50th Anniversary Tour: soirée Xanax ou Prozac party ?
Maintenant en ligne, BARCLAY JAMES HARVEST (featuring Les HOLROYD) live @ Esch-sur-Alzette, 26 mars 2018.
Un cliché à l’image d’un set finalement peu contrasté (entendez: pas assez contrasté) et manquant de relief (entendez: pas assez de relief du tout…):
Auteur : Yves-Marie François
Il y a des concerts pour lesquels on nourrit comme un drôle de pressentiment bien avant d’en pousser les portes d’entrée. BARCLAY JAMES HARVEST fait partie de ceux-là, et nos mauvais pressentiments ne nous trompent malheureusement que rarement.
Non pas que Les HOLROYD et sa bande loupent le coche, non non non. Mais quand on ne brûle plus pour sa musique, à quoi bon encore en jouer si ce n’est pour arrondir ses fins de mois ou pour meubler ses longues soirées ?! Quand on n’a plus le feu sacré – ou qu’on le dissimule sacrément bien, comme peut-être ce soir – à quoi bon encore arpenter les routes du rock’n’roll circus ? Et c’est comme qui dirait l’impression que BARCLAY JAMES HARVEST nous laisse.
Avec un Club de la Rockhal chichement garni ce soir de bedonnants dégarnis et de ménopausées sur le retour, nous sommes en 2018 loin, bien loin du firmament de BJH dans les eighties notamment. Qui présentement ne se souvient pas de ce point d’orgue des Anglais par un beau 30 août 1980, offrant une prestation folle-dingue devant le Mur de Berlin, mais surtout devant plus de 175 000 fans ?!
Ainsi donc, entre Prozac et Xanax, BARCLAY JAMES HARVEST est sur les routes pour célébrer cette année son 50th Anniversary Tour – à l’instar d’autres vieilles gloires plus ou moins formolisées qui croiseront Les Holroyd en 2018 pour la tournée de leur 50ème également – YES et JETHRO TULL pour ne citer qu’eux (Jet Rotule – comme disait ma Maman). Manière de nous rappeler que l’Angleterre d’il y a un demi siècle n’a pas engendré que des dames de fer (et nous ne visons pas particulièrement Iron Maiden).
Cher Les HOLROYD, ne vous méprenez pas à notre sujet: loin, très loin de nous l’idée de dénigrer BARCLAY JAMES HARVEST. Nous sommes simplement attristé de constater qu’il n’est pas donné à tout le monde de vieillir comme il a vécu. Après tout, nous aussi on a des jours où on bande mou. Mais à notre décharge – façon de parler – disons qu’il y a moins de monde pour en jouir – façon de parler toujours.
The Monkey Family était de retour à Bruxelles ce samedi 24 mars 2018, pour enflammer la cuvette de Forest National avec cet ébouriffant MonkaDelic Tour 2018. Un truc de ouf, cette tournée d’anthologie…!
Un premier cliché ci-dessus, juste le temps que le tour management valide nos autres polaroïds – comme à chaque fois que SHAKA PONK nous gratifie d’un précieux pass photo, même règle pour tout le monde.
Et tant qu’à faire, trois autres extraits (validés !) de notre précédente séance de shooting @ Cabaret Vert, 2014. Que du bonheur pour l’objectif…:
… et même – soyons fous ! – un petit flash-back @ Ward’in Rock 2010 :
SHAKA PONK doit être ce que l’Hexagone a enfanté de plus ouf sur scène, et l’énergie fracassante qui caractérise ce The MonkAdelic Tour 2018 aboutit à un live spectaculaire, entre prouesses technologiques et performance scénique. Survitaminés, les six geeks de SHAKA PONK créent en quelque sorte le show du futur avec un punk numérique où la technologie vient sublimer la frénésie rock du band.
SHAKA PONK, c’est une centrifugeuse, un gros mixer dont Sam est comme la lame fixée en son centre. Juché sur un petit podium de fortune qu’il rejoint au milieu de la fosse de Forest National, il commence à tourner, tourner sur lui-même, lentement, puis de plus en plus vite, brassant la foule de ses bras et faisant mouliner les spectateurs-acteurs autour de lui par centaine et par centaine dans le sens inverse des aiguilles d’une montre…
De plus haut dans les gradins, le spectacle de ce pétrin est saisissant: cette immense masse sombre et informe en rotation donne le tournis, comme un tapis humain circulaire qui entamerait une lente ronde à l’instar d’une grosse toupie fatiguée.
Tantôt au milieu du public jusque dans les gradins, tantôt porté(s) à bout de bras par celui-ci, Sam et Frah se répartissent le show ainsi que le contact direct, physique et tactile avec les 3-4 mille spectateurs bruxellois. Le reste de la machinerie garantit le groove et le beat sur une scène devenue à la fois piste de cirque, exhibition-show et écran de console numérique.
SHAKA PONK n’a pas inventé le fil à couper le beurre mais a de manière certaine apporté sa contribution à l’entertainment fransquillon. Entre bains de foule d’anthologie, pogos à la pelle et un visuel venu d’une autre planète, la bande en forme comme jamais a trituré Forest National plus de deux heures durant avec toutes ses singeries. Avec ce Monkadelic Tour, SHK PNK a mis en branle une sacré machinerie qui leur sera difficile de surpasser.
Pour le reste, dommage que le management ne nous autorise pas à publier certains clichés qu’il n’a ainsi pas souhaité valider. D’autant plus dommage que certains sont, pour nous, les plus spectaculaires et les plus touchy tirés du pied de la scène. Mais il en est ainsi: dura lex sed lex. La loi du show biz. L’univers impitoyable du droit souverain à l’image. All the World is a Stage…
WILSON aura-t-il été en capacité d’atteindre au Luxembourg le même degré de perfection musicale et scénique que la veille à Bruxelles ?
Et si poser la question était en quelque sorte y répondre…?!
Le dernier génie conceptuel du 20ème siècle entouré de sa brochette fétiche de musiciens hors-pair.
Ou comment An Evening With Steven WILSON peut être synonyme d’intemporalité sensorielle, comme un moment de plénitude intégrale, ou un échantillon de nirvana terrestre dont nous gratifieraient les dieux…
Backstage, ce sont dans leurs racks toujours estampillés PORCUPINE TREE que guitares et basses fourbissent leurs effets en attendant leurs maîtres. A la fois le signe que WILSON revendique toujours fièrement le glorieux passé de sa première vie, et pour qui en douterait encore la confirmation que sa set list fait toujours la part plus que très belle à ces pièces-maîtresses d’une époque maintenant révolue. Qu’importe, pour les fins gourmets, Steven WILSON et PORCUPINE TREE c’est chou vert et vert chou.
Hier à Bruxelles, WILSON nous contait les péripéties de ses dernières dates allemandes – dont celle de Essen où il eut l’impression de jouer dans un cimetière (sic). Ce soir au Luxembourg, il nous narre sa toute aussi récente expérience finlandaise, se produisant face à des parterres assis peu enthousiasmants (re-sic), avec bobonne qui se morfond dans son fauteuil à côté de môsieur qui, lui, ne trouve pas du tout le temps aussi long qu’elle (re-re-sic). Bah ! ce n’est pas qu’Allemands et Finlandais n’appréciaient pas, c’est simplement qu’ils ont selon lui quelques difficultés à l’exprimer. Ah ah ah, british humour welcome…
Certains intellectuels culs-serrés en manque de bonnes phrases décrivent l’actuelle production de WILSON comme un chaos paranoïaque en provenance directe de l’ère post-vérité (hein ?! càd ?!). Nous nous contenterons pour notre part d’assimiler ce An Evening With Steven WILSON à un cliché en haute définition des temps déconcertants dans lesquels nous vivons: Steven Wilson nous les dépeint depuis l’horreur rampante de la technologie omniprésente à l’observation humanoïde de notre quotidien, de sa dramatique actualité à la déconcertante résilience dont la race humaine peut faire preuve en ces temps chamboulés (hein ?!). Pause.
Pour la bonne bouche, WILSON reste fidèle à lui-même d’une tournée à l’autre, continuant de fustiger les manchots qui brandissent à bout de bras leur smartphone pour poster sur YouTube une minable vidéo de m… (sic) qui n’intéressera en définitive strictement personne vu la quantité de vidéo de shit (re-sic) déjà présentes. Enjoy the show, les gars, plutôt que d’emm… ceux qui tentent d’en profiter derrière vous.
Steven WILSON, c’est comme le bouchon jeté à la mer: les plus grosses vagues (musicales) et les plus puissants courants (des modes) n’auront jamais raison de lui, qui restera toujours bien au-dessus de tous ces insignifiants remous ou de ces redoutables vagues de fonds.
Deux Steven WILSON d’affilée – hier à Bruxelles, ce soir au Luxembourg – c’est comme se resservir de dessert après le plateau de fromages. C’est comme s’offrir le vol retour en 1ère classe après avoir voyagé en economy à l’aller. C’est dans cette volupté non nécessaire qu’on découvre finalement le plaisir superflu et coupable qui rend le moment présent d’autant plus jouissif que fondamentalement essentiel. Rétrospectivement s’entend (hein ?!).
Il y a de ces concerts où l’on sait, dès la première note, qu’on va se ramasser une claque. Que l’on va communier à un moment d’une intensité exceptionnelle, que l’on va prendre part à une expérience sensorielle hors du commun. Ce An Evening with Steven WILSON dans une mythique Ancienne Belgique sold out depuis des mois et des mois maintenant, fait partie de ces parenthèses temporelles qui vous transportent dans un autre espace-temps, qui vous téléportent dans une autre dimension…
Il y a des chanteurs, il y a des guitaristes, il y a des musiciens, il y a des song writers, et il y a des stars qui peuplent le rock’n’roll circus. Puis il y a quelques Artistes, une poignée de Génies de la trempe de WILSON, qui ramènent tous les autres à leur simple condition. Touche-à-tout de talent, hyperactif de génie, Steven WILSON est sans doute le dernier génie conceptuel enfanté par le 20ème siècle.
L’éclectisme et le génie de WILSON nous transportent à nouveau ce soir entre rock progressif, psychédélisme avant-gardiste, métal poli, jazz-fusion et intimisme feutré. Steven WILSON mixe nos émotions, les soumettant tantôt à la brûlure de la lave en fusion, tantôt les apaisant par la douce caresse d’une plume délicate dont il nous frôle l’épiderme. WILSON, c’est tout et son contraire. C’est l’alpha et l’oméga.
Oui, Steven WILSON, c’est l’alpha et l’oméga de la musique moderne: il a tout ingurgité, il a tout digéré, il a tout assimilé pour mixer ce brassin et nous en ressortir la quintessence moëlle sous la forme d’une expression musicale qui ne ressemble à nulle autre. Il pousse même l’audace de moderniser radicalement la pop indé, en étant le premier à s’amuser du scandale qu’a provoqué son dernier opus parmi sa fan base et parmi les spécialistes (sic) qui savent mieux que lui dans quel style musical le catégoriser (re-sic).
Car oui, le sorcier WILSON qualifie sans complexe de pop music son dernier bébé, dans la lignée des plus grands artistes pop(ulaires) dont il vante le génie et le côté pop(ulaire): The Beatles et Abba (sans oublier Tears for Fears, Talk-Talk ou Kajagoogoo – clin d’oeil second degré à son comparse stage right). Et de tenter de transformer le temps d’un morceau pop l’Ancienne Belgique en une piste de danse, se gaussant à l’avance de contempler barbus, tatoués et fans d’Opeth se fendre d’un petit pas de danse.
L’admiration sans borne qu’il voue à celui qu’il considère être le musicien le plus talentueux parmi tous (… Prince…), n’a de pareille que la dévotion qu’il témoigne à sa Fender Telecaster millésimée 1963 usée par les ans, meurtrie par les sévices qu’elle a dû subir et par les tortures endurées entre ses mains de génie.
Moment de suprême volupté que où cette Telecaster, branchée sur un ridicule Hugues & Kettner qu’il dépose à ses pieds, transporte 2000 et quelques âmes au 7ème ciel par le biais d’un Even Less d’anthologie. Seul sur scène dans cette version ô combien dépouillée, la vraie dimension de WILSON nous éclate à la figure, nous explose les mirettes, nous éclabousse la face, nous métamorphose les tympans et nous ravage les neurones.
Un moment de grâce. Un moment d’anthologie. Un moment d’éternité. A l’image d’une soirée sans nulle pareille…
SAXON ne perd jamais de temp – et ça dure depuis 1979. Leur 22ème album Thunderbolt sorti début de ce mois, les voilà 3 semaines plus tard déjà repartis sur la route. Ce first leg du "Thunderbolt 2018 European Tour" est une sorte de court échauffement en salles de taille modeste, manière de tester la machinerie avant de partir à l’assaut d’une tournée mondiale plus tard cette année via le haut de bien des affiches de festivals estivaux. Une routine vieille de plusieurs décennies donc…
Rejoint par DIAMOND HEAD et par les Brésiliens de ARMORED DAWN en opening act, SAXON est le fast and furious de la NWOBHM. Cela ne fait-il pas 40 ans que ça perdure, aux côtés de quelques autres étendards qui font encore et toujours bien mieux que de simplement conserver de beaux et de bons restes. Seule la mort de l’un ou l’autre titan de cette époque bénie d’entre les dieux a pu mettre un terme à des carrières qui reposent encore aujourd’hui sur une fidélité absolue à une ligne de conduite musicale, ainsi que sur une absence totale de compromission ou de soumissions aux modes et autres effets mainstream.
L’hommage de Biff BUFORD rendu ce soir à Lemmy n’en est à nouveau qu’une illustration parmi bien d’autres. Quel autre "mouvement" musical, quelle autre tendance artistique peut-elle se prévaloir d’être toujours au sommet des décennies après son apparition, dans un monde où tout va toujours plus vite, ou tout est démodé avant d’avoir vieilli, où tout est old-fashioned avant même d’avoir fait ses preuves, où l’obsolescence programmée est devenue le modus operandi de quantité de groupes d’opérette et d’artistes à la spontanéité d’un poulpe et à l’inspiration d’un mollusque…??
Si une part belle du show est consacrée à leur dernier bébé tout juste sorti dans les bacs (… pour ceux qui sont encore de la génération où le toucher de l’objet d’art demeure sans équivalent), il faut bien avouer que c’est lorsque SAXON débouchonne ses cuvées Wheels of Steel, Denim & Leather, Strong Arm of the Law et autres Crusader millésimés que la température monte encore d’un cran.
Ceci dit, Biff demeure un tout grand gentleman qui allie humour, simplicité et convivialité lorsqu’il s’agit de maintenir la pression. Il fait en outre montre d’une surprenante humilité et d’une gentillesse peu courante à l’égard d’un public à qui il voue le plus grand respect.
Quand on n’a plus rien à prouver, sans doute cette attitude est-elle d’autant plus remarquable que peu courante dans ce monde de l’entertainment où le paraître et le superficiel demeurent les maîtres-mots (ou plutôt les traitres-maux…).