Six Viking sur scènes, dont 3 lead guitars et 4 background vocals : il n’y a pas à dire mais KVELERTAK dépote. Les Norvégiens n’ont certes pas inventé l’eau tiède (ni même la chaude ni la froide non plus d’ailleurs), mais leur black’n’roll s’avère une tornade rafraichissante parce qu’elle ne s’encombre pas de fioritures. On ne fait pas dans la dentelle ce soir, ni dans celle de Bruges pas plus que dans celle de Bayeux ou la métallique de Esch. KVELERTAK, trois lead guitars qui crachent des flammes sans toujours identifier la bouche à partir de laquelle le dragon a choisi de faire parler le feu. KVELERTAK, une rythmique apocalyptique qui monte bloc après bloc son mur de fond à l’avant-plan. Et aux lead vocals, une espèce de pantin hurleur désarticulé qui confond pole bar et pied de micro.
Le black’n’roll de KVELERTAK consiste – comment dire ? – en un mélange de punk hardcore, de black métal et de rock’n’roll – un style aussi improbable qu’est imprononçable l’appellation du combo norvégien. Efficaces et basiques, les compositions prennent néanmoins une toute autre envergure sur scène lorsque la vue décuple l’ouïe – on ne vous parle pas du dress code des gars fringués comme s’ils prenaient le métro pour aller au taf, mais bien d’un sextet qui investit pleinement la scène, l’avant-scène et l’arrière-scène à l’instar d’une bande son qui remplit la boite crânienne jusqu’à son moindre millimètre cube…
Pas une goutte, pas une goutte de sueur ne perle sur le front du batteur à l’issue du set. Comment est-ce Dieu possible ?! A peine une auréole sous les aisselles, peut-être ?! Il y a de ces gars pour qui l’expression « mouiller sa chemise » semble n’avoir aucune signification alors même qu’ils en seraient a priori la plus parlante illustration. A moins que ce Kjetil Gjermundrød (vous nous le prononcerez cinq fois d’affilée avec un marshmallow en bouche) ne performe peut-être pour une marque de déodorant qui en fera sa prochaine égérie masculine ? Ou s’agit-il plutôt d’Håvard Takle Ohr ? On parlerait norvégien qu’on lui aurait demandé…
L’affluence relativement réduite de la Rockhal Club ce soir n’empêche cependant pas ces nordistes de garder leur sens de l’humour. Un silence pesant règne dans le Club entre deux morceaux, alors que les applaudissements se dissipent aussi rapidement qu’ils n’ont surgit la dernière note envolée. De quoi faire susurrer dans son micro notre Ivar Nikolaisen pour chuchoter à l’oreille des chevaux que c’est sans doute comme ça que ça se passe habituellement au Grand-Duché…
KVELERTAK a donc fait le job ce soir, ni plus, ni moins, même s’ils n’ont ménagé nul effort. Manquait probablement un zeste d’interaction et un soupçon de comm’ avec un public aux abonnés absents qui n’a donc guère aidé les Norvégiens à écarter les murs de la Rockhal. CANCERT BATS officiait en première partie: une pâle prestation teintée de clichés et de lieux communs qui amènera autant d’eau au moulin des détracteurs du genre…