TAGADA JONES @ Donkey Rock Festival & Ritchie BLACKMORE’s NIGHT @ Wiltz Castle : aussi sur notre FACEBOOK
Étiquette : Blackmore s Night
Il était une fois, il y a 20 ans déjà, un petit lutin au tempérament ombrageux que d’aucuns surnommaient Dark Knight. Son côté (parait-il) obscur et irascible n’avait néanmoins pas eu prise sur le fait que ceux-là mêmes qui le considéraient comme tel avaient fait de lui un des premiers guitar heroes de l’histoire du rock’n’roll.
Après avoir été le géniteur, deux-trois décennies auparavant, de quelques uns des riffs les plus universellement célèbres qui soient encore aujourd’hui, il avait – en ces temps quasi immémoriaux déjà – jeté les fondements d’un courant musical toujours vivace aujourd’hui et dont il demeure à l’origine avec ses corélégionaires de BLACK SABBATH ou de LED ZEPPELIN notamment…
Il y a 20 ans donc, en 1997, ce Dark Knight nous fait son coming-out et sort du bosquet avec Madame La Belle au Bois Dormant. Et le petit lutin qui sommeillait secrètement en lui éclate au grand jour pour se faire ménestrel quand pas – pire – troubadour. Et c’est à partir de ce moment-là que tout partit véritablement en couille – du moins pour les graisseux…
Ce soir dans l’assemblée, les deux coiffés d’une casquette RAINBOW, les trois porteurs d’un t-shirt DEEP PURPLE et l’heureux propriétaire d’une vareuse estampillée DIO perpétuent le souvenir de cette glorieuse époque que les moins de 30 ans ne peuvent pas connaître, quand le tri-phasé et les Marshall régnaient en maître là où aujourd’hui, sur scène, viole et autres luths se taillent la part du lion qui ne rugit plus.
Cette soirée "Compagnie Créole" à la sauce médiévale anglaise est probablement la dernière que nous passons avec le pourtant respectable et respecté, honorable et honoré, incommensurable et incommensuré Sir BLACKMORE aux fourneaux. Le première service qu’il nous avait lancé il y a quelques années au Château de Beaufort avait été difficile à ingurgiter sur la longueur; la repasse de ce soir est d’autant plus indigeste qu’elle l’est plus rapidement encore.
Pourtant, les premières minutes sont des plus qu’agréables, et le timbre extraordinairement cristallin de Candice NIGHT est tout aussi remarquable que sa plastique peut être agréable. On ne s’en lasserait pas, si ce n’est que notre ouïe a un seuil de tolérance manifestement moins élevé que notre vue. Et à ce titre, les compositions de notre ménestrel de service tiennent indubitablement moins bien la route que ce à quoi peut pourtant prétendre sans conteste l’ensemble de son remarquable répertoire.
Si le pedigree de Ritchie BLACKMORE impose sans conteste le respect, il faut reconnaître que même les purs-sangs ont des séquences ADN qui peuvent déraper. Ces mutations génétiques, incompréhensibles même aux yeux des plus grands généticiens, semblent manifestement s’être produites il y a bien (trop) longtemps chez sieur BLACKMORE.
… bien que ce soit Ritchie BLACKMORE’S NIGHT et son road crew qui sont de passage au Château de Wiltz (Grand-Duché de Luxembourg) par un beau mais frais soir d’été, ce 05 août 2017. Review maintenant en ligne et autres clichés sur notre Facebook. Et déjà, tribute to the road crew, hommage à ces femmes et à ces hommes de l’ombre et de la nuit :
Château de Beaufort, deuxième. Un pass-photo illisible, par la pluie détrempé : l’effet MAGNA CARTA… Non content seulement de taper sur les nerfs comme hier, le trio parvient à déchirer cette fois le ciel et à déchaîner les éléments à défaut des passions. Il pleut durant 40 minutes ce soir, de 20h00 à 20h40, c’est un signe – juste le temps de cette prestation qui, plus courte que celle d’hier soir même heure même endroit, a néanmoins le triste privilège d’être d’une pénibilité et d’une lourdeur comme c’est Dieu pas possible. Du folk tout ce qu’il y a de plus creux et de plus stérile, abyssalement vide, magistralement inodore et remarquablement incolore. Chapeau à ce trio de momies lyophilisées, car il faut réellement faire preuve d’une réelle maestria et d’un brio exceptionnel pour réussir à atteindre une tel sommet dans la vacuité la plus totale. Sans parler de leur humour corrosif digne du plus nullissime Roland Magdane, et de leur jeu de scène sauce poulpe et lombric assis sur trois tabourets. Du plancton (bis repetita placent). Nevermind : 21h00, Ritchie BLACKMORE déboule sur scène – non sans l’avoir déjà traversée discrètement 5 minutes plus tôt, poussant une… brouette (?).
Collant noir, bottillons et parfait attirail du trouvère des temps modernes, cela fait déjà 15 ans qu’il s’est offert son coming out Renaissance, le Ritchie : a se demander comment il a pu durant de si longues années auparavant tromper son monde à la tête de deux monuments – et le mot est faible – qui ont marqué de leur empreinte indélébile l’histoire du rock’n’roll et façonné la culture musicale de plusieurs générations. En ce qui me concerne, il s’agit de mon premier face-à-face avec l’énergumène : je n’imaginais pas si prenant l’effet Blackmore, devant un tel doigté, face à un tel touché de guitare.
L’amplification à peine présente par moment, une mouche volant aurait à peine troublé les notes cristallines, toutes lentes et délicates, à peine perceptibles, comme sortant de ses 10 doigts flottant sur le manche de sa guitare à l’image d’une brume matinale glissant paresseusement sur les contreforts de cette Petite Suisse luxembourgeoise. Touchy. A constater par vous-mêmes, à partir de la 13ème minute par exemple.
Quelques dizaines de Robin des Bois et autres guignols se revendiquant plus de Hubert de Montmirail que de Jacquouille la Fripouille prennent place aux premiers rangs. Il faudra néanmoins attendre la dernière demi-heure de ces deux heures et demi de concert pour que – enfin ! – ces premiers rangs se lèvent et investissent, religieusement et disciplinés, le no man’s land qui les sépare de la scène qu’aucune barrière ne défend: sans connaître les plaisirs d’un toucher rectal, il n’en demeure pas moins qu’elle est ô combien voluptueuse la jouissance du toucher de scène, si rare de nos jours ma p’tite dame, oh! que oui.
Néanmoins, il faudra quand même un jour que la Faculté se penche sur la pathologie "Ritchie Blackmore". Après avoir composé ce qui est sans doute LE riff de rock le plus connu de la planète puis quitté ce groupe mythique (et un autre tout aussi emblématique par la suite), ce génial trans-sexuel de la musique s’est mué par je ne sais quel damné sortilège en troubadour des temps modernes pour se la jouer ménestrel à la sauce moyenâgeuse. Blackmore a troqué les Marshall pour la mandoline et le cuir pour la feutrine : quel est le cheminement intellectuel ou l’état de santé mental qui a pu être à l’origine de ce revirement (de ce gâchis?)?
Comment cette nature "Renaissance" enfouie au plus profond de lui-même, refoulée durant tant d’années, a-t-elle pu ressurgir un beau (triste?) matin ? Une trépanation s’impose à tout le moins, Docteur. Certains s’offre une crise de la quarantaine nettement moins violente ! Mais ne renions pas le plaisir de côtoyer l’homme : l’effet Blackmore vaut toutes les voluptés du monde, à l’image de celle des lieux – les ruines du Château de Beaufort. Certain que ce cadre aurait séduit son vieux comparse Jon Lord, clavier de Deep Purple, qu’on enterre ce soir-même. L’exceptionnelle pureté sans pareille de la voix de Candice Night et le violon aérien qui déchire cette vallée de Beaufort plongée dans la nuit auraient eu toute leur place à ses obsèques, for sure. Play, Minstrel, play…