Pas en grande forme vocale, le Einar Solberg. C’est du moins ce qu’il répète à l’envi ce soir sur la scène du Rockhal Club. Bien que nous ne souffrions pas (encore) de troubles du conduit auditif, il n’en parait fichtrement rien. Norwaygian Power ?!
Tout l’inverse d’un Erwan en forme olympique, dopé à la Maes et à d’autres bières fumées backstage peut-être (sic). ATOMIQUE DELUXE en condition détonante et (un peu) brouillon comme on l’adore, est de retour aux affaires après une bien trop longue traversée du désert. Full review & pix now online et bien sûr toujours dans notre galerie de portraits…
Notre premier et dernier LEPROUS ici-même en 2021 nous avait réservé la surprise du chef en la personne(s) de WHEEL qui officiait en première partie. On ne peut pas être gagnant à tous les coups dès lors que les jeunes Anglais de MONUMENTS ne parviennent pas à rééditer l’exploit, nonobstant la richesse et la relative complexité de leurs compositions.
Elles ne nous laissent pas indifférents, mais pas autant soit dit en passant que le spectre spectaculairement large du lead vocals qui balaie une étendue de registres peu commune bien que pas toujours opportune. Et pour être exhaustif, nous ne nous étendrons pas davantage non plus sur KALANDRA qui ouvrait précédemment les hostilités en tout début de soirée: notre tasse de thé n’est tout simplement pas faite de la même graine, ce qui n’enlève rien à la qualité de chacune.
LEPROUS fait le boulot, ni plus, ni moins. Les constructions parfois alambiquées des Norvégiens ont tout pour plaire – même si se revendiquer de Porcupine Tree est manifestement un tantinet exagéré – jusqu’au moment où les lead vocals, encore une fois elles, déversent régulièrement la goutte d’eau horripilante qui fait déborder le vase.
Un peu à la manière d’un Glenn Hughes qui se fourvoie dans ses vocalises les plus irritantes qui soient, faisant comme retomber le soufflé. Le chant de EinarSolberg, s’il dispose certes d’une tessiture peu commune, ne fait pas oublier que LEPROUS fait donc du prog bon teint. Ce qui est à la fois le meilleur compliment comme le pire…
Après Alex Henry FOSTER le mois dernier en opening act de The Pineapple Thief à l’Ancienne Belgique, voici venu ce soir le tour d’une autre première partie à nous ébouriffer: WHEEL, en ouverture de LEPROUS. Et nous pouvons nous estimer doublement heureux et chanceux de découvrir ce quatuor scandinave au vu de leurs récentes déconvenues: concert londonien annulé la semaine dernière suite à l’arrivée tardive de leur matos (tracasseries sanitaires administratives) et show parisien annulé avant-hier, leur tour bus ayant été retardé des heures durant à la frontière française pour cause de vérifications… covid.
Cette crise sanitaire sans fin ne nous épargnera donc décidément rien. Quant à nous, estimons-nous ce soir trèèèèès heureux et privilégiés d’assister à ce concert en configuration tout à fait normale (càd pré-covid) à quelques minutes seulement de route de notre cher Royaume où le monde de la nuit et tout le secteur culturel e.a. viennent précisément de repasser sous embargo sanitaire avec son cortège d’annulations.
WHEEL nous réserve la surprise du chef avec un set tout ce qu’il y a de plus toolien. Deux albums seulement à leur actif, mais quels albums ! Dans la plus pure veine de TOOL comme s’ils étaient tombés dans la marmite des Californiens quand ils étaient petits, le quatuor explore des voies complexes, riches et lourdes que les originaux ne renieraient pas, lyrics et longueur des morceaux y compris. La prestation de WHEEL est empreinte d’une maturité et d’un professionnalisme inversement proportionnels au jeune âge de la formation et de sa plus que maigrichonne discographie. La richesse de leurs compositions, la propreté, la puissance, la justesse et la finesse de leur exécution délaissant tous les gimmicks du genre laissent présager le meilleur qui soit pour ce quatuor, pour peu qu’il en plaise aux dieux et surtout au majors du rock’n’roll circus. Ce soir, les maîtres-artificiers avaient pour nom WHEEL.
Cet opening act affecte indubitablement le set de LEPROUS qui, en toute subjectivité, souffre quelque peu de la comparaison alors même qu’ils justifiaient à eux seuls notre présence. Non pas que LEPROUS passe à côté de sa prestation ou rate la montre en or, mais le live accentue manifestement ce qui pourrait déjà agacer certains sur la platine: l’excès de vocalises exacerbe là où elles pouvaient déjà irriter.
A l’instar d’un Glenn HUGHES qu’on apprécie bien plus en studio que sur les planches: à force de trop tirer sur la corde, à force de vouloir trop en faire, bardaf c’est l’embardée – qui fait le malin tombe dans le ravin. D’autant plus regrettable que les compositions de LEPROUS valent bien mieux que cette prestation sur la longueur limite irritante de par ses seuls vocals, déteignant in fine sur le produit fini et le package global. Si l’excès nuit en tout, la sagesse est de savoir jusqu’où ne pas aller trop loin. Et loin, c’est loin de nous l’idée de jeter le bébé avec l’eau du bain – quoique s’il iodle de la sorte…
Now online: WHEEL & LEPROUS à la Rockhal de Esch-sur-Alzette. Ou quand un opening act déchire à nouveau grave et envoie la sauce – et plutôt une virile samouraï qu’une fade mayonnaise. Premiers instantanés déjà dans notre hall/wall of fame.