Maintenant en ligne ci-dessous, MONSTER TRUCK (et The PICTUREBOOKS en opening act) @ Rockhal, Esch-sur-Alzette (G.D. Luxembourg)
Ontario power ! Après DANKO JONES il y a deux semaines, au tour de MONSTER TRUCK de revenir faire la nique aux chevelus (et aux dégarnis) du coin. Et quoi de mieux que The PICTUREBOOKS pour assurer leur première partie ?! Cette fenêtre de tir d’une bonne demi-heure hume bon les vastes plaines de l’Ontario et les grands espaces à parcourir au guidon de choppers, chevelures et barbe fournies au vent. Jeans, cuir et chemises de bûcheron en prime, les gars de The PICTUREBOOKS crachent leur blues-rock rêche et incandescent, comme imbibé à la fois de single malt whisky et d’émanations de gaz d’échappement. Délectation de fin gourmet…
La formule binôme guitare-batterie a déjà fait ses preuves par le passé (The White Stripes, Black Box Revelation,…), mais on semble avoir ici atteint un sommet en la matière. C’est sale et gras à souhait, mêlant l’huile de vidange et les émanations de gazoline dans un garage poussiéreux (où ils enregistrent d’ailleurs "live" à domicile entre choppers et Marshall…). Et ce côté fébrile, énergique et authentique, teinté de sonorités industrielles: top class, top fuel, top energy.
MONSTER TRUCK prend le relais mais l’affiche de ce soir n’est pas vecteur d’une forte audience, quoique connaisseuse et de très, très grande qualité ainsi que particulièrement féminine, allez savoir pourquoi. Si The PICTUREBOOKS a remarquablement planté le décor et chauffé les esprits, c’est pour lubrifier une piste de dragsters royale à MONSTER TRUCK. On ne le répétera jamais assez: don’t fuck with the Truck…
Le quatuor reste des plus jouissifs avec des vocals gutturales qui amplifient le son saturé d’une crasse lead guitar; le keyboard densifie le tout d’une atmosphère plombée que viennent renforcer d’implacables drums. MONSTER TRUCK rajeunit de main(s) de maître(s) un style vieux de 4 décennies, à moins qu’il ne fait tout simplement que réinventer une époque que les moins de 50 ans etc. etc.
Cependant, un show expédié en 75 minutes rappel compris (!), ça nous reste quand même un peu en travers de la gorge. Mais comment leur en vouloir quand envoyer la sauce à ce rythme et que l’intensité contrebalancent la quantité? Gaffe quand même les gars: pas deux fois, au risque de perdre de votre crédibilité. Et elle est actuellement tellement top que c’en serait vraiment, vraiment dommage(able). Allez, emballez, c’est pesé, et qu’on ne vous y reprenne plus, garnements…!
Nous étions tombés sous le charme de 77 lorsque ces Hispaniques totalement déjantés avaient ouvert pour Michaël Schenker à la Rockhal en novembre 2015. Nous nous étions alors juré de ne pas rater l’opportunité de les revoir lors d’un de leurs prochains passages dans la (grande) région. Dont acte ce soir à La Zone de Liège, une cave tout ce qu’il y a de plus sombre, presque glauque mais surtout très, très rock’n’roll.
Annoncés pourtant en milieu d’affiche entre BLACK MIRRORS et HORISONT, ce sont finalement les Espagnols qui ouvrent le bal sur une scène bien trop étroite et ô combien trop petite pour contenir toute leur rage boulimique. Quel dommage que de les voir contraints de confiner toute leur explosivité dans une salle trop réduite déjà pour absorber des décibels crachant comme pour un open air…
BLACKS MIRRORS prend haut-la-main la difficile relève du combo hispanique, poussant le curseur au moins aussi loin et aussi fort pour une démonstration tout aussi convaincante. Sales et mal sapées, leurs compositions revêtent sur scène toute la séduisante négligence qu’on attend d’un garage rock brut et mal dégrossi.
Leur spontanéité aussi rude que sans fard métamorphose la plus crasse des citrouilles en la princesse la plus affolante: bref, du garage rock aux accents joplinesques, parfois ponctué d’une grâce mélodique soutenue par des rythmes à la Queens Of The Stone Age.
Black Mirrors se déploie entre évocations chamaniques et images fantasmagoriques. Good job, Boyz and Girl: Napalm Records ne s’est décidément pas trompé en vous signant tout récemment, mes petiots.
HORISONT assure le haut de l’affiche tout en ne tenant pas vraiment le haut du pavé: la densité et l’intensité de leur performance – ou plutôt de leurs compositions un peu trop tarabiscotées – font pâle figure. A moins que ce ne soit tout simplement la consistance du band qui fasse plutôt défaut ? Une piqûre de rappel nous sera nécessaire pour en connaître le fin mot de l’histoire. To be continued…
This is the spirit of real rock’n’roll, not fucking jazz ! – D’emblée, le ton est donné même si l’on savait bien que DANKO JONES n’allait pas faire dans la dentelle de Bruges. On aime encore bien, nous, ce bouillonnant vivier de canadian rock qui jaillit de la frétillante banlieue de Toronto comme si déferlait du r’n’r depuis les chutes du Niagara. Non, non, on ne pense pas qu’à l’inégalable RUSH ou qu’à l’explosif et imprévisible Gordie Johnson alias BIG SUGAR, mais aussi à tous ces p’tits gars de la trempe de DANKO JONES. Toronto, c’est un peu le Detroit canadien, la Motor City à la sauce caribou, et si les deux métropoles ne sont distantes que de quelques encâblures de grands lacs, ce n’est sans doute pas non plus qu’une heureuse coïncidence.
De tous les hommages rendus pas DANKO JONES de Bon Scott à Ronnie James Dio et de Joe Strummer à Amy Winehouse en passant par David Bowie, c’est assurément celui rendu en fin de lithanie à Sir 49% Motherfucker & 51% Son of a Bitch qui déclenche la plus prenante ovation. On a beau faire, on en revient toujours aux fondamentaux, aux icônes sans compromission et aux symboles les plus absolus.
DANKO JONES nous avait littéralement scotché il y a une dizaine d’années alors que nous découvrions le trio en opening act de MOTORHEAD à l‘Ancienne Belgique. Tandis que leur sono jouait les troubles-fêtes en décidant tout à coup de s’interrompre brutalement, et dans l’impossibilité totale de relancer la machinerie dans les délais impartis, le trio avait tout simplement terminé son set en pur acoustique.
Et l’on veut dire par-là en total unplugged. On aurait entendu une mouche voler dans une Ancienne Belgique sold out, personne n’osant piper mot ni broncher ni même déglutir sa chope de peur que l’a cappella de Danko et le bruit feutré des mediators grattant les cordes sèches ne parviennent jusqu’au plus profond de la salle. Un moment unique d’une rare intensité et difficilement réitérable, tant les circonstances étaient exceptionnelles dans leurs causes et extraordinaires dans leurs conséquences…
DANKO JONES nous avait également pas mal tapé dans l’oreille en Hollande au Bospop Festival 2008 et remet incontestablement le couvert ce soir avec une totale absolue à la Rockhal. Déplorons néanmoins que 1h25′ de live (… rappel compris) est un peu chiche au compteur de nos préférences, mais ne boudons pas notre plaisir quand la qualité l’emporte sur la quantité.
Mais la surprise du chef s’appelle ce soir AUDREY HORNE qui officiait en première partie, 3/4 heure durant. Il n’y a pas loin de penser que cette surprise du chef soit fin décembre 2017 notre surprise de l’année. Un peu tôt sans doute pour l’annoncer alors que nous sommes encore en hiver, mais c’est dire… !
AUDREY HORNE, c’est un sacré coup de fraicheur assorti d’une dose de bonne humeur sans pareille: quand on réussit ce tout de force sans par ailleurs réinventer la roue, ça témoigne d’un talent qui ne saurait mentir…
Notre Ecossaise préférée est de sortie ce soir: semelles hautes, juchée sur des talons d’une bonne quinzaine de centimètres au moins, elle doit friser avec tout ça le mètre septante-huit sur la scène de la Rockhal dont il n’a pas fallu rehausser le plafond. Pas mal pour ce petit bout de femme tout ce qu’il y a de plus scottish (à commencer par son accent et ses tattoos), petite par la taille, à peine moins par son tour du même nom mais ô combien grande et impressionnante par une voix qui sans doute ne nous lassera pas de sitôt.
C’est d’ailleurs la principale raison qui nous amène ce soir à ses pieds, à ses semelles et à ses talons, davantage que ses compos dont le manque de renouvellement pourrait à la longue (nous) lasser quelque peu. En attendant, la formule Amy McDONALD fait recette depuis maintenant une décennie et sans qu’on ne frise encore l’indigestion style Big Mac(Donald)….
Mais pas folle la mouche Amy McDONALD, qui a l’intelligence de revisiter certains de ses morceaux dans des versions tantôt plus acoustiques, tantôt plus énergiques, face à une audience dont la torpeur et la mollesse interpelleront et même inquiéteront la belle Ecossaise dans un premier temps. Classique ici, même s’il est vrai qu’avec une première partie d’une vacuité aussi insipide que soporifique (aka Newton Faulkner), l’anesthésie était totale sur le coup de 21h00 alors que notre belle échassière montait sur les planches.
Le réveil sonne définitivement avec un remarquable Listen to the Music des Doobie Brothers que McDONALD réussit littéralement à transcender, de quoi même lui pardonner ses trop nombreuses anecdotes et autres interminables blablas introduisant ou ponctuant quasi chacun de ses morceaux. Mais au final, on ne peut que se réjouir de ces 105 minutes d’un petit bonheur sans prétention et surtout plein de fraicheur qui amène de surcroit une touche de douceur dans un univers ici traditionnellement bien plus viril et rock’n’roll, f**k… !
Le Reflektor de Liège accueille ce samedi soir un des tous premiers (voire le premier ?) gigs du power trio depuis la sortie fin décembre 2016 de son dernier et délectable opus "Songs from the 13th floor". Emmené tambour battant par son leader, éminence grise à la fois tête pensante et compositeur hors pair, le ALAIN PIRE EXPERIENCE du bien nommé du même nom nous emmène dans les arcanes d’un rock a la fois puissant et ô complexe.
Emporté ou plutôt inspiré par le tourbillon des sonorités aux relents psychédéliques de ses maîtres à penser, ALAIN PIRE EXPERIENCE évite néanmoins le piège facile de tomber dans le travers d’un plagiat stérile et aussi inintéressant que futile et passéiste. ll en résulte pour le trio un véritable tour de force que de restituer en live la complexité architecturale et les moments de bravoure technique et instrumentale qui caractérisent certaines de ses compositions. Et l’on peut espérer que le défi n’est pas près de s’estomper au fur et à mesure des prochains gigs, sinon à quoi bon faire compliquer quand on peut faire simple ?! Sur ce, bon trip onirique à Timothy Leary qui doit connaître quelques extases post-mortem s’il a l’ouïe fine…
Kagemusha , l’ombre du guerrier – ou plus exactement des quatre guerriers de BO NINGEN… 20h00 très précises: les lumières du moderne Ex Theater Roppongi s’éteignent et déclenchent une clameur inversement proportionnelle à la luminosité qui vient de s’estomper. Les quatre samouraïs tokyoïtes déboulent sur scène, drapés de leur kimono au toucher qui semble si soyeux qu’on tendrait volontiers le bras pour s’en assurer – mais non, on s’en empêche.
Mi-androgynes, mi-humanoïdes…? On n’en sait finalement trop rien vu la pénombre ambiante sur scène, que ne déchire que ponctuellement un light show la plupart du temps en méchant contre-jour. Ce japanese four-piece noise rock band, comme ils se définissent eux-mêmes, nous surprend agréablement par son côté pourtant stéréotypé au possible, digne illustration de ce qu’on peut se faire comme idée préconçue du rock japonais.
La séduction est au rendez-vous, tant la japanese touch de ces furieux activistes de BO NINGEN transpire ce côté exotique et dépaysant qui confère à leur rock (un peu) psychédélique et surtout (très) underground toute la lourdeur requise. La quintessence et la substantifique moelle du rock japonais ne sont assurément pas celles communément partagées en Occident, de part et d’autre de l’Atlantique nord, mais l’expérience et la découverte du jour valent assurément la peine que l’on se penche à l’avenir plus avant sur la chose. Tokyo rocks !..