Sept musicos sur scène mais qu’une seule guitare : le Steve LUCKATHER, éternel jeune beau gosse aussi fringant que bien lissé, n’a pas eu le temps de chômer en ce chaud soir sold-out à la Rockhal. TOTO n’a pas déçu. TOTO n’a pas non plus surpris. C’est pour ça que TOTO reste TOTO, traversant les décennies, semblant de rien, jusqu’à la prochaine. Et on en sera sans doute encore…
Now online et toujours dans notre GALERYIntensities in 10s Cities:From Backstage to Frontstage, All The World Is A Stage. Et, as usual, pas de chipotage ni de bidouillage avec les photos comme vous en voyez partout ailleurs. Non: ici, c’est NO f*cking Photoshop. NO damn Ligthroom. NO bullshit RAW format. NO holy crap numeric nor digital overdub. NO a.i. feature (artificial intelligence sucks) : ONLY pure one-shot JPEG. Parce que shooter live, c’est comme le real rock’n’roll: c’est spontané, c’est brut de décoffrage et surtout ça doit le rester…
Mais qu’est-ce que c’est mortel et froid ici au Luxembourg alors que c’était le délire à Forest National, nous souffle dans l’oreille un pote photographe qui officiait avant-hier à Bruxelles. Eh oui, mon gars, c’est (bien souvent) comme ça ici, lui répond-on. On ne compte d’ailleurs plus les groupes qui, sur scène, l’ont déjà fait remarquer par le passé, tentant parfois de secouer le cocotier en titillant le public et souvent avec succès faut-il l’avouer.
Ce n’est donc pas (uniquement) la moyenne d’âge de l’assistance qui en est ce soir la raison, composée majoritairement de 3×20 – dont nous sommes désormais – remplissant les gradins garnissant le fond de la Rockhal (ou le balcon VIP, une coupe de crémant à la main). Dieu soit loué, le floor est en configuration debout et non pas assis comme pour la plupart des autres dates de cette Dogz of Oz Tour 2025. Avant-hier à Bruxelles, le public assis jusque dans la fosse n’a été autorisé à se lever qu’à l’avant-dernier morceau, nous raconte-t-on. A quoi a-t-on échappé…!
Rien donc de tout cela à la Rockhal ce soir pour ce qui reste un show TOTO tout ce qu’il y a de plus classique, voire de prévisible: on ne change pas une formule qui marche. Depuis des décennies, serait-on tentés d’écrire. Un tonitruant Child’s Anthem de toute beauté ouvre magistralement les hostilités avant que ne s’enchaîne un déroulé de hits intemporels balayant intelligemment plus de 4 décennies de pépites musicales.
TOTO, notre madeleine de Proust qui nous renvoie en un clin d’oeil aux aux années ’80 et à la bande originale de nos blocus de ces golden eighties, quand Pamela ou encore Angel Don’t Cry ponctuaient nos pauses entre deux syllabi et autres Peter Frampton ou Simple Minds. Time flies, sh*t.
Articulé autour de l’intemporel Steve LUKATHER, patron incontestable et incontesté sur les planches, le band aligne 2 claviers et 2 percussionnistes (d’ailleurs multi-instrumentistes) qui nous gratifient de pas moins de 3 soli, des plus dispensables dirons-nous : deux soli de clavier et un de batterie. Soit. Jazz, funk, jazz-rock, hard-rock, pop, pop-rock, soft-rock, power ballads, rock-FM, rock-symphonique, peu importe l’étiquette dont on affuble TOTO puisque son éclectisme positionne le band bien au-delà et au-dessus des clichés. Et c’est tant mieux.
A la veille de son cinquantenaire, TOTO a connu une renaissance majeure en popularité ces dernières années comme peu de groupes à ce stade de leur carrière, pour autant qu’on considère que la bande à LUKHATER ait été un jour en veilleuse. Décès après départs, retours après come-backs, les line-ups se sont succédés autour du patron sans jamais altérer le standard de qualité auquel TOTO nous a toujours habitués depuis 1976. Même si le grand absent ce soir est David PAICH, complice historique ou quasi de Steve LUKHATER.
Si TOTO semble traverser les décennies sans afficher les affres des années qui passent, il en est tout autrement pour Christopher CROSS, invité de marque sur cette tournée 2025. Débutant son set de main de maître par All right et le terminant en apothéose par Ride like the wind, il nous offre toutefois le meilleur de son alpha et de son oméga. Bravo Monsieur, vous restez un monument pour qui est amateur de fines reliques…
Rockin’ all over the World depuis tant et tant de décennies qu’on en oublierait le caractère mortel de STATUS QUO. De mémoire, mais il faudra que nous vérifions, Rick Parfitt faisait encore partie du line up lors de notre dernier face-à-face avec ces Anglais (presqu’) intemporels. Aujourd’hui, ne reste de la formation originale que le (quasi) immortel Francis Rossi, toujours aussi distingué et élégant, et so British avec son accent roulant les « r » qu’il nous ressort ce soir. Ah, et ce boogie rock comme il y en a pas deux au monde…!
Now online et toujours dans notre GALERYIntensities in 10s Cities:From Backstage to Frontstage, All The World Is A Stage. Et, as usual, pas de chipotage ni de bidouillage avec les photos comme vous en voyez partout ailleurs. Non: ici, c’est NO f*cking Photoshop. NO damn Ligthroom. NO bullshit RAW format. NO holy crap numeric nor digital overdub. NO a.i. feature (artificial intelligence sucks) : ONLY pure one-shot JPEG. Parce que shooter live, c’est comme le real rock’n’roll: c’est brut de décoffrage et surtout ça doit le rester.
Traditionnelles chemises blanches et sempiternelles baskets de même couleur assorties aux têtes d’ampli Marshall impeccablement alignées, pantalons d’un noir identique aux corps desdits Marshall, STATUS QUO nous la joue on ne peut plus classique. Mais c’est aussi pour ça qu’on adore la bande à Francis Rossi, dernier rescapé, dernier Mohican même d’une tribu qui ne compte plus aucun autre membre de la formation originale remontant à 1967 (voire à… 1962 sous sa dénomination originelle The Spectres).
La file docile qui s’allongeait interminablement mais impeccablement rectiligne devant la Rockhal a été progressivement avalée par le Club, laissant franchement pantois quant à son incroyable capacité d’absorption telle un bois-sans-soif. Pas de première partie à l’affiche qui annonce STATUS QUO monter sur les planches à 20h30. Une fois n’est pas coutume, les 4 photographes accrédités que nous sommes ne sont autorisés à officier que durant les 4, 5 et 6ème morceaux (allez comprendre ?!), de quoi passer les 3 premiers morceau côté cour de la scène. Pénétrant par l’entrée des artistes, nous ne sommes toutefois pas autorisés à y accéder avant le commencement du set « pour ne pas croiser le band » (sic !) au moment de sortir d’un des deux impressionnants tour bus garés à l’arrière du bâtiment.
Un virulent Caroline balancé d’entrée de jeu met tout le monde d’accord et annonce la couleur dès 20h31: ça va remuer grave le popotin ce soir pour une assistance bigarrée, composée manifestement de nombreux fans grisonnants (ou plutôt déjà bien dégarnis) de la première heure, et dont pour beaucoup – à observer leurs attitudes, leurs faciès et leurs comportements – ce concert semble être un de leurs premiers du 3ème millénaire. Une gent féminine d’âge (très) mûr détonne également par son nombre important : une soirée décidément pas comme les autres s’annonce.
Les classiques se succèdent aux standards et vice-versa les uns aux autres, avec notamment un (pourtant dispensable) In the Army now qui décroche la palme des coeurs/choeurs et fait l’unanimité, alors que l’intemporel Roll over Lay Down ou les indémodables Down Down ou Whatever You Want en extended version font plutôt notre affaire. Un improbable et imprévu Paper Lane (pourtant absent de la set-list) débute le rappel avant qu’un interminable Don’t Waste My Time ne prolonge le plaisir et clôture un set d’une centaine de minutes duquel il n’y avait rien, strictement rien à jeter.
STATUS QUO, fringant comme de jeunes débutants, démontre à nouveau que leur boogie-rock totalement intemporel soulève toujours des montagnes et s’avère définitivement être un irrésistible trémousse-popotin qui traverse les décennies comme peu, très peu peuvent s’en targuer. Toujours à la recherche de leur 4ème accord, STATUS QUO persiste et signe avec un style aussi simple qu’unique et inimitable, souvent copié mais jamais égalé, doté d’une force de frappe et d’une capacité à faire onduler les foules comme peu d’autres.
Qui a dit qu’il fallait chercher midi à quatorze heures quand on peut faire simple et efficace avec seulement 3 accords, un mur de Marshall, un zeste de british humor, une distinction toute aussi anglaise et un dress-code à la sobriété plus élégante que classique ? Si notre décompte est correct, c’était ce soir notre 9ème STATUS QUO. Oserait-on avouer que l’on attend déjà le 10ème…?
Cela fait bien longtemps déjà que GUNS’n’ROSES n’est plus que l’ombre de lui-même, avec un Axl Rose lourdaud courant après sa splendeur et sa prestance d’antan et un SLASH qui n’a plus rien à voir non plus avec celui qui nous éblouit pourtant à chacune de ses prestations solo – comme ce soir encore une fois, again & again. Pas un bonsoir, pas un mot adressé au public tout le concert durant, si ce n’est en finale pour présenter son vieux complice Myles fuckin’ Kennedy. Ah oui, et SLASH par deux fois (oui : 2 fois!) a souri ce soir, chose suffisamment remarquable que pour être soulignée. Caché derrière ses légendaires lunettes et coiffé de son tout aussi traditionnel haut-de-forme, Monsieur Muscles nous a fait la démonstration plus de deux heures durant qu’il demeure le seul, l’unique, le grand SLASH qui semble traverser les années en bonifiant.
Grand guitariste, certes – mais combien de singes savants ne voyons-nous pas sur YouTube où la technicité n’attend pas le nombre des années avec des mômes qui n’ont pas l’âge de parole et qui te vomissent le moindre solo de SLASH ? Grand guitariste, oui, mais surtout – surtout – compositeur exceptionnel et c’est bien à travers cette double dimension que résident le génie et la magnificence de SLASH. Comme à chacune de ses tournées – et pour qui n’a pas eu la curiosité d’aller fureter online pour au contraire conserver intacte la surprise orgasmique du grand soir – l’incertitude demeure quant au morceau et au moment béni des dieux où notre Musclor va partir en vrille et en délire. Once again, et surprenamment, c’est sur Wicked Stone que l’instant magique survient. A l’instar donc de sa tournée 2019 où, au Cirque Royal de Bruxelles, ce moment de grâce sans nul pareil est entré (et surtout reste) dans le top 5 absolu de tous nos instants musicaux once in a lifetime. Et que dire, que penser de son jouissif Rocket Man qui a dû faire frémir à distance le membre usé d’Elton John?!
Entouré de ses Conspirators qui assurent et qui transpirent maintenant la cohésion après tant d’années, secondé de main de maître par un Myles Kennedy omniprésent et fidèle à lui-même, SLASH demeure bel et bien l’un des derniers grands seigneurs / saigneurs du circuit. Méritoirement installé à même pas 60 berges au Panthéon comme s’il était déjà devenu un respectable dinosaure, les deux ou trois décennies a venir l’assurent d’un couronnement impérial alors que les concurrents ne se comptent déjà plus que sur les doigts d’une seule main. Même un surprenant Mammoth VH aka Wolfgang Van Halen (fils de feu le bien nommé) officiant en opening act ne nous contredira pas…
SIMPLE MINDS ? C’était soirée FLTR le lundi, soirée CESEC le mardi, soirée Agro le mercredi et soirée Sporkot le jeudi. Entre autres. Et pour celles & ceux qui ont connu le meilleur des eighties, mon bon monsieur. Mais il y avait aussi SIMPLE MINDS aux soirées Bio, chez Adèle ainsi qu’au Maphys bien sûr. Quand ce n’était pas SIMPLE MINDS au Réthéo ainsi qu’à la Casa, ou chez les Vétés ainsi qu’à la Lux. Voire même à la Carolo, c’est dire…
Now online et toujours dans notre GALERYIntensities in 10s Cities:From Backstage to Frontstage, All The World Is A Stage. Et, as usual, pas de chipotage ni de bidouillage avec les photos comme partout ailleurs. Non: ici, c’est NO f*cking Photoshop. NO damn Ligthroom. NO bullshit RAW format. NO holy crap numeric nor digital overdub : ONLY pure one-shot JPEG. Parce que shooter live, c’est comme le real rock’n’roll: c’est brut de décoffrage et surtout ça doit le rester. A.I. sucks.
Le grand écart : près de 40 ans de grand écart entre 1985, notre premier SIMPLE MINDS dans le chaudron bruxellois de Forest National, et ce beau soir de 2024. Vertige. Time flies. Ceci dit, l’inconvénient avec cette véritable machine à hits qu’est SIMPLE MINDS – ou le bon côté des choses, c’est selon – c’est qu’une fois le rappel venu, on est en droit de se demander quel tube les Ecossais vont-ils encore réussir à nous sortir de derrière les fagots pour prolonger notre plaisir. Et le leur c’est certain dans une Rockhal ce soir sold out, pleine comme un oeuf et à l’ambiance dance floor (une fois n’est pas notre habitude) plus chaude que jamais.
105 minutes durant, rappel compris, les murs de la Rockhal ont vibré non seulement sur ’81, ’82, ’83, ’84 mais également au son des nineties et de bien davantage encore tant l’histoire de SIMPLE MINDS est une déferlante de succès qui égrènent notre bande-son de bien des décennies. Mais à l’inverse d’autres bands guimauves jouant sur la fibre émotive et émotionnelle de leur public, nous ne sommes pas ici face à une nostalgie dégoulinante, facile et mielleuse mais bien dans la revisite de morceaux cultes exécutés par un vrai band. Pas un de ces groupes recomposés à l’envi au gré des départs des uns et de l’arrivée des autres aussi vite remplacés qu’une vieille chaussette trouée.
SIMPLE MINDS demeure un vrai band, authentique, parfaitement articulé et efficacement huilé autour de l’intemporel noyau Jim KERR / Charlie BURCHILL. Evoluent à leurs côtés des musiciens en parfaite symbiose et interconnexion. « Belfast Child » en est la parfaite illustration avec un Jim KERR ma-gis-tral, quasi a capella par moment, imposant le respect et un silence total – oui : total. Sa voix aussi limpide que puissante, portée par une extraordinaire sono, semble repousser les murs de la Rockhal, devenant un instrument à part entière se mariant tantôt aux autres, se jouant tantôt des autres.
Entamé avec un tonitruant « Waterfront » soutenu par une ligne de basse plus ébouriffante que jamais, le set se termine en apothéose 105 minutes plus tard par un explosif « Sanctify Yourself« . Entre les deux, une déferlante de valeurs sûres mais aussi de quelques perles oubliées ou plutôt repêchées au plus profond de la discographie des Ecossais. Flash-back: « Don’t you (forget about me) » nous avait franchement laissé sur notre faim le 11 décembre 1985 (oui il y a quasi 40 ans et l’on s’en souvient comme si c’était hier) lorsque la bande au jeune Jim KERR avait laissé Forest National continuer son « la lalalala lalalala lala-lalalala… » sans même embrayer pour relancer la machine de plus belle. Ce soir, SIMPLE MINDS ne réitère pas cette erreur de jeunesse…
A la rythmique – ô joie, ô bonheur, ô volupté, ô maestria – Cherisse OSIER fait maintenant intégralement partie des meubles et son charme n’a d’équivalent que la démesure de son talent derrière les fûts: belle complicité qui n’a d’égal que l’efficacité qui s’en dégage. Si SIMPLE MINDS a toujours eu pour habitude de ne jamais nous décevoir au fil des décennies, les Ecossais ont aujourd’hui changé de braquet pour rien que moins nous ébouriffer. Rien de moins.
Pour certains, le black’n’roll des Norvégiens s’agrémente aujourd’hui d’un côté beaucoup plus mid-tempo voire limite pop-punk et donnerait à voir une autre facette de ce sextet dont, pour nous, l’énervement et la débauche d’énergie restent l’in-con-tes-ta-ble marque de fabrique. Faudrait pas non plus nous faire prendre des vessies pour des lanternes, des fois !
KVELERTAK @ Rockhal : now online et déjà dans notre GALERY Facebook « From backstage to frontstage ». NO Photoshop. NO Ligthroom. NO RAW format. NO numeric nor digital overdub : ONLY pure one-shot JPEG
Six Viking sur scènes, dont 3 lead guitars et 4 background vocals : il n’y a pas à dire mais KVELERTAK dépote. Les Norvégiens n’ont certes pas inventé l’eau tiède (ni même la chaude ni la froide non plus d’ailleurs), mais leur black’n’roll s’avère une tornade rafraichissante parce qu’elle ne s’encombre pas de fioritures. On ne fait pas dans la dentelle ce soir, ni dans celle de Bruges pas plus que dans celle de Bayeux ou la métallique de Esch. KVELERTAK, trois lead guitars qui crachent des flammes sans toujours identifier la bouche à partir de laquelle le dragon a choisi de faire parler le feu. KVELERTAK, une rythmique apocalyptique qui monte bloc après bloc son mur de fond à l’avant-plan. Et aux lead vocals, une espèce de pantin hurleur désarticulé qui confond pole bar et pied de micro.
Le black’n’roll de KVELERTAK consiste – comment dire ? – en un mélange de punk hardcore, de black métal et de rock’n’roll – un style aussi improbable qu’est imprononçable l’appellation du combo norvégien. Efficaces et basiques, les compositions prennent néanmoins une toute autre envergure sur scène lorsque la vue décuple l’ouïe – on ne vous parle pas du dress code des gars fringués comme s’ils prenaient le métro pour aller au taf, mais bien d’un sextet qui investit pleinement la scène, l’avant-scène et l’arrière-scène à l’instar d’une bande son qui remplit la boite crânienne jusqu’à son moindre millimètre cube…
Pas une goutte, pas une goutte de sueur ne perle sur le front du batteur à l’issue du set. Comment est-ce Dieu possible ?! A peine une auréole sous les aisselles, peut-être ?! Il y a de ces gars pour qui l’expression « mouiller sa chemise » semble n’avoir aucune signification alors même qu’ils en seraient a priori la plus parlante illustration. A moins que ce Kjetil Gjermundrød (vous nous le prononcerez cinq fois d’affilée avec un marshmallow en bouche) ne performe peut-être pour une marque de déodorant qui en fera sa prochaine égérie masculine ? Ou s’agit-il plutôt d’Håvard Takle Ohr ? On parlerait norvégien qu’on lui aurait demandé…
L’affluence relativement réduite de la Rockhal Club ce soir n’empêche cependant pas ces nordistes de garder leur sens de l’humour. Un silence pesant règne dans le Club entre deux morceaux, alors que les applaudissements se dissipent aussi rapidement qu’ils n’ont surgit la dernière note envolée. De quoi faire susurrer dans son micro notre Ivar Nikolaisen pour chuchoter à l’oreille des chevaux que c’est sans doute comme ça que ça se passe habituellement au Grand-Duché…
KVELERTAK a donc fait le job ce soir, ni plus, ni moins, même s’ils n’ont ménagé nul effort. Manquait probablement un zeste d’interaction et un soupçon de comm’ avec un public aux abonnés absents qui n’a donc guère aidé les Norvégiens à écarter les murs de la Rockhal. CANCERT BATS officiait en première partie: une pâle prestation teintée de clichés et de lieux communs qui amènera autant d’eau au moulin des détracteurs du genre…
The ARISTOCRATS… comment dire…? Comment dire ? Un concert de The ARISTOCRATS ne se raconte pas vraiment. Disons que cette expérience sensorielle se vit davantage qu’elle ne se décrit. C’est un voyage (en absurdie, parfois) qu’on entreprend sans trop savoir où il va nous mener. C’est une escapade musicale dans les tréfonds et les recoins rarement explorés, parfois redoutés, souvent espérés, mais jamais trop prévisibles. The ARISTOCRATS, c’est comme qui dirait un passage obligé pour qui n’en est pas contraint.
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Les amateurs de rock de haut vol, les véritables connoisseurs avaient une date à marquer d’une pierre blanche dans leur agenda : celle du 05 octobre 2023 à laquelle le trio de virtuoses débarquait à la Rockhal pour un concert qui s’annonçait mémorable. Et mémorable, il l’a été. Exceptionnels, ils l’ont été ! Guthrie Govan, Bryan Beller et Marco Minnemann sont définitivement les maîtres du genre, celui d’une fusion audacieuse et improbable de styles allant du jazz au métal, en passant par le funk, le blues voire même la pop.
Et l’on ne parle même pas de leur sens de l’humour particulier : un concert des ARISTOCRATS, c’est 100% de blague, 200% de virtuosité et 300% de complexité pour un résultat global qui frise l’excellence musicale et la perfection mélodique. Quand ce n’est pas au contraire de la dérision totale, lorsque par exemple le trio démonte, dézingue et massacre la bienséance et le bon goût musical élémentaire avec leur Blues Fuckers qui clôture la soirée dans une joyeuse vrille aussi cacophonique qu’hilarante.
The ARISTOCRATS, c’est un voyage musical pour le moins particulier voire hors norme qui perdure depuis plus de deux décennies. Le band se forme spontanément en 2011 à la suite d’une performance improvisée au Winter NAMM Show à Anaheim, en Californie : contents de leur alchimie improbable sur scène, ils décident au pied levé de continuer ensemble après ce concert quasi-improvisé. The ARISTOCRATS conquiert rapidement les oreilles averties d’un public connaisseur et amateur d’humour, de complicité et de virtuosité. Capables de fusionner les influences de chacun de ses membres, The ARISTOCRATS est avant tout une formule synergique et synergétique sans pareille, ou quasi.
Govan impressionne par sa technique et sa musicalité. Beller, confirme sa réputation de bassiste polyvalent et inventif qui a accompagné quantité de pointures. Et last but not least, Marco Minnemann demeure un batteur aussi prodigieux que créatif. S’il collabore avec Paul Gilbert ou Steven Wilson, ce n’est pas pour rien. Et son émouvant hommage rendu à Neil Peart tout juste décédé lors du dernier passage des ARISTOCRATS ici même le 16 janvier 2020 était sans doute annonciateur de sa toute récente collaboration avec Alex Lifeson. The ARISTOCRATS, que des pointures. Et les pointures ne fréquentent que les pointures. Qui se ressemble s’assemble…
Le spectacle est à la fois énergique, humoristique et interactif, où la musique oscille entre complexité et accessibilité, sérieux et décalé, originalité et familiarité. C’est tout ça, The ARISTOCRATS. Et bien plus encore : une extraordinaire complicité et une synchronisation à couper le souffle, les deux allant de pair pour ce band improbable et exceptionnel, pour un des groupes les plus talentueux et les plus amusants de la scène rock instrumental. Parce que ce trio à la technicité imparable et à la virtuosité stratosphérique fait également preuve d’un talent démesuré. Un style inclassable, des riffs lourds et implacables là, des notes de jazz qui s’envolent, plus loin une touche de flamenco…
La création, l’audace et l’originalité sont permanentes et pour autant, le groupe ne perd jamais son public : une vraie démonstration à laquelle un public de vrais connaisseurs (des deux sexes) assiste, tantôt dans un silence assourdissant pour deviner les notes étouffées, tantôt partageant de grands éclats de rire quand le trio se lâche en humour totalement décalé. Loin d’être seulement un spectacle pour passionnés, les shows des ARTISTOCRATS sont aussi de grands moments de partage. À se demander comment nos lascars s’y prennent pour nous offrir cette débauche dans une concentration aussi maximale qu’est décontractée et hilare leur attitude. Les connoisseurs étaient manifestement présents ce soir dans l’assistance. Dans le pit-photo également: nous y étions seuls…