PORCUPINE TREE – SchlossGarten Schewtzingen – 05 août 2023

This is our last show… [blanc]… [long blanc] … [silence]... of this tour. Sacré Steven WILSON, va ! Toujours le mot pour rire et/ou pour brouiller les pistes et/ou pour semer le doute dans les esprits: après avoir annoncé l’année dernière la reformation temporaire de PORCUPINE TREE juste le temps d’un nouvel album et d’une seule tournée puis au revoir, c’est début de cette année qu’il confirme ses propos en précisant urbi et orbi qu’il n’y aura effectivement pas de suite à ces belles et parfaites mais temporaires retrouvailles. Puis de lâcher en interview au dernier Hellfest il y a deux mois qu’il ne faut pas croire tout ce qu’il raconte, ayant la fâcheuse habitude de mentir (sic).

Allez donc savoir si nous assistons ce soir au dernier concert de cette tournée Closure/Continuation 2022-2023 que nous avions découverte l’automne dernier en Allemagne déjà, à Oberhausen… ou si nous assistons bel et bien à l’historique, mythique et ultime prestation de PORCUPINE TREE. Quoi qu’il en soit, le band met de toute façon la clé sous le paillasson dès ce soir pour une durée indéterminée. Closure/Continution: Wilson ne pouvait baptiser d’une plus adéquate appellation ce dernier album, cette dernière tournée, cet ultime concert…

C’est ainsi dans un recoin des 100 hectares (!) de parc et de jardins à la française du Château de Schwetzingen que PORCUPINE TREE décide de tourner une dernière page – du livre, ou du chapitre, l’avenir donc nous le dira. Quel plus élégant cadre pour ce dandy de Wilson toujours exquisement british, so british avec son parler plus puriste que celui du plus distingués des speakers de la BBC et à l’humour plus british que jamais.

20h00 précises, très précises: PORCUPINE débarque sur scène, Wilson tout jovial et une bouteille de bière à la main en même temps que les premières gouttes d’une pluie provisoirement éphémère tombent sur Schwetzingen. Pas de quoi désoler un Steven lâchant que la pluie n’est pourtant pas du tempérament de PORCUPINE. Et bam ! de nous envoyer fissa un Blackest Eyes dans les gencives pour donner le ton, suivi d’un Harridan de derrière les fagots, prétexte pour tourner à la rigolade l’absence de son bassiste Nate Navarro – retourné en précipitation aux States en pleine tournée pour urgences familiales. Harridan, débutant par un riff de basse précisément, est pour Wilson l’occasion de présenter au public « the funky invisible bassist » tout juste avant que la sono ne crache les notes attendues.

Remarquable prouesse technique, magie de la technologie (et il sait bigrement de quoi il parle, le bougre) permettant au band de poursuivre sa tournée sans bassiste mais sans que le show n’en pâtisse non plus le moins du monde. Prouesse ou tour de passe-passe que ce set de 02h15′ garni d’une ligne de basse complexe et alambiquée comme on la connait sans l’ombre du moindre bassiste sur les planches. Même si visuellement il y a un manque…

Septante-cinq minutes et neuf morceaux plus tard, intermission de vingt minutes. Le second set débute avec une intense mais heureusement courte averse avant d’enchaîner avec Anesthetize, Wilson ironisant qu’avec ce long, long morceau, il nous verra plus trempés à la fin qu’au début – ah ah ah, petit comique va – quand il ne fait pas la promotion d’une de ses dernières rééditions deluxe remastérisées et comptant quantité de bonus-tracks ne justifiant pourtant pas son prix de vente honteusement surestimé et surfait pour ce que c’est. Ou de constater une surabondance de t-shirts estampillés PORCUPINE TREE qui semblent manifestement bien neufs par rapport à l’époque où ils devraient dater…

Y aurait-il dans l’assemblée un survivant de son premier concert allemand donné dans une sombre cave de Munich au siècle dernier devant 30 personnes? A moins qu’ils ne soient tous déjà morts, s’interroge-t-il. A ses côtés, ses deux fidèles et historiques acolytes: Richard Barbieri aux claviers (et à la programmation, comme le précise ironiquement un Wilson constatant que son claviériste trop concentré ne répond pas à une de ses interpellations) et l’époustouflant Gavin Harrison toujours aussi exceptionnel derrière les fûts. Et une nouvelle tête se cache (presque) stage left: à la six-cordes tantôt rythm tantôt lead guitar, et aux backing (parfois lead) vocals: Randy McStine, à la hauteur de ses prédécesseurs même si John Wesley restera à jamais le couteau suisse parfait.

Si Closure/Continuation avait été joué dans son intégralité à l’automne dernier en début de tournée, parsemé de-ci de-là dans la set-list, il n’en est rien ce soir pour cette dernière date de cette même tournée éponyme qui nous nous transporte dans le temps et nous fait voyager dans la discographie de PORCUPINE TREE. Anesthetize demeure encore et toujours une des (la ?) master-pieces incontestables et incontestées durant ce paroxysme orgasmique d’un bon quart d’heure – l’orgasme paroxysmique du show. Impossible de réfréner un frisson qui nous parcourt l’échine à l’impensable idée, à la seule pensée que nous vivons peut-être présentement un dernier instant, unique et intemporel à graver dans le marbre neurologique de nos mémoires. Oui, nous étions avec PORCUPINE TREE à Schwetzingen ce 05 août de l’an de grâce 2023, pourrons-nous fièrement dire plus tard…

Loreley’s Night Of The Prog Festival : Nick MASON,… – 14 juillet 2023

Un cadre unique. Un décor splendide. Une infrastructure remarquable. Un site idyllique. Et une qualité sonore et acoustique sans nulle pareille: une perle rare et précieuse, un modèle du genre absolu, un exemple bluffant pour tout ingé-son amateur ou professionnel (… et celui d’Iron Maiden en premier lieu vu la catastrophe sans nom d’hier soir à Anvers). Nick MASON clôture cette première des trois journées du Loreley’s Night Of The Prog Festival en nous réservant un Tribute to Syd Barrett de toute beauté. Une merveille. Un véritable bijou offert dans un écrin à l’image de l’amphithéâtre du site de la Loreley, en surplomb d’un Rhin encore plus romantique sous un soleil couchant, rougeoyant à l’horizon et irradiant cet amphi open air…

Le show de MASON débute à 23h00 pétantes en larguant une première bombe nucléaire: One Of These Days éclate à la figure de l’assistance comme un missile à sous-munitions largué au-dessus du site. Un son d’une puissance inouïe qui n’est égalé que par la seule pureté et limpidité d’une sonorisation tout bonnement remarquable. Non: exceptionnelle. Les caissons de basse font trembler l’atmosphère d’une onde parfaite qui se propage sans doute jusque Coblence, tandis que la communion des autres fréquences à l’unisson doit atteindre un seuil de perfection proche du nirvana.

Puis… Ping. Ping. Ping… Echoes – pour ne citer qu’un autre titre de la set list – confère aux lieux comme un sentiment de déjà vu, de déjà entendu en magnifiant le site sous la voûte étoilée, même si Loreley n’est pas Pompéi (mais on n’en est pas loin). Nick MASON – admirablement épaulé par un Guy Pratt qui semble donner le tempo – a choisi l’amphithéâtre de Loreley pour étrenner la première date de son Saucerful of Secrets Tour 2023 : s’il s’agit de notre première rencontre avec le légendaire et sémillant septuagénaire, reste maintenant à solliciter les astres que ce ne soit pas la dernière.

Le grand absent de cette première journée du 16ème Night Of The Prog Festival n’est ni plus ni moins ce cher Alex-Henry FOSTER. Notre Québecois préféré a de fait déclaré forfait en début d’année pour d’impérieuses raisons médicales qui le tiennent éloigné des scènes toute cette année. Cette regrettable et regrettée absence nous prive d’un second moment d’intense bonheur en ce vendredi 24 juillet 2023, pâlement compensé par une affiche fort inégale, trop éclectique et trop progressive à notre goût. ABEL GANZ enchaîne à TIME SHIFT ACCIDENT, avant que ne s’ensuivent un AGUSA ma foi pas trop mal léché avant une Anneke Van GIERSBERGEN à la voix cristalline puisant largement dans le répertoire de Kate Bush. Avant la prestation du maître de cérémonie MASON, les ex-Camel et ex-Magenta de CYAN clôturent les festivités avec un prog plat, soporifique et sans éclat ni relief dans la plus pure veine des pires Genesis – c’est dire (pauvre Loreley…).

IRON MAIDEN – Sport Paleis Antwerps – 13 juillet 2023

Jamais entendu, jamais subi, jamais enduré une telle bouillie sonore, que ce soit au Sportpaleis ou ailleurs… Une sonorisation parfaitement insupportable et tout à fait indigne des seigneurs que demeurent pourtant IRON MAIDEN à travers les décennies qui s’accumulent à leur compteur – même si le band semble ce soir en mode automatique, en mode routine, sans grande spontanéité ni écart apparent à l’égard d’un scénario rodé de longue date et d’un déroulé millimétré. Cette partition sans faute – mais sans peps non plus – pourrait s’expliquer par la longueur de cette tournée mondiale et l’accumulation des shows qui s’enchaînent sur les cinq continents. Le set nous réserve une part (trop) belle à leur dernier Senjutsu, délaissant les standards et les intemporels du band à Dickinson, lequel se pointe sur scène dans un look à la Karl Lagerfeld d’un goût pour le moins douteux. Ecart qu’on lui pardonnerait aisément si la sono était au moins à la hauteur, mais que nenni: ce n’est pas une honte mais rien moins qu’un lamentable scandale. Ce n’est pas triste, mais honteux et indigne.

Le visuel qu’offrent les deux écrans géants surplombant la scène de part et d’autre sont loin de compenser cet impardonnable faux pas: peut-être aurions-nous dû quitter la fosse pour bénéficier d’une meilleure expérience acoustique ? Jamais ne le saurons-nous, a fortiori dans un Sportpaleis plein comme un oeuf et toujours aussi impressionnant pour la rétine. Mais c’est avant tout pour l’ouïe que nous étions présents, pas (uniquement) pour le spectacle. Même The RAVEN AGE qui opéraient en opening act bénéficiaient d’une meilleure sonorisation – c’est dire. Tout est dit. Punt. Punt aan de lijn. Triste. Décu. Et surtout furieux…

SJOCK Festival 2023 : Fu Manchu, Marky Ramone, Zeke, The Spits, Eagles Of Death Metal,… 08 juillet 2023

Comme on l’apprécie, notre annuel et sans pareil R’n’R Highlight of the Year! Le thermomètre affiche 34° à l’ombre et, une fois n’est pas coutume, la soirée campinoise sera d’une anormale douceur. Et quand on parle de douceur, on ne fait référence qu’à la température – pas à l’affiche de cette 47ème édition qui, ne nous y détrompons pas, oscille toujours entre garage-rock, punk et punk-rock quand pas bluesy ou tout simplement boogie et vintage. Seule ombre au tableau de ce samedi 08 juillet 2023, un mièvre, mou et tout bonnement soporifique EAGLES OF DEATH METAL qui officie pourtant en tête d’affiche de cette seconde journée.

Erreur de casting de la part de la programmation ? On ne le saura jamais, même si le public réserve néanmoins un accueil chaleureux aux rescapés du Bataclan, pourtant si éloignés de l’ADN du Sjok. D’ailleurs sans doute vivent-ils aujourd’hui davantage sur leur « acquis », sur leur macabre et lugubre renommée que sur leur production pour le moins inégale et leurs mièvres prestations (comme nous l’avions déjà tristement constaté lors de l’édition 2019 du Hellfest).

Un show affligeant tant sur le fond que sur la forme – le cheveu dans la soupe de cette programmation qui affiche pourtant traditionnellement un sans faute. Depuis le drame du Bataclan, on savait Jesse Hughes parano ou mytho – quand pas tout simplement gros con (oui, gros con, après ses lamentables prises de position limite complotistes postévénements): ce soir, c’est escorté de deux gardes du corps qu’il quitte son tour-bus pour monter sur scène alors qu’il s’est baladé tout l’aprèm backstage comme si de rien n’était. Soit. Soit.

Hormis ce faux pas, le samedi 08 juillet 2023 affiche néanmoins un tableau de chasse pour le moins relevé. A tous seigneurs, tous honneurs – au pluriel car deux formations briguent incontestablement la palme de l’auteur de la claque de la journée: FU MANCHU ou Marky RAMONE ? Marky RAMONE ou FU MANCHU ?

Longtemps encore nous souviendrons-nous de ce premier face-à-face avec le quatuor californien qui met littéralement le feu aux planches du SJOCK. Les maîtres du stoner (parmi certes quelques autres pointures de classe mondiale de leur acabit) nous assènent une trempée de derrière les fagots en délivrant le set parfait – ou quasi.

Une puissance de feu redoutable, un mur du son impénétrable et une rythmique métronomique pour une prestation ébouriffante sans chichi sans manière qui balaye une bonne partie de leur discographie. Ce dernier concert clôture de main de maître un European Tour rikiki mais totalement maousse costaud. FU MANCHU décape. FU MANCHU dépote. FU MANCHU règne. Ô my Godness.

Autre règne, autres temps, autres lieux, autres moeurs : sur la côte Est cette fois, règnent à New York de manière impériale dès les mid-seventies les frères RAMONE’S. Le dernier des survivants de cette glorieuse épique époque (et tic et toc) se prénomme Marky. My name is RAMONE, Marky RAMONE. Après quelques pompes devant la porte de sa dressing room pour se chauffer les muscles, notre fringuant septuagénaire moulé dans un short legging noir se dirige alertement vers la scène. On ne perd pas une miette de ces moments sans pareils et collons (discrètement) aux basques d’une de ces dernières légendes vivantes de la grande époque du punk-rock US.

La tignasse plus qu’abondante, noire de jais comme c’est Dieu pas possible, le lascar (extravagamment perruqué, faut pas pousser) n’a rien perdu de sa superbe ni surtout de sa forme jouvencelle. Efficacement entouré de trois acolytes du meilleur ton, bien à l’image, en symbiose et dans le moule parfait de leurs illustres prédécesseurs qui tiraient plus vite que leur ombre, le Marky RAMONE’s Blitskrieg nous déroule le plus que parfait best-of de la discographie RAMONES.

Comme un moment d’intemporalité… Flash back et madeleine de Proust, plongée en profondeur presqu’en apnée dans nos plus tendres années R’n’R High School non sans une encombrante boule au ventre en repensant à toutes ces années écoulées depuis. Coup d’oeil sur la set-list scotchée sur les planches avant que le set ne commence: le rappel mentionné avec un point d’interrogation restera sur papier, et uniquement sur papier: ce n’est pourtant pas faute d’avoir été réclamé à corps et à cri par un public chaud comme une baraque à frites…

Les Amerloches sont décidément à la fête ce samedi, et d’une côte à l’os – pardon: d’une côte à l’autre. Retour sur la West Coast: c’est de Seattle qu’arrive un autre quatuor dans la plus pure veine des 4 frères New-Yorkais : ZEKE. Comment dire, comment dire…? ZEKE doit être l’enfant caché de MC5 et des Stooges concu lors d’une partouse avec les Ramones – quant à connaître l’identité de la mère porteuse présente à cette partie de jambes en l’air….

Un set d’un seul tenant empêchant le plus affûté des néophytes de comptabiliser le nombre de morceaux joués tant ils s’enchaînent à la ramasse. Ca vous situe le niveau, ça te situe le style, ça situe l’intensité de la rafale? de quoi ramener la plus performante des sulfateuses au niveau de la cadence de tir d’un lance-pierre…

De quoi faire passer The BOOGIE BEASTS qui prestent dans le chapiteau pour des enfants de choeur à qui l’on donnerait le Bon Dieu sans confession. Le trio qu’on avait vu la dernière fois sous cette formule à trois est maintenant quatuor devenu, et la formule est 200% gagnante. Si passer de 100 à 200% est toutefois une vue de l’esprit, la formation n’en manque pas non plus, et ce n’est pas peu dire sous un chapiteau que The BOOGIE BEASTS transforment en fournaise. 100° ne brûle pas moins que 200° quand on met le doigt dedans la flamme…

From Kalamazoo, Michigan, (avant de migrer à Seattle, eux aussi) encore des Ricains qui ont traversé l’Atlantique rien que pour nous: en ouverture d’après-midi, tâche souvent ingrate, The SPITS lacent les hostilités de cette seconde journée de Sjock. Basique voire élémentaire, sans trop de relief non plus, leur leur folk-garage-punk est à l’instar du titre de leurs six premiers albums très savamment prénommés I, II, III, IV, V et VI. Du petit lait pour commencer la journée, quoi. Qu’on terminera le lendemain même heure quasi avec HOLY GHOST qui nous revient du Danemark, sur la mainstage cette année contre le marquee lors d’une précédente édition.

Your Rock’n’Roll Highlight Of The Year a une fois de plus tenu toutes ses promesses et n’a pas démenti sa réputation. Comme le bon vin, il bonifie avec l’âge en se dirigeant à petit pas vers sa 50ème édition en pulvérisant même son record d’affluence le dimanche en accueillant pas moins de 11.000 festivaliers. Ou comment rester convivial et familial, Petit Poucet dans la cour des Ardentes et autres Baudet’stival qui, le même weekend, ne jouaient manifestement pas dans la même catégorie: on parle ici de Your R’n’R Highlight Of The Year, pas de guimauve, de soupe ni d’insipide variété électronique pour adolescent(s) pas encore secs derrière les oreilles …

Now online : MONSTER MAGNET – Garage, Saarbrücken – 22 juin 2023

Space Lord Motherfucker – mais ce soir en version live uncut / uncensored dans un Garage de Saarbrücken qui ne fait étrangement pas le carton plein. Pourtant… pourtant MONSTER MAGNET reste et demeure Space Lord, King of Stoner, Master of Space. Quel band plus emblématique pourrait-il incarner le plus puissante synthèse qui soit du rock, du psychédélisme, du space et du stoner…? Aucun. Punt aan de lijn. Now online et toujours dans notre galerie de portraits : last & latest footages, shootings & reviews « From backstage to frontstage ». NO Photoshop. NO Ligthroom. NO RAW format. NO numeric nor digital overdub : ONLY pure one-shot JPEG !

MONSTER MAGNET – Garage, Saarbrücken – 22 juin 2023

Le t-shirt estampillé Hawkwind que porte Windorf en montant sur scène donne immédiatement le ton, à l’instar de son froc sans forme ni allure qui tombe en accordéon sur ses imposantes pompes de chantier. Il n’est pas ici pour prendre part à un défilé de mode ni pour faire de la simple figuration, le Dave, il est en configuration usine, genre haut-fourneau, mode coulée continue et métallurgie lourde. Windorf n’a jamais fait dans la dentelle mais sa broderie finement ciselée pèse pourtant bien, bien lourd…

On n’est jamais déçu d’un MONSTER MAGNET. Jamais. Et ce soir ne fait pas exception dans un Garage qui n’a étrangement pas fait carton plein. MONSTER MAGNET ne déçoit donc jamais, et sa puissance de feu n’a d’égale que sa rémanence au fil des ans, entre deux tournées : un set de même pas une heure et demi mais qui a été mené comme à l’accoutumée tambour battant, sans temps morts aucun, tout juste de quoi reprendre son souffle entre deux rafales. Et encore, à peine le temps prennent les lascars de nous laisser recouvrer nos esprits que le train fou est déjà reparti à l’assaut d’un nouveau col : puissance collective pour un impact maximal.

L’impétueux et tempétueux Windorf semble traverser les âges sans en prendre, tout comme d’ailleurs ses fidèles acolytes qui l’entourent depuis bien longtemps maintenant. Plus soudé et plus compact que jamais, d’une cohésion sans faille, MONSTER MAGNET nous offre une set-list qui s’apparente davantage à un very-very-best-of qu’à autre chose. Un concert-sauna comme on n’en fait plus beaucoup, du moins avec des pointures qui n’ont plus rien à prouver.

Quand on n’a rien plus à gagner, lorsqu’on n’a même rien à perdre, on se lâche. Et quand on se lâche, quoi de plus paroxysmique que le lâcher-prise made in MONSTER MAGNET ? Surviennent alors les moments les plus improbables, les plus spontanés, les plus puissants et les plus musclés, tels l’impact d’un mur du son qui s’adjoint les services d’un tsunami.

A force de ne pas (trop) se renouveler, certains plongent et disparaissent. Au contraire de MONSTER MAGNET qui ne fait que repousser toujours plus loin, toujours plus haut son stoner sismique dont ils demeurent aujourd’hui plus encore qu’hier l’étendard, la référence, le porte-drapeau d’un genre dont les acteurs ne manquent pas mais qui ne font qu’attendre leur heure (de gloire). Gloire aux Pères Fondateurs dont les élèves ne sont pas près de dépasser les Maîtres. Amen.

SAINT AGNES, the band for those who dare to be different – annonce la réclame. Comme quoi la publicité n’est pas toujours mensongère. Les quatre Londoniens emmenés par leur tigresse transforment cet opening-act en un joyeux bordel aussi bruyant que finalement festif entre post-punk et vintage rock’n’roll délavé à l’acide. Un court set à l’image des gambettes de sa chanteuse: émoustillant et affriolant.

Now online : SLIPKNOT + The BLACK KEYS à la Rockhal de Esch-sur-Alzette

Les jours se suivent et se ressemblent, et il en est de même de la scène de la Rockhal qui accueille pourtant successivement ces 14 et 15 juin 2023 des lascars sans guère de points communs. SLIPKNOT, entre toutes ses têtes d’affiche des plus grands festivals européens, prend le temps et la peine de terrasser de son nu-métal et de son show une salle blindée-massacre. Le lendemain, The BLACK KEYS – également en tête d’affiche de bien d’autres festivals – font davantage dans le root , efficacement secondés d’un redoutable quatuor et supportés par une mise en scène peu commune.

Now online et dans notre galerie de portraits : last & latest footages, shootings & reviews « From backstage to frontstage ». NO Photoshop. NO Ligthroom. NO RAW format. NO numeric nor digital overdub : ONLY pure one-shot JPEG !

The BLACK KEYS – Rockhal @ Esch-sur-Alzette – 15 juin 2023

Accompagnés d’un puissant quatuor sorti d’on ne sait trop où (aussi bien de la Jamaïque que du fin fond du Mississippi Delta selon les morceaux), The BLACK KEYS déboulent humblement sur scène et débutent leur set d’un sobre et suffisant « Good evening Luxembourg ». Un large écran LED à travers lequel transperce ponctuellement le flash de puissant spots donne aux lieux une dimension trompeuse, encore amplifiée par un light-show mobile et savamment articulé du meilleur effet. Mais toute cette mise en scène – finalement sobre et simple – n’est qu’inutile artifice pour un duo (devenu sextet) dont la set-list se suffit amplement à elle-même.

La batterie de Patrick Carney est située au bord de la scène, la vraie attraction scénique du groupe. Auberbach ne se prend pas au sérieux et se tient à sa gauche, le reste du groupe à l’arrière. La setlist couvre les deux décennies d’activité du groupe – de quoi simplement faire le job – jusqu’au rappel et son Little Black Submarines qui secoue enfin le cocotier avant que The BLACK KEYS assènent un grand coup de pied dans la fourmilière avec le survolté Lonely Boy pour clôturer un set tout simplement bon…

SLIPKNOT – Rockhal Esch-sur-Alzette – 14 juin 2023

Cela fait plus d’un quart de siècle que SLIPKNOT joue à faire peur, même si l’on n’a jamais vraiment accroché à cette formule connue mais qui continue de fonctionner. SLIPKNOT est en tête d’affiche de tous – oui, de tous – les festival européens et US, et même pour la 5ème fois en haut de l’affiche du Download pour ce que la presse anglaise rapporte déjà être la prestation la plus aboutie en 20 ans de festival, le meilleur set de deux décennies de décibels @ Castle Donington ! Et malgré tout ça, les gars de l’Iowa font ce soir le détour par la Rockhal, excusez du peu.

21h03, extinction des feux. Des explosions retentissent et des flammes jaillissent non loin du pit-photo, de quoi faire sursauter les quelques photographes que nous sommes. C’est parti mon kiki, dans une furieuse salve d’ouverture de feux d’artifice, de flammes et de riffs qui ouvrent les hostilités. Le décorum est classique avec les deux plateformes installées de part et d’autre de la scène pour accueillir les énormes fûts tandis que la batterie trône au centre..

« Ma voix est HS ce soir, je ne sais pas ce qui se passe, mais pas moyen qu’on annule ce show !» balance un Corey Taylor en forme pourtant olympique avant de suspendre le show quelques instants pour s’assurer qu’un fan tombé au sol allait bien.

Si Taylor a du mal avec sa voix, cela ne s’entend pas – ou guère, au milieu d’une Rockhal qui rugit comme rarement. Les gars sautent et rebondissent sur la scène, sautant des plates-formes, tandis qu’un baril se fait battre à coup de batte de baseball enflammée. Ouais, on en a pour ses sous (97 € quand même au guichet du soir avant que le sold-out ne soit prononcé): SLIPKNOT a marqué un grand coup ce soir, même si l’on reste quant à nous sur le quai à regarder le train passer plutôt que de grimper dans ce redoutable Iowa Express. La prochaine fois, peut-être.

ALBERT BLUES BAND – Op Der Trap – Rombach – 09 juin 2023

Première (et peut-être) dernière date internationale de l’ALBERT BLUES BAND World Tour 2023. Ou quand les frontières du vaste Royaume de Belgique – en son bastion le plus retranché de Gaume – sont trop étroites pour un band d’envergure et qu’il faut pousser les murs pour faire place au talent de petits jeunes. Enfin… petits, oui – jeunes, ça reste à voir (ou ça laisse sans voix).

Un bistro du terroir (à quand même une vingtaine de mètres de la frontière belgo-ardennaise, excusez du peu), de bonnes bières spéciales comme le terroir en produit rarement, un public de connoisseurs et une set-list de Dieu le Père à faire damner sa Sainte-Trinité, roulez casquettes c’est la foire aux chapeaux ! C’en devient d’ailleurs une ritournelle, avec ALBERT BLUES BAND: gloire aux seniors et à leur progéniture.