Now online: WHEEL & LEPROUS à la Rockhal de Esch-sur-Alzette. Ou quand un opening act déchire à nouveau grave et envoie la sauce – et plutôt une virile samouraï qu’une fade mayonnaise. Premiers instantanés déjà dans notre hall/wall of fame.
Le Club de la Rockhal fait peau neuve ! Depuis un an, la petite salle de la Rockhal est en travaux pour la garnir d’un balcon, muni de deux travées latérales, augmentant ainsi la jauge et la flexibilité de la salle. Les travaux entrent dans leur dernière ligne droite et permettront d’accueillir, en diverses configurations, un public de 650 à 1.500 personnes. Tadaaaaaaaaaaam ! en primeur les premiers clichés de ces travaux, lors d’une visite guidée du chantier en compagnie de Mme la Ministre de la Culture (Sam TANSON), du Directeur opérationnel du CMA (Centre de Musiques Amplifiées) Olivier TOTH, et du Président de son Conseil d’administration Luc HENZIG.
La Rockhal sera ainsi fin prête pour la kyrielle d’activités culturelles organisées dans le cadre de Esch2022, Capitale Européenne de la Culture. Mais si les concerts sont l’ADN du CMA, celui-ci veut également être créateur de contenu. Ainsi il a joint ses forces avec des acteurs du monde scientifique, l’Université de Luxembourg, le LIST et le Fonds National de la Recherche pour présenter un projet innovant de sonification de données, traitement de celles-ci et transformation en œuvres musicales. Quant à la programmation 2022, elle sera riche et diversifiée, avec un agenda résultat du report de concerts de la période Covid mais aussi d’une programmation proactive qui a su anticiper le retour des tournées internationales et les nouvelles tendances.
Mais what happened in 2020-2021 ? A l’instar des autres autres acteurs culturels et de spectacle, la pandémie a fait souffrir le CMA – le donc bien nommé Centre de Musiques Amplifiées abrité au sein de sa vitrine la plus visible: la Rockhal. Les salles furent vides de longs mois durant, à l’exception de l’installation de mars à juin 2020 d’un vaste Centre de Soins Avancés Covid19. Ensuite, timidement et en coopération avec l’Inspection Sanitaire, une 1ère série de 5 concerts intitulée Because Music Matters a été mise en place début 2021 pouvant accueillir 100 spectateurs par soir.
Au vu du succès des mesures appliquées pour la protection contre la pandémie, des projets plus ambitieux ont été mis en place au printemps avec l’organisation de 2 nouveaux concerts Because Music Matters pouvant accueillir jusqu’à 1000 personnes chacun. En été 2021, une série d’événements live en plein air ont eu lieu à l’occasion de la nouvelle édition du pop-up culturel Rockhal Garden sur la terrasse arborée et colorée du Rockhalcafé. Le Screaming Fields Festival, organisé dans ce même cadre, a pour sa part permis à des jeunes artistes de se présenter sur scène. Depuis quelques semaines, la Rockhal a retrouvé un semblant de normalité avec des premiers concerts à pleine capacité. Enfin, avec le Rocklab, l’un des rôles principaux du CMA s’est poursuivi: dès qu’il le fut possible, ont repris les activités d’encadrement et d’accompagnement des artistes locaux dans leur évolution artistique.
Très tôt dans la pandémie, une nouvelle activité a vu le jour pour soutenir ces musiciens locaux : la production audiovisuelle avec pour objectif de donner aux artistes une plateforme d’expression musicale et de promotion. De cette initiative sont nées les Rocklab Pop-Up Sessions (14 sessions qui ont cumulé 750.000 vues YouTube + Facebook), ainsi que les Rocklab Sessions, la présentation de musiciens locaux et qui racontent leur histoire pour documenter la scène musicale luxembourgeoise : pour soutenir le concept de singer-songwriter, le Grund Club Songbook, et le Be a Hero pour permettre aux plus jeunes de découvrir les musiques amplifiées.
Cependant, le CMA a essuyé de substantielles pertes en 2020 avec la bagatelle de 400.000 €; il en sera tout autant en 2021 et la situation ne va pas s’améliorer à court terme. Devant générer 40% de son budget d’exploitation par les excédents de son activité de concerts, et en l’absence d’un retour rapide à la normale, des déficits sont à prévoir pour les 2-3 prochaines années. Grâce aux réserves accumulées les années précédentes, le CMA a pu limiter les dégâts. Mais, logiquement, le ministère de la culture ne compense pas les pertes du CMA, qui a dû assumer. En 2022, avec des réserves quasiment à zéro, la Rockhal va donc vivre sur la corde raide avec une marge de manœuvre très réduite pour les prochaines années.
Faire attention et analyser individuellement la tenue de chaque concert, tout en ayant peut-être aussi parfois le courage d’en annuler un, sera la ligne directrice parce que celui-ci ne sera pas rentable ou qu’il coûtera tout simplement trop d’argent. La règle sera ainsi d’identifier les artistes qui peuvent générer un excédent financier et qui pourront donc permettre, sur le côté, de financer d’autres artistes sur lesquels la Rockhal sera prête à perdre un peu d’argent du fait que leur présence relève d’un intérêt public.
What’s next in 2022-2025 ? Les mois passés ont été mis à profit pour travailler sur de nouveaux projets et se projeter dans l’avenir. Un premier résultat de cette démarche est la stratégie du CMA (document disponible en nous joignant à contact@intensities-in-10s-cities.eu).
Le premier résultat de la mise en œuvre de la stratégie est la refonte du site internet du CMA, lié à une nouvelle plateforme de billetterie. Ensuite, un Rocklab Membership repensé afin de fédérer les artistes, musiciens et entrepreneurs créatifs du Luxembourg, Gratuit, le membership donne aussi accès à des tarifs préférentiels pour des workshops, masterclasses, etc. organisés par le Rocklab et il constituera la base de l’accès aux salles de répétition et aux autres espaces de création et de travail du Rocklab.
L’avenir, s’il est plombé par une incertitude persistante, laisse toutefois espérer pour le CMA une éclaircie pour autant que les circonstances sanitaires n’assombrissent pas les perspectives de renouvellement et de refonte de bien de ses métiers. Le CMA se devra la jouer fine, imaginative et créative…
Revisited, certes, mais pas que: on pourrait même dire Revisited & Featured. Car nous avons le JEAN-PIERRE FROIDEBISE Trio en entrée et ALAIN PIRE EXPERIENCE en hors-d’oeuvre ou mise en bouche : peu importe l’appellation des plats et des mets pour autant qu’on ait l’ivresse quand tout ce beau monde déboule ensuite côte-à-côte sous la bannière SUCH A NOISE Revisited… Now online et déjà dans notre galerie des portraits…
On peut parfois constater un décalage plus ou moins prononcé, voire certain, entre l’âge moyen de l’assistance et celui des artistes qui se produisent devant elle. A l’inverse, comme ce soir, la parfaite similitude générationnelle aurait presque tendance à s’appliquer en toute symbiose des deux côtés du miroir: les PIRE – COCO – FROIDEBISE & Cie n’ont rien à envier à l’âge moyen de celles et ceux venus se plonger dans un bain de jouvence dénommé SUCH A NOISE (revisited). C’est dire combien on peut parfois se sentir jeune, malgré le poids des années, au milieu de tous ces bienheureux pensionnés (… ah ah ah).
Ceci dit, tous ces jeunes soixantenaires qui se partagent la scène ont juste un peu plus de bouteille que la rappeur (très, très) moyen qui truste le top-streaming ou que la midinette de variété qui nous gonfle, fusse-t-elle conçue par de célèbres parents ou d’illustres inconnus. Nos lascars sont en capacité d’utiliser un instrument (chose pas toujours fréquente en 2021 dans le music business), sont en mesure de composer (pas donné non plus au premier interprète venu) et surtout de faire parler la poudre mieux que quiconque. Ils nous le démontrent tout au long d’un repas trois services avec au menu le FROIDEBISE TRIO qui ouvre le gueuleton par un set propret marqué de quelques remarquables envolées guitaristiques dans le style tout ce qu’il y a de Froidebise. Ceux qui connaissent comprendront, les autres non – et comme l’humour ou la philosophie de l’intéressé, il est sans doute inutile d’essayer de leur expliquer.
Avec toujours les mêmes infatigables René Stock et Chris Schöbben à la rythmique basse-batterie, ALAIN PIRE EXPERIENCE enchaîne pour un second set dynamique et échevelé (pour reprendre les termes du maître de cérémonie). Sa démonstration s’impose d’entrée de jeu par trois morceaux tirés de sa dernière et remarquable galette, laquelle rencontre également son petit succès à l’étranger ainsi que sur de lointains continents. Le solo aussi éblouissant que décoiffant et époustouflant que nous livre René Stock restera quant à lui dans les annales du Spirit dont les murs ont dû rarement résonner de telles quatre cordes. Mention toute spéciale au bleu de service qui officie aux percussions, remarquable et brillant remplaçant qui assure avec une frappe chirurgicale un efficace sans-faute tout au long de la soirée. Alain PIRE EXPERIENCE, c’est comme les fricadelles: il y a tellement de trucs et d’ingrédients qui viennent d’on ne sait où et qu’on peut y retrouver là-dedans, tellement de saveurs et de condiments aux goûts indéfinis mais comme un peu connus, qu’on ne sait finalement jamais comment c’est fait. Mais une chose est certaine: on s’en ferait péter l’ panse tellement qu’ c’est bon – comme diraient des traîne-misères ou des ramasse-mégots à l’ baraque à frites.
Le plat de résistance est ensuite servi sur un plateau d’argent à deux poignées, lesquelles ont pour nom Jean-Pierre FROIDEBISE stage left et Alain PIRE stage right. Fine fleur et mauvaise herbe, ou vice-versa. Pas de répit pour Marcus et Chris qui continuent d’assurer grave et de dépoter pour ce 3ème set, avec une époustouflante rythmique qui porte au pinacle les deux lead guitars qui se relaient autour du revenant de service aux vocals: Jean-Pierre COCCO himself, porte-parole du lobby belge du chewing gum depuis quelques décennies. Ce SUCH A NOISE Revisited charpenté de trois de ses piliers nous replonge ainsi dans la glorieuse époque que les moins de 20 ans ne peuvent comprendre ni même appréhender: celle où l’insipide mainstream ne trônait pas encore en haut des charts et où le real rock’n’roll trustait le top des programmations. Mais qu’est-ce qui a donc merdé depuis lors ? Quand et pourquoi est-ce que ça a foiré…?
Après sa flamboyante prestation de cet été au Blues Festival de Gouvy, retour en Belgique de notre Finlandaise préférée pour une seule date – en l’occurrence sur les planches du Spirit of 66 cette fois-ci, lequel reprend quelques couleurs après avoir vaillamment affronté catastrophes sanitaire et climatique.
Maintenant online… et clichés originaux en primeur dans notre Hall of Fame
Tel le phénix, le Spirit of 66 renaît de ses cendres. Non seulement victime d’une année et demi de crise sanitaire à l’instar de tout le secteur événementiel, ce haut-lieu du circuit a en outre subi de plein fouet le tsunami qui a frappé Verviers en juillet dernier. L’épais et robuste volet métallique, rideau de fer, a joué à merveille son rôle protecteur en évitant que le ras-de-marée ne ravage tout l’intérieur du club comme ce fut le cas dans toutes les habitations voisines. La Place des Martyrs n’a jamais aussi bien porté son nom, et le décor de désolation demeure tel près de quatre mois après la catastrophe meurtrière. Quelques décimètres d’eau « seulement » ont occasionné d’importants dégâts aux sols et sous-sol du club, mais ont épargné la majeure partie du matériel et des murs – toute proportion gardée évidemment. Et le grand cirque de reprendre progressivement place au Spirit depuis le mois dernier déjà, grâce à la solidarité et aux incroyables efforts de rénovation et de réparation déployés par le patron des lieux.
Le show de Erja LYYTINEN au Spirit of 66 est pour nous particulier à plus d’un égard. Tout d’abord parce que notre tout premier concert à subir les affres du lockdown sanitaire du printemps 2020 fut celui de Russ BALLARD prévu ici-même le 14 mars 2020. Principe de précaution: le concert fut annulé par un Russ pour le moins visionnaire, quelques jours seulement avant que le confinement généralisé ne soit édicté par les autorités européennes. Comme une relique du Monde d’Avant qui nous inciterait à ne pas l’oublier, l’affiche de cette tournée annulée en dernière minute demeure – comme un coup de poing dans la figure – en bonne place à l’entrée du club, nous rappelant le caractère dramatique de cette époque exceptionnelle et peut-être pas révolue.
Le concert de ce soir est ensuite particulier dès lors que le premier show auquel il nous ait été donné de prendre part après ces confinements à répétition fut précisément celui d’Erja LYYTINEN, à l’occasion du Blues Festival de Gouvy début août dernier. C’est dire combien son concert, et de surcroit ici-même, représente une double charge émotionnelle et symbolique d’un début et d’une fin (provisoire?) de crise…
Notre Erja, toute en professionnelle qu’elle est – et toute en nordique beauté – débute son set à l’heure précisément dite (20h30) devant une audience modeste mais enthousiaste. 40 minutes plus tard, la Finlandaise d’annoncer une pause avant de relancer ensuite la machine pour un second set nettement plus énergique et plus convainquant – entendez plus emballé et plus emballant. Même les réglages de la sono semblent mieux ajustés à une prestation qui s’en ressent manifestement.
En toutes choses, la première fois demeure éternellement la première de toutes. Il en va de même pour Erja LYYTINEN dont notre première expérience avait laissé en nous une impression absolue. Il semble en être différemment ce soir, à l’issue d’une prestation plus irrégulière marquée de momentums inégaux à mettre peut-être également sur le compte d’une audience moins portante que ne l’était celle de Gouvy cet été. A moins que nous fassions le difficile et la fine bouche, oubliant dans le feu des 6 cordes que la plus belle femme du monde (désignée « The Best Guitarist of the Year” aux European Blues Awards 2017) ne peut donner que ce qu’elle a ?
Retour à notre chère Ancienne Belgique après bien plus d’un an et demi de pause sanitaire loin d’avoir été salutaire. Et pour quelles prestations d’anthologie livrées par un certain mais surtout hallucinant et irradiant Alex Henry FOSTER (vous connaissiez ? nous, que nenni) en éblouissant opening act de The PINEAPPLE THIEF ! Il y a des soirs comme ça où les étoiles s’alignent comme par magie sans crier gare, le jour même ou (feu ?) Porcupine Tree envoie d’étranges signaux dans le cyber-espace et d’interpellants signes cabalistiques sur les réseaux sociaux… relayés par Gavin HARRISON himself. Il y a de ces coïncidences qui ne peuvent en être, isn’t it?
(… clichés en primeur dans notre Hall of Fame)
Il y a de ces soirs où l’on n’imagine pas l’ombre d’un seul instant qu’une perle vous attend dans un écrin dont vous ne soupçonniez même pas l’existence: Alex Henry FOSTER est de celles-là. Il y a de ces atmosphères, de ces ambiances et de ces rencontres d’une densité telle qu’elles ne peuvent pas davantage se narrer: on ne peut que les vivre, et Alex Henry FOSTER en fait aussi partie. Au point que The PINEAPPLE THIEF peut ensuite venir et même être mauvais – ce qui fut tout sauf ça, que du contraire – FOSTER même s’il n’officie qu’en première partie aura fait notre soirée. Non: notre année. Pour ce qui est donc de la tête d’affiche, les bourrins de seconde zone argumenteront que The PINEAPPLE THIEF ne fait qu’exploiter le filon et la veine laissée en jachère depuis la dissolution de PORCUPINE TREE il y déjà 10 ans de cela. Et quand bien même serait-ce le cas, réussir un tel exercice n’est pas donné au premier surdoué venu. Bruce Soord et son timbre de voix, tout autant que les harmonies en background vocals, ne feront que renforcer cette sensation et cette filiation…
Mais ces raccourcis mal venus feraient fi de la présence de Gavin HARRISON aux drums depuis 2016, chaînon manquant (ou plutôt liant) entre les fûts de (The) PORCUPINE TREE et les drums de The PINEAPPLE THIEF (tiens, tiens, TPT en abrégé tous deux, vous m’en direz tant…). Sa frappe et sa polyrythmie si particulière, reconnaissables entre mille, demeurent un exercice de très haut-vol et renforce s’il le fallait encore la complexité de ces compositions à tiroir, architecturées telles des pyramides : une base large et solide pour pointer tout en finesse vers l’infinité du ciel.
Qu’on le veuille ou non, certaines sonorités de cet alt-prog-rock hors catégorie sont frappées du sceau Steven WILSON avec un son solidement ficelé, sans samples trop simples ni autres trucs bidon. L’explication que ce même Wilson ait signé The PINEAPPLE THIEF sur l’un de ces labels se suffit sans doute à elle-même. Mais s’en contenter serait faire fi de l’empreinte incontestable de Gavin HARRISON qui a littéralement métamorphosé un voleur d’ananas qui, auparavant, nous indifférait presque.
Pour leur seconde venue à Bruxelles, The PINEAPPLE THIEF est un des premiers bands étrangers et d’envergure à fouler de nouveau les planches de l’Ancienne Belgique post-covid. Sa configuration full-assise, sans même un semblant de fosse ni de pit-photo, rend les lieux plus intimistes que d’habitude, même si celle-ci nous l’avons perdue depuis plus d’un an et demi. Nos jetons-boissons qui trainaient dans un fond de tiroir depuis lors ont toujours cours: une chance qu’il y ait encore des valeurs sûres qui ne se déprécient pas…
A propos de valeur sûre (au Canada) ou à confirmer (en Europe), de quel tabernacle sort donc cet extraordinaire, cet extraterrestre Alex Henry FOSTER qui officie en première partie avec ses Long Shadows?! Premier band d’outre-Atlantique a fouler les planches de l’AB depuis mars 2020, ces Montréalais au savoureux accent nous en mettent plein les mirettes en nous plongeant dans une atmosphère et dans une ambiance littéralement hors du commun.
Trois compositions seulement (ou n’en était-ce finalement que deux…? (*)) occupent le terrain des 40 minutes de post-rock avant-gardiste qui lui sont dédiées, mais quelle occupation toute en subtilité et toute en finesse. Quelle prestation toute en densité, toute en overdub, toute en texture et toute en loop. Un set éblouissant, atmosphérique, hypnotique, lancinant, hallucinant, instinctif, expérimental, aérien et à la fois musclé et parfois noisy. Nous venions pour The PINEAPPLE THIEF mais repartons le coeur gros comme ça, empli d’une émotion dont nous a submergé cet inénarrable Alex Henry FOSTER & The Long Shadows.
Depuis longtemps une prestation ne nous avait-elle plus confronté à une telle emphase, à une telle communion, à autant d’intensité, de grandeur d’âme, d’amour, de pudeur et d’émotions. FOSTER, par sa présence irradiante et un charisme rare, synchronise et orchestre tel un guide ses envolées improvisées où chacun de ces Long Shadows semble à la fois partie d’un tout et organisme à part entière. En un mot comme en cent, ce diable de Montréalais nous a sans conteste réservé la surprise live de l’année.
Les blaireaux de seconde zone dont mention en début de cette review ne manqueront certainement pas d’imputer au contexte pandémique cette plus haute marche du podium que nous attribuons à FOSTER, classement certes tout subjectif et qui n’a de toutes façons pas lieu d’être. Rendez-vous est néanmoins donné lors de sa tournée d’été 2022 pour qui voudra confronter ses sensations et par dessus tout fusionner son karma avec celui d’Alex Henry et ses Long Shadows… Pas le temps d’attendre ? Découvrez alors ici sa vision spirituelle du monde et de la musique (interview de juin dernier).
(*) Alex Henry FOSTER nous précisera quelques jours plus tard: « While it wasn’t sure how many songs were in our 40-minute set, I can confirm that it was 2 and a half. I say that, because the first one, titled “Ouverture” was meant to be used as an intro and merge into the first song, the unreleased “Slow Pace of the Winds”. The other half of our set was destined to our song “The Hunter (By the Seaside Window)”« .
(… autres instantanés consultables dans notre Hall of Fame)
Now on line : entre deux Orvaulx et trois morceaux de pâté gaumais, l’excellemment bien entouré Thomas Frank HOPPER, avec nos Ardennais préférés de LIGHTNIN’ BUG en opening act – le tout par un beau soir de brame au Rox de Rouvroy qui n’a jamais aussi bien porté son nom: merci Rock’n’Gaume !
(… autres clichés dans notre Hall of Fame)
Les affaires reprennent, et en Gaume podt-covid également – même si ce sont nos Ardennais préférés de LIGHTNIN’ BUG qui assurent ce soir la première partie d’une nouvelle étoile montante. Des 600 sièges que compte ce splendide complexe en capacité d’accueillir quasi toute la population communale, seuls quelques uns accueillent le postérieur plus ou moins évasé d’une poignée de connoisseurs. Nous dirons comme d’habitude: tant pis pour ceux qui ont raté le coche…
24 ans d’amitié et de complicité pour les deux lascars qui occupent le devant de la scène avant l’arrivée, sur le tard, du troisième larron aux fûts, il y a des faits qui ne trompent pas. C’est dans la durée et sur le long terme que se forgent la qualité, la constance et la complicité ; LIGHTNIN’ BUG en est la preuve vivante, l’illustration par excellence. Mais aussi très probablement the most underrated band of the Kingdom. Allez comprendre…
Par bonheur, par chance ou par l’intervention d’une quelconque bonne étoile, ce n’est pas le cas de ce sacré THOMAS FRANK HOPPER qui explose telle une nouvelle supernova. Admirablement bien entouré d’un band solide et compact, porté par une vague médiatique et des relais qui croient manifestement (et à raison) en son talent, ce Thomas Frank HOPPER nous fait indéniablement penser par moment à un certain Bonamassa, l’instant d’après à Zappa et plus encore à Cam Cole. Oui, Thomas Frank Hopper, le Cam Cole belge.
C’est qu’en plus, le gamin, il sait diablement bien se servir d’un manche (et mieux encore d’un lapsteel) qui traduit et performe à merveille des compositions d’une maturité inversement proportionnelle à son jeune âge et à sa courte expérience. D’un blues Mississipi porté par une voix à la fois suave et rugueuse à un garage rock endiablé, le répertoire du kid est assurément le fruit et l’aboutissement d’un parcours initiatique peu commun. A moins qu’il ne soit tombé dedans comme Obélix, ou qu’une muse inspirée et inspirante ne se soit un peu trop penché sur son berceau.
Et ce n’est pas Saule, venu en local de l’étape, qui nous contredira lors de la troisième mi-temps. Les Orvaulx partagés en compagnie de tous les protagonistes de la soirée ne sont pas nécessaires pour délier les langues et partager le plaisir retrouvé du vécu commun. Après un an et demi quasi d’inactivité forcée pour la moitié de la planète, les sensations primaires et primales sont bel et bien retrouvées, intactes, tant sur scène que dans l’assistance. Et ça, ce n’était pas forcément gagné d’avance…
(… autres instantanés dans notre Hall of Fame)