Maintenant en ligne, le sold out liégeois de TRIGGERFINGER au Reflektor, comme qui dirait un nouveau banc d’essai pour flexibilité des cymbales (non peut-être…?!)
Étiquette : Triggerfinger
Les Belgian Giants – comme les médias internationaux les qualifient – nous ont amplement rassuré ce jeudi soir lors de leur sold out au Reflektor de Liège. Faut-il rappeler que nous restions sur une impression pour le moins mitigée après leur prestation bruxelloise de décembre dernier à l’Ancienne Belgique (sold out deux soirs d’affilée)?
Nous mettrons dès lors notre relative déception bruxelloise sur le compte d’un soir "sans", comme il y a des soirs "avec". Tout comme à l’AB, HONK KONG DONG ouvre à nouveau les hostilités en déployant une sono d’une puissance inouïe alliée à un son cristallin comme rarement atteint. A moins que ce ne soit l’acoustique de cette salle – que nous découvrons – qui en soit un des facteurs de succès.
Tout cela est-il de très bon augure pour TRIGGERFINGER? Hé bien non, catastrophe. Tout comme à l‘AB il y a quelques semaines, le son des Anversois est saturé, mâché, brouillon. Bâclé? Il en résulte une bouillie sonore qui ne s’améliorera que progressivement en cours de soirée, mais sans jamais atteindre le standard minimum qu’on est en droit d’exiger d’un band à l’envergure internationale et même mondiale.
Ce gâchis est d’autant plus flagrant et regrettable que HONK KONG DONG avait prouvé en première partie que ni la salle, ni la sono n’était à blâmer – que du contraire ! Hormis ce regrettable bémol, la prestation du power-trio (devenu quatuor pour les besoins de la scène) nous réconcilie totalement avec la substantifique moëlle de leur rock aux sonorités et aux rythmes si caractérstiques qui en sont la marque de fabrique. Et qui drainent ce soir encore la foule des grands jours.
Belgian Giants…
L’étroitesse de la scène, bien trop exigüe pour contenir toute l’énergie dégagée, rend d’autant plus explosif leur "Colossus" qui clôture le set avant un rappel en guise de deuxième service. Ruben s’arme alors d’une basse pour démultiplier encore la puissance destructrice de la Rickenbacker de Mr. Paul: pour peu, avec sa 4 cordes aux poings, sa rock’n’roll attitude tout autant que sa physionomie nous rappelleraient presqu’un certain Lemmy (qui aurait certes viré dandy). Bouquet final. Orgasmatron…
Mais où est donc passée la pulsion primale d’antan…?! TRIGGERFINGER ne dépote pas ce soir ou plutôt ne dépote plus vraiment, et nous laisse en bouche un arrière-goût mitigé. Evidemment, quand on est au top sur scène, il est toujours difficile de faire mieux encore et tout aussi compliqué de demeurer au firmament – toutes proportions gardées. Cet avis semble partagé par beaucoup des aficionados de la première heure quoique nous revendiquions pour notre part n’être que de la seconde, ce qui n’est déjà pas si mal.
Une set-list guère équilibrée et peu envoûtante fait la part trop belle au dernier album de cette tournée éponyme qui se joue néanmoins à guichets fermés quasi partout aux quatre coins de l’Europe où le band dépose ses amplis. A l’instar de ces deux soirs sold out à Bruxelles.
TRIGGERFINGER nous balance ainsi un set moins brut et moins catchy qu’à son habitude, comme si le feu sacré couvait au lieu de brûler de mille flammes. Les Anversois nous avaient habitués par le passé à bien plus bestial, bien plus sale, bien plus déjanté, bien plus primal. Si tous les ingrédients demeurent cependant bien là sur la table de travail, c’est comme s’il manquait le petit grain de folie ou de créativité qui traverse la caboche du chef au moment de passer aux fourneaux. Manque d’audace, peut-être…?
De deux choses l’une: ou leur dernière production bien (trop) policée déteint sur l’ensemble du band live on stage, ou bien TRIGGERFINGER rentre (trop) gentiment dans le rang du mainstream bien léché pour brasser plus large encore. On en a vu bien d’autres procéder à un ravalement de façade rien que pour plaire à plus belles encore: ne lâchez pas la proie pour l’ombre, Messieurs, vous teniez le bon bout…
Votre première partie aka Honk Kong Dong était déjà un (très) mauvais présage pour la suite. Sans doute ce combo ne justifiait-il sa présence sur l’affiche que par son guitariste qui vous accompagne désormais sur scène, jouant le quatrième homme qui ne vous apporte, finalement, pas grand chose. La formule magique du power-trio répondait jusqu’à maintenant à toutes nos attentes, et bien plus encore: retournez-y donc vite, que nous retrouvions l’excitante sensation de nos premières amours. Celles qu’on n’oublie pas.
S’il n’y a qu’un soir véritablement rock’n’roll au cours de ces 10 jours de Brussels Summer Festival, c’est bien ce samedi 22 août 2015. En tête d’affiche, ce que la Belgique (ou plutôt la Flandre) fait de mieux dans le registre stoner : TRIGGERFINGER.
Les 28° degrés qu’affiche encore le thermomètre en ce milieu de nuit ne sont pas (uniquement) la conséquence du power trio le plus percutant de la scène belgo-flamande, Rickenbacker touch oblige ! Et le bling-bling qu’affiche TRIGGERFINGER n’est que l’envers d’un décor constitué de roots et de riffs débridés, à l’actif de chiens fous lâchés dans une bergerie.
Un second rappel réclamé à corps et à cris et royalement octroyé alors que le crew a déjà coupé le jus des Marshall est un signe qui ne trompe pas. Sans doute le palais tout aussi royal, témoin voisin du brasier, n’a-t-il jamais contemplé les pavés de la Place des Palais chauffés de la sorte à blanc.
TRIGGERFINGER est le maître-atout incontesté de la scène actuelle qui combine show torride et stoner à la griffe si spécifique, même si le trio ne fait pas montre ce soir de la verve ni de la tchatche qu’on lui connait habituellement. A vaincre sans péril, triompherait-on sans gloire ?
Votre petit grain de folie ne doit pas devenir trop routinier ni trop prévisible, les gars, au risque de ne plus (trop) surprendre. Et quand on ne surprend plus sa dulcinée, faut pas s’étonner de la retrouver dans les bras d’un autre, aussi beauf soit-il (et ce ne sont pas les beaufs qui manquent sur le circuit, aussi nombreux que les cocus…). Mais impossible non plus de vous imputer la responsabilité d’un public plus conventionnel et plus statique que celui qui se déhanchait sur les pavés tout juste avant votre prestation.
C’est vrai qu’après la bonne humeur et la gouaille joviale qu’affiche FLOGGING MOLLY, le meilleur soufflé ne peut que paraître un peu mou du ventre. TRIGGERFINGER a l’élégance de sa garde-robe, et salue avec une amitié non feinte et une admiration qui transpire la sincérité les Américains qui viennent de remarquablement bien leur préparer le terrain et chauffer esprit & corps.
FLOGGING MOLLY réussit en effet l’exploit de métamorphoser la Place des Palais en une immense hysteric-party électrisée par leur folk irlandais sur-amplifié mixant allègrement punk-rock et musique traditionnelle celtique, transformant les lieux en une grande et joyeuse danse-party sous les fenêtres d’un palais royal qui n’en revient sans doute toujours pas de ces gigues endiablées…
La longue, très longue romance entre THERAPY? et la Belgique avait déjà sonné l’heure irlandaise en tout début de soirée. Chaussés de leur verres fumés pour affronter un soleil encore haut et chaud pour leur 23ème rendez-vous bruxellois en 25 ans, nos insulaires préférés ne déçoivent pas leurs inconditionnels de la première heure – dont nous nous revendiquons.
La setlist des trois men in black balaye classiques, standards et dernière production en date – de quoi satisfaire le bon Belge Moyen et nous replonger dans plus de deux décennies de plaisirs et de bonheurs constamment renouvelés. THERAPY? ne surprend plus et on ne le leur demande pas non plus. D’ailleurs, quoi de plus désagréable que les mauvaises surprises quand les valeurs sûres sont au rendez-vous ?!
Non, ROMANO NERVOSO: Fabiola que tu harangues par micro interposé n’habite plus le palais voisin, décidément non. A moins qu’il ne s’agisse d’un second degré poussé à la vaseline un peu plus loin encore… Mention spéciale aux Louviérois complètement déjantés et décalés qui ouvrent la scène en fin de journée par un soleil de plomb qui ne doit pas être la seule explication à leurs esprits déjà surchauffés.
Straight out of Wallifornia : leur prestation ajoute encore un peu plus de folie à la chaleur ambiante, pour le plus grand plaisir d’un public pourtant encore clairsemé à cette heure précoce. Humour à la Arno ("Sors de ce corps!") et set-list digne d’un TC-Matic qui aurait viré de bord pour devenir real rock’n’roll, ROMANO NERVOSO est scatologique, provocateur et secoue – on adore. Et quand c’est servi par un bon groove, c’est encore plus savoureux – aaah, belgitude chérie !
Saint-Nicolas a comme une senteur de rasta rocket, cette année. Merci pour ce 6 décembre de derrière les fagots que tu nous a réservé, ô Grand Saint, dans cette si belle arena qu’est Forest National quand le son est au top. Et quel son, quel top ce 6 décembre lors du sound check de TRIGGERFINGER. Plantés au milieu de l’immensité de la salle vide, seuls au monde, c’est comme si nous assistions à un show privé de TRIGGERFINGER rien que pour nous, rien que pour nous tout seuls. Plus d’une heure durant en cette fin d’après-midi, le trio nous délivre quasi un set avant d’être rejoint on stage par… Gordie JOHNSON himself. Ces gredins de TRIGGERFINGER nous réserveraient-ils bel et bien une surprise ce soir avec la complicité de mister BIG SUGAR qui les rejoindrait sur scène !? Et de fait, ce dernier ne va pas tarder à nous le confirmer… Thanx again, Saint-Nicolas !
Le sound check de TRIGGERFINGER terminé, nous sommes invités à suivre Gordie JOHNSON dans sa dressing room. Nous atteignons sa loge après avoir arpenté les entrailles taggées de la salle et satisfait à plusieurs contrôles. Des cerbères postés à chaque coin de couloirs et devant chaque porte laisseraient penser que c’est Obama en personne qui se produit ce soir sur la scène de Forest. Nouvelle surprise du Grand Saint barbu à la mitre rouge : le band au grand complet est en train de se relaxer dans la vaste loge qui leur est attribuée. Notre tête-à-tête avec Gordie Johnson ne se déroule donc pas dans l’intimité attendue, mais au contraire avec tout le band en background et dans la joyeuse ambiance que nos trappistes – spécialement apportées pour l’occasion – contribuent à relever. L’occasion d’expliquer aux Canadiens que la german strong beer qui les a semble-t-il "assommés" la semaine dernière en Allemagne – comme l’illustre leur Facebook – n’était qu’une vulgaire… Stella Artois ! Après cette lagger de gamins, place à de la véritable bière d’Hommes – il faut faire leur éducation zythologique, à ces Canadiens.
L’entrevue se poursuite néanmoins au vin – le temps que les trappistes refroidissent. Content, le leader de BIG SUGAR, content de retrouver à nouveau la Belgique: lorsque nous lui narrons ce Booggie Town Festival du 1er mai 1998, il s’emporte dans un grand éclat de rire quand nous lui racontons notre surprise de le voir débarquer à l’époque devant un véritable mur de Marshall qui avait été dressé sur la scène: the good old time ! Les gens fuyaient les premiers rangs… Depuis lors, Gordie Johnson a bien changé (physiquement…), diversifiant ses tendances et influences noyées et malaxées dans un reggae-blues graisseux aux relents de ska qui ne renie néanmoins pas la puissance qui a toujours caractérisé le son BIG SUGAR.
Cette évolution demeure pour lui naturelle, liée à ses rencontres et goûts musicaux du moment qui n’ont fait qu’imbiber l’éponge musicale qu’il se revendique être. Et pas question de lui parler de "canadian touch" ou d’"american touch" dans son/ses style(s): il n’en a que faire. Reste que pour nous, le southern rock qu’il développe avec ses autres bands n’est sans doute pas étranger à son installation dans le sud des Etats-Unis. Quant à maintenant peut-être jouer un jour à la Jamaïque, tournée qui manque à son pedigree, c’est une autre histoire…
Le play boy d’antan, égérie d’Hugo Boss, aurait-il viré sa cuti pour devenir aujourd’hui cow-boy? Un sourire en coin, Johnson reconnait qu’il a effectivement troqué la soie pour les wranglers et les escarpins pour les boots. Si quelques costumes griffés l’ont néanmoins accompagné lorsqu’il quitta le Canada pour emménager dans son ranch sous le soleil texan, son coeur reste cependant canadien et ses attaches bien à Toronto. Sa Gibson double-neck demeure d’ailleurs un stigmate de ses débuts dans la métropole canadienne: souvenir d’un beau soir où, nous raconte-t-il, Alex Lifeson (RUSH) la lui mit entre les mains. Depuis, elle ne les a plus quittées.
L’homme poursuit sa carrière multi-instrumentiste dans quantité de formations plus ou moins éphémères, plus ou moins permanentes qu’il a fondées ou rejointes, et aux répertoires éclectiques (Grady, Wide Mouth Mason, Sit Down Servant !, Alkaline,… ). Mais le leader de BIG SUGAR nous rappelle qu’il est aussi producteur à ses précieuses heures non pas perdues mais ô combien judicieusement exploitées. Gov’t Mule, The Black Crowes et Nashville Pussy pour n’en citer que trois que nous apprécions plus particulièrement parmi d’autres, figurent notamment à son catalogue. Mais BIG SUGAR, en version acoustique, gospel, reggae ou en version distorsion & Marshall, demeure néanmoins son centre de gravité et sa marque de fabrique. Beaucoup d’amateurs de TRIGGERFINGER ne connaissent d’ailleurs le band à Gordie Johson que parce que TRIGGERFINGER s’en revendique comme principale source d’inspiration. Et avoir les deux bands de concert(s) sur la même affiche à l’occasion de cette tournée européenne semble réjouir autant les uns que les autres ! Oui, BIG SUGAR a-do-re TRIGGERFINGER. Oui: TRIGGERFINGER a-do-re BIG SUGAR. Love is love. Are you ready, Brothers & Sisters…?!.
Avant de se quitter – ou plutôt avant d’accompagner BIG SUGAR à leur soundcheck – Johnson nous répond qu’il y a peu de chance qu’ils performent ce soir une version francophone de l’un ou l’autre titre. Ces versions spécialement éditées pour le marché québecois n’ont pas traversé l’Atlantique, et même s’il est dans les habitudes de BIG SUGAR de ne pas avoir de set-list pré-établie, il y a peu de chance qu’ils s’exécutent ce soir en français comprenons-nous. Qu’importe après tout, carpe diem: profitons du cadeau complémentaire de Saint-Nicolas qui prend la forme d’une pleine heure de soundcheck BIG SUGAR dans l’intimité d’une vaste arena déserte. Il est des instants riches, précieux et uniques dans une petite vie d’anonyme…
20h00. Forest National n’est pas encore totalement rempli lorsque débutent les 45 minutes que durera le set de BIG SUGAR. Alternant les remerciements tantôt dans un parfait néerlandais, tantôt dans d’irréprochables "Merci Bruxelles", Gordie Johnson nous réserve une set-list éclectique comme l’est son cheminement et son évolution musical(e). Il nous avais promis tout à l’heure nous réserver l’honneur d’une compo qui figurera sur leur prochaine galette, et c’est chose faite. Double-neck, distorsion, harmonica, rap, reggae, saxo, dreadlocks, blues, rasta et décibels: le cocktail explosif BIG SUGAR a fonctionné une fois de plus. A l’instar du 1er mai dernier, au Roots & Roses Festival. Vivement le printemps prochain, puisque Johnson nous confia plus tôt dans l’après-midi leur retour début 2015 sur le Vieux Continent. Alleluia – sabrons les trappistes et tuons le veau gras !
Place nette est ensuite faite pour TRIGGERFINGER , météorite qui semble ne pas être éphémère : le trio confirme tout le bien qu’on pense de lui, et ses tournées européennes successives sold out asseyent son succès. Les groupes belges à stature européenne (voire à carrure mondiale ?) capables dans la durée de remplir Forest National et le Sportpaleis se comptent sur les doigts d’une main (excusez-nous de parler rock, pas de Stromae ni de Franck Michael…). TRIGGERFINGER est de ceux-là et fait partie des ces happy few.
Toujours au plus près du public, c’est quasi frontstage que le groupe s’installe comme à son habitude sur la scène pourtant immense de Forest, avec une batterie alignée sur les deux autres instrumentistes. La démonstration, le show, l’explosion durera deux heures dans un Forest National (configuration Club) plein à craquer, portant à ébullition et embrasant un public certes conquis d’avance. Mêlant le panache au show, le show à l’esbroufe, l’esbroufe au talent et le talent au succès, TRIGGERFINGER demeure probablement ce que la scène belge rock’n’roll a enfanté de plus talentueusement déjanté et réussi – toutes époques et toutes décennies confondues.
On adore la dégaine chico-décadente du trio anversois, les tempes grisonnantes de Ruben Block, croisement improbable entre George Clooney et Lemmy Kilmister. Des riffs énormes jaillissent de sa Gretsch tandis que la la folie « Keithmoonienne » de Mario Goossens nous subjugue tout autant que Monsieur Paul se la joue Pink Panter: leur heavy/stoner/blues tantôt lancinant, tantôt lourd, est tout simplement irrésistible et sexy. Oui. La courte présence de BIG SUGAR sur scène aux cotés des Anversois pour deux morceaux sera, pour les connaisseurs et fins gourmets présents, un moment de délectation et de grâce comme peu se présentent : celui où le Maître rejoint l’élève, celui où l’élève honore son Mentor. Celui de la fusion entre les fils spirituels et le géniteur. "Ladies & Gentlemen, we are very honored to have a gentleman who joined the tour a week ago. We were listening to his music before we started the band, and he was a big inspiration for us to start this band. We are really honored and so happy he could join us: please welcome the fantastic BIG SUGAR…! ". Chapeau bas, Messieurs. Et merci Saint-Nicolas.
(Un précédent concert de TRIGGERFINGER en texte & photos ? Au : Festival Cabaret Vert 2014)
… et déjà quelques extraits vidéos des sound checks et concerts de TRIGGERFINGER & BIG SUGAR :
(Sorry pour l’exécrable qualité de cette vidéo, inversement proportionnelle à celle des prestations. Enjoy !).
1300 bénévoles (on en a refusés !) pour 4 jours d’Eco-Festival Rock & Territoire: la 10ème édition (sold out) du Cabaret Vert ne fait plus dans la dentelle ! Pluridisciplinaire par excellence, orienté éco-territoire et traduisant une certaine "philosophie", le Sanglier des Ardennes du Rock s’apparente de plus en plus à un mini-Sziget (si, si !). A la différence près qu’il offre notamment bien plus de Trappistes et autres bières spéciales belges. Devenu matamoresque avec plus de 23.000 festivaliers quotidiens, il n’en a cependant pas perdu son âme ni son esprit durable et/ou rebelle (biffez la mention inutile) tout en conservant convivialité et simplicité comme maîtres-mots.
Un staff pro des plus accueillants et disponibles, une logistique parfaite et partout – partout – ces bénévoles et ces prestataires qui vous accueillent avec le sourire et un bonjour, avec des "mercis" par-ci et des "s’il te plait" par-là. Mêmes les vigiles, habituellement aussi peu amènes qu’ils sont balèses, contribuent à cette chaleur ambiante toute ardennaise. Ces Ardennais-là, amateurs de bonnes bières et de bonne musique, sûr qu’ils mériteraient leur rattachement à nous autres, Ardennais du Royaume, le jour où ils en auront assez de la République. Nan, on plaisante allez.
Zoom sur quelques pointures du samedi 23 août 2014…
L’après-midi commence en beauté sur la grande scène avec FINDLAY et leur garage-rock anglais s’inspirant de ce que Detroit, Motor City, a fait de mieux. Si le set commence en douceur, presque sirupeux, c’est pour mieux – crescendo – exploser : cette chienne de mon chien nous aboie un "I wanna be your dog" des plus orgasmiques en guise de final, avant de se jeter dans le public pour joindre le geste et le corps à la (bonne) parole. FINDLAY est originaire de Manchester: c’est certain que la sortie d’autoroute signalée "Manchester" pour rejoindre la Cabaret Vert (c’est véridique!) était un signe annonciateur…
Prenant la relève, TRIGGERFINGER assène le coup de massue de cette fin d’après-midi. Les Anversois atomisent la plaine avec un show tout simplement é-pous-tou-flant, laissant le public comblé et sur les genoux. Après avoir écumé nombre de festivals européens, le power-trio plus stoner-rock que jamais clôture sa série estivale en remplaçant (Dieu merci !) au pied-levé les Suédois de Volbeat qui déclarent forfait l’avant-veille.
Et, for sure, c’est tout bénéfice: un show d’une énergie incroyable, une set-list mortelle, une symbiose fusionnelle parfaite, une démonstration de force sans pareille en se postant au plus près de l’avant-scène pour mieux vous assassiner: le crime est parfait. TRIGGERFINGER est une véritable tuerie, une arme de destruction massive…
Habitués des grands festivals, les Australiens d’AIRBOURNE sont le fruit des amours cachées d’AC et de DC qui ont dû copuler un jour backstage. De cette levrette bestiale à la va-vite sur un mur de Marshall chauffés au rouge, il résulte de cet infâme enfantement un décor à l’identique, et l’énergie et la bonne humeur qui font que le hard rock, c’est eux! Ce sont eux. Avec une capsule de VB (célèbre bière australienne) en guise de volume à sa guitare, reste néanmoins à vérifier que ce sont également bien des cannettes de VB que Joel O’Keeffe explose sur son crâne à tour de concerts avant de les balancer dans l’audience.
Son traditionnel tour dans le public, guitare en bandouillère, se poursuit cette fois jusqu’au podium des PMR (excusez la distance !) tout en continuant ses riffs tandis que la rythmique assure de plus belle sur scène – ou comment rendre un des plus beaux hommages qui soit à ces personnes dont l’ouïe est désormais aussi réduite que leur mobilité. Rien de neuf néanmoins sous les astres : le hard-rock, c’est AIRBOURNE. Et vice-versa; back to the roots. A l’issue d’un show de 40′ seulement, suivi quand même de 20′ de rappel pour atteindre les 60′ de prestation et ainsi remplir leur contrat, notre interrogation du mois dernier à la Rockhal demeure: AIRBOURNE est-il trop intense que pour s’inscrire dans la durée, ou jouissons-nous ici de la touche puissante mais éphémère qui caractérise l’Excès dans toute sa splendeur…?
Après le collectif FAUVE ≠ (qui serait presque le cheveu dans la soupe du samedi sur la scène principale ?), place au « Meilleur Spectacle Musical » consacré par les Victoires de la musique 2013. SHAKA PONK est de retour avec un nouvel album et un nouveau show plus que jamais colossal qu’ils ne tarissent pas de nous vanter lors de la conférence de presse et, préalablement, sur les ondes de Radio Bleue. Ils apprécient les lieux et le concept du Cabaret Vert, autant que leurs potes de Skip The Use l’année dernière ici-même, et avec qui ils faisaient encore la fête tout récemment, nous narrent-ils….
Et c’est bien on stage que l’électro rock aux effluves funky/punk du groupe prend tout son sens : débauche sonore et orgie visuelle, sueur et énergie se confondent dans un joyeux bordel festif finement travaillé. Un show à la hauteur de la bande son réglé comme du papier à musique, une mise en scène des plus suggestives et puissante, c’est ça la trash Monkey Family qui prend son pied.
Comme une cocotte-minute prête à exploser dont on relâche la pression à doses savamment calculées, question de faire durer le plaisir à la manière d’un orgasme perversement contenu. Ce tableau est néanmoins gâché par un bémol, et de taille pour nous : la censure de quelques uns de nos clichés devant être préalablement soumis au management du groupe avant publication ici-même. Une première en ce qui nous concerne, une triste et disons-le scandaleuse et lamentable première qui ternit le vernis de SHAKA PONK – aux antipodes sans doute de l’effet escompté.
Parano? Schizo? Mégalo? No Pasaran ! Enfin, quand il y aura prescription, revenez nous visiter : nous déverrouillerons quelques uns de ces censored pictures…: