Now online : Alice COOPER, Judas PRIEST, Tom MORELLO, Ayron JONES – 23 juin 2024 @ Heavy Weekend Nancy

Le COOP’ a encore frappé fort. C’en devient une habitude même si on ne s’y habitue pas. On s’y fait, mais on ne s’y habitue pas. Vincent FURNIER, fidèle à sa légende, a martyrisé ses poupées et nos ouïes, a exhibé guillotine et hémoglobine, et a fait prendre l’air à son vers de terre qu’on dénommerait aisément Devastator. La bête enlace et glisse le long du corps, ondule dans les airs, s’enroule autour d’un bras, siffle et s’expose aux yeux écarquillés des spectateurs: le COOP’ toise l’assistance fascinée. Effet garanti. Depuis 1971…!

Auparavant, Tom MORELLO et – en clôture de soirée – JUDAS PRIEST ne se sont pas contentés des miettes : c’était au contraire du gras et du consistant qu’ils nous ont servis en hors d’oeuvre et en dessert. Now online et toujours dans notre GALERY Intensities in 10s Cities : From Backstage to Frontstage, All The World Is A Stage. Et, as usual, pas de chipotage ni de bidouillage avec les photos comme partout ailleurs. Non: ici, c’est NO f*cking Photoshop. NO damn Ligthroom. NO bullshit RAW format. NO holy crap numeric nor digital overdub : ONLY pure one-shot JPEG. Parce que shooter live, c’est comme le real rock’n’roll: c’est brut de décoffrage et surtout ça doit le rester. A.I. sucks !

JUDAS PRIEST – ALICE COOPER – Tom MORELLO – Ayron JONES @ Heavy Weekend Nancy, 23 juin 2024

Le site est vaste, fonctionnel et surtout surchauffé en cette fin d’après-midi. Gerard Drouot Production a visé juste. Le soleil tape dur – une fois n’est pas coutume – sur une surface totalement macadamisée qui garnit l’amphithéâtre à moitié rempli, s’il faut en croire la presse qui parle d’une assistance largement sous-estimée de 10.000 personnes. En ce 3ème et dernier jour de Heavy Week-End, quatre groupes garnissent l’affiche dominicale. Ayron JONES se charge de l’entame avec un set groovy comme on le connait, remplissant la tâche ingrate de tenter de secouer et de dynamiser un public quelque peu amorphe, ou plutôt toujours en train de s’installer et de garnir peu à peu l’amphithéâtre open-air.

Si Ayron JONES est servi par une remarquable sonorisation, celle-ci atteint qualitativement son apogée lors du set du légendaire – on peut le dire – Tom MORELLO. Et le public d’enfin se lâcher lors d’un medley de Rage Against the Machine que tout le monde attendait, un moment explosif entre la fureur du rap, la puissance du métal et la pulsation du funk qui sonnait à l’époque comme une rencontre du 3ème type entre Led Zeppelin et le hip-hop de Public Enemy. Et que dire, que penser de son vibrant hommage rendu à Audioslave et à Chris Cornell surtout (la personne la plus charmante jamais rencontrée) honorée par son portrait XXL tandis qu’un Like a Stone sonne de manière assez réussie faut-il l’avouer.

La mention d’un explicite (et peu surprenant) Cease Fire arbore la caisse du Che Guevara de la guitare, de laquelle sortent des sons qu’avant lui on n’avait jamais entendus à la fin des eighties. Des sons, plus que des notes de guitare, étonnamment proches des scratches que produisaient à l’époque les DJ manipulant leurs platines vinyle. Et que dire de ces sons que sort MORELLO en jouant du jack de sa guitare dans la paume de sa main ! Avec un tonitruant Kick out the Jam, Tom Ernesto MORELLO rend également un hommage appuyé au MC5 du récent disparu et regretté Wayne KRAMER (qui sera probablement porté au pinacle cet automne en intégrant le Rock & Roll Hall of Fame à Cleveland dans la catégorie Musical Excellence AwardMC5 est nominé). Ou quand deux militants de gauche (radicale ?) portent le même combat du bout de leurs six-cordes…

L’admiration sans bornes que MORELLO confie sur scène pour ALICE COOPER et pour JUDAS PRIEST n’est manifestement pas feinte, à le voir se trémousser backstage durant ces deux performances. Le set de MORELLO respecte l’horaire imposé (soit un peu moins d’une heure) alors qu’enchaîne ALICE pour 90 minutes d’un show sans surprise mais sans déception aucune non plus: ALICE reste fidèle à COOPER, le COOP’ de 2024 restant digne du COOP’ des seventies et des eighties – puis des nineties et du XXIème siècle – maltraitant vicieusement sa poupée mais en épargnant cette fois son nouveau-né qu’il n’exhibera donc pas de la pointe de son épée.

Pour le plaisir des yeux – mais pas uniquement – Nita STRAUSS est de retour aux côtés de notre fringant septuagénaire, après son départ du line-up auquel nous avions assisté à l’occasion de sa dernière prestation aux côtés du COOP’ au Hellfest 2022. Ce soir à nouveau, l’Hollywood Vampires ALICE COOPER dorénavant intemporel (voire éternel ?) nous délivre un véritable best of de sa désormais longue carrière, balayant 5 décennies de géniales compositions et de scénographies décalées, osant même un Another brick in the Wall qui s’enchaine à School’s Out. Rien de fondamentalement neuf sous le soleil pour ce qui n’est finalement que notre 13ème ALICE COOPER, avec l’intemporelle et délicieuse sensation que ce n’est que le premier…

Les potentielles 20.000 places de l’open air du Zénith se dégarnissent quelque peu le moment venu pour JUDAS PRIEST de partir à l’attaque d’une prestation sans faille de 90 minutes également. A l’heure précise, l’immense banderole qui masque partiellement la scène s’évapore dans les airs en une fraction de seconde, aspirée telle un spaghetti géant par le siphon buccal d’un invisible monstre planqué dans le lightshow ! Bam-bam-bam : à l’instar du very best of servi par ALICE COOPER, un soupçon du dernier album (d’entrée de jeu) viendra saupoudrer une set-list se résumant à un best of the best of de JUDAS PRIEST mené par un Rob HALFORD arpentant comme à l’accoutumée la scène de gauche à droite et de droite à gauche, le micro coincé entre ses deux mains jointes et le regard la plupart du temps fixé au sol.

D’une surprenante forme physique, HALFORD témoigne d’une plus surprenante encore voix, nous gratifiant de vocalises d’une époque que l’on pensait révolue et servies par une sono puissante mais parfois écrasée comme ce fut déjà le cas pour le COOP’. A l’inverse, la basse du vétéran Ian HILL est comme rarement mise en exergue tandis que l’emblématique The Hellion / Electric Eye est l’occasion de rendre le traditionnel hommage par vidéo interposée à KK Downing, figure centrale du groupe avant son départ. Les allusions et références à Birmingham tout au long du show semblent être devenues elles aussi le leitmotiv absolu du mythe fondateur de la BWOHM que sont JUDAS et les pères spirituels du SABBATH.

Les Metal Gods du PRIEST, tout de cuir vêtus, ont une nouvelle fois frappé fort ce soir, très fort. Denim & leather for ever ? On peut se poser la question en constatant que la plupart des pointures au programme de ces trois jours de Heavy Weekend Nancy (de Deep Purple à Scorpions et d’Alice à Judas) affichent tous une respectable septantaine bien entamée. Si l’avenir est devant nous, le leur est assurément derrière eux. Et derrière nous aussi, finalement…

Now online : PROPHETS of RAGE + Patti SMITH + AIRBOURNE + FOALS + TWENTY ONE PILOTS + … @ Festival Cabaret Vert 2019

Une faction de choc de l‘Armée Zapatiste de Libération Nationale était sur les planches de la scène Zanzibar du Cabaret Vert – édition 2019.
Arm the Homeless ! Ou un jeudi de lutte populaire pas comme les autres dans les Ardennes françaises, avec pas moins qu’un diplômé en sciences politiques de Harvard à la manoeuvre…

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Tom MORELLO n’a rien perdu de sa verve et de sa superbe, menant tambour battant un PROPHETS OF RAGE comme au meilleur de RAGE AGAINST THE MACHINE. Now online… et en sus quelques clichés en primeur dans notre galerie. Et il n’y a pas que PATTI SMITH ou AIRBOURNE qui y tiennent la pose…

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PROPHETS of RAGE – KNUCKLE HEAD – TWENTY ONE PILOTS – … @ Festival CABARET VERT 2019, Charleville-Mézières (jour 1)

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Chaque décennie, quelques albums emblématiques traduisent l’état de la société, marquent les esprits par leur empreinte ou sont le reflet d’une civilisation, d’une époque, d’un mouvement ou d’un courant. L’album éponyme de RAGE AGAINST THE MACHINE fait partie de ces quelques rares albums (et pochettes) qui ont imprimé leur marque indélébile sur toute une génération, sur toute une frange de la population, sur tout un pan de la société. RAGE AGAINST THE MACHINE, c’est un emblème, un symbole, une icône. Un état d’esprit.

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RATM, c’est le Che Guevara du metal-fusion-rap-funk. Et toute la rage destructrice de PROPHETS of RAGE est contenue dans son cri primal, dans ses riffs, dans ses lignes de basse qui dénoncent l’injustice sociale et sociétale, l’exploitation du faible, l’oppression des minorités, les injustices du capitalisme. Dans les années ’90 et 2000, la lutte anti-impérialiste de Los Angeles à l’Afrique du Sud a(vait) un nom et un visage: RAGE AGAINST THE MACHINE

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En réaction à la campagne présidentielle de Donald TRUMP, se (re)reforme en 2016 à Los Angeles PROHETS OF RAGE. Mené par Chuck D. de Public Enemy et B-Real de Cypress Hill, le groupe est complété par DJ Lord de Public Enemy également et surtout (surtout !) trois des quatre membres de RAGE AGAINST THE MACHINE : Tom Morello, Tim Commerford et Brad Wilk. Est-il possible de faire mieux dans le genre super-combo? C’est la grande classe internationale, qui ce soir nous balance ses titres les plus mythiques avant de nous asséner le coup de grâce avec son Killing in the Name. En live, l’effet est encore plus dévastateur que sur la galette qui l’a enfanté et qui avait en son temps retourné la planète.

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RAGE a plein de chose à nous dire sur l’état de l’Amérique et du monde, et ils ne sont pas contents. Pas contents du tout. Ils ont la rage et nous la déversent avec violence sur la scène du Cabaret, prenant d’ailleurs fait et cause pour le combat des Gilets Jaunes. L’album RAGE AGAINST THE MACHINE nous avait à l’époque retourné, au tout début des nineties, tant le combat porté et mené par RATM n’avait laissé personne indifférent. Aujourd’hui sur scène, leur musique n’a pas pris une ride. Pire: la violence de leurs dénonciations et leur combat pour une plus grande justice sociale n’ont jamais été d’une si tragique actualité: racisme, capitalisme et mondialisation connaissent leur public enemy: PROPHETS OF RAGE.

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Tous les bands ne peuvent pas se targuer d’avoir comme leader un guitariste diplômé en sciences politiques de Harvard qui déboule sur scène le poing serré, brandi haut en l’air: le ton est donné avant même le premier riff. Aaaaah, Morello et ses légendaires interludes de scratching, ses solos tour à tour funkys et frénétiques quand pas carrément speed metal. Le phrasé rap incisif originel de de la Rocha est fidèlement rendu par les deux transfuges de Public Ennemy et de Cypress Hill. Quant au funk-jazz-fusion de la basse de Commerford, il se (con)fond avec la rythmique funk et puissante partagée avec Wilk à la batterie. Géant, et non sans nous rappeler le souvenir d’un concert unique d’AUDIOSLAVE avec ces mêmes gaillards encadrant à l’époque feu Cris Cornell. Un monument. Des légendes. Clap final.

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Sur la scène Razorback, KNUCKLE HEAD nous plonge dans les grandes plaines de l’Ouest, nous immerge dans les marécages du Deep South, Les grosses mécaniques, le cambouis, le soleil qui tape dur sur le crâne en pleine sieste sur une chaise à bascule grinçante. Pas de doute, c’est l’Amérique. Les Etats-Unis d’Alsace, même, avec ces deux compères tombés dans la marmite d’un blues rock déjanté, et d’ailleurs plus électrique, plus méchant, plus graisseux et plus sexy que bluesy. On adore. Tout l’antithèse de TWENTY ONE PILOTS

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TWENTY ONE PILOTS précisément – ou un pop-rock ultra-léger tout ce qu’il y a de plus mainstream. On ne connaissait pas vraiment, mais en pénétrant dans le pit-photo, on a de suite compris à la seule vue de toutes ces jeunes filles se pressant contre les barrières du front-stage. A leurs cris stridents coïncidant avec l’entrée en scène du duo from Ohio, le petit doute (ou plutôt le petit espoir) qui subsistait en nous s’envole bien vite, loin, très très loin…

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Mais c’est ça aussi, l’adorable et le légendaire éclectisme qu’offre année après année l’affiche du CABARET VERT

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FIELDS of ROCK – 18 juin 2005 – Nijmegen (Holl.)

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A heavy day in the park, annonce le ticket. Et de fait: sous un soleil de plomb, nous relions Nijmegen pour y passer une heavy journée dans le parc en plein centre ville. Et il n’y a que de belles et grosses pointures à l’affiche de ce heavy day in the park. Nous nous concentrons sur deux des quatre scènes, et notre premier combo de la journée est PAPA ROACH qui laisse bien vite place à MOTORHEAD.
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SLAYER prendra ensuite la relève : quand je dis que c’est une journée heavy, c’est une heavy journée ! Aussi lourde que le soleil tapant sur les têtes… Le cheveu dans la soupe qui s’en suivra s’appelle VELVET REVOLVER qui tente tant bien que mal – mais sans jamais y parvenir – de prendre dignement le relais de Gun’s & Roses.
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Mais les compositions du Velvet ne sont pas à la hauteur et qu’on l’aime ou non, Axel Rose reste un pivot essentiel du band. Sans lui, c’est comme Thin Lizzy sans Phil Lynott, c’est comme AC-DC sans Bon Scott, c’est comme un pastis sans glaçon, c’est comme une belle fille sans cervelle (quoique…). Ma surprise de la journée, et je pèse mes mots, est la prestation d’AUDIOSLAVE : la claque du jour. Un véritable grand et beau moment avec Chris Cornell aux vocals. De quoi introduire magistralement la grosse pointure de la soirée : BLACK SABBATH, featuring le line-up original et originel. Ozzy est fidèle à lui-même dans toute sa splendeur – ou dans toute son horreur, c’est selon… – Tony Iommi est implacable et parfait, et la rythmique avec Geezer Butler et Bill Ward assure sans faille : du tout, tout, tout grand Black Sabbath, c’est sûr !

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RAMMSTEIN qui clôture les festivités (et par la même occasion le festival) reste un moment, disons, particulier même si musicalement nous ne sommes pas dans la même catégorie ni dans le même registre. Pyrotechnie et mise en scène flamboyantes et fumeuses sont bien au rendez-vous, et le show dans toute sa splendeur est conforme aux attentes du public. Reste maintenant que, musicalement parlant, nous verrons dans quelques années si nos lascars passent la redoutable et implacable épreuve du temps : celle qui fait que l’Histoire – et le public – se souvient de vous…