SAXON – Den Atelier – Luxembourg – 06 mars 2023

Qui eut pu croire que le lendemain même de ce show – le tout 1er du Seize the Day World Tour 2023 et date désormais historique – Paul Quinn annoncerait mettre fin à sa carrière après avoir fondé SAXON il y a près de 50 ans maintenant ? Les quelques dates restantes de mars seront honorées par le groupe qui annule par contre celles d’avril en Amérique du Sud, en attendant probablement de se retourner pour la suite. Si suite il y a: une page se tourne, à moins que ce ne soit le livre qui se referme – l’avenir nous le dira…

Ceci dit, le bon peuple ne s’est pas pressé en masse et même si le rez-de-chaussée est bien densément rempli, Den Atelier a fermé l’accès au balcon pour sans doute concentrer l’assistance sans la diluer. Face à la minuscule scène, le son est d’une puissante perfection et d’une parfaite puissance pour bien vite tourner en bouillie sonore lorsqu’on s’éloigne de cet axe central. Au point de peiner à distinguer le titre que SAXON à inséré entre The Eagle has Landed et Black is the Night qui ne figure étrangement pas sur la set-list dont nous avons volé le cliché depuis le (bien trop) étroit pit-photo en début de set.

Il faut d’ailleurs être bien svelte – ce que nous ne sommes plus – pour se glisser entre les caissons de basse et la barrière délimitant ce pitphoto, et il est tout aussi illusoire d’espérer bouger une fois sa position occupée: les 6 ou 7 photographes que nous sommes occupent absolument tout le minuscule rikiki espace disponible. Comme d’habitude…

Notre dix-douzième concert de SAXON (ou plus peut-être ?) sera donc le dernier avec un Paul Quinn dont rien ne nous laissait présager le départ. S’il avait probablement déjà pris sa décision ce soir, l’avait-il déjà communiquée à ses band-mates ? Jouaient-ils tous en connaissance cause, sachant l’annonce qu’ils allaient faire le lendemain ? Nous ne le saurons jamais. Fidèle à lui-même, ne se mettant jamais en avant, demeurant toujours aussi discret que bougrement efficace, Quinn abat comme d’hab’ un boulot de titan en faisant mine de ne pas y toucher.

Les standards défilent comme sur double best-of de SAXON saupoudré de quelques extraits de leur dernier Seize the Day. Mieux encore qu’un best-of: une very-best-of d’une heure trois-quarts qui balaye plus de quatre décennies et demi, en faisant la part belle aux pépites qui ont assis la réputation de SAXON au firmament de la NWOBHM qu’ils n’ont jamais quitté. C’est dans les veilles casseroles qu’on fait les meilleurs soupes, et pas forcément avec de jeunes carottes: si la preuve en est donnée une fois encore ce soir, SAXON sans Quinn ne sera plus jamais ce SAXON-ci. Ne sera plus jamais SAXON tout court, et ça fait d’autant plus mal en considérant ce very-best-of qui rappelle combien tous ces monuments ne sont pas éternels. La disparition de Gary Rossington pas plus tard qu’il y a quelques jours encore ne cesse de nous le rappeler…

Now online : GOJIRA – Rockhal – 26 février 2023

Les Fransquillons jouent désormais dans la cour des tous grands, et la démonstration de force de ce soir (re)met les pendules à l’heure pour qui en aurait encore douté. Scène gigantesque, écrans LED et light show en conséquence servent une sonorisation également peu commune, d’une impressionnante puissance de feu et d’une qualité hors paire – pas façon oppression thoracique gentillette du sternum mais plutôt celle qui te défonce la poitrine à la manière d’un bulldozer en stationnement sur ton buste. Now online et dans notre GALERY From backstage to frontstage, All the World is a Stage

GOJIRA + Alien Weaponry – Rockhal – 26 février 2023

Hormis de dispensables pataquès de beauf – chassez le naturel, il revient au galop ? – GOJIRA réalise un sans-faute de très exactement 100 minutes dans le main-hall de la Rockhal, après avoir maintes fois déjà rempli son club voisin. Mais ça c’était avant, bien avant que le quatuor ne remplisse les +20.000 places de l’Accor Arena de Paris pas plus tard qu’hier…

Devenu géant de la scène métal outre-Atlantique, GOJIRA décroche maintenant le succès qu’il mérite en Europe, mettant fin à l’adage que nul n’est prophète en son pays. Les Landais poursuivent ainsi la tournée-monstre de leur septième et dernier album Fortitude que la pandémie a interrompu en 2021-2022, tournée à la hauteur de la 12ème place atteinte par ledit album dans le Top 200 du Billboard US.

GOJIRA joue donc maintenant l’égal des plus grandes pointures mondiales, et le barnum en est à l’image. Une scène sur trois niveaux, un écran gigantesque est positionné en arrière-scène des frères Duplantier, et un décompte de 180 secondes précède le début des hostilités. Aussitôt terminé, la pyrotechnie grille nos poils dans le pit-photo tandis que les gars de la sécurité nous éloignent prudemment des canons à serpentins géants avant chaque déflagration – pas facile de shooter au milieu des shrapnells.

Mais l’homme ne se nourrit pas que de show: un déluge de décibels, puissant et dévastateur, s’abat sur la Rockhal après le tohu-bohu déjà du hard-core de EMPLOYED TO SERVE qui ouvrait les hostilités et dont le We don’t need you aurait allègrement pu leur être retourné. S’en suit le ramdam de ALIEN WEAPONRY: débutant leur set par un traditionnel haka tout ce qu’il y a de néo-zélandais, ils poursuivent en maori dans la pure tradition tribale d’un Sepultura.

Puis vint donc le blast beat cataclysmique de Mario qui fait place nette dans la Rockhal, mettant tout le monde d’accord. Si GOJIRA ne fait pas dans la dentelle (ça, on le savait déjà), le quatuor pourrait se renouveler davantage encore, pêchant peut-être par un petit manque de diversité ou de relief (selon nous) parmi des compos nourries au même biberon et toutes sorties du même moule…

Quoi qu’il en soit, la phalange landaise du métal français a de beaux jours devant elle si on en croit l’affluence de ce soir à la Rockhal et l’âge relativement modeste de l’assistance, hormis quelques quinquas et sexas habitués du style et des lieux, la plupart vêtus de leur t-shirt à l’affligeant et habituel ton noir arborant noms et logos coutumiers. Tout a néanmoins une fin (sauf les saucisses, etc. etc.): avant de tous se quitter, 100 minutes de concert plus tard, GOJIRA restera un long moment sur scène pour remercier le public et les deux premières parties, comme pour faire durer plus longtemps encore un moment qui aurait été très peu probable il n’y a que quelques années encore. Un succès artistique spectaculaire et un métal activiste servant un engagement profond pour la cause écologique: total respect, les Frenchies.

Now online : SÓLSTAFIR @ Rockhal, 20 février 2023

Antichristian Icelandic Heathen Bastards… Pleaaaaaase welcome SÓLSTAFIR ! Si ça se comprend en english, la version en idiome islandais dégage également tout son charme et son lot d’exotisme. Une demi-heure de musique folklorique aux chants gutturaux permet d’ailleurs à l’assistance de se familiariser avec cette langue flexionnelle en prélude à l’arrivée du quatuor sur scène, manière d’échauffer (ou d’échauder ?) les esprits. Si l’oreille avertie devine ainsi aisément que la langue islandaise n’a pas subi de grands changements au cours des derniers mille ans, il en est tout autrement de la musique « de là-bas » – et l’on ne parle pas de leur iconique Bjork, bien trop conformiste, lisse et polie comparativement à nos génialissimes Antichristian Icelandic Heathen Bastards. Now online et déjà bien sûr dans notre galerie de portraits…

ROBERT JON & The Wreck – Spirit of 66 – 22 février 2023

Une set-list griffonnée à la va-vite sur un bout de papier arraché à un carnet à spirales, puis déposé sur les planches du Spirit of 66 au moment de monter sur scène : real authentic genuine rock’n’roll… De trois choses l’une : ou Robert Jon & The Wreck explose sous peu à la face du monde, et une méritoire et méritée carrière hyperbolique s’ouvre à lui/eux ; ou Robert Jon & The Wreck poursuit sa magistrale maestria en tournant de petits clubs en modestes salles de part et d’autre de l’Atlantique; ou Robert Jon & The Wreck retombe tôt ou tard dans l’anonymat de ces milliers et milliers de groupes cantonnés à vivoter modestement corsetés dans leur quartier et injustement adulés de leur seule fan base. L’avenir nous le dira…

Robert Jon & The Wreck est de ces quelques bands dont aucun, strictement aucun album même live ne peut transmettre l’incroyable énergie dégagée sur scène. Aucun. Nom de D…, comme ces albums se révèlent abyssalement fades et mous du gland quand on a goûté au live… Quelle forme prendraient les compositions de Robert Jon sans ses Wreck derrière lesquels il s’éclipse humblement et régulièrement en arrière-scène pour leur laisser tout l’éclat des feux de la rampe ? Que serait Robert Jon sans son lead guitar tout bonnement extraordinaire mais aussi entouré d’une section rythmique métronomique et d’un keyboard tout aussi omniprésent que vintage ? Les Californiens ont réussi à tout intégrer dans leur bluesy noisy southern rock, symbiose parfaite d’Alman Brothers et des Black Crows à l’instar de Black Berry Smoke en passant par Thin Lizzy et Govt’ Mule. Longue vie à Robert Jon & The Wreck, quelle que soit la tournure que prendront les événements…

Mention spéciale à Meghan et Dave de BYWATER CALL (direct from Toronto), dont le band au grand complet se produira ici-même à l’automne, quelques semaines avant le side-project du virtuose de la six cordes de ce soir: KING TREE & The EARTHMOTHERS (psychedelicized & mysticized distortions of classic rock & soul music… Tout un programme).

SÓLSTAFIR + KATATONIA @ Rockhal, 20 février 2023

Une Rickenbacker est toujours annonciatrice d’un moment exceptionnel, d’un show qui va dépoter grave. Ce constat, le plus empirique mais aussi le plus subjectif qui soit, va se voir une fois encore confirmé par celle de SÓLSTAFIR qui ne fait pas exception à notre règle. Et ce n’en est que plus vrai encore quand cette Rickenbacker est confiée au délicat traitement de celui qui a(urai)t été par cinq fois élu « The Sexiest Man of Iceland » (sic), le bien nommé Svavar « Svabbi » Austmann. Ses longues tresses rousses déboulant de dessous son chapeau n’y sont sans doute pas pour rien. Ou pas – allez appréhender les critères esthétiques de ces gens de tout-là-bas-au-nord-au-fond-à-droite.

SÓLSTAFIR n’a en tous cas pas son pareil dans le style qui est le sien, à l’improbable jonction peut-être de Motorpsycho et d’un Motörhead mais ascendant Hawkwind quand il est question de tisser des ambiances lourdes et oppressantes, ou langoureuses et lancinantes tout autant que psychédéliques et obsessionnelles. Les morceaux peuvent s’étirer à n’en plus finir, au point de parfois peiner à en distinguer le début de la fin dans un éternel recommencement ou dans une continuelle redite. SÓLSTAFIR, ou comme une impression d’infini, comme une aurore boréale qui s’étire à n’en plus finir, aussi vaporeuse qu’intangible.

Jusqu’au moment où l’ambiance vaporeuse se dissipe brutalement, très brutalement même, dans une déferlante et un blizzard de décibels qui ramène violemment l’assistance aux contingences existentielles liées au prix de la chope au bar et des énergies fossiles qui ont rendu couteux le déplacement jusqu’à la Rockhal.

Cette ambiance hyperbolique pour le moins particulière, parfois religieuse et hypnotique, parfois tribale et hystérique, est amplifiée par les silences impressionnants qu’impose à l’assistance – d’un seul geste – Aðalbjörn « Addi » Tryggvason, comme pour donner plus de profondeur et plus de puissance encore aux rares passages en sourdine. Assurément Guitry se référait-il à SÓLSTAFIR lorsqu’il lançait son célèbre « Lorsqu’on vient d’entendre un morceau de Mozart, le silence qui lui succède est encore de lui« . Si ce n’est qu’avec nos Islandais préférés, ces silences sont assourdissants.

Faut-il préciser que les bien nommés SÓLSTAFIR n’officiaient « que » en tant qu’opening act d’un dispensable KATATONIA, non sans délivrer un set de pas moins d’une heure quart quand même, excusez du peu. KATATONIA pouvait ensuite venir faire de la figuration, et uniquement de la figuration: il n’y avait que des restes à se mettre sous la dent, et à la dernière note des Islandais la messe était dite. KATATONIA, nimbé dans la quasi pénombre ou au contraire camouflé à contre-jour par de violents et redoutables flashes stroboscopiques, tout est mise en scène pour dirait-on faire ch… les photographes attitrés durant les 3 titres réglementaires. A quoi bon accréditer si c’est pour officier dans de telles conditions…?

Now online : LEPROUS @ Rockhal + ATOMIQUE DELUXE @ Zik-Zak

Pas en grande forme vocale, le Einar Solberg. C’est du moins ce qu’il répète à l’envi ce soir sur la scène du Rockhal Club. Bien que nous ne souffrions pas (encore) de troubles du conduit auditif, il n’en parait fichtrement rien. Norwaygian Power ?!

Tout l’inverse d’un Erwan en forme olympique, dopé à la Maes et à d’autres bières fumées backstage peut-être (sic). ATOMIQUE DELUXE en condition détonante et (un peu) brouillon comme on l’adore, est de retour aux affaires après une bien trop longue traversée du désert. Full review & pix now online et bien sûr toujours dans notre galerie de portraits…

ATOMIQUE DELUXE – Zik-Zak, Ittre – 17 février 2023

La version 2.0 d’ATOMIQUE DELUXE n’a rien perdu de son rock toujours aussi puissant et mélodique, mis au service de textes finement ciselés, drôles, acides, ironiques et percutants, qu’il s’agisse de détricoter l’actualité, les relations humaines ou de peindre des personnages singuliers. Et la dernière galette de nos Liégeois d’adoption n’y déroge pas – un EP fraichement sorti à l’automne dernier en prélude à un prochain CD. Durant bien trop d’années passées loin des radars, ATOMIQUE DELUXE a traversé une période éprouvante, portant le deuil de leur regretté ami et bassiste, subissant le départ de leur guitariste, et affrontant une pandémie qui n’a pas non plus aidé malgré deux tournées pré-covid en… Russie.

Mais aujourd’hui ATOMIQUE DELUXE est enfin de retour sur les planches avec sa superbe, sa verve, sa puissance et son humour à deux balles, même s’il y aurait probablement lieu de re-huiler un tantinet les automatismes et le stage-management un peu rouillé par les chopes renversées sur scène quand pas tout simplement réclamées à corps et à cris tout le set durant (blurps). Le tout relatif bordel ambiant qui en résulte ne fait finalement qu’apporter la Deluxe touch qui nous a tant manquée ces dernières années, et dont la voix éraillée d’Erwan en est le stigmate le plus flagrant mais qui le rend plus attachant encore dans l’effort.

Dans le Breton, tout est bon, si l’on en croit les lyrics du Cochon 311 adaptées pour la circonstance (ah ah ah, Erwan, petit comique va !). Si l’on n’échappe par bonheur pas aux désormais classiques du 1er album d’ATOMIQUE DELUXE – une vraie réussite qui n’a pris une ride, pas une – Erwan et sa bande fait néanmoins l’impasse sur Latex pourtant tant et tant réclamée par le public lors du rappel qui n’en est pas un – dommage. La compensation est toutefois au rendez-vous avec la découverte en exclusivité de quelques nouvelles pépites pas encore pressées ni sorties, toutes plus décapantes et plus déjantées les unes que les autres et qui nous promettent bien des plaisirs le moment venu.

ATOMIQUE DELUXE (quatuor devenu aujourd’hui quintet), c’est de la dynamite, particulièrement quand les trois guitares s’y mettent à l’unisson. Mais c’est aussi et surtout de l’humour – souvent fin, m’enfin pas toujours – et de la tendresse, de la délicatesse mises en boîte. En boite d’explosifs bien évidemment, et les Liégeois n’ont assurément pas oublié quand et comment en allumer la mèche. Y a pas à dire, mais dans leur créneau, on n’a pas encore fait mieux dans le monde libre…

LEPROUS – Rockhal – 13 février 2023

Notre premier et dernier LEPROUS ici-même en 2021 nous avait réservé la surprise du chef en la personne(s) de WHEEL qui officiait en première partie. On ne peut pas être gagnant à tous les coups dès lors que les jeunes Anglais de MONUMENTS ne parviennent pas à rééditer l’exploit, nonobstant la richesse et la relative complexité de leurs compositions.

Elles ne nous laissent pas indifférents, mais pas autant soit dit en passant que le spectre spectaculairement large du lead vocals qui balaie une étendue de registres peu commune bien que pas toujours opportune. Et pour être exhaustif, nous ne nous étendrons pas davantage non plus sur KALANDRA qui ouvrait précédemment les hostilités en tout début de soirée: notre tasse de thé n’est tout simplement pas faite de la même graine, ce qui n’enlève rien à la qualité de chacune.

LEPROUS fait le boulot, ni plus, ni moins. Les constructions parfois alambiquées des Norvégiens ont tout pour plaire – même si se revendiquer de Porcupine Tree est manifestement un tantinet exagéré – jusqu’au moment où les lead vocals, encore une fois elles, déversent régulièrement la goutte d’eau horripilante qui fait déborder le vase.

Un peu à la manière d’un Glenn Hughes qui se fourvoie dans ses vocalises les plus irritantes qui soient, faisant comme retomber le soufflé. Le chant de Einar Solberg, s’il dispose certes d’une tessiture peu commune, ne fait pas oublier que LEPROUS fait donc du prog bon teint. Ce qui est à la fois le meilleur compliment comme le pire…

Now online : ACCEPT – La Madeleine, Bruxelles – 15 janvier 2023

ACCEPT sans Udo, c’est un peu comme AC-DC sans Bon Scott dirons certains – dont nous étions. Mais il y a aussi un peu de Rudolf Schenker en la cheville ouvrière de Wolf Hoffmann, et ça ne se limite pas qu’aux grattes. Au final, du flamboyant à l’affiche et pas que du décibel, et un bain de jouvence aussi bénéfique aux oreilles qu’aux mirettes. Now online, et comme toujours dans notre GALERIE DE PORTRAITS depuis belle lurette…