Maintenant en ligne : l’ouragan AIRBOURNE @ Den Atelier, Luxembourg – 19 juin 2017 :
Étiquette : Airbourne
Si s’éclater des canettes de bière sur le crâne et, la guitare en bandoulière, jouer les voltigeurs fous par-dessus la structure de la scène est synonyme de dérangement mental ou de dérèglement neurologique grave, Docteur, alors AIRBOURNE est à la fois totalement dérangé et profondément déréglé. Si ce n’est que ce soir, l’étroitesse de la scène ne permet ni l’installation de leur traditionnel mur de Marshall – LE mur du son – ni les aussi inutiles que folkloriques acrobaties de O’Keefe (O’Keefe, on le kiffe…).
31° à l’extérieur, et combien plus encore à l’intérieur de Den Atelier ?! L’Australie s’invite ainsi à Luxembourg sur une scène bien, bien trop exiguë pour contenir toute l’explosivité d’AIRBOURNE, déjantés parmi les déjantés, possédés par les esprits du rock’n’roll parmi tous les possédés de la terre. AIRBOURNE est une équation sans inconnue. AIRBOURNE, c’est l’alpha sans l’omega : on sait où ça commence, on ne sait pas où ni comment ça se termine. Ou plutôt si, on ne le sait que trop bien…
Le sillage d’AIRBOURNE, ce sont les bières fraîches, les filles hot et un hellraising r’n’r toutes aiguilles dans le rouge. Les bad-boys & party-animals Australiens demeurent à un niveau – sonore et autre – rarement atteint, et surtout s’y maintiennent sans perdre une once de leur énergie et toujours sans compromission aucune: de vrais adolescents attardés dans toute la positive, explosive et plénitude acception du terme, une bande d’adorables morveux et de sales gamins comme on les a-do-re…
L’escadrille AIRBOURNE a compris depuis belle lurette qu’on peut déclencher un tsunami avec seulement trois accords. Et quand on utilise une capsule de bière (australienne) en guise de potard de volume sur sa gratte, ce n’est pas juste pour avoir l’air cool. En sueur et dégoulinant de bière, elle a une utilisation ô combien pratique lorsque tu utilises ton petit doigt qui, autrement, glisserait avec un potard Gibson standard. S’il fallait y penser, AIRBOURNE l’a fait….
Une fois n’est pas coutume, la prestation de AC ANGRY franchit le stade "passable" pour acéder au niveau "acceptable". Qu’en sera-t-il de la prochaine de ces infatigables porteurs d’eau, de ces éternels Poulidor de première partie ?!
RAMBLIN’ MAN FAIR, deuxième du nom – et seconde journée, dans le désordre.
Du haut de ses 72 berges, Gary Brooker, concentré à l’extrême, est assis sur un tabouret, les yeux perdus dans le vide… Concentration, concentration. Le tableau dure, dure et a duré une éternité avant que ne vienne le moment pour lui de sortir de sa léthargie: l’appel du taf. PROCOL HARUM traverse les décennies, et sans doute cette scène s’est-elle déjà produite des milliers de fois depuis la fin des années 1960. Pour nous, c’est la première – et toutes les premières fois marquent.
Deux TRES grands monsieurs partagent successivement la tête d’affiche de la Blues Stage : Walter TROUT, le revenu des morts qu’on ne pensait plus jamais revoir sur les planches, et Warren HAYNES – ici backstage pris sur le vif en plein interview. Il n’y a pas à dire mais quand il s’agit d’offrir la crème de la crème du blues-rock, le Ramblin ‘ met effectivement les petits plats de blues dans les grands plats de rock…:
THUNDER, auréolé de bien des hits inscrits au Top 40, reste un de ces groupes classic rock qui a bien plus a gagner qu’à perdre en délivrant une prestation live digne de ce nom. Nous leur laisserons donc le privilège de l’effort et la palme de la démarche car la concurrence est rude, très rude sur la mainstage du Ramblin 2016…
A tout organisateur de festival qui se pose la légitime et angoissante question de savoir comment mettre le feu à la plaine – ou au parc, ici en l’occurrence – en milieu d’après-midi afin de sortir le public de sa torpeur amplifiée par un soleil de plomb, The ANSWER est la réponse, comme son nom l’indique…
Ils nous avaient déjà sérieusement tapé dans l’oreille en première partie d’AC-DC en 2009, aujourd’hui ils confirment tout le bien que nous pensions d’eux. Que sera-ce demain…?!
Jésus, Marie, Joseph, rentrez les agneaux et planquez l’acide: HAWKWIND is back ! Le Ramblin nous offre l’exploit de programmer cet hallucinant voyage spatio-temporel avec la bande à Dave Brock et Tim Blake (qui, pincez-nous, nous vulgarise la clope au bec sa maîtrise es thérémine sur le gazon). Merci le Ramblin !
Lemmy ne fut certes qu’un des nombreux membres qu’a vu défiler HAWKWIND durant ces décennies, mais son ombre comme qui dirait planait sur la Prog Stage durant le set. Un trou dans l’espace-temps et un passage éclair dans la quatrième dimension occasionnés par ces extra-terrestres ne peut néanmoins pas tout expliquer. Alors… quoi ??
C’est au pied du mur qu’on reconnaît le maçon. Et quand il s’agit d’un mur de Marshall tous voyants dans le rouge, on sait qu’AIRBOURNE n’est pas loin. Leur outil de travail – comme la truelle pour le maçon – n’est pas fait pour monter le mur du son, mais bien pour l’exploser…:
Pas de surprise avec AIRBOURNE, une valeur sûre du marché du décibel: les Australiens savent démarrer au quart de tour, le problème étant plutôt de les arrêter. Entre escalade des échafaudages, explosion crânienne de canettes et autre petit tour dans le public, c’est à se demander s’ils ne pourraient pas faire un peu de macramé afin d’encore compliquer et complexifier la tâche. Churchill aurait eu AIRBOURNE à ses côtés, la seconde guerre mondiale n’aurait pas duré deux ans…
Sans aucun doute, une des grandes claques de cette seconde journée de Ramblin Man Fair 2016 et assurément la surprise du chef: The CADILLAC THREE et leur Mississippi burning groove qui vire au southern rock d’une rare intensité. Un ouragan force 5 qui hume bon le Deep South :
Bon, d’accord, Nashville n’est pas situé sur les rives du Mississippi mais en termes d’énergie hydro-électrique on ne va pas chicaner non plus pour quelques miles. Ces trois p’tits gars de CADILLAC THREE, ils nous font presque penser à ZZ Top il y a quelques décennies, quand leur boogie-blues secouait le popotin des Texans. OK, le Texas ce n’est pas non plus le Mississippi ni Nashville, mais bon…
BLACK STONE CHERRY remplit à merveille son rôle de tête d’affiche du dimanche: du show, un son lourd, du look, de la fraîcheur et de la spontanéité alliée à un sens prononcé de l‘entertainement servi par de bonnes mais simples et efficaces compos. Effectivement, ça décoiffe grave et le public ne s’y trompe pas. Restera maintenant à observer l’effet BLACK STONE CHERRY sur la durée: les années qui viennent nous en apprendront bien plus que ces 90′ de show – au propre comme au figuré…
Les quatre poulets frits du Kentucky au nom prédestiné de The KENTUCKY HEADHUNTERS auraient davantage eu leur place sur la Blues Stage que sur la Classic Rock mais bon, les programmateurs en ont décidé autrement. Le southern rock des Colonels tirant plus sur le country qu’autre chose fait néanmoins recette frontstage où photographes et amateurs se pressent comme poules en batterie :
Les frères VON HERTZEN ont un pedigree long déjà comme un jour sans pain ni vin. Une touche de prog, une pincée de psyché, une once de graisse et un zeste d’indéfinissable font des VON HERTZEN BROTHERS une alchimie qui tient ô combien la route et la distance…:
1300 bénévoles (on en a refusés !) pour 4 jours d’Eco-Festival Rock & Territoire: la 10ème édition (sold out) du Cabaret Vert ne fait plus dans la dentelle ! Pluridisciplinaire par excellence, orienté éco-territoire et traduisant une certaine "philosophie", le Sanglier des Ardennes du Rock s’apparente de plus en plus à un mini-Sziget (si, si !). A la différence près qu’il offre notamment bien plus de Trappistes et autres bières spéciales belges. Devenu matamoresque avec plus de 23.000 festivaliers quotidiens, il n’en a cependant pas perdu son âme ni son esprit durable et/ou rebelle (biffez la mention inutile) tout en conservant convivialité et simplicité comme maîtres-mots.
Un staff pro des plus accueillants et disponibles, une logistique parfaite et partout – partout – ces bénévoles et ces prestataires qui vous accueillent avec le sourire et un bonjour, avec des "mercis" par-ci et des "s’il te plait" par-là. Mêmes les vigiles, habituellement aussi peu amènes qu’ils sont balèses, contribuent à cette chaleur ambiante toute ardennaise. Ces Ardennais-là, amateurs de bonnes bières et de bonne musique, sûr qu’ils mériteraient leur rattachement à nous autres, Ardennais du Royaume, le jour où ils en auront assez de la République. Nan, on plaisante allez.
Zoom sur quelques pointures du samedi 23 août 2014…
L’après-midi commence en beauté sur la grande scène avec FINDLAY et leur garage-rock anglais s’inspirant de ce que Detroit, Motor City, a fait de mieux. Si le set commence en douceur, presque sirupeux, c’est pour mieux – crescendo – exploser : cette chienne de mon chien nous aboie un "I wanna be your dog" des plus orgasmiques en guise de final, avant de se jeter dans le public pour joindre le geste et le corps à la (bonne) parole. FINDLAY est originaire de Manchester: c’est certain que la sortie d’autoroute signalée "Manchester" pour rejoindre la Cabaret Vert (c’est véridique!) était un signe annonciateur…
Prenant la relève, TRIGGERFINGER assène le coup de massue de cette fin d’après-midi. Les Anversois atomisent la plaine avec un show tout simplement é-pous-tou-flant, laissant le public comblé et sur les genoux. Après avoir écumé nombre de festivals européens, le power-trio plus stoner-rock que jamais clôture sa série estivale en remplaçant (Dieu merci !) au pied-levé les Suédois de Volbeat qui déclarent forfait l’avant-veille.
Et, for sure, c’est tout bénéfice: un show d’une énergie incroyable, une set-list mortelle, une symbiose fusionnelle parfaite, une démonstration de force sans pareille en se postant au plus près de l’avant-scène pour mieux vous assassiner: le crime est parfait. TRIGGERFINGER est une véritable tuerie, une arme de destruction massive…
Habitués des grands festivals, les Australiens d’AIRBOURNE sont le fruit des amours cachées d’AC et de DC qui ont dû copuler un jour backstage. De cette levrette bestiale à la va-vite sur un mur de Marshall chauffés au rouge, il résulte de cet infâme enfantement un décor à l’identique, et l’énergie et la bonne humeur qui font que le hard rock, c’est eux! Ce sont eux. Avec une capsule de VB (célèbre bière australienne) en guise de volume à sa guitare, reste néanmoins à vérifier que ce sont également bien des cannettes de VB que Joel O’Keeffe explose sur son crâne à tour de concerts avant de les balancer dans l’audience.
Son traditionnel tour dans le public, guitare en bandouillère, se poursuit cette fois jusqu’au podium des PMR (excusez la distance !) tout en continuant ses riffs tandis que la rythmique assure de plus belle sur scène – ou comment rendre un des plus beaux hommages qui soit à ces personnes dont l’ouïe est désormais aussi réduite que leur mobilité. Rien de neuf néanmoins sous les astres : le hard-rock, c’est AIRBOURNE. Et vice-versa; back to the roots. A l’issue d’un show de 40′ seulement, suivi quand même de 20′ de rappel pour atteindre les 60′ de prestation et ainsi remplir leur contrat, notre interrogation du mois dernier à la Rockhal demeure: AIRBOURNE est-il trop intense que pour s’inscrire dans la durée, ou jouissons-nous ici de la touche puissante mais éphémère qui caractérise l’Excès dans toute sa splendeur…?
Après le collectif FAUVE ≠ (qui serait presque le cheveu dans la soupe du samedi sur la scène principale ?), place au « Meilleur Spectacle Musical » consacré par les Victoires de la musique 2013. SHAKA PONK est de retour avec un nouvel album et un nouveau show plus que jamais colossal qu’ils ne tarissent pas de nous vanter lors de la conférence de presse et, préalablement, sur les ondes de Radio Bleue. Ils apprécient les lieux et le concept du Cabaret Vert, autant que leurs potes de Skip The Use l’année dernière ici-même, et avec qui ils faisaient encore la fête tout récemment, nous narrent-ils….
Et c’est bien on stage que l’électro rock aux effluves funky/punk du groupe prend tout son sens : débauche sonore et orgie visuelle, sueur et énergie se confondent dans un joyeux bordel festif finement travaillé. Un show à la hauteur de la bande son réglé comme du papier à musique, une mise en scène des plus suggestives et puissante, c’est ça la trash Monkey Family qui prend son pied.
Comme une cocotte-minute prête à exploser dont on relâche la pression à doses savamment calculées, question de faire durer le plaisir à la manière d’un orgasme perversement contenu. Ce tableau est néanmoins gâché par un bémol, et de taille pour nous : la censure de quelques uns de nos clichés devant être préalablement soumis au management du groupe avant publication ici-même. Une première en ce qui nous concerne, une triste et disons-le scandaleuse et lamentable première qui ternit le vernis de SHAKA PONK – aux antipodes sans doute de l’effet escompté.
Parano? Schizo? Mégalo? No Pasaran ! Enfin, quand il y aura prescription, revenez nous visiter : nous déverrouillerons quelques uns de ces censored pictures…:
Il y a toujours une première fois pour tout. En ce qui nous concerne, ce concert d’AIRBOURNE est notre première – bien des fois envisagée mais toujours reportée. Et quelle première, Madre de Dios! Nous savions que le rock’n’roll existait encore, frais et spontané, enjoué et dégoulinant, basique et sans compromission, mais nous ne savions pas à quel point cette fraicheur était effectivement puissante. Puis-san-te !
AIRBOURNE, c’est back to the roots. C’est le retour aux fondamentaux, le retour aux sources, brutes et bestiales mais raffinées. Spontanées mais pas brouillonnes ni bâclées. AIRBOURNE, c’est le Jardin d’Eden: tout y est pur et sans fard, tout y est innocence et bon enfant, tout y est vierge et naïf. Tout y est à la fois intemporel et éphémère, violent mais pas méchant, doux mais piquant.
AIRBOURNE, c’est le Moïse sauvé des eaux: l’avenir d’un peuple, qui en est ses racines mais également son futur. AIRBOURNE nous a séduit, faut-il le cacher?! Non, la candeur, la bonne humeur, la spontanéité et la fraicheur d’AIRBOURNE que nous connaissions sur CD nous ont littéralement subjugué sur scène.
Comment est-il possible, après 60 ans de rock’n’roll, de ne pas être en fait retourné plus tôt à ses fondamentaux, à ses accords basiques, à son tempo binaire et à son cri primal…? La sueur est toujours bonne conseillère, et avec AIRBOURNE c’est en m³ qu’il faut en compter les litres. Tout comme c’est au bulldozer qu’il faut dénombrer les décibels oscillant entre 100 et 110, avec comme étalon le Marshall: 24 + 12 = 36. Back to the roots, qu’on vous dit. Hein? Quoi? Comment…?.
On en oublierait presque AC ANGRY qui officiait en première partie. A force de les voir endosser ce rôle ici-même, c’est qu’on s’y habituerait presque. On s’y habitue, mais on ne s’y fait pas encore tout à fait, dirons nous…