…Alles hat ein ende nur die wurst hat zwei…
Parce que simplement avec Intensities in Tens Cities, All The World Is A Stage…!
Les envahisseurs : des créatures extraterrestres originaires d’une planète à l’agonie. Leur destination : la Terre. Leur but : en faire leur univers. David "Géron" Vincent les a vus (mieux: les a fait venir !). Pour lui, tout a commencé au cours d’une nuit d’errance, sur une route de campagne solitaire, alors qu’il cherchait un raccourci que jamais il ne trouva. Cela a commencé par une auberge abandonnée et par un homme que le manque de sommeil avait rendu trop las pour continuer sa route. Cela a commencé par l’atterrissage d’un engin en provenance d’une autre galaxie. À présent, David "Géron" Vincent sait que les envahisseurs sont là, qu’ils ont pris forme humaine. Il doit trouver comment convaincre un monde incrédule que le cauchemar a déjà commencé. Et le cauchemar, ce soir, est un bien beau rêve qui se tient sur les planches du Spirit où l’UFO a atterri en douceur mais en puissance…!
Hé ! Phil, tu toucheras un mot à tes roadies pour qu’ils impriment dorénavant ta set list dans des caractères encore plus grands, hein ! C’est que la vue de notre Phil MOGG en a pris un sérieux coup ces dernières années, et qu’il risque un lumbago à force de se courber pour lire sa feuille collée sur les planches… D’ailleurs, à quoi peut bien servir cette set list dans la mesure où elle n’est même pas suivie ?! Sacré Phil, va : avec une voix en piteux état qui ne monte guère ni en puissance ni en hauteur, il se plait à singer Lemmy en éructant quelques Ace of Spade en guise de boutade et d’excuse. Qu’en sera-t-il des vocals d’UFO en fin de tournée…? Nonante minutes de concert ce soir, le minimum syndical est tout juste respecté alors qu’on pouvait décemment en attendre un peu plus, les gars. Les classiques des classiques sont exécutés proprement par un line up à 60 % originel, voire un peu plus si l’on prend en considération Vinnie MOORE qui n’a cependant pas les quasi 4 décennies de bouteille dont se targuent ses comparses sévissant au sein de l‘ovni.
En ce qui me concerne, la surprise du jour est sans conteste la présence de Barry SPARKS en lieu et place de l’historique et folklorique Pete WAY à la basse. Il assure à lui seul une prestation à l’image de son jeu : tout en rondeur, et sa transpiration n’est pas pour le show. Ayant pu l’apprécier et le côtoyer moulte fois lors des récentes tournées de Ted NUGENT en sa qualité de bassiste titulaire du Nuge, on peut dire que c’est un autre Barry SPARKS que je découvre ici, libéré du poids charismatique et egocentrico-maniaque de Nugent à l’égard de qui il n’assurait finalement qu’un rôle de faire-valoir, certes hyper-efficace mais docile et effacé. Ce soir, c’est un band member à part entière que je découvre, avec un son de basse couvrant presqu’une lead guitar anormalement faiblarde malgré des amplis assurant de part et d’autre des fûts une force de frappe manifestement démesurée pour l’exiguïté des lieux. Si c’est beau à voir et que ça le fait manifestement, les vumètres n’ont par bonheur (?) pas été poussés dans le rouge.
UFO sans les emblématiques Michael SCHENKER et Pete WAY reste néanmoins digne de ses 4 décennies d’exactions de par le monde. Reste à souhaiter que le feu sacré continue son oeuvre et qu’il n’emmène pas cet ovni trop loin de la planète Terre. Quoi qu’en pense David "Géron" Vincent….
Un gaucher qui fait vêler sa Gibson en dérapage contrôlé le jour anniversaire des 40 ans de la disparition de Jimi, c’est-y pas un signe ça ?! Certes, il devait y avoir davantage de monde aux funérailles du génie de l‘Experience que devant la scène sur laquelle se produisait un(e) autre Experience, mais bon si l’on compte toute la foule présente aux Wallos 2010 ce samedi soir, on ne doit pas être loin du compte. Et à propos de décompte final, le feu d’artifice illuminant le ciel namurois à peine terminé, c’est un autre qui débute sur les planches. Soirée pyrotechnie – et avec MICHEL DRUCKER EXPERIENCE on commence avec le bouquet final, manière d’enchaîner avec ce qu’il y avait dans le ciel et de donner directos le tempo avec une longuissime version pour le moins électrique de Syd Barret. Ou comment procurer 11 minutes de bonheur avec 10 cordes et 2 baguettes – et quelques autres fioritures et mètres de câble, je vous le concède.
Pour le reste, un zeste de Huy ! un soupçon de Rolling Stones, une pincée de Beatles et une bonne grosse marmite de Michel Drucker Experience pour ceux qui ne sont pas tombés dedans petits. Chaudron duquel sont extraits une bonne heure durant des master-pieces de leurs 3 CD qui restent, décidément, une référence en la matière. J’entends déjà les "En quelle matière ?" qui résonnent au loin comme de vieilles casseroles que certains traînent alors que d’autres les remplissent de fleurs et d’encens. En LA matière. Et il n’y en a qu’une – sinon on dirait "les matières". CQFD – et comme MICHEL DRUCKER EXPERIENCE n’a plus rien à démontrer, nous en resterons par conséquent là. Il n’en demeure pas moins qu’il manque toujours une petite voix féminine qui, pour moi, donnait naguère à MDE la petite touche sexy que les trois (beaux ?!) mâles ne peuvent fournir – et je ne parle pas uniquement des vocals ! Mais bon, même les plus beaux ne peuvent donner que ce qu’ils (s)ont…
Le Ward’in Rock est à Werchter ce qu’un bal de village (avec ses dérapages) est à une rave-party (avec ses excès) : c’est tout ce qui fait son charme, mais il faut être du Plateau (ardennais) pour comprendre et apprécier… L’édition 2010 a viré sa cuti electro-pop gentillette en retournant à ses racines résolument rock’n’roll – du moins en ce qui concerne l’affiche du vendredi. Et cette première journée se termine au milieu de la nuit en un véritable feu d’artifice(s) – c’est peu dire – orchestré par LE BAL DES ENRAGES. A propos de bal, c’est plutôt la méga-kermesse ; et à propos d’enragés, il vaudrait mieux parler de fous-furieux déjantés. Le collectif du BAL DES ENRAGES, créé pour un temps seulement l’année passé, réunit les musiciens des meilleurs groupes de la scène punk-alternative française (des aliénés sévissant dans Lofofora, Punish Yourself, Tagada Jones, Parabellum, La Phaze,…) et termine sa saison à Wardin en atomisant le site par une prestation qui relève de Bouglione mixé d’Alice Cooper, mâtiné d’un brin de Wampas et d’un zeste de Mononc Serge.
Le collectif éphémère du BAL DES ENRAGES nous assène un final total et hallucinant tant le spectacle – pardon : le show – est jouissif sur scène… voire plus déjanté encore en coulisses pour les rares témoins de ces moments surréalistes et décalés. C’est qu’en se relayant à une bonne quinzaine pour partager alternativement la scène, il y en a toujours autant backstage que sur les planches, ne sachant d’ailleurs parfois pas où commence la scène et où se terminent les coulisses, les uns continuant à jouer et délirer backstage alors que les autres sont sous les feux de la rampe. La frontière est bien ténue entre le monde des projecteurs et celui de l’ombre, entre la réalité et la fiction…! LE BAL DES ENRAGES, ça se vit car ça ne peut se raconter. De la provoc, du sexe et du délire, du sado-maso et des disqueuses, du trash et du feu, des sex-toys et du cuir, du second degré et de l’humour, des excès et de l’alcool. LE BAL DES ENRAGES, si c’est Barnum sur la scène et Sin City backstage, c’est en servant néanmoins une set-list explosive faisant des trous dans la tête jusqu’au poix chiche. La surprise du chef, sans équivoque possible !
La tête d’affiche de la journée, LE PEUPLE DE L’HERBE, est presque le cheveu dans la soupe, ou plutôt le brin d’herbe dans la goulasch – comprendra qui pourra – malgré une prestation de haute tenue qui aurait récolté tous les (mes !) honneurs sans la présence des Enragés.
S’offre précédemment sur la grande scène SHAKA PONK: l’autre (bonne) surprise de la soirée pour ma part, avec un set aussi puissant que visuel, aussi rock’n’roll que peaufiné. Un alliage de riffs et d’électro derrière des mélodies bien solides de rock fusion avec un zeste de funk, un soupçon de métal et un tsunami de gros son sous couvert d’une mise en scène laissant la place belle à un leader des plus charismatiques secondé par une black aussi efficace que… spectaculaire. Un tout grand moment pour ceux qui, comme moi, découvraient ces Francais. Précédemment, SKIP THE USE délivre une espèce de punk rock avec des relents d’un peu de tout, en terminant leur set en beauté par un jam déjanté et surexcité du meilleur goût avec SHAKA PUNK précisément.
Le punk hardcore de DAGGERS survolte l’autre scène suivi de DRIVING DEAD GIRLS: un garage-rock bien senti qui se termine par du lancer de guitare dans le public et du jump-dévérinage de batterie: chaud-boulette pour annoncer l’arrivée de DO OR DIE qui m’impressionne moins qu’en avril dernier – sans doute la cause à un son assez pourave ou à l’effet de surprise qui n’est plus.
La journée du samedi ne peut atteindre les sommets de la veille, et c’est dommage. By-pass sur les prestations de OVERMARS et de FULL OF SUEDOISES notamment, avant de refaire avec eux le monde backstage en soirée en alternant les sets de PIERPOLJAK, RAPH, FELOCHE, ETE 67, BALIMURPHY et autres SURFING LEONS.
Vient l’heure où monte sur scène BLACK BOX REVELATION. Le duo détonnant se partageant batterie et guitare est à la hauteur des attentes et insufflent à cette seconde journée la débauche de décibels et d‘attitude qui manquait presque jusque là. Si le terme de power-trio sied à merveille à certains, l’appellation atomic duo colle-t-elle parfaitement à BBR…!
Et ce n’est pas là dénigrer The MASH qui les précèdent, annonçant les Hongrois de HANGMAS avec leur british-wave totalement eighties assaisonnée de bons riffs bien solides qui donne un tout très, très potable. Après les avoir ratés au Sziget à Budapest il y a 3 semaines, je suis aujourd’hui témoin de l’accueil que la Belgique réserve à ces Hongrois avec la même ferveur qui a surpris tous les groupes Belges qui ont marqué le Sziget de leur empreinte. Putain, putain, c’est vachement bien, nous sommes quand même tous des Européens…
J’ai toujours trouvé du plus haut ridicule ces photographes qui, te bousculant presque, précipitent tout à coup leurs objectifs sur le bassiste, sur le batteur ou sur le clavier qui se lance dans un solo… comme si les photos tirées à ce moment précis avaient d’autres saveurs ! C’est presque faire injure au jeu de ces musiciens en le réduisant à quasi néant à tous les autres moments. Mais soit, la nature – ou plutôt la bêtise – humaine est sans doute ainsi faite. Le Fiesta City Festival 2010 reste éclectique au possible, comme son affiche le précise pour celles et ceux qui en douteraient encore: 80 concerts sur 3 jours et 6 scènes, que je n’arpenterai pour ma part que le samedi. En commençant fort d’ailleurs, avec un FOCUS dont le line up comprend deux membres originaux remontant à la fondation du groupe fin des sixties: Thijs van Leer & Pierre van der Linden. Rock progressif en grande partie instrumental, c’est un voyage dans le temps que le groupe néerlandais nous offre avec une touche vintage du plus bel effet. Un peu décalé et un peu ouf, le set est à l’image de l‘Hammond de van Leer: scotché et rafistolé, on voit qu’il a (bien) vécu et qu’il y a de la bouteille là-derrière !
Popa CHUBBY enfile ensuite son costume de maître de cérémonie, et quelle relève mes gaillards : ce n’est pas un maître mais un dieu; ce n’est pas une cérémonie mais une grand messe ! Et ce n’est pas non plus un costume mais bien un blouson de cuir "New-York City Blues" qui annonce franco la couleur, totalement en phase avec un gig bien plus rock’n’roll et moins blues qu’il y a quelques mois à Arlon. Il nous sert un set en effet bien plus énergique et plus graisseux que sa dernière prestation aux Aralunaires, et nous offre une set-list éclectique au possible, à l’image du festival. Séquence "tribute" : deux reprises de haut vol : l‘Alleluya de Jeff Buckley (repris certes de Leonard Cohen) et, en clôture, l’aussi surprenant que tonitruant… Ace of Spades de Lemmy ! Le tout saupoudré d’un hommage à la mémoire de Stevie Ray Vaughan dont le Popa se plait à rappeler qu’on célébrait les 20 ans de la disparition hier.
Sacré Popa va: jamais deux fois le même, toujours aussi imprévisible, jovial et hilare une fois qu’il a une gratte en main. Et manifestement fier et satisfait de sa prestation à l’issue de celle-ci, au vu de son large sourire faisant d’autant ressortir le caractère rebondi de sa bonne bouille. Un concert de Popa CHUBBY, c’est comme s’installer à une bonne table : quels que soient le menu et la carte, on attend la surprise du chef en sachant qu’on ne sera de toute façon pas déçu. Et quand le chef nous sort en plus le grand jeu, que du bonheur ce samedi à Verviers…!
Tout passe, tout lasse. Passons donc rapidement sur la prestation de MACHIAVEL qui ne me laisse pas sur ma faim mais bien de marbre. Je me réjouissais pourtant de la perspective de mon premier concert de Machiavel en 35 ans de formation – si, si : il existe encore des Belges qui, à mon image, n’avaient pas encore assisté à un de leurs shows ! J’aurais pu attendre 35 ans de plus… Sauf tout le respect que je porte aux artistes – et plus particulièrement à ceux qui me lisent ici – opinion tout ce qu’il y a de plus personnel et de plus subjectif. Mais bon, c’est ainsi : en tout état de cause, ce samedi soir, les Serpents Noirs ou Machiavel, c’est pour moi du pareil au même (et Dieu sait si les Serpents Noirs m’ont pourtant fait vibrer à une certaine époque… ;-). Le band de l’Homme à la plus belle voix du monde (sic) – celui derrière les fûts – ne m’a pas transcendé, soit. Well….
La cerise sur le gâteau s’appelle ce soir CANNED HEAT en formation Woodstock. Verviers accueille en effet le "Canned Heat Woodstock Reunite Tour 2010" puisque les 3 survivants ayant participé aux fameux festivals de Monterey en 67 et de Woodstock en 69 sont présents : Harvey MANDEL, Larry TAYLOR et Fito DE LA PARRA. Un grand moment qui transpire à lui seul l’histoire blanche du rock, du blues et du boogie: les classiques de leurs classiques nous sont servis sur un plateau doré avec une bonhomie qui suinte le blues revival des sixties et la période hippie sans pour autant tomber dans la caricature. Les Papys font de la résistance : résistance à l’usure du temps, résistance à l’oxydation des modes, résistance au caractère versatile des courants et des tendances… Et des papys pareils qui traversent le temps, les âges et les modes, on n’en fait sans doute plus quand on observe ce qu’il adviendra dans les décennies à venir de la bouillabaisse qui caractérise la scène musicale des années 2000. Merci les gars, vous étiez aussi parfaits que dans la boue de Woodstock…
Avant de terminer la nuit au Spirit, petit tour vers une scène annexe et un autre type de revival tout en puissance, sans pour autant sombrer dans le nostalgique ni dans le pathétique mais bien dans l’énergique bon enfant: HIGH VOLTAGE et son tribute to AC-DC. Insouciance et bonne humeur, voire second degré à l’image des 8 faux Marshall en carton qui font office de décor ! Second degré mais prime jeunesse, didju…!
Find & spread the good words, tell the world SZIGET is NOT a festival like all the others !". Ainsi ne parlait pas Zarathoustra mais bien les deux organisateurs au panel d’une douzaine de journalistes européens choisis parmi tous ceux présents et qu’ils invitent pour l’occasion backstage. Manière également de recueillir en toute décontraction nos impressions, conseils et feedback autour d’une bonne table. Et pas n’importe laquelle, dans le sein des seins du festival: le cossu restaurant climatisé spécialement installé et aménagé pour y accueillir les têtes d’affiche, en contre-bas à l’arrière de la main stage, sous les ordres de la toque étoilée diligentée du seul chef quotté Michelin en Hongrie…
Le ton est donné, le SZIGET Festival de Budapest n’est définitivement PAS un festival comme les autres. Il ne se raconte pas non plus: il ne peut que se vivre, dans la paix et l’harmonie. Comme le font les près de 400.000 personnes (382.000 exactement cette année) qui arpentent le site du (quasi) plus grand festival d’Europe 6 jours durant, Prenant possession de toute une île située sur le Danube entre Buda et Pest. le SZIGET n’est pas rien qu’un festival: c’est une ville éphémère avec magasins, hôpital de campagne et autres infrastructures de premières nécessités pour 400.000 personnes. Une ville totalement articulée et intégralement organisée autour de 13 (!) scènes animées par 400 artistes et groupes venus du monde entier. Scène reggae, scène jazz, scène pop mais aussi rock, métal, électro, funk, blues, slam, hip-hop… il y en a pour tous les goûts. En ce compris de vastes aires dédiées au théâtre, aux spectacles de rue, à la peinture, aux jeux en tous genres, à la danse, au cirque mais aussi à la world music et où divers groupes d’opinion sont présents par le biais de multiples spectacles ou activités proposées aux festivaliers. Coup d’oeil à cet Impressionnant mais partiel programme ?
Sans parler des diverses et impressionnante party areas qui parsèment le site pour faire durer la fête jour et nuit. Tout ce joyeux mic-mac draine un public bigarré au possible, varié, multiculturel et de tous ages, venant en groupe ou en famille des quatre coins du continent et même de plus loin: c’est que le concept SZIGET comprend également des trains et des avions spécialement affrétés depuis certains pays européens ! Car une caractéristique supplémentaire du SZIGET, ce sont ses prix plus que démocratiques: une volonté chère aux organisateurs d’en garantir l’accès au plus grand nombre possible de Hongrois, et faisant dès lors le bonheur des autres nationalités européennes au niveau de vie plus élevé. L’entrée quotidienne à 45 € et le prix du 1/2 litre de bière à seulement… 2€ donnent le ton – sans parler de toute le reste à l’avenant.
Le SZIGET, c’est donc un genre de Woodstock des temps modernes. Ou mieux encore, à écouter FAITHLESS, "une version encore améliorée d’un Glastonbury", abrité sur une île arborée et boisée qui regorge de coins et de recoins, où les tentes des campeurs se disputent joyeusement la place aux scènes de manière absolument surréaliste, où les party areas côtoient les stands en tous genres, et où tout ce mixte de fausse désorganisation et de vraie spontanéité cohabite dans une promiscuité savamment organisée et sous couvert d’un nonchalant mais faux laisser-aller totalement inconcevable dans le cadre d’un quelconque autre festival européen. L’étendue de cette vaste île joliment plantée de bosquets ne laisse par ailleurs pas supposer que des dizaines de milliers de festivaliers arpentent ses chemins tortueux et ombragés. Le SZIGET n’est donc pas uniquement un festival, c’est une ville dans la ville, c’est une ville des arts en tous genres dédiée à la fête et à l’expression la plus libre qui soit de la spontanéité du genre humain, mais articulée avant tout dans et autour d’un festival résolument rock…
Invité par les organisateurs à témoigner de cette réalité, c’est sous la houlette de l’actuelle Présidence Belge de l’Union Européenne (soutenant ce festival) et par l’intermédiaire de la Chancellerie de notre Premier Ministre que j’arrive sur place vendredi midi: l’accueil réservé par les organisateurs – une formule all inclusive – est plus que parfait. M’attendent en outre les différents pass nécessaires pour accéder aux diverses zones du site réservées aux happy few. Ralliant le site en compagnie de l’équipe RTBF présente sur place, je préférerai par la suite les 40 minutes d’une agréable croisière sur le Danube pour effectuer les aller/retours entre mon hôtel et l’ile du Sziget Festival ("sziget" signifiant "île" en hongrois). Par le passé, c’est en Hongrie que j’ai connu mes étés européens les plus torrides: 2010 n’échappe pas à la règle, et la température suffocante dépassant les 30° conditionne également une affluence massive à l’occasion de cette 18ème édition. La météo n’est pas tout: attirer de grosses pointures en tête d’affiche est et reste une préoccupation majeure pour les organisateurs, expliquant drainer par-là les jeunes de toute l’Europe et plus particulièrement les très jeunes – leur business target actuelle, assurance-vie pour l’avenir et garantie de pérennité pour le festival.
IRON MAIDEN, MIKA, MUSE, THIRTY SECONDS TO MARS, MADNESS, FAITHLESS, PIL, KASABIAN, DANKO JONES, The SPECIALS et bien d’autres encore honorent ainsi de leur nom la tête d’affiche 2010, sans parler des dizaines d’autres parmi les centaines de noms proposés: NINA HAGEN, PAPA ROACH, CHARLIE WINSTON, PARADISE LOST, BAD RELIGION, MONSTER MAGNET et bien plus encore, dans les registres les plus divers qui soient et qui ne me sont pas particulièrement familiers.
Ma première journée se partage entre l’espace VIP full confort & rafraichissant (air conditionné & catering…) en bordure de la main stage, et les diverses zones réservées aux photographes accrédités au pied des multiples scènes. PAPA ROACH laisse une forte impression rock’n’roll en fin d’après-midi sur la grande scène devant un public métal tout acquis à la cause des Ricains. Une sono puissante, un soleil de plomb et une touffeur écrasante assomment les organismes qui n’ont peut-être pas tous été préparés à la chose…
Le coup de coeur de ma journée sera le set de Charlie WINSTON qui me surprend très agréablement. A la fois soul et pop, sa prestation me séduit au point d’y assister jusqu’à la dernière note alors que mon timing prévisionnel me destinait à arpenter d’autres scènes durant ce même temps. Un orage d’une extrême violence, aussi bref que dévastateur, se déclare vers minuit, annoncé par l’étouffante et insupportable chaleur de la journée. Les éléments seront à ce point déchainés que le concert de Winston est un moment interrompu, le toit du chapiteau géant prenant l’eau à un endroit précis exposant dangereusement la table de mixage. Présent sur place, je suis un court instant réquisitionné pour prêter main forte aux roadies en nombre insuffisant à ce moment précis pour reculer dans la précipitation la dite table de quelques mètres. Il en faut plus pour déstabiliser Winston qui remonte ensuite sur scène et clôture peu après son set par un petit stage diving tout en beauté dans le public. Un court extrait vidéo ? http://www.youtube.com/watch?v=8XgQrwwgjTM
Cependant, ce sont les Flamands (… et encore Belges) de VIVE LA FETE qui m’assènent préalablement la claque de la journée: une toute, toute grande prestation qui met le feu dans un public dense et compact où quelques drapeaux belges ont cette fois la part belle. Chantant en français (?!), ils démontrent un style bien particulier à mi chemin entre Human League et… Black Label Society (si, si !), appréciation toute personnelle de ce band pour le moins aussi efficace que visuel (avec sa pour le moins pulpeuse chanteuse). Et les bons moments passés ensemble backstage avec Charlie Winston (dont la loge jouxte celle des Flamands) qui s’invite dans la rigolade n’est pas non plus le moins bon de mes souvenirs: comme il m’apprend qu’il joue à Bruxelles demain, on est quasi entre Belges…
Ces moments compensent le set de MIKA qui me laisse comme pressenti tout à fait indifférent, au même titre que celui de THIRTY SECONDS TO MARS. A l’affiche pour attirer les festivaliers les plus jeunes – business target – ces prestations peu r’n’r sont bien mièvres et surtout trop proprettes et gentillettes à mes oreilles, celles-ci préférant la lourdeur de ENTER SHAKIRI ou encore de PARADISE LOST qui partagent d’autres scènes pour n’en citer que quelques uns…
Le samedi s’annonce chaud, et de fait: sur la grande plaine et sous un soleil de plomb, s’organise en début d’après-midi la répétition générale pour le flash mob géant annoncé au programme. Du haut de la main stage où je me poste, le spectacle et l’ambiance sont en effet des plus impressionnants. Se succéderont ensuite sur cette scène principale les Italiens de SUBSONICA puis notamment l’ersatz hongrois d’Iron Maiden, en l’occurrence le band actuel n°1 en Hongrie: TANKCSAPDA.
Petit tour préalablement par ZORALL qui explose la MTV Headbangers Stage…
Attablé backstage avec les organisateurs dans le (mal) insonorisé étoilé Michelin en contre-bas de la grande scène alors que TANKCSAPDA y met le feu, je ne profiterai que partiellement de la prestation de Tankcsapda bien que retransmise sur les différents écrans installés dans le restaurant, les salons, espaces jeux, bars à oxygène et autres espaces-massages bordant la main stage. Je quitterai ce (néanmoins bruyant) cocon au moment où arrivent THE headliners de la journée, croisant au passage Steve Harris et deux de ses comparses que je n’avais pas vu arriver et qui s’engouffrent dans une des loges de Maiden. Une des loges car entre celle du dressing room, celle de la production, celle pour leur échauffement, et d’autres encore, la Maiden Area est en effet un alignement de quelques portes flanquées de deux vigiles aussi impressionnants que superflus dans cette enceinte sécurisée et à l’accès pourtant des plus contrôlés. Pas l’occasion donc de tailler une bavette avec eux, et pas opportun non plus d’attendre qu’ils montent sur scène: ce ne sera certainement pas le moment de les aborder. Direction donc CALVIN HARRIS pour ma première expérience d’un vrai show électro dans la Party Stage Arena (tout un programme…) avant un bain métal avec KAMELOTT sur une autre scène encore (la MTV Headbangers Stage). C’est que le rideau vient de tomber sur la scène principale à l’issue de la performance d’ IRON MAIDEN. Le concert a débuté avec un son des plus mauvais et des retours défectueux: bonjour le savon qu’ont dû recevoir certains lorsque par deux fois c’est un Bruce Dickinson furax de chez furax qui est sorti de scène pour en faire part à qui de droit… La set list réservant la part belle à leurs dernières et récentes productions a par conséquent laissé peu de place pour leurs grands classiques: si c’est pour le plus grand plaisir de leurs fans sans aucun doute, c’est nettement moins le cas pour moi qui ne relève pas de cette première catégorie.
La croisière du retour sera agréable sur un Danube aussi large que calme, quittant cette "ile de tous les plaisirs" pour rejoindre mon hôtel dans le centre ville. La chaleur moite de cette fin de nuit procure encore bien du plaisir aux fêtards et autres touristes arpentant massivement les rues étrangement bondées à une heure où les honnêtes gens sont pourtant sensés être dans les bras de Morphée, et les moins honnêtes sur cette "Ile de tous les plaisirs". L’ambiance de Budapest est bien celle qu’on dit. Celle du SZIGET quant à elle reste à vivre et n’est définitivement pas à raconter…
Le Festival de Blues de Gouvy, et non pas le Gouvy Blues Festival: tout un programme qui, dans son appellation déjà, donne le ton ! On est à la campagne, on est bon enfant, on est simple, on est cool: on est donc chez le Glaude et dans son parc qui, une fois n’est pas coutume, est arrosé d’un crachin entrecoupé d’éclaircies et non pas baigné de soleil. Les dieux du ciel ne sont pas Ardennais cette année, mais la programmation du maître des lieux réchauffe toutefois les coeurs comme les bières réchauffent les corps: les quatre bands hôtes du grand chapiteau sont programmés crescendo, en commençant déjà très fort par Ian SIEGAL, sans doute le plus Texans des Anglais, sans doute le plus cowboy des guitaristes. Mais qu’on ne s’y trompe pas: on n’est pas dans le registre de la country mais bien dans celui d’un blues-rock méchamment bien envolé/enveloppé.
Après le plus américain des Anglais, place au plus anglais des Américains: Shawn PITTMAN monte sur les planches avec une formule trio bien balancée, qui s’incrémente ensuite bien vite d’une quatrième pointure en la personne de Andy JUST aux lead vocals & harmonica. Ce dernier fournit au combo un volume plus puissant encore mais surtout plus chaud. Deux prestations de plus de 100 minutes chacune: la performance n’est pas peu commune en festival et mérite d’être soulignée. Parce que ça se passe comme ça chez le Glaude !
Un degré d’intensité supplémentaire encore avec Stan WEBB que je découvre (enfin !), et l’attente en a fichtrement valu la chandelle. Accompagné de sa solide formation CHICKEN SHACK, WEBB se réserve les lead vocals & la lead guitar, et quand je dis lead guitar c’est plutôt loud guitar qu’il faudrait écrire !! Avec sa tronche de croque-mort et son jeu lent mais loud, le Stan nous en fout plein la vue: quelques à-fonds de bière sur scène entre deux morceaux, et un petit tour dans le public micro à la main pour tâter du Bleu Blanc Belge donneront une dimension supplémentaire à un set parfait – le point d’orgue de la journée.
Car Boney FIELD et son BONES’s PROJECT qui clôture le festival est manifestement trop funky pour moi, même si le final de leur prestation tendrait à me faire changer d’avis. Mais j’avais déjà rejoint le Club où BOOTLEGS termine la journée avec un chaud-chaud-chaud-boulette tribute qui fait revivre un Creedence Clearwater Revival que j’avais (quasi) oublié. Précédé d’un HOBO JUNGLE BLUES BAND nous ramenant plus tôt dans la journée dans une ambiance très fifties-sixties non dénuée de charme, 2010 reste assurément un grand cru – mais qui ne l’aurait-il pas cru ?! Gouvy est, reste et continuera d’être groovy. Gouvy is groovy…
"4 musiciens sur scène pour 2 heures de blues", annonce le leaflet. J’ajouterais que 2 heures de bonheur à 0,00 €, c’est pas cher payé. Comme quoi de petits plaisirs pas chers peuvent déclencher de grandes jouissances bien coûteuses. Mais pour cela, il fallait en être – et de bonne heure. Ce que d’aucuns n’ont pas compris au vu de l’assistance clairsemée devant la scène: tant pis pour les absents. Keep on, guys, keep on – you make me feel j’ai bon. En dire plus serait découvrir la couronne…
Il y a des groupes qui trouvent toute leur raison d’être sur scène – comme Electric Mary la semaine dernière – alors que leur production studio ne révolutionne pas le genre. A l’inverse, il y a des prestations live qui n’apportent pas grand chose au vinyle (au quoi…?!). HARPER est pour moi de ceux-là. Qui plus est, les song writers ne m’ont jamais vraiment transcendé. Heureusement cependant que RELENTLESS 7 accompagne HARPER pour lui conférer un son presque lourd, puissant, électrique et gras qui se marie à merveille avec sa voix chaude. A défaut, le blues / country / reggae / folk / rock du New Yorkais ne me transporte pas particulièrement et ne m’a jamais fait véritablement vibrer. Assis comme un ermite sur une chaise posée au milieu de la scène, la gratte sur les cuisses, HARPER m’assomme d’entrée de jeu avec deux folk songs quasi unplugged qui me plombent sérieusement le palpitant. Heureusement que déboulent ensuite sur scène ses 3 comparses de RELENTLESS 7 pour, enfin, donner la pêche et le punch nécessaires à un show qui restera somme toute fort conventionnel. Ou quand un song writer tente de s’improviser une rock attitude: convaincant et réussi, mais pas foudroyant…
Auparavant, ETERNAL TANGO joue ses Greenday locaux avec quelque chose qui s’insère entre power pop et rock alternatif: des rengaines faciles et immédiatement accrocheuses qui font vibrer les midinettes rassemblées sur la Place Guillaume II, le nom de leurs idoles écrit au feutre sur les bras dénudés… On s’en lasse vite, tant les refrains sont téléphonés et prévisibles. A l’image de leurs tronches et dégaine de serveurs chez Quick: sans surprise. "Nous, c’est le goût": le goût et le bon ton de chauffer la place certainement, et ils réussissent bien leur coup les bougres, faut-il l’avouer. MacDo n’aurait pas fait mieux…
BABYOIL qui les précède se la pète méchamment – n’autoriser les photographes frontstage que durant les trois premiers morceaux alors même que la renommée du band ne doit pas dépasser le territoire grand-ducal, le ridicule ne tue pas. Qu’en plus les lead vocals sonnent aussi faux qu’une casserole à l’issue d’un camp scout, on sombre dans le pathétique. Pourtant le matos, le jeux de scène et les compos valent bien mieux qu’un déplorable zéro pointé ce soir: dommage. Peut mieux faire…
A l’issue d’un après-midi avec à boire et à manger (!), palme spéciale à MUTINY ON THE BOUNTY qui dégage et déménage sacrément en cette fin de journée. Un bon moment d’énergie et de puissance, avec une originalité appréciée et appréciable au niveau des contre-temps et un jeu de scène qui emplit bien l’espace. La bonne découverte énergique du jour – bien que nos routes se soient déjà croisées précédemment, probablement lorsqu’ils ouvraient à Den Atelier je pense, mais quand et pour qui… ? Chouette, les gars: keep on !
Une semaine intense sur intensities-in-tens-cities avec un quatrième concert qui termine une programmation pour le moins éclectique ces 6 derniers jours… Michel FUGAIN accepte d’accompagner un choeur des 239 enfants: une année de travail scolaire se termine ainsi en apothéose avec deux concerts à l’agenda. Chapeau les mômes ! Chapeau l’organisation ! Et chapeau l’artiste: il n’est pas fréquent d’en voir un s’effacer de la sorte pour donner aux enfants toute la place et tous les honneurs qu’ils méritent. Ce ne sont pas les enfants qui accompagnent FUGAIN mais c’est bien FUGAIN qui accompagne le choeur, les 239 mômes donnant le ton et menant la danse.
L’après-répétition du vendredi après-midi a été l’occasion d’échanger quelques considérations musicales avec Fugain, à même la scène. Le ton intimiste qui a prévalu à ces échanges interdit de rapporter ici la teneur de ses coups de gueule et de ses coups de coeur musicaux, mais quelques chanteurs français en ont ramassé pour leur grade. J’aime encore bien, moi, ce type d’artiste qui ne mâche pas ses mots: ça change de la traditionnelle langue de bois, et ça a le mérite d’être clair – tout en respectant la liberté d’opinion et d’expression de chacun. De toutes façons, moi et la chanson / variété française ça fait (presque) deux, alors hein bon… La production n’autorisant cependant pas la diffusion des clichés pris à cette occasion, Intensities In Tens Cities s’incline humblement devant la Sainte Inquisition en respectant ses consignes et en censurant ces quelques photos afin de les rendre inexploitables. Et dès lors sans intérêt aucun. Si ce billet disparaît dans les jours à venir, c’est que les bandeaux ici appliqués ne sont pas suffisants encore…