Le plaisir de découvrir une salle inconnue est toujours aussi prégnant, a fortiori lorsqu’elle se situe dans un cadre aussi « steel » que celui de la Neue Gebläsehalle de Neunkirchen (Saarland). Au pied du haut-fourneau et entourée d’immenses cheminées parfaitement conservées, mises en valeur par des faisceaux de lumières multicolores, la Gebläsehalle ferait presque passer la Rockhal pour un décor de pacotille – m’enfin, n’exagérons pas non plus. Now online: The PINEAPPLE THIEF qui nous livre tout chaud sorti de l’écrin son dernier « It Leads To This ». Now online et toujours dans notre galerie de portraits à l’instar de toutes nos précédentes reviews…
Étiquette : Pineapple Thief
C’est étrange mais heureusement pas fréquent que des concerts ne laissent que peu de sensations à leur issue, si ce n’est un sentiment mitigé qu’on ne sait pas précisément qualifier de positif ou de négatif mais qui tendrait plutôt vers le neutre, voire le mièvre. De l’heure trois-quart de concert que nous a généreusement gratifiés The PINEAPPLE THIEF (excusez du peu), il n’y a rien, strictement rien à jeter des 45 dernières minutes durant lesquelles le show a littéralement décollé et pris son véritable envol, sa véritable dimension. Et la set-list n’y est probablement pas pour rien…
Quant à la première heure de la soirée, on n’a pas toujours su sur quel pied danser, comme si le groupe cherchait la recette d’un élixir perdu. Si The PINEAPPLE THIEF a appris à nous surprendre en n’étant pas marié à un seul genre, le band a néanmoins peiné à faire décoller et à faire vibrer une assistance pourtant toute acquise à sa cause semble-t-il, et venue en nombre même si le show n’affichait pas sold-out à l’inverse de bien des dates de cette tournée.
Il y a comme ça de ces groupes qu’on préfère presque sur CD que sur scène, du moins comme ce soir lorsque la performance live semble en définitive n’apporter pas grand chose à la version studio. Pour d’autres, c’est l’inverse : certains bands ne trouvent leur pleine dimension et leur pleine démesure que dans le feu roulant du live – mais ce n’est manifestement pas ce soir le cas de nos Anglais.
Même Gavin HARRISON – qui pourrait presque justifier à lui seul notre présence ce soir – semble ne faire que de la figuration ou du simple accompagnement musette si l’on osait. La sonorisation de sa caisse claire à elle seule n’est pas étrangère à ce presque désastre en gâchant toutes les percussions 105 minutes durant. Que ne s’est-on pas attaché à résoudre le problème dès son premier coup de baguette, nom de nom ?
On ne peut manquer d’avoir Porcupine Tree en arrière-pensée quand on assiste à un show de The PINEAPPLE THIEF, un de ses poulains au sein de l’écurie Kscope au même titre qu’un Anathema par exemple ou de ces quelques bands tombés petits dans la potion magique dénommée Steven Wilson. La présence de Gavin HARRISON ne fait que renforcer ce sentiment d’autant plus que Randy McSTINE ouvrait cette soirée par sa (dispensable) prestation solo en opening act. A noter donc pour notre prochain The PINEAPPLE THIEF : se sortir SW de la tête et bannir PT de notre esprit…
Retour à notre chère Ancienne Belgique après bien plus d’un an et demi de pause sanitaire loin d’avoir été salutaire. Et pour quelles prestations d’anthologie livrées par un certain mais surtout hallucinant et irradiant Alex Henry FOSTER (vous connaissiez ? nous, que nenni) en éblouissant opening act de The PINEAPPLE THIEF ! Il y a des soirs comme ça où les étoiles s’alignent comme par magie sans crier gare, le jour même ou (feu ?) Porcupine Tree envoie d’étranges signaux dans le cyber-espace et d’interpellants signes cabalistiques sur les réseaux sociaux… relayés par Gavin HARRISON himself. Il y a de ces coïncidences qui ne peuvent en être, isn’t it?
(… clichés en primeur dans notre Hall of Fame)
Il y a de ces soirs où l’on n’imagine pas l’ombre d’un seul instant qu’une perle vous attend dans un écrin dont vous ne soupçonniez même pas l’existence: Alex Henry FOSTER est de celles-là. Il y a de ces atmosphères, de ces ambiances et de ces rencontres d’une densité telle qu’elles ne peuvent pas davantage se narrer: on ne peut que les vivre, et Alex Henry FOSTER en fait aussi partie. Au point que The PINEAPPLE THIEF peut ensuite venir et même être mauvais – ce qui fut tout sauf ça, que du contraire – FOSTER même s’il n’officie qu’en première partie aura fait notre soirée. Non: notre année. Pour ce qui est donc de la tête d’affiche, les bourrins de seconde zone argumenteront que The PINEAPPLE THIEF ne fait qu’exploiter le filon et la veine laissée en jachère depuis la dissolution de PORCUPINE TREE il y déjà 10 ans de cela. Et quand bien même serait-ce le cas, réussir un tel exercice n’est pas donné au premier surdoué venu. Bruce Soord et son timbre de voix, tout autant que les harmonies en background vocals, ne feront que renforcer cette sensation et cette filiation…
Mais ces raccourcis mal venus feraient fi de la présence de Gavin HARRISON aux drums depuis 2016, chaînon manquant (ou plutôt liant) entre les fûts de (The) PORCUPINE TREE et les drums de The PINEAPPLE THIEF (tiens, tiens, TPT en abrégé tous deux, vous m’en direz tant…). Sa frappe et sa polyrythmie si particulière, reconnaissables entre mille, demeurent un exercice de très haut-vol et renforce s’il le fallait encore la complexité de ces compositions à tiroir, architecturées telles des pyramides : une base large et solide pour pointer tout en finesse vers l’infinité du ciel.
Qu’on le veuille ou non, certaines sonorités de cet alt-prog-rock hors catégorie sont frappées du sceau Steven WILSON avec un son solidement ficelé, sans samples trop simples ni autres trucs bidon. L’explication que ce même Wilson ait signé The PINEAPPLE THIEF sur l’un de ces labels se suffit sans doute à elle-même. Mais s’en contenter serait faire fi de l’empreinte incontestable de Gavin HARRISON qui a littéralement métamorphosé un voleur d’ananas qui, auparavant, nous indifférait presque.
Pour leur seconde venue à Bruxelles, The PINEAPPLE THIEF est un des premiers bands étrangers et d’envergure à fouler de nouveau les planches de l’Ancienne Belgique post-covid. Sa configuration full-assise, sans même un semblant de fosse ni de pit-photo, rend les lieux plus intimistes que d’habitude, même si celle-ci nous l’avons perdue depuis plus d’un an et demi. Nos jetons-boissons qui trainaient dans un fond de tiroir depuis lors ont toujours cours: une chance qu’il y ait encore des valeurs sûres qui ne se déprécient pas…
A propos de valeur sûre (au Canada) ou à confirmer (en Europe), de quel tabernacle sort donc cet extraordinaire, cet extraterrestre Alex Henry FOSTER qui officie en première partie avec ses Long Shadows?! Premier band d’outre-Atlantique a fouler les planches de l’AB depuis mars 2020, ces Montréalais au savoureux accent nous en mettent plein les mirettes en nous plongeant dans une atmosphère et dans une ambiance littéralement hors du commun.
Trois compositions seulement (ou n’en était-ce finalement que deux…? (*)) occupent le terrain des 40 minutes de post-rock avant-gardiste qui lui sont dédiées, mais quelle occupation toute en subtilité et toute en finesse. Quelle prestation toute en densité, toute en overdub, toute en texture et toute en loop. Un set éblouissant, atmosphérique, hypnotique, lancinant, hallucinant, instinctif, expérimental, aérien et à la fois musclé et parfois noisy. Nous venions pour The PINEAPPLE THIEF mais repartons le coeur gros comme ça, empli d’une émotion dont nous a submergé cet inénarrable Alex Henry FOSTER & The Long Shadows.
Depuis longtemps une prestation ne nous avait-elle plus confronté à une telle emphase, à une telle communion, à autant d’intensité, de grandeur d’âme, d’amour, de pudeur et d’émotions. FOSTER, par sa présence irradiante et un charisme rare, synchronise et orchestre tel un guide ses envolées improvisées où chacun de ces Long Shadows semble à la fois partie d’un tout et organisme à part entière. En un mot comme en cent, ce diable de Montréalais nous a sans conteste réservé la surprise live de l’année.
Les blaireaux de seconde zone dont mention en début de cette review ne manqueront certainement pas d’imputer au contexte pandémique cette plus haute marche du podium que nous attribuons à FOSTER, classement certes tout subjectif et qui n’a de toutes façons pas lieu d’être. Rendez-vous est néanmoins donné lors de sa tournée d’été 2022 pour qui voudra confronter ses sensations et par dessus tout fusionner son karma avec celui d’Alex Henry et ses Long Shadows… Pas le temps d’attendre ? Découvrez alors ici sa vision spirituelle du monde et de la musique (interview de juin dernier).
(*) Alex Henry FOSTER nous précisera quelques jours plus tard: « While it wasn’t sure how many songs were in our 40-minute set, I can confirm that it was 2 and a half. I say that, because the first one, titled “Ouverture” was meant to be used as an intro and merge into the first song, the unreleased “Slow Pace of the Winds”. The other half of our set was destined to our song “The Hunter (By the Seaside Window)”« .
(… autres instantanés consultables dans notre Hall of Fame)
Les organisateurs de ce premier RAMBLIN’ MAN FAIR ont sorti et poli l’argenterie. Et véritablement mis les petits plats dans les grands en limitant volontairement à only 15.000 festivaliers sur les deux journées (!) la capacité maximale et optimale d’un site pouvant en accueillir au moins 10 fois plus… chaque jour. C’est dire le confort et les conditions idylliques de participation d’un public choyé et gâté aux petits oignons (sauce menthe) de par cette approche qualitative assez unique en son genre.
Ramblin’ jour 1, midnight – fin :
Ramblin’, jour 2 : ainsi sommes-nous bienheureux, aux antipodes des marchands du temple qui transforment la plupart des festivals en pompes à fric. Ailleurs, on profite de l’imbécilité complice du festivalier lambda qui apprécie semble-t-il se transformer volontairement en poule de batterie et/ou en bestiaux tout juste bons à cracher son pognon sur les 50 cm² de terre battue qui lui sont dévolus. Ici non, c’est tout le contraire et de surcroit sur un gazon british please: chapeau-melon bas Messieurs les Anglais de TeamRock Radio, UK, where rock music is born comme vous le dites si bien ("If rock’n’roll is a drug, TeamRock is the dealer ").
Cependant, Angleterre oblige, le soleil radieux d’hier samedi fait place ce dimanche matin à une pluie parfois dense, parfois plus insidieuse et subtile, mais en tous cas continue en ce jour du Saigneurs. Les promoteurs annoncent que le ciel devrait redevenir clément vers 18h00, et le ciel fut: la météo leur donne totalement raison à 18h07’ précises. L’organisation est décidément parfaite…
Bénéficiant d’un accès en primeur au site de ce Festival of Classic Rock, Prog, Blues & Country dès 10h00, c’est dans un parc totalement vide mais sous un costaud crachin que nous assistons aux premiers soundchecks. Et la baffe de la journée sera confirmée à 13h00 lors de la 1ère prestation sur la main stage : BLUES PILLS est une véritable tuerie. Une tuerie, qu’on vous dit ! La claque dans la figure durant le soundcheck, et la baffe officielle et magistrale en lever de rideau du festival: un dimanche qui commence par un tsunami. Coup de cœur absolu pour ce quatuor suédois abondamment programmé par ailleurs sur TeamRock Radio qui ne s’y est pas trompé. Une basse monstrueusement présente qui bucheronne en cadence avec une batterie bombastique, un guitariste aux riffs plus psychés que ça tu meurs. Et aux vocals, mama mia les vocals !
BLUES PILLS, c’est la réincarnation du Grand Funk Railroad qui aurait consommé encore plus d’acide pour virer psyché grave. Les Suédois ont carrément réinventé la recette explosive du r’n’r avec aux vocals une espèce de tigresse plus proche de Janis Joplin dopée aux amphet’ que de Dolly Parton. Cette prestation de 35 (?!) minutes seulement pour débuter le dimanche sur la grande scène vaut tous les bâtons de dynamite du monde. Un quatuor réellement ex-cep-tion-nel, assurément la claque absolue de ce dimanche et THE découverte de la journée (voire du weekend).
Rien qu’à compter le nombre de blondasses qui débarquent backstage en début de soirée pour assister au show de RIVAL SONS, on a compris. On a compris qu’elles cherchent à s’abriter de la pluie. Ou qu’on à affaire à quelque chose de très particulier. Révélation de la décennie et incarnation du renouveau rock’n’roll, ou plutôt plongée en plein revival à mettre à l’actif de frimeurs et de poseurs qui exploitent 5 décennies de r’n’r sans rien véritablement y apporter? L’avenir nous le dira.
Un son de batterie live très Bonham, une guitare qui arrache bluesy-rock 60’s, tout ça est très riche et relevé par un chanteur charismatique. Le fils naturel et/ou spirituel de Jim Morison? Sa quasi-réincarnation en chair et en os mène tout ça de main de maître. Pour notre part, on préfère manifestement écouter RIVAL SONS – et les apprécier – plutôt que de les regarder. Il y a de ces groupes, comme ça, dont l’allure énerve ou irrite alors que musicalement parlant ils méritent un total respect. Peut-être pas (encore) une totale admiration, mais bien un total respect présentement…
SOLSTAFIR : notre coup de cœur / découverte du Sweden Rock Festival 2014 confirme amplement tout le bien que nous pensions d’eux il y a un an. La surprise en moins, c’est néanmoins derechef une prestation qui nous entraîne dans de longs loops parfois hypnotiques d’inspiration à la fois de Monster Magnet et d’Anathema. Pas possible, allez-vous dire ?! Effectivement. Sauf quand on sait marier le feu et la glace, ce qui est un jeu d’enfant quand on provient du pays icelandais du même nom. Élémentaire.
Même scène, autre mo(ve)ment: The TEMPERANCE MOVEMENT : un chanteur qui tient 45’ à ce rythme, on n’en découvre pas tous les jours. Est-ce lui qui entraine le band, ou est-ce le groupe qui le pousse à cette paroxysmique démonstration!? Une combinaison littéralement explosive, comme une espèce de Blues Travellers qu’on aurait tuné ou survitaminé. On a-do-re.
Festif et entraînant, le rock des QUIREBOYS est celui des bistros où l’on danse. Pas le pub-rock guindé de Dr. Feelgood, mais plutôt celui où l’on met un peu moins les formes et où la Guinness coule à flot.
Un clavier qui donne le tempo, et c’est presque c’est tout le Maidstone Mote Park qui se transforme en immense piste de danse-sur-boue: 200% rock’n’roll on stage et 100% frontstage. On a beau se contenir et se dire que ce n’est pas pour nous, mais c’est plus fort que tout: les QUIREBOYS, pinte en main, parviennent à faire dodeliner une enclume et swinguer un paraplégique…
Too old to rock’n’roll, too young to die ? Ian ANDERSON ne pense pas si bien dire: l’homme à la flûte rassemble devant la "Prog Stage" un parterre convenu de cinquantenaires (et plus si affinités) retrouvant probablement les sensations d’une jeunesse en fleurs. Il est de ces mélodies qui traversent plus difficilement que d’autres les âges, les époques et les décennies, et la set list de Ian ANDERSON mâtinée de Jethro Tull en fait ce soir comme qui dirait partie…
Au flûtiste unijambiste, nous préférons les accords rugueux blues-rock des premières heures du Whitesnake en la ronde personne de son digne représentant Bernie MARSDEN. Le marquee estampillé Outlaw Country Stage hier samedi est étiqueté aujourd’hui Blues Stage: même endroit, même matos mais autre style. Et à l’applaudimètre de ce dimanche, la tête d’affiche des lieux Bernie MARSDEN remporte la victoire absolue.
De fait, l’ex-Whitesnake attire la grande foule dans un marquee décidément trop petit pour contenir son énergie et la foule qu’elle draine. MARSDEN nous réserve en outre la surprise d’être accompagné par un autre comparse provenant de la congrégation du Serpent Blanc : Neil MURRAY himself. Autant dire que le chapiteau déborde en cette fin de journée comme la panse d’un bavarois à l’Oktoberfest, et la toile dégouline comme le string d’une escort girl en plein taf.
MARSDEN, tout en rondeur(s) et en bonhomie, nous distille son heavy blues high voltage de derrière les fagots, et la clameur monte encore d’un cran lorsqu’il s’embarque avec Murray dans l’une ou l’autre de ses compos qui ont porté Whitesnake au firmament. Une hystérie collective à en faire pâlir Coverdale himself, fore sure. Avec The SCORPIONS hier, MARSDEN est le seul act à s’offrir un rappel. Non: à nous offrir un rappel…
Après un tel set, après une telle énergie, la tête d’affiche sur la Main Stage Gregg ALLMAN (en UK exclusive siouplait) ne casse pas trois pattes à un canard. Presque pathétique, comme éteint ou momifié, ALLMAN ne brûle plus. Le soufflé est semble-t-il retombé depuis longtemps. Les cuivres et backgrounds ne parviennent pas à faire décoller le vaisseau ALLMAN. Pire, les interminables vides, langueurs et longueurs entre deux morceaux contrastent d’autant plus violemment avec un MARSDEN pathologiquement hyperactif.
Ce grand monsieur qu’est Gregg ALLMAN excelle assurément mais n’est manifestement pas ce soir the right man at the right place at the right moment. Le début de son set est couvert par la clameur de la prestation de MARSDEN qui se termine dans le marquee, pour ensuite être cannibalisé par la puissante sonorisation en provenance de MARILLION qui débute sur la Prog Stage en qualité de 3ème tête d’affiche…
MARILLION, certes irréprochable, ne parviendra cependant pas non plus à faire oublier la prestation de MARSDEN ni celle d’autres belles et grandes pointures qui se sont succédées à l’affiche ce dimanche. Sans revenir sur la bombe BLUES PILLS qui a ouvert les hostilités à 13h05 (quelle étrange heure pour débuter un festival…) et les prestations remarquées du jeune prodige de la gratte Aaron KEYLOCK. Mention spéciale aux Polonais de RIVERSIDE (du Dream Theater en meilleur et moins pompant) et, un ton nettement en dessous, de Pineapple Thief.