Un tout, tout Grand Monsieur était de passage par Bruxelles ce 19 août 2018 dans une AB archi-hot-blindée.
Un monument, un mythe, une icône, un magicien et un sorcier déboulait dans la capitale. Un compositeur-guitariste-producteur hors pair qui se cache derrière bien des succès insoupçonnés pour beaucoup: Ladies and Gentlemen, please welcome the one and only one Niiiiiiiiiiiiiiiile RODGERS !
… qui déboule présentement sur scène en avant-concert pour nous tirer le portrait avec son smartphone :
Étiquette : Ancienne Belgique
Le dernier génie conceptuel du 20ème siècle entouré de sa brochette fétiche de musiciens hors-pair.
Ou comment An Evening With Steven WILSON peut être synonyme d’intemporalité sensorielle, comme un moment de plénitude intégrale, ou un échantillon de nirvana terrestre dont nous gratifieraient les dieux…
Il y a de ces concerts où l’on sait, dès la première note, qu’on va se ramasser une claque. Que l’on va communier à un moment d’une intensité exceptionnelle, que l’on va prendre part à une expérience sensorielle hors du commun. Ce An Evening with Steven WILSON dans une mythique Ancienne Belgique sold out depuis des mois et des mois maintenant, fait partie de ces parenthèses temporelles qui vous transportent dans un autre espace-temps, qui vous téléportent dans une autre dimension…
Il y a des chanteurs, il y a des guitaristes, il y a des musiciens, il y a des song writers, et il y a des stars qui peuplent le rock’n’roll circus. Puis il y a quelques Artistes, une poignée de Génies de la trempe de WILSON, qui ramènent tous les autres à leur simple condition. Touche-à-tout de talent, hyperactif de génie, Steven WILSON est sans doute le dernier génie conceptuel enfanté par le 20ème siècle.
L’éclectisme et le génie de WILSON nous transportent à nouveau ce soir entre rock progressif, psychédélisme avant-gardiste, métal poli, jazz-fusion et intimisme feutré. Steven WILSON mixe nos émotions, les soumettant tantôt à la brûlure de la lave en fusion, tantôt les apaisant par la douce caresse d’une plume délicate dont il nous frôle l’épiderme. WILSON, c’est tout et son contraire. C’est l’alpha et l’oméga.
Oui, Steven WILSON, c’est l’alpha et l’oméga de la musique moderne: il a tout ingurgité, il a tout digéré, il a tout assimilé pour mixer ce brassin et nous en ressortir la quintessence moëlle sous la forme d’une expression musicale qui ne ressemble à nulle autre. Il pousse même l’audace de moderniser radicalement la pop indé, en étant le premier à s’amuser du scandale qu’a provoqué son dernier opus parmi sa fan base et parmi les spécialistes (sic) qui savent mieux que lui dans quel style musical le catégoriser (re-sic).
Car oui, le sorcier WILSON qualifie sans complexe de pop music son dernier bébé, dans la lignée des plus grands artistes pop(ulaires) dont il vante le génie et le côté pop(ulaire): The Beatles et Abba (sans oublier Tears for Fears, Talk-Talk ou Kajagoogoo – clin d’oeil second degré à son comparse stage right). Et de tenter de transformer le temps d’un morceau pop l’Ancienne Belgique en une piste de danse, se gaussant à l’avance de contempler barbus, tatoués et fans d’Opeth se fendre d’un petit pas de danse.
L’admiration sans borne qu’il voue à celui qu’il considère être le musicien le plus talentueux parmi tous (… Prince…), n’a de pareille que la dévotion qu’il témoigne à sa Fender Telecaster millésimée 1963 usée par les ans, meurtrie par les sévices qu’elle a dû subir et par les tortures endurées entre ses mains de génie.
Moment de suprême volupté que où cette Telecaster, branchée sur un ridicule Hugues & Kettner qu’il dépose à ses pieds, transporte 2000 et quelques âmes au 7ème ciel par le biais d’un Even Less d’anthologie. Seul sur scène dans cette version ô combien dépouillée, la vraie dimension de WILSON nous éclate à la figure, nous explose les mirettes, nous éclabousse la face, nous métamorphose les tympans et nous ravage les neurones.
Un moment de grâce. Un moment d’anthologie. Un moment d’éternité. A l’image d’une soirée sans nulle pareille…
Il a été expérimentalement établi que les gaz suffisamment dilués satisfont l’équation des gaz parfaits qui exprime que le produit de la pression p par le volume V ne dépend que de la température. Ainsi, dans un cylindre (par exemple une salle de concert) dont le volume est réduit de moitié (par exemple l’Ancienne Belgique), la pression (dégagée par SIMPLE MINDS) est doublée à température constante (… et quelle température !).
Ceci s’effectue par des transferts de chaleur des zones chaudes (SIMPLE MINDS sur scène) vers les zones plus froides (l’audience de l’Ancienne Belgique en début de show) selon trois types de processus bien distincts: la conduction, la convection (forcée ou naturelle) et le rayonnement. La conduction, encore appelée diffusion thermique, est la transmission d’énergie thermique par les mouvements désordonnés des constituants de la matière (Jim Kerr, par exemple).
La convection est souvent le mécanisme dominant de transfert de chaleur. C’est la matière en mouvement qui transporte la chaleur qu’elle contient. La diffusion se limite alors au transfert de chaleur entre les parois (de l’Ancienne Belgique) et le fluide (la set-list) dans une fine zone de contact appelée couche limite thermique (autrement dit, le front stage).
Le rayonnement correspond à un troisième mode de transfert de chaleur. C’est ainsi que nous recevons la chaleur du soleil (le light show). La lumière est en général émise par un atome lors d’une transition d’un électron d’un niveau d’énergie excité (SIMPLE MINDS) vers un niveau plus bas (le public – ou vice-versa). Cette émission se fait à la fréquence ν reliée à la différence d’énergie E entre niveaux par la fameuse relation de E = hν, où h = 6,6 × 10-34 m2 kg/s est la constante de Kerr (Jim de son prénom).
En définitive, les gars, que vous a-t-il pris de jeter votre dévolu sur de petites salles pour cette tournée européenne, et de choisir ainsi l’Ancienne Belgique pour votre seule date belge ?! Vos derniers passages faisaient salle comble à Forest National… Non pas que nous n’apprécions pas l’AB – que du contraire, que du contraire ! – mais combien de milliers de déçu(e)s votre choix a-t-il pu occasionner ?!
Mais bon, vous avez fait le choix d’une tournée intimiste de petites salles à travers l’Europe, et c’est tout bénéfice pour les heureux élus. La toute relative intimité de cette soirée bruxelloise devant un parterre de 2.000 privilégiés est inversement proportionnelle à l’étuve survoltée dans laquelle se déroule ce nouveau face-à-face. Car SIMPLE MINDS et la Belgique (et Bruxelles en particulier), c’est une longue, longue histoire d’amour depuis que les petits Belges que nous sommes aient été les premiers à conférer une stature internationale et même mondiale à ce quintet d’Ecossais presqu’inconnus à une époque désormais révolue…
Avec cette nouvelle tournée, Jim et Charlie proposent ainsi une soirée en trois partie: quelques longs extraits de leur nouvel album suivis d’une séance d’interview live depuis la scène (euh… intermède tout à fait dispensable). Et pour terminer en beauté, un florilège d’absolument tous leurs plus grands classiques. Menu original s’il en est, mais peut-être un peu trop décousu en termes de rythmes et de cadence, avec cependant une dernière heure littéralement explosive.
Fidèle à sa réputation sans faille, SIMPLE MINDS fait de Bruxelles un danse floor rythmé de ses tubes indémodables, de son énergie communicatrice malgré le poids des ans et saupoudré de ses nouveaux standards – même si 99% de l’assistance avait cassé sa tirelire pour s’offrir un savoureux retour vers les déjà lointaines eighties.
2h10 plus tard, deux rappels convenus compris, le bon peuple de cinquas fifty male bedonnant / fifty female fardée de ressortir jovial d’une Ancienne Belgique sold out depuis des mois et des mois. Pas de surprise à la clé, si ce n’est l’incontestable constat que nos Ecossais de malheur ont quand même indélébilement et à tout jamais marqué de leur empreinte la bande son des eighties, côté Western World. Don’t you forget (about me)…
(PS: un concert sans pit front-stage, ça change ! Que du bonheur pour le premier rang qui peut déposer ses chopes sur la moquette de la scène. Mais nettement, nettement moins top pour les photographes…).
Mais où est donc passée la pulsion primale d’antan…?! TRIGGERFINGER ne dépote pas ce soir ou plutôt ne dépote plus vraiment, et nous laisse en bouche un arrière-goût mitigé. Evidemment, quand on est au top sur scène, il est toujours difficile de faire mieux encore et tout aussi compliqué de demeurer au firmament – toutes proportions gardées. Cet avis semble partagé par beaucoup des aficionados de la première heure quoique nous revendiquions pour notre part n’être que de la seconde, ce qui n’est déjà pas si mal.
Une set-list guère équilibrée et peu envoûtante fait la part trop belle au dernier album de cette tournée éponyme qui se joue néanmoins à guichets fermés quasi partout aux quatre coins de l’Europe où le band dépose ses amplis. A l’instar de ces deux soirs sold out à Bruxelles.
TRIGGERFINGER nous balance ainsi un set moins brut et moins catchy qu’à son habitude, comme si le feu sacré couvait au lieu de brûler de mille flammes. Les Anversois nous avaient habitués par le passé à bien plus bestial, bien plus sale, bien plus déjanté, bien plus primal. Si tous les ingrédients demeurent cependant bien là sur la table de travail, c’est comme s’il manquait le petit grain de folie ou de créativité qui traverse la caboche du chef au moment de passer aux fourneaux. Manque d’audace, peut-être…?
De deux choses l’une: ou leur dernière production bien (trop) policée déteint sur l’ensemble du band live on stage, ou bien TRIGGERFINGER rentre (trop) gentiment dans le rang du mainstream bien léché pour brasser plus large encore. On en a vu bien d’autres procéder à un ravalement de façade rien que pour plaire à plus belles encore: ne lâchez pas la proie pour l’ombre, Messieurs, vous teniez le bon bout…
Votre première partie aka Honk Kong Dong était déjà un (très) mauvais présage pour la suite. Sans doute ce combo ne justifiait-il sa présence sur l’affiche que par son guitariste qui vous accompagne désormais sur scène, jouant le quatrième homme qui ne vous apporte, finalement, pas grand chose. La formule magique du power-trio répondait jusqu’à maintenant à toutes nos attentes, et bien plus encore: retournez-y donc vite, que nous retrouvions l’excitante sensation de nos premières amours. Celles qu’on n’oublie pas.
The SPARKS ! 45 ans que le génie inégal des frères Mael enchante le monde – de celui de la pop-rock à celui de la disco, en passant par le glam-rock et la synthpop via la new wave, l’électro rock et le rock alternatif. Mais toujours avec le talent et le génie des touche-à-tout mais qui n’ont pas viré bons-à-rien à force de se disperser…
Et c’est un peu de tout ça que les Mael Brothers nous balancent à la figure ce soir à l‘Ancienne Belgique. "Our second home", dira même Ron à force d’avoir passé tellement de temps dans les studios d’enregistrement bruxellois ces dernières décennies. Il y a un peu plus, je vous le mets ?
Il y a de ces concerts où tu vas les mains dans les poches et l’esprit vagabondant ailleurs, en te demandant si tu ne serais finalement pas mieux peinard chez toi devant la TV avec une bonne bière (ou plus si affinités). Et ce sont ces soirs-là, rares au point d’en devenir mémorables, où tu reçois la trempe de l’année: celle qui te laisse sur le c…
Le show des SPARKS à l’AB sont ainsi ce ceux-là. Avouons qu’en 45 ans, hormis quelques tubes époque Giorgio Moroder et autres, The SPARKS avaient quasi glissé sur la carapace rock’n’rollesque de notre indifférence. Sans doute est-ce là une grande et grave erreur de notre part, mais bien vite rattrapée ce soir – et de quelle manière.
Compositions aussi géniales que délirantes pour certaines, constructions et rythmes aussi élaborés que parfois syncopés, le génie des frères Mael n’est pas usurpé ni surfait. Encore fallait-il en être ce soir le témoin privilégié dans une salle qui, définitivement, n’a pas non plus usurpé son classement dans le top mondial des "best acoustic venues". Et c’est peu dire !
Merci Greenhouse Talent pour cette accréditation-photo, assortie néanmoins de consignes émanant du management qui sortent quelque peu de l’ordinaire: There will be no photography from the pit / below the stage. Photography will be from the sound desk or equivalent using suitable long-lenses. Photographers will be permitted to shoot first 3 songs of the set, no flash.
Si la troisième consigne est un inébranlable classique de tous les shows (hormis dans le chef de ZZ Top, de BLACKFIELD et de BIG SUGAR), le fait de ne pas pouvoir shooter depuis le pit nous rappelle les directives identiques reçues à l’occasion des concerts de YES et de DREAM THEATER. Sans parler d’autres consignes plus coercitives presque, telles que celles émanant du management de SHAKA PONK ou de HOOVERPHONIC qui n’autorise aucune publication de photo sans avoir préalablement validé celles-ci…
Ces stars craindraient-elles pour leur image? Ont-elles peur que les affres de l’âge déteignent sur la perception de leur éternelle beauté qu’en conserve le public? Mais on pardonne tout aux frère Mael tant leur prestation ce soir est exceptionnelle. Tout comme la standing ovation sans fin, aussi bruyante qu’émouvante, qui les retient tous deux sur scène une éternité durant, dans un de ces rares moments où tu as conscience d’assister à un véritable événement…
L’ombre de l’archange Steven WILSON plane sur l‘Ancienne Belgique, et ses ailes auréolent son comparse de BLACKFIELD, Aviv GEFFEN, qui assure la surprenante mais surtout dé-lec-ta-ble première partie de BIFFY CLYRO. Egratignant Trump et le sort de la planète entre deux morceaux, il perpétue ainsi au travers de ses textes socialement engagés et politiquement vindicatifs un esprit de famille rebelle qui ne doit pas être pour déplaire aux yeux (ou plutôt à l’oeil) de feu son oncle Moshe Dayan…
GEFFEN alterne compos personnelles, plus confidentielles, et extraits du répertoire de BLACKFIELD, que le public accueille bien plus chaleureusement que sa production propre: l’assistance de ce soir est – tout comme nous – manifestement plus sous le charme et coutumière de ses hauts-faits commis avec WILSON que des tendances musicales israéliennes stricto sensu.
Si GEFFEN est comme les hirondelles, annonciateur du printemps, gageons que sa présence @ Bruxelles et le dernier BLACKFIELD tout juste sorti soient donc également synonymes du retour ici-même de la bête WILSON: son odyssée du son à l’envergure démesurée ne lassera jamais, ô grand jamais, de (nous) séduire… O tempora! O mores! En attendant donc le retour du fils prodig(u)e, est venue l’heure pour Aviv GEFFEN de faire place nette à BIFFY CLYRO comme on passe du coq à l’âne, ou plutôt du kippa au kilt:
Ouragan sur l‘AB ? Scottish storm ? Tsunami sauce Highlander…? Le sold-out bruxellois de BIFFY CLYRO constitue notre baptême du feu, et l’on peut dire qu’on a en dégusté jusqu’à la moëlle. Ce n’est même plus un baptême, c’est le passage de la Mer Rouge. Un déluge qui s’abat, un barrage qui cède, une coulée de lave, un mur du son: c’est en configuration live que les influences dont se revendiquent les Ecossais prennent de fait toute leur pleine dimension. Eux qui parait-il n’hésitaient pas à s’auto-proclamer naguère le Nirvana britannique balayent un registre aussi vaste qu’indéfinissable, oscillant d’un post-hardcore finement inspiré jusqu’à un rock plus simplement alternatif mais ciselé comme de l’orfèvrerie.
BIFFY CLYRO est à la limite de toutes les tendances, comme s’ils les avaient toutes ingérées puis digérées avant de nous les régurgiter en pleine figure dans une gerbe polyphonique multicolore, ne serrant même pas les dents pour nous épargner les gros morceaux. Parfois à la limite d’une pop toute british mais suramplifiée et aux hymnes populaires ou aux rengaines faciles, le trio nous prend l’instant d’après à contre-pieds en nous assénant une espèce de hardcore romantique avant de nous surprendre par une pseudo-ballade métallique, mais plutôt version Orange Mécanique.
Inclassable et imprévisible, le trio ignore les styles, transgresse les genres et transcende les courants pour aboutir ce soir sur scène à une fusion intelligente des extrêmes. Cette manifeste réussite de BIFFY CLYRO à travers la force et la puissance du live nous a littéralement scotché tant elle vaut bien toutes les boules de nitroglycérine de la terre (… mais administrées à la vaseline, manière de ne pas déchirer un nouveau trou duc au monde). F*****g brillant bastards d’Ecossais que vous êtes, chenapans !!