Le SJOCK festival reste incontestablement unique d’année en année, et depuis des décennies maintenant (bientôt 5 !). Sans pareil non seulement de par son affiche qui annonce des formations à la prestation parfois unique ou quasi en Europe. Et sans équivalent car le SJOCK est avant tout comme une grande famille où, d’un côté comme de l’autre de la scène, les mêmes têtes sont fidèles à ce rendez-vous annuel: que ce soit pour faire la fête ou pour bosser, le SJOCK demeure bel et bien Your R’n’R Highlight of the Year.
Now online et plus encore dans notre galerie de portraits : last & latest footages, shootings & reviews « From backstage to frontstage ». NO Photoshop. NO Ligthroom. NO RAW format. NO numeric nor digital overdub : ONLY pure one-shot JPEG !
Comme on l’apprécie, notre annuel et sans pareil R’n’R Highlight of the Year! Le thermomètre affiche 34° à l’ombre et, une fois n’est pas coutume, la soirée campinoise sera d’une anormale douceur. Et quand on parle de douceur, on ne fait référence qu’à la température – pas à l’affiche de cette 47ème édition qui, ne nous y détrompons pas, oscille toujours entre garage-rock, punk et punk-rock quand pas bluesy ou tout simplement boogie et vintage. Seule ombre au tableau de ce samedi 08 juillet 2023, un mièvre, mou et tout bonnement soporifique EAGLES OF DEATH METAL qui officie pourtant en tête d’affiche de cette seconde journée.
Erreur de casting de la part de la programmation ? On ne le saura jamais, même si le public réserve néanmoins un accueil chaleureux aux rescapés du Bataclan, pourtant si éloignés de l’ADN du Sjok. D’ailleurs sans doute vivent-ils aujourd’hui davantage sur leur « acquis », sur leur macabre et lugubre renommée que sur leur production pour le moins inégale et leurs mièvres prestations (comme nous l’avions déjà tristement constaté lors de l’édition 2019 du Hellfest).
Un show affligeant tant sur le fond que sur la forme – le cheveu dans la soupe de cette programmation qui affiche pourtant traditionnellement un sans faute. Depuis le drame du Bataclan, on savait Jesse Hughes parano ou mytho – quand pas tout simplement gros con (oui, gros con, après ses lamentables prises de position limite complotistes post–événements): ce soir, c’est escorté de deux gardes du corps qu’il quitte son tour-bus pour monter sur scène alors qu’il s’est baladé tout l’aprèm backstage comme si de rien n’était. Soit. Soit.
Hormis ce faux pas, le samedi 08 juillet 2023 affiche néanmoins un tableau de chasse pour le moins relevé. A tous seigneurs, tous honneurs – au pluriel car deux formations briguent incontestablement la palme de l’auteur de la claque de la journée: FU MANCHU ou Marky RAMONE ? Marky RAMONE ou FU MANCHU ?
Longtemps encore nous souviendrons-nous de ce premier face-à-face avec le quatuor californien qui met littéralement le feu aux planches du SJOCK. Les maîtres du stoner (parmi certes quelques autres pointures de classe mondiale de leur acabit) nous assènent une trempée de derrière les fagots en délivrant le set parfait – ou quasi.
Une puissance de feu redoutable, un mur du son impénétrable et une rythmique métronomique pour une prestation ébouriffante sans chichi sans manière qui balaye une bonne partie de leur discographie. Ce dernier concert clôture de main de maître un European Tour rikiki mais totalement maousse costaud. FU MANCHU décape. FU MANCHU dépote. FU MANCHU règne. Ô my Godness.
Autre règne, autres temps, autres lieux, autres moeurs : sur la côte Est cette fois, règnent à New York de manière impériale dès les mid-seventies les frères RAMONE’S. Le dernier des survivants de cette glorieuse épique époque (et tic et toc) se prénomme Marky. My name is RAMONE, Marky RAMONE. Après quelques pompes devant la porte de sa dressing room pour se chauffer les muscles, notre fringuant septuagénaire moulé dans un short legging noir se dirige alertement vers la scène. On ne perd pas une miette de ces moments sans pareils et collons (discrètement) aux basques d’une de ces dernières légendes vivantes de la grande époque du punk-rock US.
La tignasse plus qu’abondante, noire de jais comme c’est Dieu pas possible, le lascar (extravagamment perruqué, faut pas pousser) n’a rien perdu de sa superbe ni surtout de sa forme jouvencelle. Efficacement entouré de trois acolytes du meilleur ton, bien à l’image, en symbiose et dans le moule parfait de leurs illustres prédécesseurs qui tiraient plus vite que leur ombre, le Marky RAMONE’s Blitskrieg nous déroule le plus que parfait best-of de la discographie RAMONES.
Comme un moment d’intemporalité… Flash back et madeleine de Proust, plongée en profondeur presqu’en apnée dans nos plus tendres années R’n’R High School non sans une encombrante boule au ventre en repensant à toutes ces années écoulées depuis. Coup d’oeil sur la set-list scotchée sur les planches avant que le set ne commence: le rappel mentionné avec un point d’interrogation restera sur papier, et uniquement sur papier: ce n’est pourtant pas faute d’avoir été réclamé à corps et à cri par un public chaud comme une baraque à frites…
Les Amerloches sont décidément à la fête ce samedi, et d’une côte à l’os – pardon: d’une côte à l’autre. Retour sur la West Coast: c’est de Seattle qu’arrive un autre quatuor dans la plus pure veine des 4 frères New-Yorkais : ZEKE. Comment dire, comment dire…? ZEKE doit être l’enfant caché de MC5 et des Stooges concu lors d’une partouse avec les Ramones – quant à connaître l’identité de la mère porteuse présente à cette partie de jambes en l’air….
Un set d’un seul tenant empêchant le plus affûté des néophytes de comptabiliser le nombre de morceaux joués tant ils s’enchaînent à la ramasse. Ca vous situe le niveau, ça te situe le style, ça situe l’intensité de la rafale? de quoi ramener la plus performante des sulfateuses au niveau de la cadence de tir d’un lance-pierre…
De quoi faire passer The BOOGIE BEASTS qui prestent dans le chapiteau pour des enfants de choeur à qui l’on donnerait le Bon Dieu sans confession. Le trio qu’on avait vu la dernière fois sous cette formule à trois est maintenant quatuor devenu, et la formule est 200% gagnante. Si passer de 100 à 200% est toutefois une vue de l’esprit, la formation n’en manque pas non plus, et ce n’est pas peu dire sous un chapiteau que The BOOGIE BEASTS transforment en fournaise. 100° ne brûle pas moins que 200° quand on met le doigt dedans la flamme…
From Kalamazoo, Michigan, (avant de migrer à Seattle, eux aussi) encore des Ricains qui ont traversé l’Atlantique rien que pour nous: en ouverture d’après-midi, tâche souvent ingrate, The SPITS lacent les hostilités de cette seconde journée de Sjock. Basique voire élémentaire, sans trop de relief non plus, leur leur folk-garage-punk est à l’instar du titre de leurs six premiers albums très savamment prénommés I, II, III, IV, V et VI. Du petit lait pour commencer la journée, quoi. Qu’on terminera le lendemain même heure quasi avec HOLY GHOST qui nous revient du Danemark, sur la mainstage cette année contre le marquee lors d’une précédente édition.
Your Rock’n’Roll Highlight Of The Year a une fois de plus tenu toutes ses promesses et n’a pas démenti sa réputation. Comme le bon vin, il bonifie avec l’âge en se dirigeant à petit pas vers sa 50ème édition en pulvérisant même son record d’affluence le dimanche en accueillant pas moins de 11.000 festivaliers. Ou comment rester convivial et familial, Petit Poucet dans la cour des Ardentes et autres Baudet’stival qui, le même weekend, ne jouaient manifestement pas dans la même catégorie: on parle ici de Your R’n’R Highlight Of The Year, pas de guimauve, de soupe ni d’insipide variété électronique pour adolescent(s) pas encore secs derrière les oreilles …
BACK IN BUSINESS ! Après plus de 17 mois loin, loin, trop loin du rock’n’roll circus, et le rock’n’roll circus bien trop loin de nous – pandemie mondiale oblige – retour aux sources, aux fondamentaux et aux choses sérieuses: back to the roots avec le Blues Festival de Gouvy édition 2021, dans cet inénarrable écrin spatio-temporel de la Ferme Madelonne.
Ni une ni deux, Erja LYYTINEN et son band nous assène carrément le grand jeu à l’occasion de ces retrouvailles post-covid (… on l’espère), près d’un an et demi donc après notre dernier gig. Il faut supposer que The BOOGIE BEASTS ont dû méchamment chauffer la bougre finlandaise au préalable backstage, en décrassant par la même occasion onstage les conduits auditifs de l’audience à l’heure de la tarte et du goûter dominical.
Et comme l’écrit si bien le patron des lieux, le Claude LENTZ, les feux de la rampe à peine éteints :
Back in business – Back online – Stay tuned for more pix & comments! Et comme toujours, clichés exclusifs et en primeur dans notre galerie. Enjoy, Folk’s !
Personne ne nous a dit que c’était impossible, donc nous l’avons fait… L’écriteau apposé à l’entrée de cet Utopia moderne met le festivalier au diapason et donne le ton de ce Gouvy Blues Festival. Celui-ci ne fera donc pas l’impasse deux années consécutives, à l’instar de la plupart des (plus) grands festivals de cette année 2021 qui ont derechef remisé la clé sous le paillasson…
Ainsi donc, seule l’édition 2020 sera passée par pertes et profits coronavirus. 17 mois et 4 jours après notre dernier pit-photo lors du concert de SAXON au Trix d’Antwerpen en mars 2020, nous reprenons la route du r’n’r circus et retrouvons les effluves, le thrill et les sensations du live, de la foule, de l’ambiance, de la convivialité, de la promiscuité, des bières qu’on te renverse sur le falzar et de l’odeur des aisselles moites et humides sautillantes à hauteur de ton nez. Alleluiah !
Conjuguant tranquillité et musique de qualité, les habitués savent pourquoi Gouvy is Groovy. Hors du tumulte de la ville, on vient à la campagne chez l’ Claudy par de petits chemins qui sentent encore bon la noisette. L’équipe des volontaires – les derniers guerriers romantiques de cette Utopia – est là pour accueillir le festivalier d’âge relativement mûr, tout à l’image de cet irréductible bastion de la Ferme Madelonne qui résiste encore et toujours à toute mégalomanie et dictature du tiroir-caisse.
Faite de brics et de brocs, de tonnelles instables et d’aubettes tout aussi rudimentaires, cette 41e édition du plus géant des petits festivals résiste ainsi à l’envahisseur contre vents et marées, hors des sentiers battus, dans le parc boisé de la Madelonne. Plus encore que les éditions précédentes, le bosquet madelonnien tient plus du mariage improbable de la jungle de Calais avec la ZAD d’Arlon que d’un festival répondant à la bienséance des normes.
Parce qu’ici, chère Mèdème, il y à à manger à chaque coin d’arbre, à boire derrière chaque buisson, et à rire et causer sous la plus improbable aubette ou la plus squive des tonnelles. Les récentes pluies rendent les sentiers tortueux plus boueux que jamais, au risque de se prendre un arbre dans la tronche ou une branche dans les parties. L’atmosphère lourde et humide du sous-bois maintient bien bas, sous la canopée, les fumées aromatisées des braises où grillent saucisses et hamburgers. La pils (Lupulus, s’il vous plait !) abreuve les gosiers de ceux qui redoutent l’effet long terme des Orvaulx ou la consommation libre de Rochefort. C’est que boissons et musiques riment ici avec qualité et puissance, Môsieur. Et en matière de puissance, l’explosive Erja LYYTINEN sait de quoi elle parle, la bougre, elle qui dispose de tous les arguments nécessaires pour clouer le bec à tout imprudent détracteur.
Tout juste reconnue parmi les 30 meilleurs guitaristes blues au monde « aujourd’hui » par un sondage du magazine « Guitar World », la Finlandaise se hisse 14e aux côtés de pairs et de légendes du genre comme Joe Bonamassa, Eric Clapton, Derek Trucks, Buddy Guy et John Mayer pour n’en citer que quelques-uns. Tout classement étant aussi relatif que subjectif, aux 60.000 (é)lecteurs nous préférons quant à nous l’épreuve du mur: celui au pied duquel on reconnait le maçon. Et en termes de (ma)son, le mur de la Finlandaise est robuste et massif telle une inexpugnable forteresse sonore. La standing ovation que lui réserve le public – par ailleurs debout – ne trompe personne sur la marchandise: elle est de qualité et au pedigree sans discussion aucune. Vivement la revoir au Spirit of 66 en novembre prochain à Verviers pour peu que l’ Francis, propriétaire des lieux, se relève du tsunami des inondations catastrophiques qu’il a subies après avoir été frappé par la crise sanitaire…
Il faut dire que The BOOGIE BEASTS avaient déjà solidement chauffé le chapiteau en milieu d’après-midi, au point de provoquer l’envol probable et la non moins délicate dispersion de milliards de microscopiques variants delta, dans une atmosphère chaud-boulette contenue par la toile faîtière d’un chapiteau suintant de dégoulineries microbiennes.
Des rythmes obscènes et entrainants, un slide hypnotisant, un harmonica hurlant et un chaos de fuzz servent un (variant ?) delta blues électrique à cheval entre les Black Keys et John Lee Hooker (version Rolling Stones) comme si l’on était télétransportés dans l’arrière salle d’un juke-joint du Mississippi.
Tout l’inverse de LITTLE MOUSE & The HUNGRY CATS qui fait méchamment retomber le soufflé. Les Français livrent un set soporifique et creux comme un jour sans pain (et sans vin), ponctué d’interminables interludes et de bavardages aussi inutiles que superflus. Mais à tout chose malheur est bon: cet intermède musical sans intérêt aucun fait le bonheur des pompes à Lupulus et autres aubettes à divins nectars sous les tonnelles de la forêt de Sherwood – voire au bar du Club au charme toujours aussi désuet et suranné.
BIG DADDY WILSON et son BLUES QUINTET peut terminer la soirée: de toute façon, la messe est dite depuis que la Finlandaise a remisé sa 6 cordes dans la valise. Et les petits lutins vont bien vite retrouver la quiétude des lieux jusqu’à la prochaine déferlante de décibels. Ite missa est. Amen.