… live @ Rockhal, Esh-sur-Alzette – 29 septembre 2016 :
Auteur : Yves-Marie François
The TRAMPS : mélangez les caprices hardcore du batteur et ses tempos rapidos, un bassiste qui porte sa quatre-cordes plus bas que la décence nous y autorise, un guitariste sans ego surdimensionné préférant balancer énergie et bonne humeur plutôt que de titiller inutilement le manche à délire, et pour finir un chanteur et ses prétendues références aux sixties ainsi que ses influences expérimentales et psychés.
Agrémentez le tout d’une énergie ex-plo-si-ve qui relègue au second plan quelques anodins cafouillages, et vous obtenez la bombe H luxembourgeoise: The TRAMPS. La saison 2016-2017 du Centre Culturel de Bastogne commence fort, TRES fort: mets ton slip de bain, ta casquette porte-bière et rejoint-le !

(The rise and fall of) FRANKENOTTERS : rien qu’avec un nom pareil, vous faites déjà peur au plus aguerris des braves. Que dire alors lorsque le face-à-face se produit?! Frappez les tambours de guerre, secouez les arbres et fendez les murs: les FRANKENOTTERS débarquent en Ardenne pour réécrire la bataille du meme nom. Bim bam boum, les loutres explosent en dolby surround.
Une offensive d’un son brutal et massif, vivant et dégageant la sueur, la rage: la horde sauvage formée de fines gâchettes fransquillonnes venant des Deadlocks, 7 weeks, Baconhead, Off Track met à sac le Centre Culturel sur fond de nuits blanches et de gueules de bois.

Reste que le public bastognard, un brin conventionnel dirons-nous (pour rester délicat), n’est sans doute pas (encore ?) prêt pour un big bang sonique de cette trempe, entre cette fusion charnelle hors-nature du son massif des QOTSA et due swamp reptilien des Beasts of Bourbon portée par une rythmique basse-batterie dépassant toute raison. FRANKENOTTERS est hors catégorie: The Rise & Fall of FRANKENOTTERS, c’est le Chuck Norris du mur du son qui mesure son pouls sur l’échelle de Richter ..
Quand quatre Louviérois issus de communautés immigrées se retrouvent sur scène autour de Romano NERVOSO, c’est pour délivrer un rock’n roll qui transpire les senteurs d’acier en fusion et les cannellonis à la ricotta. Avec des compos solides qui tiennent admirablement la route, un goût hors du commun pour l’entertainment et une cohésion de tous les instants qui laminent la sono et transperce le mur du son, ROMANO NERVOSO c’est le bonheur à l’état pur.
Ces Louviérois sont à l’image d’un bulldozer qui écrase tout, mais avec doigté, touché, sensualité et douceur. Pas un bull de chez Caterpillar mais un bulldozer de Barbie, modèle Cicciolina et série spéciale Rocco Siffredi. Le genre de truc qui te fait avoir des frissons que tu ne sais pas pourquoi. ROMANO NERVOSO, band of brothers: rien que le rappel de ce soir est un monument d’anthologie. Honte et malheur aux absents…

Où – ailleurs qu’au Cabaret Vert bien entendu – pourrait-on apprécier le même jour sur la même scène MASTODON qui ouvre les hostilités dès 16h15 et Louise Attaque qui les prolonge en soirée – sans parler de Nekfeu qui clôture les festivités?! Nulle part ailleurs…

Le thermomètre affiche très exactement 35° à l’ombre lorsque nous arrivons sur les lieux – presqu’un record pour la saison, ce qui n’empêchera nullement MASTODON, en plein soleil, de rentrer dans le lard de la grande scène.
La chaleur qui écrase le Square Bayard ralentit simplement les mouvements mais en rien le tempo de leur sludge ravageur. Une heure d’efforts sous un soleil de plomb déshydrate les corps et échauffe les esprits tant sur scène que dans l’herbe: les boss nord-américains remercieront d’ailleurs chaudement un public qu’ils qualifient de best audience qu’ils n’aient jamais eue en ouverture de festival. Normal, quand on donne tout, on reçoit tout…
Si MASTODON fait parler la poudre, le quatuor donne néanmoins davantage l’impression de cohabiter et de partager la scène plutôt que de l’investir comme un seul homme. La chaleur étouffante n’est pas propice aux performances hors normes (ni aux attouchements ou accolades, si ce n’est sur l’herbe…), et sans doute faut-il trouver là une probable explication à ce constat bien vite oublié de par la phénoménale puissance de feu du band.

Le fer de lance du New Wave of American Heavy Metal mérite bien mieux que cette plage horaire, ingrate, de début de journée – mais à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire. MASTODON, alors, est glorieux. Jubilatoirement glorieux – gloria in excelsis deo.
Cela faisait des plombes que nous attendions de prendre en pleine tronche la claque WOLFMOTHER, et le trio nous en a effectivement mise une solide dans les gencives. Sa puissance lourde et stoner en droite ligne des 70’s, envolées psychées comprises, tient toutes ses promesses avec autant de charisme au cm² que de décibels aux cm³: ça situe…?!
Les australopithèques nous balancent un pur r’n’r show, costaud et authentique, qui nous renvoie dans les cordes d’un grand ring époque seventies. Andrew STOKCDALE et ses deux comparses semblent en effet tout droit sortis d’une machine à remonter le temps, mettant au goût et aux sonorités du jour des compos qui auraient – comme qui dirait – traversé les décennies, décongelées aujourd’hui à la sauce Hibernatus. Orgasmique, punt aan de lijn.
WOLFMOTHER, c’est danse avec les loups – mais plutôt version loups garous. Ses relents de Grand Funk Railroad nous en mettent une sérieuse dans les camouilles. Ô extase divine, c’est splendeur et splendosité comme un oiseau tissé en fil de paradis. Comme un nectar argenté coulant dans une cabine spatiale, et la pesanteur devenue une simple plaisanterie…
WOLFMOTHER a le look des seventies, WOLFMOTHER a le goût des 70’s, WOLFMOTHER a la saveur des années septante, WOLFMOTHER c’est back to the future de chez les kangourous, croisement improbable de Black Box Revelation et de Marty McFly. Un régal. Une purge. Un lavement et un trépanage à la fois… Merci docteur.

Qu’apprécie-t-on le plus au Cabaret Vert: sa carte des bières (… 21 !) et de mets liquides et solides semi-artisanaux plus délicieux les uns que les autres, ou l’affiche de ces 4 jours multi-culturels à quasi 100.000 personnes ?! A nouveau, l’éco-festival des Ardennes frappe fort et bien (et bien fort). Le Cabaret Vert, c’est surtout une belle réussite territoriale et un éco-projet multi-culturel, reflet de toute une région et de la dynamique de ses habitants-acteurs dans un grand élan sociétal de mixité sociale et de mélange des disciplines: BD, arts de rue, débats, cinéma, théâtre forain, gastronomie, éco-développement, etc.
Le Cabaret Vert a l’accent aussi associatif qu’humain et présente de solides penchants aussi festifs que gustatifs. C’est un ovni dans le paysage des festivals de l’été. Economie durable et locale côtoient rock’n’roll et techno, mais aussi solidarité(s) en tous genres et rencontres alternatives et créatives. C’est pour cela qu’on y revient au Wild Wild Fest : son esprit sauvage et indomptable continue d’écrire son histoire, sans renier ses valeurs. 94.000 festivaliers l’ont encore bien compris cette année…
L’an dernier, les riot grrrl de L7 ont fait leur grand comeback après quinze ans d’absence. Le Hellfest s’en rappelle encore et c’est maintenant au tour du Cabaret Vert d’être secoué par les riffs du quatuor. L’Angleterre a Girlschool, les Etats-Unis ont L7 ! Les grunge ladies ne sont plus de première fraîcheur, mais sont également loin d’être périmées: la date de péremption ne semble d’ailleurs même pas être pour demain non plus.
Pur produit féminin de la grunge generation, aussi dingo sur scène qu’enragées et engagées, les quatre de L7 c’est du pur rock sans compromission et sans fard. L7, c’est comme des jambonneaux dont on aurait ôté le filet pour ne garder que la couenne; c’est bien gras mais relevé à la fois, et finalement très fin même si elle ne font pas dans la dentelle. Ce serait d’ailleurs plutôt corset et cuir…
L7, c’est un peu comme si Kurt Cobain s’était réincarné en pin-up défraîchie. Ca balance ferme et ça secoue grave, avec une saveur surannée fin eighties. A l’époque, Nirvana explosait; L7 également. A la différence près que L7, c’est un peu comme le big bang: il est vieux comme le monde, mais on peut encore l’entendre.
Chapeau bas, les filles: le culot se les dispute au panache, et la cellulite à la peau de pêche. Et quelle pêche, L7 !

Une review signée Hervé PICART parue dans le magazine BEST n°236 en 1981:
C’est bien connu, la guitare de Ted Nugent vaut tous les bâtons de dynamite du monde. Mais si les albums studio de Guitarzan sont de bien régénérants feux d’artifice, il est certain que c’est sur scène que le hard de l’enragé de Detroit prend toute son explosive valeur. D’où ce prestige de "Gonzo" par rapport aux autres albums. "Gonzo" a aujourd’hui un petit frère digne de lui en la personne de cette boule de nitroglycérine au titre inénarrable : "INTENSITIES IN TEN CITIES". Mais ce nouvel album, qui est sans doute un des plus fameux de Ted, et un monument de hard, se singularise définitivement, car Ted y tient une gageure tout à l’image de cet inépuisable et généreux vantard. Il n’y a sur cet album live que des nouveaux morceaux. Vous vous souvenez que, lors de sa dernière interview dans Best, Nugent vous avait raconté qu’il écrivait la majorité de ses morceaux sur la route, les répétait en sound-check, et les jouait souvent le soir même de leur création. Ted aime tout ce qui va vite, c’est son mode d’exister. Chez lui, tout arrive à fond de train, il n’est pas nécessaire de fastidieuses manoeuvres préparatoires. Or, puisque ses bulldozers sonores ne prennent toute leur valeur que dans la catalyse vrombissante du live, pourquoi aurait-il été reclure l’énergie de ses nouveaux morceaux dans l’intimité besogneuse d’un studio ? Il suffisait de les saisir encore tout chauds, à peine sortis de son cerveau gargantuesque, et c’est ce qu’il a fait.
Inutile de dire que l’on a alors avec ce disque un sommet dans l’énergie, la spontanéité et la fureur de vivre. Regardez-moi ces titres qui sentent la chair fraiche et la poudre, tout y est dit. Nugent ayant l’art du slogan hard : "Spontaneous Combustion", "I am a Predator", "TNT Overture", "I Take no Prisoners". Voilà des titres qui condensent en eux cette barbarie fondamentale du rock de Nugent. Et la musique fournie est à leur image : une série de galops effrénés, une énergie en tourbillon. Nugent est ici au point culminant de son identification avec le hard dans sa perfection. Et sa personnalité est telle qu’alors que tout ici est réservé à sa pleine et seule expression (les autres n’étant que des comparses interchangeables), ce disque parait encore trop étroit pour contenir toute sa rage boulimique. Chaque morceau est ici un événement, un crête. A chaque solo, Nugent découvre d’autres facettes de son jeu de titan, aligne des performances toutes différentes. Ce démon hilare semble avoir transformé son manche en un générateur d’infini, tant il semble repousser à chaque intervention les limites de l’hystérie et du brio. A tous égards, tant par l’audace de son projet que par l’exceptionnelle densité de sa réalisation, "INTENSITIES IN TEN CITIES" est réellement un des chefs d’oeuvre du hard-rock. Plus qu’indispensable, voilà un disque franchement vital pour tous les affamés du genre.
PS: Et avez-vous remarqué quel sigle forment les initiales du Ted Nugent Tour ? Tout porte décidément la marque du cataclysme.
© Hervé PICART, magazine BEST – 1981
(Verse one)
I’ve got no inhibitions, so keep your keys out of your ignition.
I steal a car like I got the curse, I can’t resist the old lady’s purse.
(Chorus)
Jailbait, you look so good to me,
Jailbait, won’t ya set me free.
Jailbait, you look fine, fine, fine. And I know I got ta have ya in a matter of time…
(Verse two)
Well, I don’t care if you’re just thirteen, you look too good to be true.
I just know that you’re probably clean, there’s one little thing I got ta do to you.
(Verse three)
So, tell your mama that I am back in town, she likes us boys when it’s time to get down.
She’s got this cravin’ for the underage, I just might be your mama’s brand new rage.
(Chorus two)
Jailbait, you look so good to me.
Jailbait, won’t ya set me free.
Jailbait you look fine, fine, fine – I know I’ve got ta have ya in a matter of time.
(Out chorus)
Oh baby. My baby, honney, you look so nice. She’s young, she’s tender, won’t you please surrender.
She’s so fine, she’s mine, all the time, I’ve lost my mind.
Oh, it’s all right baby, it’s quite all right I ask your mama.
Wait, wait, wait a minute, Officer. Wait a minute, Officer: don’t put those handcuffs on me.
Put ’em on her and I’ll share her with ya, hey, hey, hey.
Baby, baby, baby, Jailbait – Well I need ya Jailbait – Well I need ya, gotta have ya…"
© Ted Nugent – Magicland Music, 1981
… a apprécier en live à Paris en 1981 : "Jailbait"

Quand on décide de porter aussi fièrement un nom si sensuellement éructé sur un "Double Live Gonzo !" d’anthologie à l’attention des gentes dames de Nashville, on peut se permettre beaucoup, beaucoup de choses. Heavy & dirty rock’n’roll show : l’affiche hurle également le programme de ces 75 minutes hot, hot, hot dans le chaudron de l‘Entrepôt.

Avec NASHVILLE PUSSY, on sait à quoi s’attendre et l’on n’est jamais déçu. Si elles en avaient, on les appellerait sans doute Airburnes – pardon: Airbourne – tant le quatuor dégage. Ce quatuor, c’est 100% rock’n’roll, 200% attitude, 300% énergie, 400% show et 500% heavy & dirty r’n’r show – comme l’annonce l’affiche. NASHVILLE PUSSY on en redemande: des bands intègres et sincères qui continuent à faire inlassablement le grand écart entre le Vieux et le Nouveau Continent avec autant de spontanéité, d’énergie et de simplicité, ça ne court plus les scènes.

NASVHILLE PUSSY: le poids des Wonderbra, le choc des cuirs et la puissance de feu des chattes du Tennessee. NASHVILLE PUSSY n’a rien inventé mais le crie haut et fort, et le montre bien mieux encore en alliant le panache et le show à l’énergie brute et primale du real rock’n’roll. Ils/elles s’appelleraient "Triple Live Gonzo!" qu’ils/elles le mériteraient, c’est dire. Garces, va: venez chercher votre fessée près de papa…
… avec e.a. le "Laura COX Blues Quartet" … pardon: The LAURA COX Band, comme elle nous le fait à très juste raison corriger dès ce bille posté. Notre organisateur préféré avait d’abord usé du terme "Laura Cox Blues Quartet" dans son programme initial, avant de le qualifier tout aussi maladroitement en "Laura Cox Blues/Rock Quartet" le jour-même ! Belle tentative Claudy, belle tentative d’ainsi tâcher de ne pas effrayer un public trop traditionaliste, mais en vain : c’est que la jeune dame veille bien au grain (… au sien en l’occurrence) !

Il est des festivals où l’on va les yeux fermés (mais les oreilles grandes ouvertes) comme on irait en pèlerinage: on ne réfléchit pas trop à la démarche mais l’on s’y rend, comme ça. C’est plus fort que nous: on sait qu’une ambiance sans nulle pareille ne peut se trouver ailleurs, et qu’un cadre plus idyllique que celui Gouvy, tu meurs. Gouvy, c’est comme ça: on ne résiste pas à son appel: ce n’est pas l’appel du 18 juin, ce n’est pas l’appel de Léo non plus – c’est l’appel du Claudy…!

Force est néanmoins de constater que cette 37ème édition de la journée blues du dimanche semble faire quelque peu moins recette et, corollaire peut-être, son affiche est manifestement plus groovy que véritablement blues-rock. La gent féminine est avantageusement représentée sur la grande scène par Justina LEE BROWN (w/ Morblus) suivie de Miss NICKKI et son Soul Memphis Collection, avant que le black power Sugaray RAYFORD Blues Band ne mette véritablement le feu au chapiteau.

Mais c’est dans le club que les femmes mettent véritablement les pendules à l’heure. Elli DE MON tout d’abord, ex-tra-or-di-nai-re multi-instrumentaliste qui réinvente rien de moins que la soul et le blues avec des sonorités venues d’ailleurs (sitar compris). Ce n’est toutefois pas mentir de dire que nous attendions avec grande impatience la chère Laura COX pour (enfin) électriser tout ce festival de main de maîtresse en fin de soirée dans le club pour deux sets consécutifs. Son talent, sa pêche et son toucher de guitare n’ont d’équivalent que sa jeunesse et son inexpérience de la scène. Il est néanmoins certain qu’elle fera partie des filles qui comptent lorsqu’elle aura acquis un peu plus de bouteille et d’assurance encore sur scène. Alors, l’entertainement sera véritablement complet…

RAMBLIN’ MAN FAIR, deuxième du nom – et seconde journée, dans le désordre.
Du haut de ses 72 berges, Gary Brooker, concentré à l’extrême, est assis sur un tabouret, les yeux perdus dans le vide… Concentration, concentration. Le tableau dure, dure et a duré une éternité avant que ne vienne le moment pour lui de sortir de sa léthargie: l’appel du taf. PROCOL HARUM traverse les décennies, et sans doute cette scène s’est-elle déjà produite des milliers de fois depuis la fin des années 1960. Pour nous, c’est la première – et toutes les premières fois marquent.



Deux TRES grands monsieurs partagent successivement la tête d’affiche de la Blues Stage : Walter TROUT, le revenu des morts qu’on ne pensait plus jamais revoir sur les planches, et Warren HAYNES – ici backstage pris sur le vif en plein interview. Il n’y a pas à dire mais quand il s’agit d’offrir la crème de la crème du blues-rock, le Ramblin ‘ met effectivement les petits plats de blues dans les grands plats de rock…:



THUNDER, auréolé de bien des hits inscrits au Top 40, reste un de ces groupes classic rock qui a bien plus a gagner qu’à perdre en délivrant une prestation live digne de ce nom. Nous leur laisserons donc le privilège de l’effort et la palme de la démarche car la concurrence est rude, très rude sur la mainstage du Ramblin 2016…
A tout organisateur de festival qui se pose la légitime et angoissante question de savoir comment mettre le feu à la plaine – ou au parc, ici en l’occurrence – en milieu d’après-midi afin de sortir le public de sa torpeur amplifiée par un soleil de plomb, The ANSWER est la réponse, comme son nom l’indique…
Ils nous avaient déjà sérieusement tapé dans l’oreille en première partie d’AC-DC en 2009, aujourd’hui ils confirment tout le bien que nous pensions d’eux. Que sera-ce demain…?!

Jésus, Marie, Joseph, rentrez les agneaux et planquez l’acide: HAWKWIND is back ! Le Ramblin nous offre l’exploit de programmer cet hallucinant voyage spatio-temporel avec la bande à Dave Brock et Tim Blake (qui, pincez-nous, nous vulgarise la clope au bec sa maîtrise es thérémine sur le gazon). Merci le Ramblin !
Lemmy ne fut certes qu’un des nombreux membres qu’a vu défiler HAWKWIND durant ces décennies, mais son ombre comme qui dirait planait sur la Prog Stage durant le set. Un trou dans l’espace-temps et un passage éclair dans la quatrième dimension occasionnés par ces extra-terrestres ne peut néanmoins pas tout expliquer. Alors… quoi ??

C’est au pied du mur qu’on reconnaît le maçon. Et quand il s’agit d’un mur de Marshall tous voyants dans le rouge, on sait qu’AIRBOURNE n’est pas loin. Leur outil de travail – comme la truelle pour le maçon – n’est pas fait pour monter le mur du son, mais bien pour l’exploser…:
Pas de surprise avec AIRBOURNE, une valeur sûre du marché du décibel: les Australiens savent démarrer au quart de tour, le problème étant plutôt de les arrêter. Entre escalade des échafaudages, explosion crânienne de canettes et autre petit tour dans le public, c’est à se demander s’ils ne pourraient pas faire un peu de macramé afin d’encore compliquer et complexifier la tâche. Churchill aurait eu AIRBOURNE à ses côtés, la seconde guerre mondiale n’aurait pas duré deux ans…
Sans aucun doute, une des grandes claques de cette seconde journée de Ramblin Man Fair 2016 et assurément la surprise du chef: The CADILLAC THREE et leur Mississippi burning groove qui vire au southern rock d’une rare intensité. Un ouragan force 5 qui hume bon le Deep South :
Bon, d’accord, Nashville n’est pas situé sur les rives du Mississippi mais en termes d’énergie hydro-électrique on ne va pas chicaner non plus pour quelques miles. Ces trois p’tits gars de CADILLAC THREE, ils nous font presque penser à ZZ Top il y a quelques décennies, quand leur boogie-blues secouait le popotin des Texans. OK, le Texas ce n’est pas non plus le Mississippi ni Nashville, mais bon…
BLACK STONE CHERRY remplit à merveille son rôle de tête d’affiche du dimanche: du show, un son lourd, du look, de la fraîcheur et de la spontanéité alliée à un sens prononcé de l‘entertainement servi par de bonnes mais simples et efficaces compos. Effectivement, ça décoiffe grave et le public ne s’y trompe pas. Restera maintenant à observer l’effet BLACK STONE CHERRY sur la durée: les années qui viennent nous en apprendront bien plus que ces 90′ de show – au propre comme au figuré…
Les quatre poulets frits du Kentucky au nom prédestiné de The KENTUCKY HEADHUNTERS auraient davantage eu leur place sur la Blues Stage que sur la Classic Rock mais bon, les programmateurs en ont décidé autrement. Le southern rock des Colonels tirant plus sur le country qu’autre chose fait néanmoins recette frontstage où photographes et amateurs se pressent comme poules en batterie :

Les frères VON HERTZEN ont un pedigree long déjà comme un jour sans pain ni vin. Une touche de prog, une pincée de psyché, une once de graisse et un zeste d’indéfinissable font des VON HERTZEN BROTHERS une alchimie qui tient ô combien la route et la distance…:

RAMBLIN’ MAN FAIR, deuxième du nom ! Jour 1.
Que dire de ces sacrés briscards de vieux routards, les baroudeurs de The DEAD DAISIES à qui on ne la fait plus sur la Classic Rock Mainstage ?! Plus ébouriffants que jamais les vieux bougres, et c’est bien, bien peu dire. Depuis décembre dernier à Bruxelles, nous attendions confirmation de la première excellente impression qu’ils nous avaient laissée, et c’est bien plus encore que nous avons reçu dans les gencives.
Sir Doug Aldrich a récemment rejoint ces vieux brigands des DEAD DAISIES début 2016: son pedigree, c’est la surprise du chef qui confère au band sur la mainstage l’éclat et le brio qui lui manquaient peut-être, diront les pisse-vinaigre. Le petit coup de génie fait maintenant coup double avec le grain de folie qui caractérisait déjà la bande à Marco Mendoza et sa clique de routards. Du pur bonheur à l’état brut, et ces deux transfuges du Serpent Blanc n’y sont pas pour rien (tiens, tiens…).
L’aigre-doux suranné du (hard-) rock FM des eighties passe très, très difficilement le cap des décennies : presqu’en avant-goût de Whitesnake (mais on ne le sait pas encore), les ex-beaux gosses d’EUROPE n’ont plus vraiment de beaux restes et le montrent bien :
Les blondinets ne sont plus – du moins pour certains – que le pâle reflet de leur splendeur (physique) passée. Musique et look ont mal vieilli et il n’y en a pas un pour compenser l’autre. On pouvait penser que le (hard-) rock FM, les synthés et les longues crinières blondes des eighties étaient résolument voués aux oubliettes du r’n’r, mais il n’en est semble-t-il rien pour une frange (féminine) non-négligeable qui doit continuer à alimenter le tiroir-caisse de ces boys bands dont le pathétique n’a d’égal que leur vacuité musicale. Quand s’agira-t-il vraiment du final countdown…?? Allez, médaille du mérite quand même.
Un émouvant et remarquable THIN LIZZY opte pour une configuration all star band en l’honneur du 30ème anniversaire de la disparition du grand Phil Lynott – en ce compris Midge Ure en guest pour quelques morceaux. Séquence émotions: the boys are back in town pour 6 dates "anniversary show" seulement, dont le Ramblin ‘.
2016 est également le 40ème anniversaire de l’album Jailbreak: THIN LIZZY l’a bien compris avec cette (re)formation exceptionnelle. Tom Hamilton emporte donc sa basse d’Aerosmith pour rejoindre Scott Travis arrivé avec ses fûts de Judas Priest sous le bras. Flanqués d’un Midge Ure tout binamé, ils entourent Scott Gorham et toute la clique des BLACK STAR RIDERS qui prolongent depuis des années l’héritage de THIN LIZZY en ayant la décence de ne pas galvauder ni usurper son nom. A l’oreille, BLACK STAR RIDERS est le digne héritier de THIN LIZZY mais ce soir, en fermant les yeux, un frisson nous parcourt l’échine: ce best of de THIN LIZZY, c’est comme si le grand Phil était de retour…
Est-il politiquement correct d’affirmer que la tête d’affiche de ce 1er jour nous a franchement déçu ? Non pas David Coverdale himself, mais bien WHITESNAKE dans son (dés)ensemble. Le Snake, vidé de sa substance et triste parodie de lui-même, n’est plus que l’ombre de sa splendeur passée. Les compositions historiques du band demeurent d’une incroyable puissance et d’une efficacité effroyable, mais que tout l’enrobage de ces seconds couteaux est creux, artificiel et factice. Soporifique et gonflant, surtout…
Pas moins de quatre soli (oui quatre: guitare, basse, batterie et seconde lead guitar !) seront nécessaires au beau David afin de garantir la préservation de son – certes superbe – organe jusqu’en fin de set: mais où va-t-on, que fait la police ?! Hormis Tommy Aldridge aux drums, ses autres faire-valoir ne font que de la simple figuration, sans plus-value aucune. Mais où est donc passée l’âme du Serpent Blanc…? Rendez-nous notre véritable WHITESNAKE, plize.
PURSON et sa croquante & craquante leader éclaboussent littéralement la Prog Stage d’un psychédélisme comme qui dirait… extraordinairement revisité. Wouaw, on en redemande des comme ça !
Le néo-psychédélisme de PURSON éclabousse donc la Prog Stage, comme si ces Londoniens revisitaient ou ré-écrivaient l’histoire en injectant dans leur psyché des consonances de prog ou de stoner. Proches par moment de HAWKWIND dont ils partagent la même scène à un jour d’intervalle, la filiation n’en saute que plus aux yeux et aux oreilles malgré deux générations d’écart. PURSON: la claque qui fait du bien tellement elle fait mal…

Les vétérans d’URIAH HEEP, aussi sympas sur le gazon backstage lors de l’échauffement qu’ils peuvent être explosifs live on stage. C’est presqu’à se demander ce qui les pousse encore à se surpasser de la sorte alors qu’ils pourraient simplement enclencher la roue libre. Si ça ce ce n’est pas avoir le feu sacré depuis 50 ans, alors on ne l’a pas encore inventé.
Reformé il y a quelques années, TERRORVISION explose la mainstage, comme transporté et galvanisé par un public semblant s’être expressément déplacé pour ces gaillards (… était-ce pourtant bien le cas?) :
TERRORVISION, c’est la surprise du chef en ce 1er jour de festival. Leur set est d’une énergie brute insensée, sans l’ombre d’une pause pour reprendre son souffle. Comme épicée de relents d’Henry Rollins, cette prestation demeure un grand moment et une bien belle découverte. Ces gars de TERRORVISION, c’est un peu de la sauce anglaise dans laquelle on aurait laissé tomber un bocal de méchants piments…
Mais le Ramblin’ Man Fair 2016, c’est aussi une prestation en demi-teinte de GINGER sur la mainstage, à l’instar de celle de The FIERCE and the DEAD le lendemain sur la Prog Stage. A moins que ce ne soit une programmation précoce dans l’après-midi qui en occasionne l’inconsciente et subjective impression…?
… to be continued – day 2. A suivre, jour 2 avec BLACK STONE CHERRY, THUNDER, AIRBOURNE, The CADILLAC THREE, The ANSWER, PROCOL HARUM, HAWKWIND, WALTER TROUT, WARREN HAYNES & many more !












































































































































































































































































