Plus de 150 ans de rock british fusionnés en un triumvirat sur la même affiche – qui dit mieux ?! Sans compter l’âge du capitaine, Andy Scott (The SWEET) qui joue le maître de cérémonie en donnant alternativement la parole aux protagonistes tandis que les roadies s’affairent à évacuer ou dresser le matos entre deux sets. Elle est pas belle, la vie chez nos voisins teutons à Saarbrücken ?!
L’excitation de cette affiche se le dispute à l’impatience de pénétrer et de découvrir une nouvelle antre, arène d’un soir pour un nouveau combat de vieux gladiateurs qui en ont vu bien d’autres – que ce soit dans le public comme sur scène – mais qui en ont encore sous la pédale. Cette Saarlandhalle vaut également à elle seule le déplacement, quoi qu’un peu trop vaste ce soir au vu de l’affluence. Mais les organisateurs ont vu juste en misant sur cette salle en lieu et place de leur traditionnel Garage qui se serait avéré trop exigu.
19h00 précises, Andy SCOTT lance les hostilités en invitant WISHBONE ASH (established 1969 siouplait) à le rejoindre pour tailler une bavette, avant de laisser le band grimper à l’assaut des planches. Il réitérera l’exercice ce soir avant chacun des deux autres sets qui s’en suivent. WISHBONE ASH ouvre ainsi le bal, nous drapant une heure durant de twin guitars et de mélodies qui vous trottent en tête depuis des décennies, et qui vont y rester encore bien longtemps sans doute.
Le pit-photo est aussi démesurément vaste que peut être profonde et large la scène – des conditons aussi confortables pour shooter que pour performer ; tous les petits plats ont été décidément disposés dans tous les grands, et il n’en manque pas un dans cette batterie de cuisine. Même satisfaction au bar, où les demi-litres germains sont le standard de stricte rigueur ici, à un prix tout aussi démocratique. Sans parler des sanitaires et de toute cette infrastructure et cette logistique qu’on ne trouve décidément qu’en Allemagne. Prosit.
WISHBONE ASH vieillit comme il a vécu: proprement, avec classe, élégance et distinction – à l’image des gentlemen qu’ils demeurent. 51 ans sur les routes n’ont rien enlevé de leur superbe et de leur grâce, mais rien non plus de leur efficacité et de leur redoutable maestria. Le confort et la force tranquille des gens qui n’ont plus rien à prouver ni à personne…
NAZARETH – established 1968 ! – prend haut la main la relève pour une heure de démonstration. Bien qu’ils soient sur les route depuis plus de 50 années de manière ininterrompue, c’est notre tout premier face-à-face avec les Ecossais sans doute les plus célèbres avec Simple Minds et Franz Ferdinand.
Et la première fois compte toujours, après qu’ils nous aient fait faux-bon un beau soir de mai 1983 à Forest National où ils devaient ouvrir pour ce qui restera – déjà ! – le dernier concert de RUSH en Belgique.
Rarement l’alliance d’une Gibson Les Paul et de quelques Marshall nous aura procuré un tel effet: sans doute seul Steven WILSON, bien qu’au moyen d’autres armes et munitions, peut nous titiller et nous fournir autant de sensations avec une sonorité, une puissance et une limpidité aussi cristalline que celle de Murrison ce soir avec NAZARETH. Si c’est dans les vieilles casseroles qu’on fait les meilleures soupes, ce n’est manifestement pas avec de jeunes carottes – que du contraire…
La dernière production d’URIAH HEEP qui remonte déjà à 2018 nous avait on s’en souvient littéralement scotché dans sa déclinaison live à Bruxelles il y a 2 ans – tant en live que sur la platine. Cet album, aussi intemporel que ses géniteurs, est sans doute à considérer comme un des meilleurs dont peut se targuer le band au cours de son demi-siècle d’existence, réussisant la gageure de réaliser une parfaite synthèse de 50 ans de son rock’n’roll – ni plus ni moins, et excusez du peu.
Sublimé par la wah-wah de Cox qui arrache toujours autant que ne duvête l’Hammond de Lanzon, le résultat démontre à nouveau ce soir un URIAH HEEP véritablement à l’unisson et dans une forme olympique. Combien de jeunes pousses pourraient-elles en prendre de la graine ?! Les gars, si on ne vous consacre pas à vous seuls un chapitre de l’Histoire du Rock, je veux bien manger mes objectifs.