Sacré Alex-Henry FOSTER, va ! Après nous avoir fait faux-bond l’année dernière pour raisons de santé, le coquin, c’est avec brillance, magnificence, éclat et somptuosité qu’il a éclaboussé la 1ère journée de cette 14ème et ultime édition du Night Of The Prog Festival au coeur de ce site sans pareil de la Loreley, sur les hauteurs du Rhin Romantique.
Maintenant online et toujours dans notre GALERYIntensities in 10s Cities:From Backstage to Frontstage, All The World Is A Stage. Et, as usual, pas de chipotage ni de bidouillage avec les photos comme vous en voyez partout ailleurs. Non: ici, c’est NO f*cking Photoshop. NO damn Ligthroom. NO bullshit RAW format. NO holy crap numeric nor digital overdub. NO A.I. feature (Artificial Intelligence SUCKS) : ONLY pure one-shot JPEG. Parce que shooter live, c’est comme le real rock’n’roll: c’est brut de décoffrage et surtout ça doit le rester.
Ainsi donc 2024 sonne le glas du Night Of The Prog Festival, 14ème du nom mais qui n’aura pas survécu à de probables aléas financiers s’il faut en croire les informations qui circulent. Triste nouvelle pour un festival peu commun dont un décor sans pareil sert surtout de toile de fond : le légendaire site de la Loreley en surplomb d’un Rhin aussi romantique que majestueux sur lequel, comme l’année passée (merci la météo), un soleil rougeoyant se couche pour noyer tout l’amphithéâtre naturel d’une lumière tout simplement atomisante.
Il y a de ces moments uniques où lumières et sons se marient pour magnifier l’instant comme jamais, et c’est ainsi sur la bande-son d’Alex-Henry FOSTER que se déroule le spectacle d’une Loreley tout simplement transcendée. Quel autre meilleur moment de la journée Alex-Henry FOSTER aurait-il pu choisir pour exécuter son set qui, dans le soleil couchant, revêt une nouvelle dimension ? Quel autre meilleur moment de la journée et quelle autre meilleure bande-son le soleil aurait-il pu choisir pour tirer superbement sa révérence après une journée caniculaire par plus de 30° ?
Alex-Henry FOSTER – qui justifie principalement et à lui seul notre présence ici – était le grand absent de l’édition précédente en nous posant un sacré lapin, son opération du coeur réalisée en urgence ayant eu pour conséquence d’annuler sa tournée européenne 2023 mais aussi et surtout de le sauver d’une inéluctable mort. Mais il n’en est plus rien cette année avec un FOSTER en toute grande forme qui nous livre un set bien, bien énergique : le contexte Night Of The Prog aurait en effet pu nous laisser craindre une set-list plutôt atmosphérique, aérienne et soft voire plombante en phase avec l’ADN « prog » du festival éponyme, mais FOSTER a au contraire choisi l’option cocotier en nous secouant par une programmation bien enlevée et bien électrique, ouf.
Le public ne portera pas cette fois du bout des bras tendus un Alex qui le fend néanmoins, lui offrant en sacrifice sa guitare rouge qui partira loin, très loin dans le public en gémissant de mille accords provenant de centaines de doigts courant sur son manche. L’instrument demeure relié à son propriétaire par quelques dizaines de mètres d’un câble électrique verdâtre que FOSTER laisse glisser entre ses doigts à l’instar d’un pêcheur donnant du mou à sa ligne pour mieux ferrer sa proie. La subtile fusion que partage Alex Henry FOSTER avec son public demeure cette espèce de symbiose permanente entre ce qu’il reçoit comme ondes positives et ce qu’il offre comme harmonie(s) : c’est du donnant-donnant multisensoriel ou le plaisir de recevoir découle de l’amour de donner. Alex Henry FOSTER et ses Long Shadows restent définitivement un band à part, une fratrie à part, une famille à part quand il s’agit de communier à l’unisson (… amen). Déjà hâte d’être dans deux semaines à Cologne pour une bénéfique repasse du câlice…
ARENA qui enchaîne est d’autant plus soporifique que le band fait le choix d’un prog aussi mainstream que téléphoné, synthétisant à lui seul tous les clichés répulsifs qui valent tant de critiques à un genre pour le moins éculé si l’on s’en tient à de telles démonstrations. Ce n’est certes pas l’avis général de l’assistance qui garnit et remplit ce superbe amphithéâtre extérieur, en réservant à ARENA un accueil et un succès franchement surprenant: on n’est manifestement pas aux Nights Of the Prog pour rien.
La tête d’affiche du jour, RIVERSIDE nous réserve par contre la surprise du chef et même la surprise du jour en livrant un set ô combien puissant, rythmé et bien plus couillu et enlevé que les quelques titres qui nous sont familiers. On se rapprocherait par moment de Porcupine Tree qu’on n’en serait pas surpris. La basse de Mariusz Duda emplit l’amphithéâtre comme nulle autre pareille, gloire à l’ingé-son qui réussit là une prouesse peu commune : offrir à la quatre cordes toute la place qu’elle mérite quand son jeu est digne d’intérêt – ce qui est présentement le cas ce soir.
Le soleil est couché depuis bien longtemps lorsque les lampions de la fête s’éteignent, laissant le site baigné d’une lumière lunaire rendant la Loreley plus fantomatique encore. C’était le 1er soir du 14ème, dernier et ultime Night Of The ProgFestival – triste fin mais ô combien flamboyante, joyeuse, festive, explosive et franchement réussie.
Je ne sais pas vous, mais pour nous s’il fallait faire le choix d’un producteur, ils ne sont pas beaucoup à figurer sur notre liste de ceux à contacter. Et d’ailleurs, on ne dispose pas ses coordonnées, donc l’affaire est emballée – d’autant plus qu’on n’a rien à lui faire produire non plus ! Ceci dit, c’est quand même quelque chose de se retrouver face à ce king du showbiz, face à une telle légende au palmarès inégalé et pas de sitôt égalable en termes de hits mondiaux. Maître absolu du dance-floor, Nile RODGERS n’a pas fait que marquer les esprits au Gent Jazz Festival 2024, il a aussi marqué les corps. Comme il a marqué ces dernières décennies…
Now online et toujours dans notre GALERYIntensities in 10s Cities:From Backstage to Frontstage, All The World Is A Stage. Et, as usual, pas de chipotage ni de bidouillage avec les photos comme vous en voyez partout ailleurs. Non: ici, c’est NO f*cking Photoshop. NO damn Ligthroom. NO bullshit RAW format. NO holy crap numeric nor digital overdub. NO a.i. feature (artificial intelligence sucks) : ONLY pure one-shot JPEG. Parce que shooter live, c’est comme le real rock’n’roll: c’est brut de décoffrage et surtout ça doit le rester.
Chaque ville que Nile RODGERS visite doit se transformer, c’est certain, en le plus grand dance-floor du pays. Et Gent-St-Pieters ne doit pas faire exception à la règle. Nile RODGERS au Gent Jazz Festival 2024, c’est un peu comme Deep Purple ou Motörhead ou Rory Gallagher au Montreux Jazz Festival : des prestations et de la dynamite qui marquent, ont marqué et marqueront les esprits de longues années ou décennies durant.
Bonnet noir mais tout de blanc vêtu, Nile RODGERS attaque la scène à 21h00 pétantes par un explosif « Le Fric, c’est Chic » qui annonce directement la couleur et met tout le monde au diapason. Entouré de deux claviers, flanqué de deux cuivres également, secondé surtout de main de maître par ses légendaires batteur (Ralph Rolle) et bassiste (Jerry Barnes), ses deux choristes black tout de blanc moulées l’entourent tantôt langoureusement, tantôt et le plus souvent énergiquement : une symbiose parfaite à la chorégraphie millimétrée et à la synchronisation rodée par des dizaines ou des centaines de shows.
Leurs déhanchés rythment les déplacements de Nile RODGERS qui ondule comme un serpent sur les accords qu’il nous sort de sa Fender au bois usé et patiné par les années. RODGERS a toutefois décidé de se la péter quelque peu ce soir en nous déblatérant son CV, ou à tout le moins de faire étalage de tout son génie conceptuel pour qui ignorerait qui est ce vulgaire plagiaire qui nous balance à qui mieux-mieux du Madonna, du Cindy Loper, du David Bowie, du Sister Sledge, du Diana Ross, du Duran Duran, du Daft Punk ou encore – bien sûr – du Chic. Non sans à chaque morceaux nous narrer quelques anecdotes remontant à l’enregistrement avec untel ou survenues lors de la composition avec unetelle.
Oui, Nile, tu es un grand monsieur du show-biz, tu es un producteur comme il y en a peu, un compositeur hors-paire que beaucoup s’arrachent, mais inutile de nous étaler toutes tes collaborations et l’étendue presqu’infinie de tes réussites. Si on est ici face à toi, c’est qu’on sait qui on vient voir et ce qu’on vient chercher : du funk, de la soul, du disco, du rythm’n’blues et de la Motown – bref : ce qui a façonné de manière indélébile le paysage musicale de ces dernières décennies que tu as marquées de ta griffe si particulière, de ton son inimitable, de ton toucher comme nul autre pareil.
Rarement d’ailleurs a-t-on vu des retours installés expressément pour que les quelques rares guests en backstage en prennent plein les oreilles et se trémoussent eux-aussi le popotin: c’est dire l’étendue du dance-floor ! 90 minutes de show, pas une de plus : tout le band salue longuement et chaleureusement la foule avant de s’en partir stage left, tandis que le boss, le Roi Rodgers s’est fait un peu plus rapide en filant tout seul stage right. Le Gent Jazz Festival et son affiche aux 100 noms a frappé fort ce lundi soir, et au détriment assurément de tous les clubs, de toutes les boites et de toutes les discos de la région, for sure. Et mention spéciale aux organisateurs pour leur press-room au wifi aussi performant que bien rempli d’Omer était le frigo à disposition…
La 48ème édition du SJOCK est probablement semblable à ce que fut la 32ème ou à ce que sera la 64ème. L’ADN du plus ancien festival belge en est sans doute l’explication : punk, rock, rockabilly, garage et roots, le tour d’horizon est large tout en étant à la fois excessivement restreint. Il n’y a qu’un SJOCK et ce qu’on y trouve et ce qu’on y entend tient à la fois de l’originalité et de la spécificité quand pas tout simplement du mainstream – mais de ce mainstream qu’on ne rencontre que dans ces festivals un rien décalés, un peu déjantés et tout à fait hors des sentiers battus.
Au SJOCK, on est aux antipodes de ce que le commun des festivaliers attend et espère trouver où que ce soit ailleurs qu’au SJOCK. Et c’est bien pour cette raison que le plus vieux festival belge demeure encore et toujours Your Rock’n’Roll Highight of the Year ! Sans se prendre la tête, sans gros coup et sans chichi, le staff et le crew du SJOCK sont de ceux (et de celles) qui ne se la pètent pas. Pas plus que les stars et les bands qui n’ont ici pas de caprices à formuler. Ici, on est en famille, punt aan de lijn.
Backstage, tout le monde est logé à la même enseigne et partage la même cantine et le même bar : la sécurité, les roadies, les guests, les crews, les techniciens, le staff, les photographes… et les bands. On s’abreuve à la même pompe à bière, on se fait servir les mêmes pistolets fourrés à la demande, et on remet en peinture les mêmes urinoirs. Certes, les bands bénéficient bien de « loges » dans les baraquements constituant le modeste Artists Village (qui n’en porte que le nom), mais c’est comme s’ils préféraient la cantine partagée pour boire un verre avant de monter sur scène ou s’enfiler un spaghetti bolo à l’issue de leur set. Et c’est pour ça qu’on adooooore le SJOCK, qu’on adoooooore son staff et son crew, et qu’on adooooore tout ceux qui gravitent autour et alentours de ce festival sans nul pareil dans notre petit Royaume.
Notre samedi sera égayé de bien des moments chauds-boulette, rock’n’roll ou complètement décalés, et de de bien des rencontres à haute-valeur ajoutée toujours. Sans conteste aucun, tiennent le haut du pavé AGNOSTIC FRONT d’abord (que nous découvrons live on stage) et COSMIC PSYCHOS (que nous retrouvons deux ans après leur dernière prestation ici-même) qui décrochent notre palme absolue. Quelle palme ? THE palme !
Le blouson noir à capuche de Vinnie Stigma qui, comme nous, attend sagement son sandwich arbore un fier New York Hardcore 1982. Ce qu’on peut voir de ses membres supérieurs et inférieurs est couvert de tatouages à l’instar de son crâne incrusté d’une belle araignée dans sa toile. Et dire que cette petite boule d’énergie brute arpentait rageusement (mais le sourire aux lèvres) la scène de long en large il n’y a que quelques minutes encore, quand ne fonçait pas dans le public sa guitare en bandoulière et, entouré (protégé) de ses gardes-du-corps, orchestrait un mosh pit / pit-circle, planté en son centre comme au calme dans l’oeil d’un cyclone dévastateur.
Le hard-core d’AGNOSTIC FRONT est, à l’inverse de quantité d’autres, intéressant. Intéressant car plaisant, festif, joyeux, second degré, tout le contraire de ces bands hard-core qui, pour leur grande majorité, jouent à faire peur, jouent les méchants garçons. Les gars d’AGNOSTIC FRONT le sont : pas besoin pour eux de jouer à faire comme, ni de simuler. A l’instar de COSMIC PSYCHOS qui s’en suit sur la mainstage, ils sont de la trempe de ceux dont on s’imbibe et dont on s’imprègne, de ceux qu’on vit live on stage, pas de ceux qu’on écoute sur sa platine confortablement installé dans son living.
D’ailleurs, qu’est-ce qui a moins de saveur qu’un COSMIC PSYCHOS sur CD une fois (une seule fois!) qu’on a pu voir ce power-trio en live ?! Avec AGNOSTIC FRONT from New York City et COSMIC PSYCHOS from Down Under, c’est comme si ces extrêmes géographiques s’étaient donné rendez-vous à mi-chemin chez nous pour faire trembler la planète Terre.
Toujours une bière à la main (quand pas une dans chaque main) tant sur scène que backstage, on a pu observer nos Australiens préférés passer l’après-midi à pinter de-ci de-là. Et quand on lit attentivement les quelques photos ci-dessous, on comprend mieux de quoi il en retourne…! Le trio n’a ainsi pas changé d’un iota depuis leur dernier passage ici-même. Ah si, le visage de John Mad Macka McKeering est maintenant garni d’une généreuse barbe grise bien fournie à la manière d’un bushman ayant passé plusieurs mois dans l’outback. Ross Knight boite quelque peu, comme si à force de jouer avec leurs flingues il s’était accidentellement tiré une balle dans le genou. Dean Muller quant à lui semble plus cow-boy fringant que jamais, même si ses multiples tentatives (ratées) de récupérer ses baguettes lancées en l’air depuis sa batterie n’avaient comme seul but que de le rendre plus hilare encore.
Car sur scène, COSMIC PSYCHOS demeure de l’entertainement pur jus, voire pur gras lorsque Mad Macka exhibe sa panse sur l’avant-scène pour nous la jouer danse-du-ventre du plus crade effet. Côté sonorisation, ça mouline ferme dans les chaumières et la bande-son est à l’image de la mise en scène : simple, simpliste, et même simplissime mais foutrement efficace et bougrement destructrice. A l’instar d’AGNOSTIC FRONT, COSMIC PSYCHOS nourrit son homme à la manière d’un spaghetti sur table, les mains dans le dos : t’en prends plein la tronche avec finalement pas grand chose – aux antipodes d’un cinq services présenté dans de la vaisselle de porcelaine.
Mais au moins, tu sors de table rassasié – pas comme avec la nouvelle cuisine. Cassoulet garni versus cuisine moléculaire : au SJOCK Festival, on est dans l’authentique qui te cale l’estomac. Au SJOCK, on est plus dans le bouchon lyonnais que dans le léché de chez Bocuse : ils ne sont pourtant pas loin l’un de l’autre, géographiquement parlant, mais tellement sur une autre planète. Planet rock’n’roll. Merci la famille SJOCK – et surtout: total respect.
Le SJOCK, Your R’n’R Highlight of the Year (48ème du nom), a une nouvelle fois tenu toutes ses promesses, même si notre passage sur le site se limite à la seule journée du samedi 06 juillet 2024. Mais avec les fêlés bushmen de COSMIC PSYCHOS à l’affiche sur la mainstage précédés des fous furieux d’AGNOSTIC FRONT (voir par ailleurs), la journée ne pouvait s’annoncer que fortement houblonnée, méchamment destructrice et foutrement déjantée (voir ici). Et de fait: le pire n’est jamais décevant. Mais avant le plat de résistance, quelques amuse-gueules et autres gâteries en dessert…
Les belles de NOBRO chauffent les esprits avec un set propret mais énergique qu’elles délivrent sur la mainstage en ce milieu d’après-midi, avant que GRADE2 ne prenne le relai avec un punk-rock aussi classique qu’authentiquement british. THE COUNTRY SIDE OF HARMONICA SAM amène un peu de calme, sous le chapiteau surchauffé cette fois.
Ty SEGALL délivre quant à lui un set de toute beauté à la nuit maintenant tombée, comme un ovni de technicité énergique et de virtuosité précautionneusement emballée. Le band groove et emballe efficacement, mais surtout contraste de propreté et de préciosité avec le reste de l’affiche. The CHATS clôturent quant à eux la soirée du samedi d’une bien pâle manière avec un punk-rock aussi poussif que soporifique et creux, à l’instar de l’erreur de casting Eagles of Death Metal de la précédente édition, serions-nous tentés d’écrire. Mais il est vrai qu’après AGNOSTIC FRONT et plus encore COSMIC PSYCHOS,…
Nos poulets frits préférés du Kentucky sont de retour sur le Vieux Continent pour nous délivrer le meilleur du redneck sound – comment mieux dénommer ce qui s’écoute idéalement dans un bon vieux saloon déglingué, une Budweiser en main face à un band se produisant sur une scène protégée d’un filet pour se prémunir des cannettes qui volent parfois très bas dans certains coins reculés du Kentucky…?
Now online et déjà dans notre GALERYIntensities in 10s Cities:From Backstage to Frontstage, All The World Is A Stage. Et, as usual, pas de chipotage ni de bidouillage avec les photos comme partout ailleurs. Non: ici, c’est NO f*cking Photoshop. NO damn Ligthroom. NO bullshit RAW format. NO holy crap numeric nor digital overdub : ONLY pure one-shot JPEG. Parce que shooter live, c’est comme le real rock’n’roll: c’est brut de décoffrage et surtout ça doit le rester. A.I. sucks !
Avec un petit et chiche 75 minutes de show sans même un rappel (même pas un, ma p’tite dame !), on ne peut pas dire que BLACK STONE CHERRY a conquis les esprits sceptiques qui avaient fait le déplacement par simple curiosité. Et les plus convaincus de l’assemblée – dont nous sommes indubitablement – restent également quelque peu sur leur faim.
Certes, certes l’intensité et l’énergie étaient indéniablement au rendez-vous de la 1ère à la 75ème minute et c’est vraiment peu dire que de l’écrire. Toutefois, la quantité n’était manifestement pas au rendez-vous de la qualité. Ajoutons à cela l’absence de clavier de longue date déjà et un roadie qui joue les percussionnistes intermittents, le produit fini laisse comme un petit goût de trop peu à ceux qui ne savaient pas trop à quoi s’attendre.
Ces constats n’enlèvent cependant rien, strictement rien au béguin que nous avons toujours eu pour ces purs rednecks qui hument bon le Kentucky le plus profond. Ben WELLS joue comme à l’accoutumée le kangourou de service en bondissant sur scène et l’arpentant de tout son long, tandis que Chris ROBERTSON assure et assume aux vocals et à la rythmique. Les drums de YOUNG souffrent quant à elles d’une sonorisation franchement déficiente, gâchant quelque peu le produit fini dans son ensemble.
Ne boudons cependant pas notre plaisir: la set-list alterne parfaitement dernières productions et valeurs sûres, la présence scénique du quatuor ne souffre d’aucune faiblesse et le set d’aucun temps mort. 75 minutes de bonheur hardly-bluesy-graisseux presque parfait qui nous ont transporté un court moment au plus profond du Kentucky. Et ça, ça n’a pas de prix. Priceless…
Le COOP’ a encore frappé fort. C’en devient une habitude même si on ne s’y habitue pas. On s’y fait, mais on ne s’y habitue pas. Vincent FURNIER, fidèle à sa légende, a martyrisé ses poupées et nos ouïes, a exhibé guillotine et hémoglobine, et a fait prendre l’air à son vers de terre qu’on dénommerait aisément Devastator. La bête enlace et glisse le long du corps, ondule dans les airs, s’enroule autour d’un bras, siffle et s’expose aux yeux écarquillés des spectateurs: le COOP’ toise l’assistance fascinée. Effet garanti. Depuis 1971…!
Auparavant, Tom MORELLO et – en clôture de soirée – JUDAS PRIEST ne se sont pas contentés des miettes : c’était au contraire du gras et du consistant qu’ils nous ont servis en hors d’oeuvre et en dessert. Now online et toujours dans notre GALERYIntensities in 10s Cities:From Backstage to Frontstage, All The World Is A Stage. Et, as usual, pas de chipotage ni de bidouillage avec les photos comme partout ailleurs. Non: ici, c’est NO f*cking Photoshop. NO damn Ligthroom. NO bullshit RAW format. NO holy crap numeric nor digital overdub : ONLY pure one-shot JPEG. Parce que shooter live, c’est comme le real rock’n’roll: c’est brut de décoffrage et surtout ça doit le rester. A.I. sucks !
Le site est vaste, fonctionnel et surtout surchauffé en cette fin d’après-midi. Gerard Drouot Production a visé juste. Le soleil tape dur – une fois n’est pas coutume – sur une surface totalement macadamisée qui garnit l’amphithéâtre à moitié rempli, s’il faut en croire la presse qui parle d’une assistance largement sous-estimée de 10.000 personnes. En ce 3ème et dernier jour de Heavy Week-End, quatre groupes garnissent l’affiche dominicale. Ayron JONES se charge de l’entame avec un set groovy comme on le connait, remplissant la tâche ingrate de tenter de secouer et de dynamiser un public quelque peu amorphe, ou plutôt toujours en train de s’installer et de garnir peu à peu l’amphithéâtre open-air.
Si Ayron JONES est servi par une remarquable sonorisation, celle-ci atteint qualitativement son apogée lors du set du légendaire – on peut le dire – Tom MORELLO. Et le public d’enfin se lâcher lors d’un medley de Rage Against the Machine que tout le monde attendait, un moment explosif entre la fureur du rap, la puissance du métal et la pulsation du funk qui sonnait à l’époque comme une rencontre du 3ème type entre Led Zeppelin et le hip-hop de Public Enemy. Et que dire, que penser de son vibrant hommage rendu à Audioslave et à Chris Cornell surtout (la personne la plus charmante jamais rencontrée) honorée par son portrait XXL tandis qu’un Like a Stone sonne de manière assez réussie faut-il l’avouer.
La mention d’un explicite (et peu surprenant) Cease Fire arbore la caisse du Che Guevara de la guitare, de laquelle sortent des sons qu’avant lui on n’avait jamais entendus à la fin des eighties. Des sons, plus que des notes de guitare, étonnamment proches des scratches que produisaient à l’époque les DJ manipulant leurs platines vinyle. Et que dire de ces sons que sort MORELLO en jouant du jack de sa guitare dans la paume de sa main ! Avec un tonitruant Kick out the Jam, Tom Ernesto MORELLO rend également un hommage appuyé au MC5 du récent disparu et regretté Wayne KRAMER (qui sera probablement porté au pinacle cet automne en intégrant le Rock & Roll Hall of Fame à Cleveland dans la catégorie Musical Excellence Award où MC5 est nominé). Ou quand deux militants de gauche (radicale ?) portent le même combat du bout de leurs six-cordes…
L’admiration sans bornes que MORELLO confie sur scène pour ALICE COOPER et pour JUDAS PRIEST n’est manifestement pas feinte, à le voirse trémousser backstage durant ces deux performances. Le set de MORELLO respecte l’horaire imposé (soit un peu moins d’une heure) alors qu’enchaîne ALICE pour 90 minutes d’un show sans surprise mais sans déception aucune non plus: ALICE reste fidèle à COOPER, le COOP’ de 2024 restant digne du COOP’ des seventies et des eighties – puis des nineties et du XXIème siècle – maltraitant vicieusement sa poupée mais en épargnant cette fois son nouveau-né qu’il n’exhibera donc pas de la pointe de son épée.
Pour le plaisir des yeux – mais pas uniquement – Nita STRAUSS est de retour aux côtés de notre fringant septuagénaire, après son départ du line-up auquel nous avions assisté à l’occasion de sa dernière prestation aux côtés du COOP’ au Hellfest 2022. Ce soir à nouveau, l’Hollywood VampiresALICE COOPER dorénavant intemporel (voire éternel ?) nous délivre un véritable best of de sa désormais longue carrière, balayant 5 décennies de géniales compositions et de scénographies décalées, osant même un Another brick in the Wall qui s’enchaine à School’s Out. Rien de fondamentalement neuf sous le soleil pour ce qui n’est finalement que notre 13ème ALICE COOPER, avec l’intemporelle et délicieuse sensation que ce n’est que le premier…
Les potentielles 20.000 places de l’open air du Zénith se dégarnissent quelque peu le moment venu pour JUDAS PRIEST de partir à l’attaque d’une prestation sans faille de 90 minutes également. A l’heure précise, l’immense banderole qui masque partiellement la scène s’évapore dans les airs en une fraction de seconde, aspirée telle un spaghetti géant par le siphon buccal d’un invisible monstre planqué dans le lightshow ! Bam-bam-bam : à l’instar du very best of servi par ALICE COOPER, un soupçon du dernier album (d’entrée de jeu) viendra saupoudrer une set-list se résumant à un best of the bestof de JUDAS PRIEST mené par un Rob HALFORD arpentant comme à l’accoutumée la scène de gauche à droite et de droite à gauche, le micro coincé entre ses deux mains jointes et le regard la plupart du temps fixé au sol.
D’une surprenante forme physique, HALFORD témoigne d’une plus surprenante encore voix, nous gratifiant de vocalises d’une époque que l’on pensait révolue et servies par une sono puissante mais parfois écrasée comme ce fut déjà le cas pour le COOP’. A l’inverse, la basse du vétéran Ian HILL est comme rarement mise en exergue tandis que l’emblématique The Hellion / Electric Eye est l’occasion de rendre le traditionnel hommage par vidéo interposée à KK Downing, figure centrale du groupe avant son départ. Les allusions et références à Birmingham tout au long du show semblent être devenues elles aussi le leitmotiv absolu du mythe fondateur de la BWOHM que sont JUDAS et les pères spirituels du SABBATH.
Les Metal Gods du PRIEST, tout de cuir vêtus, ont une nouvelle fois frappé fort ce soir, très fort. Denim & leather for ever ? On peut se poser la question en constatant que la plupart des pointures au programme de ces trois jours de Heavy Weekend Nancy (de Deep Purple à Scorpions et d’Alice à Judas) affichent tous une respectable septantaine bien entamée. Si l’avenir est devant nous, le leur est assurément derrière eux. Et derrière nous aussi, finalement…