Sweden Rock Festival – jour 3: Ted NUGENT, MONSTER MAGNET, FOGHAT, Billy IDOL, etc.

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Samedi 7 juin 2014 : jour 3 de 3. A l’instar des précédentes journées, le sold out affiche au compteur 35.000 festivaliers qui rôtissent sous un soleil de plomb. Les cinq scènes de cette plaine côtière font le plein, et l’ombre prodiguée par les quelques arbres et chapiteaux s’arrache à prix d’or. Les bars ne sont pas en rupture de stock, que du contraire: rarement nous a-t-il été donné de contempler tant de corps (féminins plus particulièrement…) ivres de bières, d’alcools et de soleil. A moins que ce ne soit cette quatrième et dernière journée de festival agrémentée d’autres substances illicites qui sonne définitivement le glas des corps les plus frêles et des constitutions les moins bien préparées?

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Longue journée que cette dernière que nous commençons de magistrale façon avec MONSTER MAGNET à l’heure de l’apéro des douze coups de midi – soit neuf heures trente après le premier chant des oiseaux. Dave Wyndorf et sa bande méritent bien mieux que ces 75 minutes de bonheur total devant un public dont une partie cuve encore de cette nuit, mais ne faisons pas la fine bouche. L’intégrale (ou quasi) de leur dernier "Last Patrol" est passée en revue, agrémentée de quelques autres perles qui ont depuis longtemps assis la réputation de notre stoner préféré. Wyndorf offre toujours son dos au public pendant une partie du show, nous réservant comme à son habitude les reverbs et autres effets psychés dont sa table magique regorge à foison pour notre plus grand bonheur. Du reste, manier des membres supérieurs ce que l’homme a conçu pour l’usage des membres inférieurs ne demeure pas à la portée du premier stoner de bas-étage venu. Le public ne s’y trompe pas et, déjà compact, arrive en masse et par hordes entières à cette heure pourtant presque matinale pour le festivalier lambda. Excellents: vous demeurez excellents les gars, et on ne s’en lasse pas.

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Excellentissime prestation également de FOGHAT en milieu d’après-midi. Avec un Charlie Huhn qui s’impose aux vocals et à la lead-guitar qu’il partage depuis quelques années (comme à la glorieuse époque où il officiait avec Nugent), les revenants de FOGHAT n’ont en fait jamais disparu. Disons plutôt qu’ils ont quelque peu boudé le Vieux Continent: raison de plus pour savourer leur présence ici en Suède avec encore deux membres originels qui nous offrent un show sans fausse note aucune – la bonne humeur et la franche & virile camaraderie en prime.

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Pour la délectation, un extrait du cahier des charges de FOGHAT trainant backstage à l’attention des techniciens opérant stage left: "Audio system MUST be capable of a strong punchy rock and roll sound through out the venue. Foghat is a rock band! It’s LOUD! Please NO latest and greatest hot new thing digital consoles that no one else has heard about!! Live gigs are not the place to learn a new digital console!!!!!" (sic). Savoureux, isn’t it?

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Passons rapidement sur MADAM X et DANGER DANGER qui n’ont rien inventé ni rien apporté à l’histoire du rock, mais qui contentent amplement ceux qui feraient pourtant mieux de s’en souvenir. SODOM et Y&T ne nous focalisent pas plus que WITHIN TEMPTATION ou que SAGA, si ce n’est faire s’écouler le temps en attendant le set des savoureux blueseux graisseux de FIVE HORSE JOHNSON :

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20h40: la prestation de Billy IDOL vient de se terminer sur la Festival Stage. C’est au milieu des roadies officiant sur la Rock Stage, à l’autre extrémité de la plaine, que nous venons d’assister au show du sémillant New-Yorkais, lui préférant le spectacle plus captivant de l’installation du matos pour le concert de NUGENT qui s’en suit. Seul concert européen du Nuge cette année, celui-ci clôturera dans quelques minutes l’édition 2014 du Sweden Rock Festival avant de laisser la place en toute fin de soirée aux locaux de VOLBEAT pour l’after-party. C’est donc de (très) loin que nous assistons par écrans géants interposés à l’impressionnant déploiement d’énergie de Billy IDOL tout au long d’un show d’une bien belle densité. Mais cela n’est encore rien à côté de l’éblouissant état de conservation du quinqua au légendaire torse-nu: si recette-miracle il y a, nous sommes preneurs et plutôt deux fois qu’une!

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« If there is only one (backstage), it will be you ! » nous avait annoncé un mail il y a quelques jours seulement. Et de fait: 20h45 ne demeurent plus à leur poste, de part et d’autre de la grande scène, que les 5 techniciens dédicacés au bon déroulement du show de Ted NUGENT qui débute maintenant dans quelques minutes. Si ce n’est objecti(f)vement pas l’emplacement optimal pour tirer les meilleurs clichés qui soient, ne boudons pas le plaisir du privilège qui nous est réservé: ce soir plus encore que d’habitude, c’est www.intensity-in-the-city ! Greg, Mick et Dereck reviennent les premiers backstage, non sans avoir préalablement déjà supervisé d’un oeil distrait l’installation de leur matos et observé la configuration des lieux. Et apprécié tout comme nous, semble-t-il, le show de Billy Idol. Les suivant de peu, délaissant sa canne dans la voiturette qui l’amène au pied de l’arrière-scène, c’est avec difficultés que le NUGE s’attaque à son tour aux escaliers menant au backstage.

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Arrivé tardivement sur le site fin d’après-midi, Uncle Ted pâtit effectivement des séquelles de sa double opération aux genoux (prothèses), et connaît une convalescence qui s’éternise anormalement. Une jambe raide et douloureuse en est le stigmate le plus visible à son arrivée. Enfourchant sa Byrdland blanche estampillée GWB (Great White Buffalo) que lui prépare et lui bichonne son technicien depuis maintenant ½ heure, il la dégoupille aussitôt pour en faire sortir immédiatement depuis l’arrière du rideau quelques puissants mugissements. Ceux-ci couvrent la traditionnelle bande-son des Rolling Stones annonçant le début maintenant imminent du concert, et indiquent au public que la Bête est aux abois derrière le grand rideau noir. Au petit signe de contentement qu’il nous adresse, il semble des plus satisfaits de l’effet attendu. Mais c’est néanmoins en claudiquant que le NUGE passe ensuite cahin-caha devant nous pour débouler sur scène sous le ciel encore rougeoyant d’un soleil couchant.

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Apocalypse now: hurlements cathartiques de la Bête redevenue Animal qui éructe en retournant à l’état sauvage, brandissant sa Byrdland comme un prédateur sa proie. A l’issue probablement de douloureux efforts, Theodocious Atrocious Nugent retrouve sur scène une mobilité presque naturelle même si quelques yeux avertis remarqueront néanmoins une foulée nettement moins franche. D’autres mettront peut-être sur le compte de Samson le jeu plus statique qu’à l’accoutumée d’un NUGENT désormais orphelin de sa légendaire longue crinière vieille de plus de cinq décennies. Ce look de jeune (?) communiant serait-il le prix à payer pour cette récente et radicale coupe capillaire pour le moins décoiffante?! Ce n’est cependant pas un nouveau NUGENT que nous avons sur scène ni un autre Gonzo, mais bien le Motor City Madman plus vintage que nature et de retour sur le sol de ses ancêtres. Et on a beau s’attendre à recevoir une claque à la première note qu’il tire de sa Byrdland, c’est carrément un tsunami qui s’ébroue avant de se transformer en cataclysme. Ou vice-versa peut-être, tout va si vite et si fort (If it’s too loud, you’re too old – facile à dire quand on est à moitié sourd…).

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Spécialisé dans la grandiloquence à tendance barjot quand même, la carrière disparate de NUGENT manque de souffle depuis nombre d’années si l’on s’en tient à sa seule discographie. Raison pour laquelle c’est bien sur scène que demeurent toute sa démesure, tous ses excès et toute son outrance verbale et musicale de chaque instant. L’inventivité, la spontanéité et l’explosivité peu communes de NUGENT n’ont jamais fait et ne feront jamais dans la sobriété, et c’est bien pour ça que la légende perdure encore et toujours de plus belle sur scène, au-delà donc d’une production studio (et une set-list) plutôt passéiste. La dentelle a toujours été trop mainstream pour lui: rien de tel que le papier de verre, a fortiori s’il a déjà fait ses preuves…

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Cet aller-retour du NUGE entre les States et la Suède consiste en son seul concert européen de l’année. C’est également le premier sur le Vieux Continent depuis notre dernière rencontre dans les salons de l’O2 à Londres alors qu’il bouclait sa courte tournée 2008. La saveur de la tuerie one-shot (au propre comme au figuré) depuis notre poste d’observation n’en est dès lors ce soir que plus jouissive encore. Alternant deux Byrdland embarquées dans ses valises avec deux Les Paul, la démonstration de force du NUGE se termine par le même hurlement éructé par la Bête une heure et demi plus tôt. C’est ainsi que son traditionnel Great White Buffalo clôture ces 90 minutes de débauche sonore qu’avait inaugurées un décapant Gonzo en intro, excusez du peu.

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Entre ces deux masterpieces, le rouleau compresseur s’apparente à un best of the best. La formule quatuor qui (re)prévaut depuis quelques années maintenant sur scène donne toute la consistance et fournit tout le volume aux incontournables classiques dont certains sont encore plus vrais que nature avec un brillant Dereck St-Holmes aux lead vocals originelles. Seule nouveauté de la set-list et donc seule véritable surprise du chef, le morceau éponyme de son prochain CD « Shut Up & Jam » (tout un programme). On aurait espéré être davantage décontenancé par une set-list plus audacieuse qui aurait fait la part belle aux nouveautés, mais Uncle Ted a préféré jouer la carte des classiques – partition qu’il maîtrise effectivement de main de fer. Mais vu les circonstances, sa seule présence sur scène est déjà en soi la surprise du master-chef. Le set se clôture sans les habituels artefacts auxquels le NUGE nous a pourtant habitués depuis bien, bien longtemps: nous n’aurons pas l’occasion de lui en demander la raison, la devinant aisément malgré le fait qu’il ait fait bien mieux que sauver les apparences.

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De fait, sitôt la dernière longue note hurlée par la black Byrdland mourant sans fin dans l’immensité de la plaine qui résonne encore de son cri, c’est en claudiquant de plus belle que Ted NUGENT rejoint la pénombre derrière le grand rideau noir. Il redescend péniblement les escaliers de l’arrière-scène, revêtu de son peignoir bleu estampillé d’un "The Nuge" en lettres d’or dans le dos. Prenant place dans la voiturette qui l’attend au pied du backstage, il disparaît définitivement dans la nuit. L’escapade à Rome prévue en famille à son agenda du lendemain fait ainsi place à un retour « sanitaire » immédiat aux States en prévision de sa toute proche tournée nord-américaine. Ite misa est : l’intimité scénique que nous a valu le Access All Area dont le Nuge nous a gratifié nous permet d’être néanmoins rassuré – pour autant qu’il l’eut fallu: la Bête redevient bel et bien Animal dès le rideau du backstage franchi. La magie demeure, ou plutôt la métamorphose perdure, à l’identique depuis cinquante ans. Là demeure finalement – pour nous – l’essentiel, au-delà de toutes les polémiques que suscite, entretient et nourrit savamment le personnage.

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NUGENT nous a crédité d’un show sans surprise, ni bonne ni mauvaise. Sa verve habituelle était au rendez-vous, ses cris et la magie de ses Byrdland également. Qu’on adule son jeu et/ou qu’on exècre le personnage, NUGENT reste un prédateur sans concurrence sur scène en demeurant un redoutable showman et un tireur d’élite sans nul pareil. L’Histoire se poursuit et le mythe, tenace comme un furoncle, perdure pour le plus grand bonheur de certains – ou à l’image de la misère qui s’abat sur le monde pour d’autres. Mais tous admettront objectivement que le mur de 25 Marshall et autres Peavey disposés sur scène a laissé méchamment parler la poudre. Pour notre part, nous venions pour cela, et principalement à cette fin. Gonzo aussi, le hasard faisant bien les choses. Mission accomplie – back home everybody.

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Sweden Rock Festival – jour 2: BLACK SABBATH, WASP, UDO, Joe BONAMASSA, KAMELOT, etc.

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(Vendredi 6 juin 2014, jour 2 de 3). Le Sweden Zoo comporte suffisamment d’allées que pour varier les espèces animales offertes à la vue et à l’ouïe. Optons dès lors pour les races de notre choix dont les mœurs musicales – notamment – sont à observer de plus près dans leur habitat naturel, ou quasi. Sociologie, musicologie, zoologie ou anthropologie (voire zythologie?), les nuances sont ténues en ces circonstances festivalières. Mais rien de tel pour bien commencer la journée que piquer une tête dans la mer pour se décrasser d’une courte nuit passée dans cette pinède jouxtant la plaine du festival, et pour se remettre les idées en place en vue de notre étude.

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Un ciel bleu et un soleil radieux laissent présager d’une journée-massacre. Et de fait, il n’est pas encore midi que la franche tuerie débute pour se terminer 14 heures plus tard par la prestation (franchement très) dispensable de UDO en guise d‘after. Après la Swedish National Day Celebration de 11h00, les locaux de TALISMAN et les nanas de THUNDERMOTHER ouvrent les hostilités: les premiers se la jouent m’as-tu-vu et les secondes jouent leurs bonnes Girlschool, ni plus ni moins. Mais si le cuir est taillé à l’identique, certain que leurs poitrines valeureusement mises en valeur sont sans doute plus fermes que celles des Anglaises aujourd’hui. Passons sur les Américains de SKILLET, jetons un oeil sur les joyeux fanfarons d’ELECTRIC BANANA BAND et sur leurs compatriotes de Q5 qui se produisent sur la mainstage, pour préférer nous adonner à ROCKKLASSIKER ALL STARS BAND. Avec notamment Mikkey Dee aux drums, c’est avec un (presque) parfait Ace of Spade qu’il semble saluer notre arrivée face à la petite scène.

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Le morceau de résistance de notre après-midi s’appelle Monsieur Joe BONAMASSA. 1h30 de classe et de doigté, le tout présenté dans un emballage cadeau qui prend la forme d’une sono parfaite et puissante. Son jeu est à l’image de son costume gris-bleu même pas froissé, de sa chemise tirée à quatre épingles et de sa coupe proprette : classe et net, notre dandy. Même qu’il serait un peu plus sale dans son jeu que cela pourrait presque s’approcher de la perfection. Jusque dans ses rafraichissements, BONAMASSA se la joue clââââsse, dégustant son Bordeaux dans un élégant verre à pied tandis que le bas-peuple de ses congénères se vautre dans la bière ou le Jack Daniels (voire pire par ces chaleurs : se noie dans l’eau).

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4 jours, 5 scènes, 87 bands: on ne peut tout faire. Ce vendredi 6 juin 2014 est effectivement un remake meurtrier du jour le plus long, 70 ans précisément après un autre tout aussi bruyant. CANNED HEAT, fidèles à eux-mêmes, nous réservent d’agréables moments au même titre que les gusses de KAMELOT, pour le moins plaisants. WASP réussit même à nous surprendre positivement en toute fin de journée alors que nous les avions snobés à leur meilleure époque, avant de faire place nette pour la tête d’affiche du jour…

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Avec 6 minutes de retard, c’est dans une tente-presse pleine comme un oeuf que déboulent Ozzy suivi de près par Tony puis par Geezer devant un aréopage de journalistes, cameramen et autres photographes. Ozzy semble particulièrement détaché du présent contexte, comme comprenant difficilement les questions auxquelles il ne répond d’ailleurs que brièvement ou en tous cas en en faisant très peu cas. Certes, les questions qui fusent sont d’une réelle, affligeante et sidérante banalité, et d’un abyssal anecdotisme – on comprend mieux pourquoi ces conférences de presse sont la bête noire de nombreux…

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Butler aurait d’autres préoccupations plus importantes que rencontrer cette meute de beaufs que cela ne nous étonnerait pas. Ozzy se demanderait encore ce qu’il fait assis là que cela ne nous surprendrait pas non plus. Seul Iommi semble attacher un minimum de considération aux questions qui leurs sont posées, tout en leur réservant néanmoins des réponses on ne peut plus concises et brèves. D’entrée de jeu et avant même que le band ne pénètre dans l’antre surchauffée, les consignes édictées par le Press Manager du festival étaient claires : pas de questions à Iommi au sujet de son état de santé, pas d’interpellations d’Ozzy au sujet de la famille Osbourne (femme ou enfants), etc. En clair: only and only questions about Black Sabbath music. C’est vrai qu’en 6 minutes chrono, peu de place est laissée à d’autres sujets: un simulacre de conférence de presse ?! Qu’à cela ne tienne, le moment est suffisamment unique que pour être apprécié à sa juste valeur. Dommage qu’aucune question n’ait cependant abordé la récente et énigmatique petite phrase de Iommi parue dans la presse anglaise, envisageant que leur prochain concert à Londres pourrait être une belle manière de refermer définitivement le livre Black Sabbath

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Les « I can’t fucking hear you » lancés traditionnellement par Ozzy depuis le backstage annoncent l’entrée du band sur scène en cette fin de soirée. Show parfait, fortement semblable (voire identique?) à celui auquel il nous a été donné d’assister à Amsterdam il y a 6 mois. Ni plus, ni moins. Ozzy semble comme revenu à la vie et les deux pieds sur terre depuis la rencontre de cet après-midi. Butler tronçonne sa quatre cordes dans son coin comme à sa bonne habitude, semblant de rien. Sir Iommi nous la joue classe et sobre à l’instar de celui qui n’a – effectivement – plus rien à prouver. Seul Tommy Clufetos nous en met à nouveau plein la vue. La puissance et la richesse de son jeu semblent avoir encore gagné en maturité et en efficacité ces derniers mois. Mais jusqu’où nous surprendra-t-il encore, cet impressionnant gamin ?! Puis, il est comme qui dirait en famille ici sur le festival, après avoir déjà officié par le passé pour Rob Zombie, Alice Cooper et Ted Nugent tous présents ! La tête d’affiche de cette seconde journée a tenu toutes ses promesses – le Sabbath peut s’en repartir satisfait du travail accompli, la plaine se rendormir, et les campings de poursuivre bruyamment les festivités jusqu’au petit matin. Another Perfect Day, comme dirait Lemmy…

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Sweden Rock Festival – jour 1 : ALICE COOPER, TESLA, URIAH HEEP, ROB ZOBIE, SOLSTAFIR…

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Jeudi 5 juin 2014, jour 1 de 3. Notre première – et dernière – participation au Sweden Rock Festival date d’il y a 12 ans déjà, et remonte donc à juin 2002. A l’époque, nous quittions au milieu de la nuit Ted NUGENT dans sa loge de l’Astoria à Londres à l’issue de son seul concert anglais, et prenions directement la direction de la Suède. Deux traversées en ferries et près de 20 heures de route plus tard, nous atteignions le Sweden où le NUGE était pour la première fois à l’affiche. Aujourd’hui, c’est à l’issue d’une septantaine de minutes de vol jusque Copenhague puis de deux heures d’une pittoresque route jusque Norje (entité de Solvesborg) que nous atteignons le site du festival.

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En cette fin d’après-midi, il pleut comme vache qui pisse. Un ciel bouché rend la mer d’autant plus grise. La main stage du festival est en bordure même de la route, à une cinquantaine de mètres seulement de celle-ci, sur une portion congrue de terre et de bosquets qui se terminent dans la mer. La pluie s’arrête de tomber et un temps sec reprend le dessus pour notre premier gig de la journée à 18h00 déjà. Au menu de ces trois jours, une belle brochette d’hors-d’œuvre, de mises en bouche et de plats des plus consistants.

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Belle surprise d’entrée de jeu que celle des Islandais de SOLSTAFIR suivie d’une autre dénommée TESLA: après un prog savamment léché et des plus construits en provenance du froid, la chaleur des Californiens nous surprend très agréablement malgré une american touch un peu trop connotée hard-FM US mais qui se laisse néanmoins déguster. Peu enclin à succomber aux charmes de ROB ZOMBIE malgré toute notre bonne volonté, nous préférons ceux de URIAH HEEP qui enflamment les seniors du festival (ceux-ci préférant laisser les juniors aux zombies…).

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Malencontreuse impasse sur la prestation d’ALTER BRIDGE pour préférer la compagnie d’ALICE COOPER. Mais c’est sur la bande-son des potes à Miles Kennedy que se déroulent les vingt bonnes minutes de rencontre-presse avec un Vincent Furnier qui se prête avec plaisir et sympathie à l’exercice. Hello Kitty! Mais qui avons-nous face à nous: Vincent Furnier ou Alice Cooper himself/herself…? Il brouille les pistes, le diablotin! D’emblée de jeu, ALICE COOPER de préciser qu’il a-do-re les festivals pour la simple et bonne raison que c’est toujours l’occasion pour lui de retrouver des potes parfois perdus de vue depuis longtemps. Comme ROB ZOMBIE qu’il considère comme son "fils le plus désobéissant qui soit" et qui sait que la place lui est toujours offerte sur scène – ce qui se confirmera effectivement en fin de concert avec son apparition pour le bouquet final.

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Combien faudrait-il le payer (sic !) pour qu’il joue sur scène un morceau de l’album "Dada"? ALICE COOPER répond par un éclat de rire, précisant toutefois qu’une des seules fois où cela est arrivé c’était pour observer des mines médusées dans l’assistance, comme déconfites face à Former Lee Warmer. De conclure par conséquent qu’il ne peut décevoir son public qui vient principalement pour prendre son pied sur ses morceaux les plus connus, pas vraiment pour découvrir les autres. Soit. La pratique du golf demeure pour Vincent Furnier presque plus addictive qu’est la musique pour Alice Cooper, même s’il reste un musicien avant d’être un golfeur. Et puis, le golf c’est pour la journée; le rock’n’roll pour la soirée. De toute façon, ALICE COOPER n’aime pas le golf (sic). Adorable.

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Tandis que nous apprenons que "Dangerous Tonight" reste un de ses morceaux favoris (mais que le jouer sur scène s’avère trop compliqué de par la sophistication et la complexité de l’arrangement), le micro est tendu à une gamine de 5 ou 6 ans. Tout candidement, elle lui demande… sa couleur préférée. Sourire attendri d’Alice Cooper qui lui retourne immédiatement la question pour s’aligner ensuite sur le green qui en ressort, même s’il chuchote comme en aparté que c’est en fait le noir! Eclat de rire général dans une tente de presse pleine à craquer. Légende ou pas, l’histoire de sa rencontre avec Elvis Presley? Sa rencontre chez le King dans les années 70 n’est pas un mythe lorsque celui-ci lui tendit pour l’impressionner un Smith & Wesson .38 ("loaded", précise-t-il) qui trainait sur la table de la cuisine. Se remémorant la scène, ALICE COOPER se gausse: pas impressionné pour un sou ("I am from Detroit, you know!") son petit démon lui frappa l’épaule gauche en lui chuchotant "Tue-le!" tandis que son petit ange-gardien posé sur l’épaule droite lui susurrait: "Non, blesse-le uniquement!". En définitive, arme au poing, sa seule crainte fut qu’un garde du corps entre fortuitement dans la pièce et le dégomme pour protéger le King! Avant de prendre congé et comme pour nous mettre l’eau à la bouche, ALICE COOPER précise que le full show de ce soir comprend quelque chose comme 24 morceaux organisés en trois périodes. Fin de l’acte 1 – sortie enjouée d’Alice COOPER que nous retrouverons plus tard sur scène.

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Et de fait, cette fin de soirée voit le centre de la plaine drainer les 35.000 festivaliers accourus des autres scènes. Avec un show plus imposant encore que d’habitude, une mise en scène grandiloquente et comme porté par la foule, par la démesure des lieux ou par la douceur estivale d’une nuit claire, Alice Cooper offre avec ses 3 lead guitars un concert dantesque clôturé par un final d’anthologie. Avec une set list réservant quelques très belles surprises en cours de show ainsi qu’il l’expliquait tout à l’heure, il clôture son set en apothéose par un vibrant hommage aux vintages de son époque qui ne sont plus. Dans l’ordre, tribute aux Doors de Jim Morison tout d’abord – dont il apporte un copie de la pierre tombale sur scène… -, à John Lennon ensuite, puis à Jimi Hendrix et enfin à Keith Moon. Avec ces quatre reprises en bouquet final, il n’en faut pas plus pour achever un public déjà mis à genoux par un show parfait qui bouscule les habitudes. Impressionnant, vous demeurez vraiment impressionnant Monsieur Furnier.

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Rétrospectivement, ce concert est probablement le plus puissant, le plus abouti, le plus surprenant et le plus léché de tout le festival. La plus belle réussite du weekend. Cette conclusion est d’autant plus appréciable que nous ne pensions plus pouvoir encore être surpris par ALICE COOPER: réussir à nous prendre à contre-pied et à nous éblouir n’était pas gagné, mais Alice et Vincent l’ont fait… Rideaux.

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ALAIN PIRE EXPERIENCE – Release Party Live Club Liège – 28 mai 2014

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On sait qu’il est des albums qui prennent toute leur dimension et toute leur consistance live on stage. Nous ne pensions pas, mais alors là pas du tout que le Cambridge d’Alain Pire Experience était de ceux-là, tant l’aspect policé et bien léché de sa production en faisait déjà en soi une petite perle bien proprette à ne pas trop bousculer pensions-nous (à tort). C’était oublier à qui nous avions à faire, et disons-le tout de go: Alain Pire Experience live on stage, c’est quasi une tuerie! Au point que cela fait longtemps déjà que nous n’avions pas été contraint d’enfiler nos bouchons, c’est dire.

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Cette guitare (trop ?) propre sur la version studio se métamorphose sur scène, devenant grasse, envahissante et presque méchante la garce! Les compositions à l’allure extra-terrestre sur CD tant elles sont savamment construites et comme venant d’une autre dimension, deviennent tout à coup bien vivantes et même méchamment bluffantes. C’est comme si le gentil petit Alain à l’air inoffensif se métamorphosait soudainement en violent Alien qui vous fait des trous dans la tête ! La scène ne trahit pas la complexité des arrangements ni la savante architecture des compositions, que du contraire: par la main du maître (His Master Voice?), l’album trouve par le truchement du live le chouïa de testostérone et le tchû de volume qui, tout à coup, semblent maintenant manquer sur le CD.

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La profondeur et la puissance proprement contenues comme par pudeur (ou prudence?) sur la version studio explosent sur scène: Alain Pire Experience live on stage, c’est comme un moteur qu’on débride après un long rodage, comme un marin qu’on lâche au port après trois mois de haute-mer. Ca fout un grand coup de pied au cul et une baffe dans la gueule, alors que tout est caresse et douceur sur la platine: à se demander si c’est le même APEx !

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Etoffé ce soir de quelques SUCH A NOISE de derrière les fagots avec un zeste de Jimi Hendrix et un soupçon de Robert Johnson pour que le set tienne la distance, il n’ y a pas à dire mais il est des soirs où non seulement la surprise est au rendez-vous, mais la claque aussi. De bon augure pour la suite, tout ça: un nouveau power trio serait-il né…?!

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YES – Rockhal (Esch-s/-Alzette) – 20 mai 2014

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Ah ! ces seventies: entre grandeur et décadence, entre prog et punk, entre kitch et rococo, entre patchouli et herbe… Tantôt long comme une belle route sinueuse, tantôt pompant comme un pompeux Te Deum, YES – grandiloquent – réussit le périlleux exercice d’enchaîner un triptyque risqué de près de 3 heures (20’ d’intermission comprises): Close to the Edge en entrée, Going for the One en plat de résistance et The Yes Album comme dessert. Le pousse-café est à l’arôme Roundabout en guise de rappel.

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Les sensations sont en quelque sorte comme celles au moment de mourir (parait-il): on voit redéfiler tout le film de sa vie. C’est le cas ce soir pour une bonne partie de ceux qui replongent ainsi dans leur insouciante jeunesse. Steve Howe et Chris Squire n’ont rien perdu de leur superbe, de leur doigté et de leur maestria. Alan White non plus: remarquable. Mais quelle désolation – certes toute relative – de les contempler comme éteints, comme fatigués dirait-on. Brûlent-ils encore pour leur musique, ou cette tournée mondiale n’a-t-elle pour seul objectif que de renflouer leur bas de laine ? Se produire live leur procure-t-il encore une once de plaisir ou ne jouent-ils les automates que par nécessité ? Ou par habitude peut-être après tant d’années, sans flamme ni jouissance communicatives. Excellents et redoutables players qu’ils sont demeurés, ils ne sont manifestement pas ce soir remarquables performers, et toute la nuance est là du moins pour nous. Ce constat n’enlève rien à la qualité (quasi) irréprochable de leur prestation et du rendu parfait de ces trois chefs-d’oeuvres des plus complexes, avec mention spéciale au digne successeur de Ian Anderson à l’organe pourtant irremplaçable. Aux antipodes de Geoff Downes qui passe la plupart de son temps dos au public – et ce n’est pas plus mal vu sa dégaine de vieille chochotte sur le retour à la Kottak

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Des sièges disposés dans une grosse moitié de la Rockhal déjà trop vaste vu l’assistance, et une partie de ceux-ci restés en outre inoccupés, YES ne parvient qu’à emplir moyennement le cubage et le volume des lieux. Il faudra attendre Starship Trooper et plus encore le rappel pour que le public finisse (timidement) par se lever, que Squire décroche un fugace sourire (si, si, nous l’avons vu !) et que l’Hibernatus Howe se démomifie tout partiellement. A se demander sur le moment quelle est finalement la plus-value d’un concert où ni le visuel ni l‘entertainment ne contribuent à magnifier la bande-son. Celle-ci, parfaite et presqu’irréprochable, demeure cependant faiblarde par moments – mais faute en grande partie à la configuration des lieux sans doute, pas aux Anglais de service.

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Reléguer en outre les (six) photographes accrédités tout au fond de la salle, sur la galerie technique qui flirte à 20 mètres du sol avec les hauteurs du plafond mais surtout à une centaine de mètres de la scène, et tout est dit : avec tant de prétention dans le chef du management, on est décidément loin du r’n’r spirit et de la r’n’r attitude. Dommage. YES n’accepte de photos convenables qu’au moyen de téléobjectifs à 15.000,- € ? Ce sera alors sans nous – question de principe avant même de moyens : comme si shooter depuis le frontstage était empiéter sur la zone de confort du band. Messieurs, sauf votre respect, si la compagnie vous dérange à ce point, pensez à changer de job à la fin de cette tournée, non?! Ou calfeutrez-vous en studio, là où votre excellence s’exprime avec tant de brio. A certains égards (et à certains égards uniquement), tout fout l’camp moi j’ vous l’ dis, même si les nostalgiques s’en retourneront ce soir en érection, les inconditionnels de YES satisfaits, et ceux découvrant pour la première fois le band sur scène également. Entre le chaud, le froid et le tiède, notre mitigeur hésite en toute objectivité quant à la température du bain : on va appeler le plombier. Et se refaire défiler le triptyque de notre vie en l’attendant…

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PS : un merci tout particulier à Eric Bussienne qui nous a (ac)crédité : Steve Howe est manifestement plus enclin à lui accorder un interview d’excellente facture qu’à se laisser tirer le portrait. Dont acte.

!! CONCOURS !! –> 2 x 2 places à gagner pour HATEBREED le 25 juin 2014 (Kulturfabrik – Esch-s/-Alzette)

La Kulturfabrik vous offre 2 x 2 places pour le concert de HATEBREED à Esh-sur-Alzette (GDLux) ce 25 juin 2014 !!

Question simple : à combien estimez-vous raisonnablement le nombre de "Marshall" disposés sur la grande scène du Festival Cabaret Vert le 26 août 2011 lors de la puissante prestation de HATEBREED ?
Un simple mail à contact@intensities-in-10s-cities.eu avant le 14 juin 2014 et l’affaire est dans le sac ! Les ex-aequo seront départagés par une question subsidiaire postée ici-même le 14 juin à midi et à laquelle il vous faudra répondre online en "Commentaires" ci-dessous.

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A ceux qui ont envoyé la bonne réponse par mail avant ce 14 juin (en l’occurrence "2×4 Marshall et 2×2 "têtes"d’ampli) voici la question subsidiaire pour départager les ex-aequo: combien de visiteurs uniques ont-ils fréquenté ce site du 1er janvier 2014 au 14 juin 2014 ? Le nom des 2 gagnants sera posté ici-même ce mercredi 18 (une réponse par candidat !)

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Roots & Roses Festival (feat. BIG SUGAR, KING KHAN, WHITE COWBELL OKLAHOMA, etc.) – Lessines – 1er mai 2014

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Ceux qui ont reçu la claque BIG SUGAR il y a – jour pour jour – 16 ans lors de l’édition 1998 du Boogie Town (l’ancêtre du Roots & Roses) s’en souviennent encore ! Ne cachons d’ailleurs pas le fait que nous sommes de ceux qui ont expressément fait ce jour le déplacement pour honorer le retour sur nos terres du rasta Canadien. Tout comme ce barman de 27 ans qui nous sert nos pintes du cru en arborant le tee-shirt aux motifs jamaïquains de BIG SUGAR : lui aussi se souvient de la raclée qu’il a reçue tout gamin de son père de retour du Boogie Town, lorsqu’il lui fit découvrir à l’époque la bande-son signée Gordie JOHNSON. Mais que le temps a fait son oeuvre depuis, le bourreau !

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Avec vingt kilos de plus (comme nous), une barbe de prophète (comme nous, mais avant) et des cheveux tressés 50 cm plus longs que la coupe proprette qu’il arborait (comme nous mais il y a alors très, très longtemps…), le Gordie JOHNSON de 2014 n’a strictement plus rien à voir avec l’égérie masculine de la ligne Hugo Boss qui l’avait pris sous son aile en 1998 !! Sacré Gordie, va : quelle spectaculaire métamorphose après avoir été le dandy de la scène blues-rock-roots de Toronto ! Son come-back européen fait suite à une absence de plus de 12 ans sur le Vieux Continent, nous apprend-il en souriant devant la pochette arborant son faciès de l’époque qu’il nous dédicace appuyé sur la vitre de son va. Et il est aux anges, le gaillard, de fouler à nouveau le sol européen pour deux dates seulement, excusez du peu. Avec un line-up quasi identique, la symbiose demeure parfaite sur scène et rien ne laisse deviner que le band a splitté plus de 10 ans avant d’être récemment reformé par son leader plus charismatique que jamais.

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Métamorphosé physiquement, rien n’a cependant changé sous la carapace du désormais plus Jamaïquain de tous les Canadziens : appliqué durant le warm-up a décorer son Marshall aux couleurs rouge-vert-jaune ainsi que son gobelet qu’il recouvre de bande isolante tricolore, c’est de toutes les couleurs de la Jamaïque que notre Rasta Rocket du roots inonde la scène une heure durant. Et les senteurs de là-bas semblent également avoir fait leurs effets bien après sa prestation, lorsque nous recroisons Gordie et son comparse bassiste dans le backstage de l’autre scène durant la prestation de Fred & The Healers. Un batteur punk, un bassiste jamaïquain, un guitariste de hard-rock et un cuivre jazzy : la fusion des quatre styles demeure parfaite dans ce roots hors normes estampillé BIG SUGAR. Plus reggae que jamais, les racines et riffs r’n’r ne sont cependant jamais très loin et reprennent parfois le dessus, mâtinés au surplus maintenant d’un rap qui sort résolument des sentiers battus et des concepts roots éculés. Merci Monsieur Johnson pour votre prestation explosive, pour votre savoureux come-back et pour votre gentillesse toute attentionnée : vous étiez parfait et grand à l’époque, vous êtes maintenant devenu énorme.

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Le hors-normes est d’ailleurs la marque de fabrique de ce 5ème Roots & Roses Festival au vu de quelques pointures complètement déjantées à l’affiche. Qui de de KING KHAN & The SHRINES ou de WHITE COWBELL OKLAHOMA remporte la palme du too much ? KING KHAN emmené par son gourou canadien – une espèce de croisement entre un pharaon et une drag-queen déglinguée – enflamme cette édition du Roots & Roses avec un show (au sens propre du terme) dans la plus pure lignée entertainment. Qualifier la prestation toute en démesure et en puissance de KING KHAN relève de l’impossible : préférons le paraphraser pour n’omettre aucune dimension de la troupe: more than a psychedelic soul band with a spectacle of a stage show ; cult musical phenomenon psychedelic-soul big band, sweat-drenched, ass shaking, groovy psyched out number, complete with rip roaring horn lines, southern fried guitar riffs and lysergic melodies. Tout est dit, tout simplement !

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Le band est tout bonnement explosif et surréaliste, et délivre un show survitaminé et déjanté dopé par une section cuivre omniprésente et un clavier des plus destroy qui nous plongent dans un univers oscillant entre soul et garage-rock. Ce clavier, quand il ne brandit pas son instrument haut au-dessus de sa tête, c’est pour mieux escalader les montagnes de baffles ! Les voir sur scène pour le croire n’est pas suffisant lorsque le délire continue backstage… voire même on stage durant la prestation des SONICS dont le pharaon investit la scène après avoir bondi du frontstage avec sa coiffe de trappeur ! A enfermer, ces SHRINES et cette drag-queen. Ou plutôt non : à décorer…

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L’autre bande de doux-dingues (ou plutôt de très, très dangereux allumés fous-furieux) qui enflamme le chapiteau en début d’après-midi vient également d’Ontario malgré leur nom pour le moins américanophile de WHITE COWBELL OKLAHOMA. Les Canadiens sont décidément à l’honneur avec pas moins de trois bands à l’affiche cet après-midi. Et pour l’heure des cowboys, on est servis : avec une triple ration de show et de décibels, ce n’est plus du blues ni du roots, ce n’est même plus du r’n’r non plus qu’ils nous servent, c’est un T-bone mâtiné de hard-blues avec une louche de fayot méthode harissa-punk et un whisky frelaté goût garage-rock retrouvé dans l’arrière-boutique des vestiges d’un saloon sinistré. Show devant – tronçonneuse, meuleuse et distorsion on stage avec un joyeux mais virulent second degré. Si ça aussi c’est du roots pur jus, je me recycle en testeur de bande hygiénique.

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Nettement plus conventionnel, Fred réussit à me réconcilier avec ses Healers. Sans doute parce que plus brutal, plus musclé et plus rapide que jamais, FRED & The HEALERS est devenu un vrai groupe live qui en a et qui a cette fois décidé de bien s’en servir. Très bien, même. Loin de son blues soporifique et aseptisé d’il y a quelques années, trop propre et trop formaté car toiletté à l’excès, Fred LANNY réussit maintenant à bouter le feu aux planches et à se servir – enfin ! – d’une guitare autrement que comme un trop précieux Stradivarius. Hommage au festival, il signe sur son dernier CD un superbe « Roots & Roses » qui n’en prend que plus de dimensions ce soir sur les planches du même nom…

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RUSTY ROOTS , par quelques belles envolées guitaristiques de derrière les fagots (ou plutôt de derrière les ballots), tente de jouer les grand garçons du southern rock. Ils restent cependant englués dans le sable de la Mer du Nord. Non pas qu’ils déméritent – que du contraire – mais leur southern bien que parfois très efficace demeure comme artificiel. Un peu comme si John Wayne jouait du Johnny Cash : avoir le chapeau et bien le porter n’est pas vraiment suffisant. Nécessaire, mais pas suffisant.

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POKEY LAFARGE, tout droit sorti de l’Illinois des années 30, allie le look au son vintage de ces années-là en ramenant un peu de calme sur scène : ragtime, bluegrass, hillbily et savoureuse whasboard au menu. Efficaces et redoutables dans leur style (mais pas vraiment le nôtre…), les champions du genre outre-Atlantique suscitent quelques belles figures de square-danse bien balancées dans un chapiteau désormais plus saloon que jamais pour les moins adeptes de l’exercice.

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Les fondateurs du garage-rock, les septuagénaires de The SONICS clôturent la journée en balançant du gros et du lourd. A plus de 70 berges, ils en ont vues des vertes et des pas mûres, les papys. Au point que la subite intrusion sur scène de KING KHAN en salopette et coiffé maintenant d’un gigantesque cône de papier les laisserait même de glace. Le poil-à-gratter canadien vient sautiller derrière le band avant d’être gentiment évacué et poussé vers la sortie par la sécurité : assurément, le roi de cette édition porte bien son nom !
Les roses prennent assurément bien racines au Roots & Roses Festival : à bon terreau, bonne cuvée !

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♪ A venir – Coming soon – A venir ♪

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JOHN MAYALL – 80th Anniversary Tour – Rockhal (Esh-sur-Alzette, GD Lux) – 17 avril 2014

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Serait-ce le Rémy Bricka du blues english, notre John MAYALL ?! Ce serait manifestement là faire injure – non : insulte – au multi-instrumentiste qui fête ses 80 ans (!) sur scène ce soir au Luxembourg. Passant du clavier à l’harmonica, des vocals à la Fender, MAYALL impressionne du haut de ses huit décennies. Combien peuvent se targuer de son pedigree et de son parcours – et surtout de sa longévité et de son état de conservation en 2014 ?! Combien de ses semblables a-t-il enterré au propre comme au figuré, (ab)usant sans doute pour sa part moins de substances illicites probablement. Combien de comparses a-t-il également propulsé au firmament de la gloire, demeurant quant à lui dans une plus modeste pénombre pour le commun des mortels ? De Eric Clapton à Jeff Beck, de Walter Trout à Jack Bruce, de Peter Green à Mick Taylor, de Coco Montoya à Buddy Whittington : tous ont connu la gloire et le succès après être passés entre les mains du sorcier MAYALL.

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Nous pénétrons dans la Rockhal sans prêter plus attention à un modeste stand installé dans le hall d’entrée durant la prestation de la 1ère partie (dispensable) de Kid Colling. Tenu par un senior des plus anonymes, il nous faudra faire demi-tour pour réaliser qu’il ne s’agit pas moins du sieur MAYALL himself ! Installé à côté d’un écriteau, il promotionne son dernier CD en jouant le vendeur ambulant : à 80 berges et avant même de grimper sur les planches, ça impose d’autant plus le respect. Total respect, même.

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Nous l’observerons ensuite avec un regard amusé remballer sa camelote alors que le 1er set se termine. Il fend son public par l’entrée principale de la salle pour rejoindre ensuite le backstage. Une vingtaine de minutes plus tard – 20 minutes d’intermission teintées de Rush estampillé seventies (!) – l’octogénaire à l’allure débonnaire se retrouve face à son public pour l’emmener dans une set list couvrant pas moins d’un demi-siècle. Quelques belles passes d’arme avec ses trois comparses plus tard, le patriarche honore une dernière fois son public mature (mûr ?) par un groovant Room to Move. Total respect again, Mr. MAYALL : c’est ce qu’on dû vous dire et répéter à l’oreille vos fidèles admirateurs alors que vous rejoigniez derechef votre stand dans le hall d’entrée, accompagné cette fois de vos trois comparses des Bluesbrakers pour une nouvelle séance de vente/dédicace. Adepte du circuit court – la vente directe du producteur au consommateur, sans intermédiaire – vous avez réussi à marier circuit court et court-circuit: high voltage blues’n’roll, on adore ! Longue vie à vous, Sir MAYALL, God Bless The King.

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VANILLA FUDGE – Spirit of 66, Verviers – 21 mars 2014

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Exactement 10 ans jour pour jour après sa dernière prestation sur ces mêmes planches (http://www.intensities-in-tens-cities.eu/tag/Vanilla%20Fudge), un des plus vieux bands encore en activité retrouve l’intimité du Spirit of 66 à Verviers. 10 ans jour pour jour, et pas moins flamboyantes pour un sou, nos trois icônes – Tim Boggert a de fait décidé depuis lors de remiser sa quatre cordes au vestiaire de sa carrière, s’estimant atteint par la limite d’âge. Il est remplacé par rien de moins que le bassman de Cactus. Restent néanmoins ce soir trois véritables monuments sur les planches pour une prestation de près de deux heures. Groupe majeur dont l’influence sur les grands de l’histoire du rock est indéniable, les icônes du FUDGE ressurgissent intactes d’une époque révolue et d’un passé remontant aux sixties, lorsque même Led Zeppelin assurait leur première partie.

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Réaliser qu’il s’agit bien ce soir des mêmes légendes est une gageure ! La musique du FUDGE demeure à l’image de ses géniteurs et de ses concepteurs, et en l’occurrence de ses performers : d’une étincelante modernité et d’une fraîcheur exceptionnelle par ailleurs parfaitement impossible de dater. Sans pour autant recourir au carbone 14, Mark Stein a l’allure d’un jeune premier derrière son Hammond – et quelle exceptionnelle sonorité, cet Hammond : à quand son classement au patrimoine (im)matériel de l’Unesco?! Carmine Appice est tout sourire en défonçant ses fûts comme il y a 50 ans, et Vince Martell réinvente le toucher de guitare comme si de rien n’était. Et ces voix, quelles célestes harmonies lorsque tout quatre jouent des lead vocals : ce n’est plus le Spirit, c’est une cathédrale. Ce n’est plus Verviers c’est le Vatican. Ce n’est plus de la musique, mais du véritable miel…

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La quintessence du band réside cependant ailleurs encore que dans l’exceptionnelle longévité de son oeuvre – à l’image de celle de ses auteurs : c’est dans sa simplicité et dans sa générosité mêmes. Tels de jeunes premiers, ils resteront tous quatre une bonne heure durant au merchandising à deviser de-ci de-là jusqu’au dernier client, avant de rejoindre leurs appartements backstage. Quand ils en ressortiront un à un, ce sera dans un club dorénavant vidé de son public.

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Mark Stein (plus très frais ni net semble-t-il…) vient se planter tout seul devant nous, en équilibre sur le tabouret de la table de mixage, attendant comme une momie ses comparses – dont Carmine tout de noir vêtu qui se fond dans les tentures tout aussi noires d’un recoin de scène désormais vide: les lunettes sur le nez, il tapote son smartphone d’une main, tenant de l’autre quelques cintres en guise de garde-robe de costumes de scène. Vince Martell ferme plus tard encore la marche, d’apparence tout fringuant mais nous marmonnant que son organisme est cependant resté bloqué sur le fuseau horaire des States.

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Et ces trois légendes vivantes de quitter nonchalemment le Spirit pour rejoindre dans le noir on ne sait trop quel lieu. Le patron qui tournait impatiemment en rond peut maintenant – enfin ! – fermer la boutique. Une soirée décidément bien hors-normes avec des formats tout simplement hors-normes également. Hors-norme, VANILLA FUDGE le reste au sens propre du terme, reléguant proprement la meute de ces cinq dernières décennies dans les cordes bien tristounettes d’une normalité qui ne sera manifestement jamais sa marque de fabrique. A dans 10 ans donc, même jour, même heure, même endroit…

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