J’ai aujourd’hui trois fois l’âge que j’avais lorsque je vis pour la première fois Angus débarquer en culottes courtes sur scène; 29 ans plus tard, me revoilà face à mes Australiens préférés ! L’Histoire retiendra sans doute qu’il n’aura fallu que 20 minutes l’automne dernier pour que les entrées aux deux concerts du Sportpaleis s’arrachent comme des billets d’un concert d’AC-DC à Anvers. Est-il dès lors politiquement correct d’écrire que je ressors de ce concert avec une légère frustration, en l’occurrence celle de ne pas avoir été surpris, celle de ne pas avoir été pris à contre-pied ?
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AC-DC nous délivre le show parfait, nous assène la sono parfaite, nous réserve la set-list parfaite, nous offre la mécanique parfaitement huilée. Trop huilée, peut-être – où rien n’est laissé au hasard, où la moindre parcelle d’improvisation est réduite à sa plus simple expression. Les gimmicks, les solos, les clichés, les jeux de scène, tout est la copie conforme de ce que la band nous offrait il y a 30 ans déjà. Même le solo improvisé (?) de Let There Be Rock est la copie strictement conforme à celui sur If You Want Blood de… 1978. Des morceaux qui s’enchaînent mais moins rapidement que par le passé, Angus qui ne se trémousse que l’une ou l’autre fois par terre, il s’agit là de signes qui ne trompent pas : nos lascars ne semblent plus insensibles au poids des ans…
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Mais ne boudons pas non plus notre plaisir, car ce concert est une véritable délectation : AC-DC joue sur du velours dans un Sportpaleis plein comme un œuf et totalement acquis à sa cause. 20h55: la clameur de la salle monte furieusement jusqu’à l’extinction des feux : les écrans géants s’animent alors d’un manga pour le moins hot avant que la gigantesque locomotive de Run Away Train ne vienne se poster au-dessus de la batterie. Le show est lancé comme un train fou : roulez casquette, c’est la foire aux chapeaux 115 minutes durant ! Brian la casquette vissée sur la tête, Angus avec sa mythique dégaine, Malcolm en marcel et Phil l’Asperge entourant tous deux Cliff les lunettes sur le nez et… la cigarette au bec : les deux front men sont secondés à merveille par la meilleure rythmique rock’n’rollienne de l’hémisphère sud (normal pour des Australiens) mais de l’hémisphère nord également (normal pour des Ecossais).
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La cloche, les canons, le strip-tease, la poupée Rosie, le moon-walk (non, ça c’est Michaël Jackson !) et l’ambiance de Dieu le Père, tout y est : l’highway to hell est pavée de bonnes intentions et parsemée de Marshall qui nous délivrent une puissance de feu peu commune doublée d’un son d’une pureté qui en ferait frémir plus d’un. La grande fête se termine par la magistrale claque que nous assènent les six canons surplombant les deux murs de Marshall crachant quant à eux leurs tonitruant feu roulé : un nouveau show parfait se clôture comme il a commencé, dans une furia démoniaque où le dieu Rock’n’Roll copule bestialement avec la déesse Décibel(le). Dans 10 ans et plus, AC-DC nous refourguera encore la même recette (camelotte?) un brin surannée c’est sûr – et pour notre plus grand plaisir, ça c’est certain ! C’est ce qu’on appelle sans doute un mythe. Bien vivant, le mythe, bien vivant. On en oublierait presque la superbe première partie (The Answer), malheureusement desservie par une sono lamentablement pourave – dommage.
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