Nos Norvégiens préférés ont donc emballé une fois de plus Het Depot avec leurs plages psychédéliques lourdes et indisciplinées comme on les aime, avec un de ces longs concerts aventureux qui part dans tous les sens, parfois même au sein d’un seul morceaux. MOTORPSYCHO ne reste jamais dans sa zone de confort musical, combinant expérimentation et morceaux plus accrocheurs, puisant avec dextérité et puissance dans tout ce que la musique occidentale a pu produire au cours des décennies écoulées. Mais en faisant en même temps toujours incontestablement du Motorpsycho, allez comprendre. Et toujours dans cette p… de semi-obscurité pour empêcher les objectifs de travailler comme il se doit.
On ne sait jamais combien de temps va durer un show de MOTORPSYCHO. On ne sait jamais pour combien de temps on est parti et ce soir ne fait pas exception: des heures. Et quand on dit des heures, ce ne sont pas deux… Le show est annoncé en deux sets avec une interruption d’un quart d’heure après 90 minutes, en soulignant bien qu’un rappel est en outre prévu à l’issue du second set. Des heures, qu’on vous dit: on ne se refait pas, MOTORPSYCHO non plus et c’est heureux.
Un Mellotron stage-left, un Hammond stage right, tout est dit: même un sourd saurait ce qui l’attend. Le trio devenu quatuor sur scène pour un meilleur rendu nous emmène ainsi dans un trip qui se poursuivra le lendemain avec leurs comparses à l’affiche de ces 25 Years of Orange Factory dont ils assurent ce soir l’ouverture en fanfare. Et quand on parle de fanfare, on parle bien de space, de desert et de psychedelic rock bien wachoté dans un shaker et déversé avec finesse et lourdeur sur scène. Et que dire de cette ligne de basse: un mur du son surdimensionné qui, par ses loops et ses spirales, renforce l’hypnotisme ambiant dans lequel nous emmène déjà un écran aux images totalement psyché. Vous reprendrez bien un peu de LSD…?
Un décoiffant zeste de classic-hard vient pimenter cette sauce déjà chaudement relevée quand MOTORSPYCHO nous balance dans les gencives une dantesque reprise de Rock Bottom. Et nous pensons à ce moment à toute notre chance d’avoir pu assister cet été à la prestation d’UFO au Hellfest, avant que le band ne mette prématurément un terme définitif à sa toute aussi définitive tournée d’adieu – crise cardiaque de Sir Phil Mogg oblige.
MOTORPSYCHO n’en est pas encore là, et les nordiques demeurent bien seuls maîtres à bord dans un style qui n’a pas son pareil, aussi difficile à résumer qu’impossible à décrire sans en réduire toute sa richesse et sa subtile complexité. Si beaucoup ont tenté de les imiter, pas un seul n’a encore réussi, quoique la concurrence sera rude demain sur les mêmes planches avec Monkey3, Elephant9 et Hypnos69. Mais c’est quoi cette manie des chiffres ?! MOTORPSYCHO est le numéro gagnant, punt aan de lijn comme on dit ici.