WHEEL @ Mid Summer Prog Festival – Maastricht, 24 mai 2025

Sniper : n.m. – tireur d’élite qui effectue des tirs précis à longue distance, souvent dans un contexte militaire ou de force spéciale. Le sniper est formé pour être discret, précis et utiliser des armes spécifiques pour atteindre ses cibles. Exemple : Simo Häyhä, le Finlandais le plus célèbre de tous les snipers, avec à son tableau de chasse 542 ennemis abattus durant l’hiver 1940-1941.

Snipper : n.m. – effet consistant à découper un enregistrement audio en plusieurs fragments en éliminant certaines parties du signal à des intervalles réguliers pour créer une sensation d’interruption rythmique ou de fragmentation du son original. Exemple : WHEEL, les dignes successeurs de Simo Häyhä. Oui, les gars de WHEEL sont ses dignes successeurs ! Avec leur redoutable instinct de chasseurs qui se mue en instinct de prédateurs dès que le quatuor monte sur les planches, WHEEL peut se targuer d’une efficacité diabolique et d’une précision chirurgicale à l’image de leur compatriote Häyhä. Les Finlandais visent manifestement juste, et WHEEL sont de ceux-là et envoient du massif, en mesure d’hériter généreusement du surnom éloquent de leur mortel compatriote: « Belaya Smert », ou la « Mort blanche ».

Nous avions fortuitement découvert WHEEL en opening act de Leprous à la Rockhal en 2021, un mois seulement après avoir reçu une première autre grande claque dans la g… avec Alex-Henry Foster qui ouvrait à l’AB pour The Pineapple Thief. Deux mé-mo-ra-bles claques en un seul petit mois alors que nous sortions à peine du covid et que le r’n’r circus revenait progressivement à la normale (Foster étant en octobre 2021 le premier band d’outre-Atlantique a fouler les planches bruxelloises de l’AB depuis le confinement de mars 2020).

Le hasard continuant à bien faire les choses, WHEEL partage avec Alex-Henry Foster l’affiche de cette seconde journée de Midsummer Prog Festival – ou comment joindre le jouissif à l’excellence. La puissance de feu de WHEEL a toutefois dû surprendre plus d’un spectateur en déversant un prog (?) qui tient plus de Tool que de Tangerine Dream – pour rester dans les clichés. WHEEL estime d’ailleurs jouer du métal pas du prog, même si la mémorabilité difficile de leurs morceaux et l’absence de refrains accrocheurs pourraient renforcer cet estampillage « prog »…

Ces Finlandais gauchisants portent ainsi bien haut le flambeau métallique dirons-nous d’un prog alternatif et revendicatif au moyen de longues plages alternant rythmes syncopés et riffs couillus qui prennent plus encore de consistance dans leurs prodigieuses versions live. Les profanes de WHEEL auront probablement été confrontés ici à Maastricht à un certain sentiment d’inaccessibilité face à des morceaux tissés de constructions contre-intuitives et de rythmes inquiétants, confirmant à nos yeux que le band reste manifestement un groupe de niche avec un son propre et presque clinique mais qui tache grave, très grave et très lourd en live.

Total respect aux organisateurs du Muziekgieterij qui ont eu l’audace de programmer WHEEL dans leur Midsummer Prog Festival pour le plus grand bonheur de certains mais en courant le risque d’en faire fuir plus d’un aux bars. Mais même là, il n’était pas possible d’échapper aux snip(p)ers finlandais car ils visent non seulement juste mais aussi loin. Très loin…

LEPROUS + WHEEL @ Rockhal (Esch-sur-Alzette), 08 décembre 2021

Après Alex Henry FOSTER le mois dernier en opening act de The Pineapple Thief à l’Ancienne Belgique, voici venu ce soir le tour d’une autre première partie à nous ébouriffer: WHEEL, en ouverture de LEPROUS. Et nous pouvons nous estimer doublement heureux et chanceux de découvrir ce quatuor scandinave au vu de leurs récentes déconvenues: concert londonien annulé la semaine dernière suite à l’arrivée tardive de leur matos (tracasseries sanitaires administratives) et show parisien annulé avant-hier, leur tour bus ayant été retardé des heures durant à la frontière française pour cause de vérifications… covid.

Cette crise sanitaire sans fin ne nous épargnera donc décidément rien. Quant à nous, estimons-nous ce soir trèèèèès heureux et privilégiés d’assister à ce concert en configuration tout à fait normale (càd pré-covid) à quelques minutes seulement de route de notre cher Royaume où le monde de la nuit et tout le secteur culturel e.a. viennent précisément de repasser sous embargo sanitaire avec son cortège d’annulations.

WHEEL nous réserve la surprise du chef avec un set tout ce qu’il y a de plus toolien. Deux albums seulement à leur actif, mais quels albums ! Dans la plus pure veine de TOOL comme s’ils étaient tombés dans la marmite des Californiens quand ils étaient petits, le quatuor explore des voies complexes, riches et lourdes que les originaux ne renieraient pas, lyrics et longueur des morceaux y compris. La prestation de WHEEL est empreinte d’une maturité et d’un professionnalisme inversement proportionnels au jeune âge de la formation et de sa plus que maigrichonne discographie. La richesse de leurs compositions, la propreté, la puissance, la justesse et la finesse de leur exécution délaissant tous les gimmicks du genre laissent présager le meilleur qui soit pour ce quatuor, pour peu qu’il en plaise aux dieux et surtout au majors du rock’n’roll circus. Ce soir, les maîtres-artificiers avaient pour nom WHEEL.

Cet opening act affecte indubitablement le set de LEPROUS qui, en toute subjectivité, souffre quelque peu de la comparaison alors même qu’ils justifiaient à eux seuls notre présence. Non pas que LEPROUS passe à côté de sa prestation ou rate la montre en or, mais le live accentue manifestement ce qui pourrait déjà agacer certains sur la platine: l’excès de vocalises exacerbe là où elles pouvaient déjà irriter.

A l’instar d’un Glenn HUGHES qu’on apprécie bien plus en studio que sur les planches: à force de trop tirer sur la corde, à force de vouloir trop en faire, bardaf c’est l’embardée – qui fait le malin tombe dans le ravin. D’autant plus regrettable que les compositions de LEPROUS valent bien mieux que cette prestation sur la longueur limite irritante de par ses seuls vocals, déteignant in fine sur le produit fini et le package global. Si l’excès nuit en tout, la sagesse est de savoir jusqu’où ne pas aller trop loin. Et loin, c’est loin de nous l’idée de jeter le bébé avec l’eau du bain – quoique s’il iodle de la sorte…

Preview : WHEEL + LEPROUS @ Rockhal, Esch-s/A. – 08 décembre 2021

Now online: WHEEL & LEPROUS à la Rockhal de Esch-sur-Alzette. Ou quand un opening act déchire à nouveau grave et envoie la sauce – et plutôt une virile samouraï qu’une fade mayonnaise. Premiers instantanés déjà dans notre hall/wall of fame.