Cinquième concert seulement de l’impressionnant Steven WILSON World Tour 2025, cinquième sold out d’affilée mais enfin – enfin ! dixit WILSON himself – an evening in front of a standing audience much more dynamic and receptive that provides us much more response… Le sold out de Birmingham, le surlendemain, offrira à nouveau à WILSON un parterre assis, avec le sempiternel no photo, no video qu’affiche l’écran géant en pré-concert. Il nous en est fait grâce à Bruxelles où le hall du Cirque Royal n’arbore discrètement que quelques affiches bien policées à cet égard. Seuls 3 happy few photographes se sont vus délivrer ce soir par le tour manager le précieux sésame pour enfreindre la règle générale, mais depuis la galerie seulement à défaut de pit-photo. Thanx Dave pour ta confiance et, partant, pour ta reconnaissance qui nous honorent depuis tant et tant d’années que nous collons aux basques de WILSON sous ses diverses configurations…
Now online et toujours dans notre GALERY de portraits Intensities in 10s Cities:From Backstage to Frontstage, All The World Is A Stage. Et, as usual, pas de chipotage ni de bidouillage avec les photos comme vous en voyez partout ailleurs. Non: ici, c’est NO f*cking Photoshop. NO damn Ligthroom. NO bullshit RAW format. NO holy crap numeric nor digital overdub. NO a.i. feature (artificial intelligence sucks) : ONLY pure one-shot JPEG. Parce que shooter live, c’est comme le real rock’n’roll: c’est spontané, c’est brut de décoffrage et surtout ça doit le rester…
Expérience immersive et conceptuelle, performance musicale, dimension astrale et structuration architecturale : quel autre vocable pour transcrire l’atmosphère, le vécu et le ressenti que dégage et procure un concert de Steven WILSON version The Overview World Tour 2025?
A l’heure très précisément annoncée, il est 19h45 quand le Cirque Royal plonge dans le noir pour mieux laisser vibrer dans un impressionnant silence presqu’absolu les premières notes des 23 minutes d’Objects Outlive Us, 1ère des 2 plages du 8ème album tout fraichement sorti du Maître : The Overview.
Stylisée TH5 OV5RV95W, cette épopée conceptuelle de 42 minutes permet à WILSON de nous emmener dans un voyage kubrickien à travers l’obscurité de l’espace, une épopée sonore floydienne voyant l’humanité pour ce qu’elle est : minuscule, insignifiante, éclipsée par des distances cosmiques projetées sue l’écran géant en arrière-scène.
Prendre de la distance avec notre bonne vieille Terre pour aller flotter dans l’espace inter-sidéral, réfléchir sur notre insignifiance cosmique, quoi de plus subliminal quand c’est sous la houlette d’un musicien à la dimension cosmique de le trempe de mister/master WILSON ?
Ces 42 premières minutes renouent avec un new-prog conceptuel tout bonnement grandiose. Ciselé de main de maître, le rendu live de cet opus est d’une cohérence à toute épreuve qui transcende l’expérience studio. Projeté sur l’écran au-dessus du maitre de cérémonie qui trône au milieu de la scène, l’univers se contracte, se dilate par-dessus la tête de WILSON, mais son attention est toute portée sur un ensemble de claviers qui l’entourent et desquels il extrait des sons en phase avec les images et formules astrophysiciennes qui dansent en arrière-plan.
C’est un véritable monument en hommage au space rock, à la kosmische musik, à toute cette inspiration qui a saisi une multitude de musiciens de Sun Ra à l’Ecole de Berlin en passant par Hawkwind, le Bowie de Space Oddity et le Floyd de Saucerful of Secrets. A l’époque de l’exploration spatiale, tous levaient la tête vers le ciel, vers les étoiles… C’est ce que Steven WILSON invite à faire, à changer de perspective, même si déclamant les parties de l’univers par ordre de taille peut paraître froid et étrange. Là aussi c’est un hommage, en l’occurrence à Vangelis et son Albedo 0.39. Sur scène, ces concepts transcrit sur l’écran géant prennent tout leur sens. Surtout avec Steven et Adam tirant les sons analogiques les plus cosmiques de leurs claviers.
L’expérience n’en est que plus my(s)thique lorsqu’elle est sublimée par les silences les plus absolus qui règnent dans un Cirque Royal comme médusé, subjugué, hypnotisé, moments de silence déconcertants qui ponctuent les silences constitutifs de ces deux master-pieces. A l’issue de cet exercice de concentration et de virtuosité de haut-vol, WILSON annonce un break bien mérité de 20 minutes pour reconnecter ses neurones – et les nôtres.
Toujours aussi pince-sans-rire, l’humour british de WILSON teinté de son incomparable accent londonien léché et policé s’adresse, compatissant, à celles et ceux qui présents ce soir par le plus grand des hasards, sans doute entraînés par leur conjoint, leur père, leur mère, leur soeur, leur frère, leur oncle, leur tante (sic) et qui se retrouvent confrontés à ses morceaux alambiqués et tordus sortis d’on ne sait trop où.
Face à cette succession de performances ridiculously difficult and complicated to perform (re-sic), WILSON prépare son audience au summum en la matière avec Impossible Thightrope non sans préalablement chambrer Craig Blundell (drums) en l’enjoignant cette fois de ne pas merder le titre : Don’t fuck it up, please ! (re-sic). Avec Steven WILSON, le badinage et l’humour tout british restent de mise entre deux performances…
A ses côtés, stage right toujours, Nick Beggs décuple agilement et avec précision l’amplitude sonore d’un mur de basses fréquences en usant de ses multiples 4, 5 ou 6 cordes. Stage left cette fois (que WILSON présente comme l’american side of the stage), le tout aussi fidèle Adam Holzman aux keyboards officie aux côtés d’un discret mais redoutable Randy McStine que nous avions pour notre part découvert en Allemagne il y a deux ans lors de notre dernier Porcupine Tree.
Cet Adam Holzman aurait mérité de figurer dans le line-up de Lynyrd Skynyrd, de 38 Special ou de Black Oak Arkansas : allez-y comprendre ces références sudistes que WILSON nous balance avec un sourire en coin… Le second set du show s’avère plus conventionnel, pour peu qu’il soit concevable qu’une performance signée Steven WILSON soit conventionnelle. Son art-rock / post-rock / néo-progressif (comment dire…?) alterne par moment avec une certaine électronica bouillonnante qui le voit échanger quelques solos rageurs et riffs hargneux avec Randy McStine.
Mais c’est comme si WILSON restait avant tout chef d’orchestre, grand organisateur, super-conductor et maître de cérémonie en distribuant les rôles, en répartissant les moments de bravoure entre ses complices, alignant ainsi une succession de ridiculously difficult stuff to perform qu’il orchestre autant qu’il perform.
La set list est des plus pointues qui soient et s’adresse manifestement aux connoisseurs, pas au premier venu : bien loin de morceaux prévisibles ou pressentis, WILSON prend son public à contre-pied et se joue des convenances en d’adressant à un public averti. Mais en termes d’harmonies comme de thématiques, ce second set relie cependant le tout à The Overview pour conférer à cette expérience de plus de deux heures quart la démesure d’un certain ordre cosmique. Ni plus ni moins que du simple Steven WILSON, en soi.
Croisé fortuitement bien après le show au moment où il regagne son tour bus garé entre deux impressionnants trucks, juste le temps d’échanger avec lui un check et quelques mots, nous n’avons pas pensé à lui demander à quel moment il s’était rechaussé…
Ce 05 août 2023 a-t-il été ou pas l’ultime concert de PORCUPINE TREE dans le cadre prestigieux du Schlossgarten Schwetzingen, Germany ? Wilson entretient savamment le doute, après nous avoir déjà imposé un hiatus il y a quelques années en mettant PT entre parenthèses juste le temps de changer d’avis, lequel était d’ailleurs ambigu dès sa formulation. Sacré Steven ! Raison de plus pour être de cette dernière date dans les prestigieux jardins du Château de Schwetzingen – Allemagne. L’avenir nous dira si nous venons d’assister au last ou au latest PORCUPINE TREE show, entamé par un « This is our last show… » lancé par un Steven Wilson qui terminera néanmoins sa phrase après un long blanc…
[Photos ci-dessus: Closure/Continuation Tour2022-2023 @ Schwetzingen, Germany, 05 août 2023 – tirées depuis le FOH].
« We didn’t have to make this record. It’s not as if we’ve come back because we’ve been offered [$10 million] to tour America. We’ve not come back because our solo careers have failed. We thought it’d be fun and we had some good material. I think that’s partly reflected in the title of the album: I genuinely don’t know whether this is closure or the start of another continuing strand of the band’s career.
« If it is closure, I think it’s a really nice way to do it. Or we might call each other up a year from now and say: ‘Hey, that was fun. Should we do it again?’ My guess is probably the former. I think it probably is the last record we’ll make and probably the last tour we’ll do.
[Clichés ci-dessous: Closure/Continuation Tour2022-2023 @ Oberhausen, Germany – Novembre 2022; Cirque Royal Bruxelles, 2019; Rockhal Luxembourg, 2019, 2018 et 2015; Ancienne Belgique Bruxelles 2018, 2016 et 2007].
This is our last show… [blanc]… [long blanc] … [silence]... of this tour. Sacré Steven WILSON, va ! Toujours le mot pour rire et/ou pour brouiller les pistes et/ou pour semer le doute dans les esprits: après avoir annoncé l’année dernière la reformation temporaire de PORCUPINE TREE juste le temps d’un nouvel album et d’une seule tournée puis au revoir, c’est début de cette année qu’il confirme ses propos en précisant urbi et orbi qu’il n’y aura effectivement pas de suite à ces belles et parfaites mais temporaires retrouvailles. Puis de lâcher en interview au dernier Hellfest il y a deux mois qu’il ne faut pas croire tout ce qu’il raconte, ayant la fâcheuse habitude de mentir (sic).
Allez donc savoir si nous assistons ce soir au dernier concert de cette tournée Closure/Continuation 2022-2023 que nous avions découverte l’automne dernier en Allemagne déjà, à Oberhausen… ou si nous assistons bel et bien à l’historique, mythique et ultime prestation de PORCUPINE TREE. Quoi qu’il en soit, le band met de toute façon la clé sous le paillasson dès ce soir pour une durée indéterminée. Closure/Continution: Wilson ne pouvait baptiser d’une plus adéquate appellation ce dernier album, cette dernière tournée, cet ultime concert…
C’est ainsi dans un recoin des 100 hectares (!) de parc et de jardins à la française du Château de Schwetzingen que PORCUPINE TREE décide de tourner une dernière page – du livre, ou du chapitre, l’avenir donc nous le dira. Quel plus élégant cadre pour ce dandy de Wilson toujours exquisement british, so british avec son parler plus puriste que celui du plus distingués des speakers de la BBC et à l’humour plus british que jamais.
20h00 précises, très précises: PORCUPINE débarque sur scène, Wilson tout jovial et une bouteille de bière à la main en même temps que les premières gouttes d’une pluie provisoirement éphémère tombent sur Schwetzingen. Pas de quoi désoler un Steven lâchant que la pluie n’est pourtant pas du tempérament de PORCUPINE. Et bam ! de nous envoyer fissa un Blackest Eyes dans les gencives pour donner le ton, suivi d’un Harridan de derrière les fagots, prétexte pour tourner à la rigolade l’absence de son bassiste Nate Navarro – retourné en précipitation aux States en pleine tournée pour urgences familiales. Harridan, débutant par un riff de basse précisément, est pour Wilson l’occasion de présenter au public « the funky invisible bassist » tout juste avant que la sono ne crache les notes attendues.
Remarquable prouesse technique, magie de la technologie (et il sait bigrement de quoi il parle, le bougre) permettant au band de poursuivre sa tournée sans bassiste mais sans que le show n’en pâtisse non plus le moins du monde. Prouesse ou tour de passe-passe que ce set de 02h15′ garni d’une ligne de basse complexe et alambiquée comme on la connait sans l’ombre du moindre bassiste sur les planches. Même si visuellement il y a un manque…
Septante-cinq minutes et neuf morceaux plus tard, intermission de vingt minutes. Le second set débute avec une intense mais heureusement courte averse avant d’enchaîner avec Anesthetize, Wilson ironisant qu’avec ce long, long morceau, il nous verra plus trempés à la fin qu’au début – ah ah ah, petit comique va – quand il ne fait pas la promotion d’une de ses dernières rééditions deluxe remastérisées et comptant quantité de bonus-tracks ne justifiant pourtant pas son prix de vente honteusement surestimé et surfait pour ce que c’est. Ou de constater une surabondance de t-shirts estampillés PORCUPINE TREE qui semblent manifestement bien neufs par rapport à l’époque où ils devraient dater…
Y aurait-il dans l’assemblée un survivant de son premier concert allemand donné dans une sombre cave de Munich au siècle dernier devant 30 personnes? A moins qu’ils ne soient tous déjà morts, s’interroge-t-il. A ses côtés, ses deux fidèles et historiques acolytes: Richard Barbieri aux claviers (et à la programmation, comme le précise ironiquement un Wilson constatant que son claviériste trop concentré ne répond pas à une de ses interpellations) et l’époustouflant Gavin Harrison toujours aussi exceptionnel derrière les fûts. Et une nouvelle tête se cache (presque) stage left: à la six-cordes tantôt rythm tantôt lead guitar, et aux backing (parfois lead) vocals: RandyMcStine, à la hauteur de ses prédécesseurs même si John Wesley restera à jamais le couteau suisse parfait.
Si Closure/Continuation avait été joué dans son intégralité à l’automne dernier en début de tournée, parsemé de-ci de-là dans la set-list, il n’en est rien ce soir pour cette dernière date de cette même tournée éponyme qui nous nous transporte dans le temps et nous fait voyager dans la discographie de PORCUPINE TREE. Anesthetize demeure encore et toujours une des (la ?) master-pieces incontestables et incontestées durant ce paroxysme orgasmique d’un bon quart d’heure – l’orgasme paroxysmique du show. Impossible de réfréner un frisson qui nous parcourt l’échine à l’impensable idée, à la seule pensée que nous vivons peut-être présentement un dernier instant, unique et intemporel à graver dans le marbre neurologique de nos mémoires. Oui, nous étions avec PORCUPINE TREE à Schwetzingen ce 05 août de l’an de grâce 2023, pourrons-nous fièrement dire plus tard…
12 ans… Il aura fallu attendre 12 ans pour que le noyau dur de PORCUPINE TREE reprenne la route du live autour du magicien Steven WILSON. 12 ans d’attente pour un frisson de 2 heures 40′ d’une démonstration sans nulle pareille. 12 ans d’attente pour que des dizaines de milliers d’aficionados fassent enfin leur coming out en réservant à la bande à Wilson un accueil digne de ce qu’elle (il) mérite depuis 1984. Le Petit Poucet est devenu Gargantua. David s’est métamorphosé en Goliath. Mais dans le fond, pour les fidèles de la première heure, rien – strictement rien – n’a changé. Et Steven Wilson encore moins, flamboyant Lilliputien au beau milieu de l’immense scène de la Rudolph Weber Arena qui n’est même pas trop grande pour lui, tout juste à la taille de son génie. Now online, et dans notre galerie de portraits…
« Since 1984 we create together – Be yourself, everybody else is taken« . La mention maladroitement ou plutôt naïvement manuscrite qu’arbore la chemise délicatement repassée d’un Steven WILSON propret et bien loquace – telle l’aurait griffonnée un adolescent sur sa veste de jeans – cette mention n’est probablement visible que par le premier rang de cette remarquable Rudolph Weber Arena d’Oberhausen. Et encore, avec de bons yeux ! Julilatoire : sans doute cette définition sied-elle le mieux à cet Evening with Porcupine Tree qui n’en porte pas le nom mais néanmoins présenté comme tel par WILSON. Rien ne laissait en effet supposer que ce set en deux parties allait nous emmener trois heures durant dans un survol sans pareil de la carrière de PORCUPINE TREE (soit 2h40 de show, entracte de 20′ déduit).
Après douze ans de silence interrompus par la seule prolifique production solo d’un Wilson toujours aussi musicalement boulimique, le nouvel opus de PORCUPINE TREE a pris tout le monde à contre-pieds en juin dernier, convaincue qu’était la Planète Rock que jamais le band ne renaîtrait de ses cendres. S’il n’est selon nous pas l’album le plus abouti de l’Arbre à Porc-Epic, Steven WILSON réussit néanmoins l’exploit de nous le performer dans son intégralité ce soir sans tomber dans le travers habituel de tous ses pairs: celui de le jouer d’une seule traite, avant de passer (ou après être passé) à autre chose.
Avec un percutant Blackest Eyes qui ouvre le set, le tempo est donné. Even Less, dans une version longue de 7 minutes, suivra un tir groupé de 3 morceaux tirés du dernier né qui s’enchainent sans qu’on n’ait le temps de réaliser la fourberie. Wilson en maître de cérémonie sans pareil nous distille ainsi de-ci de-là son dernier chef d’oeuvre, mine de rien, entre 2 classiques ou pépites ressorties de son catalogue et en nous évitant l’indigestion d’une démonstration d’un seul tenant, d’un seul jet.
Entouré de son fidèle Richard Barbieri aux claviers et de l’extraordinaire (le mot est faible) Gavin Harrison aux drums qui ont tous deux participé à la conception et à la genèse de cet album-surprise, Wilson explore sans cesse un monde sonore décalé que d’aucuns, à court d’imagination ou de vocabulaire, définiront de manière réductrice comme du rock progressif alors que la production de PORCUPINE TREE ne peut pas être corsetée dans un genre particulier. Wilson a tout expérimenté, du rock psychédélique aux paysages sonores électroniques de la pop expérimentale en passant par de classiques influences et de métallique détours. Dans le plus grand secret, les trois lascars travaillaient sur le projet depuis 2010, à travers un fichier dénommé PT2012 sur le PC de Wilson (rebaptisé ensuite PT2015, puis PT2018, etc.).
Une poignée seulement de photographes sont accrédités, et c’est heureux dès lors que nous sommes relégués sur l’étroit podium du FOH pour officier lors des deux premiers morceaux du… second set, dont malheureusement un Bying New Soul joué dans une pénombre voulue et presque totale. Les 2 guests à la rythm guitar et à la basse (Nate et Randy) sont ironiquement présentés comme venant de New-York UK et du Texas, UK, avant que le show ne plonge dans la spirale d’une nouvelle dimension, d’un nouvel espace-temps avec un Anesthetize qui assène le coup de grâce à une arena qui n’en espérait pas tant. Sleep Together clôturera le second set, annonciateur d’un rappel de 3 morceaux dont Train en finale – « Puisque nous n’avons jamais fait de hit en tant que tel, nous n’avons pas la pression de le jouer ni vous l’impatience de l’attendre ! Toujours est-il que nous allons clôturer cette soirée avec ce qui pourrait s’y apparenter sans que ce n’en soit pourtant le cas…!« . Sacré Wilson, va.
Steven WILSON demeure un extra-terrestre, et remplir exceptionnellement d’imposantes arenas telles que celles de toute cette tournée n’est pas pour lui anodin. Il se remémore d’ailleurs un show donné non loin d’ici à Stuttgart il y a bien des années où la salle ne comptait que 40 (ou 14 ?) spectateurs. Nous sommes plus de 10.000 ce soir, arborant des t-shirts de rock progressif, de métal et de rock mainstream comme le souligne très justement Steven WILSON lui-même en observant ironiquement l’assemblée. Sans doute ici se situe tout son génie conceptuel, celui de rassembler tous les genres, de transcender tous les styles et d’en réunir toutes les générations. Sauf erreur blasphématoire de notre part, God is Back… (ou alors ça en a tout l’air).
Dresser un portrait de Steven WILSON peut s’avérer de prime abord une tâche assez rebutante. Avec ses cheveux ni assez longs ni assez courts, ses fines lunettes de vue, son teint pâle et sa silhouette mince de végétarien, l’homme n’a rien d’une rock star et il ressemble davantage à un étudiant en anthropologie malgré ses 50 et des berges.
En outre, sans aller jusqu’à donner raison à un chroniqueur qui lui attribuait le charisme d’un bigorneau, on ne peut que rester parfois perplexe devant son jeu de scène (pieds nus, pointant des index énigmatiques vers le public entre deux riffs ou secouant sa main libre dans le vide lorsqu’il chante débarrassé de sa guitare).
Du côté de sa vie personnelle, ce n’est guère plus enthousiasmant, rien ne filtre, ou si peu. Pas de frasques à se mettre sous la dent, ni de petites amies délurées. Les filtres, d’ailleurs, il en a souvent utilisés au début de sa carrière, en studio pour masquer une voix à laquelle il accordait peu de confiance, sur ses disques en se cachant derrière de nombreux pseudonymes fantaisistes ou sur scène avec des lunettes et un rideau de cheveux qui lui masquaient le visage.
Les pieds nus viennent encore de là: Steven WILSON avoue une aversion depuis l’enfance pour les chaussures. Au départ, il monta sur scène contraint et forcé et l’accepta comme un mal nécessaire ("a necessary evil"). Jouer pieds nus n’exprimait donc pas une quelconque volonté d’affirmer un style, mais juste le moyen de se sentir le plus à l’aise, ou plutôt le moins mal à l’aise possible.
Et le riff déboule, incisif et hypnotique, à la fois élaboré et limpide, qui vous happe, vous aspire et vous transporte inexorablement. Ce n’est pas tant vous qui pénétrez la musique de Steven WILSON qu’elle qui investit vos synapses, laissant sur les tympans et le cortex sa marque indélébile, pour le meilleur et… seulement pour le meilleur.
On peut attribuer à la naturelle réserve de WILSON deux origines. Il s’agit d’une part d’un trait de caractère inné, mais surtout d’une décision bien consciente. Il aurait sans doute pu accomplir les efforts nécessaires pour se mettre davantage en avant mais il ne l’a pas jugé utile, ou plutôt il ne l’a pas jugé en adéquation avec la conception qu’il se faisait d’une carrière d’artiste. La musique, sa musique devrait parler pour lui. C’était cela qu’il voulait livrer au public et rien d’autre, surtout pas, en tout cas, une mise en scène de sa personnalité.
N’allez pas y voir de la fausse modestie ou une extrême pudeur. En vérité, Steven WILSON considère que toutes les informations privées émanant de sa personne ne pourraient que polluer son oeuvre. Car il sait finalement très bien ce qu’il veut atteindre et ne compte pas distraire l’auditeur avec autre chose que ce qu’il a enregistré. Il reconnait éviter toute cette nouvelle société de l’immédiateté qui permet de tout savoir sur les artistes en les googlelisant parce qu’elle fait disparaître la magie.
Certes, il est bien conscient de passer pour une sorte de rabat-joie et d’antisocial, mails il le récuse car l’essentiel pour WILSON est de préserver la part de mystère indispensable pour que la magie opère, cette magie qui va faire que le fan va considérer le musicien de rock comme une rock star, comme une icône hors du monde du commun des mortels.
Il estime simplement en fait que c’est la condition sine qua non pour que la musique touche l’auditeur ainsi qu’elle le faisait dans ces années ’70 qu’il regrette tant. Aussi parle-t-il lui-même comme le fan qu’il est resté lorsqu’il déplore que l’on pouvait savoir ce qu’a pris David Bowie au petit-déjeuner, allant même jusqu’à y voir la mort du rock en tant que mythe.
Se préserver pour préserver le mystère, voilà quel pourrait être l’un des aspects de la profession de foi de WILSON, non pour devenir lui-même une icône mais simplement pour que son public puisse éprouver des sentiments analogues à ceux qu’il avait pu ressentir lui-même adolescent pour les artistes qu’il admirait alors. Une relation à l’ancienne en quelque sorte, reposant essentiellement sur l’oeuvre elle-même.
Bien sûr, cette attitude, si elle permet de mettre l’oeuvre en valeur et de préserver son jardin secret, possède un revers: à trop s’effacer derrière sa musique, StevenWILSON n’a pas su attirer l’attention des médias populaires, parce qu’il n’est pas apparu comme l’homme d’exception pouvant captiver les foules, susciter l’engouement. Et pourtant, il réalise des choses exceptionnelles, d’où sa réussite à défaut peut-être de succès.
Paradoxe, paradoxe… L’artiste vit la tête dans les étoiles, immergé dans son futur et projetant le prisme de toute sa créativité dans l’ébauche de ce que sera son prochain chef-d’oeuvre. Son admirateur, lui, vit par procuration, remontant le passé de l’artiste par son oeuvre interposée, évoluant à travers la production de celui qu’il chérit.
Il arrive cependant que l’un et l’autre se rejoignent pour s’enthousiasmer et vivre pleinement le moment présent, communiant dans l’éphémère de l’instant. La prestation de Steven WILSON ce soir au Cirque Royal de Bruxelles fait partie de ces rares moments, et concourt à la magie de ces instants d’extase… Full review maintenant ici en ligne, et clichés complémentaires sur notre www.facebook/Intensities-in-10s-Cities
Ecoutez voir ! Le Steven WILSON nous délivre deux heures et demie d’une scénographie de projections, hologrammes et animations servant à la perfection un son immersif en 4D, sublimant de la sorte l’éclectisme et l’étendue de son répertoire: spectaculaire à tous points de vue, what else ?! Avec ou sans feu- Porcupine Tree qui continue d’exister par procuration à travers sa set-list, Steven WILSON demeure ce qu’il est: un véritable extraterrestre.
Hormis l’incartade humoristico-pop un brin racoleuse de “Permanating" avec laquelle il se fait plaisir, le lyrisme et la dextérité des autres titres que nous offre Steven WILSON continuent de marier pop-rock et expériences progressives, mais sans jamais sombrer dans d’inutiles démonstrations. Les compositions à tiroir sont complexes, la technique instrumentale est énorme, l’énergie déployée l’est tout autant: on ne change pas une formule qui gagne.
9 mois après son dernier passage ici-même, lui tient particulièrement à coeur de ne pas reproduire le même show – qu’il promène à travers le monde depuis plus d’un an. Particulièrement affable ce soir, WILSON partage sa conception du rock et de l’évolution de la musique mainstream, vouée à toujours plus de technologie et d’électronique. Pour prendre le contre-pied, il se fait un plaisir de présenter aux moins de 25 ans (!!) un objet de plus en plus rare dans ce show-business, ou dont l’usage de moins en moins sensuel s’assimile davantage aujourd’hui à de la simple et froide technicité: une… guitare électrique – en l’occurrence sa légendaire Fender martyrisée par le temps et les tournées.
En grattant un peu, les propos de Steven WILSON sont tout sauf simplistes, à l’instar de ses compositions qui ont vocation à dépasser les catégories et les étiquettes dont il se gausse. Mieux encore: il prend un malin plaisir à forcer le trait de tous ces stéréotypes que véhicule sa fan-base, des fans de progressif aux inconditionnels de métal en passant par les aficionados de Prince dont il ne cesse de réitérer son admiration…
An evening with Steven WILSON reste une expérience multi-sensorielle hors du commun qui fait dresser le poil. Ce face-à-face avec cet extra-terrestre à la production aussi prolifique qu’intarissable revêt sur scène une dimension toujours aussi insoupçonnée et sans cesse renouvelée: ce n’est pas cette enième expérience qui nous fera écrire le contraire, au risque de se répéter ou de manquer de qualificatifs…
Ils s’appellent Craig Blundell, Nick Beggs, Adam Holzman et Alex Hutchings. Ils sont respectivement batteur, bassiste, claviériste et guitariste. C’est sur leur excellence que s’appuie Steven WILSON dans sa quête d’absolu musical. Mais le talent et le foisonnement créatif de celui-ci sont tels que l’on passe trop souvent sous silence ceux qui lui permettent de les mettre en œuvre et de nous les servir sur un plateau d’argent…
Maintenant en ligne: Steven WILSON chez le Grand-Duc. Le dernier génie conceptuel…