Now online : ACCEPT – La Madeleine, Bruxelles – 15 janvier 2023

ACCEPT sans Udo, c’est un peu comme AC-DC sans Bon Scott dirons certains – dont nous étions. Mais il y a aussi un peu de Rudolf Schenker en la cheville ouvrière de Wolf Hoffmann, et ça ne se limite pas qu’aux grattes. Au final, du flamboyant à l’affiche et pas que du décibel, et un bain de jouvence aussi bénéfique aux oreilles qu’aux mirettes. Now online, et comme toujours dans notre GALERIE DE PORTRAITS depuis belle lurette…

ACCEPT – La Madeleine, Bruxelles – 15 janvier 2023

ACCEPT sans Udo, c’est un peu comme AC-DC sans Bon Scott dirons certains – dont nous sommes, ou plutôt étions. Mais combien de bands peuvent-ils se prévaloir d’avoir conservé le même line-up quatre ou cinq décennies durant – voire davantage encore ? Jusqu’il y a peu, nous tirions bien bas notre chapeau à ZZ TOP jusqu’au moment du pire, lorsque les Texans poursuivirent leur tournée 2021 alors que Dusty Hill pas encore rigide et même pas encore six pieds sous terre, fut remplacé au pied levé – du jour au lendemain – pour ne pas hypothéquer la bonne continuation du business on the road. The show must go on, and money too. A gerber – et pourtant, combien appréciions-nous le trio…

Mais ACCEPT sans Udo reste bel et bien ACCEPT. La longue attente faisant suite à nos précédents rendez-vous manqués avec les Teutons trouve aujourd’hui son aboutissement. Le premier de ces rendez-vous manqués remonte au millénaire dernier il y a presque… 40 ans déjà (horreur !), en ouverture des Monsters Of Rock de 1984. Le retard encouru par notre autocar blindé de jeunes headbangers avait eu pour conséquence de nous faire pénétrer dans le stade de Karlsruhe une fois la prestation d’ACCEPT tout juste terminée. Les Allemands jouaient à l’époque à domicile, ouvrant pour AC-DC, Van Halen, Mötley Crüe, Dio, Ozzy et Gary Moore – excusez du peu. Beaucoup plus récemment, ce fut la pandémie qui en 2021 et 2022 reporta à ce soir de janvier 2023 notre véritable premier rendez-vous enfin réussi avec ACCEPT.

Il y a un peu de Bruce Willis dans l’allure de Wolf Hoffmann, même si certains diront que tous les chauves se ressemblent. Il y a surtout un peu et même beaucoup de Rudolp Schenker dans les gimmicks et dans le jeu de ce fringuant sexagénaire. De quoi rendre en définitive cet ACCEPT de très, très haute facture, pour le plus grand bonheur du bon peuple d’âge tout aussi respectable venu en masse dans cette ô combien chaleureuse Madeleine bruxelloise. Bon sang ne saurait d’ailleurs mentir quand on s’appelle ACCEPT, isn’t it Chicken Shack ?!

Au gré des splits et des reformations successives qui ont égrené l’histoire et le line-up du groupe, Wolf Hoffmann demeure assurément le dernier des Mohicans, toujours à la signature de la plupart des compos. De quoi sauvegarder intactes l’âme, le son, la ligne et le cachet ACCEPT. Secondé par une deuxième lead guitar – et même pas une troisième gratte cantonnée davantage dans le rôle de rythm guitar – Hoffmann fédère et rassemble, galvanise même, avec doigté et respectabilité.

Les deux lead guitars se relaient sur le podium ou plutôt le marche-pied posé au devant des planches, tantôt côte à côte, épaule contre épaule, tantôt monopolisant l’avant-scène à tour de rôle. La set-list est longue comme un jour sans pain et nous promène au gré des décennies: ACCEPT n’entend pas nous laisser sur notre faim, même si les habituels ronchons de service (des boomers grincheux et des has-been ringards drapés dans les fringues usés et défraichis de leur adolescence) estiment que la présence d’Udo aurait quand même eu son petit effet. « C’était bien mieux avant, mon bon monsieur…« .

Pas d’esbroufe, pas de frime, pas de tape à l’oeil : tout est ici au service d’une redoutable efficacité d’un sextet qui n’a définitivement pas besoin ni de flonflons ni de show ni de chichi – sans parler des manières. Quand on a des choses à dire, superflu d’enrober le discours par d’inutiles circonvolutions. Droit au but. Plus de quatre décennies qu’ACCEPT connait et l’air et la chanson: long live rock’n’roll ! Raison de plus pour passer sous silence le plus que dispensable open-act, « The Iron Maidens » – qui ne mérite même pas le caractère gras – alors même que Phil CAMPBELL était initialement prévu en compagnie de ses bien-nommés Bastards

… With love from Brussels : the hottest December w/ CLUTCH & AIRBOURNE

En ligne – online: notre second rendez-vous 2022 avec AIRBOURNE (au Cirque Royal cette fois) ce 16 décembre 2022 nous a dé-fi-ni-ti-ve-ment réconcilié avec le quatuor Aussie qui nous avait franchement et grandement laissé sur notre faim ces derniers temps. Mais toute cette déception n’est donc plus que souvenirs et histoire ancienne, Dieu soit loué (& Allah est grand) ! Quant à notre second CLUTCH de l’année, une semaine plus tôt dans cette même capitale mais dans une Ancienne Belgique bien peu garnie cette fois, les Ricains continuent de réinventer ce hard-rock-blues-stoner sans pareil depuis des décennies, mais sans trop faire recette ce soir (allez comprendre et expliquer ça à nos lascars du Maryland…).

Now online, et bien évidemment dans notre galerie de portraits

AIRBOURNE + Blues Pills – Cirque Royal, Bruxelles – 16 décembre 2022

AIRBOURNE nous a donc ce soir définitivement réconciliés, et il était moins une car ce 16 décembre 2022 est le concert de la (toute) dernière chance. Ca passe ou ça casse: les Australiens n’ont pas droit, n’ont plus droit à l’erreur au vu de nos derniers faces-à-faces au HellFest, au Cabaret Vert, à Leuven (Het Depot) ou encore à Luxembourg (Den Atelier) ces dernières années. Tous ces derniers gigs nous ont très franchement laissés sur notre faim de loup, tant les langueurs et les longueurs, tant les passages à vides et les moments creux nous pesaient et réduisaient à néant toute l’énergie par ailleurs indéniablement dégagée par le quatuor – et quelle énergie !

Rien de tout cela ce soir dans un Cirque Royal copieusement rempli et plus séduisant que jamais avec sa fosse libérée de tout fauteuil (et Dieux sait si ces fauteuils rouges en ont vu du beau monde !). AIRBOURNE nous offre enfin le galop effréné que nous n’attendions plus, une bonne heure et demi durant (rappel compris) sans reprendre son souffle, sans relâcher la bride un seul instant, sans même temporiser ni tâcher de reprendre haleine une seule seconde.

AIRBOURNE nous ramène ce soir aux plus belles heures de ses premières années, de nos premières amours partagées il y a bien longtemps déjà. Mustang fougueux ou train fou, le convoi est lancé à folle allure comme sans pilote, le canasson sans bride, l’écume aux lèvres, la locomotive crachant toute sa fumée. Convoi-fou sans pilote ? Non, pas vraiment: omnipotent et omniprésent, concentrant tous les regards et tous les projecteurs, Joel O’Keeffe est quasi seul à la manoeuvre, pilote exclusif de ce convoi de l’enfer, éclipsant et reléguant dans l’ombre – au propre comme au figuré – ses trois complices qui, pourtant, abattent un taf de titan. Un peu comme s’ils jouaient tous trois dans une division inférieure tandis que O’Keeffe brille au firmament de la Champions League. Au point que c’en deviendrait presque dérangeant, cette mise en avant permanente, cette espèce d’égocentrisme ou d’individualisme exacerbé.

AIRBOURNE est-il encore un collectif et un véritable band, ou plutôt devenu une bande de comparses interchangeables et de faire-valoir à la solde d’un tout-puissant et omniprésent O’Keeffe occultant la (sa) troupe, concentrant projecteurs, regards et… objectifs ? La prochaine étape sera-t-elle celle d’un changement de nom, du style O’Keeffe & Airbourne avant de laisser tout simplement place à O’Keeffe à l’instar de tant d’autres bands dont l’appellation d’origine a disparu pour mieux renaître sous le patronyme de leur leader? Si tant de groupes ont ainsi joué le rôle de tremplin pour quantité de carrières semi-individuelles, AIRBOURNE ce soir est redevenu l’AIRBOURNE qui nous a tant et tant séduit, retrouvant son ADN et sa vraie et totale dimension.

A moins que… à moins que ce dernier concert d’une longue, très longue et éprouvante année 2022 où les Autstraliens ont enchaîné tournée sur tournée soit, ce soir à Bruxelles, le bouquet final et la dernière bataille dans laquelle le groupe jette tout, sans compter, sans mesurer, sans économiser ni rien garder en réserve pour un lendemain qui n’a plus rien à exiger d’eux. Merci AIRBOURNE de nous offrir un tel bouquet final, devant un tel public, dans une salle aussi mythique et exceptionnelle. Aucun autre scénario ni aucune autre affiche n’aurait mieux convenu pour terminer en véritable apothéose cette année 2022.

Cerise sur le gâteau, un BLUES PILLS de derrière les fagots garnit l’affiche en première partie: un opening act aussi intense que court malheureusement, avec notre belle et sensuelle Elin Larsson en forme olympique comme toujours, prête à en découdre. Le set s’avère cependant aussi bref et frustrant qu’un coïtus interruptus, comme s’il fallait mieux se retenir pour AIRBOURNE

CLUTCH – Ancienne Belgique – Bruxelles – 11 décembre 2022

Une bien tristounette Ancienne Belgique affiche ses longues tentures qui camouflent si bien – ou si mal – les deux étages de galeries latérales ainsi que le balcon désespérément vides, signe que le bon peuple venu ce soir est bien plus qualitatif que quantitatif. N’en déplaise à ceux qui ont raté ce rendez-vous, CLUTCH ne s’en formalise pas et nous délivre un set tout bonnement… parfait. Pas bon ni moyen, pas plus excellent qu’historique: simplement parfait, juste parfait.

GREEN LUNG avait fait le nécessaire en première partie, chauffant une salle qui n’en avait pas besoin avec un hard-rock rafraichissant et renouvelé qui semble tout juste inventé la veille. Ou comment somptueusement réussir à réinventer l’eau tiède ou le fil à couper le plomb sans avoir l’air d’y toucher. Leur doom métal à l’ancienne dégage une ambiance particulière que renforce un organiste qui entend bien arracher le papier peint ce soir, et qui seconde admirablement un guitariste vraiment doué bien que ne payant pas de mine avec son look baba-lunettes-bandeau. On navigue entre les début du Sabbath, les premiers pas du Heep et les balbutiements du Purple – pour situer le vértable coup de force de ces jeunes Britanniques.

Quant à CLUTCH, les gars font le boulot et continuent leur petit bonhomme de chemin sans faire de vagues mais sans jamais lasser non plus. Sans vagues ni remous, mais toujours avec autant d’efficacité Neil Fallon monopolise l’avant scène et concentre tous les regards devant ses trois compères, relégués à l’arrière-plan, concentrés, têtes baissées sur leurs instruments pour un meilleur rendu encore malgré leur déconcertante tranquillité. CLUTCH balance la sauce sans relâche, enchaînant les morceaux à la volée, parcourant sa discographie que les spécialistes pourront mieux disséquer que votre serviteur. L’effet CLUTCH qui nous avait secoué le cocotier au HellFest l’été dernier a remis le couvert en nous décoiffant le crâne dégarni – et c’est bien pour cela que nous étions là. Mission accomplie de part et d’autre.

Now online : PORCUPINE TREE – Oberhausen – 06 novembre 2022

12 ans… Il aura fallu attendre 12 ans pour que le noyau dur de PORCUPINE TREE reprenne la route du live autour du magicien Steven WILSON. 12 ans d’attente pour un frisson de 2 heures 40′ d’une démonstration sans nulle pareille. 12 ans d’attente pour que des dizaines de milliers d’aficionados fassent enfin leur coming out en réservant à la bande à Wilson un accueil digne de ce qu’elle (il) mérite depuis 1984. Le Petit Poucet est devenu Gargantua. David s’est métamorphosé en Goliath. Mais dans le fond, pour les fidèles de la première heure, rien – strictement rien – n’a changé. Et Steven Wilson encore moins, flamboyant Lilliputien au beau milieu de l’immense scène de la Rudolph Weber Arena qui n’est même pas trop grande pour lui, tout juste à la taille de son génie. Now online, et dans notre galerie de portraits…

PORCUPINE TREE – Rudolph Weber Arena d’Oberhausen – 06 novembre 2022

« Since 1984 we create together – Be yourself, everybody else is taken« . La mention maladroitement ou plutôt naïvement manuscrite qu’arbore la chemise délicatement repassée d’un Steven WILSON propret et bien loquace – telle l’aurait griffonnée un adolescent sur sa veste de jeans – cette mention n’est probablement visible que par le premier rang de cette remarquable Rudolph Weber Arena d’Oberhausen. Et encore, avec de bons yeux ! Julilatoire : sans doute cette définition sied-elle le mieux à cet Evening with Porcupine Tree qui n’en porte pas le nom mais néanmoins présenté comme tel par WILSON. Rien ne laissait en effet supposer que ce set en deux parties allait nous emmener trois heures durant dans un survol sans pareil de la carrière de PORCUPINE TREE (soit 2h40 de show, entracte de 20′ déduit).

Après douze ans de silence interrompus par la seule prolifique production solo d’un Wilson toujours aussi musicalement boulimique, le nouvel opus de PORCUPINE TREE a pris tout le monde à contre-pieds en juin dernier, convaincue qu’était la Planète Rock que jamais le band ne renaîtrait de ses cendres. S’il n’est selon nous pas l’album le plus abouti de l’Arbre à Porc-Epic, Steven WILSON réussit néanmoins l’exploit de nous le performer dans son intégralité ce soir sans tomber dans le travers habituel de tous ses pairs: celui de le jouer d’une seule traite, avant de passer (ou après être passé) à autre chose.

Avec un percutant Blackest Eyes qui ouvre le set, le tempo est donné. Even Less, dans une version longue de 7 minutes, suivra un tir groupé de 3 morceaux tirés du dernier né qui s’enchainent sans qu’on n’ait le temps de réaliser la fourberie. Wilson en maître de cérémonie sans pareil nous distille ainsi de-ci de-là son dernier chef d’oeuvre, mine de rien, entre 2 classiques ou pépites ressorties de son catalogue et en nous évitant l’indigestion d’une démonstration d’un seul tenant, d’un seul jet.

Entouré de son fidèle Richard Barbieri aux claviers et de l’extraordinaire (le mot est faible) Gavin Harrison aux drums qui ont tous deux participé à la conception et à la genèse de cet album-surprise, Wilson explore sans cesse un monde sonore décalé que d’aucuns, à court d’imagination ou de vocabulaire, définiront de manière réductrice comme du rock progressif alors que la production de PORCUPINE TREE ne peut pas être corsetée dans un genre particulier. Wilson a tout expérimenté, du rock psychédélique aux paysages sonores électroniques de la pop expérimentale en passant par de classiques influences et de métallique détours. Dans le plus grand secret, les trois lascars travaillaient sur le projet depuis 2010, à travers un fichier dénommé PT2012 sur le PC de Wilson (rebaptisé ensuite PT2015, puis PT2018, etc.).

Une poignée seulement de photographes sont accrédités, et c’est heureux dès lors que nous sommes relégués sur l’étroit podium du FOH pour officier lors des deux premiers morceaux du… second set, dont malheureusement un Bying New Soul joué dans une pénombre voulue et presque totale. Les 2 guests à la rythm guitar et à la basse (Nate et Randy) sont ironiquement présentés comme venant de New-York UK et du Texas, UK, avant que le show ne plonge dans la spirale d’une nouvelle dimension, d’un nouvel espace-temps avec un Anesthetize qui assène le coup de grâce à une arena qui n’en espérait pas tant. Sleep Together clôturera le second set, annonciateur d’un rappel de 3 morceaux dont Train en finale – « Puisque nous n’avons jamais fait de hit en tant que tel, nous n’avons pas la pression de le jouer ni vous l’impatience de l’attendre ! Toujours est-il que nous allons clôturer cette soirée avec ce qui pourrait s’y apparenter sans que ce n’en soit pourtant le cas…!« . Sacré Wilson, va.

Steven WILSON demeure un extra-terrestre, et remplir exceptionnellement d’imposantes arenas telles que celles de toute cette tournée n’est pas pour lui anodin. Il se remémore d’ailleurs un show donné non loin d’ici à Stuttgart il y a bien des années où la salle ne comptait que 40 (ou 14 ?) spectateurs. Nous sommes plus de 10.000 ce soir, arborant des t-shirts de rock progressif, de métal et de rock mainstream comme le souligne très justement Steven WILSON lui-même en observant ironiquement l’assemblée. Sans doute ici se situe tout son génie conceptuel, celui de rassembler tous les genres, de transcender tous les styles et d’en réunir toutes les générations. Sauf erreur blasphématoire de notre part, God is Back… (ou alors ça en a tout l’air).

Now online : SAXON + DIAMOND HEAD @ Trix Anvers + URIAH HEEP @ Cirque Royal Bruxelles

From lockdown to rockdown… The Strong Arm of the Law a encore frappé fort, très fort ce 12 octobre au Trix d’Antwerpen. Peut-être parce que le tout dernier concert d’avant lockdown de SAXON s’est tenu ici-même par un beau soir de mars 2020, en guise de warm-up d’une tournée prometteuse qui n’eut finalement jamais lieu pour les raisons que l’on sait…? La nouvelle démonstration de force de ce soir 12 octobre 2022 a dès lors comme un goût de revanche, comme une saveur de « On remet ça, les gars !« . Par contre, la précédente fois que nous avions vu DIAMOND HEAD ouvrir pour SAXON en 2018 était passée plus facilement, dirons-nous…

Et que dire de URIAH HEEP (Established 1969) le surlendemain 14 octobre 2022 au Cirque Royal de Bruxelles ?! Tout simplement un monument historique qui prend place dans un espace d’exception, notre Royal Albert Hall à nous ! Reviews now online, ainsi qu’ici dans notre galerie de portraits From backstage to frontstage (NO Photoshop. NO Ligthroom. NO raw format. NO numeric nor digital overdub : ONLY pure one-shot JPEG!)

URIAH HEEP – Cirque Royal Bruxelles – 14 octobre 2022

Du lockdown au rockdown, URIAH HEEP poursuit son méga “50th Anniversary Tour » même si pas mal de dates sont annulées après cette soirée bruxelloise: les effets conjugués de l’inflation, des coûts énergétiques et de la crise ambiante ont ainsi raison de quelques dates à venir du HEEP qui en a pourtant vu bien d’autres depuis 1969. Btw, combien de bands peuvent-ils se prévaloir de compter Kiss, ZZ Top, Foreigner ou Rush comme opening-acts, permettant à ces groupes de se faire connaître ? URIAH HEEP est sans conteste un lien et un liant incontournable de l’histoire du (hard) rock britannique, contribuant à l’instar du Zeppelin, de Sabbath et du Purple au développement d’une forme typiquement britannique de production pour le moins lourde et métallique.

L’allongement de la carrière n’est donc pas un vain mot pour le HEEP (the Beach Boys of Heavy Metal – sic) : combien de travailleurs déjà actifs en 1969 usent-ils encore leur bleu de travail à l’usine ou s’escriment-ils encore derrière (ou devant, c’est selon) un écran d’ordinateur ? Parce que le senior en chef aka Mick BOX et sa clique de jeunes et fringants croulants pourtant pas encore secs derrière les oreilles sont, eux, toujours au taf après plus de 50 ans de bons et loyaux services. Toujours sur la route. Always on the road. Todi su l’voye. And long, long is the road.

Le public ne se bouscule cependant pas au portillon du Cirque Royal, tout comme il ne se pressait pas non plus le mois dernier à la Rockhal. Les survivants des glorieuses sixties-seventies-eighties seraient-ils devenus trop pantouflards que pour bouger leur popotin et faire honneur aux derniers héros parmi les dernières gloires ? Feraient-ils à URIAH HEEP l’affront de se réserver pour la momie junkie et nobélisée de service qui officie demain à Forest National ? Non, Môssieur, ne mélangeons quand même pas les genres, ni surtout les torchons et les serviettes.

Parmi toutes les (vieilles) gloires à l’affiche de la vidéo rendant un vibrant hommage aux jubilaires, Alice Cooper en sort vainqueur à l’applaudimètre. S’en suit, toujours comme à la Rockhal, une première partie de set statique et semi-acoustique depuis l’avant-scène mais qui n’empêche pas cette fois l’assistance de rapidement quitter le douillet confort des légendaires fauteuils rouges de cette toute aussi légendaire salle à la si remarquable verrière.

La pause écourtée – ah, cette si charmante et si désuète sonnerie d’une autre époque qui invite l’assistance à rejoindre sa place ! – la seconde partie de set passe au mode tout électrique et full Marshall, vu-mètres dans le rouge. De quoi entretenir la légende d’un URIAH HEEP qui n’a strictement rien perdu de sa superbe, de sa flamboyance, de sa force de frappe et de sa puissance dévastatrice.

Sans doute est-ce le souvenir marquant et émouvant que nous garderons de ce qui est probablement ce soir notre dernier face-à-face avec l’hydre. Souhaitons maintenant au HEEP, à l’issue de cette tournée qui n’est pourtant pas qualifiée d’adieu, de quitter la scène la tête haute et de tirer sa révérence en pleine gloire – ou du moins ce qu’il en reste – en évitant de nous gratifier du triste et pathétique spectacle de la tournée de trop, travers dans lequel sont tombés bien d’autres plus jeunes seniors

SAXON – Trix, Anvers – 12 octobre 2022

Pas moins de 16 Marshall et 4 Markbass estampillés de l’aigle SAXON : avec ces 20 caissons flanqués de part et d’autre des drums installées quant à elles sur un podium à l’effigie de Carpe Diem, Airbourne pourrait presqu’aller se rhabiller avec sa panoplie d’opérette ou quasi. Place aux pointures. Place aux références. Place aux Seigneurs. Manants, passez votre chemin ! SAXON traverse les âges et les époques comme un… percolateur, dirons-nous : il fait partie de notre routine et de notre décor, il nous gratifie de bons et précieux plaisirs quasi quotidiens, il nous remet les idées en place et nous fourgue le coup de fouet nécessaire le moment venu. SAXON n’est tout simplement rien de moins que l’indispensable parmi les incontournables essentiels : SAXON est à la NWOBHM ce que l’huile de palme est au Nutella et tout l’inverse de ce qu’est Canard WC à l’ornithologie.

SAXON est la bande originale d’une époque révolue mais qui a réussi à lui survivre. Davantage encore que les Iron Maiden, Def Leppard, Tokyo Blades, Girlschool ou autres Tygers of Pan Tang, étendards de cette nouvelle vague qui n’en porte désormais plus que le nom et en transporte parfois le fumet de la naphtaline, SAXON a conservé l’ADN de cette glorieuse époque: Byff et sa bande transpire littéralement la NWOBHM comme aucun autre en en ravivant les sonorités et les gimmicks. Pire : ceux qui prétendraient rivaliser avec SAXON seraient tout simplement remisés au rang de pathétiques ringards, à l’inverse d’un SAXON qui irradie encore – parce qu’il l’a transcendé – un genre pourtant désormais si dépassé.

Alors que d’autres sont devenus old-fashioned, SAXON lui est désormais vintage, vintage au point d’en être revenu au goût du jour comme tous les effets de mode aux cycles répétitifs. La flagrante antithèse d’un pathétique DIAMOND HEAD qui officie en première partie et dont les lambeaux font peine à voir et surtout à entendre, comme un steak dégelé qu’on tenterait de ramener à la vie alors qu’il n’en fait plus partie depuis le clos d’équarrisage.

SAXON laisse à Maiden les stades et à Def Leppard les midinettes. SAXON laisse à Motörhead le mythe, à Judas Priest les honneurs et à Whitesnake les couvertures de magazines. Parce que SAXON ne s’occupe que de poursuivre l’écriture en lettres d’or d’une NWOBHM sans compromission, sans artifice et sans fard. Une NWOBHM dont l’histoire se confond désormais avec celle de SAXON, pour les siècles des siècles. Amen.