…Tout ça à cause d’une petite peste qui a gagné l’Eurovision l’année passée avec son stupide J’aime j’aime la Vie ! Par la grâce d’un ami qui ne me veut que du bien, me voilà embarqué au Heysel, témoin des répétitions de l’événement télévisuel belge de l’année – que dis-je : de la décennie, du siècle même, à en croire les professionnels des médias : le Concours Eurovision de la Chanson ! Viktor Lazlo tient le haut de l’affiche, la Belgique (ou la RTBF ?) n’ayant trouvé d’autre ambassadrice de charme pour animer et présenter la soirée de tous les défis. Mais ne boudons pas notre plaisir. L’Eurovision, elle, a survécu et perdure. Quant à Viktor, peut-être a-t-elle sombré avec son Canoé Rose ? Des deux, quel est finalement le moindre mal – ou le pire… ?
Aaaaaaah! Lemmy himself on stage ! Après Toto le mois précédent, on ne peut pas dire qu’on reste dans le même registre et qu’on n’élargit pas ses horizons musicaux. Ce ne doit pas être mon premier concert de Lemmy, mais impossible de retrouver la moindre trace ni le moindre souvenir de ma précédente rencontre avec le trio de choc – dommage. Nous sommes ici du côté de Poperinge en terre flamande, du côté de Ypres et de Dixmude – ce qui n’est pas anecdotique au vu de la concentration au m² de petits esprits flaminguants d’extrême droite auxquels se joignent leurs homologues fransquillons de même obédience et au même quotient intellectuel. Motorhead mérite mieux que cette racaille, beaucoup mieux même. Combien de fois croiserai-je la route de Lemmy dans les années et décennies qui suivront : le compteur peut commencer à tourner. Avec Ted Nugent, Rush et Porcupine Tree, Motorhead est le quatrième groupe qu’il m’ait été donné de voir trois fois en moins six mois. Normal : il n’y a qu’un Lemmy sur terre, et à la longévité caduque au rythme où il va…
A la grande époque des grands tubes et des grands moments de TOTO, Forest National n’est pas assez grand pour contenir ces grandes soirées de grande affluence… Le visuel est à la hauteur du musical : réglé comme du papier à musique. Manquerait-il peut-être cette petite étincelle qui fait la différence entre un vrai groupe live, un pur produit de studios et une machine à succès ? Si d’aucun le pensent, moi je le dis… même si cela n’enlève rien à leur mérite. ‘Z’iront loin, ces musicos de la West Coast.
Whatever You Want – Forest National répond : 8000 chevelus (et combien de pellicules…?) se dandinent au rythme des riffs téléphonés de nos Anglais de service. Rien d’original, rien de neuf non plus sous le soleil : c’est ce qu’on appelle un statu quo. Mais que c’est finalement plaisant à l’oreille, et les moins férus se surprennent à se laisser aller, à se prendre au jeu et rejoignent les plus accros pour finalement communier de concert avec ceux dont je suis et qui ont fait le pied de grue devant les portes vitrées de Forest pour être aux premières loges. Status Quo 1960, 1970, 1980, 1990, 2000, etc. : une valeur sûre. Tellement sûre qu’ils portent à merveille leur nom. WAYSTED en guest : si c’est écrit sur le ticket…
Après mon second Werchter le mois dernier, Belga Festival, 2ème ! Sur la piste de l’aéroport, pas de gros vrombissements au menu ni de 747 en surchauffe : que des coucous, du propret et du gentillet sous le soleil flamand : les Kreuners en leur qualité de régionaux (dispensables) de l’étape, Ruby Turner (Ruby qui ??), Doctor & The Medics, Topper Headon (hein ?!), Gary Moore (ouaips… son froc moulant en cuir noir reste un grand moment, bien qu’on préférerait en garder un autre souvenir, plus musical celui-là) et Rod Stewart sans ses Faces malheureusement, mais avec Baby Jane. Passez les moules, mes frites refroidissent…
Ronnie James à 19h à Forest National: c’est dire que les guests (au pluriel, s’il vous plait) mentionnés sur le ticket doivent valoir leur pesant d’or. Mais je n’en ai plus souvenance, dommage. Pour ce qui est de notre Elf de service, c’est DIO dans toute sa grandeur (façon de parler !), dans toute sa splendeur et son gigantisme scénographique – certains diront grand-guignolesque au vu des dragons articulés et autres artifices ou décors d’heroïc fantasy. Bon, c’est vrai que cela est dispensable et n’apporte strictement rien au côté musical, car à cet égard il n’y a strictement rien à redire. Une des plus belles voix du rock, une des plus riches et des plus puissantes, disais-je précédemment… ?
Ma 4ème rencontre déjà avec AC-DC en 6 ans : faut-il croire à une certaine continuité (stabilité ?) dans mes goûts musicaux ? Assurément, assurément – qu’il est riche finalement d’être le contemporain d’artistes qu’il est dès lors possible de suivre dans leur cheminement et dans leur évolution tout au long de leur carrière – à l’inverse de grandes figures du passé dont l’entièreté de l’œuvre est d’ores et déjà connue, voire figée pour l’éternité. C’est ce que devront peut-être se dire mes petits-enfants en contemplant, atterrés ou charmés, la discographie de nos Australiens de choc. Le ticket mentionne une première partie dont je n’ai malheureusement plus souvenance. Après tout qu’importe, c’est bien la bande à Angus qui est au centre de toutes les attentions. Moment particulier pour ma mère et mon oncle que j’emmène avec moi, pour leur premier concert rock. Eux qui veulent comprendre ma passion et vivre ces moments intenses au moins une fois en ma compagnie, je pense que la soirée est particulièrement bien choisie. Ainsi que les Boules Quies de circonstance…! Let there be rock…!
Sur notre lancée le mois suivant, toujours au même endroit, toujours avec cette actualité british – Don’t you Forget about Me, le méga-tube du moment pour les Simples d’Esprit qui enflamment Forest National devenu piste de danse géante. Jim Kerr et son band sont au faîte de leur gloire, quasi – on n’entend qu’eux dans les soirées de kots ou de cercles, dans les guinguettes de village et – sans doute – dans les boîtes branchées… J’entends encore la clameur et les « la-lalalala-lalala-la-la-la » entonnés de concert – c’est le cas de le dire – par 8000 gorges (profondes). Pas très rock’n’roll tout ça, mais bon : on n’a que le bien qu’on se fait. Et puis, ne faut-il pas que jeunesse se passe ?! Tout passe, tout lasse – sauf la nostalgie…
Même endroit, même heure, mais un jour plus tard : The CURE. Nous sommes en pleines eighties, glorieuse époque pour toute cette vague british déferlant sur l’Europe avec cette musique et ce look si particuliers qui, rétrospectivement, ringardisent d’autant plus les choses avec le temps qui passe. Je me laisse prendre au jeu du moment et suis le mouvement : en avant pour Forest National où je ferais bien de planter ma tente à ce rythme. Que me reste-t-il de ce concert ? Ben… pour être franc, pas grand chose en termes de souvenirs. Pas grand chose non plus en termes d’images, d’ambiances ni d’anecdotes. Ah ! si : il me reste le ticket…
Private Investigations : c’est bien le (seul) morceau – voire l’album ? – qui motive ma présence à Forest National ce soir-là. Superbe et grand moment – j’en ai encore les images du light show en tête 23 ans plus tard. Mais c’est bien tout ce qui est demeuré gravé dans ma mémoire, parce que le reste du show ne me laisse pas un souvenir impérissable, bien loin de là. Il est d’ailleurs des concerts auxquels je me suis rendu sur un coup de tête en quelque sorte – voire sur un coup de cœur du moment, ou convaincu par d’autres que c’était the place to be – et dont je n’ai nulle envie de réitérer l’expérience. Mais alors là vraiment nulle envie : Dire Straits fait partie de ceux-là, sorry guys. Veni, vidi… exit.