Que de premières sur la scène de l’Entrepôt ce soir ! L’Albert ne monte pas à cru ce soir, réussissant la gageure de s’entourer d’une kyrielle de chaudes et fines gâchettes. Il n’est en effet pas certain que 12 musicos (gaumais de surcroit, personne n’est parfait même pas à Châtillon…) aient déjà occupé simultanément les quelques mètres carrés de la scène de l’Entrepôt, promiscuité plus torride encore en y adjoignant la cornemuse inhérente au It’s a Long Way to the Top ou la flûte enchanteresse de Locomotiv Breath. Pas certain non plus que les murs de l’endroit aient déjà résonné d’un Nugent du meilleur tonneau avec un Stranglehold à la ligne de basse tout simplement cataclysmique à mettre à l’actif du Coco.
Car c’est ça les 25 ans de l’ALBERT BLUES BAND: le meilleur de leur propre production mâtiné de classic-rock hors des sentiers battus et aux antipodes des standards dont les radios mainstream nous rabâchent les oreilles. Et des relents band of friends quand ce n’est pas carrément band of sons & daugthers pour donner plus encore de consistance et de corps (et de coeur) à cette set-list de choix en l’enrichissant de cuivres qui s’imposent par-ci, de backgrounds en choeur par-là, et de quelques lignes bien senties d’Hammond juste comme il faut quand il faut et là où il faut.
La bande à ALBERT BLUES BAND nous régale ainsi d’un set en deux parties bien charpentées et ô combien couillues pour célébrer de manière festive le patron Al’ aux manettes de l’orchestre (sic !) depuis un quart de siècle. Entouré sur scène de ses fidèles amis et comparses mais néanmoins band mates devant l’Eternel, sans compter les fils de et les filles de (comme en politique), face à un public de fidèles amis et proches, ne manquaient finalement que le gâteau et les bougies à souffler d’un bon coup de larsen bien senti. Ce sera pour les 30 berges de l’Albert et son orchestre dans 5 ans, mildje ! « Olé ! » hein Denis ! Parole d’Ardennais.
… et plus encore dans notre galerie de portraits ! Ou comment se couper en trois entre la Rockhal Box et le Rockhal Club pour trois shows de bien haute tenue quoique sans beaucoup de points communs entre les deux salles. Le HEEP fête en toute intimité son glorieux 50ème anniversaire (postposé par le covid) tandis que HAMMERFALL et HELLOWEEN se la jouent grandiloquente et sans retenue. Now online… NO Photoshop – NO Lightroom – NO raw format – NO overdub – ONLY one-shot jpeg : enjoy !
La pandémie a empêché URIAH HEEP de célébrer comme il se doit ses 50 berges, et le band entend bien récupérer la sauce en se lançant 2 ans plus tard dans une presqu’interminable tournée jubilaire. Mais la configuration assise du Rockhal Club jette comme un froid sur ce qui s’annonçait comme une belle surprise-party : URIAH HEEP en configuration assise, c’est comme prendre soudainement un sacré coup de bambou, comme se retrouver à mâchonner un morceau de tarte sèche lors d’un goûter dans une seniorie alors qu’on s’attendait à sortir en boîte…
Pour en rajouter une couche, le hall de la Rockhal comporte ce soir un modeste espace « memorabilies » à côté du merchandising, où sont exposées quelques reliques estampillées URIAH HEEP qui ont traversé les décennies: décorations reçues, photos vintage, diplômes en tous genres et autres reliques marquées HEEP glanées sur les 5 continents au gré des tournées mondiales d’époques aujourd’hui révolues. Comme un arrière-goût de naphtaline.
Le set débute par une longue et intéressante projection d’hommages rendus au HEEP par tout ce que la planète rock compte comme célébrités, mythes et légendes vivantes. Le film projeté sur un écran translucide dressé en avant-scène laisse deviner en arrière-plan le matériel déjà installé: mais alors pourquoi, pour qui ces instruments disposés sur l’étroite avant-scène au pied même de cet écran ?! Tout simplement pour URIAH HEEP qui nous offre en première partie de soirée un set semi-acoustique – que nous pourrions qualifier pour notre part de tout à fait dispensable. Le HEEP n’a à notre connaissance jamais excellé dans cet exercice, et celui-ci est de surcroit parfaitement saugrenu voire inopportun quand on connait la puissance et l’énergie qui caractérise le band depuis des décennies. Heureusement pour nous, HAMMERFALL et HELLOWEEN mettent à sac le main hall voisin où nous nous réfugions pour échapper à cette première partie de set pour le moins terne et creuse, osons même le qualificatif soporifique.
L’électricité, l’énergie et la puissance caractéristiques de URIAH HEEP sont par bonheur au rendez-vous en seconde partie de set, et quelle seconde partie ! Nous retrouvons enfin un HEEP digne de ce nom, et un légendaire Mick Box fidèle à lui-même qui déclenche un tsunami sans avoir l’air d’y toucher, tout en finesse et en subtilité mais aux effets dévastateurs. URIAH HEEP semble plus soudé que jamais, faisant montre d’une symbiose sans faille et d’une franche complicité qui fait plaisir à voir et surtout qui charme le conduit auditif.
Le quintet nous délivre au final un bien long set, doté de toute l’énergie et de toute la puissance nécessaires, qui nous transporte à travers les décennies et les âges avant même que, back to the future, on rejoigne l’année 2022 sans même le réaliser. URIAH HEEP fait ce soir la démonstration qu’il compte toujours parmi les plus respectables et les plus honorables des seniors hyper-actifs, et qu’il n’est pas nécessaire de faire de vagues pour rester au-dessus de la mêlée. Avec la classe, la distinction et l’élégance qu’on lui connait, URIAH HEEP nous donne une nouvelle fois une bonne leçon et renvoie tous les autres à leurs devoirs. Et nous à HELLOWEEN dans la salle voisine boucler la boucle…
Une fois le grand rideau HELLOWEEN tombé sur l’avant-scène, le spectacle peut commencer. Et quand on parle de spectacle, on parle de spectacle: les drums sont juchées sur une citrouille géante d’un orange éblouissant au pied d’un écran tout aussi surdimensionné, et c’est parti pour un galop effréné. Les consignes shooting sont surprenantes au premier abord (photos durant le 1er morceau uniquement) mais s’avèrent finalement conformes aux habitudes et à la norme, ce 1er morceau (Skyfall) s’étirant sur un bon quart d’heure, rien de moins. Le ton est donné.
Les duos ou duels aux vocals s’enchaînent aux duels et aux duos aux guitares dans des envolées plus folles les unes que les autres: l’énergie insufflée par ses deux binômes aux lead vocals et aux guitares nous offre en alternance de mémorables passes d’armes, tantôt sur l’avancée front stage tantôt de part et d’autre de la citrouille. Cet enrobé-drainant délivre un produit fini plus que complet qui emplit les yeux et rempli amplement le volume d’une Rockhal comme replongée par magie dans le meilleur des eighties-nineties. Evoluant aujourd’hui avec pas moins de sept membres, HELLOWEEN continue d’orner de lettres d’or un style qui n’existerait pas vraiment sans ces Hamburgers: le power metal / speed metal mélodique, pour ces connoisseurs qui aiment cataloguer ces bands qui n’ont quant à eux jamais ô grand jamais demandé à être étiqueté de ceci ou de cela.
Nous avions découvert la joyeuse folie de HELLOWEEN il y a quelques semaines à l’occasion du dernier Hellfest; nous nous étions alors juré de ne pas manquer leur prochain passage. Car HELLOWEEN sur scène, c’est la fête, c’est une bande de joyeux drills, c’est ambiance de carnaval, un joyeux bordel potache organisé qui déménage et emmène son public dans une spirale ascendante de bonne humeur et de douce folie, de riffs et d’envolées qui vont se terminer on ne sait jamais trop où ni comment. Et quand ça s’arrête, on se demande tout simplement ce qui a bien pu se passer…
HAMMERFALL avait déjà bien entamé la partie en délivrant un opening-set de haute tenue. Dans le même registre, les Suédois n’ont rien à envier à la tête d’affiche du jour: si le set débute en retard du quart d’heure peu académique, HAMMERFALL met manifestement les bouchées doubles pour rattraper le temps perdu voire pour se faire pardonner. C’est chose faite à l’issue d’une prestation de près d’une heure, la Rockhal nous offrant presque de la sorte une double tête d’affiche.
Et l’on peut même parler d’une triple tête d’affiche en considérant URIAH HEEP qui célèbre ses 50 ans et plus dans la salle voisine. Il y a des soirs comme ça où l’on ne sait où donner de la tête ni où braquer son objectif. Les affaires ont comme qui dirait (définitivement ?) repris; reste maintenant à espérer que ce n’est pas un feu de paille…
Il est de ces valeurs sûres qui portent parfaitement bien leur nom: TOTO est de celles-là. Mais il est également de ces valeurs sûres qui peinent à se renouveler, qui peine se réinventer et qui, trop sûres d’elles peut-être, se reposent trop franchement sur leurs acquis. TOTO est ainsi de ces bands qui vivent à crédit, le crédit de leur (incontestable et incontestée) gloire passée. La Rockhal garnie de sexas dégarnis en est une des illustrations. AOR for ever & TOTO pour rêver: now online (… Hold the Line…) ainsi que dans notre galerie de portraits. Et comme toujours: NO Photoshop. NO Ligthroom. NO raw format. NO overdub – ONLY pure one-shot JPEG.
Que serait encore TOTO en 2022 sans un intemporel Steve LUKATHER encore et toujours à la manœuvre ? A l’inverse de bien des formations qui perdurent en affichant diverses configurations au gré des aléas de la vie, celle-ci ne pourra définitivement plus s’appeler TOTO lorsque le bon Steve l’aura quittée. En attendant, profitons de notre bonheur, lequel est rehaussé par la présence de fines gâchettes en provenance de Huey Lewis (basse), de Ghost-Note (drums), de Robert Jon & The Wreck et de Prince (claviers) et enfin de Ringo Starr.
Ces Messieurs-Dames qui garnissent une Rockhal à la jauge honnêtement atteinte sont à l’image des idoles de leur jeunesse retrouvées (les idoles, pas leur jeunesse) : c’est comme s’ils se retrouvaient soudainement à frapper à la porte de la petite maison dans la prairie, et que chacun réalise habiter un corps d’adulte alors que la porte s’ouvre sur un décor qui est celui de leur jeunesse.
C’est ça l’effet TOTO, c’est ça la magie LUKATHER, c’est ça la puissance de feu de feu les frères PORCARO, c’est ça la marque de fabrique des formations et des compositions intemporelles de TOTO, travaillées, ciselées, de haute précision et traversant allègrement les décennies alors que d’autres affrontent les affres des années qui s’écoulent.
L’année prochaine sans doute, dans deux ans peut-être, la bande à LUKATHER nous reviendra c’est certain et les sensations seront les mêmes, intactes, identiques mais chaque fois renouvelées. C’est ça le miracle TOTO. Même si c’est qui peut aussi lasser certains dont nous ne sommes pas encore…
Tout vient à point pour qui sait attendre… 43 ans. Cela fait 43 ans que nous attendions ce tant espéré (et devenu inespéré) face à face avec Russ BALLARD. Il a duré une heure, une petite heure seulement qui s’est prolongée quelque peu dans le hall du Palais des Congrès de Liège à l’issue d’un court meet & greet. Priceless… Même si, dans les faits et en toute objectivité, MOTHER’s FINEST a décroché la timbale du samedi en cassant la baraque (à frites). Now online, ainsi que dans notre galerie de portraits. Et comme toujours: NO Photoshop. NO Ligthroom. NO raw format. NO overdub – ONLY pure one-shot JPEG.
Golden Age Rock Festival. L’Age d’Or… Bien des maisons de repos, bien des maisons de soins, des homes portent ce doux patronyme de « L’Age d’Or », et il est vrai que l’assistance de ce Golden Age Rock Festival a tout l’air d’en être directement sortie. Si les vedettes à l’affiche sont vintage, la génération Z estimerait certainement que le public est quant à lui plutôt ringard… Mais les apparences sont par bonheur trompeuses, même si la plus petite maison de repos de la Cité Ardente doit comporter davantage de pensionnaires que ne compte de participants cette seconde édition du Golden Age – et l’on peut le regretter tant l’affiche est alléchante notamment ce samedi 20 août 2022.
Golden Age Rock Festival et non pas Classic Rock Festival – voyez-vous la nuance et la subtilité ? En la présente époque qui galvaude ô combien toutes les appellations et notoirement celle de Classic Rock, celle-ci peut aujourd’hui comprendre autant de la véritable daube que de vénérables piliers. En la présente époque donc où l’on mélange allègrement et sans vergogne les torchons et les serviettes sous le vocable Classic Rock désormais vidé de son sens (suivez mon regard radiophonique…), les organisateurs du festival ont l’intelligence de se démarquer de ce nivellement par le bas en se qualifiant de Golden Age Rock Festival, et l’on ne peut que leur donner totalement raison.
Russ BALLARD himself, du haut de ses 74 printemps, n’en pense certainement pas moins. Il n’est plus simplement Classic Rock, il est maintenant passé dans la catégorie supérieure – la Golden Age Rock Vintage Premium Class. Et vintage est ici à ringard ce que Canard WC est à l’ornitholgie. Russ BALLARD : 43 ans que nous l’attendions, en comptant le faux-bond qu’il nous fit en mars 2020 rattrapé comme nous tous par le lock-down pandémique. Russ BALLARD, ce n’est plus une légende, ce n’est plus un symbole, ce n’est plus un monstre sacré – il est maintenant passé dans la catégorie suprême, celle des Mythes et des Immortels.
Son set de 60 petites minutes a beau être mou et faiblard, peu emballant et particulièrement décousu, ponctué ou plutôt interrompu d’inutiles bavardages, on ne peut écrire autre chose que Russ BALLARD est venu, a vu et a vaincu. Avant même le premier accord, les inconditionnels dont nous étions étaient déjà tout acquis à sa cause, car impossible est-il de rester de marbre devant une telle pointure au palmarès si prestigieux. Malgré un set de consistance franchement mineure, Russ BALLARD a néanmoins de sa seule présence rehaussé un Golden Age Rock Festival qui n’en avait par ailleurs pas besoin pour simplement rayonner.
La claque de cette journée de samedi sera sans conteste et même incontestablement celle infligée par MOTHER’s FINEST. A leur montée sur les planches, c’est un véritable ouragan de bonne humeur et d’énergie qui déboule sur scène. Un cyclone tropical, oui ! Les Ricains fleurent bon le Deep South, mais aussi la ségrégation qui les a rendus vindicatifs et dans laquelle se sont forgés leur énergie, leur son et la fusion de multiples courants : funk, rythm’n’blues, groovy hard-funk, fusion-rock.
Glenn et Joyce prennent le relai du feu sacré là où Ike et Tina Turner l’avaient laissé à moitié éteint, secondés et portés par une débauche d’énergie, de soul et de funk difficilement imaginable de la part de leurs seuls quatre acolytes qui en valent bien le double dans les faits. MOTHER’s FINEST, c’est… comment dire… sans doute le nom dont les météorologues baptiseront les cinquante prochains ouragans qui s’abattront sur les Caraïbes.
Les oniriques effluves du swinging London planent dans l’air du Palais des Congrès dès la première note lancée par STRAY. Blues, hard, psyché, n’en jetez plus – c’est le tout début des seventies qui se la joue en mode Madeleine de Proust. So British ! Et ce Del Bromham, so revival ! STRAY, assurément le meilleur du British sound de l’époque : celui a partir duquel tout a réellement commencé et dans lequel nous plongeons tête baissée sans jamais toucher le fond.
Le kraut/psyché/prog/hard d’EPITAPH a lui aussi traversé les seventies, à la mode Wishbone Ash mais avec une sauce bien germanique qui gratte là par où elle passe. La moutarde a cependant moins bien vieilli que son pot, et les kilomètres au compteur laisse penser que le moteur ne fera plus un nième tour du monde : si le châssis est peut-être encore en bon état, la mécanique a mal vieilli. Il demeure étonnant de constater et complexe de comprendre comment certaines créations de l’Homo Musicus vieillissent à un rythme différent alors même que le temps s’écoule identiquement pour tous.
Avec un pub-rock resté burné et couillu, les HEAVY METAL KIDS ne sont malgré tout plus les affreux jojos et les forts en gueule qui ont défrayé la chronique dans les seventies. Les inventeurs du rock hooligan bien avant les gamineries du punk se résument aujourd’hui à un seul rescapé de cette grande époque qui tient toujours le band à bout de bras. Ces vieux Kids des bas-fonds londoniens sont venus nous botter les fesses et, foi de postérieur, l’exercice est manifestement réussi.
A la glorieuse époque de Wango Tango et de la verveine de terrassier que les moins de 55 ans ne peuvent connaître (càd l’emblématique et première émission hard sur les ondes radios françaises née en 1980), l’inimitable et déjanté hurleur Francis « El » Zegut mixait allègrement OCEAN entre un Motorhead et un Russ Ballard avant d’enchaîner avec un Billy Squier. Puis OCEAN a disparu des (de nos ?) écrans radars pendant des décennies avant de réapparaître un beau soir d’août 2022 à Liège lors de cette seconde édition du Golden Age Rock Festival. Elle est pas belle la vie ?! Sinon Dégage !
Glam Rock is not dead yet ! Tous et tout de blanc vêtus, entre botox, lifting et rude authenticité, ANGEL… comment dire… ? Opération marketing ou pointure du hard US issue tout droit des mid-seventies et opérant un surprenant come back ? Nous nous sommes longuement posé la question tout au long de leur set, avant de finalement décider de ne pas trancher la question faute d’arguments – ou plutôt vu l’extrême abondance d’arguments et de contre-arguments qui nous sautent aux yeux autant qu’aux oreilles.
L’opération marketing, si c’en est une, est franchement réussie. S’il s’agit d’un come-back, l’avenir nous dira s’il est digne de s’appeler ainsi. Wait & see, comme on dit ; nous on a vu et on n’en attend plus vraiment grand chose : l’avenir d’ANGEL est manifestement derrière eux (… affligeante banalité sans nom que celle-ci, d’application par ailleurs à l’ensemble des bands à l’affiche).
Ceci dit, total respect aux organisateurs de ce second GARF, et en espérant vraiment qu’ils n’auront pas pris un bouillon qu’ils ne méritent absolument pas au vu de l’exploit de rassembler ces Golden Age Rock Memorabilies. Aujourd’hui plus que jamais (car demain sera sans doute trop tard): Long Live Rock’n’Roll !
Voilà plus d’une semaine que nous attendons que le management de SLIPKNOT valide les (autres) clichés tirés depuis le pit-photo de la mainstage Zanzibar la si bien nommée. Tant pis, basta, on envoie la sauce plus bas, sinon des jours, des concerts et des festivals pourront peut-être encore s’écouler langoureusement en cette fin de haute-saison estivale avant que nous ayons le feu vert (ou orange voire rouge)…
Quant aux PIXIES, ils pourraient être tout simplement appréciables à leur juste valeur s’ils parlaient juste un peu, ne fût-ce que pour nous souhaiter un anodin « Bonsoir, Charleville ! » ou lancer à la cantonade un banal et éculé « How are you, Cabaret Vert !?« . Mais n’y pensez même pas. Quant à esquisser l’ombre d’un sourire fugace ou manifester le moindre signe extérieur de plaisir voire même de simple contentement, ce doit être mission totalement impossible pour le quatuor. Un conseil avisé, peut-être ? Changez de boulot, les gars, parce que quand on monte sur les planches avec un tel manque d’enthousiasme et de charisme, chaussé de godasses de plomb, il est grand temps de remiser son matos au grenier et d’aller élever des chèvres dans le Larzac.
Mais par bonheur, rien de tel que l’organisation parfaitement huilée et la pléthorique offre catering du Cabaret Vert pour compenser et se donner du baume au coeur en faisant bonne chère: bombance assurée en matières de liquides et de solides à très haute valeur ajoutée ! Le tout maintenant en ligne ci-dessous et comme toujours dans notre galerie de portraits…
Est-il vraiment utile de revenir sur la piètre et lamentable prestation des PIXIES ? Tout a été dit et écrit ci-dessus. Nous étendre davantage sur le sujet serait de l’acharnement thérapeutique et ne serait à tout le moins pas à l’avantage de ce groupe dit légendaire : nous nous abstiendrons dès lors de tirer sur l’ambulance, déjà qu’elle est en piteux état léthargique.
Comme il est déjà loin l’excellent souvenir que The PIXIES nous avait laissé à Tokyo il y a quelques années déjà: ce n’est pas le tout d’être considéré comme groupe culte voire même légendaire, encore faut-il être à la hauteur de sa réputation. Ce soir, si le niveau de la cheville est atteint, c’est déjà cher payé…
SLIPKNOT clôture ce jeudi de Festival Cabaret Vert et, à l’instar de bien d’autres bands, les Américains misent un maximum sur leur visuel et sur leur mise en scène. Ce constat nous a toujours incité à la plus grande méfiance et à la prudence la plus acérée: sans mentir si votre ramage se rapporte à votre plumage vous êtes le phénix des hôtes de ce Cabaret Vert. Quand on n’a pas grand chose à dire, il est de circonstances d’enrober d’autant son verbe. C’est en substance ce à quoi nous fait immanquablement penser SLIPKNOT que nous découvrons live on stage – que cette première soit à notre charge ou à notre décharge.
La set-list souffre d’un manque flagrant de diversité – à moins que ce ne soit un best-of qui nous est offert ce soir, ce qui serait un constat aggravant et non pas une circonstance atténuante. SLIPKNOT n’a définitivement rien inventé, mais quantité d’autres bands de cet acabit ont l’intelligence de compenser la pauvreté de leurs compositions par un jeu qui sort manifestement de l’ordinaire ou par une présence scénique qui éblouit et éclabousse. SLIPKNOT, eux, se cachent derrière un masque du plus mauvais goût et du plus haut ridicule, comme pour être certains que personne ne les reconnaîtra – et c’est peut-être finalement bien mieux ainsi.
Un public chauffé à blanc comme une baraque à frites a cependant réservé aux Ricains un accueil particulièrement enthousiaste comme rarement rencontré. Leur nu-métal fait mouche auprès de la fan-base, le show est à l’avenant et maintient la pression sur toute la plaine de 24.000 festivaliers. Notre 1er SLIPKNOT valait assurément le déplacement en termes de prise de contact, mais en termes de contact le démarreur est resté bel et bien grippé. Il y a quand même du bon et du neuf dans SLIPKNOT, mais le neuf n’est pas bon et le bon n’est pas neuf.
Heureusement que nous avons tout les à-côtés (musicalement parlant)) du Cabaret Vert pour nous consoler de ces deux décevantes tête d’affiche du jeudi. Le festival retrouve la foule de ses grandes éditions précédentes, comme pour mieux faire encore un magistral pied-de-nez au covid19. Le développement durable, c’est pas juste un concept à la mode. C’est l’affaire de tous, et c’est l’âme du Cabaret Vert.
Le festival ne se serait jamais monté sans l’envie des organisateurs de sensibiliser le public à ces problématiques. Le Cabaret est un tout et on se la joue durable dans tous les compartiments du festival: la musique, le cinoche, la BD, les spectacles, la nourriture, la boisson, l’accueil, les intervenants, la gestion des déchets, de l’énergie, mais aussi le lien social, la consommation responsable, les circuits courts, l’entrepreneuriat social, le solidarité…
Cette année, tous les intervenants, les prestataires, les partenaires, les bénévoles du festival ont signé les Engagements du Cabaret durable, avec des objectifs à long terme et d’autres à atteindre dès cette année. Un véritable engagement concret, chiffrable, réel. Histoire que cet idéal ne soit pas que des mots jetés en l’air. On dit, on fait. Qu’est-ce qu’on construit ? Qu’est-ce qu’on va laisser ? Qu’est-ce qu’on peut apprendre les uns des autres ? Et comme en Ardennes on a du savoir-vivre, on se nourrit de tout ça sans se prendre la tête, et sans jouer les naïfs, en écoutant un bon concert et buvant une bonne bière, au vert.
Ici, on mange et on boit bien. Tout est organisé pour que les festivaliers puissent profiter d’une alimentation locale, de saison et de qualité. Le festival a mis en place une charte de restauration durable et contrôlée pour s’assurer que toutes ses parties prenantes soient alignées avec les valeurs du Cabaret Vert. De la maitrise de l’eau et de l’énergie à la réduction des déchets en passant par la mobilité douce et la lutte contre le gaspillage, l’objectif est de proposer une restauration vraiment durable.
Le Cabaret Vert peut garantir que 90% des produits proposés sur les stands proviennent de moins de 200km à la ronde: le festival favorise les restaurateurs ardennais et 70% des fournisseurs viennent du département. Les buvettes ne proposent aucune boisson sucrée issue de l’industrie agro-alimentaire. Ici la limonade artisanale et le pétillant de pomme règnent. La sélection d’une cinquantaine de bières proposées provient de brasseries artisanales des environs – merci Orval, merci Mortgat, merci Chimay, même si cet artisanat est tout relatif.
In fine, portés par une énergie collective et contagieuse, ce ne sont pas moins de 125 000 festivaliers qui ont rejoint pour 5 jours à Charleville-Mézières la grande famille du Cabaret Vert qui n’a toujours pas cédé aux sirènes des grands groupes. Indépendant mais loin d’être seul: 2300 bénévoles qui rendent tout cela possible depuis 2005, 500 partenaires, l’implication des riverains et habitants de Charleville-Mézières,… tous portent haut les valeurs du Cabaret: la nouveauté, la prise de risque, l’avant-garde à travers 5 scènes, 116 concerts, 75 auteurs BD, 31 heures de cinéma, 4 jours d’arts de la rue, 4 jours de débats, de plaidoyers, d’ateliers, de rencontres, de témoignages au sein du Do Tank l’IDéal, une nouvelle scène Zanzibar franchement monumentale, un nouvel écrin de verdure pour le Greenfloor entre Terre et Meuse, des espaces entièrement repensés et cerise sur le gâteau : un 5ème jour de fête ! Merci le Cabaret Vert !