Will be live on stage @ Verviers, Spirit of 66 — May 10th, 2013
Above : MSG @ Magic Circle Festival, July 2008, Bad Aroldsen (Ger.). Voir lien ci-contre Intensities in Tens Cities – Chap.1 : The Vintage years 1978-2011
C’est un Entrepôt tristounettement empli qui accueille en clôture de ces Aralunaires 2013 les chefs de file de la métallurgie belge. Mais avant d’être le réceptacle des bruyants Flamands de CHANNEL ZERO, les locaux de 15009 ZOREK débutent sur le coup de 20 heures avec une prestation ma foi fort, fort bien agréable, teintée de lourdeur, de lenteur et d’effets reverbs du plus bel effet. Un bon noise rock sobre et efficace autrement dit, sans nous bassiner avec d’inutiles fioritures de petits jeunes et sans nous gaver d’esbroufe ni de tape-à-l’oeil sauce débutants – comme si ces trois gars n’avaient plus rien à prouver. Et de fait, peut-être n’ont ils plus rien à démontrer tant ce set sobre à l’excès est tout sauf dépouillé. La force tranquille de l’effet annoncé pâté gaumais est bien là : un gros son, des riffs hypnotiques et des infrabasses. Que demande le peuple ?!
PENDEJO prend le relais, quatuor de barbus sud-américains déjantés exilés à Amsterdam, sans doute en quête d’exotiques hallucinogènes. D’entrée de jeu, ils nous la jouent directos space cake avec un ours comme qui dirait mal léché qui déboule sur les planches armé de deux brûleurs d’encens à bout de chaînes et de bras qui embaument immédiatement les premiers rangs. Quand on parle space cake, on n’est pas loin du compte.
Sacrément efficace et bien enlevé comme show, avec une trompette des plus dissonantes a priori mais qui s’avère finalement parfaitement en phase avec l’ambiance et contribuant magistralement à cette débauche de sons plus torturés les uns que les autres. Ce qui s’ajoute à un peu d’anglais mâtiné de français entre les morceaux chantés en espagnol. Caramba! en voilà deux sets décoiffants et deux très agréables surprises bien désarçonnantes de par une approche pour le moins originale et relativement novatrice à bien des égards. Encens d’or à PENDEJO – la gifle de la soirée – et reverbs d’argent décerné (très) haut la main à 150009 Zorek. Mediator de bronze pour les Flamoutches…
La tête d’affiche de de la soirée s’avère quant à elle plus conventionnelle, plus rentre-dedans peut-être mais sans nous prendre à contre-pied. L’effet-surprise en moins donc, CHANNEL ZERO reste un rouleau compresseur efficace et basique, lourd et bien emballé. Les clichés visuels et la bande-son des Flamands sont cependant d’une banalité presque décevante et d’une platitude limite terne comparativement au caractère subversif, décalé et enlevé des deux combos précédents. Rien à jeter néanmoins dans CHANNEL ZERO : ça continue à le faire méchamment, mais le petit-quelque-chose-qui-fait-que en moins. Si le contraste est flagrant ce soir, c’est peut-être un signe que, dans la durée, faudrait-il veiller à vous renouveler et à ne pas vous reposer sur vos acquis, les gars. On se bouscule au portillon derrière vos 20 et des ans de bouteille comme on se bouscule à vos pieds quand l’heure est au pogo. Belgium, one point.
Soundcheck terminé : les planches de l‘Entrepôt sont prêtes à subir les coups de boutoir de deux blues bands luxembourgeois: l’un envoyé par le Grand-Duc en la personne du Remo Cavallini Blues Band et le second, plus provincial que Grand-Duc (quoique sacré oiseau de nuit) envoyé par la Sainte-Trinité un jour d’orage : Albert Blues Band…
« From behind & front of the lighted stages »… Aralunaires 2013
Autre jour, autre lieu, autre ambiance, autre contexte mais c’est ça les Aralunaires ! Le xième retour en terre luxembourgeoise d’un Flamand maintenant coutumier de la région a pour cadre le Park-Music : c’est la mezzanine du célèbre disquaire qui accueille le show case de Lightning Guy’s band. Notre bluesman flamoutch préféré signe son comeback après un petit passage à vide, nous apprend-il. Et il reste toujours de bons conseils : « N’envoyez jamais de sms à 4 heures du matin, de peur de le regretter bien vite…« . Ce n’est peut-être pas ce qu’il chante, mais c’est en tous cas ce qui l’inspire. Et nous, on adore ces tranches de vie dans lesquelles si bien se retrouver…
Porter au pinacle PORCUPINE TREE et apprécier KING CRIMSON sans vraiment connaître par ailleurs la discographie du batteur qu’ils se partagent et qui mène une carrière parallèle sous son propre nom, cela réserve des surprises. Le pedigree de Gavin HARRISON – puisqu’il s’agit de lui – ne le met toutefois pas à l’abri de déconvenues les plus banales : le sound-check débute à l’heure prévue du concert, avec les excuses de l’intéressé qui s’en explique par un retard du à une longue immobilisation forcée sur une autoroute anglaise coupée ! "Une tournée qui commence fort", écrira-t-il sur son Facebook, "et un super public verviétois !" ajoutera-t-il. Il se le met dans la poche en demandant avec humour à l’assistance d’avoir l’indulgence de faire semblant de ne pas écouter, manière de ne pas gâcher le plaisir à venir du concert…
La première (et dernière) fois que j’ai rencontré l’homme, c’était lors d’un interview en prélude à la prestation de PORCUPINE TREE à l’Ancienne Belgique en 2007 (voir chapitre 1 : www.intensities-in-tens-cities.eu). Ce fut l’occasion d’échanger sur bien des sujets, et de découvrir l’Homme simple, chaleureux et sympathique qui se cache derrière le remarquable Musicien qu’il est. Passionné de jazz, ses premières amours nous explosent à la figure ce soir au Spirit of 66, par le biais d’une démonstration de force toute en finesse à laquelle il convie ceux pour qui la musique demeure autre chose que des boites à rythme, des samplers et autres bidouillages électroniques. Mais il ne strombolise pas le Spirit ce soir, du moins pas les oreilles de ceux qui – ignares comme le rédacteur de ce billet – espéraient se délecter d’un peu plus d’atmosphère à la porc-épic…
Le Gavin Harrison Band saupoudre son public d’un peu de tout, tiré de ses trois albums. Des arrangements complexes et des compositions alambiquées, le tout tortueusement articulé autour d’un jeu de batterie (presque) sans nul pareil, ne suffisent néanmoins pas à donner à cette exhibition le relief et la chaleur attendue par d’aucuns. Gavin HARRISON reste un grand bonhomme doté d’un jeu d’une remarquable richesse empli de créativité et tout en finesse, mais c’est comme si ses compositions demeuraient froides sur les planches.
Les vocals, presque dissonnantes, sont comme issues d’un autre band, comme provenant d’une autre bande-son erronnément collée sur des compositions dont elles semblent déconnectées, renforçant cette ambiance aseptisée, cette atmosphère trop clinique qu’une guitare parfois jazzy ne réchauffe pas. Ni HARRISON derrière les fûts ni ses comparses ne déméritent, mais disons que la magie n’opére pas particulièrement ce soir, restant sans doute pour ma part trop en attente d’un fumet d’arbre à porc-épic peut-être.
"Sorry fort that so complicated & sophisticated music". Expliquant de la sorte par un second degré bien à propos les bases rytmiques complexes et algébriques sur lesquelles reposent l’architecture de ses brillantes compositions, Gavin Harrison ne pensait pas si bien dire…
Comme elle le dit elle-même, RESCUE a opéré pour Magali Luyten le salutaire sauvetage qui la ramène sous les feux de la rampe. Question de virus (IV), sans doute. Et quel sauvetage, quelle rampe mais surtout quel feu ce nouvel Epysode ! RESCUE balance en 2h25 une anthologie du classic (hard) rock, de la lettre A(C-DC) à Z(ZTop) en passant par les 24 autres – à moins qu’ils en aient inventé de nouvelles, les bougres ! Revisités au son d’une voix female, ces classiques intemporels n’en ont que plus de relief et, de manière surprenante, sonnent d’une actualité presque déconcertante. Comme si les bands originaux, live on stage, nous balançaient la sauce d’une nouvelle mouture de leurs propres classiques version female. Rien à redire, ça le fait et la voix de la Mag nous fait frétiller du goupillon : elle est restée intacte (quelle pure merveille ce Mercedes Benz a capella !), même si deux heures et demi de mise à mal ne sont pas sans effets sur son organe…
Qui plus est, on ne peut pas dire que la compagnie de cette aiguillonne Dame de Pic (Dame de Pique?) qui se la joue Ace of Spade soit moins sensuelle, dirons-nous, que les verrues de Lemmy. Ou moins sulfureuse que la pilosité de Billy Gibbons – avec tout notre respect pour leur anatomie respective à tous trois. Rémy & Fizzi, lead guitars en bandoulière, s’offrent en prime un petit pas de danse à travers l’assistance jusqu’à escalader le bar, tandis que sur scène la rythmique telle un bourreau continue les ravages de son cruel office – que ce petit bout de diva rehausse d’un parfait déhanché tout en sourire(s). Il ne manque pas grand chose pour que la totale soit parfaite ce soir – a vrai dire, pas grand chose du tout. Même qu’à bien chercher, les fantômes de Jason et de Bon hantent les amers arômes des Orvaulx à travers les douces caresses des Marshall…
RESCUE qui célèbre ce soir son come back n’a, dans le fond, strictement rien inventé – et ce n’est d’ailleurs pas à leur agenda de cover band. Mais ils nous ont rockés comme un ouragan et nous ont secoués toute la nuit. Cette nuit noire, avec cette fumée à la surface était une autoroute pour les étoiles – mieux: une véritable autoroute pour l’enfer.
RESCUE a joué son as de pic ce soir, hurlant qu’ils nous aiment encore, qu’ils aiment le rock’n’roll et qu’ils vivent en permanence sur le fil du rasoir. Mais au moment de quitter les lieux et de laisser la grange en l’état, un seul mot restait à la bouche de chacun: que le rock’n’roll soit… (Pitoyable, ce petit tour de force en final, vraiment pitoyable je vous le concède…;-)
95.065 visiteurs différents sur la seule année 2012, cela vaut bien un petit florilège de photos des 12 derniers mois, non ?! Kiss slowly but play hard in 2013 !
Intensities welcomed 95.065 different visitors in 2012 – you may deserve this "best of" of 2012’s pictures ! And don’t forget : in 2013, kiss slowly but play hard !
Tout a déjà été dit et écrit sur la bande à Albert, le bon comme le meilleur (voir chapitres 1 et 2 d‘Intensities). Que rajouter dès lors ? Peut-être que le petit clin d’oeil introductif signé Gérard Palaprat est bien d’actualité en ce jour de fin du monde programmée, repris joyeusement en choeur par toute l’assemblée : "Pour la fin du monde – Prends ta valise- Et va là-haut sur la montagne – On t’attend – Mets dans ta valise – Une simple chemise – Pour la fin du monde – Pas de vêtements ". Chouette entrée en matière pour se mettre au diapason…!
Le ton est donné à cette soirée rock’n’roll et bon enfant qui sonne le retour de l’enfant prodige et prodigue au pays. Un vieil enfant toujours aussi jeune d’ailleurs, l’Albert, qui remonte ce soir sur les planches pour la première fois depuis plusieurs mois, avec une main droite presque neuve mais un peu raide encore même si sa Gibson Deluxe n’en subit pas moins les assauts. D’aucuns estiment cependant qu’une autre partie de son anatomie aurait pu bénéficier de cet effet post-opératoire mais bon (.. second degré, Al’, second degré !).
Avoir également choisi la plus longue nuit de l’année pour la terminer en beauté, mais que diable l’ALBERT BLUES BAND sait-il parfaitement joindre le jouissif à l’agréable, les Orvaulx à la Rulles, l’Albert au Blues, le Blues au Band et surtout – surtout – le rock au roll ! Quoiqu’une chenille durant le set, il y a peut-être là matière à disserter – comme au sujet de ce qu’il y a de pire qui puisse arriver à une poule (passer du coq à l’âne – merci Denis : il faudrait peut-être aussi arrêter le Jack Daniels sur scène, hein, non? ).