DONKEY ROCK FESTIVAL, 10ème ! Ou quand un village d’irréductibles bénévoles se la joue Woodstock depuis 10 ans par la grâce, la magie et le charisme de ses joyeux doux-dingues (ou fous-furieux) organisateurs. Sélange ? C’est le bled au festival où les têtes d’affiche de ce vendredi 07 août 2015 te font la bise backstage pour te saluer alors que t’es uniquement là pour prendre mine de rien quelques clichés, incognito. Ca donne franco le ton: on fait couleurs locales sans s’prendre la tête ni l’bourrichon ici au Donkey, on est en famille, entre potes.
A l’affiche du premier des trois jours de cette édition 2015, quatre groupes dont la trajectoire se confond presqu’avec la jeune histoire du festival : les Français de SIDILARSEN et ceux de TAGADA JONES, ainsi que les locaux d’AN ORANGE CAR CRASHED (AOCC) et les brusseleers de CRIBLESS. Ajoutons en ouverture de festival quatre jeunes du cru arlonais/néo-louvanistes (The CARROLLS) et la messe est dite. Si les garnements de CARROLLS à la coiffe indienne ne font pas dans la dentelle ni ne se prennent surtout pas au sérieux niveau lyrics (on est étudiants LUX ou on ne l’est pas…), AOCC continue au contraire d’utiliser la scène pour distiller sa propagande musicale à tout crin contre l’industrie du disque, contre les majors, etc. Si An Orange Car Crashed est une arme de destruction massive et vomit sur tout le système, la richesse de son approche musicale compense largement pour qui n’adhère pas au discours, ou pour qui ne vient tout simplement pas ici pour se prendre la tête…
Donkey, 10 ans d’existence, TAGADA JONES: 20 années. Deux décennies de conscience sociale, d’engagement politique et d’indépendance. Avec leur chant enragé et engagé, avec leurs textes militants, les thèmes de TAGADA JONES restent graves, la vision terriblement lucide, et l’ensemble brosse un portait plutôt sombre de la société actuelle (dixit le programme).
Et de continuer: "entre conscience sociopolitique affûtée et virulence sonore, porté par des refrains fédérateurs et des guitares mordantes, TAGADA JONES demeure plus violent, plus revendicateur, plus pertinent et plus incisif que jamais ".
Et que dire des Bretons côté backstage… TAGADA JONES est à l’image d’une fratrie faisant montre d’une complicité fusionnelle au moment de franchir le rideau noir qui les sépare de la scène. Puis toi, t’es là incognito pour tirer quelques clichés, et ils t’entraînent parmi eux au milieu de leurs effusions comme si tu pouvais apporter plus d’énergie encore à ce volcan en ébullition. Le temps d’un instant, tu es TAGADA JONES. Fort. Puissant…
Dans le stress ou plutôt dans l’excitation du moment, celui de passer de la pénombre à la lumière, ils s’épaulent, s’accoladent, trinquent, fument, s’émulationnent, se congratulent, se frictionnent… Mental & physical training d’un escadron en passe de livrer un nouveau combat victorieux.
SIDILARSEN: rock, métal ou electro? Il y a un peu plus, je vous l’ mets? Le Donkey annonce une orgie de son et de sens dans ta face, et de fait: après les textes et l’énergie brut de décoffrage d’OACC et de TAGADA JONES, les Toulousains continuent de fournir au Donkey une caisse de résonance sans nulle pareille. Le message est amplifié – au propre comme au figuré – par une sono qui porte ce soir le message bien au-delà des frontières communales.
SIDILARSEN est à TAGADA JONES ce que les amphétamines sont à l’acide, ce que le Lolo est au Bots, ce que le souffre est au salpêtre et ce que la menthe est au rhum: bien conjugués et bien dosés, c’est une bombe. Effets dévastateurs d’une salvatrice et rédemptrice tuerie…