… et déjà quelques extraits vidéos des sound checks et concerts de TRIGGERFINGER & BIG SUGAR :
(Sorry pour l’exécrable qualité de cette vidéo, inversement proportionnelle à celle des prestations. Enjoy !).
TAGADA JONES, ou quand rock enragé rime avec rock engagé, bien à gauche de l’échiquier rock hexagonal. Les Bretons ont repris il y a pas mal d’années maintenant comme qui dirait la relève d’un certain flambeau – ou plutôt d’un étendard – jadis tenu par les Berurriers Noirs notamment, voire Les Ramoneurs de Menhirs ou Lofofora qui continuent leur bonhomme de chemin, après l’intervalle Bal des Enragés. Dommage que le public n’ait pas capté cet essentiel – ce fondamental – et ne se soit pas déplacé en nombre dans un Entrepôt pourtant bien configuré pour contenir la rage boulimique de TAGADA JONES.
Si le band regrette cette affluence toute relative, il rend néanmoins un hommage appuyé à cette assistance certes clairsemée mais toutefois bien en phase semble-t-il avec les dissidents. Les slogans taillés dans le roc(k) sont scandés par des refrains qui leur donnent une consistance toute spéciale ; les lignes de guitares tout comme le mur de la rythmique leur assurent une caisse de résonance et une portée optimales pour devenir cri du cœur, cri de rage, cri de révolte. La puissance des mots et le choc des riffs en quelque sorte, loin d’un discours aseptisé et creux : la musique porte les lyrics, le discours vindicatif et intemporel colle à la hargne des Marshall.
TAGADA JONES revendique sa place dans le débat sociétal, et ceux qui ne l’entendent pas de la sorte doivent souffrir d’acouphènes. Ceux qui l’entendent aussi, d’ailleurs. Si avec Lavilliers la musique est un cri qui vient de l’intérieur, avec TAGADA JONES ce cri intérieur porte sacrément à l’extérieur. Et tant qu’à faire, c’est pas plus mal pour être entendu. No pasaran !
Alleï, une fois n’est pas coutume, inspirons-nous de l’excellente review du dernier album de NASHVILLE PUSSY parue dans l’édition de septembre 2014 de "Classic Rock Magazine" afin de partager l’ambiance de ce 13 octobre 2014 dans la fournaise du Spirit of 66.
Let’s go !
"Unashamed party animals, NASHVILLE PUSSY haven’t sounded this strong since debut album Let Them Eat Pussy in 1998. Atlanta’s fiery four-piece clearly don’t give a damn, they’re just doing what comes naturally – and that means pulling together references from Motorhead, Ted Nugent, Aerosmith and Skynyrd, alongside a huge dose of redneck attitude, while never losing their ribald sense of humour".
"It’s obvious on Everybody’s Fault But Mine, which owes something to Mountain, and carries on through the Motorhead-fuelled Rub It To Death and Spent. They then hook up the trailer to the ZZ Top snout for Beginning Of The End before getting countrified for Tray For Cocaine, Hooray For Tennessee. This is Skynyrd with tongues in cheek, while Pillbilly Blues hitches a ride to an AC/DC groove circa Let There Be Rock, and Pussy‘s Not A Dirty Word could belong in the Aerosmith box. Yep, this is loud American rock’n’roll, with no frills, no regrets".
Que dire de plus ?! Qu’ajouter, puisque tout est dit, bien dit et si bien écrit qu’en rajouter ferait tache et caisse de résonance. Et avec d’entrée de jeu Keep on Fucking, la messe était dite dès la première note – même pas besoin d’attendre la consécration, d’autant plus qu’on communiait au Jack Danniels et à la Jupiler sur la scène. NASHVILLE PUSSY reste un band à part, et comme José, a le râble tanné. Ca doit être ça, notre version bien de chez nous du redneck. Le Spirit of 66 n’a jamais si bien porté son nom, avec ces effluves de Jack Danniels qu’on pouvait humer à des lieues.
Est-il besoin de rappeler que NASHVILLE PUSSY fait référence à une phrase que Ted Nugent éructa un beau soir sur scène dans le Tennessee? L’occasion de se passer et repasser ce morceau d’anthologie qu’est Wang Dang Sweet Poontang sur l’abum Double Live Gonzo ! où, tout en délicatesse et en finesse comme à l’accoutumée, le Nuge de dédier de la sorte ce morceau à la gente féminine locale. Ite missa est: allez en paix et ne péchez plus Brothers & Sisters…
(Deux précédentes reviews de NASHVILLE PUSSY en texte & photos : 2002 et 2009)
Etrange, tous ces groupes anglo-saxons qui scindent leur UK de leur European Tour, à l’instar d’ ANATHEMA tout fier d’annoncer au public que cette date à la Kufa de Esch est leur première date européenne alors qu’ils viennent de terminer leur UK Tour. Mais soit, nous ne serons jamais des insulaires. Encore tout auréolés de leur 3 nominations au Progressive Music Award 2014 et d’une récompense effectivement décrochée, ANATHEMA nous balance la crème de leur crème près de deux heures durant.
Pour les amateurs de guitare qui gratte, il manquera toujours ce petit quelque chose, ce dérapage, ce délire, cet envolée, cette explosion, ce clash qui fait qu’un ANATHEMA ne sera effectivement jamais qu’un Porcupine Tree de seconde catégorie. Et c’est sans doute mieux ainsi, vu qu’avec Steven Wilson à la production déjà, il ne manquerait alors plus que lui et sa gratte sur les planches pour que le tableau passe d’un Chagall à un Van Gogh.
De projet doom metal initialement, ANATHEMA est devenu au fil du temps plus atmosphérique, plus progressif, plus aérien – un peu trop peut-être, du moins sur la durée d’un set complet. La formule semble cependant tenir manifestement la route alors que le band reste a contrario un habitué des programmations et scènes disons plus couillues et plus graisseuses (Hellfest & Cie). La démonstration de ce soir reste donc quant à elle empreinte de toute la douceur qui sied, face à un public en phase mais qu’il restera cependant difficile de catégoriser entre doux, amorphe et inerte. Ou subjugué peut-être? Le "Are you still there ?!" lancé par Calaghan en milieu de set pour sortir le public de sa torpeur lève néanmoins un coin du voile…
MOTHERS’CAKE fait office de parfaite mise en bouche, ici à Esch comme pour toute la tournée européenne d’ANATHEMA. Enfantés de Grand Funk Railroad, ils ont dû téter du Primus à la maternité avant d’avoir les Red Hot comme nurse. Si ce n’est pas ça, c’est néanmoins une excellente maladie.
Seul concert du Nuge sur le Vieux Continent en 2014, nous avons eu le privilège d’être backstage à ses côtés lors du Sweden Rock Festival cet été (more pix & reviews here online). En sus, trois clichés supplémentaires de médiocre qualité certes car tirés d’une vidéo (… diffusion restreinte…) que nous avons tournée backstage lors de l’arrivée de Gonzo sur scène. Oui, le rock’n’roll peut demeurer flamboyant par la grâce du panache que conservent certains, même s’ils ne vivent probablement que sur leurs acquis. Mais n’est-ce d’ailleurs pas la définition d’une icône…?! (just click to enlarge !)
Quand on entend des réflexions du style « Les ruraux sont de sortie, les bouseux font la fête » (sic), on sait directement à qui on à affaire. En l’occurrence, à des citadins pour le moins boursoufflés de préjugés ringards, à l’image de leur 4×4 qui n’a jamais sans doute affronté la moindre once de boue ni jamais quitté les bouchons de l’Avenue Louise. A l’instar de leurs conducteurs demeurés tout aussi englués dans leur snobisme pédant de fin de lignée, de fin de race. Car, oui Môssier, on sait s’amuser sur le Plateau Ardennais. La preuve en est: le Ward’in Rock Festival, 18ème du nom et donc bien rodé, reste une bien belle fête champêtre agrémentée de bien beaux noms – basta.
Les cuivres survoltés de BABYLON CIRCUS sont la première des deux têtes d’affiche du vendredi soir, dans un marquee où la condensation qui suinte de la toile du chapiteau résume à elle seule la densité du show et la sueur qui s’en dégage. GIRLS IN HAWAI clôture l’affiche de ce premier soir en offrant l’avant-dernier concert d’une série de près de cent dates – excusez du peu.
Le groupe ayant sérieusement gagné en maturité et en assurance depuis leur dernière prestation ici-même il y a quelques années, notre souvenir d’un groupe gentillet de pop-rock sans beaucoup de relief en a pris pour son grade. GIRLS IN HAWAI, quand il se lâche, peut en effet sortir les griffes, et de gentil Garfield se muer en vilain matou qui renoue avec son instinct de félin et de prédateur. Pas assez souvent à notre goût certes, mais là n’est pas non plus la destinée de GIRLS IN HAWAI…
Que penser des Français de F.M.B. ? Nous les appellerons en effet de la sorte: FUCKING MYSTERY BAND, par sarcastique respect de leur droit à la non-image qu’ils revendiquent. Après le « Pas de bras? Pas de chocolat…« , inaugurons le « Pas d’image? Pas de nom…« . Ce collectif dont nous tairons donc le nom – puisqu’il s’agit d’un collectif – clôture le festival le lendemain samedi en offrant une prestation entachée de trois coupures électriques en début de set. Pas l’idéal alors que le band n’a pas encore atteint sa vitesse de croisière – au propre comme au figuré. Et c’est en ces circonstances que la bouteille et l’expérience parlent, lorsqu’il faut occuper l’espace, remplir et meubler les temps morts en affrontant les sifflements de mécontentement du public. Ils auraient affoné leurs chopes comme les y invitait l’assistance au lieu de les siroter, certain qu’ils auraient gagné des points les jeunots!
Mais ces points perdus, Fucking Mystery Band les récupère bien vite, prestant finalement une démonstration de force bien plus convaincante pour nous qu’il y a 2 semaines au Cabaret Vert. Ce FMB clôture de la sorte en bouquet final une tournée qui s’achève, elle aussi, sur les hauteurs du plus haut festival du Royaume. Si aucun photographe n’était autorisé à officier frontstage au Cabaret Vert, ce n’est plus le cas ici – mais c’est du pareil au même puisqu’aucun de nos clichés n’a été validé par le management du groupe. Sous prétexte soi-disant de ne pas éclipser la musique et le message au profit d’images d’un collectif à géométrie variable. Décidément, coup sur coup, tout fout l’camp au pays du Camembert – quels que soient les motivations, arguments et prétextes avancés. Si ce Fucking Mystery Band craint tant que son image éclipse son message, sans doute celui-ci ne vaut-il pas plus? Quand on craint que le contenant déprécie ou altére le contenu, faut-il en déduire que celui-ci est de bien petite facture…?
VISMETS, en after sur la grande scène, nous réconcilie par un show parfait et sans faille : notre découverte coup de coeur du weekend assurément, retrouvant par la même occasion à la basse le guitariste de CHATEAU qui officiait ici-même l’année passée. Bon sang ne sait mentir, et ce n’est pas KIDNOIZE qui pointe son museau sur scène qui nous contredira…
1300 bénévoles (on en a refusés !) pour 4 jours d’Eco-Festival Rock & Territoire: la 10ème édition (sold out) du Cabaret Vert ne fait plus dans la dentelle ! Pluridisciplinaire par excellence, orienté éco-territoire et traduisant une certaine "philosophie", le Sanglier des Ardennes du Rock s’apparente de plus en plus à un mini-Sziget (si, si !). A la différence près qu’il offre notamment bien plus de Trappistes et autres bières spéciales belges. Devenu matamoresque avec plus de 23.000 festivaliers quotidiens, il n’en a cependant pas perdu son âme ni son esprit durable et/ou rebelle (biffez la mention inutile) tout en conservant convivialité et simplicité comme maîtres-mots.
Un staff pro des plus accueillants et disponibles, une logistique parfaite et partout – partout – ces bénévoles et ces prestataires qui vous accueillent avec le sourire et un bonjour, avec des "mercis" par-ci et des "s’il te plait" par-là. Mêmes les vigiles, habituellement aussi peu amènes qu’ils sont balèses, contribuent à cette chaleur ambiante toute ardennaise. Ces Ardennais-là, amateurs de bonnes bières et de bonne musique, sûr qu’ils mériteraient leur rattachement à nous autres, Ardennais du Royaume, le jour où ils en auront assez de la République. Nan, on plaisante allez.
Zoom sur quelques pointures du samedi 23 août 2014…
L’après-midi commence en beauté sur la grande scène avec FINDLAY et leur garage-rock anglais s’inspirant de ce que Detroit, Motor City, a fait de mieux. Si le set commence en douceur, presque sirupeux, c’est pour mieux – crescendo – exploser : cette chienne de mon chien nous aboie un "I wanna be your dog" des plus orgasmiques en guise de final, avant de se jeter dans le public pour joindre le geste et le corps à la (bonne) parole. FINDLAY est originaire de Manchester: c’est certain que la sortie d’autoroute signalée "Manchester" pour rejoindre la Cabaret Vert (c’est véridique!) était un signe annonciateur…
Prenant la relève, TRIGGERFINGER assène le coup de massue de cette fin d’après-midi. Les Anversois atomisent la plaine avec un show tout simplement é-pous-tou-flant, laissant le public comblé et sur les genoux. Après avoir écumé nombre de festivals européens, le power-trio plus stoner-rock que jamais clôture sa série estivale en remplaçant (Dieu merci !) au pied-levé les Suédois de Volbeat qui déclarent forfait l’avant-veille.
Et, for sure, c’est tout bénéfice: un show d’une énergie incroyable, une set-list mortelle, une symbiose fusionnelle parfaite, une démonstration de force sans pareille en se postant au plus près de l’avant-scène pour mieux vous assassiner: le crime est parfait. TRIGGERFINGER est une véritable tuerie, une arme de destruction massive…
Habitués des grands festivals, les Australiens d’AIRBOURNE sont le fruit des amours cachées d’AC et de DC qui ont dû copuler un jour backstage. De cette levrette bestiale à la va-vite sur un mur de Marshall chauffés au rouge, il résulte de cet infâme enfantement un décor à l’identique, et l’énergie et la bonne humeur qui font que le hard rock, c’est eux! Ce sont eux. Avec une capsule de VB (célèbre bière australienne) en guise de volume à sa guitare, reste néanmoins à vérifier que ce sont également bien des cannettes de VB que Joel O’Keeffe explose sur son crâne à tour de concerts avant de les balancer dans l’audience.
Son traditionnel tour dans le public, guitare en bandouillère, se poursuit cette fois jusqu’au podium des PMR (excusez la distance !) tout en continuant ses riffs tandis que la rythmique assure de plus belle sur scène – ou comment rendre un des plus beaux hommages qui soit à ces personnes dont l’ouïe est désormais aussi réduite que leur mobilité. Rien de neuf néanmoins sous les astres : le hard-rock, c’est AIRBOURNE. Et vice-versa; back to the roots. A l’issue d’un show de 40′ seulement, suivi quand même de 20′ de rappel pour atteindre les 60′ de prestation et ainsi remplir leur contrat, notre interrogation du mois dernier à la Rockhal demeure: AIRBOURNE est-il trop intense que pour s’inscrire dans la durée, ou jouissons-nous ici de la touche puissante mais éphémère qui caractérise l’Excès dans toute sa splendeur…?
Après le collectif FAUVE ≠ (qui serait presque le cheveu dans la soupe du samedi sur la scène principale ?), place au « Meilleur Spectacle Musical » consacré par les Victoires de la musique 2013. SHAKA PONK est de retour avec un nouvel album et un nouveau show plus que jamais colossal qu’ils ne tarissent pas de nous vanter lors de la conférence de presse et, préalablement, sur les ondes de Radio Bleue. Ils apprécient les lieux et le concept du Cabaret Vert, autant que leurs potes de Skip The Use l’année dernière ici-même, et avec qui ils faisaient encore la fête tout récemment, nous narrent-ils….
Et c’est bien on stage que l’électro rock aux effluves funky/punk du groupe prend tout son sens : débauche sonore et orgie visuelle, sueur et énergie se confondent dans un joyeux bordel festif finement travaillé. Un show à la hauteur de la bande son réglé comme du papier à musique, une mise en scène des plus suggestives et puissante, c’est ça la trash Monkey Family qui prend son pied.
Comme une cocotte-minute prête à exploser dont on relâche la pression à doses savamment calculées, question de faire durer le plaisir à la manière d’un orgasme perversement contenu. Ce tableau est néanmoins gâché par un bémol, et de taille pour nous : la censure de quelques uns de nos clichés devant être préalablement soumis au management du groupe avant publication ici-même. Une première en ce qui nous concerne, une triste et disons-le scandaleuse et lamentable première qui ternit le vernis de SHAKA PONK – aux antipodes sans doute de l’effet escompté.
Parano? Schizo? Mégalo? No Pasaran ! Enfin, quand il y aura prescription, revenez nous visiter : nous déverrouillerons quelques uns de ces censored pictures…: