Étiquette : Bronx The
Les Californiens nous avaient déjà laissé une p… de bonne impression au Cabaret Vert il y a deux ans. Dans notre chef, une première impression est souvent confirmée – ou en tous cas rarement démentie – qu’elle soit bonne, excellente ou exécrable.
Le SJOCK Festival ne fait pas mentir l’adage en permettant à The BRONX d’offrir une prestation qui détourne de leur stress footballistique les plus férus de l’écran géant où est projeté depuis la Russie le quart de finale Belgique – Brésil.
The BRONX, c’est simple, c’est carré, c’est efficace et hop! emballé c’est pesé. Et quand on assiste à un set d’une telle intensité en pouvant échanger quelques banalités backstage avec Wayne KRAMER qui s’en délecte tout autant que nous (avant de prendre la relève sur les planches avec son MC5 / MC50), mais nom de Dieu que demander de plus ici-bas?!
Leur set terminé, deux des membres de The BRONX nous demandent de leur tirer le portrait en compagnie dudit KRAMER qu’ils encadrent avec dévotion, tout respectueusement, fiers comme des paons, excités comme des puces. Mais sans doute pas avec l’index aussi nerveux que le nôtre… Que souhaiter de plus encore? Priceless…
Maintenant en ligne, le plus ancien festival de Belgique toujours en activité – tel un volcan – qui fête cette année sa 43ème édition, excusez du peu: le SJOCK FESTIVAL.
Sans doute le festival le plus décontracté et le plus cool qui soit, mais aussi le plus déjanté, le plus festif et le plus décalé de toutes ces grands-messes auxquelles nous prenons part de l’intérieur.
Un festival bon enfant aux relents surannés golden sixties et à taille humaine, qui n’a pas encore été phagocyté par les grands noms du circuit, et qui n’a pas encore été cannibalisé non plus par les majors du secteur. Tels les irréductibles Gaulois, le SJOCK FESTIVAL résiste encore et toujours à l’envahisseur impérialiste (LiveNation ?), capitaliste (Herman Schueremans ?) voire communiste (Kim Jung Un ?).
(Photo: Wayne Kramer encadré par deux membres de The Bronx)
Le SJOCK se revendique être – à raison – le festival plus secret de Belgique, Your Rock’n’Roll higlight of the year… Oh que oui ! Lointaine est déjà l’origine de ce festival de potes du club des jeunes d’un village perdu de la Campine flamande (dont certains sont toujours à la manoeuvre !), qui a grandi, grandi et grandi pour voir défiler les plus grands noms qui soient, sans tapage, sans bruit, sans vague, sans marketing ra(va)geur et sans se prendre la tête.
Le SJOCK FESTIVAL est devenu ce qu’il est aujourd’hui, accueillant encore de sacrées pointures mondiales qu’on ne verra nulle part ailleurs en Belgique cette année: des déjantés de TURBONEGRO aux revenants de DEAD KENNEDYS, des poulettes de The DARTS aux rageurs de The BRONX en passant par LORDS of ALTAMONT et The BONNEVILLES, il n’y a que du bon. Et il y a même un peu plus: je vous le mets…?
Mais s’il ne fallait mentionner qu’un seul nom parmi tant d’autres, nous choisirions sans hésiter Brother Wayne KRAMER et ce qu’il reste de son mythique MC5. Oui, vous avez bien lu: MC5(0) en Belgique, Brothers & Sisters. Pincez-nous…! Sorti en 1968, l’inégalable "Kick out the Jams ! " célèbre son demi-siècle avec Brother Wayne KRAMER qui nous le rebalanee dans les gencives – version intégrale. OMG !
Le punk-rock/harcore US est à la fête en ce 2ème des 4 jours de CABARET VERT, avec comme cerise sur le gâteau, en plat de résistance et en bouquet final The OFFSPRING. Mais le soufflé retombe quasi aussi sec. Non pas que leur production bien énergique et remuante souffre d’une quelconque baisse de régime ou ait mal vieilli, mais avec leur dégaine de livreurs de pizzas, ils ont vraiment tout sauf la rock’n’roll attitude. A croire qu’on est allé rechercher d’anciens serveurs de chez McDo pour les affubler d’une étiquette soi-disant punk-rock et leur demander de jouer les mauvais durs et les faux méchants dans une bien piètre pièce de théâtre au casting pourri. Même l’Abbé Pierre ferait mieux du Lady Gaga qu’OFFSPRING du… Offspring, c’est dire.
Malgré un light show, une sono, un lay-out et une set-list de Dieu le Père – tout n’est pas à jeter – rien de spontané, rien de suant, rien de dégoulinant, rien de vrai, rien de sincère dans cette prestation. Rien de rien dans cette pantomime: alors qu’on les attend sales et méchants, l’écume aux lèvres, l’oeil hagard et la pupille dilatée – telle leur musique – on est au contraire face à une clique de piètres intermittents du spectacle, dans l’acception la plus creuse et au degré zéro du terme. La déception d’un OFFSPRING froid et aseptisé est à la dimensions de nos attentes. Te souviens-tu pourtant, mon Fils, de ce terrible album Smash qui a tourné en boucle des semaines durant (des mois même, devrions-nous dire) alors que tu baignais encore dans ton liquide amniotique, tes parents s’inquiétant même de savoir si cette exposition intensive à ce véritable bijou de fin 1994-début 1995 allait avoir sur toi une influence manifeste sur tes goûts musicaux futurs? The OFFSPRING, "la progéniture": c’était un signe…
Palme d’Or à SKIP the USE qui réussit en début de soirée à mettre le feu au Stade Bayard. Des dizaines de milliers de bras en l’air sont autant de roseaux lumineux en pleine érection, pointant les cieux à la cadence d’une rythmique aux relents résolument et méchamment punks pour l’occasion: SKIP the USE a manifestement décidé de se mettre au diapason de l’affiche de ce vendredi en optant pour une set-list renouant avec plaisir – et succès – avec la période destroy du band. Un splendide, puissant et nirvanesque "Teen Spirit" suffit à boutter le feu aux poudres, le reste n’étant plus que formalité pour entretenir un foyer puissamment nourri. Bravo: s’adapter ainsi au contexte et à l’audience n’est pas à la portée du premier venu, et vous en avez déjà brillamment fait montre au Ward’in Rock l’année dernière (voir www.intensities-in-10s-cities.eu/tag/Skip The Use) et même en 2010 déjà (voir Chap.1 "The Vintage Years 1978-2011" @ www.intensities-in-tens-cities.eu). Chapeau bas, les Gars, votre prestation a manifestement marqué cette 9ème édition du Cabaret Vert!
Deux autres formations punk-rock/harcore US de dimension explosent également l’affiche du vendredi: s’il fallait établir un quelconque classement tout aussi subjectif qu’inutile et déplacé, notre légère préférence irait aux Californiens de The BRONX – The beat that kills (sic). Sans frime ni artifice, sans chichi sans manière, ils nous délivrent sans fard un set puissant et parfait sans avoir l’air d’y toucher. Ils montent sur scène comme ils sont dans la vie – et c’est tout là qui fait la différence avec The OFFSPRING notamment.
La scène c’est leur trip. Ils y montent et s’y montrent tels qu’ils sont – portant probablement les fringues défraîchis de l’avant-veille qu’ils avaient déjà sans doute usés dans le bus ou l’avion qui les a amenés en Champagne-Ardennes. Bonne humeur, humour, chaleur, simplicité et sympathie relève l’efficacité et la déflagration de cette prestation à la Ramones. The BRONX mérite la grande scène du stade, mais ils fontt mieux encore en ravageant celle dite des Illuminations – qui n’a jamais aussi bien porté son nom lorsque, submergée de la poussière soulevée par les mosh à répétition, elle offre à l’objectif les plus beaux clichés qui soient…
De la côte Est à la côte Ouest des Etats-Unis, il n’y a que quelques centaines de mètres au Cabaret Vert ! Entre Los Angeles et New-York, entre The BRONX et SICK of it ALL, c’est chou-vert et vert-chou. Les vétérans du punk-hardcore américain font ce qu’il est attendu d’eux. Jumps et bonds, sauts violents et rageuses battues, leur jeu de scène est à l’image de leur musique: foudroyante et sans compromis(sion).
Un set sans surprise, mais qui n’en est pas moins une manifeste réussite toute en puissance et sans finesse aucune – mais qui leur en demande? – ponctuée de mosh pits, circles et autres joyeusetés infantiles du type death wall qui réservent toujours leur petit effet. A fortiori à ceux qui ne sont pas là pour ça. Les quelques mots de français dont SICK of it ALL ponctuent leur show contribuent en définitive à faire de celui-ci un moment aussi chaleureux que chaud-boulette.
Ce 9ème Cabaret Vert devient une valeur sûre de la Grande Région en étant son plus grand festival – et l’éphémère troisième ville du département avec 75.000 festivaliers! Organisation et timing sans faille, accueil média des plus professionnels, éclectisme parfait dans la programmation de tous les arts qui y sont représentés (BD, associatif, cinéma, arts de rue, etc.). A prévoir pour la 10ème édition: des écrans géants – même en salles, ils sont devenus quasi omniprésents; que dire alors en open air. Et à propos d’arts de rue, notre palme revient sans équivoque à la Fanfare ROCKBOX, ovni du rock déambulant gueulophone en tête et revisitant de manière ex-tra-or-di-naire les mythes du (hard) rock des seventies et eighties. Antisocial tu perds ton sang-froid !
(Une précédente édition du Festival Cabaret Vert est consultable au Chap.1 "The Vintage Years 1978-2011" @ www.intensities-in-tens-cities.eu)