Ah ! le temps où Werchter était à Torhout ce que la gueule de bois était aux guindailles. L’époque des festivals à une seule scène. Le temps où U2 ne jouait pas encore les têtes d’affiche – Dieu nous en préservait. Une semaine après Springsteen à Paris, nous arrivons en fin de matinée sur le champ du festival. Dur-dur, après une nuit blanche pour cause de mariage (merci, chère soeur !). C’est le moment où les frères RAMONES cassent déjà la baraque à l’heure de l’apéro. Bien (trop) vite suivis par Lloyd COYLE & The Commotions, puis ces petits jeunots de REM (si, si !) avant… DEPECHE MODE (quels enchaînements, mes aïeux): un grand moment, le solo de batterie… sans batterie. Puis arrive The STYLE COUNCIL suivi par Paul YOUNG qui devance les Irlandais de U2. La tête d’affiche se nomme Joe COCKER. Sommes-nous d’ailleurs restés jusqu’à la fin…? Un autre monde, un autre temps, une autre époque vous dis-je. On n’a rien inventé depuis Woodstock – si ce n’est peut-être les écrans géants et les mitraillettes (je parle des pains-frites…).
Trois semaines après Foreigner, The Boss – époque Born in the USA – au stade de Colombes à Paris. 3 heures de concert au soleil couchant avec le E Street Band en toile de fond, ou plutôt en trame de fond, interrompues par 15 minutes d’entracte seulement. Impressionnant d’énergie et de présence scénique, le Bruce ! Quelques dizaines de milliers de spectateurs, et une bonne partie – restons modeste, une partie tout simplement – m’accostant : c’est qu’un t-shirt Rush ne court pas les rues dans ce microcosme rock’n’rollesque parisien… Chouette ambiance dans le car du retour – comme à l’aller, d’ailleurs. Hic…
Pause en pleine session d’examens. Forest National plein à craquer pour ces Ricains FMinisés et leur méga-tube de l’époque I wanna know what love is – qui succède à une batterie d’autres succès à dollars. Le clou de la soirée – du moins pour les midinettes en chaleur : une chorale de plusieurs dizaines de jeunes sur scène, installés en podium derrière la batterie, qui entonnent en chœur le refrain de leur I wanna know what love is. Impressionnant certes, du moins visuellement. Pour le reste, Mick JONES est un des premiers guitaristes que j’observe live jouer quasi tout le concert les yeux fermés – soli compris. Impressionnant – Johnny ne s’était pas trompé ! Pour ce qui est de la première partie (NIGHTRANGER), plus aucun souvenir : comme quoi…
Superbe salle que le Cirque Royal, a fortiori pour y accueillir la bande à J.J. Burnel. C’est l’époque d’Aural Sculpture – opus qui annonce déjà la fin de la belle et grande époque des Etrangleurs mauvais et méchants garçons (la preuve: j’en connais même une qui s’est endormie assise dans les gradins durant le concert…). A ce propos, qui peut se vanter de s’être fait écraser les doigts par les bottines haute-tige de Jean-Jacques Burnel ? Votre serviteur, au premier rang du concert, et à une époque où les barrières qui séparent la scène du public ne sont pas encore généralisées. Et pour permettre sans doute aux fans des Stranglers d’envahir plus aisément la scène en cours de concert comme c’est régulièrement le cas lors de leurs shows. Close contact…
Golden Earing à Bastogne – oufti ! Quelle est donc la première partie – Gangsters d’Amour, peut-être ? je n’en sais plus trop rien. Hall des Foires – bon pour les bestiaux. Un des plus vieux groupes au monde fait sa Bataille des Ardennes à lui. Les Hollandais sont aujourd’hui toujours plus nombreux en Ardenne – dommage qu’ils ne fassent pas tous du bon rock’n’roll, mais c’est vrai qu’en caravane…
Erreur de jeunesse, coup de cœur du moment, un moment de tendresse au milieu d’un monde de brutes et petite incartade non vraiment rock’n’rollesque ?! Bronski Beat semble en effet le cheveu dans la soupe, non ?! Nous sommes en 1984, en pleine vague new wave et autres tendances électroniques made in England, entre Human League et Yazoo pour ne citer qu’eux parmi des dizaines d’autres. Bref, nous sommes en pleines eighties – que de souvenirs, que d’insouciance et que de bonheur(s) au temps de la mode Pisang Ambon dans les soirées de kots et de cercles où la musique était encore de la musique, avec des instruments et des mélodies – pas que du beat et d’infâmes boîtes à rythme… Le Manhattan à Leuven doit être la seule boîte qui m’ait vu franchir ses portes plus d’une fois. Parce que c’était Leuven. Parce que c’était le Manhattan. Et en l’occurrence un beau soir de novembre 1984, parce que j’y fêtais mes 20 ans en compagnie de Jimy Sommerville ! Au suivant, please, au suivant, vite…
Mon premier "vrai" festival, dans le stade – impressionnant – de Karlsruhe (Allemagne) avec AC-DC en tête d’affiche – 3ème fois que notre route se croise, et pour mon plus grand bonheur. Que du beau monde sur scène au préalable – enfin, presque: ACCEPT (berk !), MOTLEY CRUE (argh !), puis quand même Gary MOORE (qui vient alors de quitter Thin Lizzy et qui n’a pas encore sombré dans un blues (?) soporiphique et commercial), mais surtout Ronnie James DIO (une des plus belles voix du rock ?) inaugurant son Last in Line , notre cinglé d’Ozzy OSBOURNE (toujours capable du meilleur comme du pire…), et enfin nos compères de VAN HALEN à la grande époque – l’unique époque, finalement: celle de David LEE ROTH: on aime ou on n’aime pas, en tous cas ce sont ceux qui n’aiment pas qui regrettent le plus de l’avoir raté en son temps, allez-y comprendre. Feu d’artifice et tout le toutim en fin de prestation acédécienne: vivement la prochaine…!
Après avoir côtoyé chaque jour le Nuge durant plus de 6 ans (lui, punaisé en deux dimensions aux murs de ma chambre), voici venue l’heure de mon premier face à face avec le grand Ted – un moment qui marque une vie ! Il sourit bien des fois, avec l’un ou l’autre clin d’oeil amusé, en voyant ce grand dadais que je suis – immobile, planté debout, presqu’hypnotisé en le dévorant littéralement des yeux à quelques mètres de la scène, fixe au milieu d’une foule gesticulante et hurlante. Une foule étrangère à la magie qui est en train de se produire, étrangère à la réaction en chaîne que ce face-à-face allait engendrer durant des décennies… K.O., je suis littéralement K.O. lorsque le Nuge quitte la scène, me pinçant pour m’assurer que ce n’était pas un rêve, tâchant de recouvrer mes esprits et quelques miettes de raison au bar en me rafraîchissant davantage que les idées. Immense. Puissant. Terrible…
Judas Priest peut jouer, peu m’importe: le Nuge est à Bruxelles, il est venu, il a vu et il a vaincu – les British qui assurent ensuite peuvent être bons, nuls, très bons ou lamentables: je ne suis plus de ce monde pour en attester (… d’ailleurs je suis sourd – If it’s too loud, you’re too old). La photo ci-après est la seule de ce site que jemprunte, hommage à son auteur maintenant décédé:
S’il ne fallait en retenir qu’un en 1983, c’est bien celui-ci: RUSH dans un Forest National plein comme un oeuf – ce qui reste également leur dernière prestation sur le sol belge. Après des années et des années d’attente, après avoir usé microsillons et cassettes, après avoir prié dans mes rêves les plus fous la Reine d’Angleterre de m’accorder la nationalité Torontoise, cette soirée s’impose sans concession aucune malgré que nous soyons en pleine période de blocus. Mon premier rendez-vous face à face avec le trio canadien – le premier également d’une longue, longue série ! C’est l’époque du Signal World Tour 1983 – avec VANDENBERGH en première partie (en lieu et place de NAZARETH pourtant annoncé sur les affiches). Les lumières s’éteignent, la clameur monte… des frissons dans le dos jusqu’à l’échine, les mains moites, des bouffées de chaleur et le coeur qui bat la chamade: rien à redire, c’est ce qu’on appelle une première expérience. Et une sacrée bonne, à cet égard !
Le ticket…:
Nos kangourous jouent à Saint-Nicolas dans un Forest National sold out et surchauffé. Nous arrivons de LLN tout juste au début de l’insipide concert de Y&T qui ouvre pour les Australiens, et quittons l’antre au dernier monstrueux coup de canon de For Those About To Rock, We Salute You – avant même que les lampes ne se rallument – pour reprendre le dernier train (…merci les trains-trams-bus). Second show d’AC-DC en trois ans, sans comparaison aucune avec les débuts de Brian JOHNSON à Arlon en 1980. Le show et les décibels sont de la partie – rien à redire, tout y est. Les bourdonnements dans les oreilles pendant quelques dizaines d’heures encore également.