Sold out @ Ancienne Belgique, Bruxelles – 01 février 2017
Étiquette : Beyond The Black
Comme un parfum de carnaval flotte ce soir dans une Ancienne Belgique sold out: POWERWOLF fait des émules à Bruxelles, et c’est loups garous & vampires, maquillage & piercings à tous les étages.
On ne peut pas dire que l’accoutrement des teutons de POWERWOLF soit particulièrement séduisant, mais disons qu’il colle assez bien à une bande son et à un décorum en phase. Le tout tient assez bien la route et est cohérent, du moins pour qui ne trouve pas cela grand-guignolesque.
Les rengaines un peu faciles et simplettes ont néanmoins de quoi charmer un instant. Sur la longueur, le constat est plus mitigé et le style POWERWOLF devient assez vite aussi lourd que monotone. Le répertoire pêche par manque de renouvellement, et là réside toute la différence entre des musiciens éclairés et des compositeurs inspirés, et de bons exécutants et d’excellents entertainers mais sans le génie nécessaire au renouvellement du style…
L’objectif de notre Canon prend dès lors plus de plaisir que nos tympans face à ce carnaval avant l’heure dans une salle au répondant immédiat et impressionnant. Il y aurait de quoi, pour EPICA en coulisses, de redouter d’affronter un public qui semble manifestement tout acquis à POWERWOLF…
1h10′ de POWERWOLF: pas mal pour une soi-disant première partie… Les Allemands font ensuite place nette à EPICA en sa qualité de seconde tête d’affiche d’une rencontre au sommet de power métal et de métal (dit) symphonique. Le sextet hollandais navigue entre black metal, power metal, gothique et classique, toujours emmené par la flamboyante Simone Simons au chant.
Sa voix demeure remarquable même sur la longueur, et scintille gaiement en alternance avec quelques rauques grognements émanant occasionnellement de l’organe de ses mâles comparses. Ce style pompeux a ses adeptes, tout comme le mélange des genres après lequel nous ne courons pas particulièrement. Cependant, force est de reconnaître que les kaas excellent en la matière et sont devenus une sacrée référence à ce titre.
A choisir (mais pourquoi choisir ?!) entre EPICA et BEYOND The BLACK qui officiait en tout début de soirée, nous optons pour les Hollandais comme nous pencherions plus pour la raclette batave que pour la choucroute teutonne – quoique les deux soient indigestes à trop forte ration. S’il faut également trancher entre le lard et la couenne, même s’il n’en est ici nullement question, la plus que charmante Jennifer Haben prend cette fois le dessus sur la Hollandaise.
Le style d’EPICA pourrait tendre vers le gothic métal même si le groupe préfère se décrire plutôt comme un groupe de métal symphonique à voix féminine. Et force est de reconnaître que la formule a l’avantage d’attirer dans le public une proportion inhabituelle de représentantes de la gent féminine – ce qui est tout sauf déplaisant, à l’instar des audiences de Nightwish ou de Within Temptation par exemple.
Nous avions précédemment rencontré EPICA en 2014 et cette première nous avait séduit – on se souvient toujours de la première fois… La redite de ce soir ôte l’effet de surprise et c’est comme si le charme n’agissait plus de la même manière. Il y a des films qu’il ne faut pas revoir car la magie n’opère plus identiquement à la seconde projection; faut-il croire qu’EPICA est de cette veine, ce qui n’enlève strictement rien à la première…
Foule des grands soirs à la Rockhal : SABATTON en sold-out dans le Club, et The SCORPIONS qui font quasi de même dans le main hall. Le n°1 de l’Avenue du Rock’n’Roll n’a décidément jamais aussi bien porté son nom… En 2012 ici-même, assistions-nous (ici) à la tournée d’adieu de SCORPIONS – The Farwell Tour. Quatre ans plus tard, même endroit, même heure, les Teutons sont toujours à l’affiche. Allez-y comprendre quelque chose, ma bonne dame, et un jour où l’autre viendra néanmoins la tournée de trop, le concert de trop.
Ne nous méprenons pas sur ce qui suit: nous a-do-rons The SCORPIONS. Mais époque Herman R., Francis B., Michaël Sch. et Uli Jon R. surtout… Si ce n’est pas la tournée de trop ce soir, le show de trop de Klaus Meine ne semble pas si éloigné que cela dans l’avenir. Comme éteint ou à tout le moins mauvais comédien ce soir, il est peu convaincant. Si ses vocals demeurent certes au top, ses sourires sont comme qui dirait forcés et ses harangues ont un arrière-goût artificiel de production de masse ressassée 50 ans durant.
Quelle est la pénibilité faîtière d’un concert de SCORPIONS ? Le spectacle affligeant et désolant du préposé à la batterie, ou ces interminables moments-guimauves qui semblent attirer ces milliers de spectateurs et autres rombières qui ont fait le déplacement et cassé leur tirelire (lire, tirelire la) ? Si ces – habituels – bémols mainstream nous sont de plus en plus pesants au fil des années, il n’y a cependant rien à jeter des deux autres tiers du show.
Une set list bien musclée nous promène efficacement dans le dédale des décennies passées du vrai SCORPIONS, rehaussée d’un impressionnant visuel toujours (très) haut de gamme. La preuve en est, ce rouleau compresseur n’est pas du goût de toutes les oreilles – notamment féminines – qui passent de la guimauve à la charpie, qui virent de rose Barbie à rouge-sang. Sachez Mesdamekes que figurent au tableau de chasse de SCORPIONS de véritables tueries et non pas seulement de crapuleuses minauderies. Et que oui, le scorpion peut méchamment user de son dard quand il décide d’encore piquer: c’est la blitzkrieg à tous les étages, wunderbar !
Une fois n’est pas coutume, la ligne de basse est tout aussi agressive qu’omni-présente, inversement proportionnelle à un Pawel Maciwoda aussi transparent qu’insipide. Il assure de la sorte sur scène le parfait (?) pendant d’un Matthias Jabs peu enjoué ce soir dont l’enthousiasme et l’entrain semblent dorénavant plutôt relever d’un formalisme de bon ton. Comme toujours (mais pour combien de temps encore ?), Rudolph Schenker irradie et demeure le showman flamboyant de service. Leader incontesté, arpentant la scène de long en large, il semble porter et assurer à lui seul le show en déployant tous ses artifices de guitariste chevronné à qui on ne la fait plus. Restera maintenant à compter les années durant lesquels ce cirque continuera de tourner, avec pour fauve un seul véritable équilibriste à la manoeuvre entouré de figurants sur le départ (… ou sur le retour).
Même s’il ne faut pas cracher dans la soupe de scorpion, la tambouille symphonique épique de BEYOND the BLACK qui officiait en première partie était d’une affligeante banalité parsemée de lieux communs cent fois éculés. C’était déjà le présage d’un menu peu équilibré où la cuisine de fin gourmet côtoyait ce soir la grosse bouffe de cantine. Ce 50th Anniversary Tour est probablement l’occasion de mettre définitivement un terme à la carrière de SCORPIONS avant qu’il ne soit définitivement trop tard, et que surtout la tournée suivante ne gâche ce qu’il reste de réel plaisir. Dans le cas contraire, pourraient ne demeurer sur piste que trois lévriers en bout de course et un morpion grassouillet entourant tous les quatre un félin racé, génial équilibriste et frontman hors pair: le décorum ne suffira alors plus à compenser…
(Photos © 2010, 2012, 2015 et © 2016 pour les clichés non-datés)