Rush – 3 de 8. Le standard de qualité de cette seconde soirée londonienne est conforme à la première : les mots manquent pour qualifier ce qui nous est offert. « Snakes & Arrows » est un album extraordinaire qui explose littéralement en live. Ces trois heures de concert n’ont à nouveau duré dans mon esprit que quelques minutes – quels dégâts ! Le dernier bistrot du coin fermé, nous cherchons en vain un pub accueillant afin d’y terminer la nuit avant de reprendre le bus qui doit nous conduire à l’aéroport pour le premier vol vers Charleroi. Mais c’est peine perdue : dans ce triste pays à l’image du col de mousse recouvrant leurs bières si plates qu’un bon Belge se pendrait, plus aucun bistrot ne nous accueille après minuit et demi. C’est donc en rue que nous attendons le bus de 4 heures du matin, entre junkies, touristes égarés et autres épaves urbaines. Premier vol pour Charleroi au lever du jour: la journée au boulot ne sera pas des plus évidentes après cette nuit blanche clôturant un séjour londonien bien intensif et excitant…
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Auteur : Yves-Marie François
Rush – 2 de 8. Merci Ryanair pour ce nouvel aller-retour Charleroi-London pour le prix d’une bière – pardon : d’une pinte. Nous retrouvons la Wembley Arena telle que nous l’avions laissée trois ans auparavant : Rush à l’affiche pour deux soirs consécutifs, sold out bien évidemment.
Le son est extraordinairement puissant et pur, le show est sans faille et la salle pleine comme un œuf (dur, l’œuf, dur). Les effets pyrotechniques sont à la hauteur de la salle (au propre comme au figuré) et la soirée est de toute beauté, toute en puissance, en délicatesse, en visuel et en décibels. L’osmose et la complicité entre nos trois lascars sont totales et parfaites, la set list est extraordinairement bien construite et les morceaux choisis du dernier album prennent un relief sans commune mesure dans leur dimension live qui ajoute encore à la perfection studio.
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Liquidés et liquéfiés, nous reprenons un des derniers métros pour rejoindre notre hôtel en milieu de nuit : jamais, ô grand jamais une rame du london tube n’a comporté autant de wagons bondés d’usagers arborant t-shirts et autres accessoires à l’effigie de Rush, descendant au fur et à mesure des stations qui nous ramènent downtown. Tout bonnement impressionnants tous ces faciès joviaux et comme encore sous le charme hypnotique d’une soirée sans pareille…
Rush: 1 de 8. Notre dernière tournée européenne de Rush date de 2004 à l’occasion du R30 – aka 30ème anniversaire : 7 concerts en un peu plus de 2 semaines. Nous nous étions dit à l’époque que nous ferions plus fort encore lors de leur prochain European Tour : dont acte. Merci Ryanair (bis repetita placent) de nous offrir cet aller-retour vers Glasgow pour un prix moindre que le ticket de concert ! Arrivés en Ecosse en provenance de Charleroi, direction downtown puis le SECC – Scottish Exhibition Convention Center– que nous retrouvons identique à notre première (et dernière) venue il y a 3 ans à cette même occasion.
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Le choc du premier show depuis 3 ans est à la hauteur des espérances : soirée gran-di-o-se, sans doute également parce qu’il s’agit là de notre premier « An Evening With Rush » depuis 36 mois. Et qui d’autre que Neil pourrait nous réserver la surprise de débuter cette nouvelle tournée européenne par le morceau qui clôturait leur dernière ?! Sacré Neil, va ! Le visuel est puissant, à la hauteur de l’exceptionnelle qualité de la sono. Rush marque de manière indélébile l’histoire du rock en rehaussant encore d’un cran le standard de qualité d’un gig : invraicroyable. La tournée porte le nom de leur dernier album « Snakes & Arrows » dont ils nous gratifient de pas moins de… 9 morceaux !! Certes, le show dure trois heures, mais il n’empêche : quel autre groupe plus que trentenaire peut-il se targuer sur la Planète Terre d’offrir à son public pas moins des ¾ de son dernier album plutôt que de se cantonner à ressasser ses vieilles casseroles ? Si ce n’est pas un signe d’excellente santé, de créativité intacte et de bon augure pour l’avenir, je veux bien manger mon bandana. Et sans accompagnement. Trois heures de perfection, trois heures de bonheur, trois heures d’excellence – le point de non-retour est atteint. Snakes & Arrows est un album tout à fait exceptionnel: la tournée est à l’identique. Courte nuit à l’hôtel avant de reprendre l’avion du retour. Tiens, un autre Belge a fait le voyage aussi à cette même fin…
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Dans les rues de Verviers et sur la place qui fait face au Spirit, un weekend de concerts gratuits. A l’affiche parmi d’autres combos sur scène : SUCH A NOISE qui (se) fait plaisir à revoir live on stage en début d’après-midi à l’occasion de ce qu’on peut appeler un come back. Ca rock ferme, ça swingue sympa, et ça blues méchamment : cool, les gars, très cool. Et puis, c’est sympa d’entendre dans la sono mon arrivée en famille remerciée…!
Alain Pire & Cie prépare ainsi admirablement bien le terrain pour Dr. FEELGOOD qui monte sur les planches plus tard dans la journée, costards-cravates de rigueur, noir et blanc de circonstance. Dr. Feelgood, on ne s’en lasse jamais…
SWEET qui s’en suit en milieu de soirée est pathétique et fait presque mal au cœur à voir : que tout cela me semble anachronique, artificiel, réchauffé et… faux. Le band fait penser à un malade irrémédiablement condamné qu’on s’acharne en soins palliatifs à maintenir en vie coûte que coûte. M’enfin, je ne pense pas que mon point de vue soit partagé par l’ensemble du public présent qui semble manifestement apprécier chaque morceau – et c’est peu dire. Mais on comprend bien que le temps a dû s’arrêter pour certains dans cette quatrième dimension, ainsi que la mode, les soins dentaires et capillaires, la diététique et tout simplement le bon goût dans cet espace-temps que je n’arrive pas à identifier. Il ne manque plus que les tongues et les marcels pour se croire ailleurs.
Je me force à attendre BARCLAY JAMES HARVEST qui clôture la soirée : tant qu’à faire, autant boire le calice jusqu’à la lie. Je ne tiens néanmoins pas le coup très longtemps, préférant reprendre rapidement la route du retour dès le second morceau de BJH mais non sans un crochet par le Spirit où le festival off a au moins le mérite de faire découvrir quelques excellents talents (de demain… ?) et autres tribute bands.
Un chapiteau dans la cour d’une ferme au fin fond de la Gaume profonde. Quelques groupes roots et blue grass pour animer un après-midi et une soirée middle-west. De l’Orval frais et du beau monde pour faire passer le tout au milieu d’une ribambelle d’enfants qui prennent leur pied sur la piste de danse au même titre que leur parents attablés. Que rêver de mieux pour une sortie familiale où se mélangent Ardennais et Gaumais issus du même terroir…? Les Ugly Buggy Boys sont de la partie, pour le reste je n’en sais fichtrement rien : je crois même savoir que dans ce petit coin au bout de nulle part mais au milieu de chez nous, même les autres bands ont oublié leur nom…
Avec Anathema en première partie, c’est la découverte en ce qui me concerne d’une bien sympathique salle de moyenne capacité (Hof Ter Lo) située à Borgerhout dans la périphérie anversoise, confortable, ergonomique et surtout acoustiquement parfaite. A moins que ce ne soit la bande à Steven qui soit musicalement parfaite ? Je le confirme : Porcupine Tree est l’an dernier mon premier véritable et magistral coup de foudre musical depuis bien des années (depuis bien des décennies ?). Leur dernier opus Fear of a Blank Planet doit être le CD qui comptabilise – tout CD, microsillons ou cassettes confondus – le plus de tours au compteur de mes platines, tous genres et tous appareils confondus depuis que je suis en âge d’écouter de la musique. Un album parfait, L’Album parfait. A l’image d’ailleurs des trois précédents – voire de tous ceux qui ont jailli du bouillant cerveau de Steven Wilson à la production, à l’inspiration et à la maestria sans pareils. Porcupine Tree nous annonce jouer comme prévu l’intégral de leur dernier album d’une seule traite (!) avant une pause de 5 minutes, puis reprendre pour une bonne heure encore de concert ensuite. La première partie me donne des frissons dans le dos – je crois rêver. Les cinq minutes de pause sont bel et bien cinq minutes, pas six : nous sommes surpris au bar lorsque la seconde partie du show débute. Mais il fallait impérativement nous désaltérer afin de nous remettre de nos émotions, tant le Fear Of a Blank Planet joué live dans son intégralité et à l’identique du CD nous a littéralement troué le c… Pas d’autres termes : un moment de magie, de pur bonheur, de perfection comme rares sont ces moments dans la vie. Oui, de perfection tout simplement. Porcupine Tree accompagné sur scène comme sur leurs récents CD de John Wesley – qui fait pour moi intégralement partie du line up – est la synthèse même et l’aboutissement de 40 années d’évolution musicale occidentale. Concert parfait, je le dis, je l’écris, je le confirme, je le revendique, je le crie. Que le Monde le sache. Que l’Univers l’apprenne. Mais diable, que la route du retour est longue, morne et monotone après un tel sommet – post coïtum animal triste.
La voiture bien remplie – surtout le coffre – nous partons pour un weekend bien rock’n’rollesque chez nos amis les Kaas, à l’occasion d’un festival à l’affiche de toute beauté. Enfin, façon de parler s’il est question d’esthétique au sens propre du terme, mais voyez plutôt:
Arrivés samedi tout début d’aprèm pour la prestation de PAPA ROACH, nous enchaînons avec FASTWAY (le band de Fast Eddie Clarck, guitariste originel de Motorhead – photos plus bas) puis DUBLIN DEATH PATROL. Le site est grand, vaste et aéré. On se surprend même à reconnaître l’une ou l’autre tête croisée lors de l’édition d’il y a 2 ans – en l’occurrence un monstre de passé deux mètres de haut et autant de large, qui nous avait déjà impressionnés à l’époque : quand on dit que le monde est petit – façon de parler toujours, et a fortiori chez les Nolus.
Le premier gros morceau de la journée s’annonce sur la main stage : HEAVEN & HELL, ou Black Sabbath sans Ozzy, époque Ronnie James Dio, avec donc notre lutin préféré aux vocals qui revisite avec ces compères les trois albums durant lesquels il fut membre à part entière du Sabbath. Grand moment, grand concert, prestation de toute beauté – le couple Tonny / Ronnie jouant la paire à merveille : quelle intensité, quelle classe, quelle complicité, quelle rythmique. Et quelle voix ! Vinny Appice aux drums se remémore-t-il comme moi le duel d’anthologie avec son frère Carmine au Spirit of 66 il y a quelques temps…?
SLAYER nous en met ensuite plein la vue – ou plutôt plein les oreilles : impressionnant certes, même si pas vraiment ma tasse de thé. Les deux autres scènes continuent de produire pas mal de décibels également, et c’est avec IRON MAIDEN sur la main stage que se clôture cette première journée. Je n’ai jamais vu le Maiden sur scène ni jamais vraiment réellement apprécié leur production, même du temps de leur grandeur et de leur splendeur. Il n’empêche que les voir enchaîner live leurs classiques ne me laisse pas indifférent. A une nuance près : leur accoutrement, leurs fringues, leurs mimiques, leur attitude, leur jeu de scène n’a pas évolué d’un iota depuis les années ’80 me semble-t-il ! Quelque peu folklorique dès lors, voire plutôt pathétique ou même triste dans une certaine mesure. Back to the future, les gars, back to the future !
Nous rejoignons notre hôtel distant d’une vingtaine de kilomètres pour y passer une nuit réparatrice après y avoir fermé le bar en prévision d’une seconde journée haute en couleurs. Ma première claque de la journée s’appelle BLACK LABEL SOCIETY que je découvre avec un Zakk Wilde qui me laisse tout bonnement sur mon cul : superbe surprise pour cette mise en jambe à l’heure de l’apéro, superbe ! (photo 1 plus bas). MEGADETH me laisse tout à fait indifférent ou presque, le temps d’aller jeter un œil sur les autres scènes à l’affiche tout aussi insipide pour moi à cette heure de la journée (photo 2). Heureusement que MOTORHEAD amène par la suite sur la main stage ce souffle salvateur, cette rage et cette fraîcheur propres à Lemmy et comparable à nul autre: aaaaargh… (photos 3 à 8).
KORN m’impressionne ensuite, même si le concert me semble longuet et répétitif après un certain temps (v. photos 1 et 2 plus bas). L’occasion d’aller voir SUICIDAL TENDENCIES sur la petite scène qui me surprend agréablement, particulièrement lorsque le public envahit la scène sur la fin du concert, n’empêchant en rien nos lascars de continuer leur prestation entouré de dizaines et de dizaines de fans. Un tout grand moment encore ! (v. photo 3 plus bas) DREAM THEATER me laisse – comme d’habitude et comme prévu – sur ma faim (fin ?), ne trouvant là aucune âme, aucune passion, aucun feeling dans un jeu avant tout technique et dépourvu pour moi de toute sensibilité : de la technique pure et froide, de superbes techniciens certes, mais sans une once d’attitude. C’est vide, c’est creux, c’est triste, c’est mort. On se replie dès lors sur HATEBREED qui est un grand, grand, tout grand moment : à vivre live et exclusivement live car, vraiment, il faut le voir et l’entendre pour le croire, et il faut en être pour comprendre…! Cela nous change manifestement de l’insipide, inodore et incolore VELVET REVOLVER qui occupait la main stage auparavant tandis que tout le monde se taillait aux buvettes, aux aubettes ou à la toilette – et pas uniquement pour la rime (photo 4).
OZZY nous réserve une clôture de festival digne de ce nom, avec la deuxième prestation de la journée pour Zakk Wilde. Après Black Sabbath sans Ozzy mais avec Ronnie James, voici Ozzy sans Tonny mais avec Zakk : la boucle est bouclée. Ce n’est pas ce soir la prestation la plus mémorable d’Ozzy, même s’il reste une incontestable bête de scène.
Le weekend se termine en beauté : les bouchons (ear plugs) nous ont bien servis. Les tickets boissons également…
Quoi ?! Mon premier concert de l’année en juin seulement: il doit y avoir un stûût quelque part… Quoi qu’il en soit, j’entends bien découvrir la Rockhal d’Esch-sur-Alzette à l’occasion de ce nouveau concert de Motorhead, mais quelle n’est pas notre déception en arrivant sur le parking du site. Les vigiles nous en interdisent l’accès et nous prient gentiment de rebrousser chemin. Le show vient à l’instant d’être annulé, Lemmy tout juste victime d’un malaise lors du sound-check et emmené d’urgence à l’hôpital tout proche. A force de brûler la chandelle par les deux bouts, cela n’étonne personne. J’imagine aisément que les malheureuses infirmières et tout le personnel hospitalier malencontreusement de garde ce soir là doivent encore en parler, et se remémorer ce patient hors norme qui fera l’objet de bien salaces et pittoresques histoires lors des longues soirées d’hiver des années et décennies à venir… !
10 jours après Bruxelles, nouveau show de Motorhead en Teutonie cette fois. Un concert qui débute d’après le ticket à 19h31 n’est pas courant – ce doit être cela la précision toute germanique. Quelle bien plaisante soirée que celle-ci : comme il y a 10 jours à Bruxelles, Meldrum (…bonnet B & Cie…) ouvre pour Lemmy ; s’en suivent les nordiques de WE. L’entracte précédant l’arrivée de Lemmy sur scène nous réserve de bien charmants moments en la charmante compagnie de Meldrum ! Au fait, ai-je déjà connu précédemment un concert où les bouchons pour les oreilles (ear-plugs) sont distribués gratuitement à qui en fait la demande ? Tout n’est pas à jeter chez les tétons – pardon : Teutons. Lemmy arrive sur scène et le souvenir mitigé de sa prestation d’il y a quelques jours à Bruxelles s’évapore en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire. Le set est parfait. Violemment parfait. Rock’n’rollesquement parfait. Bestialement parfait. Bref – un Motorhead dans toute sa splendeur. Un Lemmy comme on l’aime. L’apocalypse – le paroxysme – le nirvana – la perfection. Overkill.
Meldrum en première partie, mais ce n’est pas pour cette poitrine opulente qu’on a fait le déplacement. N’empêche, c’est le premier – et le seul – concert de Motorhead qui ne me transcende pas. La soirée n’est pas nirvanesque, Lemmy n’est manifestement pas en toute grande forme même si le band en veut et en redemande. L’un ou l’autre gobelet à moitié vide (ou plutôt à moitié rempli) atterrit sur scène – de quoi contrarier davantage encore notre ami qui interrompt le concert et repart en coulisses quelques secondes manière de calmer les esprits. Il revient en menaçant de mettre fin à la soirée en cas de nouvel incident – le tout ponctué de asshole et autre motherfucker. Un blues de derrière les fagots calme les esprits avant que l’apocalypse ne reprenne. Mais les vrais connaisseurs restent sur leur fin à l’issue de la soirée : la machine n’était pas au point ce soir, un grain de sable a contrarié la bonne lubrification de la symbiose entre la scène et le public. Pourtant Lemmy était chaussé de ses légendaires bottes blanches… Rien à faire, il faut que je remette le couvert dans 10 jours pour ne pas rester sur cette insatisfaction.