L’Ancienne Belgique est en pleine rénovation / réfection. Les gigs sont déplacés vers cette bien sympathique salle de La Luna – un peu plus flamingante que sa grande sœur tout aussi flamande. Ma première venue a pour cadre ce concert de Black Sabbath – ou en tous cas de Tony Iommi qui, de mémoire, est le seul rescapé du band et qui continue de tourner avec un groupe dénommé tel quel, bien que ce nom soit quelque peu usurpé à mon goût. Quatre Men in Black avant l’heure, sur une scène baignée quasi exclusivement de spots blancs incandescents : la classe, la classe totale même. Le visuel sobre renforce une sono qui n’a besoin de rien d’autre pour fracasser les neurones et surtout faire vibrer les tympans. Tony, il n’y a pas à dire, mais tu la mérites ta croix, tu la mérites…
Je revois distinctement nos potes d’Aerosmith, quelques minutes avant le commencement du concert, se pointer non loin de moi, sur le dessus d’une travée supérieure des gradins. Photo de famille du band, dos à la foule, au-dessus de la fosse et avec toute la cuvette de Forest noire de monde en arrière-plan du cliché : quand je dis que Forest était (… passé de rigueur) une salle mythique dans sa physionomie… ! Le concert de ce soir est radiodiffusé en direct sur les ondes de Radio21 : une première mondiale, quasi. Surprenante initiative, d’ailleurs, qui n’aura finalement abouti à aucun live comme on aurait pu l’imaginer. Si ce ne sont les dizaines de bootlegs qui s’en suivront, bien évidemment. Concert (presque) parfait – ou parfait si l’on compare nos copains à la première partie que je ne digère toujours pas, sorry Steve (Vai)
Terrorvision en première partie, à en lire le ticket que j’ai annoté – mais peu importe, l’essentiel étant que Lemmy is back! La salle a plus du hall sportif que de la véritable salle de spectacle, mais bon, tout est bon pour Lemmy. Rien à redire : qu’est-ce qui ressemble plus à un concert de Motorhead qu’un concert de Motorhead ? Le show est parfait, le son un peu brouillon (… à moins que ce ne soit finalement la norme au vu du volume ?), Lemmy revêt ses santiags blanches – bref : tout est ok. Sauf l’état des conduits auditifs le moment venu de se plonger sous sa couette, dans le silence de la nuit: bîîîîîîîîîîîîp…
Pour ceux qui n’étaient pas nés avant l’euro, le prix mentionné de 120 francs concerne des francs français et non pas des francs belges…
15, 20, 25 concerts des RUNNING SHOES ? Impossible de préciser objectivement à quel chiffre mon compteur s’est arrêté. Ils ouvrent ce soir pour les GALLON DRUNKS puis pour les SCABS dans le cadre de la 5ème nuit de la musique, mais que les Flamands ne s’y trompent pas : les 4/5 du hall polyvalent d’Arlon sont là pour les locaux de l’étape, pas pour ces Flamoutches qui, s’ils assurent bien sur scène il faut l’avouer, n’arrivent pas à la cheville rock’n’rollesque des Gaumais. Forcément, quant on compare du rock pur et dur à de la variété pour ménagère de 40 (voire 50?) ans, c’est comme comparer Annie Cordy et Tina Turner, ou J.J. Goldman à Brian Adams – oups ! ah non, tout ça c’est du pareil au même – sorry.
Le grand Jacques à Bruxelles pour une nouvelle soirée d’anthologie à Forest National – non, pas Jacques Brel : Jacques Dutronc. Cigare et costard, fidèle à l’image que l’on se fait de lui, le dandy assume méchamment avec un band de musicos dont je ne connais pas le pedigree mais, didju, ils sont dignes de Gainsbourg. Mieux encore : de Gainsbard… ! Et puis, quelle sortie de scène : durant un playback que personne ne suspecte jusqu’au moment où tous les musicos quittent progressivement la scène, un à un, laissant Dutronc poursuivre son playback en musique pour terminer seul sur scène avant de s’éclipser lui aussi, laissant la bande-son mourir de sa belle mort. Génial.
Such A Noise au faîte de sa notoriété et de sa gloire – ce qui n’enlève rien à la qualité intrinsèque du quatuor auparavant ou bien après cette date luxembourgeoise. Petite salle de village, ambiance festive, Pierre, Paul et Jacques de la partie, les pompes à bières bien rodées, la sono au point : tout cela n’est que parfait. Nous passons une excellente soirée entre blues, rock et boogie – et plus encore si affinités.
Un beau soir d’été 1992, en plein air à Tournai, superbe spectacle de percussions avec ces loubards des "Tambours du Bronx". Plein la vue, plein les oreilles : extraordinaire show autour de barbus et chevelus tapant de toutes leurs forces sur ces bidons d’huile décorés. Spectacle haut en couleurs et en rythmes avec une force de frappe qui ne laisse personne de marbre : impressionnant, puissant, chatoyant ! Je les reverrai bien des années plus tard à Luxembourg, et l’impression qu’ils me laisseront sera identique à cette première fois: bestialement puissant, primitivement percutant. Comme quoi, avec du matos rudimentaire, le résultat n’en est pas moins spectaculaire… Sacré Neil, va !
RUSH : 7 de 7 ! Le dernier concert de la tournée européenne ; notre dernier concert par la même occasion également, deux jours après celui de Paris. Après un après-midi de rêve en compagnie de Neil à Amsterdam, muni de mon pass photo, je végète dans un sombre et tristounet couloir backstage en compagnie de la dizaine de photographes accrédités pour le concert tandis que l’Ahoy se remplit lentement mais sûrement. Le tour manager nous répète à l’envi (comme si tous les photographes présents étaient comme moi un néophyte en la matière !) qu’aucune photo ne peut être prise au flash et qu’il est bien clair que nous n’avons que les trois premiers morceaux pour nous lâcher. Le concert de Primus en première partie me permettra de tester quelques réglages – c’est vrai qu’avec l’argentique, pas question de mitrailler quelques centaines de photos pour espérer n’en conserver que les meilleures. Autre temps, autre époque… Fin de l’entracte : nous sommes ré-invités à nous avancer au pied de la scène, nous faufilant frontstage entre celle-ci et les barrières contenant les milliers de spectateurs, slalomant pour ma part entre les gars de la sécurité figés comme des statues. Mon cœur bat la chamade : non seulement je me retrouve à la meilleure place qui soit, mais qui plus est avec mon appareil photo et trois morceaux pour flasher sans vraiment de droit à l’erreur. RUSH arrive sur scène, et je me retrouve à un petit mètre d’Alex, puis de Geddy – Neil est évidemment un peu plus loin derrière ces fûts.
Mais Dieu que c’est lent un film qui se rembobine une fois la 36ème photo réalisée ! Je ne tire « que » trois films de ces moments magiques – comme à nouveau dans un rêve si je n’avais ces clichés comme seule trace tangible de ce quart d’heure hors du temps. Dans ma précipitation durant le show, j’ai dû bousculer involontairement un confrère photographe car il me rend sans équivoque la pareille (pas l’appareil !) au moment de tirer ma dernière photo alors que le tour manager nous insigne l’ordre d’évacuer le frontstage à coup de faisceaux lumineux sortant de sa lampe de poche.
Je dépose, comme mes collègues, mon matos dans une armoire sécurisée backstage – rejoignant la salle pour le reste du show. Et quel show. Trop court, toujours trop court, une prestation de Rush qui n’en est pas encore à ces concerts de trois heures (mais seulement deux…).
Dernier coup de cymbale, dernier coup de basse, dernier riff: la tournée européenne s’achève. Notre mini-tour d’Europe également par la même occasion… Retour vers la Belgique après une journée d’anthologie : après-midi en tête-à-tête avec Neil à Amsterdam, et show en front stage le soir même à Rotterdam. Il est de ces journées magiques qu’on voudrait répéter à l’infini… A quand la prochaine tournée…??
Nous sommes le surlendemain du concert de Paris. On arrive relativement tôt à l‘Hôtel Pullitzer d’Amsterdam, manière de ne pas louper ce rendez-vous his-to-ri-que : une demi-heure en tête-à-tête avec Neil, dans un salon privé de ce superbe hôtel, à l’occasion d’un interview pour le compte d’un hebdomadaire belge. Première anecdote – et de taille : attendant dans le hall de l’hôtel le moment de nous annoncer auprès du tour manager, qui voit-on arriver ? Neil himself qui déambule dans le hall d’entrée et qui, plus qu’étrangement, se dirige tout droit et d’un pas décidé vers les deux anonymes que nous sommes, installés dans les fauteuils ! Il nous salue d’un simple et direct « Hi ! » en nous serrant la pince fermement avant de nous fixer rendez-vous dans quelques instants lorsque l’heure du rendez-vous sera arrivée quand nous lui apprenons que nous sommes là à cette fin… Je suis finalement seul à l’interviewer dans un petit salon isolé dans un recoin de cet hôtel de (grand) luxe. Face-à-face historique avec Neil, vêtu d’un jeans et d’un t-shirt Pearl Jam, décontracté au possible pour un exercice qu’il évite pourtant – à l’inverse de ses deux comparses plus habituellement en charge de cette « corvée » : le rendez-vous avec la presse. Ayant emprunté un dictaphone pour l’occasion, Neil me l’ôte des mains pour le mettre lui-même en marche, me voyant aux prises avec cet appareil dont le maniement ne m’est pas familier : sacré Neil, va ! Quelques bons moments ensemble, quelques questions qui semblent le surprendre par leur teneur bien pointue, quelques rigolades aussi : il apprécie manifestement un interviewer qui l’emmène hors des sentiers battus, sur des thématiques et des aspects dont il est doit être peu coutumier. J’ai sous les yeux ma liste de questions dans laquelle je circule au fur et à mesure de notre conversation et des thématiques qu’il aborde lui-même, improvisant davantage une conversation interactive que réalisant un interview en bonne et due forme. Neil fume comme un dragon et il ne nous manque qu’une bonne bière pour planter un véritable décor convivial. Longue poignée de main qui semble durer une éternité au moment de se quitter, Neil me gratifiant d’un « Nice talk ! » à l’issue de notre rencontre après m’avoir demandé mon nom pour la dédicace sur le tour book dont je m’étais muni à cette fin. « Mick », lui réponds-je, puisque tel est mon identité du jour… !
Je me vois gratifié d’un pass photo pour le concert sold out du soir même à l‘Ahoy de Rotterdam : voici dès lors un cliché de celui en face de qui j’étais pas plus tard que l’après-midi même dans un bien bel hôtel d’Amsterdam… Oufti !
RUSH : 6 de 7. Surlendemain de Stuttgart ; premier et dernier concert à ce jour de Rush en France : les Parigots en sont tout fiers, et un Zénith mort bourré en est la preuve relevante. Nous serons à nouveau quelques-uns uns à rallier Paris (arhhh, Paris…) et à y retrouver d’autres – l’after s’annonce d’ores et déjà pas mal ! Ma seconde venue au Zénith, salle que je trouve toujours aussi froide et aussi peu conviviale. Premier rang, stage right, juste devant Geddy. Des clichés à nouveau pas terribles me dispensent de les mettre ici online. Les caissons de basse disposés face à nous à même le sol sous la scène résonnent encore dans ma poitrine : quel plaisir… ! Nous commençons à connaître les enchaînements d’un morceau à l’autre : cool ! On fait encore quelques jaloux au cours de la soirée lorsque, sympathisant autour d’une bière (française), nous faisons état de notre Rush European Tour. Vivement le dernier show après-demain, en Hollande…