisqu’il manque les matériaux permettant de le concevoir….
Ces extraits, nous nous permettons de les emprunter aux premières pages du remarquable ouvrage de Frank BARDEL "Steven WILSON, the Dark Side of the Prog" (© Editions Camion Blanc – 2017). Ils ne peuvent que vous inciter à en savoir plus en vous invitant au voyage. En vous invitant à plonger dans l’oeuvre multiple et protéiforme du dernier génie conceptuel qu’a probablement enfanté le 20ème siècle..

Now online : Steven WILSON @ Bruxelles – 18 février 2019

Paradoxe, paradoxe… L’artiste vit la tête dans les étoiles, immergé dans son futur et projetant le prisme de toute sa créativité dans l’ébauche de ce que sera son prochain chef-d’oeuvre. Son admirateur, lui, vit par procuration, remontant le passé de l’artiste par son oeuvre interposée, évoluant à travers la production de celui qu’il chérit.

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Il arrive cependant que l’un et l’autre se rejoignent pour s’enthousiasmer et vivre pleinement le moment présent, communiant dans l’éphémère de l’instant.
La prestation de Steven WILSON ce soir au Cirque Royal de Bruxelles fait partie de ces rares moments, et concourt à la magie de ces instants d’extase…
Full review maintenant ici en ligne, et clichés complémentaires sur notre www.facebook/Intensities-in-10s-Cities

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Steven WILSON @ Rockhal, Esch-sur-Alzette – 31 janvier 2019

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Ecoutez voir ! Le Steven WILSON nous délivre deux heures et demie d’une scénographie de projections, hologrammes et animations servant à la perfection un son immersif en 4D, sublimant de la sorte l’éclectisme et l’étendue de son répertoire: spectaculaire à tous points de vue, what else ?! Avec ou sans feu- Porcupine Tree qui continue d’exister par procuration à travers sa set-list, Steven WILSON demeure ce qu’il est: un véritable extraterrestre.

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Hormis l’incartade humoristico-pop un brin racoleuse de “Permanating" avec laquelle il se fait plaisir, le lyrisme et la dextérité des autres titres que nous offre Steven WILSON continuent de marier pop-rock et expériences progressives, mais sans jamais sombrer dans d’inutiles démonstrations. Les compositions à tiroir sont complexes, la technique instrumentale est énorme, l’énergie déployée l’est tout autant: on ne change pas une formule qui gagne.

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9 mois après son dernier passage ici-même, lui tient particulièrement à coeur de ne pas reproduire le même show – qu’il promène à travers le monde depuis plus d’un an. Particulièrement affable ce soir, WILSON partage sa conception du rock et de l’évolution de la musique mainstream, vouée à toujours plus de technologie et d’électronique. Pour prendre le contre-pied, il se fait un plaisir de présenter aux moins de 25 ans (!!) un objet de plus en plus rare dans ce show-business, ou dont l’usage de moins en moins sensuel s’assimile davantage aujourd’hui à de la simple et froide technicité: une… guitare électrique – en l’occurrence sa légendaire Fender martyrisée par le temps et les tournées.

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En grattant un peu, les propos de Steven WILSON sont tout sauf simplistes, à l’instar de ses compositions qui ont vocation à dépasser les catégories et les étiquettes dont il se gausse. Mieux encore: il prend un malin plaisir à forcer le trait de tous ces stéréotypes que véhicule sa fan-base, des fans de progressif aux inconditionnels de métal en passant par les aficionados de Prince dont il ne cesse de réitérer son admiration…

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An evening with Steven WILSON reste une expérience multi-sensorielle hors du commun qui fait dresser le poil. Ce face-à-face avec cet extra-terrestre à la production aussi prolifique qu’intarissable revêt sur scène une dimension toujours aussi insoupçonnée et sans cesse renouvelée: ce n’est pas cette enième expérience qui nous fera écrire le contraire, au risque de se répéter ou de manquer de qualificatifs…

Now online : STEVEN WILSON @ Rockhal, 31 janvier 2019

Ils s’appellent Craig Blundell, Nick Beggs, Adam Holzman et Alex Hutchings.
Ils sont respectivement batteur, bassiste, claviériste et guitariste. C’est sur leur excellence que s’appuie Steven WILSON dans sa quête d’absolu musical. Mais le talent et le foisonnement créatif de celui-ci sont tels que l’on passe trop souvent sous silence ceux qui lui permettent de les mettre en œuvre et de nous les servir sur un plateau d’argent…

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Maintenant en ligne: Steven WILSON chez le Grand-Duc. Le dernier génie conceptuel…

Now online : Steven WILSON @ Rockhal (Esch – 10 mars 2018)

WILSON aura-t-il été en capacité d’atteindre au Luxembourg le même degré de perfection musicale et scénique que la veille à Bruxelles ?
Et si poser la question était en quelque sorte y répondre…?!

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Now online : Steven WILSON @ Bruxelles – 09 mars 2018

Le dernier génie conceptuel du 20ème siècle entouré de sa brochette fétiche de musiciens hors-pair.
Ou comment An Evening With Steven WILSON peut être synonyme d’intemporalité sensorielle, comme un moment de plénitude intégrale, ou un échantillon de nirvana terrestre dont nous gratifieraient les dieux…

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An Evening with Steven WILSON – Rockhal @ Esch-s/-A. – 10 mars 2018

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Backstage, ce sont dans leurs racks toujours estampillés PORCUPINE TREE que guitares et basses fourbissent leurs effets en attendant leurs maîtres. A la fois le signe que WILSON revendique toujours fièrement le glorieux passé de sa première vie, et pour qui en douterait encore la confirmation que sa set list fait toujours la part plus que très belle à ces pièces-maîtresses d’une époque maintenant révolue. Qu’importe, pour les fins gourmets, Steven WILSON et PORCUPINE TREE c’est chou vert et vert chou.

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Hier à Bruxelles, WILSON nous contait les péripéties de ses dernières dates allemandes – dont celle de Essen où il eut l’impression de jouer dans un cimetière (sic). Ce soir au Luxembourg, il nous narre sa toute aussi récente expérience finlandaise, se produisant face à des parterres assis peu enthousiasmants (re-sic), avec bobonne qui se morfond dans son fauteuil à côté de môsieur qui, lui, ne trouve pas du tout le temps aussi long qu’elle (re-re-sic). Bah ! ce n’est pas qu’Allemands et Finlandais n’appréciaient pas, c’est simplement qu’ils ont selon lui quelques difficultés à l’exprimer. Ah ah ah, british humour welcome…

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Certains intellectuels culs-serrés en manque de bonnes phrases décrivent l’actuelle production de WILSON comme un chaos paranoïaque en provenance directe de l’ère post-vérité (hein ?! càd ?!). Nous nous contenterons pour notre part d’assimiler ce An Evening With Steven WILSON à un cliché en haute définition des temps déconcertants dans lesquels nous vivons: Steven Wilson nous les dépeint depuis l’horreur rampante de la technologie omniprésente à l’observation humanoïde de notre quotidien, de sa dramatique actualité à la déconcertante résilience dont la race humaine peut faire preuve en ces temps chamboulés (hein ?!). Pause.

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Pour la bonne bouche, WILSON reste fidèle à lui-même d’une tournée à l’autre, continuant de fustiger les manchots qui brandissent à bout de bras leur smartphone pour poster sur YouTube une minable vidéo de m… (sic) qui n’intéressera en définitive strictement personne vu la quantité de vidéo de shit (re-sic) déjà présentes. Enjoy the show, les gars, plutôt que d’emm… ceux qui tentent d’en profiter derrière vous.

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Steven WILSON, c’est comme le bouchon jeté à la mer: les plus grosses vagues (musicales) et les plus puissants courants (des modes) n’auront jamais raison de lui, qui restera toujours bien au-dessus de tous ces insignifiants remous ou de ces redoutables vagues de fonds.

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Deux Steven WILSON d’affilée – hier à Bruxelles, ce soir au Luxembourg – c’est comme se resservir de dessert après le plateau de fromages. C’est comme s’offrir le vol retour en 1ère classe après avoir voyagé en economy à l’aller. C’est dans cette volupté non nécessaire qu’on découvre finalement le plaisir superflu et coupable qui rend le moment présent d’autant plus jouissif que fondamentalement essentiel. Rétrospectivement s’entend (hein ?!).

An Evening with Steven WILSON – Bruxelles, 09 mars 2018

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Il y a de ces concerts où l’on sait, dès la première note, qu’on va se ramasser une claque. Que l’on va communier à un moment d’une intensité exceptionnelle, que l’on va prendre part à une expérience sensorielle hors du commun. Ce An Evening with Steven WILSON dans une mythique Ancienne Belgique sold out depuis des mois et des mois maintenant, fait partie de ces parenthèses temporelles qui vous transportent dans un autre espace-temps, qui vous téléportent dans une autre dimension…

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Il y a des chanteurs, il y a des guitaristes, il y a des musiciens, il y a des song writers, et il y a des stars qui peuplent le rock’n’roll circus. Puis il y a quelques Artistes, une poignée de Génies de la trempe de WILSON, qui ramènent tous les autres à leur simple condition. Touche-à-tout de talent, hyperactif de génie, Steven WILSON est sans doute le dernier génie conceptuel enfanté par le 20ème siècle.

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L’éclectisme et le génie de WILSON nous transportent à nouveau ce soir entre rock progressif, psychédélisme avant-gardiste, métal poli, jazz-fusion et intimisme feutré. Steven WILSON mixe nos émotions, les soumettant tantôt à la brûlure de la lave en fusion, tantôt les apaisant par la douce caresse d’une plume délicate dont il nous frôle l’épiderme. WILSON, c’est tout et son contraire. C’est l’alpha et l’oméga.

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Oui, Steven WILSON, c’est l’alpha et l’oméga de la musique moderne: il a tout ingurgité, il a tout digéré, il a tout assimilé pour mixer ce brassin et nous en ressortir la quintessence moëlle sous la forme d’une expression musicale qui ne ressemble à nulle autre. Il pousse même l’audace de moderniser radicalement la pop indé, en étant le premier à s’amuser du scandale qu’a provoqué son dernier opus parmi sa fan base et parmi les spécialistes (sic) qui savent mieux que lui dans quel style musical le catégoriser (re-sic).

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Car oui, le sorcier WILSON qualifie sans complexe de pop music son dernier bébé, dans la lignée des plus grands artistes pop(ulaires) dont il vante le génie et le côté pop(ulaire): The Beatles et Abba (sans oublier Tears for Fears, Talk-Talk ou Kajagoogoo – clin d’oeil second degré à son comparse stage right). Et de tenter de transformer le temps d’un morceau pop l’Ancienne Belgique en une piste de danse, se gaussant à l’avance de contempler barbus, tatoués et fans d’Opeth se fendre d’un petit pas de danse.

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L’admiration sans borne qu’il voue à celui qu’il considère être le musicien le plus talentueux parmi tous (… Prince…), n’a de pareille que la dévotion qu’il témoigne à sa Fender Telecaster millésimée 1963 usée par les ans, meurtrie par les sévices qu’elle a dû subir et par les tortures endurées entre ses mains de génie.

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Moment de suprême volupté que où cette Telecaster, branchée sur un ridicule Hugues & Kettner qu’il dépose à ses pieds, transporte 2000 et quelques âmes au 7ème ciel par le biais d’un Even Less d’anthologie. Seul sur scène dans cette version ô combien dépouillée, la vraie dimension de WILSON nous éclate à la figure, nous explose les mirettes, nous éclabousse la face, nous métamorphose les tympans et nous ravage les neurones.
Un moment de grâce. Un moment d’anthologie. Un moment d’éternité. A l’image d’une soirée sans nulle pareille…

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