NIGHT of the PROG Festival (feat. Alex-Henry FOSTER, RIVERSIDE, ARENA,…)- Loreley – 19 juillet 2024

Ainsi donc 2024 sonne le glas du Night Of The Prog Festival, 14ème du nom mais qui n’aura pas survécu à de probables aléas financiers s’il faut en croire les informations qui circulent. Triste nouvelle pour un festival peu commun dont un décor sans pareil sert surtout de toile de fond : le légendaire site de la Loreley en surplomb d’un Rhin aussi romantique que majestueux sur lequel, comme l’année passée (merci la météo), un soleil rougeoyant se couche pour noyer tout l’amphithéâtre naturel d’une lumière tout simplement atomisante.

Il y a de ces moments uniques où lumières et sons se marient pour magnifier l’instant comme jamais, et c’est ainsi sur la bande-son d’Alex-Henry FOSTER que se déroule le spectacle d’une Loreley tout simplement transcendée. Quel autre meilleur moment de la journée Alex-Henry FOSTER aurait-il pu choisir pour exécuter son set qui, dans le soleil couchant, revêt une nouvelle dimension ? Quel autre meilleur moment de la journée et quelle autre meilleure bande-son le soleil aurait-il pu choisir pour tirer superbement sa révérence après une journée caniculaire par plus de 30° ?

Alex-Henry FOSTER – qui justifie principalement et à lui seul notre présence ici – était le grand absent de l’édition précédente en nous posant un sacré lapin, son opération du coeur réalisée en urgence ayant eu pour conséquence d’annuler sa tournée européenne 2023 mais aussi et surtout de le sauver d’une inéluctable mort. Mais il n’en est plus rien cette année avec un FOSTER en toute grande forme qui nous livre un set bien, bien énergique : le contexte Night Of The Prog aurait en effet pu nous laisser craindre une set-list plutôt atmosphérique, aérienne et soft voire plombante en phase avec l’ADN « prog » du festival éponyme, mais FOSTER a au contraire choisi l’option cocotier en nous secouant par une programmation bien enlevée et bien électrique, ouf.

Le public ne portera pas cette fois du bout des bras tendus un Alex qui le fend néanmoins, lui offrant en sacrifice sa guitare rouge qui partira loin, très loin dans le public en gémissant de mille accords provenant de centaines de doigts courant sur son manche. L’instrument demeure relié à son propriétaire par quelques dizaines de mètres d’un câble électrique verdâtre que FOSTER laisse glisser entre ses doigts à l’instar d’un pêcheur donnant du mou à sa ligne pour mieux ferrer sa proie. La subtile fusion que partage Alex Henry FOSTER avec son public demeure cette espèce de symbiose permanente entre ce qu’il reçoit comme ondes positives et ce qu’il offre comme harmonie(s) : c’est du donnant-donnant multisensoriel ou le plaisir de recevoir découle de l’amour de donner. Alex Henry FOSTER et ses Long Shadows restent définitivement un band à part, une fratrie à part, une famille à part quand il s’agit de communier à l’unisson (… amen). Déjà hâte d’être dans deux semaines à Cologne pour une bénéfique repasse du câlice…

ARENA qui enchaîne est d’autant plus soporifique que le band fait le choix d’un prog aussi mainstream que téléphoné, synthétisant à lui seul tous les clichés répulsifs qui valent tant de critiques à un genre pour le moins éculé si l’on s’en tient à de telles démonstrations. Ce n’est certes pas l’avis général de l’assistance qui garnit et remplit ce superbe amphithéâtre extérieur, en réservant à ARENA un accueil et un succès franchement surprenant: on n’est manifestement pas aux Nights Of the Prog pour rien.

La tête d’affiche du jour, RIVERSIDE nous réserve par contre la surprise du chef et même la surprise du jour en livrant un set ô combien puissant, rythmé et bien plus couillu et enlevé que les quelques titres qui nous sont familiers. On se rapprocherait par moment de Porcupine Tree qu’on n’en serait pas surpris. La basse de Mariusz Duda emplit l’amphithéâtre comme nulle autre pareille, gloire à l’ingé-son qui réussit là une prouesse peu commune : offrir à la quatre cordes toute la place qu’elle mérite quand son jeu est digne d’intérêt – ce qui est présentement le cas ce soir.

Le soleil est couché depuis bien longtemps lorsque les lampions de la fête s’éteignent, laissant le site baigné d’une lumière lunaire rendant la Loreley plus fantomatique encore. C’était le 1er soir du 14ème, dernier et ultime Night Of The Prog Festival – triste fin mais ô combien flamboyante, joyeuse, festive, explosive et franchement réussie.

UK’s RAMBLIN’ MAN FAIR 2015 – (jour 2) : Blues Pills, Rival Sons, Solstafir, The Temperance Movement, The Quireboys, Gregg Allman, Marillion, Bernie Marsden, Ian Anderson, Aaron Keylock, Riverside, The Pineapple Thief.

RamblinManFair2015_pass.JPG RamblinManFair2015.jpg 07-blanc.png

Les organisateurs de ce premier RAMBLIN’ MAN FAIR ont sorti et poli l’argenterie. Et véritablement mis les petits plats dans les grands en limitant volontairement à only 15.000 festivaliers sur les deux journées (!) la capacité maximale et optimale d’un site pouvant en accueillir au moins 10 fois plus… chaque jour. C’est dire le confort et les conditions idylliques de participation d’un public choyé et gâté aux petits oignons (sauce menthe) de par cette approche qualitative assez unique en son genre.
Ramblin’ jour 1, midnight – fin :

RamblinManFair2015_1807.JPG
Ramblin’, jour 2 : ainsi sommes-nous bienheureux, aux antipodes des marchands du temple qui transforment la plupart des festivals en pompes à fric. Ailleurs, on profite de l’imbécilité complice du festivalier lambda qui apprécie semble-t-il se transformer volontairement en poule de batterie et/ou en bestiaux tout juste bons à cracher son pognon sur les 50 cm² de terre battue qui lui sont dévolus. Ici non, c’est tout le contraire et de surcroit sur un gazon british please: chapeau-melon bas Messieurs les Anglais de TeamRock Radio, UK, where rock music is born comme vous le dites si bien ("If rock’n’roll is a drug, TeamRock is the dealer ").

RamblinManFair2015_1813.JPG RamblinManFair2015_1817.JPG RamblinManFair2015_1819.JPG

Cependant, Angleterre oblige, le soleil radieux d’hier samedi fait place ce dimanche matin à une pluie parfois dense, parfois plus insidieuse et subtile, mais en tous cas continue en ce jour du Saigneurs. Les promoteurs annoncent que le ciel devrait redevenir clément vers 18h00, et le ciel fut: la météo leur donne totalement raison à 18h07’ précises. L’organisation est décidément parfaite…

SAMSUNG CAMERA PICTURES SAMSUNG CAMERA PICTURES SAMSUNG CAMERA PICTURES

Bénéficiant d’un accès en primeur au site de ce Festival of Classic Rock, Prog, Blues & Country dès 10h00, c’est dans un parc totalement vide mais sous un costaud crachin que nous assistons aux premiers soundchecks. Et la baffe de la journée sera confirmée à 13h00 lors de la 1ère prestation sur la main stage : BLUES PILLS est une véritable tuerie. Une tuerie, qu’on vous dit ! La claque dans la figure durant le soundcheck, et la baffe officielle et magistrale en lever de rideau du festival: un dimanche qui commence par un tsunami. Coup de cœur absolu pour ce quatuor suédois abondamment programmé par ailleurs sur TeamRock Radio qui ne s’y est pas trompé. Une basse monstrueusement présente qui bucheronne en cadence avec une batterie bombastique, un guitariste aux riffs plus psychés que ça tu meurs. Et aux vocals, mama mia les vocals !

RamblinManFair2015_1920.JPG RamblinManFair2015_1915.JPG RamblinManFair2015_1904.JPG RamblinManFair2015_1909.JPG

BLUES PILLS, c’est la réincarnation du Grand Funk Railroad qui aurait consommé encore plus d’acide pour virer psyché grave. Les Suédois ont carrément réinventé la recette explosive du r’n’r avec aux vocals une espèce de tigresse plus proche de Janis Joplin dopée aux amphet’ que de Dolly Parton. Cette prestation de 35 (?!) minutes seulement pour débuter le dimanche sur la grande scène vaut tous les bâtons de dynamite du monde. Un quatuor réellement ex-cep-tion-nel, assurément la claque absolue de ce dimanche et THE découverte de la journée (voire du weekend).

RamblinManFair2015_1886.JPG RamblinManFair2015_1888.JPG RamblinManFair2015_1875.JPG RamblinManFair2015_1858.JPG

Rien qu’à compter le nombre de blondasses qui débarquent backstage en début de soirée pour assister au show de RIVAL SONS, on a compris. On a compris qu’elles cherchent à s’abriter de la pluie. Ou qu’on à affaire à quelque chose de très particulier. Révélation de la décennie et incarnation du renouveau rock’n’roll, ou plutôt plongée en plein revival à mettre à l’actif de frimeurs et de poseurs qui exploitent 5 décennies de r’n’r sans rien véritablement y apporter? L’avenir nous le dira.

Rival_Sons_RamblinManFair2015.JPG
Un son de batterie live très Bonham, une guitare qui arrache bluesy-rock 60’s, tout ça est très riche et relevé par un chanteur charismatique. Le fils naturel et/ou spirituel de Jim Morison? Sa quasi-réincarnation en chair et en os mène tout ça de main de maître. Pour notre part, on préfère manifestement écouter RIVAL SONS – et les apprécier – plutôt que de les regarder. Il y a de ces groupes, comme ça, dont l’allure énerve ou irrite alors que musicalement parlant ils méritent un total respect. Peut-être pas (encore) une totale admiration, mais bien un total respect présentement…

RivalSons_Ramblin2015.jpg
SOLSTAFIR : notre coup de cœur / découverte du Sweden Rock Festival 2014 confirme amplement tout le bien que nous pensions d’eux il y a un an. La surprise en moins, c’est néanmoins derechef une prestation qui nous entraîne dans de longs loops parfois hypnotiques d’inspiration à la fois de Monster Magnet et d’Anathema. Pas possible, allez-vous dire ?! Effectivement. Sauf quand on sait marier le feu et la glace, ce qui est un jeu d’enfant quand on provient du pays icelandais du même nom. Élémentaire.

Solstafir_Ramblin2015.jpg
Même scène, autre mo(ve)ment: The TEMPERANCE MOVEMENT : un chanteur qui tient 45’ à ce rythme, on n’en découvre pas tous les jours. Est-ce lui qui entraine le band, ou est-ce le groupe qui le pousse à cette paroxysmique démonstration!? Une combinaison littéralement explosive, comme une espèce de Blues Travellers qu’on aurait tuné ou survitaminé. On a-do-re.

TemperanceMovement_Ramblin2015.jpg
Festif et entraînant, le rock des QUIREBOYS est celui des bistros où l’on danse. Pas le pub-rock guindé de Dr. Feelgood, mais plutôt celui où l’on met un peu moins les formes et où la Guinness coule à flot.

RamblinManFair2015_2060.JPG
Un clavier qui donne le tempo, et c’est presque c’est tout le Maidstone Mote Park qui se transforme en immense piste de danse-sur-boue: 200% rock’n’roll on stage et 100% frontstage. On a beau se contenir et se dire que ce n’est pas pour nous, mais c’est plus fort que tout: les QUIREBOYS, pinte en main, parviennent à faire dodeliner une enclume et swinguer un paraplégique…

RamblinManFair2015_2059.JPG RamblinManFair2015_2056.JPG RamblinManFair2015_2053.JPG RamblinManFair2015_2035.JPG RamblinManFair2015_2058.JPG RamblinManFair2015_2054.JPG RamblinManFair2015_2052.JPG RamblinManFair2015_2031.JPG

Too old to rock’n’roll, too young to die ? Ian ANDERSON ne pense pas si bien dire: l’homme à la flûte rassemble devant la "Prog Stage" un parterre convenu de cinquantenaires (et plus si affinités) retrouvant probablement les sensations d’une jeunesse en fleurs. Il est de ces mélodies qui traversent plus difficilement que d’autres les âges, les époques et les décennies, et la set list de Ian ANDERSON mâtinée de Jethro Tull en fait ce soir comme qui dirait partie…

Ian_Anderson_Ramblin2015.jpg
Au flûtiste unijambiste, nous préférons les accords rugueux blues-rock des premières heures du Whitesnake en la ronde personne de son digne représentant Bernie MARSDEN. Le marquee estampillé Outlaw Country Stage hier samedi est étiqueté aujourd’hui Blues Stage: même endroit, même matos mais autre style. Et à l’applaudimètre de ce dimanche, la tête d’affiche des lieux Bernie MARSDEN remporte la victoire absolue.

RamblinManFair2015_2565.JPG RamblinManFair2015_2498.JPG RamblinManFair2015_2438.JPG

De fait, l’ex-Whitesnake attire la grande foule dans un marquee décidément trop petit pour contenir son énergie et la foule qu’elle draine. MARSDEN nous réserve en outre la surprise d’être accompagné par un autre comparse provenant de la congrégation du Serpent Blanc : Neil MURRAY himself. Autant dire que le chapiteau déborde en cette fin de journée comme la panse d’un bavarois à l’Oktoberfest, et la toile dégouline comme le string d’une escort girl en plein taf.

RamblinManFair2015_2471.JPG RamblinManFair2015_2509.JPG RamblinManFair2015_2584.JPG

MARSDEN, tout en rondeur(s) et en bonhomie, nous distille son heavy blues high voltage de derrière les fagots, et la clameur monte encore d’un cran lorsqu’il s’embarque avec Murray dans l’une ou l’autre de ses compos qui ont porté Whitesnake au firmament. Une hystérie collective à en faire pâlir Coverdale himself, fore sure. Avec The SCORPIONS hier, MARSDEN est le seul act à s’offrir un rappel. Non: à nous offrir un rappel…

RamblinManFair2015_2509.JPG
Après un tel set, après une telle énergie, la tête d’affiche sur la Main Stage Gregg ALLMAN (en UK exclusive siouplait) ne casse pas trois pattes à un canard. Presque pathétique, comme éteint ou momifié, ALLMAN ne brûle plus. Le soufflé est semble-t-il retombé depuis longtemps. Les cuivres et backgrounds ne parviennent pas à faire décoller le vaisseau ALLMAN. Pire, les interminables vides, langueurs et longueurs entre deux morceaux contrastent d’autant plus violemment avec un MARSDEN pathologiquement hyperactif.

Gregg_Allman_Ramblin2015.jpg
Ce grand monsieur qu’est Gregg ALLMAN excelle assurément mais n’est manifestement pas ce soir the right man at the right place at the right moment. Le début de son set est couvert par la clameur de la prestation de MARSDEN qui se termine dans le marquee, pour ensuite être cannibalisé par la puissante sonorisation en provenance de MARILLION qui débute sur la Prog Stage en qualité de 3ème tête d’affiche…

Marillion_Ramblin2015.jpg
MARILLION, certes irréprochable, ne parviendra cependant pas non plus à faire oublier la prestation de MARSDEN ni celle d’autres belles et grandes pointures qui se sont succédées à l’affiche ce dimanche. Sans revenir sur la bombe BLUES PILLS qui a ouvert les hostilités à 13h05 (quelle étrange heure pour débuter un festival…) et les prestations remarquées du jeune prodige de la gratte Aaron KEYLOCK. Mention spéciale aux Polonais de RIVERSIDE (du Dream Theater en meilleur et moins pompant) et, un ton nettement en dessous, de Pineapple Thief.

KeylockRiversidePineapple_Ramblin2015.jpg