Étiquette : Sjock Festival
Les Californiens nous avaient déjà laissé une p… de bonne impression au Cabaret Vert il y a deux ans. Dans notre chef, une première impression est souvent confirmée – ou en tous cas rarement démentie – qu’elle soit bonne, excellente ou exécrable.
Le SJOCK Festival ne fait pas mentir l’adage en permettant à The BRONX d’offrir une prestation qui détourne de leur stress footballistique les plus férus de l’écran géant où est projeté depuis la Russie le quart de finale Belgique – Brésil.
The BRONX, c’est simple, c’est carré, c’est efficace et hop! emballé c’est pesé. Et quand on assiste à un set d’une telle intensité en pouvant échanger quelques banalités backstage avec Wayne KRAMER qui s’en délecte tout autant que nous (avant de prendre la relève sur les planches avec son MC5 / MC50), mais nom de Dieu que demander de plus ici-bas?!
Leur set terminé, deux des membres de The BRONX nous demandent de leur tirer le portrait en compagnie dudit KRAMER qu’ils encadrent avec dévotion, tout respectueusement, fiers comme des paons, excités comme des puces. Mais sans doute pas avec l’index aussi nerveux que le nôtre… Que souhaiter de plus encore? Priceless…
Avec leur rural bluegrass cowpunk sentant bon le crottin du fin fond du Kentucky, NINE POUND HAMMER parle aux gens de la terre, des problèmes des gens de la terre, avec les mots des gens de la terre – comme des alcooliques au coin du bar dans le plus pouilleux saloon du recoin le plus perdu. Leur set est à l’image de leur musique, et leur musique à l’image de leur terroir: sans fioriture ni faux-semblant.
On ne prend pas de gant pour parler de tout ça ma p’tite dame, et pour envoyer la sauce inutile de faire usage des bonnes manières qu’on n’a d’ailleurs jamais apprises. NINE POUND HAMMER, c’est de l’authentique, c’est du brut de décoffrage. C’est du full-terroir. Et dans ce terroir, on ne fait pas dans la dentelle: la dentelle, on s’en sert pour éponger la sueur quand on a fini de besogner Madame ou de traire Margueritte. Quand ce n’est pas la même…
En festival, l’habit fait toujours le moine: à contempler les Marshall et le matos qu’on installe sur scène, on sait que ça va être du lourd. Et c’est à ce moment qu’on réalise comme un c… que Blaine Cartwright est à la lead guitar. Nous l’avions croisé un peu plus tôt lors de son arrivée backstage, et à notre stupide question toute spontanée "What the f**k are you doing here ?! ", il avait eu l’élégance de nous répondre par un radical "… I am playing !! " au lieu de nous envoyer sur les roses.
On ne nous dit rien, on nous cache tout ! Nous étions en effet à mille lieues de savoir qu’il avait plus d’une corde à son arc (et à sa guitare), le Cartwright: ce n’est de fait qu’à l’occasion d’un court split de NINE POUND HAMMER fin du millénaire dernier, nous apprend-il, qu’il a fondé NASHVILLE PUSSY. C’est là qu’on se rend compte qu’on aurait mieux fait de la fermer un peu plus tôt pour éviter un peu plus tard d’avoir la furieuse envie de rentrer sous terre…
Comme si tous les Ricains présents au festival s’étaient donné le mot, NINE POUND HAMMER clôturent eux aussi leur tournée européenne au SJOCK avant de rejoindre outre-Atlantique Marguerite dans ses pâturages (ou Madame, c’est selon…). Et Cartwright de continuer cet été sa route avec NASHVILLE PUSSY le temps de quelques dates bien juteuses…
Les gars de The LORDS of ALTAMONT, on les avait vus roder et tourner en rond toute la journée dans le backstage, et l’on se demandait qui donc pouvaient bien être ces mecs tatoués jusqu’au cou et à la longue tignasse: roadies ou artistes ? Il faudra attendre leur montée sur scène pour réaliser qu’on avait passé pas mal de temps à siroter quelques chopes et déglutir un sandwich à leur côtés, en terrasse dans le Village : comme quoi on peut s’appeler The LORDS of ALTAMONT et passer incognito… du moins près des ignares en la matière que nous sommes !
Mais incognito, The LORDS of ALTAMONT le sont nettement moins une fois sous le feux des projecteurs – que du contraire. Terminant eux aussi leur tournée européenne au SJOCK Festival, ils nous réservent pour l’occasion une des plus belles prestations du weekend – qui sera d’ailleurs la seule à se poursuivre par un petit rappel, un unique petit rappel.
A moins qu’ils n’aient sans doute quelque peu écourté leur set pour le seul et jouissif plaisir de s’offrir un rappel, et faire ainsi la nique à tous les autres groupes ? Ils en ont bien la gueule, les chenapans.
L’imitation Hammond (à moins que ce ne soit un vrai ?) méchamment et violemment martyrisée sur scène apporte toute la profondeur et fournit tout le ronflant qu’on peut souhaiter pour enjoliver des compositions qui tiennent admirablement bien la route, dans un style musical très classic rock tendances frasques californiennes à la Motley Crüe. Et quel juvénil plaisir lorsque The LORDS of ALTAMONT convient deux gosses à venir tenir le clavier…!
Parce qu’en-dehors, c’est qu’ils sont polis et gentils comme des jeunes gars de bonne famille, ces Californiens. Même qu’en fin de soirée, ils viennent nous demander tout poliment pour visionner nos clichés. Comme quoi l’habit ne fait pas toujours le moine…
Elles arborent leur London-based label "Dirty Water Records" sur leurs sacs, sur leur fringues et sur leurs accessoires en tous genres: un label n’a jamais aussi bien convenu à un band que "Dirty Water Record" à The DARTS .
Ceci dit, qu’est-ce que ces 4 tigresses californiennes foutent-elles ici ?! Comment sont-elles donc venues se perdre au fin fond de la Campine, pour la 12ème et dernière étape de leur tournée européenne ?! Et quelle prestation de haut vol nous réservent-elles au SJOCK Festival, les folles !
La Michelle tout d’abord, guitariste de charme qui n’en est pas moins dangereuse, sans doute aussi vénéneuse backstage que talentueuse frontstage. Elle n’arrêtera d’ailleurs pas d’arpenter le back et le front tout au long de la journée, n’étant pas la plus calme ni la plus réservée face aux set de ses petits camarades d’affiche.
La Rikky, ensuite, qui n’est pas non plus la dernière à faire la grimace quand il s’agit de faire parler ses fûts et sa grosse caisse: son talent et son efficacité sont à l’image de son physique. C’est comme qui dirait assez dire.
Nicole aux vocals chevauche sont clavier comme si c’était un étalon fou, tandis que la Christina à la basse semble jouer les belles-mères qui supervisent l’inséminateur avec son faux-air de sainte-nitouche.
Musicalement parlant, The DARTS n’a pas plus inventé le r’n’r que l’eau tiède ou le fil à couper le plomb. Les Californiennes sont dans la droite lignée de L7 ou les parfaites héritières de Girlschool. Efficace à l’oreille et plaisant à l’oeil, le set de The DARTS nous laisserait presqu’un goût de trop peu.
Garage-psych-rock grrls four-piece band: The DARTS featuring Nicole, Laurenne, Rikki Styxx, Christina & Michelle has just invaded Europe to play their « dirty, gritty, rough around the edges, good ol’ dive bar rock’n’roll. Si c’est elles qui le disent…
Ceux qui ont finalement préféré s’appeler TURBONEGRO au lieu de Nazipenis ont-ils fait le bon choix? Sans doute, quoique finalement c’est chou vert et vert chou quand on s’est aussi appelé Stierkampf (course de taureaux) le temps d’un seul album. Et à propos de taureaux, ce sont bien des animaux sur scènes. Des bêtes de compétition même, ces Norvégiens. Des bêtes de concours, non peut-être ?!
Une prestation de TURBONEGRO comporte toujours une relative incertitude: on ne sait jamais quand tout va partir en couille, ni qui va partir en vrille le premier. Mais le grand cirque TURBONEGRO est l’arbre qui cache la forêt: à l’inverse de quantité de groupes qui compensent une vacuité musicale totale par un look porteur, TURBONEGRO allie au contraire r’n’r attitude, qualité de leur compositions et une prestation aussi efficace que redoutable.
TURBONEGRO est un ovni dans le monde du rock’n’roll: furtif et rapide, insaisissable et incompréhensible. Surréaliste et irréel. TURBONEGRO, c’est plaisir pour l’oreille et jouissance pour l’objectif, un régal pour shooteur de clichés et une volupté de fin gourmet pour les tympans. Rock’n’Roll machine, c’est non seulement la dernière perle des Norvégiens, mais c’est carrément tout eux – ni plus ni moins.
Les Turbojugend sont de sortie au premier rang et mettent autant de bordel dans le public que TURBONEGRO met l’ambiance sur scène. Ni les uns ni les autres n’ont inventé la machine à courber les bananes, mais strictement rien à leur reprocher en matière de pèche.
Make rock’n’roll great again pourrait être la devise de TURBONEGRO, mais sans doute cela ne serait-il pas assez hot pour ces obsédés de la r’n’r sex-attitude. Mais comment leur tenir rigueur de ces extravagances et de ces dérives en tous genres quand, à côté de cela, ils signent des compositions comme on n’en rencontre pas tous les jours sur scène…?
Hell, not even Jesus could do THAT ! résume à perfection ce que l’on peut penser de TURBONEGRO. La Norvège a pris de l’avance sur le reste du monde en matière de décadence, et l’on ne peut qu’en remercier Nietzsche. Hot for Nietzsche, d’ailleurs.