Erja LYYTINEN @ Spirit of 66 – Verviers, 08 novembre 2021

Tel le phénix, le Spirit of 66 renaît de ses cendres. Non seulement victime d’une année et demi de crise sanitaire à l’instar de tout le secteur événementiel, ce haut-lieu du circuit a en outre subi de plein fouet le tsunami qui a frappé Verviers en juillet dernier. L’épais et robuste volet métallique, rideau de fer, a joué à merveille son rôle protecteur en évitant que le ras-de-marée ne ravage tout l’intérieur du club comme ce fut le cas dans toutes les habitations voisines. La Place des Martyrs n’a jamais aussi bien porté son nom, et le décor de désolation demeure tel près de quatre mois après la catastrophe meurtrière. Quelques décimètres d’eau « seulement » ont occasionné d’importants dégâts aux sols et sous-sol du club, mais ont épargné la majeure partie du matériel et des murs – toute proportion gardée évidemment. Et le grand cirque de reprendre progressivement place au Spirit depuis le mois dernier déjà, grâce à la solidarité et aux incroyables efforts de rénovation et de réparation déployés par le patron des lieux.

Le show de Erja LYYTINEN au Spirit of 66 est pour nous particulier à plus d’un égard. Tout d’abord parce que notre tout premier concert à subir les affres du lockdown sanitaire du printemps 2020 fut celui de Russ BALLARD prévu ici-même le 14 mars 2020. Principe de précaution: le concert fut annulé par un Russ pour le moins visionnaire, quelques jours seulement avant que le confinement généralisé ne soit édicté par les autorités européennes. Comme une relique du Monde d’Avant qui nous inciterait à ne pas l’oublier, l’affiche de cette tournée annulée en dernière minute demeure – comme un coup de poing dans la figure – en bonne place à l’entrée du club, nous rappelant le caractère dramatique de cette époque exceptionnelle et peut-être pas révolue.

Le concert de ce soir est ensuite particulier dès lors que le premier show auquel il nous ait été donné de prendre part après ces confinements à répétition fut précisément celui d’Erja LYYTINEN, à l’occasion du Blues Festival de Gouvy début août dernier. C’est dire combien son concert, et de surcroit ici-même, représente une double charge émotionnelle et symbolique d’un début et d’une fin (provisoire?) de crise…

Notre Erja, toute en professionnelle qu’elle est – et toute en nordique beauté – débute son set à l’heure précisément dite (20h30) devant une audience modeste mais enthousiaste. 40 minutes plus tard, la Finlandaise d’annoncer une pause avant de relancer ensuite la machine pour un second set nettement plus énergique et plus convainquant – entendez plus emballé et plus emballant. Même les réglages de la sono semblent mieux ajustés à une prestation qui s’en ressent manifestement.

En toutes choses, la première fois demeure éternellement la première de toutes. Il en va de même pour Erja LYYTINEN dont notre première expérience avait laissé en nous une impression absolue. Il semble en être différemment ce soir, à l’issue d’une prestation plus irrégulière marquée de momentums inégaux à mettre peut-être également sur le compte d’une audience moins portante que ne l’était celle de Gouvy cet été. A moins que nous fassions le difficile et la fine bouche, oubliant dans le feu des 6 cordes que la plus belle femme du monde (désignée « The Best Guitarist of the Year” aux European Blues Awards 2017) ne peut donner que ce qu’elle a ?

Preview : The PINEAPPLE THIEF & Brother Alex Henry FOSTER @ Bruxelles, 27 octobre 2021

Retour à notre chère Ancienne Belgique après bien plus d’un an et demi de pause sanitaire loin d’avoir été salutaire. Et pour quelles prestations d’anthologie livrées par un certain mais surtout hallucinant et irradiant Alex Henry FOSTER (vous connaissiez ? nous, que nenni) en éblouissant opening act de The PINEAPPLE THIEF ! Il y a des soirs comme ça où les étoiles s’alignent comme par magie sans crier gare, le jour même ou (feu ?) Porcupine Tree envoie d’étranges signaux dans le cyber-espace et d’interpellants signes cabalistiques sur les réseaux sociaux… relayés par Gavin HARRISON himself. Il y a de ces coïncidences qui ne peuvent en être, isn’t it?

(… clichés en primeur dans notre Hall of Fame)

The PINEAPPLE THIEF + Alex Henry FOSTER – Ancienne Belgique @ Bruxelles, 27 octobre 2021

Il y a de ces soirs où l’on n’imagine pas l’ombre d’un seul instant qu’une perle vous attend dans un écrin dont vous ne soupçonniez même pas l’existence: Alex Henry FOSTER est de celles-là. Il y a de ces atmosphères, de ces ambiances et de ces rencontres d’une densité telle qu’elles ne peuvent pas davantage se narrer: on ne peut que les vivre, et Alex Henry FOSTER en fait aussi partie. Au point que The PINEAPPLE THIEF peut ensuite venir et même être mauvais – ce qui fut tout sauf ça, que du contraire – FOSTER même s’il n’officie qu’en première partie aura fait notre soirée. Non: notre année. Pour ce qui est donc de la tête d’affiche, les bourrins de seconde zone argumenteront que The PINEAPPLE THIEF ne fait qu’exploiter le filon et la veine laissée en jachère depuis la dissolution de PORCUPINE TREE il y déjà 10 ans de cela. Et quand bien même serait-ce le cas, réussir un tel exercice n’est pas donné au premier surdoué venu. Bruce Soord et son timbre de voix, tout autant que les harmonies en background vocals, ne feront que renforcer cette sensation et cette filiation…

Mais ces raccourcis mal venus feraient fi de la présence de Gavin HARRISON aux drums depuis 2016, chaînon manquant (ou plutôt liant) entre les fûts de (The) PORCUPINE TREE et les drums de The PINEAPPLE THIEF (tiens, tiens, TPT en abrégé tous deux, vous m’en direz tant…). Sa frappe et sa polyrythmie si particulière, reconnaissables entre mille, demeurent un exercice de très haut-vol et renforce s’il le fallait encore la complexité de ces compositions à tiroir, architecturées telles des pyramides : une base large et solide pour pointer tout en finesse vers l’infinité du ciel.

Qu’on le veuille ou non, certaines sonorités de cet alt-prog-rock hors catégorie sont frappées du sceau Steven WILSON avec un son solidement ficelé, sans samples trop simples ni autres trucs bidon. L’explication que ce même Wilson ait signé The PINEAPPLE THIEF sur l’un de ces labels se suffit sans doute à elle-même. Mais s’en contenter serait faire fi de l’empreinte incontestable de Gavin HARRISON qui a littéralement métamorphosé un voleur d’ananas qui, auparavant, nous indifférait presque.

Pour leur seconde venue à Bruxelles, The PINEAPPLE THIEF est un des premiers bands étrangers et d’envergure à fouler de nouveau les planches de l’Ancienne Belgique post-covid. Sa configuration full-assise, sans même un semblant de fosse ni de pit-photo, rend les lieux plus intimistes que d’habitude, même si celle-ci nous l’avons perdue depuis plus d’un an et demi. Nos jetons-boissons qui trainaient dans un fond de tiroir depuis lors ont toujours cours: une chance qu’il y ait encore des valeurs sûres qui ne se déprécient pas…

A propos de valeur sûre (au Canada) ou à confirmer (en Europe), de quel tabernacle sort donc cet extraordinaire, cet extraterrestre Alex Henry FOSTER qui officie en première partie avec ses Long Shadows?! Premier band d’outre-Atlantique a fouler les planches de l’AB depuis mars 2020, ces Montréalais au savoureux accent nous en mettent plein les mirettes en nous plongeant dans une atmosphère et dans une ambiance littéralement hors du commun.

Trois compositions seulement (ou n’en était-ce finalement que deux…? (*)) occupent le terrain des 40 minutes de post-rock avant-gardiste qui lui sont dédiées, mais quelle occupation toute en subtilité et toute en finesse. Quelle prestation toute en densité, toute en overdub, toute en texture et toute en loop. Un set éblouissant, atmosphérique, hypnotique, lancinant, hallucinant, instinctif, expérimental, aérien et à la fois musclé et parfois noisy. Nous venions pour The PINEAPPLE THIEF mais repartons le coeur gros comme ça, empli d’une émotion dont nous a submergé cet inénarrable Alex Henry FOSTER & The Long Shadows.

Depuis longtemps une prestation ne nous avait-elle plus confronté à une telle emphase, à une telle communion, à autant d’intensité, de grandeur d’âme, d’amour, de pudeur et d’émotions. FOSTER, par sa présence irradiante et un charisme rare, synchronise et orchestre tel un guide ses envolées improvisées où chacun de ces Long Shadows semble à la fois partie d’un tout et organisme à part entière. En un mot comme en cent, ce diable de Montréalais nous a sans conteste réservé la surprise live de l’année.

Les blaireaux de seconde zone dont mention en début de cette review ne manqueront certainement pas d’imputer au contexte pandémique cette plus haute marche du podium que nous attribuons à FOSTER, classement certes tout subjectif et qui n’a de toutes façons pas lieu d’être. Rendez-vous est néanmoins donné lors de sa tournée d’été 2022 pour qui voudra confronter ses sensations et par dessus tout fusionner son karma avec celui d’Alex Henry et ses Long Shadows… Pas le temps d’attendre ? Découvrez alors ici sa vision spirituelle du monde et de la musique (interview de juin dernier).

(*) Alex Henry FOSTER nous précisera quelques jours plus tard: « While it wasn’t sure how many songs were in our 40-minute set, I can confirm that it was 2 and a half. I say that, because the first one, titled “Ouverture” was meant to be used as an intro and merge into the first song, the unreleased “Slow Pace of the Winds”. The other half of our set was destined to our song “The Hunter (By the Seaside Window)”« .

(… autres instantanés consultables dans notre Hall of Fame)

Preview : LIGHTNIN’ BUG & THOMAS FRANK HOPPER – 15 octobre 2021

Now on line : entre deux Orvaulx et trois morceaux de pâté gaumais, l’excellemment bien entouré Thomas Frank HOPPER, avec nos Ardennais préférés de LIGHTNIN’ BUG en opening act – le tout par un beau soir de brame au Rox de Rouvroy qui n’a jamais aussi bien porté son nom: merci Rock’n’Gaume !

(… autres clichés dans notre Hall of Fame)

THOMAS FRANK HOPPER + LIGHTNIN’ BUG @ Rox Rouvroy – 15 octobre 2021

Les affaires reprennent, et en Gaume podt-covid également – même si ce sont nos Ardennais préférés de LIGHTNIN’ BUG qui assurent ce soir la première partie d’une nouvelle étoile montante. Des 600 sièges que compte ce splendide complexe en capacité d’accueillir quasi toute la population communale, seuls quelques uns accueillent le postérieur plus ou moins évasé d’une poignée de connoisseurs. Nous dirons comme d’habitude: tant pis pour ceux qui ont raté le coche…

24 ans d’amitié et de complicité pour les deux lascars qui occupent le devant de la scène avant l’arrivée, sur le tard, du troisième larron aux fûts, il y a des faits qui ne trompent pas. C’est dans la durée et sur le long terme que se forgent la qualité, la constance et la complicité ; LIGHTNIN’ BUG en est la preuve vivante, l’illustration par excellence. Mais aussi très probablement the most underrated band of the Kingdom. Allez comprendre…

Par bonheur, par chance ou par l’intervention d’une quelconque bonne étoile, ce n’est pas le cas de ce sacré THOMAS FRANK HOPPER qui explose telle une nouvelle supernova. Admirablement bien entouré d’un band solide et compact, porté par une vague médiatique et des relais qui croient manifestement (et à raison) en son talent, ce Thomas Frank HOPPER nous fait indéniablement penser par moment à un certain Bonamassa, l’instant d’après à Zappa et plus encore à Cam Cole. Oui, Thomas Frank Hopper, le Cam Cole belge.

C’est qu’en plus, le gamin, il sait diablement bien se servir d’un manche (et mieux encore d’un lapsteel) qui traduit et performe à merveille des compositions d’une maturité inversement proportionnelle à son jeune âge et à sa courte expérience. D’un blues Mississipi porté par une voix à la fois suave et rugueuse à un garage rock endiablé, le répertoire du kid est assurément le fruit et l’aboutissement d’un parcours initiatique peu commun. A moins qu’il ne soit tombé dedans comme Obélix, ou qu’une muse inspirée et inspirante ne se soit un peu trop penché sur son berceau.

Et ce n’est pas Saule, venu en local de l’étape, qui nous contredira lors de la troisième mi-temps. Les Orvaulx partagés en compagnie de tous les protagonistes de la soirée ne sont pas nécessaires pour délier les langues et partager le plaisir retrouvé du vécu commun. Après un an et demi quasi d’inactivité forcée pour la moitié de la planète, les sensations primaires et primales sont bel et bien retrouvées, intactes, tant sur scène que dans l’assistance. Et ça, ce n’était pas forcément gagné d’avance…

(… autres instantanés dans notre Hall of Fame)

** CABARET VERT ** alias « Festival Face B » – 28 août 2021 – Preview

Now online : retour aux affaires dans l’excitation du pit photo avec DIONYSOS sur la scène du Cabaret Vert – édition 2021 sous l’appellation Festival Face B – Still A-live. Une édition bien particulière, covid oblige, mais au charme, à la richesse, à la diversité et à l’intégrité culturelles qui font de ce fameux Cabaret l’ovni ardennais sans pareil dans le paysage des festivals. Un peu comme un certain village gaulois, peuplé cette fois d’irréductibles Ardennais pour l’occasion…

Le pari était immense pour les organisateurs: voir grand dans le contexte d’une rétractation généralisée. En raison d’un planning très serré (5 mois), d’un contexte sanitaire contraignant, malgré de nombreuses inconnues financières et réglementaires, le projet s’est construit et modifié en même temps qu’il se dévoilait, à la manière d’un spectacle dont ils auraient construit l’histoire et les décors à vue. Premiers clichés en primeur de ce pari réussi dans notre autre bien nommée GALERIE

CABARET VERT ** Festival Face B ** Still A-Live @ Charleville Mézières, 27 août 2021

Années après années, le Cabaret Vert demeure un OVNI dans le paysage des festivals. Et il reste également notre petit préféré dans ce créneau si particulier des rassemblements festifs multi-culturels. Covid oblige, l’édition 2020 annulée débouche sur une version 2021 passablement remaniée. On a réduit la voilure sans toutefois perdre l’âme et la spécificité du Cabaret Vert, rebaptisé pour l’occasion Face B. L’immense Square Bayard – que l’on découvre pour la première fois vide de ces dizaines milliers de spectateurs et visiteurs – a laissé place à La Macérienne toute voisine: usine désaffectée transformée en une espèce d’urbex artistique, où les sculptures côtoient les DJ et quantité d’autres expressions artistiques se disputent la place à d’autres formes d’art.

Chancre insolite, créatif et beau, la scénographie de ces espaces industriels permet de révéler la capacité de réinvention d’un espace ouvrier. Porté au sens propre par un collectif de bénévoles et d’artistes, la Macérienne en version Face B incarne la notion de résilience, si chère à notre époque… L’illustre bâtiment se transforme de la sorte en un lieu culturel éphémère durant 5 semaines avec un programme aussi intense que réjouissant : concerts, conférences, débats, cinéma, afterwork, expos, activités jeune public, rendez-vous citoyens, food & drinks.

La traditionnelle grande scène a quant à elle déserté le Square Bayard, et le public de se replier sur la seule scène, orpheline, de cette édition 2021 plantée non loin. La petite plaine fourmille de quantité de volontaires et de bénévoles – l’ADN de cet événement – qui désinfectent tables et bancs (pshit-pshit) au fur et à mesure que les quelques milliers de festivaliers s’assoient puis se relèvent pour ailleurs aller déambuler.

Les traditionnelles trappistes belges garnissent la carte des boissons, entre autres mets plus délicats les uns que les autres. Une façon de célébrer le bien vivre à l’ardennaise pour tous les goûts: les végétariens, les pro-barbacks, les allégés, les gourmands, les sans-alcools, les fêtards, les gastronomes, les petits budgets,… L’espace VIP-partenaires-médias installé dans ses murs habituels reste lui aussi un modèle du genre: quand on vous dit que le Cabaret Vert figure dans notre top-list.

Une édition 2021 bien particulière donc sous le signe du covid, avec une affiche tout aussi réduite que la voilure du festival. Pas d’alléchantes grosses têtes d’affiche internationales, la programmation faisant par conséquent la part belle aux nationaux, dont l’absence d’YZEULT annoncée le jour-même pour des raisons de santé. Le local de l’étape Ian CAULFIELD ouvre en fin d’après-midi les festivités sur un mode mineur, presque timide qu’il semble, avant de laisser le champ libre à un DIONYSOS bien en jambes.

Le Mathias prend tout le monde à contre-pied en lançant le show depuis le sommet de la tour de sonorisation, avant de fendre le public et rejoindre la scène via le pit-photo. Une heure trente d’un set bien tonique, alternant moments plus sobres et passages plus nerveux, avant de mettre la clé sous le paillasson au terme d’une prestation bien proprette – une intéressante première en ce qui nous concerne.

Cette programmation moins tonitruante donc que les précédentes, accueille également ce vendredi soir Benjamin BIOLAY. Prenant le relais de DIONYSOS à la nuit tombante, il délivre une prestation tantôt bien énergique, tantôt plus intimiste, déployant en tout état de cause un répertoire dont nous ne sommes ni familier ni particulièrement amateur. Nos clichés n’ayant jamais été validés par le management de l’artiste, nous les livrons finalement en stoemeling – puisqu’il doit en être ainsi. Qui ne dit mot consent…

Ne pas faire au rabais, ne pas se résigner, faire différemment, dans tous les cas s’adapter et par les soirs bleus d’été, quitter les sentiers battus. Les organisateurs ne voulaient pas d’un petit Cabaret mais bien une « Face B », une exploration à la fois d’un temps plus long, d’une jauge plus faible imposée par le contexte et d’un lieu, redessiné. Ces 4 jours de Still A-Live ont ainsi permis aux équipes de bénévoles de renouer avec le plaisir d’un accueil public réussi de 23.000 spectateurs au total. Nous avons quant à nous retrouvé l’osmose entre des artistes heureux de retrouver la scène et un public plein d’énergie vivant ensemble une expérience collective après une si longue traversée du désert durant tant, tant et tant de mois…

PREVIEW : Gouvy Blues Festival @ Ferme Madelonne – 08 août 2021

BACK IN BUSINESS ! Après plus de 17 mois loin, loin, trop loin du rock’n’roll circus, et le rock’n’roll circus bien trop loin de nous – pandemie mondiale oblige – retour aux sources, aux fondamentaux et aux choses sérieuses: back to the roots avec le Blues Festival de Gouvy édition 2021, dans cet inénarrable écrin spatio-temporel de la Ferme Madelonne.

Ni une ni deux, Erja LYYTINEN et son band nous assène carrément le grand jeu à l’occasion de ces retrouvailles post-covid (… on l’espère), près d’un an et demi donc après notre dernier gig. Il faut supposer que The BOOGIE BEASTS ont dû méchamment chauffer la bougre finlandaise au préalable backstage, en décrassant par la même occasion onstage les conduits auditifs de l’audience à l’heure de la tarte et du goûter dominical.

Et comme l’écrit si bien le patron des lieux, le Claude LENTZ, les feux de la rampe à peine éteints :

Back in business – Back online – Stay tuned for more pix & comments! Et comme toujours, clichés exclusifs et en primeur dans notre galerie. Enjoy, Folk’s !

GOUVY BLUES FESTIVAL – Ferme Madelonne @ Gouvy – Dimanche 08 août 2021

Personne ne nous a dit que c’était impossible, donc nous l’avons fait… L’écriteau apposé à l’entrée de cet Utopia moderne met le festivalier au diapason et donne le ton de ce Gouvy Blues Festival. Celui-ci ne fera donc pas l’impasse deux années consécutives, à l’instar de la plupart des (plus) grands festivals de cette année 2021 qui ont derechef remisé la clé sous le paillasson…

Ainsi donc, seule l’édition 2020 sera passée par pertes et profits coronavirus. 17 mois et 4 jours après notre dernier pit-photo lors du concert de SAXON au Trix d’Antwerpen en mars 2020, nous reprenons la route du r’n’r circus et retrouvons les effluves, le thrill et les sensations du live, de la foule, de l’ambiance, de la convivialité, de la promiscuité, des bières qu’on te renverse sur le falzar et de l’odeur des aisselles moites et humides sautillantes à hauteur de ton nez. Alleluiah !

Conjuguant tranquillité et musique de qualité, les habitués savent pourquoi Gouvy is Groovy. Hors du tumulte de la ville, on vient à la campagne chez l’ Claudy par de petits chemins qui sentent encore bon la noisette. L’équipe des volontaires – les derniers guerriers romantiques de cette Utopia – est là pour accueillir le festivalier d’âge relativement mûr, tout à l’image de cet irréductible bastion de la Ferme Madelonne qui résiste encore et toujours à toute mégalomanie et dictature du tiroir-caisse.

Faite de brics et de brocs, de tonnelles instables et d’aubettes tout aussi rudimentaires, cette 41e édition du plus géant des petits festivals résiste ainsi à l’envahisseur contre vents et marées, hors des sentiers battus, dans le parc boisé de la Madelonne. Plus encore que les éditions précédentes, le bosquet madelonnien tient plus du mariage improbable de la jungle de Calais avec la ZAD d’Arlon que d’un festival répondant à la bienséance des normes.

Parce qu’ici, chère Mèdème, il y à à manger à chaque coin d’arbre, à boire derrière chaque buisson, et à rire et causer sous la plus improbable aubette ou la plus squive des tonnelles. Les récentes pluies rendent les sentiers tortueux plus boueux que jamais, au risque de se prendre un arbre dans la tronche ou une branche dans les parties. L’atmosphère lourde et humide du sous-bois maintient bien bas, sous la canopée, les fumées aromatisées des braises où grillent saucisses et hamburgers. La pils (Lupulus, s’il vous plait !) abreuve les gosiers de ceux qui redoutent l’effet long terme des Orvaulx ou la consommation libre de Rochefort. C’est que boissons et musiques riment ici avec qualité et puissance, Môsieur. Et en matière de puissance, l’explosive Erja LYYTINEN sait de quoi elle parle, la bougre, elle qui dispose de tous les arguments nécessaires pour clouer le bec à tout imprudent détracteur.

Tout juste reconnue parmi les 30 meilleurs guitaristes blues au monde « aujourd’hui » par un sondage du magazine « Guitar World », la Finlandaise se hisse 14e aux côtés de pairs et de légendes du genre comme Joe Bonamassa, Eric Clapton, Derek Trucks, Buddy Guy et John Mayer pour n’en citer que quelques-uns. Tout classement étant aussi relatif que subjectif, aux 60.000 (é)lecteurs nous préférons quant à nous l’épreuve du mur: celui au pied duquel on reconnait le maçon. Et en termes de (ma)son, le mur de la Finlandaise est robuste et massif telle une inexpugnable forteresse sonore. La standing ovation que lui réserve le public – par ailleurs debout – ne trompe personne sur la marchandise: elle est de qualité et au pedigree sans discussion aucune. Vivement la revoir au Spirit of 66 en novembre prochain à Verviers pour peu que l’ Francis, propriétaire des lieux, se relève du tsunami des inondations catastrophiques qu’il a subies après avoir été frappé par la crise sanitaire…

Il faut dire que The BOOGIE BEASTS avaient déjà solidement chauffé le chapiteau en milieu d’après-midi, au point de provoquer l’envol probable et la non moins délicate dispersion de milliards de microscopiques variants delta, dans une atmosphère chaud-boulette contenue par la toile faîtière d’un chapiteau suintant de dégoulineries microbiennes.

Des rythmes obscènes et entrainants, un slide hypnotisant, un harmonica hurlant et un chaos de fuzz servent un (variant ?) delta blues électrique à cheval entre les Black Keys et John Lee Hooker (version Rolling Stones) comme si l’on était télétransportés dans l’arrière salle d’un juke-joint du Mississippi.

Tout l’inverse de LITTLE MOUSE & The HUNGRY CATS qui fait méchamment retomber le soufflé. Les Français livrent un set soporifique et creux comme un jour sans pain (et sans vin), ponctué d’interminables interludes et de bavardages aussi inutiles que superflus. Mais à tout chose malheur est bon: cet intermède musical sans intérêt aucun fait le bonheur des pompes à Lupulus et autres aubettes à divins nectars sous les tonnelles de la forêt de Sherwood – voire au bar du Club au charme toujours aussi désuet et suranné.

BIG DADDY WILSON et son BLUES QUINTET peut terminer la soirée: de toute façon, la messe est dite depuis que la Finlandaise a remisé sa 6 cordes dans la valise. Et les petits lutins vont bien vite retrouver la quiétude des lieux jusqu’à la prochaine déferlante de décibels. Ite missa est. Amen.

… is all the World still a Stage ?

From backstage to frontstage, from photo-pit to dressing-rooms, vintage rock’n’roll live pictures through time

NO Photoshop. NO Lightroom. NO Raw. NO bullshit. NO visual overdub

ONLY 100% pure one-shot live JPEG

All the World is STILL a Stage ! Même si, reconnaissons-le, l’avenir du grand rock’n’roll circus semble encore et toujours bien incertain en ce 1er janvier 2021 – voire totalement sombre et à l’horizon terriblement bouché en ce contexte pandémique mondial. Nul ne sait encore quand, où, comment et à quelles improbables conditions reprendront les affaires, ni quand les spots de la rampe pourront reprendre leur éclat et les Marshall retrouver leur couleur incandescente. Bien malin ou bien tordu aurait pu imaginer en mars 2020 que le couperet tomberait sur le r’n’r circus en lui imposant – à lui et au monde entier – une léthargie forcée jusqu’en 2021 (…2022 ?). En attendant de vous retrouver frontstage ou dans le pit-photo lorsque le grand cirque aura repris vie et que nous tous aurons retrouvé nos marques, notre vie, nos habitudes, entretenons cette petite flamme d’espoir en nous replongeant de-ci de-là via nos galeries Facebook et Instagram dans les plus belles pages du livre de notre monde d’avant