Enfin, quand on écrit FISCHER-Z, sans doute faudrait-il préciser FISCHER-Z en solo, ce qui correspond davantage à la configuration choisie par son éternel chef de file, John WATTS. Et quand il se la joue en mode Neil Young armé de sa seule gratte distorsionnée, ce n’est que pur bonheur et plaisir absolu… Now online et dans notre GALERY Facebook « From backstage to frontstage ». NO Photoshop. NO Ligthroom. NO RAW format. NO numeric nor digital overdub : ONLY pure one-shot JPEG.
Étiquette : Fischer-Z
C’est quand même quelque chose, John WATTS qui te balance en solo l’intégrale de Red Skies Over Paradise, tout seul sur la scène du Centre Culturel de Menin, armé seulement de sa gratte et d’un ampli heureusement à la hauteur. Un peu à l’image d’un Neil Young qui te dévérinne une salle entière armé de sa Fender, sans l’ombre du moindre Crazy Horse à des lieues à la ronde. Ce doit être ça le charisme et le talent de ceux qui ne font pas du rock mais qui sont le rock. Alors qu’un musicien lambda te remplirait simplement l’espace de sa voix et de son instrument, John WATTS te submerge jusqu’au trémolo.
Quand depuis le bord de la route, tu observes une Deuche et une Ferrari qui se suivent en roulant à la même allure, ton regard et ton ouïe sont immanquablement attirés par celle qui emplit l’espace de sa présence, non ? Un peu comme John WATTS (… et Neil Young): ça ne s’explique pas, c’est instinctif, ça vient des tripes, c’est irrationnel et pourtant tellement basique. C’est ça l’effet John WATTS, ou l’effet FISCHER-Z: ça t’éclabousse alors qu’il n’y a sur scène qu’une gratte et un sexagénaire (septuagénaire l’année prochaine) à qui t’aurait presqu’envie de glisser un pièce dans son chapeau si tu le voyais jouer sur le trottoir.
A défaut de nous en mettre plein les mirettes, John WATTS nous en balance donc plein les pavillons deux heures durant (court intermède compris). Red Skies Over Paradise joué en intégral n’est qu’un savoureux prétexte pour revisiter en configuration solo toute la riche discographie de FISCHER-Z. Un moment d’intemporalité comme on en vit peu: thanx, Sir Watts.
Lorsque nous renouons en janvier dernier avec l’immense émotion de revoir FISCHER Z sur la scène du Paradiso d’Amsterdam, nous n’imaginions jamais réitérer ce total & jouissif plaisir par trois (3) fois en cette sacrée année 2018. A Liège d’abord, à Leuven ensuite, puis enfin aujourd’hui à Genk…
Pourtant tel est le cas, et notre émotion est en tout point identique à celle qui nous transportait en ce début d’année. John WATTS reste fidèle à lui-même et n’a pas plus changé en un an qu’en trente-cinq. Et c’est là toute la magie de l’instant présent.
En attendant de nous offrir le DVD de ce concert come-back d’Amsterdam, FISCHER-Z rode ce soir un extrait de son tout nouvel album. La recette John WATTS reste identique, les ingrédients demeurent semblables, le doigté du cuistot est celui qui nous ravit les papilles depuis toujours… et pourtant le résultat attendu et espéré parvient encore à nous surprendre. Ce doit être ça, la magie des grands chefs étoilés…
Backstage, le contraste avec Wayne KRAMER qui partage la même mainstage de ce Sinner’s Day Festival est à l’image de leur style respectif: différents quoique finalement fort proches. Un vieil et honorable English daddy (dandy ?) à la classe et à la réserve toute british à qui ne manque que le chapeau melon, qui croise les pas d’un amerloque papy à la dégaine de jeunot qui laisse à peine suspecter la pile atomique qui sommeille en lui et qui n’attend qu’une chose: exploser. Et dire que ces gars là ont mis le feu aux sixties/seventies, chacun de son côté de l’Atlantique…
L’édition 2018 de la grande messe annuelle de la new wave et du punk souffle les quarante bougies de cette nouvelle vague qui déferla sur nos contrées dès 1978. Raison de plus pour que le Sinner’s Day Festival célèbre l’évènement avec cette cinquième édition articulée autour de deux scènes installées dans ce célèbre Limburghal de Genk.
Une Belgian Stage accueille la nouvelle génération noire-jaune-rouge ou à tout le moins la filière blanc-bleu-belge. La Mainstage ne brasse quant à elle que du beau monde où les classiques intemporels jouxtent les valeurs sures (hormis un insipide et totalement inintéressant CABARET VOLTAIRE dont on se demande encore ce qui a amené les organisateurs à programmer une telle daube). Les Liégeois de COCAINE PISS reprennent bien vite possession des lieux malgré un punk-rock qui commence vite à lasser, dans genre qu’ils peinent à renouveler et qui n’amène finalement pas grand chose au style. Dommage de galvauder toute cette énergie, toute cette jeunesse, toute cette fougue….
GANG Of FOUR prend le relais sur la Mainstage pour la première claque de la journée. Autant leur new-wave peut être froide et impersonnelle sur disque – voire totalement inintéressante – autant celle-ci prend une toute autre dimension sur les planches. Le quatuor parvient à en faire un moment de bravoure avec une prestation destroy et couillue à souhait, sans aucune commune mesure avec leur production studio. Allumés comme de véritables possédés, ils gagnent le paris de transformer leur set en une véritable démonstration de force, épique et violente à la Red Hot Chili Pepper de la grande époque.
FUNERAL DRESS assure la relève sur la Belgian Stage dans la bonne humeur et dans un joyeux bordel qui en font les dignes héritiers du punk, poussant presque le stéréotype jusqu’à en faire une caricature. Ils ne réinventent cependant pas le genre, tout juste bons à massacrer un style musical qui semble en définitive plus que jamais et définitivement suranné.
Les vétérans de RED ZEBRA poursuivent le programme dans une ambiance locale de kermesse flamande dans laquelle nous sommes en plein, offrant tantôt du easy listening à la mode Slade, tantôt du mainstream à la sauce Golden Earring parfaite pour faire descendre les frites-andalouse-fricandelle là où il faut, aidées par une Cristal tiède qui ne fait pas particulièrement honneur à la tradition brassicole locale.
John CALE nous réserve la seconde (très) bonne surprise de la journée. Autant sa période Velvet Underground avec Lou Reed ou encore avec Brian Eno a plutôt le don de nous irriter grave, autant ce grand monsieur revêt une stature de véritable monstre quand il en revient à ses fondamentaux. Sombre, lourd, lugubre, grave, puissant et profond, John CALE tantôt derrière son clavier, tantôt à la guitare, réussit la gageure de conquérir toute l’assistance dans une impressionnante communion, avec un redoutable band qui n’y est pas non plus pour rien. Total respect…
Les intéressants WHISPERING SONS sur la Belgian Stage laisseront ensuite la place à VIVE LA FETE. La bande à la plus pulpeuse de toutes les Flamandes les plus pulpeuses (Els Pynoo) nous avait déjà tapé autant dans l’oeil que dans l’oreille il y a 10 ans au Sziget Festival avec une synthpop à la sonorisation de dEUS le Père. Et l’effet bomblast est identique ce soir avec une prestation live d’un effet dévastateur sans aucune commune mesure avec le côté clinique et propret d’une production studio sans beaucoup de relief. C’est vrai qu’avec Danny Mommens (dEUS) à la gratte et aux compos…
Mais tout cela est bien évidemment sans compter sur les deux ras-de-marée de la journée qui justifient et motivent avant tout notre présence à ce sacré Sinner’s Day Festival: FISCHER-Z et MC50
… from Backstage to Fronstage, all the World is a Stage – y compris à domicile ou quasi, bien que le Limbourg ne soit quand même pas notre terroir profond. Nos premiers pas dans ce célèbre Limburghal de Genk nous laissent néanmoins l’impression de débarquer dans une grande kermesse flamande bien bordélique à tous points de vue. Ce grand foutoir est à ce point inorganisé qu’on se retrouve ni plus ni moins backstage au milieu des roadies alors que nous cherchions à rejoindre tout simplement le guichet "Press" pour y retirer précisément notre backstage pass.
Toujours est-il: maintenant en ligne, un impérial John CALE ô combien efficacement entouré, un incomparable John WATTS aux commandes de son vaisseau-amiral FISCHER-Z et un tout bonnement flamboyant Wayne KRAMER accompagné d’un explosif MC5 / MC50 de légende…
… VIVE LA FETE qui n’a jamais aussi bien porté son nom avec un son plus lourd que jamais, GANG of FOUR plus destroy de matos qu’on ne pourrait l’être en 2018. Quant à se demander si COCAINE PISS porte bien son nom ou pas…
Voyons tout ça dans le détail, en ce compris nos sacrés FUNERAL DRESS et autres RED ZEBRA mais avec un foutu focus sur notre iconique Wayne KRAMER...
Lorsque nous confions à John WATTS, à l’issue de ce concert liégeois, que nous l’avons trouvé ce soir bien plus énergique et bien plus présent qu’hier, il nous avoue sans ambages qu’il connaissait à Leuven quelques problèmes d’oreillette. Avec comme un petit sourire de dépit en coin tout en nous confiant la chose, ajoutant qu’il était fatigué – avons nous cru comprendre. Sans doute faut-il interpréter cette pseudo-confidence comme le fait qu’il y a des jours avec et des jours sans…?
Une telle humilité, voire une telle sincérité, est suffisamment rare dans le milieu que pour la considérer comme un signe de plus que John WATTS est véritablement un grand Monsieur. Un homme fait de chair et d’os, avec ses hauts et ses bas. Mister WATTS, vous nous êtes sympathique depuis des décennies, vous nous épatez depuis des lustres, mais vous nous êtes aujourd’hui tout simplement proche. Proche, naturel et plus humain encore que quiconque.
Au cours d’un set d’une heure trois quarts – comme hier – dans une salle comble – comme hier – quoique de taille plus modeste, l’intensité et la chaleur du show se transposent ce soir dans un public liégeois dont le tempérament principautaire bien connu est en totale en phase avec l’esprit du band.
La symbiose est totale et parfaite: ce soir, FISCHER Z et son leader sont Liégeois, ils jouent à domicile, sur leur terrain. Et on n’est jamais aussi bon que quand on joue chez soi. On n’est jamais autant au top que quand on y parvient sans même réaliser la chose. C’est ce qu’on appelle l’état de grâce. Ce soir, John WATTS et sa clique l’ont atteint. En plein dans le mille. Mildje.
Le Refllektor n’est pas repaire d’où il est facile de s’extirper quand il fait salle comble comme ce soir. On joue des coudes pour sortir, quand tout à coup une petite dame venant de derrière, bien énergique et bien décidée, fend la foule et fait place nette devant elle à grand renfort de gestes amples et fermes. Mais pour qui se prend-elle, cette pétasse pour le moins culottée…?!
Il s’en faut de très peu pour qu’on lui dise en termes très peu diplomatiques notre façon de penser, quand on réalise tout à coup qu’elle emmène par la main dans son sillage un respectable homme d’un âge tout aussi respectable. Sans lunettes, coiffé d’une casquette qui le vieillit de 20 ans, John WATTS s’en rejoint ainsi l’espace-dédicace pour ce qui doit probablement être, au quotidien, le moment le plus pénible qui soit de ses journées d’artiste et de star. La rançon de la gloire, vous avez dit…?
La tournée Building Bridges avait si bien débuté par ce sold out au Paradiso d’Amsterdam en février dernier que nous ne pouvions pas faire autrement qu’être présent aux deux dates belges sold out également de FISCHER Z ce soir à Leuven ainsi que demain à Liège…
Le show ne nous semblerait-il néanmoins pas de moindre intensité, comme si, cette fois, le poids des ans et cette tournée (certes triomphale) commençait à peser sur les épaules de John Watts ? A moins que ce ne soit l’effet de surprise amstellodamois qui ne joue plus ce soir à Leuven. C’est certainement cela. Cela ne peut-être que cela, comment pourrait-il en être autrement…?!
La longue file disciplinée s’allongeant devant les portes du Depot bien avant l’ouverture annoncée ne trompe néanmoins pas: les 850 et quelques quinquagénaires (sexa…) qui ont fait le déplacement n’entendent pas faire de la figuration non plus, et réservent à FISCHER Z l’accueil triomphal que le quatuor mérite haut la main.
Une set-list sensiblement similaire à l’épisode hollandais de début d’année nous promène depuis la toute fin des années 1970 jusqu’à la dernière perle à l’actif de John WATTS datant de l’année dernière, éponyme de cette tournée Building Bridges. Et ce n’est pas mentir que d’affirmer que la grande partie de l’audience a fait le déplacement pour se replonger d’abord dans les mélodies qui ont bercé ses jeunes années déjà lointaines pour certains.
En grand Monsieur et en véritable Artiste qu’il est, John WATTS ne choisit cependant pas la facilité: au lieu de se laisser aller à jouer sur la corde sensible de l’audience en misant sur le nostalgique éculé et sur le mélancolique facile et gratuit, il alterne habilement vielles pépites, perles plus récentes et tous nouveaux chefs d’oeuvres qui donnent plus de relief encore à une discographie intemporelle. Chapeau bas, Sir WATTS. Et vivement demain à Liège…
Red Skies Over Amsterdam…! FISCHER Z y débute son "Building Bridges Tour 2018" par un mérité et méritoire sold out au Paradiso: un superbe temple désacralisé garni d’une galerie sur deux étages, salle de moyenne contenance en plein centre-ville entre émanations des canaux et senteurs de cannabis (à moins que ce ne soit l’inverse).
Back to the eighties, quand John WATTS et sa clique arpentait les planches de l‘Ancienne Belgique un beau soir de… 1982 à Bruxelles. Horreur: il y a plus de 35 ans ! Nous écrivions alors:
"Avec les new-yorkais de FLESHSTONES en première partie, l’ex-leader de FISCHER-Z nous réserve un bien beau set aussi propret que propre sur lui. L’Ancienne Belgique est encore cette salle de spectacle vieillotte et ringarde qui sent bon la poussière et le vieux, le moisi et le rance – comme dans un vieux cinéma – quand pas la veille chope et la cigarette. Nous sommes en rhéto, et débarquons à la capitale pour FISCHER-Z. Ce n’est pas vraiment FISCHER-Z mais John WATTS, mais finalement où est la différence…?! Non pas Vieille France mais plutôt Vieille Angleterre, Salute to you, Sir John WATTS".
2017 a été un nouveau jalon important dans l’histoire de FISCHER-Z qui a superbement fêté les quarante ans de son premier concert en sortant un tout nouvel album studio éponyme de cette tournée 2018 ("Building Bridges"). Cet écrin est sans doute l’album le plus abouti et le plus mature de FISCHER Z, et contient quelques perles qui sont probablement les plus plus rock’n’roll du band. La production s’affranchit définitivement d’une étiquette électro-pop-new wave anglaise gentillette et fait entrer FISCHER Z en pleine crise de la quarantaine ! Testostérone, testostérone…
John WATTS continue comme toujours de construire des ponts entre les religions, la droite et la gauche, les riches et les pauvres et des points de vue opposés sur les migrations mondiales, en prenant aussi plaisir à nous raconter de petites histoires de gens ordinaires. Cette tournée "Building Bridges" concilie le passé et le présent avec les nouveaux morceaux mais aussi un "greatest hits" des trois premiers albums de FISCHER-Z.
A 20h30 pétantes, John WATTS débarque sur la scène. Seul… Seul ? Oui, seul, pour annoncer que le concert débutera avec très exactement une demi-heure de retard, par respect pour les retardataires qui n’ont pu rejoindre à temps le Paradiso suite aux retards encourus par les trains hollandais secoués par la tempête de ces dernières heures.
Total respect Mister WATTS, vous êtes un grand Monsieur et le respect que vous témoignez à votre public est à la hauteur de celui que vous méritez. Et les 105 minutes de pur bonheur qui s’en suivront n’en seront que la musicale et nirvanesque traduction, "Building Bridges" entre nostalgie et passéisme, entre madeleine de Proust et pure modernité. Votre voix est demeurée intacte, et si votre corps a comme les nôtres subi les affres des années, il n’en est rien à côté du poids des ans qui nous accable quand on regarde dans le rétroviseur: nous ne nous étions plus vus depuis 36 ans, Monsieur WATTS, mais c’est comme si nous nous étions quittés hier…