Roots & Roses Festival (feat. BIG SUGAR, KING KHAN, WHITE COWBELL OKLAHOMA, etc.) – Lessines – 1er mai 2014

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Ceux qui ont reçu la claque BIG SUGAR il y a – jour pour jour – 16 ans lors de l’édition 1998 du Boogie Town (l’ancêtre du Roots & Roses) s’en souviennent encore ! Ne cachons d’ailleurs pas le fait que nous sommes de ceux qui ont expressément fait ce jour le déplacement pour honorer le retour sur nos terres du rasta Canadien. Tout comme ce barman de 27 ans qui nous sert nos pintes du cru en arborant le tee-shirt aux motifs jamaïquains de BIG SUGAR : lui aussi se souvient de la raclée qu’il a reçue tout gamin de son père de retour du Boogie Town, lorsqu’il lui fit découvrir à l’époque la bande-son signée Gordie JOHNSON. Mais que le temps a fait son oeuvre depuis, le bourreau !

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Avec vingt kilos de plus (comme nous), une barbe de prophète (comme nous, mais avant) et des cheveux tressés 50 cm plus longs que la coupe proprette qu’il arborait (comme nous mais il y a alors très, très longtemps…), le Gordie JOHNSON de 2014 n’a strictement plus rien à voir avec l’égérie masculine de la ligne Hugo Boss qui l’avait pris sous son aile en 1998 !! Sacré Gordie, va : quelle spectaculaire métamorphose après avoir été le dandy de la scène blues-rock-roots de Toronto ! Son come-back européen fait suite à une absence de plus de 12 ans sur le Vieux Continent, nous apprend-il en souriant devant la pochette arborant son faciès de l’époque qu’il nous dédicace appuyé sur la vitre de son va. Et il est aux anges, le gaillard, de fouler à nouveau le sol européen pour deux dates seulement, excusez du peu. Avec un line-up quasi identique, la symbiose demeure parfaite sur scène et rien ne laisse deviner que le band a splitté plus de 10 ans avant d’être récemment reformé par son leader plus charismatique que jamais.

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Métamorphosé physiquement, rien n’a cependant changé sous la carapace du désormais plus Jamaïquain de tous les Canadziens : appliqué durant le warm-up a décorer son Marshall aux couleurs rouge-vert-jaune ainsi que son gobelet qu’il recouvre de bande isolante tricolore, c’est de toutes les couleurs de la Jamaïque que notre Rasta Rocket du roots inonde la scène une heure durant. Et les senteurs de là-bas semblent également avoir fait leurs effets bien après sa prestation, lorsque nous recroisons Gordie et son comparse bassiste dans le backstage de l’autre scène durant la prestation de Fred & The Healers. Un batteur punk, un bassiste jamaïquain, un guitariste de hard-rock et un cuivre jazzy : la fusion des quatre styles demeure parfaite dans ce roots hors normes estampillé BIG SUGAR. Plus reggae que jamais, les racines et riffs r’n’r ne sont cependant jamais très loin et reprennent parfois le dessus, mâtinés au surplus maintenant d’un rap qui sort résolument des sentiers battus et des concepts roots éculés. Merci Monsieur Johnson pour votre prestation explosive, pour votre savoureux come-back et pour votre gentillesse toute attentionnée : vous étiez parfait et grand à l’époque, vous êtes maintenant devenu énorme.

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Le hors-normes est d’ailleurs la marque de fabrique de ce 5ème Roots & Roses Festival au vu de quelques pointures complètement déjantées à l’affiche. Qui de de KING KHAN & The SHRINES ou de WHITE COWBELL OKLAHOMA remporte la palme du too much ? KING KHAN emmené par son gourou canadien – une espèce de croisement entre un pharaon et une drag-queen déglinguée – enflamme cette édition du Roots & Roses avec un show (au sens propre du terme) dans la plus pure lignée entertainment. Qualifier la prestation toute en démesure et en puissance de KING KHAN relève de l’impossible : préférons le paraphraser pour n’omettre aucune dimension de la troupe: more than a psychedelic soul band with a spectacle of a stage show ; cult musical phenomenon psychedelic-soul big band, sweat-drenched, ass shaking, groovy psyched out number, complete with rip roaring horn lines, southern fried guitar riffs and lysergic melodies. Tout est dit, tout simplement !

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Le band est tout bonnement explosif et surréaliste, et délivre un show survitaminé et déjanté dopé par une section cuivre omniprésente et un clavier des plus destroy qui nous plongent dans un univers oscillant entre soul et garage-rock. Ce clavier, quand il ne brandit pas son instrument haut au-dessus de sa tête, c’est pour mieux escalader les montagnes de baffles ! Les voir sur scène pour le croire n’est pas suffisant lorsque le délire continue backstage… voire même on stage durant la prestation des SONICS dont le pharaon investit la scène après avoir bondi du frontstage avec sa coiffe de trappeur ! A enfermer, ces SHRINES et cette drag-queen. Ou plutôt non : à décorer…

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L’autre bande de doux-dingues (ou plutôt de très, très dangereux allumés fous-furieux) qui enflamme le chapiteau en début d’après-midi vient également d’Ontario malgré leur nom pour le moins américanophile de WHITE COWBELL OKLAHOMA. Les Canadiens sont décidément à l’honneur avec pas moins de trois bands à l’affiche cet après-midi. Et pour l’heure des cowboys, on est servis : avec une triple ration de show et de décibels, ce n’est plus du blues ni du roots, ce n’est même plus du r’n’r non plus qu’ils nous servent, c’est un T-bone mâtiné de hard-blues avec une louche de fayot méthode harissa-punk et un whisky frelaté goût garage-rock retrouvé dans l’arrière-boutique des vestiges d’un saloon sinistré. Show devant – tronçonneuse, meuleuse et distorsion on stage avec un joyeux mais virulent second degré. Si ça aussi c’est du roots pur jus, je me recycle en testeur de bande hygiénique.

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Nettement plus conventionnel, Fred réussit à me réconcilier avec ses Healers. Sans doute parce que plus brutal, plus musclé et plus rapide que jamais, FRED & The HEALERS est devenu un vrai groupe live qui en a et qui a cette fois décidé de bien s’en servir. Très bien, même. Loin de son blues soporifique et aseptisé d’il y a quelques années, trop propre et trop formaté car toiletté à l’excès, Fred LANNY réussit maintenant à bouter le feu aux planches et à se servir – enfin ! – d’une guitare autrement que comme un trop précieux Stradivarius. Hommage au festival, il signe sur son dernier CD un superbe « Roots & Roses » qui n’en prend que plus de dimensions ce soir sur les planches du même nom…

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RUSTY ROOTS , par quelques belles envolées guitaristiques de derrière les fagots (ou plutôt de derrière les ballots), tente de jouer les grand garçons du southern rock. Ils restent cependant englués dans le sable de la Mer du Nord. Non pas qu’ils déméritent – que du contraire – mais leur southern bien que parfois très efficace demeure comme artificiel. Un peu comme si John Wayne jouait du Johnny Cash : avoir le chapeau et bien le porter n’est pas vraiment suffisant. Nécessaire, mais pas suffisant.

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POKEY LAFARGE, tout droit sorti de l’Illinois des années 30, allie le look au son vintage de ces années-là en ramenant un peu de calme sur scène : ragtime, bluegrass, hillbily et savoureuse whasboard au menu. Efficaces et redoutables dans leur style (mais pas vraiment le nôtre…), les champions du genre outre-Atlantique suscitent quelques belles figures de square-danse bien balancées dans un chapiteau désormais plus saloon que jamais pour les moins adeptes de l’exercice.

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Les fondateurs du garage-rock, les septuagénaires de The SONICS clôturent la journée en balançant du gros et du lourd. A plus de 70 berges, ils en ont vues des vertes et des pas mûres, les papys. Au point que la subite intrusion sur scène de KING KHAN en salopette et coiffé maintenant d’un gigantesque cône de papier les laisserait même de glace. Le poil-à-gratter canadien vient sautiller derrière le band avant d’être gentiment évacué et poussé vers la sortie par la sécurité : assurément, le roi de cette édition porte bien son nom !
Les roses prennent assurément bien racines au Roots & Roses Festival : à bon terreau, bonne cuvée !

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♪ A venir – Coming soon – A venir ♪

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JOHN MAYALL – 80th Anniversary Tour – Rockhal (Esh-sur-Alzette, GD Lux) – 17 avril 2014

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Serait-ce le Rémy Bricka du blues english, notre John MAYALL ?! Ce serait manifestement là faire injure – non : insulte – au multi-instrumentiste qui fête ses 80 ans (!) sur scène ce soir au Luxembourg. Passant du clavier à l’harmonica, des vocals à la Fender, MAYALL impressionne du haut de ses huit décennies. Combien peuvent se targuer de son pedigree et de son parcours – et surtout de sa longévité et de son état de conservation en 2014 ?! Combien de ses semblables a-t-il enterré au propre comme au figuré, (ab)usant sans doute pour sa part moins de substances illicites probablement. Combien de comparses a-t-il également propulsé au firmament de la gloire, demeurant quant à lui dans une plus modeste pénombre pour le commun des mortels ? De Eric Clapton à Jeff Beck, de Walter Trout à Jack Bruce, de Peter Green à Mick Taylor, de Coco Montoya à Buddy Whittington : tous ont connu la gloire et le succès après être passés entre les mains du sorcier MAYALL.

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Nous pénétrons dans la Rockhal sans prêter plus attention à un modeste stand installé dans le hall d’entrée durant la prestation de la 1ère partie (dispensable) de Kid Colling. Tenu par un senior des plus anonymes, il nous faudra faire demi-tour pour réaliser qu’il ne s’agit pas moins du sieur MAYALL himself ! Installé à côté d’un écriteau, il promotionne son dernier CD en jouant le vendeur ambulant : à 80 berges et avant même de grimper sur les planches, ça impose d’autant plus le respect. Total respect, même.

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Nous l’observerons ensuite avec un regard amusé remballer sa camelote alors que le 1er set se termine. Il fend son public par l’entrée principale de la salle pour rejoindre ensuite le backstage. Une vingtaine de minutes plus tard – 20 minutes d’intermission teintées de Rush estampillé seventies (!) – l’octogénaire à l’allure débonnaire se retrouve face à son public pour l’emmener dans une set list couvrant pas moins d’un demi-siècle. Quelques belles passes d’arme avec ses trois comparses plus tard, le patriarche honore une dernière fois son public mature (mûr ?) par un groovant Room to Move. Total respect again, Mr. MAYALL : c’est ce qu’on dû vous dire et répéter à l’oreille vos fidèles admirateurs alors que vous rejoigniez derechef votre stand dans le hall d’entrée, accompagné cette fois de vos trois comparses des Bluesbrakers pour une nouvelle séance de vente/dédicace. Adepte du circuit court – la vente directe du producteur au consommateur, sans intermédiaire – vous avez réussi à marier circuit court et court-circuit: high voltage blues’n’roll, on adore ! Longue vie à vous, Sir MAYALL, God Bless The King.

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VANILLA FUDGE – Spirit of 66, Verviers – 21 mars 2014

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Exactement 10 ans jour pour jour après sa dernière prestation sur ces mêmes planches (http://www.intensities-in-tens-cities.eu/tag/Vanilla%20Fudge), un des plus vieux bands encore en activité retrouve l’intimité du Spirit of 66 à Verviers. 10 ans jour pour jour, et pas moins flamboyantes pour un sou, nos trois icônes – Tim Boggert a de fait décidé depuis lors de remiser sa quatre cordes au vestiaire de sa carrière, s’estimant atteint par la limite d’âge. Il est remplacé par rien de moins que le bassman de Cactus. Restent néanmoins ce soir trois véritables monuments sur les planches pour une prestation de près de deux heures. Groupe majeur dont l’influence sur les grands de l’histoire du rock est indéniable, les icônes du FUDGE ressurgissent intactes d’une époque révolue et d’un passé remontant aux sixties, lorsque même Led Zeppelin assurait leur première partie.

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Réaliser qu’il s’agit bien ce soir des mêmes légendes est une gageure ! La musique du FUDGE demeure à l’image de ses géniteurs et de ses concepteurs, et en l’occurrence de ses performers : d’une étincelante modernité et d’une fraîcheur exceptionnelle par ailleurs parfaitement impossible de dater. Sans pour autant recourir au carbone 14, Mark Stein a l’allure d’un jeune premier derrière son Hammond – et quelle exceptionnelle sonorité, cet Hammond : à quand son classement au patrimoine (im)matériel de l’Unesco?! Carmine Appice est tout sourire en défonçant ses fûts comme il y a 50 ans, et Vince Martell réinvente le toucher de guitare comme si de rien n’était. Et ces voix, quelles célestes harmonies lorsque tout quatre jouent des lead vocals : ce n’est plus le Spirit, c’est une cathédrale. Ce n’est plus Verviers c’est le Vatican. Ce n’est plus de la musique, mais du véritable miel…

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La quintessence du band réside cependant ailleurs encore que dans l’exceptionnelle longévité de son oeuvre – à l’image de celle de ses auteurs : c’est dans sa simplicité et dans sa générosité mêmes. Tels de jeunes premiers, ils resteront tous quatre une bonne heure durant au merchandising à deviser de-ci de-là jusqu’au dernier client, avant de rejoindre leurs appartements backstage. Quand ils en ressortiront un à un, ce sera dans un club dorénavant vidé de son public.

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Mark Stein (plus très frais ni net semble-t-il…) vient se planter tout seul devant nous, en équilibre sur le tabouret de la table de mixage, attendant comme une momie ses comparses – dont Carmine tout de noir vêtu qui se fond dans les tentures tout aussi noires d’un recoin de scène désormais vide: les lunettes sur le nez, il tapote son smartphone d’une main, tenant de l’autre quelques cintres en guise de garde-robe de costumes de scène. Vince Martell ferme plus tard encore la marche, d’apparence tout fringuant mais nous marmonnant que son organisme est cependant resté bloqué sur le fuseau horaire des States.

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Et ces trois légendes vivantes de quitter nonchalemment le Spirit pour rejoindre dans le noir on ne sait trop quel lieu. Le patron qui tournait impatiemment en rond peut maintenant – enfin ! – fermer la boutique. Une soirée décidément bien hors-normes avec des formats tout simplement hors-normes également. Hors-norme, VANILLA FUDGE le reste au sens propre du terme, reléguant proprement la meute de ces cinq dernières décennies dans les cordes bien tristounettes d’une normalité qui ne sera manifestement jamais sa marque de fabrique. A dans 10 ans donc, même jour, même heure, même endroit…

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SAXON – Rockhal (Esch-s/-Alzette ; GD Lux) – 23 février 2014

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Un réglage défectueux ou malencontreux, et hop! une série de mauvais clichés pour la postérité. Qu’il en soit donc ainsi, mais bon…
Un inconvénient du frontstage est de succomber à la tentation de jeter un oeil sur les set-lists scotchées à même la scène, et rarement lisibles depuis le 1er rang. Mais c’est en la présente circonstance l’occasion de s’assurer que le « morceau à la demande » en cours de show (Motorcycle Man réclamé en l’occurrence ce soir par le public) est bel et bien absent de ladite set-list. Celle-ci ne comprend à cet égard que la seule mention « Requests ». Dont acte…

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Le grand Biff au look de yéti à la crinière blonde mouille bien sa chemise, il faut le lui reconnaître. Il met tout son cœur et toute son énergie à entretenir un bien chaleureux dialogue avec a so great looking audience (?!) qui, pourtant, n’a pas sorti le fin du fin de sa garde-robe. Majoritairement composée de bedonnants et/ou dégarnis ex-adolescents de l’époque fin seventies / début eighties, l’audience se replonge 35 ans plus tard dans cette vague British Steel aux relents d’Iron Maiden, Judas Priest et autres Riot ou Def Leppard. A l’inverse de la set-list, la grande carcasse de Biff semble insensible aux outrages du temps (même si celui-ci a sorti ses effets) et c’est une espèce de grand bond dans le passé que ce grand blond nous offre sans compromission.

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Certains courants hard-rock d’il y a 30 ou 35 ont pris de l’âge, et toutes les tendances ne sont pas égales face aux ravages du temps. Il en est ainsi de la veine SAXON, qui sonne définitivement eighties – même son dernier album n’échappe pas au naphtélène. La légendaire efficacité du band n’a rien perdu de sa poigne, mais il flotte comme un parfum de naphtaline dans la Rockhal – et l’excès de naphtaline, c’est bien connu, peut provoquer chez certains des crises de tachycardie. Ce soir, la nôtre a duré 1h45 – ce qui est en soi un très bon signe! Sans doute cette crise aurait-elle duré plus longtemps encore si nos faux vikings avaient été suivi par la bande à Lemmy – double affiche Motorhead – Saxon annulée en novembre dernier déjà de par la défection du premier nommé (voir ci-dessous). SAXON est venu, SAXON a vu, SAXON a vaincu : le band ne nous a réservé aucune surprise, a fait son job et est reparti comme il était arrivé. On n’en demandait pas plus, et nous n’en avons pas eu plus : la meilleure façon de ne pas être déçu n’est-elle pas de ne pas en attendre de trop? Juste ce qu’il faut – et on l’a eu. Et même un peu trop de AC Angry en première partie, d’ailleurs…

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« You should never analyse rock and roll : the deeper you get, the less it means… » (© Ian Fraser Kilmister)

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CITY & COLOUR – 16 février 2014 – Brussels (Ancienne Belgique).

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Le mystère Dallas GREEN demeure entier : avoir tourné les tatouages à ALEXISONFIRE pour fonder CITY & COLOUR, c’est comme passer du tuning au macramé, ou du Zyklon B à l’extrait de lavande. C’est comme sauter de l’époque de Cro Magnon au Siècle des Lumières (sans passer par la case "Ecoute, je vais t’expliquer…"). Nous l’écrivions déjà l’été dernier à l’issue de son concert luxembourgeois: le mystère demeure, à l’instar d’une belle équation à plusieurs inconnues. Ah ! ce Dallas GREEN – quelle volupté ! 110 minutes de promenade sur d’improbables mélodies, tantôt bercées de ses seules voix et guitare qui emplissent l’Ancienne Belgique comme le vin à Canna, tantôt portées par un band qui a tout du fils naturel de Crazy Horse (on parle ici des Canadiens de Crazy Horse, pas des greluches parisiennes du Crazy Horse).

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CITY & COLOUR envoûte une Ancienne Belgique comme lovée dans un cocon, calfeutrée dans la chaleur de cette voix sans nulle pareille et caressée par des mélodies d’une sensibilité et d’une douceur qui frappent là où ça fait mal. Et quand le band balance (trop) occasionnellement toute la sauce, ça groove et ça secoue là où ça fait du bien. Car CITY & COLOUR tel un équilibriste ajuste le dosage parfait, proposant une set-list qui alterne subtil song-writing tout en délicat toucher, et ravalement de façade au Kärcher®. Dallas GREEN nous promène ainsi où il veut, menant son public par le bout du nez là où il l’entend. Et ce n’est pas un fuckin’ idiot (sic) qui se fait jeter de la scène qui gâchera notre plaisir : ainsi que le Dallas s’en explique, il n’est pas sensé attendre de savoir si c’est un pote à lui ou quelqu’un qui ne lui veut pas que du bien avant de le faire virer off stage… 1h50′ de pur plaisir et de voyage enchanteur des Rocheuses au Niagara, du roc(k) à la fluidité. Pour la seconde fois cette semaine (cf. MONSTER MAGNET ci-dessous), les rideaux témoignent cependant d’une Ancienne Belgique en deuil. Mais comme mercredi dernier, ce n’est que pour mieux calfeutrer la délectation du moment présent avec les seuls gourmets…
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MONSTER MAGNET – Brussels (Ancienne Belgique) – 12 fév. 2014

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19h45, heure de l’apéro. Sur le plateau, du banzaï nipon de chez nipon: du lourd avec CHURCH of MISERY. Allez savoir s’ils chantent en anglais, en japonais ou en yiddish. Après tout qu’importe: le doom metal tendance psychédélique n’a pas à se torturer les méninges avec ce type de considérations – et nous non plus d’ailleurs. Le hic est néanmoins l’affluence réduite ce mercredi soir: le bon peuple de déserter non seulement CHURCH of MISERY mais surtout de ne pas non plus arriver à l’heure dite pour la grand messe où officie MONSTER MAGNET.

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C’est ainsi une Ancienne Belgique bien tristounette mais d’autant plus chaude qui attend Mr Space Lord (Mthrfckr !). En toute toute grande forme, il nous sert sur un plateau d’argent l’intégrale de leur dernier et fabuleux "Last Patrol" une bonne heure durant. Cette dernière perle signée MONSTER MAGNET revêt toute sa dimension ou plutôt toute sa démesure live on stage, passant du rouleau compresseur au kleenex et de la plume à l’enclume en un tournemain.

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Une performance que le quintet signe avec un retour aux sources qu’il qualifie lui-même comme full-on psychedelic space-rock with a 60’s garage feel, a kind of space-noir, tales of cosmic revenge, peaking libidos, alienation and epic strangeness. Tout est dit – et comme il y a un peu plus, on vous le met aussi.

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Une bonne heure durant, cette monstruosité est livrée toute chaude telle que sortie du cerveau fou de Dave Wyndorf. Son visage revêt un masque d’autant plus dantesque que les halogènes rouges amplifient leurs effets. Demeurant au centre de toutes les attentions, Wyndorf reste flanqué de ses deux lead guitars puissantes et solides, elles-mêmes soutenues par une rythmique aussi lourde que littéralement plombante. Comme à son habitude, il passera une partie du concert dos au public, jouant de sa guitare on ne sait trop quoi ni comment avec toute la machinerie disposée sur sa table magique : balançant toute sa sauce à effets psychédéliques tandis que les deux leads rivalisent de part et d’autre de la scène durant de longs duels, la marque de fabrique estampillée MONSTER MAGNET nous livre en boucles ce groove hypnotique et ces loops redondant et saoulant qui donnent le tournis. Ou la gnack, c’est selon.

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La camisole de force attend le public à la sortie – et il y en aura pour tout le monde vu la triste affluence: jamais il nous avait été donné de contempler avec tant d’amertume l‘Ancienne Belgique en deuil. Les tentures noires occultent les galeries supérieures et le balcon comme pour conférer davantage d’intimité à une salle indigne du MAGNET. Les absents ont toujours tort ; les archives de l’AB (et Intensities in 10s Cities) leur rappelleront bien vite que la prestation de ce soir était à la démesure de l’assistance clairsemée : sidérale (normal allez-vous dire, pour du space-rock). Stoner forever (… Mthrfckrs).

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♠ ♠ ♠ RAW POWER FOR BETTER BASS PLAYERS ♠ ♠ ♠

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DONKEY ROCK Winter Edition – 04 janvier 2014, Sélange (… Rock City)

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"Quand la Belgique aura compris que les frontières de la Wallonie ne s’arrêtent pas à Namur mais descendent un peu plus bas, ce groupe-là fera partie des meilleurs groupes belges de tous les temps": une bien rude vérité assénée dans la sono par Lolorganisateur au moment de saluer la prestation de la tête d’affiche de la soirée, AN ORANGE CAR CRASHED. Peu de temps auparavant, cette 1ère winter edition du Donkey Rock Festival commence fort, très fort avec nos petits chouchous et nos préférés : The WAY DAYS.

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TheWayDays_04012014_0127.JPG Malgré un bassiste de remplacement qui joue les intérimaires de choc ("de chez Trace" – sic), le quatuor ouvre la danse avec un set des plus énergiques agrémenté de nouvelles compos 2013 et de désormais classiques – façon de parler. Une fraicheur vintage et une sympathie sur scène à l’image de la spontanéité de leur production pourtant old timer : voilà du pur garage rock, primaire et brut de décoffrage comme surgi du passé, avec des rengaines qui tombent facilement dans l’oreille, marque de fabrique qui ne se dément pas au fur et à mesure de leur petit bonhomme de chemin.

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It’s a long way to the top if you wanna rock’n’roll : certains comme The WAY DAYS sont déjà (quasi) au top, mais reste à en convaincre le reste du monde (et si pour les décideurs de Bruxelles la Wallonie ne s’arrêtait pas à Namur, etc. etc.). Dommage que le Laney crachait le gras de ses basses vers le backstage parce que là-derrière, mes aïeux, quel groove vous avez raté… !!

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Si nul n’est (pas toujours) prophète en son pays, que dire alors d’AN ORANGE CAR CRASHED ?! Leur prestation de ce soir est la plus percutante à laquelle il nous ait été donné d’assister. Servi par une sono et un light-show à la hauteur des talents sur scène, le panache est en plus au menu pour décupler avec brio une certaine idéologie par ailleurs pas déplaisante pour un sou. Avec le Fils du Père à la lead guitar, ne manque que la descente du Saint-Esprit pour que la Trinité rayonne sur Sélange ! Le grand art est la marque de fabrique des Pemmers, et le show leur ADN – jusqu’à qu’à ce qu’autopsie post-mortem s’en suivre, Herr Doktor.

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Attaquer une six cordes à la visseuse en fin de set est par ailleurs excellent pour le conduit auditif et pour le show – un peu moins sans doute pour le matos. L’excentricité et la puissance de cette démonstration de force met une fois encore en scène tout le talent et toute la géniale créativité du groupe dans un genre coldwave aussi particulier que son registre shugase hors-normes.

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Les locaux de MAX MALLONE clôturent la partie « concerts » de cette soirée, manière de faire retomber la pression et augmenter le débit de celle du bar. Mention particulière également en regard de la la prestation des Bruxellois de ORGANIC. Cependant, coincés entre le marteau (The WAY DAYS) et l’enclume (AN ORANGE CAR CRASHED), pas facile pour eux de tirer les marrons du feu. Sélange, rock city : son Donkey Rock Festival (summer & maintenant winter editions), ses géniaux organisateurs, ses bénévoles d’enfer, son ambiance de Dieu le Père, sa chaleur et sa sympathie légendaires. Décidément, il est des coins où il fait bon vivre le r’n’r ici-bas, très bas en Lorraine, bien loin de Namur et de Bruxelles…

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