SJOCK Festival 2023 : Fu Manchu, Marky Ramone, Zeke, The Spits, Eagles Of Death Metal,… 08 juillet 2023

Comme on l’apprécie, notre annuel et sans pareil R’n’R Highlight of the Year! Le thermomètre affiche 34° à l’ombre et, une fois n’est pas coutume, la soirée campinoise sera d’une anormale douceur. Et quand on parle de douceur, on ne fait référence qu’à la température – pas à l’affiche de cette 47ème édition qui, ne nous y détrompons pas, oscille toujours entre garage-rock, punk et punk-rock quand pas bluesy ou tout simplement boogie et vintage. Seule ombre au tableau de ce samedi 08 juillet 2023, un mièvre, mou et tout bonnement soporifique EAGLES OF DEATH METAL qui officie pourtant en tête d’affiche de cette seconde journée.

Erreur de casting de la part de la programmation ? On ne le saura jamais, même si le public réserve néanmoins un accueil chaleureux aux rescapés du Bataclan, pourtant si éloignés de l’ADN du Sjok. D’ailleurs sans doute vivent-ils aujourd’hui davantage sur leur « acquis », sur leur macabre et lugubre renommée que sur leur production pour le moins inégale et leurs mièvres prestations (comme nous l’avions déjà tristement constaté lors de l’édition 2019 du Hellfest).

Un show affligeant tant sur le fond que sur la forme – le cheveu dans la soupe de cette programmation qui affiche pourtant traditionnellement un sans faute. Depuis le drame du Bataclan, on savait Jesse Hughes parano ou mytho – quand pas tout simplement gros con (oui, gros con, après ses lamentables prises de position limite complotistes postévénements): ce soir, c’est escorté de deux gardes du corps qu’il quitte son tour-bus pour monter sur scène alors qu’il s’est baladé tout l’aprèm backstage comme si de rien n’était. Soit. Soit.

Hormis ce faux pas, le samedi 08 juillet 2023 affiche néanmoins un tableau de chasse pour le moins relevé. A tous seigneurs, tous honneurs – au pluriel car deux formations briguent incontestablement la palme de l’auteur de la claque de la journée: FU MANCHU ou Marky RAMONE ? Marky RAMONE ou FU MANCHU ?

Longtemps encore nous souviendrons-nous de ce premier face-à-face avec le quatuor californien qui met littéralement le feu aux planches du SJOCK. Les maîtres du stoner (parmi certes quelques autres pointures de classe mondiale de leur acabit) nous assènent une trempée de derrière les fagots en délivrant le set parfait – ou quasi.

Une puissance de feu redoutable, un mur du son impénétrable et une rythmique métronomique pour une prestation ébouriffante sans chichi sans manière qui balaye une bonne partie de leur discographie. Ce dernier concert clôture de main de maître un European Tour rikiki mais totalement maousse costaud. FU MANCHU décape. FU MANCHU dépote. FU MANCHU règne. Ô my Godness.

Autre règne, autres temps, autres lieux, autres moeurs : sur la côte Est cette fois, règnent à New York de manière impériale dès les mid-seventies les frères RAMONE’S. Le dernier des survivants de cette glorieuse épique époque (et tic et toc) se prénomme Marky. My name is RAMONE, Marky RAMONE. Après quelques pompes devant la porte de sa dressing room pour se chauffer les muscles, notre fringuant septuagénaire moulé dans un short legging noir se dirige alertement vers la scène. On ne perd pas une miette de ces moments sans pareils et collons (discrètement) aux basques d’une de ces dernières légendes vivantes de la grande époque du punk-rock US.

La tignasse plus qu’abondante, noire de jais comme c’est Dieu pas possible, le lascar (extravagamment perruqué, faut pas pousser) n’a rien perdu de sa superbe ni surtout de sa forme jouvencelle. Efficacement entouré de trois acolytes du meilleur ton, bien à l’image, en symbiose et dans le moule parfait de leurs illustres prédécesseurs qui tiraient plus vite que leur ombre, le Marky RAMONE’s Blitskrieg nous déroule le plus que parfait best-of de la discographie RAMONES.

Comme un moment d’intemporalité… Flash back et madeleine de Proust, plongée en profondeur presqu’en apnée dans nos plus tendres années R’n’R High School non sans une encombrante boule au ventre en repensant à toutes ces années écoulées depuis. Coup d’oeil sur la set-list scotchée sur les planches avant que le set ne commence: le rappel mentionné avec un point d’interrogation restera sur papier, et uniquement sur papier: ce n’est pourtant pas faute d’avoir été réclamé à corps et à cri par un public chaud comme une baraque à frites…

Les Amerloches sont décidément à la fête ce samedi, et d’une côte à l’os – pardon: d’une côte à l’autre. Retour sur la West Coast: c’est de Seattle qu’arrive un autre quatuor dans la plus pure veine des 4 frères New-Yorkais : ZEKE. Comment dire, comment dire…? ZEKE doit être l’enfant caché de MC5 et des Stooges concu lors d’une partouse avec les Ramones – quant à connaître l’identité de la mère porteuse présente à cette partie de jambes en l’air….

Un set d’un seul tenant empêchant le plus affûté des néophytes de comptabiliser le nombre de morceaux joués tant ils s’enchaînent à la ramasse. Ca vous situe le niveau, ça te situe le style, ça situe l’intensité de la rafale? de quoi ramener la plus performante des sulfateuses au niveau de la cadence de tir d’un lance-pierre…

De quoi faire passer The BOOGIE BEASTS qui prestent dans le chapiteau pour des enfants de choeur à qui l’on donnerait le Bon Dieu sans confession. Le trio qu’on avait vu la dernière fois sous cette formule à trois est maintenant quatuor devenu, et la formule est 200% gagnante. Si passer de 100 à 200% est toutefois une vue de l’esprit, la formation n’en manque pas non plus, et ce n’est pas peu dire sous un chapiteau que The BOOGIE BEASTS transforment en fournaise. 100° ne brûle pas moins que 200° quand on met le doigt dedans la flamme…

From Kalamazoo, Michigan, (avant de migrer à Seattle, eux aussi) encore des Ricains qui ont traversé l’Atlantique rien que pour nous: en ouverture d’après-midi, tâche souvent ingrate, The SPITS lacent les hostilités de cette seconde journée de Sjock. Basique voire élémentaire, sans trop de relief non plus, leur leur folk-garage-punk est à l’instar du titre de leurs six premiers albums très savamment prénommés I, II, III, IV, V et VI. Du petit lait pour commencer la journée, quoi. Qu’on terminera le lendemain même heure quasi avec HOLY GHOST qui nous revient du Danemark, sur la mainstage cette année contre le marquee lors d’une précédente édition.

Your Rock’n’Roll Highlight Of The Year a une fois de plus tenu toutes ses promesses et n’a pas démenti sa réputation. Comme le bon vin, il bonifie avec l’âge en se dirigeant à petit pas vers sa 50ème édition en pulvérisant même son record d’affluence le dimanche en accueillant pas moins de 11.000 festivaliers. Ou comment rester convivial et familial, Petit Poucet dans la cour des Ardentes et autres Baudet’stival qui, le même weekend, ne jouaient manifestement pas dans la même catégorie: on parle ici de Your R’n’R Highlight Of The Year, pas de guimauve, de soupe ni d’insipide variété électronique pour adolescent(s) pas encore secs derrière les oreilles …

Now online : MONSTER MAGNET – Garage, Saarbrücken – 22 juin 2023

Space Lord Motherfucker – mais ce soir en version live uncut / uncensored dans un Garage de Saarbrücken qui ne fait étrangement pas le carton plein. Pourtant… pourtant MONSTER MAGNET reste et demeure Space Lord, King of Stoner, Master of Space. Quel band plus emblématique pourrait-il incarner le plus puissante synthèse qui soit du rock, du psychédélisme, du space et du stoner…? Aucun. Punt aan de lijn. Now online et toujours dans notre galerie de portraits : last & latest footages, shootings & reviews « From backstage to frontstage ». NO Photoshop. NO Ligthroom. NO RAW format. NO numeric nor digital overdub : ONLY pure one-shot JPEG !

MONSTER MAGNET – Garage, Saarbrücken – 22 juin 2023

Le t-shirt estampillé Hawkwind que porte Windorf en montant sur scène donne immédiatement le ton, à l’instar de son froc sans forme ni allure qui tombe en accordéon sur ses imposantes pompes de chantier. Il n’est pas ici pour prendre part à un défilé de mode ni pour faire de la simple figuration, le Dave, il est en configuration usine, genre haut-fourneau, mode coulée continue et métallurgie lourde. Windorf n’a jamais fait dans la dentelle mais sa broderie finement ciselée pèse pourtant bien, bien lourd…

On n’est jamais déçu d’un MONSTER MAGNET. Jamais. Et ce soir ne fait pas exception dans un Garage qui n’a étrangement pas fait carton plein. MONSTER MAGNET ne déçoit donc jamais, et sa puissance de feu n’a d’égale que sa rémanence au fil des ans, entre deux tournées : un set de même pas une heure et demi mais qui a été mené comme à l’accoutumée tambour battant, sans temps morts aucun, tout juste de quoi reprendre son souffle entre deux rafales. Et encore, à peine le temps prennent les lascars de nous laisser recouvrer nos esprits que le train fou est déjà reparti à l’assaut d’un nouveau col : puissance collective pour un impact maximal.

L’impétueux et tempétueux Windorf semble traverser les âges sans en prendre, tout comme d’ailleurs ses fidèles acolytes qui l’entourent depuis bien longtemps maintenant. Plus soudé et plus compact que jamais, d’une cohésion sans faille, MONSTER MAGNET nous offre une set-list qui s’apparente davantage à un very-very-best-of qu’à autre chose. Un concert-sauna comme on n’en fait plus beaucoup, du moins avec des pointures qui n’ont plus rien à prouver.

Quand on n’a rien plus à gagner, lorsqu’on n’a même rien à perdre, on se lâche. Et quand on se lâche, quoi de plus paroxysmique que le lâcher-prise made in MONSTER MAGNET ? Surviennent alors les moments les plus improbables, les plus spontanés, les plus puissants et les plus musclés, tels l’impact d’un mur du son qui s’adjoint les services d’un tsunami.

A force de ne pas (trop) se renouveler, certains plongent et disparaissent. Au contraire de MONSTER MAGNET qui ne fait que repousser toujours plus loin, toujours plus haut son stoner sismique dont ils demeurent aujourd’hui plus encore qu’hier l’étendard, la référence, le porte-drapeau d’un genre dont les acteurs ne manquent pas mais qui ne font qu’attendre leur heure (de gloire). Gloire aux Pères Fondateurs dont les élèves ne sont pas près de dépasser les Maîtres. Amen.

SAINT AGNES, the band for those who dare to be different – annonce la réclame. Comme quoi la publicité n’est pas toujours mensongère. Les quatre Londoniens emmenés par leur tigresse transforment cet opening-act en un joyeux bordel aussi bruyant que finalement festif entre post-punk et vintage rock’n’roll délavé à l’acide. Un court set à l’image des gambettes de sa chanteuse: émoustillant et affriolant.

Now online : SLIPKNOT + The BLACK KEYS à la Rockhal de Esch-sur-Alzette

Les jours se suivent et se ressemblent, et il en est de même de la scène de la Rockhal qui accueille pourtant successivement ces 14 et 15 juin 2023 des lascars sans guère de points communs. SLIPKNOT, entre toutes ses têtes d’affiche des plus grands festivals européens, prend le temps et la peine de terrasser de son nu-métal et de son show une salle blindée-massacre. Le lendemain, The BLACK KEYS – également en tête d’affiche de bien d’autres festivals – font davantage dans le root , efficacement secondés d’un redoutable quatuor et supportés par une mise en scène peu commune.

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The BLACK KEYS – Rockhal @ Esch-sur-Alzette – 15 juin 2023

Accompagnés d’un puissant quatuor sorti d’on ne sait trop où (aussi bien de la Jamaïque que du fin fond du Mississippi Delta selon les morceaux), The BLACK KEYS déboulent humblement sur scène et débutent leur set d’un sobre et suffisant « Good evening Luxembourg ». Un large écran LED à travers lequel transperce ponctuellement le flash de puissant spots donne aux lieux une dimension trompeuse, encore amplifiée par un light-show mobile et savamment articulé du meilleur effet. Mais toute cette mise en scène – finalement sobre et simple – n’est qu’inutile artifice pour un duo (devenu sextet) dont la set-list se suffit amplement à elle-même.

La batterie de Patrick Carney est située au bord de la scène, la vraie attraction scénique du groupe. Auberbach ne se prend pas au sérieux et se tient à sa gauche, le reste du groupe à l’arrière. La setlist couvre les deux décennies d’activité du groupe – de quoi simplement faire le job – jusqu’au rappel et son Little Black Submarines qui secoue enfin le cocotier avant que The BLACK KEYS assènent un grand coup de pied dans la fourmilière avec le survolté Lonely Boy pour clôturer un set tout simplement bon…

SLIPKNOT – Rockhal Esch-sur-Alzette – 14 juin 2023

Cela fait plus d’un quart de siècle que SLIPKNOT joue à faire peur, même si l’on n’a jamais vraiment accroché à cette formule connue mais qui continue de fonctionner. SLIPKNOT est en tête d’affiche de tous – oui, de tous – les festival européens et US, et même pour la 5ème fois en haut de l’affiche du Download pour ce que la presse anglaise rapporte déjà être la prestation la plus aboutie en 20 ans de festival, le meilleur set de deux décennies de décibels @ Castle Donington ! Et malgré tout ça, les gars de l’Iowa font ce soir le détour par la Rockhal, excusez du peu.

21h03, extinction des feux. Des explosions retentissent et des flammes jaillissent non loin du pit-photo, de quoi faire sursauter les quelques photographes que nous sommes. C’est parti mon kiki, dans une furieuse salve d’ouverture de feux d’artifice, de flammes et de riffs qui ouvrent les hostilités. Le décorum est classique avec les deux plateformes installées de part et d’autre de la scène pour accueillir les énormes fûts tandis que la batterie trône au centre..

« Ma voix est HS ce soir, je ne sais pas ce qui se passe, mais pas moyen qu’on annule ce show !» balance un Corey Taylor en forme pourtant olympique avant de suspendre le show quelques instants pour s’assurer qu’un fan tombé au sol allait bien.

Si Taylor a du mal avec sa voix, cela ne s’entend pas – ou guère, au milieu d’une Rockhal qui rugit comme rarement. Les gars sautent et rebondissent sur la scène, sautant des plates-formes, tandis qu’un baril se fait battre à coup de batte de baseball enflammée. Ouais, on en a pour ses sous (97 € quand même au guichet du soir avant que le sold-out ne soit prononcé): SLIPKNOT a marqué un grand coup ce soir, même si l’on reste quant à nous sur le quai à regarder le train passer plutôt que de grimper dans ce redoutable Iowa Express. La prochaine fois, peut-être.

ALBERT BLUES BAND – Op Der Trap – Rombach – 09 juin 2023

Première (et peut-être) dernière date internationale de l’ALBERT BLUES BAND World Tour 2023. Ou quand les frontières du vaste Royaume de Belgique – en son bastion le plus retranché de Gaume – sont trop étroites pour un band d’envergure et qu’il faut pousser les murs pour faire place au talent de petits jeunes. Enfin… petits, oui – jeunes, ça reste à voir (ou ça laisse sans voix).

Un bistro du terroir (à quand même une vingtaine de mètres de la frontière belgo-ardennaise, excusez du peu), de bonnes bières spéciales comme le terroir en produit rarement, un public de connoisseurs et une set-list de Dieu le Père à faire damner sa Sainte-Trinité, roulez casquettes c’est la foire aux chapeaux ! C’en devient d’ailleurs une ritournelle, avec ALBERT BLUES BAND: gloire aux seniors et à leur progéniture.

HOLY HOP CIRCUS – Brasserie de Rulles – 03 juin 2023

Qu’y a-t-il de plus jouissif qu’un mur de Marshall en fond de scène ? La réponse se trouve peut-être à Rulles avec un mur de casiers de la brasserie artisanale du même nom. Gaume Power ! Et si le visuel en jette un max, le gustatif va de paire à Rulles. HOLY HOP CIRCUS n’est ainsi pas que le nom de ce combo, power trio hyper-énergétique venu de la Gaume profonde (pléonasme). HOLY HOP CIRCUS est aussi ce divin et puissant breuvage gaumais brassé ici même. Et en ce beau jour de portes-ouvertes à la brasserie, HOLY HOP CIRCUS nous rentre dedans par tous les orifices: dans le gosier et dans le conduit auditif. Elle est pas belle la vie?

Boogie quand pas carrément rythm’n’blues, un son chaud et énergique comme des running shoes, des couleurs musicales variées qui balaient de bien larges registres: HOLY HOP CIRCUS, c’est du rock serré comme un café du même nom et servi comme une bonne Rulles (pléonasme…) pétillante et moussue à souhait. HOLY HOP CIRCUS fait son cirque, et ces bêtes de scène ne sont pas (que) des bêtes de cirque. Santé-bonheur !

Now online : Walter TROUT + Eric STECKEL – Dudelange – 23 mai 2023

On aurait pu croire que notre bon vieux Walter TROUT aurait été mis quelque peu en difficulté après le set tout bonnement ex-plo-sif du phénomène STECKEL en opening act. Mais c’était sans compter sur les ressources de ce vieux briscard – on n’apprend pas à un vieux singe à faire des grimaces. Une soirée exceptionnelle dans une salle qui l’est tout autant @ Dudelange. Now online et déjà bien évidemment dans notre galerie de portraits : last & latest footages, shootings & reviews « From backstage to frontstage ». NO Photoshop. NO Ligthroom. NO RAW format. NO numeric nor digital overdub : ONLY pure one-shot JPEG !

Walter TROUT + Eric STECKEL – Opderschmelz Dudelange – 23 mai 2023

On ne se bouscule pas au portillon de l’Opderschmelz – il n’y a d’ailleurs pas de portillon à l’Opderschmelz, centre culturel sans nul pareil et comme on n’en fait d’ailleurs qu’ici. Walter TROUT est ainsi de retour à Dudelange, même si chacun de ses come-backs est une victoire en soi 9 ans après une greffe qui l’a ramené de l’au-delà. Un come-back qui ne compte pas pour rien dans la vie d’un homme – et quel homme ! – et dont il ne se lasse de nous rappeler la dette qu’il nourrit à l’égard de chaque donneur d’organes.

Un souvenir chassant l’autre, c’est celui de ses 16 ans qu’il nous partage ensuite: sa première rencontre avec BB KING, rencontre qui a à jamais changé le cours de sa vie et a fait de lui la pointure qu’il est aujourd’hui. Solidement entouré de quatre tirailleurs-mercenaires de derrière les fagots qui ne sont pas non plus nés de la dernière pluie, le TROUT a encore du répondant et c’est à se demander s’il en garde beaucoup sous le pied ou si la gâchette est en bout de course. Quelle que soit la réponse à cette question que nous ne lui avons d’ailleurs pas posée, TROUT ferraille à qui mieux-mieux sans perdre son melon indéboulonablement vissé sur le caillou.

Et ce n’est pas le bouquet final qui nous contredira, avec l’arrivée sur scène d’Eric STECKEL pour une jam endiablée. Non pas un duel, non pas un duo de guitares, mais plutôt un tout qui est plus grand que la somme de ses parties. Aristote est parmi nous ce soir, au coeur de cette jam: pour que ce tout soit si possible démontrable, il faut fixer une notion de valeur et constater (ou encore mieux, prouver) que la valeur du tout est plus grande que la somme des valeurs de TROUT et de STECKEL pris individuellement.

Or pour effectuer une somme et dépasser les idées vagues, il faut choisir ou définir une mesure. Il faut donc associer un nombre au tout et d’autres aux parties. La maxime, avec peut-être des hypothèses restrictives à formuler soigneusement, devrait alors devenir un théorème. Nous en laissons la formulation à qui de droit. Parce que ce lascar de STECKEL, valeur sûre en devenir si pas déjà devenue à notre insu, quelle bombe incendiaire ! Un mélange de napalm et de TNT qui ne demande qu’une chose : exploser – suralimenté par une rythmique qui n’entend pas non plus se contenter de jouer les faire-valoir ni de faire de la figuration.

On ne s’y était pas trompé au seul coup de gratte juste avant le début du show, le petit coup de gratte pour s’assurer que les amplis sont à point, juste ce petit et insignifiant accord de rien du tout en prélude au set: un petit accord sans prétention mais qui a troué un nouveau trou du c… au Monde et qui te fait savoir en une fraction de seconde que le show qui n’a pas encore commencé va tout simplement dépoter.