Ted Nugent 3 de 3 – Buffalo, état de New-York, USA. Les routes qui longent le lac Ontario, serpentant de criques en criques, ondulant de collines en collines, sont tout bonnement splendides. De villages en villages – tous plus charmants les uns que les autres – entre forêts, lacs et collines, le décor est digne d’un David Crocket – les Rocheuses en moins. Vastes propriétés perdues au milieu de nulle part, plages, forêts, collines, soleil : tout y est. Je passe la frontière Canado-américaine, expliquant non sans mal que je ne fais qu’un court séjour de 24 heures aux States pour un concert le soir même : un peu bizarre pour un Européen qui vient d’arriver sur le Nouveau Continent et qui repart le surlendemain ! Buffalo n’est pas ce qu’on peut appeler une belle ville : c’est un succédané de l’Amérique urbaine dans toute sa splendeur – ou dans toute son horreur, c’est selon.
Le concert du soir à l‘HSBC Arena de Buffalo sera dantesque – peut-être parce qu’il signifie pour moi la fin de mon trip ? Quittant ma place VIP pour rejoindre les coulisses à l’issue du concert, le Nuge ne sera pas au rendez-vous. Le Tour Manager – je le revois encore sincèrement désolé – m’explique que, dès la fin du concert, Ted a eu la subite et légitime envie de rejoindre son chez lui pas très distant afin de profiter des deux jours de pause que la tournée lui accorde. Soit ! Dommage – je me retrouve avec Tommy Aldridge à boire un pot, mais il manque manifestement quelque chose à cette soirée – ou plutôt quelqu’un.
Je quitte les lieux avant la fin du show de Kiss et passerai une nouvelle nuit dans ma voiture de location. Au programme du lendemain, visite de quelques réserves indiennes (manière de rapporter quelques cadeaux-souvenirs) avant de repasser la frontière canadienne et rejoindre l’aéroport international de Montréal. Petit stress lors d’un contrôle plus que pointilleux des agents de la douane américaine : ils m’imposent une fouille poussée, cherchant des stupéfiants ou que sais-je. Les bras et les jambes écartés, m’appuyant des mains face au mur du bureau de douane, un énorme molosse me renifle toutes les parties du corps pour finir avec ses deux pattes antérieures posées sur mes épaules, me reniflant le cou tandis que ses maîtres lui hurlent des ordres incompréhensibles. J’ai tout à coup des images qui défilent à toute vitesse dans ma tête : Midnight Express, une arrestation injuste et une incarcération arbitraire, l’incapacité de s’expliquer, un avion raté, un séjour prolongé bien malgré moi… Tout ça pour trois concerts de Ted Nugent. Mais tout est bien qui finit bien, et j’arrive finalement juste à temps à l’aéroport pour découvrir que mon vol pour Bruxelles via Paris est… annulé. Une grève des aiguilleurs du ciel français en est la cause. Empoignade à l’aéroport de Montréal où tous les passagers pour Paris – comme moi – se disputent et en viennent presqu’aux mains pour négocier à la hâte avec une autre compagnie desservant l’Europe un retour vers le Vieux Continent. Ambiance ! Je parviens à arracher un billet pour un vol qui décolle peu de temps après pour Amsterdam, laissant sur le carreau plusieurs dizaines (centaines ?) de passagers continuer leur recherche d’un vol transatlantique… Trois concerts en trois soirs, invité par le Nuge himself – thanx Ted & keep on rockin’