Étiquette : Turbonegro
Ceux qui ont finalement préféré s’appeler TURBONEGRO au lieu de Nazipenis ont-ils fait le bon choix? Sans doute, quoique finalement c’est chou vert et vert chou quand on s’est aussi appelé Stierkampf (course de taureaux) le temps d’un seul album. Et à propos de taureaux, ce sont bien des animaux sur scènes. Des bêtes de compétition même, ces Norvégiens. Des bêtes de concours, non peut-être ?!
Une prestation de TURBONEGRO comporte toujours une relative incertitude: on ne sait jamais quand tout va partir en couille, ni qui va partir en vrille le premier. Mais le grand cirque TURBONEGRO est l’arbre qui cache la forêt: à l’inverse de quantité de groupes qui compensent une vacuité musicale totale par un look porteur, TURBONEGRO allie au contraire r’n’r attitude, qualité de leur compositions et une prestation aussi efficace que redoutable.
TURBONEGRO est un ovni dans le monde du rock’n’roll: furtif et rapide, insaisissable et incompréhensible. Surréaliste et irréel. TURBONEGRO, c’est plaisir pour l’oreille et jouissance pour l’objectif, un régal pour shooteur de clichés et une volupté de fin gourmet pour les tympans. Rock’n’Roll machine, c’est non seulement la dernière perle des Norvégiens, mais c’est carrément tout eux – ni plus ni moins.
Les Turbojugend sont de sortie au premier rang et mettent autant de bordel dans le public que TURBONEGRO met l’ambiance sur scène. Ni les uns ni les autres n’ont inventé la machine à courber les bananes, mais strictement rien à leur reprocher en matière de pèche.
Make rock’n’roll great again pourrait être la devise de TURBONEGRO, mais sans doute cela ne serait-il pas assez hot pour ces obsédés de la r’n’r sex-attitude. Mais comment leur tenir rigueur de ces extravagances et de ces dérives en tous genres quand, à côté de cela, ils signent des compositions comme on n’en rencontre pas tous les jours sur scène…?
Hell, not even Jesus could do THAT ! résume à perfection ce que l’on peut penser de TURBONEGRO. La Norvège a pris de l’avance sur le reste du monde en matière de décadence, et l’on ne peut qu’en remercier Nietzsche. Hot for Nietzsche, d’ailleurs.
Maintenant en ligne, le plus ancien festival de Belgique toujours en activité – tel un volcan – qui fête cette année sa 43ème édition, excusez du peu: le SJOCK FESTIVAL.
Sans doute le festival le plus décontracté et le plus cool qui soit, mais aussi le plus déjanté, le plus festif et le plus décalé de toutes ces grands-messes auxquelles nous prenons part de l’intérieur.
Un festival bon enfant aux relents surannés golden sixties et à taille humaine, qui n’a pas encore été phagocyté par les grands noms du circuit, et qui n’a pas encore été cannibalisé non plus par les majors du secteur. Tels les irréductibles Gaulois, le SJOCK FESTIVAL résiste encore et toujours à l’envahisseur impérialiste (LiveNation ?), capitaliste (Herman Schueremans ?) voire communiste (Kim Jung Un ?).
(Photo: Wayne Kramer encadré par deux membres de The Bronx)
Le SJOCK se revendique être – à raison – le festival plus secret de Belgique, Your Rock’n’Roll higlight of the year… Oh que oui ! Lointaine est déjà l’origine de ce festival de potes du club des jeunes d’un village perdu de la Campine flamande (dont certains sont toujours à la manoeuvre !), qui a grandi, grandi et grandi pour voir défiler les plus grands noms qui soient, sans tapage, sans bruit, sans vague, sans marketing ra(va)geur et sans se prendre la tête.
Le SJOCK FESTIVAL est devenu ce qu’il est aujourd’hui, accueillant encore de sacrées pointures mondiales qu’on ne verra nulle part ailleurs en Belgique cette année: des déjantés de TURBONEGRO aux revenants de DEAD KENNEDYS, des poulettes de The DARTS aux rageurs de The BRONX en passant par LORDS of ALTAMONT et The BONNEVILLES, il n’y a que du bon. Et il y a même un peu plus: je vous le mets…?
Mais s’il ne fallait mentionner qu’un seul nom parmi tant d’autres, nous choisirions sans hésiter Brother Wayne KRAMER et ce qu’il reste de son mythique MC5. Oui, vous avez bien lu: MC5(0) en Belgique, Brothers & Sisters. Pincez-nous…! Sorti en 1968, l’inégalable "Kick out the Jams ! " célèbre son demi-siècle avec Brother Wayne KRAMER qui nous le rebalanee dans les gencives – version intégrale. OMG !
On remarque avec horreur que les années défilent quand on réalise qu’il y a tip-top un an, nous étions au même endroit à la même heure. Et c’était d’ailleurs également le cas il y a deux ans, trois ans, quatre ans, cinq ans… Tempus Fugit. L’édition 2017 du CABARET VERT est plus "Ardennes Sidérales" que jamais avec un total sold out qui a de quoi réjouir 100.000 heureux et décevoir un peu moins de malheureux probablement…
L’éco-festival CABARET VERT Rock & Territoire confirme à nouveau qu’il est notre festival pré-fé-ré de tous les festivals, car il confirme plus encore son côté original et unique. La tête dans les étoiles, les pieds dans les Ardennes. Le développement durable en actions. Un festival accueillant et bienveillant qui réconcilie économie locale, qualité de vie et respect de l’environnement. Une restauration durable avec des produits authentiques made in Ardennes et (un peu) au-delà n’en est qu’une des spécificités.
Le CABARET VERT, c’est un projet de territoire et un festival éco-responsable. C’est un village associatif mais aussi un festival pluridisciplinaire: musique, BD, arts de rue, programmation cinéma, cabaret, jeux et théâtre de rue, spectacles de marionnettes, expositions, bonimenteurs et fakirs… Le CABARET VERT, c’est un monde à part, vers l’infini et au delà. Un festival en apesanteur. Un des derniers festival associatifs autour duquel gravitent 2.000 bénévoles enragés et dévoués…
Le CABARET VERT, c’est aussi 41 bières différentes, brassées à moins de 200 bornes et toujours avec ce principe d’éviter les produits issus des grands groupes de l’agro-alimentaire. C’est 35 stands de restauration (et même un marché de producteurs) pour plus de 100 plats différents, 12 buvettes pour plus de 80 boissons différentes. Bref, de quoi ravir tant les oreilles que l’estomac et les papilles pendant les 4 jours de festival.
Le credo ? Privilégier les circuits courts, les micro-brasseries, ou plus grandes, mais familiales et indépendantes. Mais le Cabaret Vert, c’est encore 120 poubelles de tri sélectif, c’est plus de 2.000 et 44 associations impliquées dans l’organisation. C’est aussi 15 centres de tri. C’est un festival économiquement viable, socialement acceptable et écologiquement responsable sur un site exceptionnel.
Le développement durable, c’est une approche éco-responsable qui englobe tous les aspects du Cabaret Vert. La démarche est bienveillante, pas de moralisation. Chacun doit être volontaire. La déco, la restauration, l’accueil du public, les transports… Tout est pensé: quelle matière ? Quel prix? D’où ça vient ?
Un public bichonné, devant et à côté des concerts, des espaces pour la fête et la danse bien sûr, mais aussi un soin tout particulier donné à tout ce qui entoure la musique. Si on vient au Cabaret Vert, c’est pour le Cabaret Vert: c’est tout un univers, pas un simple empilage de concerts. L’affiche est comme chaque année pour le moins éclectique, pour brasser large et peut-être parfois trop large… The KILLS m’a tuer, avec un dirty sexy rock aussi sauvage que sensuel – ou comment rester classe et sexy sur des riffs garage bien bruts et féroces. Sexy, sauvage et racé. Nerveux, sensuel et élégant: le duo de choc nous a décoiffé…
Quant au death punk auto-proclamé de TURBONEGRO, il nous a carrément foutu la râââclée, même si l’on préfère quant à nous parler de heavy glam. Mi- Horror Picture Show, mi-Village People survitaminé, cuir, tatouages, glam, gros riffs, bordel sur scène, ça défouraille solide; c’est hargneux, c’est drôle, c’est cynique et très mélodique à la fois. Et vulgaire comme on l’aime avec "Rendes-vous with Anus", Blow Me, I Get Erection, ou encore Fuck the World où les gestuelles accompagnent mhmmmm les explicit lyrics.
Haranguant l’audience, la titillant, la provoquant et l’invectivant, tentant de pousser les Macronistes et les Le Penistes à en découdre, TURBONEGRO joue la provoc en associant rythme des Ramones et look Village People: explosif. Jouissif…
Pas facile pour KORN de prendre la relève après ces deux moments de bravoure. Et l’on ose dire que leur nu metal n’a pas la finesse de TURBONEGRO ni le sex-appeal de The KILLS. Si les Américains ont la puissance pure et le groove pour eux, s’ils bucheronnent comme des grizzlis, ça manque néanmoins de piment et de charme. Comme un gros diamant brut de décoffrage exposé à côté d’une pièce ciselée et d’une perle lustrée…
Pour terminer ce tour d’horizon du seul vendredi, PARQUET COURTS n’a guère de relief et manque de consistance quand on sait ce qui nous attend par après sur la mainstage. Comme trop gentils et trop proprets qu’ils sont. Mais ce qui n’est encore rien à côté de la naïve et gentille JAIN programmée entre The KILLS et KORN, rien que cela. Programmation incompréhensible pour qui n’a jamais mis les pieds en Ardennes Sidérales. Mais ça se passe comme ça au CABARET VERT et c’est pour ça qu’on y vient, qu’on y revient, et qu’on n’en revient toujours pas.