MONSTER MAGNET – Garage, Saarbrücken – 22 juin 2023

Le t-shirt estampillé Hawkwind que porte Windorf en montant sur scène donne immédiatement le ton, à l’instar de son froc sans forme ni allure qui tombe en accordéon sur ses imposantes pompes de chantier. Il n’est pas ici pour prendre part à un défilé de mode ni pour faire de la simple figuration, le Dave, il est en configuration usine, genre haut-fourneau, mode coulée continue et métallurgie lourde. Windorf n’a jamais fait dans la dentelle mais sa broderie finement ciselée pèse pourtant bien, bien lourd…

On n’est jamais déçu d’un MONSTER MAGNET. Jamais. Et ce soir ne fait pas exception dans un Garage qui n’a étrangement pas fait carton plein. MONSTER MAGNET ne déçoit donc jamais, et sa puissance de feu n’a d’égale que sa rémanence au fil des ans, entre deux tournées : un set de même pas une heure et demi mais qui a été mené comme à l’accoutumée tambour battant, sans temps morts aucun, tout juste de quoi reprendre son souffle entre deux rafales. Et encore, à peine le temps prennent les lascars de nous laisser recouvrer nos esprits que le train fou est déjà reparti à l’assaut d’un nouveau col : puissance collective pour un impact maximal.

L’impétueux et tempétueux Windorf semble traverser les âges sans en prendre, tout comme d’ailleurs ses fidèles acolytes qui l’entourent depuis bien longtemps maintenant. Plus soudé et plus compact que jamais, d’une cohésion sans faille, MONSTER MAGNET nous offre une set-list qui s’apparente davantage à un very-very-best-of qu’à autre chose. Un concert-sauna comme on n’en fait plus beaucoup, du moins avec des pointures qui n’ont plus rien à prouver.

Quand on n’a rien plus à gagner, lorsqu’on n’a même rien à perdre, on se lâche. Et quand on se lâche, quoi de plus paroxysmique que le lâcher-prise made in MONSTER MAGNET ? Surviennent alors les moments les plus improbables, les plus spontanés, les plus puissants et les plus musclés, tels l’impact d’un mur du son qui s’adjoint les services d’un tsunami.

A force de ne pas (trop) se renouveler, certains plongent et disparaissent. Au contraire de MONSTER MAGNET qui ne fait que repousser toujours plus loin, toujours plus haut son stoner sismique dont ils demeurent aujourd’hui plus encore qu’hier l’étendard, la référence, le porte-drapeau d’un genre dont les acteurs ne manquent pas mais qui ne font qu’attendre leur heure (de gloire). Gloire aux Pères Fondateurs dont les élèves ne sont pas près de dépasser les Maîtres. Amen.

SAINT AGNES, the band for those who dare to be different – annonce la réclame. Comme quoi la publicité n’est pas toujours mensongère. Les quatre Londoniens emmenés par leur tigresse transforment cet opening-act en un joyeux bordel aussi bruyant que finalement festif entre post-punk et vintage rock’n’roll délavé à l’acide. Un court set à l’image des gambettes de sa chanteuse: émoustillant et affriolant.

Now online : SLIPKNOT + The BLACK KEYS à la Rockhal de Esch-sur-Alzette

Les jours se suivent et se ressemblent, et il en est de même de la scène de la Rockhal qui accueille pourtant successivement ces 14 et 15 juin 2023 des lascars sans guère de points communs. SLIPKNOT, entre toutes ses têtes d’affiche des plus grands festivals européens, prend le temps et la peine de terrasser de son nu-métal et de son show une salle blindée-massacre. Le lendemain, The BLACK KEYS – également en tête d’affiche de bien d’autres festivals – font davantage dans le root , efficacement secondés d’un redoutable quatuor et supportés par une mise en scène peu commune.

Now online et dans notre galerie de portraits : last & latest footages, shootings & reviews « From backstage to frontstage ». NO Photoshop. NO Ligthroom. NO RAW format. NO numeric nor digital overdub : ONLY pure one-shot JPEG !

The BLACK KEYS – Rockhal @ Esch-sur-Alzette – 15 juin 2023

Accompagnés d’un puissant quatuor sorti d’on ne sait trop où (aussi bien de la Jamaïque que du fin fond du Mississippi Delta selon les morceaux), The BLACK KEYS déboulent humblement sur scène et débutent leur set d’un sobre et suffisant « Good evening Luxembourg ». Un large écran LED à travers lequel transperce ponctuellement le flash de puissant spots donne aux lieux une dimension trompeuse, encore amplifiée par un light-show mobile et savamment articulé du meilleur effet. Mais toute cette mise en scène – finalement sobre et simple – n’est qu’inutile artifice pour un duo (devenu sextet) dont la set-list se suffit amplement à elle-même.

La batterie de Patrick Carney est située au bord de la scène, la vraie attraction scénique du groupe. Auberbach ne se prend pas au sérieux et se tient à sa gauche, le reste du groupe à l’arrière. La setlist couvre les deux décennies d’activité du groupe – de quoi simplement faire le job – jusqu’au rappel et son Little Black Submarines qui secoue enfin le cocotier avant que The BLACK KEYS assènent un grand coup de pied dans la fourmilière avec le survolté Lonely Boy pour clôturer un set tout simplement bon…

SLIPKNOT – Rockhal Esch-sur-Alzette – 14 juin 2023

Cela fait plus d’un quart de siècle que SLIPKNOT joue à faire peur, même si l’on n’a jamais vraiment accroché à cette formule connue mais qui continue de fonctionner. SLIPKNOT est en tête d’affiche de tous – oui, de tous – les festival européens et US, et même pour la 5ème fois en haut de l’affiche du Download pour ce que la presse anglaise rapporte déjà être la prestation la plus aboutie en 20 ans de festival, le meilleur set de deux décennies de décibels @ Castle Donington ! Et malgré tout ça, les gars de l’Iowa font ce soir le détour par la Rockhal, excusez du peu.

21h03, extinction des feux. Des explosions retentissent et des flammes jaillissent non loin du pit-photo, de quoi faire sursauter les quelques photographes que nous sommes. C’est parti mon kiki, dans une furieuse salve d’ouverture de feux d’artifice, de flammes et de riffs qui ouvrent les hostilités. Le décorum est classique avec les deux plateformes installées de part et d’autre de la scène pour accueillir les énormes fûts tandis que la batterie trône au centre..

« Ma voix est HS ce soir, je ne sais pas ce qui se passe, mais pas moyen qu’on annule ce show !» balance un Corey Taylor en forme pourtant olympique avant de suspendre le show quelques instants pour s’assurer qu’un fan tombé au sol allait bien.

Si Taylor a du mal avec sa voix, cela ne s’entend pas – ou guère, au milieu d’une Rockhal qui rugit comme rarement. Les gars sautent et rebondissent sur la scène, sautant des plates-formes, tandis qu’un baril se fait battre à coup de batte de baseball enflammée. Ouais, on en a pour ses sous (97 € quand même au guichet du soir avant que le sold-out ne soit prononcé): SLIPKNOT a marqué un grand coup ce soir, même si l’on reste quant à nous sur le quai à regarder le train passer plutôt que de grimper dans ce redoutable Iowa Express. La prochaine fois, peut-être.

ALBERT BLUES BAND – Op Der Trap – Rombach – 09 juin 2023

Première (et peut-être) dernière date internationale de l’ALBERT BLUES BAND World Tour 2023. Ou quand les frontières du vaste Royaume de Belgique – en son bastion le plus retranché de Gaume – sont trop étroites pour un band d’envergure et qu’il faut pousser les murs pour faire place au talent de petits jeunes. Enfin… petits, oui – jeunes, ça reste à voir (ou ça laisse sans voix).

Un bistro du terroir (à quand même une vingtaine de mètres de la frontière belgo-ardennaise, excusez du peu), de bonnes bières spéciales comme le terroir en produit rarement, un public de connoisseurs et une set-list de Dieu le Père à faire damner sa Sainte-Trinité, roulez casquettes c’est la foire aux chapeaux ! C’en devient d’ailleurs une ritournelle, avec ALBERT BLUES BAND: gloire aux seniors et à leur progéniture.

HOLY HOP CIRCUS – Brasserie de Rulles – 03 juin 2023

Qu’y a-t-il de plus jouissif qu’un mur de Marshall en fond de scène ? La réponse se trouve peut-être à Rulles avec un mur de casiers de la brasserie artisanale du même nom. Gaume Power ! Et si le visuel en jette un max, le gustatif va de paire à Rulles. HOLY HOP CIRCUS n’est ainsi pas que le nom de ce combo, power trio hyper-énergétique venu de la Gaume profonde (pléonasme). HOLY HOP CIRCUS est aussi ce divin et puissant breuvage gaumais brassé ici même. Et en ce beau jour de portes-ouvertes à la brasserie, HOLY HOP CIRCUS nous rentre dedans par tous les orifices: dans le gosier et dans le conduit auditif. Elle est pas belle la vie?

Boogie quand pas carrément rythm’n’blues, un son chaud et énergique comme des running shoes, des couleurs musicales variées qui balaient de bien larges registres: HOLY HOP CIRCUS, c’est du rock serré comme un café du même nom et servi comme une bonne Rulles (pléonasme…) pétillante et moussue à souhait. HOLY HOP CIRCUS fait son cirque, et ces bêtes de scène ne sont pas (que) des bêtes de cirque. Santé-bonheur !

Now online : Walter TROUT + Eric STECKEL – Dudelange – 23 mai 2023

On aurait pu croire que notre bon vieux Walter TROUT aurait été mis quelque peu en difficulté après le set tout bonnement ex-plo-sif du phénomène STECKEL en opening act. Mais c’était sans compter sur les ressources de ce vieux briscard – on n’apprend pas à un vieux singe à faire des grimaces. Une soirée exceptionnelle dans une salle qui l’est tout autant @ Dudelange. Now online et déjà bien évidemment dans notre galerie de portraits : last & latest footages, shootings & reviews « From backstage to frontstage ». NO Photoshop. NO Ligthroom. NO RAW format. NO numeric nor digital overdub : ONLY pure one-shot JPEG !

Walter TROUT + Eric STECKEL – Opderschmelz Dudelange – 23 mai 2023

On ne se bouscule pas au portillon de l’Opderschmelz – il n’y a d’ailleurs pas de portillon à l’Opderschmelz, centre culturel sans nul pareil et comme on n’en fait d’ailleurs qu’ici. Walter TROUT est ainsi de retour à Dudelange, même si chacun de ses come-backs est une victoire en soi 9 ans après une greffe qui l’a ramené de l’au-delà. Un come-back qui ne compte pas pour rien dans la vie d’un homme – et quel homme ! – et dont il ne se lasse de nous rappeler la dette qu’il nourrit à l’égard de chaque donneur d’organes.

Un souvenir chassant l’autre, c’est celui de ses 16 ans qu’il nous partage ensuite: sa première rencontre avec BB KING, rencontre qui a à jamais changé le cours de sa vie et a fait de lui la pointure qu’il est aujourd’hui. Solidement entouré de quatre tirailleurs-mercenaires de derrière les fagots qui ne sont pas non plus nés de la dernière pluie, le TROUT a encore du répondant et c’est à se demander s’il en garde beaucoup sous le pied ou si la gâchette est en bout de course. Quelle que soit la réponse à cette question que nous ne lui avons d’ailleurs pas posée, TROUT ferraille à qui mieux-mieux sans perdre son melon indéboulonablement vissé sur le caillou.

Et ce n’est pas le bouquet final qui nous contredira, avec l’arrivée sur scène d’Eric STECKEL pour une jam endiablée. Non pas un duel, non pas un duo de guitares, mais plutôt un tout qui est plus grand que la somme de ses parties. Aristote est parmi nous ce soir, au coeur de cette jam: pour que ce tout soit si possible démontrable, il faut fixer une notion de valeur et constater (ou encore mieux, prouver) que la valeur du tout est plus grande que la somme des valeurs de TROUT et de STECKEL pris individuellement.

Or pour effectuer une somme et dépasser les idées vagues, il faut choisir ou définir une mesure. Il faut donc associer un nombre au tout et d’autres aux parties. La maxime, avec peut-être des hypothèses restrictives à formuler soigneusement, devrait alors devenir un théorème. Nous en laissons la formulation à qui de droit. Parce que ce lascar de STECKEL, valeur sûre en devenir si pas déjà devenue à notre insu, quelle bombe incendiaire ! Un mélange de napalm et de TNT qui ne demande qu’une chose : exploser – suralimenté par une rythmique qui n’entend pas non plus se contenter de jouer les faire-valoir ni de faire de la figuration.

On ne s’y était pas trompé au seul coup de gratte juste avant le début du show, le petit coup de gratte pour s’assurer que les amplis sont à point, juste ce petit et insignifiant accord de rien du tout en prélude au set: un petit accord sans prétention mais qui a troué un nouveau trou du c… au Monde et qui te fait savoir en une fraction de seconde que le show qui n’a pas encore commencé va tout simplement dépoter.

W.A.S.P. – Saarbrücken – 05 mai 2023

Un show qui commence avec 50 minutes de retard et qui se termine à l’issue de 75 ridicules petites minutes de prestation – rappel compris : on a déjà vu mieux, beaucoup mieux. En matière de prises de vue également, après que les photographes soient à l’improviste éjectés du pit après un (1 !) seul morceau, du jamais vu non plus: même pas eu le temps d’ajuster les réglages au cours du 1er titre joué dans la pénombre ou quasi, qu’il faut déjà dégager les lieux quasi manu militari.

Mais comment lui en vouloir ? Comment tenir rigueur à ce brave et bon vieux Blackie Lawless après 3 tournées reportées en 2020, 2021 et 2022 pour les raisons pandémiques que l’on sait ?! La cure de jouvence qu’il nous offre à l’occasion de ce « 40th Anniversary World Tour » nous fait accepter bien des choses et on passe l’éponge sur bien des griefs, ma foi: WASP, quand même ! Nous ne comptions même plus le revoir de notre vivant, ce Blackie, depuis notre premier et dernier face-à-face qui remonte déjà à l’édition 2014 du Sweden Rock Festival. Quel show il nous avait réservé – en ce compris lors de la conférence de presse durant laquelle il se délectait à l’avance de ses réponses en écoutant les questions fuser !

Ce soir, la scène peu élevée du superbe Garage de Saarbrücken n’a pas que des avantages pour les petits gabarits installés au(x) bar(s) du fond de la salle. Mais Lawless a l’excellente idée d’être juché sur une petite estrade disposée à l’avant-scène, de laquelle émerge un solide et impressionnant pied-de-micro flexible orné de crânes et doté de 2 poignées (une espèce de bidule à mi-chemin entre un squelette, un totem et un guidon de chopper) qui tient plus de Mad Max que du rock’n’roll circus conventionnel.

Mais WASP n’a jamais fait dans le conventionnel et n’a que faire de la bienséance depuis 40 ans, même si l’on est loin aujourd’hui des extravagances et excès de ces/ses golden, very golden eighties. La voix de Blackie Lawless n’a strictement rien, rien perdu de sa superbe ni de son côté soyeux unique, et ses compos n’ont pas pris une ride – pas une. Qui peut en dire autant ? Total respect, gamin: le Golgotha n’est pas pour demain…

Now online : SABATON + Baby Metal + Lordi @ Rockhal, 25 avril 2023

SABATON n’a jamais fait dans la dentelle (à l’inverse de BABY METAL dont on s’interroge d’ailleurs sur la présence en opening act, mais bon). Mais quand le show des Suédois est agrémenté du décorum scénographique déployé dans toute son intégralité – car les dimensions de la Rockhal le permettent – on ne sait pas trop bien si la pyrotechnie nous emmène douloureusement dans le Donbass ou nous renvoie dans l’enfer de Verdun…

Now online ici même et toujours dans notre galerie de portraits à l’instar de toutes nos précédentes reviews. Et comme toujours en français in ze texte: last & latest footages, shootings & reviews in our specific GALERY « From backstage to frontstage ». NO Photoshop. NO Ligthroom. NO RAW format. NO numeric nor digital overdub : ONLY pure one-shot JPEG !